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[RP] Le Rhum Antique ~ Taverne

Carolyn.
La sirène improvisée est heureuse qu'Iginia vienne la rejoindre. Lorsqu'elle entend parler de cordes, elle a l'idée de revenir sur le rivage très vite et d'aller chercher ça dans une réserve. Mais Phily a été plus rapide qu'elle, et il tend déjà l'objet au dessus de l'eau. Avec ses cheveux collés sur son visage, il ressemble à un bonhomme de bois qu'on aurait sculpté puis coloré. Carolyn s'amuse de cette réflexion puis nage à sa manière vers la corde. Toujours pas à l'aise dans l'exercice, elle agite les jambes de manière un peu ridicule. Elle ne connait pas la brasse ni une autre manière de nager. La chose la plus instinctive pour elle est d'imiter les nageoires du poisson en agitant ses jambes jointes.

« Merci Phily ! » dit-elle en attrapant la corde.

Revenant vers Iginia avec, elle noue les cordes aux poignées en cercles.
« On a pas besoin de crochets regarde ! Seule la corde suffit ! »

A présent que la corde est nouée dans une des poignées, il faut prendre l'autre bout et la tirer de toutes ses forces vers la berge. Carolyn retourne dans sa nage-sirène sur le rivage, au pied du Rhum Antique, et elle tend une partie de la corde à Phily avant de se forcer à tirer au maximum pour faire bouger le coffre. Le trésor est à portée de main...
Mais, que renferme-t-il ?

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Iginia
    Heureusement pour la pirate, dont les doigts gelés seraient incapables de faire un nœud digne de ce nom, la blonde s’est chargée d’attacher la corde au coffre. Surprise par son aisance, Iginia, dont la résistance au froid est quasiment inexistante – une chose est sûre, elle n’a pas d’origines nordiques… –, la suit tant bien que mal jusqu’à la rive.

    « - Phily… » souffle-t-elle d’une voix trahissant son inquiétude, sans pouvoir dire plus.

    Toujours dans l’eau mais près de la berge, elle attrape un bout de corde, et se met à tirer dessus, dans un sursaut d’intérêt pour ce que contient ce maudit coffre. Ce dernier glisse lentement, mais sûrement, vers le petit groupe. Le plus difficile reste à faire lorsqu’il faut le hisser sur la terre ferme…
    Ayant l’impression de fournir un effort colossal, Iginia remonte sur la berge, dents serrées, tentant de contenir les tremblements qui agitent ses membres. Les cailloux entaillent ses pieds nus, mais le froid a l’avantage de lui ôter toute sensation. Elle se place à côté de Carolyn, et se met elle aussi à tirer sur la corde, les muscles crispés à l’extrême, profitant d’un ultime regain d’énergie pour la dernière ligne droite…

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Carolyn.
Les origines Nordiques ont de bons effets, pour une fois. D'habitude, c'est la souffrance face à la chaleur qu'elle ressent, surtout qu'elle a passé un certain temps dans le Sud du Royaume de France quand elle était plus jeune. Sa peau claire et pleine de tâches brunâtres résiste mal au soleil. Par contre, l'eau froide, la neige et la fraîcheur sont dans son élément. Comme un poisson dans l'eau... Enfin presque. Même si ça picote au début, la souffrance n'est que de courte durée. Maintenant, elle est chauffée, son corps a créé la réaction thermique nécessaire pour se réchauffer tout seul et elle se sent même très bien... Une sensation d'être toute emballée dans une cheminée, ses mains rouges et son corps fabriquent de la chaleur pour la faire survivre au froid. Une défense très développée pour la petite bourgmestre.

Remarquant tout de même la souffrance d'Iginia, Carolyn s'inquiète. En tirant sur la corde, elle finit pratiquement par le ramener sur les berges. Le coffre est même près d'Iginia et cette dernière doit juste le pousser un peu pour le ramener à terre.


« Iginia... Viens avec nous... Il faut que tu pousses le coffre sur la berge, ensuite on pourra l'ouvrir... Enfin... Bien sûr, il doit y avoir une clé quelque part... Je... Je crois qu'il est verrouillé... » balbutie Carolyn, soudain consciente que la quête n'est peut être pas finie... Où peut bien se cacher la clé... Peut-on forcer ce coffre à coup de hache ? Rien n'est moins sûr... Tout dépend des talents d'Iginia... Prête à accueillir le coffre, Carolyn s'accroupit, toujours en tirant le cordage et attend que la blanche fasse la suite...
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Phily
Le coffre remonté ne stoppa en rien le cours de glace liquide. Il remonta sur la berge sans empressement, son flegme ressortant même dans de pareil moment. Frigorifié, l'escroc essora ses cheveux avant de retirer sa chemise pour réitérer le geste.
Alors qu'il s'apprêtait à faire de même avec ses braies il se stoppa en voyant que les deux pirates le regardaient.


"Eh ! Non mais... Je vais me sécher à l'intérieur..."

Rentrant dans la taverne, grognant, marmonnant, pestant contre la mésaventure de la matinée. Alors qu'il se dirigea vers la réserve, se mettant à nu pour essorer ses vêtements, il ébouriffa ses cheveux pour en chasser l'eau gelée.


"Foutue flotte..."


"Flooootte !"

Les yeux du conteur s'écarquillèrent et chercha partout, plongeant ses mains sur son entre jambes pour le cacher à la vue d'une potentielle personne. Phily devint plus à l'affût qu'une bête chassée.

"Qui est là ?"

"Lààààà !"

L'artiste s'empressa de renfiler au moins ses braies, cherchant quelle était cette voix qui le narguait. Levant ses yeux aux plafond, il vit un oiseau de diverse couleurs se tenir fièrement sur une poutre, une clé en fer coincée entre ses serres.
Iginia
    Transie de froid, surprise de ne pas s’être encore dissoute dans l’eau, la Salée pose un regard effaré sur sa capitaine. On est loin des glorieuses légendes de pirates en quête de trésors perdus, qui affrontent moult tempêtes au travers des océans à l’aide d’une boussole et de quelques vieux fragments de carte… Le petit groupe n’a aucun indice sous la main pour trouver cette maudite clef… et Iginia ne se sent guère l’âme de chercher à l’aveuglette. Alors elle pousse le coffre sur la berge...

    « - Au diable la clef… », marmonne-t-elle, à bout de souffle. Ses yeux vagabondent sur Phily qui disparaît à l’intérieur du Rhum Antique. Ses doigts se referment machinalement sur le médaillon gravé d’une tête de mort suspendu à son cou, comme pour vérifier qu’il est toujours là, tandis qu’elle titube vers le tas de vêtements qu’elle a abandonnés avant de plonger. Elle attrape sa hache, qui semble soudain peser aussi lourd que vingt-sept navires de plomb. Au prix d’un effort surhumain, elle la soulève… et la laisse lamentablement tomber par terre.

    « - Nom d’un putain d’rat d’cale ! Concentre-toi un peu ma pauv’ fille ! » s’exclame-t-elle rageusement, irritée contre elle-même. L’arme est reprise en main, brandie plus fermement. Iginia essaye d’imaginer un navire royaliste à saborder… et la lame fend les airs dans un sifflement menaçant pour s’abattre sur le coffre avec violence. La serrure émet un gémissement plaintif. mais la brute – pardon, la pirate – ne s’arrête pas là, et assène encore un, puis deux, puis trois coups de hache. Histoire de s’assurer que le coffre a cédé.

    « Plus besoin de clef !... » La hache glisse des mains d’Iginia, dont le regard cherche celui du conteur. Elle a vaguement entendu ses exclamations outrées. Ça l’intrigue, et elle est tentée d’aller voir ce qu’il fabrique…

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Carolyn.
L'idée d'aider Iginia ne vient à la tête de la blonde qu'à la fin de l'ouvrage. Phily a disparu et marmonne des choses incompréhensibles depuis l'extérieur, et à peine audibles. Le coffre maltraité a fini par rendre l'âme et le système de verrouillage a cédé. Par politesse, Carolyn attend que tout le monde soit là pour ouvrir le coffre, elle s'agenouille pour l'instant devant en attendant le retour de Phily.
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Phily
Tout en pestant contre l'oiseau, Phily cherchait une manière de faire descendre de son perchoir l'oiseau moqueur. Sautant pour tenter de le faire bouger, manquant de perdre ses braies à chaque bond.

"J'te jure que si je te choppe..."

"Choooooppe !"

" 'culé"

"Lééééé !"

Excédé par la répartie du piaf, le conteur sortie un écu de sa bourse et le lança droit vers l'oiseau de malheur. Ce dernier, d'un geste gracieux, attrapa la pièce en plein vol, la bloquant dans son bec.

"J'y crois pas..."


L'escroc à toujours été quelqu'un de calme et ne fut que rarement violent dans sa vie. Mais là, ce voleur aux milles couleur le faisait sortir de ses gonds. Il se saisi d'un bock en bois et l'envoya de toutes ses forces dans le pif de l'animal avec un cri de rage.

L'oiseau, assommé, tomba au sol alors que Phily jubilait de sa victoire quelque peu excessive. Il lui retira son denier de son bec et récupéra la clef entre ses serres. Il termina de se rhabiller vivement en ramassant l'oiseau et le tenant dans sa main, prenant un pose victorieuse.
Iginia
    S’impatientant à cause du froid et de l’absence de Phily, la pirate qui se métamorphose en glaçon sur pattes lâche un grommellement exaspéré. « - Mais qu’est-ce qu’il fabrique ?… » N’y tenant plus, elle se faufile à l’intérieur de la taverne, négligeant de récupérer ses vêtements au passage. Quelle n’est pas surprise de découvrir le conteur trempé à moitié nu en pleine bagarre avec… un perroquet ?! Et voilà qu’il brandit fièrement le volatile assommé !

    « - T’as fait tomber un pigeon dans tes teintures ? » lance-t-elle entre deux claquements de dents, d’une voix à mi-chemin entre l’ahurissement et le sarcasme.

    Trop absorbée par le spectacle épique qui vient d’être donné sous ses yeux médusés, Iginia n’a pas reconnu l’objet dérobé à l’oiseau arc-en-ciel par le maître des couleurs.

    « - Qu’est-ce que tu lui as fait ? » Cette fois, son timbre trahit une plus grande inquiétude. « Ça porte malheur, de tuer un perroquet ! »

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Carolyn.
Sentant que de l'animation se passe à l'intérieur de la taverne, Carolyn décide de soulever le coffre lourd et de l'emmener avec elle. Dedans, elle découvre une scène amusante. Phily est en train de se battre avec un... perroquet... Le coffre dans les mains, la blonde a un semblant de compassion pour la pauvre bête assommée par une force cent fois supérieure à la sienne. Elle craint que le petit être n'ait pas survécu. « Mais... Phily... Ce n'est qu'un oiseau...» dit-elle, le coffre dans les mains. Ce dernier est presque déverrouillé grâce à la force d'Iginia. Mais pas complètement. L'idéal serait de trouver la clé. Elle lance, non sans un ton humoristique : « Il t'aurait pas apporté la clé par hasard ?...» dit-elle en pouffant à moitié, sans se rendre compte que sa question n'est pas si bête que ça. Toujours debout avec le coffre en main, plus qu'à l'ouvrir et à insérer la clé à l'intérieur... Qu'y a-t-il ? Tintin...
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Carolyn.
Après un long moment sans réponse, Carolyn décide de chercher vivement l'objet des yeux. Au sol, près du perroquet assommé, un objet métallique en fer forgé scintille. Les yeux gris-bleus de la bourgmestre se fixent dessus. Sans réfléchir, elle bondit sur l'objet et s'en saisit. Dans sa précipitation, elle a laissé tombé le coffre un peu brutalement par terre, au point de faire une marque dans le plancher en bois du Rhum Antique. Surexcitée à l'idée d'ouvrir le coffre, elle le soulève à nouveau et le pose sur le comptoir. La clé insérée dedans, il réagit en un bruit clinquant. Les pupilles de la blonde grossissent et son cœur se met à battre. D'un geste incertain, elle ouvre le dessus du coffre et regarde à l'intérieur. Il semble qu'il y ait un vieux tricorne de pirates, un vieux tissu enroulé qui pourrait être un drapeau, un sabre en état de conservation incroyable et un cache-oeil de pirate... Bouche-bée, Carolyn s'en remet à Iginia et lui laisse le soin de toucher les objets et de les en sortir du coffre.
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Iginia
    Pendant que le conteur répond par un silence magistral, Carolyn s'est apparemment emparée de la clef du coffre, ce qui arrache un grommellement de frustration à Iginia. C'était bien la peine de forcer la serrure à coups de hache. Elle aurait mieux fait de garder ses forces... Mais elle n'est pas au bout de ses surprises. Le trésor lui semble vaguement familier... Ses yeux s'agrandissent de convoitise, tandis qu'elle glisse ses mains à l'intérieur du coffre, fébrile, pour se saisir du tricorne. Soyeux, bleu marine, orné d'un crâne... Un objet qui appartenait à un capitaine pirate, sans aucun doute...

    Son palpitant s'emballe dans sa poitrine. Elle lève le tricorne et le pose sur sa tête, presque sans s'en rendre compte. Elle a l'impression de commettre un délicieux sacrilège, une douce revanche, un rire moqueur face à ce destin qui l'a expulsée de l'océan pour lui offrir ce couvre-chef de capitaine dans les terres...

    "- Je suis... capitaine du Rhum Antique !" s'exclame-t-elle dans un rire.

    La capitaine a piètre allure, à moitié dévêtue, trempée et frigorifiée... Mais qu'importe... Elle a presque oublié le froid, grâce au feu qui ronronne dans l'âtre.

    Avec un empressement mêlé de respect, Iginia retire chaque objet du coffre, un à un. Elle déplie le grand drapeau de pirate, pose le cache-oeil sur le comptoir, et enfin, brandit le sabre, effectuant quelques mouvements du poignet qui font virevolter la lame argentée dans les airs, avec un sifflement qui lui rappelle terriblement les abordages sur le pont. Ses yeux brillent d'émerveillement tandis qu'elle se tourne vers Carolyn, en lui tendant le sabre.

    "- Un tricorne... Un pavillon noir... Un sabre... Faut croire que des pirates ont sombré dans le Loing...!"

    Et, pour ponctuer ses paroles, elle attrape une bouteille de rhum sur le comptoir, en avale quelques gorgées, appréciant la chaleur de l'alcool qui se diffuse dans son corps.

    "- Si ça, c'est pas un signe...!"

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Harley.strange
Depuis que la blonde avait posé pied sur les terres orléanaises, rien ne lui était arrivé, à croire que les gens la fuyait comme la peste. Finalement elle était bien mieux a la cours des miracles, au moins là-bas tout était possible au point ou même les fous avait leur place. Malheureusement pour elle, le créateur de toute chose, lui avait demandé de prendre la route afin d'apporter des vérités divines. Comme une brebis au milieu des loups elle avançais prudemment, mais avec confiance.

Après avoir passé la journée a ruminer sans relâche, un bon verre... Bon d'accord...plusieurs verres, l'aideraient sûrement à oublier, à se perdre dans les méandres de l'imaginaire afin de ne faire qu'un. Soupirant avec ardeur, la blonde fit tomber la capuche qui cachait son visage et s'avança en fessant voler sa bure blanche.
Sans faire attention au bâtiment, son œil tomba sur une taverne et en lissant - avec du mal - la devanture, un fin sourire illumina son visage. Du rhum, voilà la boisson dont elle avait besoin et puis qui sait peut-être y trouvera t'elle de l'opium afin de planer avec ses frères et sœur ange. Après tout, si le nom évoquait bien la pensée de la blonde, elle serait bien gâtée.

Les mains de la jeune femme vinrent rejoindre son épaule gauche afin d'enlever la poussière et une fois sur d'elle, elle poussa la porte afin d'y entrer.
Le regard droit et franc, la blonde avança jusqu'au comptoir sans voir les objets qui y étaient étaler. Les coudes confortablement posés un doigt se leva pendant que l'autre main déposait des écus sur le comptoir.


salve * ! Un Rhum de chaque .

*Bonjour
Iginia
Quelques temps plus tard…

    Le jour d’hiver où Iginia, Carolyn et Phily se sont jetés dans l’eau glaciale du Loing en quête d’un trésor semble bien loin par rapport au soleil brûlant qui règne aujourd’hui sur Montargis. Désormais, l’étendard noir frappé du symbole de la piraterie flotte dans le jardin de la capitaine, le tricorne est constamment fixé sur ses mèches de sel et d’ébène, et le sabre a trouvé sa place entre les mains virtuoses de l’amirale.

    Arrachée à son sommeil par les rayons taquins du printemps, Iginia franchit à longues enjambées le peu de distance qui sépare sa bicoque du Rhum Antique. Comme à son habitude, elle avale quelques gorgées de rhum ambré au goulot, avant de s’attaquer à la remise en ordre de la taverne. Briquage du comptoir, balayage du sol, époussetage des meubles, astiquage des chopes, tout ceci ne lui prend pas beaucoup de temps. Les Pirates Mauves se font moins présents, les soirées plus calmes.

    À peine une demi-heure plus tard, la capitaine parcourt la pièce du regard, satisfaite de son travail, et lâche un soupir de lassitude et d’amertumes mêlées. Récupérant sa bouteille de rhum, elle va s’adosser au mur dehors, près de la porte, du côté de la forêt, pas de celui de la rivière. Tout en buvant sans enthousiasme une rasade d’alcool, elle laisse ses yeux gris vagabonder dans la rue encore peu agitée à cette heure de la matinée. Si l’absence du maître des couleurs ne suscite désormais rien d’autre que son indifférence désabusée, elle a en revanche un peu plus de mal à accepter le départ de son apprenti pour des contrées lointaines. Reviendra-t-il ? Le petit mousse, comme elle se plaît à l’appeler, l’a promis. Mais son voyage sera semé d’embûches, et trois mois, c’est long.

    La pirate porte le goulot de sa bouteille à ses lèvres pour chasser de sombres pensées par la douce chaleur du rhum. Ses congénères, qu’ils soient salés ou poussiéreux, ne sont que des êtres éphémères, que le vent emporte d’un souffle. Comme le murmure la chanson, personne ici ne pleure l’absence d’un bateau…

    Un mouvement furtif, dans un coin de son champ de vision, attire soudain le regard affûté de l’ancienne vigie, qui tourne aussitôt la tête. Quelque chose, un animal certainement, évolue lentement le long de la maison d’en face. Iginia plisse les yeux pour mieux en distinguer les détails sous le soleil éblouissant. La bestiole boitille lamentablement, la queue basse et le museau orienté vers le sol. Son pelage crasseux fut roux par le passé, mais a visiblement quelque peu terni avec le temps. Il s’agit d’un renard, mais la pirate, qui a passé le plus clair de son existence en mer, est bien incapable de mettre un nom sur la faune poussiéreuse.

    Malgré tout, le pauvre renard éclopé et amaigri claudique vaillamment jusqu’au Rhum Antique, n’osant pas s’approcher davantage de la capitaine qui pose toujours sur lui un regard amusé. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’ils se rencontrent. Iginia l’aperçoit souvent rôder aux alentours de la taverne des Pirates Mauves. Prise d’une subite pitié à son égard, elle file dans la cuisine, attrape un reste de poisson de toute façon trop vieux pour être servi aux clients, et revient sur le pas de la porte. Le goupil est toujours là, tapi dans l’ombre du mur. Sans autre forme de procès, Iginia lui lance la poiscaille odorante, qui échoue mollement à deux pas du renard. Celui-ci sursaute, fait un bond monumental en arrière sous le rire moqueur de la Salée, puis se rapproche prudemment, flaire son futur repas avec curiosité… et ose enfin y planter les crocs, timidement d’abord, puis avec plus de conviction.

    « - On dirait qu’t’as rien bouffé d’puis une éternité, l’Rouquin, » commente-t-elle. « T’vas faire comme Méphisto ? Piquer du poisson ici ? »

    Mais le renard l’ignore royalement, trop occupé à dévorer son poisson, un plat de luxe pour celui qui ne s’est presque rien mis sous la dent depuis des jours. Dans son état, il y a fort à parier qu’il est bien incapable de chasser pour se nourrir tout seul. Jetant un coup d’oeil autour d’elle pour s’assurer que personne ne la voit parler à un vulgaire animal, Iginia reporte son attention sur le rôdeur vermeil.

    « - T’vas finir par dev’nir un Pirate Mauve, toi aussi, à force de traîner par là. D’ailleurs, tu s’rais Patte de Bois ! » ajoute-t-elle avec un sourire moqueur aux lèvres.


N'hésitez pas à vous incruster ! RP grand ouvert, comme toujours !
Carolyn.
Longtemps plus tard...
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L'Amirale de Hauterive est assise à un coin de table. Devant elle, parchemins, plumes et encriers se disputent l'espace du vieux bois tavernier. L'oiseau qui a livré la plume ne s'attendait sûrement pas à ce qu'elle tombe entre les mains d'une telle femme. Carolyn, amoureuse autrefois d'une femme nommée Catilina, pourrait bien avoir vu ses certitudes chamboulées ces derniers jours. En agitant nerveusement son genou sous la table, la faisant trembler, elle pense à cette rencontre furtive et inattendue. Un blond nommé Alessandor a passé la porte de cette taverne, et durant cinq minutes le monde n'était plus ce qu'il était. Ce fut une effusion de mots, d'échanges, de rires, d'exagérations propres aux gens qui ont trop bu : puis tout à coup cet au revoir si intense. Six mois allaient séparer les deux personnes, et Carolyn n'a que le parchemin et la plume de cet oiseau inconnu pour l'aider à dévoiler ses pensées. C'est le visage rosit qu'elle s'applique à écrire, toute cette journée, des textes instinctifs qui résument sa pensée.
    « La Rencontre inattendue.

    Le vent de l'Est vous attire, messire. Il vous conduit vers des horizons que vous ne pouvez pas contourner. Ces horizons vous aspirent de tout votre être vers l'inconnu, vers l'aventure, vers le futur. Moi, petite blonde ancrée dans sa ville, Amirale d'un navire qui navigue dans l'esprit de ses charmants habitants, je ne dirais pas que je vous attends. Mais... Même si la vie continue, et que mes heures passées ne changeront pas beaucoup ; je continuerai à préparer les messes, à m'occuper du commerce et à faire vivre cette taverne, et quelques autres... Même si en soi, rien ne changera vraiment... Quelque chose dans mon esprit est ouvert vers une pensée que je n'avais jamais eue. La vie sera habillée d'une saveur en plus, et j'ai l'impression que mes sens se sont éveillés. J'ai l'impression de ressentir le goût plus profondément, d'entendre les sons plus en détails et plus forts, de voir les étoiles plus nettement lorsque je les regarde la nuit. Mes sensations humaines sont décuplées depuis que vous avez apposé ce baiser sur ma joue. Alors, même si je ne sais pas qui vous êtes, ni si nous nous reverrons un jour, sachez que d'ores et déjà quelque chose à changé. Et que vous avez laissé une emprunte étrange sur moi... Peut-être une faculté des voyageurs, qui sentent bon l'horizon et l'aventure et qui par leurs baisers et leurs échanges partagent un peu toute la magie de ce qu'ils ont ressenti. Peut-être que les voyageurs, vous brassez de l'énergie humaine et que vous créez des fils entre l'extraordinaire de ce que vous devez voir, et l'ordinaire d'une humaine dans son village.

    Depuis votre venue, j'ai des choses qui ont peut-être disparu. Je ne veux pas m'avancer sur ce point... Mais... Je n'avais pas aussi bien dormi depuis... En fait, je n'avais jamais bien dormi.

    Portez-vous bien tout au long de votre voyage, Alessandor. Et, si vous trouvez quelque chose d'intéressant ou de rare, apportez-le moi... Je suis une mordue de commerce et, en plus de votre délicieux yaourt bulgare, je ne serais pas contre d'autres découvertes exotiques.

    Carolyn de Hauterive,
    2, avenue de la Reyne à Montargis. »


Les yeux bleus-gris de la blonde se posent sur ces mots. Après avoir corrigé quelques lettres et raturé discrètement ses petites coquilles, elle fait appel à son messager municipal. Un homme charmant, d'une vingtaine d'année, habillé d'un manteau et d'une besace en bandoulière, se présente et attend sagement que Carolyn lui tende le pli après l'avoir glissé dans une enveloppe de cuir.


« Faites la parvenir à Alessandor... Débrouillez-vous pour le trouver... » ordonne-t-elle en fixant le messager dans les yeux.

Elle n'a plus qu'à attendre. Pour se remettre de ses émotions, elle s'empare d'une boisson chaude sur le comptoir et trempe ses lèvres gourmandes dedans. Qu'est-ce qu'elle savoureuse cette tisane...

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Mortymer_lovela
Un temps plus tard, une centaine de lieues plus loin, la tignasse blonde file au gré du vent, vers le Sud, chaleureux, baigné par ce soleil d'état, une nouvelle escapade, encore. Les allées et venues, monnaie courante pour un voyageur, les rencontres diverses, elles, un tantinet moins fréquente. S'il a bien traversé le continent de long, en large et en travers, il ne pourra certifier avoir rencontré nombre de gens. Certes, il y a des têtes nouvelles dans son esprit, mais bien moins que son pedigree de globe trotter aurait mérité d'en voir inscrit à son palmarès. Alors, lors d'une énième descente du Royaume de France, par les portes d'une citée qui ne lui inspirait grand chose, si ce n'est du mépris, une rencontre anodine avait de quoi lui donner le sourire, l'évènement à de quoi être noté sur le calendrier.

Et si les voyages sont si mémorables, c'est bien pour des instants précis. Un mois de lassitude, peut être totalement occulté par un évènement, une rencontre et même si l'actuel parade du Louvelle à travers les provinces francophones n'est pas tellement dénué d'intérêt, l'escale à Montargis avait de quoi le faire tiquer, de quoi se permettre un petit mot sur un vélin ... Et un inattendu retour, d'un homme au service de la Dame. A le juger, le coursier avait mené sagement son affaire pour retracer la route d'un illustre inconnu, tel que lui, aussi loin, en pleine montagne d'Auvergne.

Citation:
Carolyn,

Tribun de votre peuple, maîtresse de votre plèbe,

Ne changez rien, restez ce que vous êtes, vous êtes une chance pour votre ville, votre province et bien plus encore pour vos administrés.
Charmante rencontre que la votre, au détour d'une rue ou je n'aspirais guère à croiser du monde, encore moins à compter fleurette, de tomber sur votre divin personnage. Envouté et enchanté, ainsi pourrais-je décrire l'effet parcouru, aux mots, à l'attitude, à ce tout qui fait de vous, une bonne personne. Bien loin de côtoyer votre monde, d'aventures, à vos congénères, c'est plutôt les mauvaises phrases qui sont versés. Alors, si l'instant d'un soir, vous m'avez offert une plus belle vue, je vous en remercie.

D'exotique, mon yaourt n'est qu'un prémices, d'unique, je possède encore bien d'autres mets délicieux, venant d'ici ou la ... Mais aussi, rangé ici ou la. Et si le temps venait à nous faire retrouver, c'est avec plaisir que je viendrais vous faire gouter, mes dernières trouvailles, qui pour l'heure actuelle, prenne la route des Pyrénées, ou de la Garonne, je ne sais encore. Entre le vin de Bordeaux et le verre d'Armagnac, je ne sais pas encore lequel je vous ferais gouter ... Mais j'en tiens la promesse, sur le buste d'Eugène V, dont je suis le porteur, que notre future rencontre, méritera son instant sur la route de votre vie.

Faict à Aurillac,

Alessandor Mortymer, de la Maison Louvelle,
Baron de Confolens.


Une route retour pour le coursier, qui devrait sans nul doute, être bien plus simple. Si ce dernier a réussi à retrouver le blondin aussi loin, cela serait une promenade de santé, de retrouver les lilas de Montargis.
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