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[RP] Voyager c'est naître et mourir à chaque instant *

Ode...


    Ils sont enfin tous réunis, après un moment de cafouillage, mais ce jour les sept amis sont à nouveau tous ensemble, prêt pour le départ et c'est un large sourire aux lèvres que l'Ode se voit à charger la charrette des réserves qu'elle a fait pour les jours à venir.
    Sans rire, une ville prévue et ensuite la forêt, les plaines, des jours et des nuits paumés au milieu de la Turquie avec des réserves pour leur arrivée en Grèce!
    Tout est encore à prévoir, ils sont encore loin de l'endroit où se trouve le navire mais la jeune femme s'en tape, oui, elle s'en moque, pas vraiment pressée de rentrer. D'autant qu'elle repartira!
    Pour Ode ce qui compte c'est qu'ils soient tous ensemble tout simplement.


      On trace!
      Chargeons nos vivres et reprenons la route tous ensemble!

    Ode ne se charge pas du trajet, elles sont deux à le faire et pas toujours d'accord alors être trois n'aiderait en rien bien au contraire , alors elle les laisse faire et préfère vérifier que la momie vivant qu'est Tuck soit prêt pour le départ, s'assurer que Nath, et les autres aient pu faire quelques achats.

    Une fois le tout chargé, une fois tout le monde prêt à se retrouver pour le départ, elle s'accorde un moment seul à se errer dans les ruelles de la villes puis direction le port.
    La jeune Kerloc'h a repris des forces, elle se repose bien, se nourrit convenablement, profite d'aller prier assise sur une bite d'amarrage face à l'onde qui danse avec le courant.
    Son regard perdu sur l'horizon, un mordillement de sa lèvre inférieure en entortillant une mèche de cheveux autour de son index, une forme de signe non pas de nervosité mais de réflexion.
    Ses pensées se rendent à des milliers de lieux de là, Roxane, mais aussi ses élèves qui doivent plancher quelque part, un imperceptible soupir, un léger sourire et elle se met à réciter en une voix douce une prière en songeant à Ael.


          "Pour la fleur écrasée, le caillou balancé…
          Pour l’enfant apeurée par les cris des adultes,
          Le vélin déchiré par animosité,
          Ou pour la main blasée pour le denier du culte,
          Pour le fruit défendu cueilli et chapardé,
          Pour le prêt non rendu, et le fiel envoyé,
          J’en demande pardon.

          Pour le Dogme bafoué en toute inconscience,
          Pour l’impôt non donné au Duché sans patience,
          Pour le noir coup de fouet que la mule renâcle,
          Pour avoir pardonné Justice que l’on bâcle
          Pour la flèche fichée au cœur de l’innocence,
          Pour le vice niché dans un nid de jouvence,
          J’espère rédemption.

          Pour le vieil impotent, ignoré bien souvent,
          Pour les cris entendus emportés par le vent,
          L’acédie récurrente, le grimoire laissé,
          Pour les malfrats pendus et leurs vies taciturnes,
          Ceux que l’épée pourfend dans les chemins nocturnes,
          Et pour la plaie béante portée au trépassé,
          Donnez-moi rémission.

          Pour les mots effrayants et la Loi repoussée,
          Pour l’armée décimée, le voyageur tué,
          Les dépits dissonants, les injures en taverne,
          L’isolée dans sa ville, ou l’ascète en caverne,
          Pour le maire mal aimé ou le pigeon blessé,
          Le pouvoir qui rend vil souvent perpétué,
          Je fais ma contrition.

          Pour le couple lassé, pour l’amour mal traité,
          Pour le champ non semé, pour l’office manqué…
          Pour l’ami repoussé, ou l’érudit planqué,
          Pour l’échoppe cramée par peine ou par fierté,
          Moqueries ou mensonges, ou manipulations,
          Par stratégies qui rongent ou bien par évictions,
          J’en demande la grâce. ""

    Puis Mère Ode se signe avant de filer en chantant une mélodie qu'elle aime beaucoup , pour elle même La beauté du doute..., si elle est sûre d'elle pour bien des choses, il n'en est pas moins que parfois elle a des doutes qui lui permettent de se remettre en question.
    Demain lui est encore inconnu pourtant elle veut le vivre comme on croque une pomme à pleine dents!
    Dieu la guidera, il la déjà fait, en souvenir de cela, ses doigts de la main droite caresse la cicatrice de sa main gauche.
    Il y a des gens qu'on oublie jamais, il y a des événements qui marquent la vie.

_________________
Ode...


    L'océan n'est pas là pourtant ça ne l'empêche pas d'y songer alors qu'ils sont prêts à quitter la Turquie pour des terres plus dangereuses.
    Pourtant la jeune femme profite de visiter la dernière ville turque, pas prête de revenir dans le coin, pas le genre de voyage qu'on fait tous les ans! Alors Odinette profite simplement de s'en mettre plein les mirettes.

    Après avoir profité de Şarköy , une ville accueillante comme toutes les villes turques, ce jour c'est à Harmanli qu'elle se trouve, première ville Bulgare? Elle ne sait pas trop, de toutes façons une chose est certaine, elle pige que dalle de la langue.
    Après dire si c'est la même que celle parlée dans la précédente ville, elle ne saurait dire, du moins avec exactitude, car il y a des similitudes dans les tons et accents alors... Mystère et boule de gomme peut-être!
    Une jolie ville avec une forêt magnifique, dans laquelle Ode pourrait presque se perdre mais il n'en est rien non! Elle est juste grimpée sur une branche d'arbre pour profiter de la vue et laisser errer son esprit à l'océan!

    De sa besace, la jeune Kerloc'h sort un coquillage sur les sept qu'elle rapporte d'Alexandrie la Belle, puis doucettement, elle le porte à son oreille pour entendre le son des vagues. Un sourire aux lippes s'étire jusqu'aux oreilles quand elle songe à sa Bretagne natale, à Tréguier en particulier.

    "Les coquillages sur le sable chaud
    Ont amené de leur propre terre
    L'écho de leur histoire
    Mais tout ce que j'entends sont des messes basses
    Car les confessions d'oreiller se tissent
    Et les vagues de saule nous quittent
    Mais dois-je croire
    Que ce n'est qu'un rêve...."


    Fredonne-t-elle en vagabondant dans ses souvenirs, sa jumelle pas de nouvelle, ses demi soeurs pas plus, heureusement qu'elle a Roxane , sa nièce... Un long soupir, le temps passe , mais elle n'oublie pas les moments passés avec Marikani, ni les mauvaises nouvelles que sa tante lui donne de sa mère qui désormais est totalement aveugle... Et son père semble avoir disparu... Pourquoi une famille ainsi s’effiloche sans qu'elle puisse retenir les mailles ?
    Ode ne sait pas, mais ce dont elle est sûre c'est d'avoir des amies et amis sincères, puis l'ordre , sa famille est différente désormais pourtant à part ce genres de moments à vide, elle est heureuse.

    Le son dans le coquillage la fait voyager, un peu plus encore, Alexandrie, le Sanctuaire de Taurins, autant de lieux magnifiques où elle a appris des cultures différentes, où elle a déguster des nouveaux mets, où elle a découvert un autre monde, où l'esprit ouvert elle a pu savourer chaque moment.
    Quel périple magique, superbe, voyage d'une vie!
    Ses yeux s'ouvrent sur la forêt, dans ses oreilles toujours les vagues, dans quelques jours, l'océan sera à nouveau pour eux.
    Dans quelques semaines si tout va bien, ils seront non loin de la Bretagne... Et d'autres projets sont déjà présents.

    Le coquillage est rangé avec précaution dans son sac, puis d'un bond agile, elle regagne le sol pour déambuler d'un pas léger avant d'aller rejoindre sa suzeraine et toute la troupe.
    Au pas de course, la Mère quitte la forêt, redescend vers la ville pour se pointer au lieu de rendez vous. Espoir que la future traversée se déroule sans encombre, les rumeurs courent et elle prie le Très Haut pour que ces rumeurs fassent erreur.
    LP ont été demandés, aucune réponse reçue encore, pourtant risque va être pris!
    Cafouillages ont eu lieu ces derniers jours et le voyage s'est allongé alors pour dire vrai, là, elle aimerait un peu avancer malgré tout.

    Arrivée sur les remparts, Odinette fixe l'horizon, le soleil entame sa descente, ses pas se stoppent pour visualiser le coucher de l'astre... Jamais, elle ne se lassera de ce genre de vue, même si elle la préfère en bord de mer, chaque chose en son temps.
    Soudain, le frais la fait réagir, si ça continue elle risque de rater le départ et là pour le coup, il ne faut pas déconner alors elle reprend sa marche d'un pas preste, pressée de les retrouver pour partager quelques mets avant de reprendre les routes.


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Zakarine
Edirne Sancağı (Domaine Royal) Mercredi 10 Juillet 1467






La Duduche trégorroise avait endossé la responsabilité de mener ses compagnons et amis à bon port, en Pologne, afin de récupérer leur bateau. A présent, elle connaissait un peu mieux la réalité géo-politique de la région. C'était donc de l'empire ottoman qu'elle avait pris les devants en écrivant à Leora, la Ministre des affaires étrangères bulgares pour demander un laissez-passer et continuer leur trajet en toute quiétude. Malheureusement pour Zakarine, bien que ne voulant pas montrer son angoisse aux autres, elle faisait avancer la charrette vers la frontière turco-bulgare. La Rousse n'avait toujours pas reçu de réponse et ce n'était pas bon signe.. En concertation avec ses Barbars, elle choisit de faire un léger détour et prendre le chemin le moins peuplé de la Bulgarie. L'armée se trouvait plus au nord. Ils iraient alors vers l'Ouest!

La fatigue commençait sérieusement à se faire sentir parmi le groupe breton. La chaleur y était sans doute pour beaucoup mais pas seulement. Les retours de voyage étaient ainsi faits: l'excitation de la découverte n'y était plus. Ils avaient maintenant presque hâte de se retrouver à la maison même s'ils profitaient encore les uns des autres, des souvenirs plein la tête. Ils en auraient à raconter à leurs amis en rentrant!

Tout à coup, un cavalier venant du nord à dos de chameau rejoignit la troupe qui se reposait, allongée sur l'herbe après un repas frugal. Il se présenta comme étant le messager de la Ministre des affaires étrangères et demanda Zakarine de L'Etoile Bleue. Celle-ci se leva et prit la missive qu'il tenait dans sa main en le remerciant d'un signe de tête. Il repartit aussitôt. Elle regarda les autres dont certains se grattaient en essayant de se protéger le maximum des moustiques à cause des marécages non loin de là en dépliant le rouleau. Un large sourire s'afficha sur son visage: ils n'allaient pas traverser la Bulgarie clandestinement! Ce fut un réel soulagement pour la Rousse qui craignait de se faire poutrer ou bien finir en prison..


Nous avons le précieux sésame, les amis! Cette nuit, nous passerons la frontière en toute tranquillité!

Oui... Cette nuit, tout le monde pourra dormir sur ses deux oreilles. L'état de son ami Tuck l'inquiétait cependant. Vu son grand âge, il n'avait plus trop la forme. Il ne s’alimentait pas bien non plus. Elle craignait qu'il lui arrivât quelque chose au beau milieu de nulle part. Ils feraient le plus vite possible pour arriver jusqu'à leur bateau, c'était devenu vital pour certains. Ils avaient néanmoins une dernière mission à accomplir. Il devaient aller visiter une abbaye, en Hongrie. Ils avaient encore de belles choses à vivre sur le chemin du retour..
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Ode...


    Occupés à glander, ou plutôt à digérer, sérieux, ils ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangé. C'est que la Bulgarie, tu fais pas semblant, ils rigolent pas, déjà à l'aller ils avaient évité de peu l'armée... Enfin, ils avaient failli être poutrés, si si! Et par quel miracle ça n'avait pas eu lieu? Honnêtement à cette étape du voyage Ode était malade, alors... elle ne saurait dire.
    Par contre là, sans trop en parler, la jeune Kerloc'h n'était pas tellement rassurée. Ils étaient à une nuit de la frontière et aucun LP n'est accordé... Durant ce voyage, ce sont les femmes qui gèrent, organisent et se soucient de tous. La Duduche et les Barbar ont chacune leur mission, souvent celle d'Ode est de passer les ordres, d'écrire aux retardataires, se soucier du bien être de chacun... Enfin ça , elles le font toutes les trois. Mais comme quoi, les faibles femmes, puisque c'est souvent l'image qu'on donne d'elles, non seulement ne sont pas si faibles mais surtout elles sont têtues et déterminées! Wesh wesh!

    Ils sont prêts pour cette traversée même non autorisés, ils en parlent peu, ils savent tous ce qu'ils risquent, ils se souviennent de l'aller et le retour n'est pas plus sûr. Alors ils se soucient sans trop en faire mention, à quoi bon?
    Pas la peine de tergiverser, ni ruminer, ils devaient faire confiance à Dieu, à leur chance, à leur... fallait qu'ils en aient une paire hein! Courir ce genre de risques en toute conscience, ils se feront sûrement traité de fous! Mais p'tain ce que c'est bon un brin de folie.
    Ensemble ils ont sauté d'une falaise non?
    Ensemble ils voyagent depuis janvier non?
    Ensemble ils ont fait du saute armée non?
    Ensemble....
    Alors?
    Alors logique que là, rien ne les arrêtera.

    Pourtant là c'est la fête!
    Dix jours!
    Dix jours maximum pour cette traversée autorisée!
    C'est simple.
    Dix jours pas un de plus.
    Alors ils ne s'attarderont pas.
    Non!
    Mais cette nuit, ils pourront dormir sur leur deux oreilles, car le lendemain ils ne risqueront pas d'être envoyé en prison.
    En plus, il faut veiller sur Tuck la relique, qui avec son grand âge et la chaleur commence à peiner grandement.
    Alors qu'elle regarde le coursier , messager s'éclipser, elle sourit plus largement en entendant sa duchesse!
    Une bise sonore claquer sur sa joue et tous sourient rassurés de pouvoir enfin envisager plus sereinement la traversée.

    La jeune femme se lève, se met à danser , ondulant doucement son corps avant de se mettre à fredonner une chanson


      Souviens-toi
      Était-ce mai, novembre
      Ici ou là?
      Était-ce un lundi?
      Je ne me souviens que d'un mur immense
      Mais nous étions ensemble
      Ensemble, nous l'avons franchi

      Souviens-toi
      Était-ce mai, novembre
      Ici ou là?
      Était-ce un lundi?
      Je ne me souviens que d'un mur immense
      Mais nous étions ensemble
      Ensemble, nous l'avons franchi

      Souviens-toi
      Était-ce mai, novembre
      Ici ou là?
      Était-ce un lundi?
      Je ne me souviens que d'un mur immense
      Mais nous étions ensemble
      Ensemble, nous l'avons franchi

      Souviens-toi
      Était-ce mai, novembre
      Ici ou là?
      Était-ce un lundi?
      Je ne me souviens que d'un mur immense
      Mais nous étions ensemble
      Ensemble, nous l'avons franchi

      Reviens-moi
      De tes voyages si loin
      Reviens-moi
      Tout s'ajoute à ma vie
      J'ai besoin de nos chemins qui se croisent
      Quand le temps nous rassemble
      Ensemble, tout est plus joli.

      Reviens-moi
      De tes voyages si loin
      Reviens-moi
      Tout s'ajoute à ma vie
      J'ai besoin de nos chemins qui se croisent
      Quand le temps nous rassemble
      Ensemble, tout est plus joli.

      Reviens-moi
      De tes voyages si loin
      Reviens-moi
      Tout s'ajoute à ma vie
      J'ai besoin de nos chemins qui se croisent
      Quand le temps nous rassemble
      Ensemble, tout est plus joli.

      Reviens-moi
      De tes voyages si loin
      Reviens-moi
      Tout s'ajoute à ma vie

      Ensemble, ensemble, ensemble, ensemble ...
      Ensemble, ensemble, ensemble, ensemble ...
      Je ne me souviens que d'un mur immense
      Mais nous étions ensemble
      Ensemble, nous l'avons franchi
      Souviens-toi, ensemble, nous l'avons franchi.
      Souviens-toi, ensemble, nous l'avons franchi.

    ENSEMBLE!
    Oui , tous les sept peuvent être fiers de ce qu'ils ont fait ensemble, ce périple dont ils savourent chaque instant même si il est vrai qu'après ces six mois de voyage, ils aspirent à un peu de sérénité!
    Et Odinette danse en plein milieu de nulle part, une forme de frénésie ambiante, vivement qu'ils se délectent d'un vrai repas et d'un alcool fort!


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Ode...
Je demande pourquoi
Je demande pourquoi
Personne ne donne de réponse
Je demande juste pourquoi


Самоков (България)
Vendredi 12 juillet 1467
et
София (България)
Samedi 13 Juillet 1467


    Dix jours pour traverser la Bulgarie! Check!
    No problemo après tout si tout le monde suit bien le mouvement ça roulera sans souci.
    Tout le monde suit?
    Ahem!
    Déjà c'est compromis.
    Bah vi car avec les chaleurs, les troupes sont moins coordonnées ou moins obéissante, ou peu importe mais une fois encore deux sont à la bourre.
    Ce retour va être interminable, elle le sent.
    Bien donc on attend les copains dans la ville suivante, jolie, un verger, peu de monde, jolie mais je l'ai déjà dit.
    Sur le marché Odinette n'entrave toujours rien.
    Dans les tavernes c'est tout pareil, puis il fait tellement chaud.
    Donc elle préfère se promener dans les ruelles à l'ombre ou dans le verger profitant parfois d'un filet d'air.

    Plus tard, dans l'après midi, alors qu'elle se décide à se payer le luxe de faire une sieste, sa Duduche arrive en grommelant vivement , une missive en main.
    Ode se redresse pour l'accueillir, Titia la suit de près et voilà la bonne nouvelle du jour.


      On ne peut pas rester en groupe!

      Gast!
      C'est quoi ce bordel encore?

    La missive voyage entre les mains des jeunes femmes, la lecture est difficile, pour Ode ça reste du charabia mais l'idée est bien lisible, groupe armé interdit!

      On n'est même pas armé!
      Au pire une pelle pour la mine... C'est...

    La jeune Kerloc'h préfère ne pas terminer sa phrase, la sieste c'est mort!
    Autant mettre à profit les minutes de repos salvateurs et nécessaires perdus pour une autre activité.
    Anticipation!
    Prévoir les jours à venir.
    Les déplacements tout ça toussa...
    Et puis râler servirait à rien alors...


      Sont chiants ces ministres dans le secteur! Bon alors...

    Les cartes sont dégainées et en deux temps trois mouvements le chemin est tracé, les filles sont d'accord, il ne reste plus qu'à écrire aux hommes!
    P'tain là c'est pas une sinécure car ils ont tendance à se laisser guider sagement ou pas.
    Alors, une fois toutes les trois d'accord, des plans sont tracés à la hâte, oui car un dessin vaut mieux qu'un long discours.
    Puis une missive est envoyée avec topo sur la situation, le plan et le plan d'action et surtout le rappel qu'il faut qu'ils aient quitté la Bulgarie dans moins d'une semaine et il reste à peine 6 jours de voyage si tout se passe bien et si personne oublie de monter dans la charrette!
    Quelle histoire!
    C'est pas gagné tout ça.
    Sans rire!
    D'ici qu'ils passent quelques jours en geôle y a pas loin.

    Les filles papotent gaiement après tout avoir mis en place, elles s'autorisent même une pause boisson alcoolisée si possible.
    A l'aller , ils n'avaient rencontré ce genre de souci, mais sur le retour il faut croire que tout a changé et que les règles sont nuancées!
    Après la Bulgarie, si ils s'en sortent ce sera la Serbie et... Odinette ne préfère pas faire de plan car jusque là, à chaque fois ça tombe à l'eau ou c'est retardé.

    Les triplettes se séparent pour quelques heures , Ode en profite pour aller croquer quelques fruits juteux en imaginant l'après voyage, que fera-t-elle au retour?
    Cath va-t-il toujours vouloir voyager avec elle?
    Va-t-elle rendre visite à Ael et Neïrin?
    Franchement à cet instant, elle n'en a aucune idée mais sait qu'elle ne restera pas en Bretagne.

    Les heures passent, enfin la jeune Mère se décide à aller retrouver ses amies pour passer un moment autour d'un feu à manger des brochettes, à rigoler, à refaire le monde, à s'amuser et surtout à profiter de ces moments ensemble.
    Il est une évidence que ce périple est celui de leur vie!
    Tout comme les nouvelles venant de Bretagne ne donne pas envie à Ode d'y rentrer.
    Mais d'autres nouvelles l'amusent grandement et elle est comme impatiente de voir ce qui va se passer.

_________________
Zakarine
България, Mardi 16 Juillet 1467 noeud 574






Dix jours.. Ils n'avaient que dix jours pour sortir de Bulgarie et sans armes, en plus! Ben oui.. Les Trégorrois n'allaient tout de même pas se débarrasser des leurs pour faire plaisir à une Procureure en mal de vouloir montrer sa toute-puissance! Du coup, les épées, les haches, les pioches ou bien pelles étaient bien camouflées dans la charrette, sous un tas de vêtements et de maïs, emportés pour le voyage. Grand bien leur fit.. Ils avaient croisé une armée dans la nuit et in the pocket! Ni vu ni connu j’t’embrouille! Un petit sourire accompagné d'un salut amical lors de la présentation des papiers et ils ne s'étaient aperçus de rien..

Deux jours qu'ils marchaient en deux groupes séparés, pour ne pas faire peur à ces pauvres Bulgares qui auraient pu risquer l'apoplexie en voyant autant de Bretons en même temps. Miraculeusement.. ou pas... du fait de marcher en petit comité, les hommes avaient tendance à mieux suivre le groupe auquel ils étaient assignés. En même temps, l'expérience ne durait que depuis deux jours.. Il fallait attendre la sortie de la Bulgarie pour voir le résultat final.

C'était durant la pause repas que les filles se rejoignaient pour calculer le trajet en sortant la carte. les hommes, quant à eux, mangeaient et se reposaient. La paperasse, ça ne les intéressait pas. Avant leur départ, elles avaient fait l'acquisition de la nouvelle carte du pays, l'ancienne étant obsolète.


Oh! Les Barbars! Regardez donc! On va pouvoir couper par là pour aller en Serbie! On va gagner quelques jours et reformer notre lance pour avancer plus vite!

Zakarine se mit à sourire et grimaça en pensant que la facilité n'était pas bonne pour leurs compagnons de route qui allaient de nouveau dormir sur leurs lauriers.. La Bretagne approchait de plus en plus. Pat, son Chevalier et ami, lui envoyait des nouvelles qui n'enchantaient guère la Duchesse du Tregor mais elle ne voulait pas se prendre la tête à l'avance. Elle avait bien le temps de reprendre les choses en mains, une fois rentrée à Tréguier.
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Ode...
Adieux Bulgarie!
GAST!
Vive la Serbie!


Јагодна (Краљевина Србија (Domaine Royal))
Samedi 20 juillet 1467
et
Dimanche 21 Juillet 1467


    Quelques jours avant "Oh! Les Barbars! Regardez donc! On va pouvoir couper par là pour aller en Serbie! On va gagner quelques jours et reformer notre lance pour avancer plus vite! "
    Trop chouette!
    Trop la fête!
    Parce que bon croiser les armées Bulgare ça va deux minutes, alors qu'il y ait eu des routes de construites pendant qu'ils voyageaient alors là!
    C'est le Pompon sur la Garonne comme il est dit dans certaine région.
    Mais pour la BarbarOde c'est signe de fête!

    Même si elle est parvenue avec son groupe à éviter l'armée qu'a croisé la Duduche avec son groupe.
    Comme quoi des fois, avoir quelques minutes de retard ou d'avance change la donne.

    Donc les deux jours restant pour quitter la Bulgarie se sont déroulés dans la joie et la bonne humeur et leur entrée en Serbie a été récompensé par un temps agréable.
    Le top, du top!

    Bon d'accord, ils en ont paumé deux en route, pas de nom de cité, mais ce sont pas des femmes pour l'indice! Hé hé!
    Mais ce sont les joies et surprises du voyage, c'est arrivé à presque tous, Ode aussi au même titre que ses amis, elle n'est aucune meilleure qu'eux... Pas pire non plus!
    Alors arrivée en Serbie, Odinette danse en chantant faux histoire de changer mais elle s'en carre totalement!

    Arrivée à la première ville, confession!
    Si elle en a bien besoin quand même.
    Puis un tour de ville, un tour de marché et vas y qu'elle cause avec les mains et offre des sourires à qui veut.
    Vivres en besace, un ventre bien tendu après un repas qu'ils se sont offerts au campement de fortune.
    Car oui, les amis ne se refusent rien quand ils le peuvent.
    Et là, les filles sont parvenues à travailler assez pour offrir à tout le monde de quoi se remplir la panse.

    Tout le monde est là!
    La lance est à nouveau prête à partir, la charrette chargée, tout est prêt pour partir sauf Ode qui a décidé de se trouver une rivière ou un lac afin de piquer une tête avant de reprendre la route.
    Alors, elle les plante là quelques heures, le temps pour elle de trouver son bonheur.

    Quelques brasses, un long moment de détente, un sourire aux lippes avant de se décider à les retrouver pour enfin partir.
    Rayonnante, reposée, elle offre à chacun un fruit fraîchement cueilli dans un arbre fruitier.
    Puis elle saute sur le dos d'un équidé, pas du tout le désir de monter en charrette... Juste une envie intense de liberté.
    Et en suivant le convoi, elle chante pour elle même ...


      D'où vient le bonheur, ou poussent les rêves
      La lueur de nos cœurs quand le jour se lève
      Où se cache l'amour quand il dort
      Il y a tant de choses qu'on ignore
      Est-ce qu'il faut choisir une vie sans ratures
      Ou écrire sans relire suivre l'aventure
      Le futur nous joue des accords
      Qu'on ne peut pas connaitre encore
      Il m'a fallut des voyages et des mirages pour être sur de moi
      Aujourd'hui je sais que je ne sais pas

      Ne me demande pas où se trouve le droit chemin
      Même si chacun à le sien
      Personne ne connait sa route
      Et c'est la beauté du doute


      Si tu perds un combat
      Donne à ta vie d'autres chances
      Personne ne connait d'avance
      Tous les parfums que l'on goûte
      Et c'est la beauté du doute


      Où vont nos prières
      Où fini le ciel
      Qui écoute nos déroutes
      Quand nos voix se mêlent
      On chante une mélodie fragile
      On avance perdu dans la file
      Le passé nous suit
      On le voit de loin
      Bien caché est ce qu'il sait ce qu'il y a demain
      Il nous faut renoncer parfois
      Pour trouver le meilleur en soi

      Il t'en faudra des errances
      Des nuits qui dansent
      Pour comprendre à la fin
      Qu'on ne connait jamais son destin

      Ne me demande pas où se trouve le droit chemin
      Même si chacun à le sien
      Personne ne connait sa route
      Et c'est la beauté du doute
      Si tu perds un combat
      Donne à ta vie d'autres chances
      Personne ne connait d'avance
      Tous les parfums que l'on goûte
      Et c'est la beauté du doute

      Rien ne sert de savoir
      Les couleurs de nos villes
      Les douleurs ou les envies


      On comprendra plus tard
      Ce que nous dit aujourd’hui
      Je ne connais pas l'histoire
      Mon parchemin je l’écris sur une page infinie
      Ce que j'écrirai demain
      Je n'en sais rien

      Ne me demande pas où se trouve le droit chemin
      Même si chacun à le sien
      Personne ne connait sa route
      Et c'est la beauté du doute
      Si tu perds un combat
      Donne à ta vie d'autres chances
      Personne ne connait d'avance
      Tous les parfums que l'on goûte
      Et c'est la beauté du doute

      Ne me demande pas où se trouve le droit chemin

      même si chacun à le sien
      Personne ne connait sa route
      Et c'est la beauté du doute
      Si tu perds un combat
      Donne à ta vie d'autres chances
      Personne ne connait d'avance
      Tous les parfums que l'on goûte
      Et c'est la beauté du doute


    Aucun doute possible pour elle, sûre de ses choix.
    Et elle rit en se disant qu'ils n'ont jamais été aussi près de la Bretagne.
    Pourtant elle est partagée, pressée de rentrer et pressée de repartir ou poursuivre ce voyage et l'allonger?
    Hum, la babar Titia a envie de rentrer pour voir son roux, Ode le conçoit parfaitement.
    Et la Duduche aussi à envie de rentrer pour d'autres raisons.
    Ode quant à elle, n'a pas particulièrement ni l'envie, ni le besoin de rentrer.
    Par contre le goût aux voyages est là et il n'est pas prêt de la quitter.



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Zakarine
Смедерево, capitale du Краљевина Србија (Domaine Royal) Lundi 22 Juillet 1467






La Côte d'Azur et la Bretagne étaient encore bien loin des Balkans mais l'été était quand même bien chaud cette année-là. Jamais l'eau n'avait été autant appréciée qu'en ce moment. Aussi, dès qu'ils en avaient l'occasion, les Bretons faisaient trempette dans les rivières qu'ils croisaient sur le chemin. Depuis qu'ils étaient en Serbie, les sept Trégorrois se sentaient plus en sécurité. Ils ressortirent toutes leurs armes et marchèrent à nouveau tous ensemble, bien groupés les uns contre les autres en direction de la capitale serbe.

Un frisson avait parcouru leur échine lorsqu'ils croisèrent non pas une, pas deux non plus! Même pas trois mais quatre armées de ONE, ennemi numéro 1 des Bulgares. La Rouquine espérait secrètement que les soldats serbes avaient leurs noms dans leur liste verte et qu'ils pourraient continuer leur route tranquillement. C'est au moment de franchir les portes de la ville qu'elle fut rassurée. On les avait laissés passer en toute quiétude. Un grand OUF de soulagement se fit entendre parmi la troupe. Tant et si bien que, malgré le fait qu'au départ, ils avaient décidés de filer droit vers la Pologne, Papi décréta de faire de la résistance et alla se faire embaucher chez un paysan du coin pour se faire quelques sous supplémentaires. Du coup, halte forcée! Ils n'allaient tout de même pas abandonner la relique au beau milieu de nulle part après l'avoir supportée jusque là!

Les filles allèrent déposer leurs bagages dans une auberge choisie avec soin et firent le tour de la ville. Comme à son habitude, Zakarine nota tout ce qu'elle voyait sur son carnet de bord: les gens, les armées, les bateaux dans le port etc. Elle ne voulait rien perdre de ses souvenirs qui auraient tendance à s'effacer avec le temps.

La Duduche observa le très beau lac de Smederevo. La nouvelle tenue du pêcheur dont elle avait fait l'acquisition récemment la tentait bien: écus ou poissons? Travail éreintant dans un champs sous un soleil accablant ou bien détente sur une barque, se laissant aller au fil de l'eau? La deuxième solution eut raison d'elle. Cela faisait trop longtemps qu'elle ne s'était pas adonnée à son activité préférée.. Banco! Ce serait la pêche!

Elle retourna à l'auberge en vitesse pour se changer. Exit les froufrous et autres babioles! Demat la tenue de pêche! Canne à la main, gourde d'eau fraîche et pain accompagné de fromage dans la besace, elle marcha vers le lac rafraîchissant. Elle loua une barque et grimpa dessus. Une rame dans chaque main, elle pagaya assez loin du bord, là où il y avait plus de poissons, et elle lança l'hameçon sur lequel elle avait accroché une boule de pain rassis. Zakarine prit une grande inspiration. Elle profitait de cet instant de calme sur une eau limpide, seule au monde... Comme elle était bien!



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Ode...


      Yalla yalla!
      Yalla yalla !
      Elle m'emmène avec elle ...
      Je t'emmène avec moi, yalla!

    Gast! C'est quoi ce bordel!
    Mots lancés en entrant dans l'enceinte de la ville après être passé devant quatre armées serbes!
    QUATRE genre une ça suffit pas!
    Un monde fou en cette capitale, alors nos sept breton ont retenu leur respiration jusqu'au passage des portes de la ville, sérieux hein!
    Sans se chier dessus, l'est pas fière la Odinette quand elle croise les regards des soldats serbes.
    Ils n'ont pas l'air commodes , ni la mélodie d'ailleurs et même si ils tentent de sourire pour faire genre... bah ça le fait pas.
    Mais une fois en ville, c'est le soulagement Trégorrois.
    Les triplettes sont d'accord, il valait mieux repartir dès le soir même, oui mais ça c'est sans compter sur la relique qui se faufile chez un paysan pour bosser au champ! NON!
    Trop tard!
    Papi les prend en otage et ça fait râler Odinette et pas qu'elle mais en même temps ils vont pas le laisser en plan ici et il le sait la Sagouin!
    Quoi que ... Elle pourrait écrire à son fils et sa belle fille un truc du genre "laissé en capitale de Serbie la momie de l’aïeul!"
    L'idée la fait rire!
    Mais elles ne feront jamais ça.

    Une fois en ville, affaires déposées à l'auberge tenue par les O.N.E apparemment, en même temps tout ici leur appartient faut croire! Bref!
    Après un dépôt d'affaire, Ode se rend au port pour pouvoir profiter de la vue et observer les navires à quai.
    Dans quelques jours, ou semaines, elle sera à nouveau sur l'Horizon et autant elle aime l'océan, la mer, l'eau en général, la navigation c'est pas franchement son truc, elle n'est donc pas pressée.

    Assise à regarder l'horizon ses pensées vont à sa nièce Roxane et sa soeur jumelle Marikani dont elle n'a pas eu de nouvelles depuis des mois et des mois. Pourtant Odinette garde l'espoir de la revoir en arrivant en Bretagne.
    Elle se revoit à la Rochelle avec Mari, toutes les deux dans une minuscule masure, face à l'océan, entre rires et parfois pleurs car vivre seules loin des siens quand on a pas 20 ans c'est parfois pas si simple.
    Pourtant, elles se sont amusées, elle se sont plu et puis... le voyage... Mari qui ne suit pas... Ode l'attend, Mari part chez les nonnes et ce durant des semaines.
    Enfin elles se retrouvent en Bretagne et Marikani repart encore chez les nonnes et depuis... pas de nouvelle... Un soupir... ça date de novembre le dernier instant partagé toutes les deux.

    Que penserait-elle en sortant du couvent de ne pas voir sa soeur ?
    Que penserait-elle en apprenant qu'Ode est partie depuis une mi année déjà?
    Que dirait-elle si elle connaissait la destination du voyage?
    Que penserait-elle de la savoir ici dans la capitale serbe entourée de quatre armées?

    Son coeur se serre avant de sourire, Ode n'imagine pas ne jamais revoir sa jumelle.
    C'est inconcevable et c'est bien parce que c'est inimaginable que la jeune Kerloc'h garde intiment l'espoir de pouvoir la serrer à nouveau entre ses bras.
    Alors, le vent léger humide grâce à l'eau du port, les écumes venant flirter avec sa peau, Odinette chante en pensant à Mari.
    Une chanson qui lui prend les entrailles en fermant les yeux , imaginant ainsi le minois de sa soeur en son esprit.


      Ame ou sœur
      Jumeau ou frère
      De rien mais qui es-tu
      Tu es mon plus grand mystère
      Mon seul lien contigu
      Tu m'enrubannes et m'embryonnes
      Et tu me gardes à vue


      Tu es le seul animal de mon arche perdue

      Tu ne parles qu'une langue aucun mot déçu
      Celle qui fait de toi mon antre
      L’être reconnu
      Il n'y a rien à comprendre
      Et que passe l'intrus
      Qui n'en pourra rien attendre
      Car je suis seule à les entendre

      Les silences et quand j'en tremble
      Toi, tu es mon autre
      La force de ma foi
      Ma faiblesse et ma loi
      Mon insolence et mon droit

      Moi, je suis ton autre
      Si nous n'étions pas d'ici
      Nous serions l'infini

      Et si l'un de nous deux tombe
      L'arbre de nos vies
      Nous gardera loin de l'ombre
      Entre ciel et fruit
      Mais jamais trop loin de l'autre
      Nous serions maudits
      Tu seras ma dernière seconde

      Car je suis seule à les entendre
      Les silences et quand j'en tremble
      Toi, tu es mon autre
      La force de ma foi
      Ma faiblesse et ma loi
      Mon insolence et mon droit

      Moi, je suis ton autre
      Si nous n'étions pas d'ici
      Nous serions l'infini...


      Mari... où es tu?
      Mari... je pense à toi...
      Je t'aime..

    Doucement une larme naît au coin de son oeil et cette petite perle roule le long de sa joue jusque venir mourir à la commissure de ses lèvres.
    Un soupir et Ode se redresse d'un bond et part en courant en direction du lac.
    En quête de retrouver sa Duduche ou la Barbar voire les deux car elle a besoin là d'un instant connerie ou câlinage!


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Ode...
Смедерево, capitale du Краљевина Србија (Domaine Royal)
Mercredi 24 Juillet 1467



    La relique tente une prise d'otage ! Tellement plongé dans le péché que son appétit s'accroit malgré son âge avancé. Régulièrement il se plaint, c'est naturel en même temps s'il ne râlait pas ça ne serait plus lui. Sauf que là pour le coup, personne n'a le désir de s'éterniser dans cette ville même si les gens sont charmants !
    Comme souvent durant les voyages, le retour semble mille fois plus long que l'aller. Et là, bah ils ont tous le sentiment de piétiner, en plus la chaleur devient à la limite du supportable. Pourtant, Ode est toujours enchantée par ce périple, mais là, les fourmis dans les jambes, le besoin de bouger est présent... Alors rendez vous est pris, ils partent le soir même.

    Alors les malles sont rangées, les fringues d'Odinette jetés à l'arrache à l'intérieur, et le tout déposé dans la charrette commune. L'excitation du départ est tellement prenante qu'elle décide d'aller faire un tour au port, puis au lac puis sur le marché... En gros , revisiter la ville en long , en large et en travers en sachant que c'est probablement la toute dernière fois qu'elle pourra contempler les charmes de la capitale serbe... Car il y a peu de chance qu'elle revienne avant longtemps, ce n'est pas le genre de voyage qu'on fait à répétition, un périple de presque une année se fait une fois dans sa vie non ? Même si après celui, d'autres voyages suivront, ils seront différents c'est une évidence et sûrement sans ses amies, plus le temps passe et plus elle y songe.

    Durant tous ces mois, Ode a pu découvrir des histoires sur des hommes et des femmes pieux, elle a même trouvé des morceaux de tissus, des bijoux, et tant d'autres choses ou objets qui pourraient être des reliques mais pour s'en assurer, il lui faudra y travailler dans son office. Des mois de boulot en prévision, des mois d'angoisses et d'envies, la jeune Kerloc'h est comme une enfant devant un arbre de Noël et pourtant actuellement elle ne peut rien en dire... Alors elle prend son mal en patience et souvent pour tenter de songer à autre chose, elle pense à sa nièce et sa jumelle.

    Sa jumelle, une année maintenant qu'elle n'a pas de nouvelle, une année où elle lui manque et pourtant Ode sent que quelque chose se prépare. Sans savoir quoi, sans savoir si c'est négatif ou positif, elle sait juste que ça concerne Marikani pourquoi ? Comment ? C'est inexplicable. Pourtant, cela lui encombre grandement l'esprit et si les missives sont restées tous ces mois sans réponse, son cœur se soucie pour sa jumelle.
    Si loin de la Bretagne, c'est compliqué pour la jeune Kerloc'h d'avoir des nouvelles. Mais c'est aussi difficile d'en converser avec ses amies, Titi a hâte de retrouver son roux, Zak est préoccupée par différentes choses dont Ode n'a pas pleinement connaissance, quant aux garçons, bah ce sont des hommes peu de chances que ses préoccupations les intéressent. C'est ainsi...

    Alors à quelques heures du départ, c'est dans le lieu Saint qu'elle va se réfugier afin de prier en silence pour sa soeur jumelle. Elle demande au Très Haut de veiller sur Mari, elle le supplie de prendre soin d'elle, elle sent son coeur se serrer en s'apercevant que peut-être jamais plus elle ne pourrait la revoir.
    C'est son sang, son autre, celle avec qui des années durant elle a inspiré et expiré en cadence, en duo et depuis une année ... Odinette doit faire seule... Sans sa jumelle...
    Heureusement qu'elle a Roxane, car sa nièce est très importante pour elle, Roxou est désormais essentielle à sa vie... Mais jamais ça ne remplacera sa jumelle.
    Mari est une part d'Ode, Ode une part de Mari , leurs chemins se sont séparés par la force des choses, mais ça ne signifie pas qu'elles sont pas en manque l'une de l'autre... Même à des milliers de lieux de la Bretagne, le manque tiraille son coeur même si jamais elle n'en parle à qui que ce soit.

    Heureusement malgré tout ça, la jeune mère n'est pas seule, les deux amies qui font partie intégrante des triplettes déjà pour commencer, Roxou sa nièce qu'elle aime, Cath le frère de coeur, celui qu'elle n'a jamais eu... Chez les Kerloc'h y a que des filles, des pisseuses comme disait son père dont elle n'a plus aucune nouvelle non plus... Décidément, la famille c'est celle qu'on se fait au jour le jour, celle du sang pour Ode est comme perdu dans les méandres de l'univers.
    Quand enfin son recueillement est terminé, Ode sort du lieu saint et se rend compte que la nuit est déjà présente, il lui faut prestement retrouver les autres au point de rendez vous.

    C'est d'un rapide qu'elle y arrive et les voit tous prêts à quitter l'endroit. Plusieurs jours en rase compagne sont prévu, presque une semaine mais ça lui importe peu, Ode aime dormir à la belle étoile.
    Ce soir, sentant que la mélancolie est presque unanime, la jeune femme saute dans la charrette aux côtés de la Barbar et la Duduche, une main sur celle de Titi, un clin d'oeil et un large sourire avant de se mettre à fredonner pour elle, non pour elles une mélodie


      Dieu sait ce qui se cache dans ce coeur ivre et fragile
      Je suppose que tu as embrassé les filles et les as fait pleurer
      Ces reines aux visages endurcis par les mésaventures
      Dieu sait ce qui se cache dans ces yeux mauvais et creusés
      Un empressement violent d'anges muets
      Donnant de l'amour et n'ayant rien en retour

      Les gens aident les gens
      Et si tu as le mal du pays, donne-moi la main et je la tiendrai
      Les gens aident les gens
      Et rien ne t’entraînera vers le bas
      Oh et si j'avais un cerveau, Oh si j'avais un cerveau
      Je serai froide comme la pierre et aussi riche que l'idiot
      Qui a détourné tous ces coeurs

      Dieu sait ce qui se cache dans ce monde sans importance
      Derrière les larmes, dans les mensonges
      Un millier de couchers de soleil qui se meurt
      Dieu sait ce qui se cache dans ces coeurs ivres et fragiles
      Je suppose que la solitude est venue frapper
      Nul besoin d'être seule, Oh sauve-moi

      Les gens aident les gens
      Et si tu as le mal du pays, donne-moi la main et je la tiendrai
      Les gens aident les gens
      Et rien ne t’entraînera vers le bas
      Oh et si j'avais un cerveau, Oh si j'avais un cerveau
      Je serai froide comme la pierre et aussi riche que l'idiot
      Qui a détourné tous ces coeurs..

    Puis sans cesser de fredonner, Ode serre tendrement ses amies dans ses bras, la mélancolie est à la fois bonne et dure, là elles se serrent les coudes et s'aident à supporter tous leurs tracas même si elles ne sont pas à dire à chaque instant ce qui les tracassent... C'est ça aussi l'amitié... Et Ode tente d'être à l'écoute de ses amies...
    Un sourire aux filles et une pensée vers ceux qui sont loin d'elles...

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Ode...


    C'est reparti mon Kiki!
    Çà y est enfin à nouveau sur les chemins, cela devient pour Odinette une forme d'addiction. Désormais, elle n'envisage plus sa vie sans le voyage, cela devient indissociable.
    Certains de ses projets semblent s’effriter, d'autres devraient voir sous peu le jour.
    Pendant ce voyage, elle a tout le loisir pour y penser, elle peut sans déranger peser le pour et le contre, sans qu'on attende d'elle une réponse preste.
    Cette nuit, l'envie d'être en retrait est là.
    Sur son équidé elle devance ou suit le convoi en fonction des besoins mais toujours dans le silence. Un silence qui lui est nécessaire pour réfléchir à tout ce qu'elle a à faire, comment, etc... mais aussi pour songer à sa mère quelque part près de Brest chez sa tante, aveugle maintenant et en petite santé, à sa jumelle dont elle n'a plus du tout de nouvelle et pourtant ces derniers jours, Marikani occupe plus que grandement ses pensées et ce n'est point bon signe.

    Dans ce silence, elle entend les sons de la nuit, il fait tellement chaud que certains animaux se font plus présents la nuit, une légère brise fait danser les feuillages, rafraîchit son visage... Les sabots claquent le sol en cadence, les rapaces nocturnes se font entendre, tout est pourtant paisible, même elle. Étonnamment, malgré les derniers événements, Ode est sereine, sûrement car à force de se poser des questions certaines réponses ont trouvé chemin jusque son esprit. Ses pensées s'organisent progressivement, elle sait désormais qu'elle va accompagner deux amis dans leurs projets. Elle sait maintenant que l'orphelinat se fera d'une façon ou d'une autre... Elle sait maintenant qu'elle est capable de faire face à certaines décisions et surtout qu'elle est apte à en prendre tout simplement.
    Elle sait aussi qu'elle est capable de se prendre des coups dans la tronche sans même broncher, soit elle en pense pas moins, mais elle laisse glisser les saloperies tout en récitant parfois quelques confiteor pour les pensées impures qu'elle peut avoir concernant certaines personnes.

    Ce n'est pas parce qu'elle est nonne qu'elle apprécie qu'on la prenne pour une conne! Loin de là même, d'autant que même si on est tous le con de quelqu'un, la jeune Kerloc'h est loin de l'être... conne!
    Un brin de jugeote, un regard coquin mais pétillant, taquine à souhait, pouvant tenir une conversation... Mais à cet instant, la conversation se fait seule et dans sa tête afin de ne pas attirer l'attention de la Duduche ou de la Barbar!

    "Yeah!
    Chut, j'aime le silence
    T'y perçois rien moi, j'y entends des nuances
    "

    Un fin sourire à cette pensée, justement les nuances s'en sont allées dans des idées autres mais toujours importantes pour la suite des événements.
    L'avancée se fait légère, particulière sous cette lune rousse et cette température presque insoutenable.
    Ode réfléchit tout en écoutant les sons alentours, sait-on jamais, ils ont quitté la ville, ils ont laissé derrière eux les quatre armées, mais qui dit qu'il n'y en a pas d'autres? Aucune idée, aussi , ils se méfient.
    A l'affût certes, mais aussi pensive, sa décision est prise à son retour en Bretagne, la jeune Kerloc'h reprendra les chemins... Seule ou accompagnée mais elle partira.
    Un regard à sa suzeraine et son amie, un fin soupir, les laisser sera difficile mais elles ont aussi des projets , différents de ceux d'Ode.
    Si le silence se respecte, la vie de ses amies également. Elles devront la laisser s'éloigner et elle devra leur donner régulièrement des nouvelles.

    Dans quelques jours, ils seront dans une ville, dans plusieurs jours, ils seront en Hongrie. Là bas, Ode et Cath auront à faire, à cela déjà elle songe. Sans trop pouvoir faire de plans, il lui est indispensable de penser aux moyens d'entrer en contact avec les résidents. Aussi , la jeune femme fait des sortes de compartiments dans son esprit pour ne rien omettre, pour se souvenir des questions à poser, des choses à régler etc...
    Ça virevolte, ça se pose, ça s'envole, tout est là à circuler dans sa tête, passant du coq à l'âne, mais sans rien omettre.


      BarbarOde?

    La voix de Zak la sort immédiatement de ses pensées, prestement elle s'approche de la charrette pour être à la hauteur de son amie.

      Oui ma Duduche qui y a -t-il?

      On va s'arrêter quelques heures !
      Tu as... Enfin nous avons besoin de nous reposer un moment.

      J'aime pas trop te le dire, mais tu as raison...

    Léger rire

      Je vais de l'avant nous trouver un endroit agréable pour nous poser un peu.

    Ni une, ni deux, la voilà lancée en quête d'un refuge pour la pseudo nuité.
    Quand enfin elle a trouvé après plusieurs dizaines de minutes, elle rejoint Zak afin de la guider puis une heure plus tard tout le monde dormait du sommeil du juste.
    Reprendre des forces avant la prochaine journée qui sera encore bien longue...

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Ode...


    Doigts entrelacés amoureusement, lovée tout contre lui, son souffle sur sa nuque, un minois qui sourit au murmure presque inaudible, le bruit de l'océan en fond, les vagues venant mourir sur la grève, une ondulation du corps pour se presser contre celui de l'être aimé, un instant de pur bonheur, de connivence et de douceur... Temps qui s'arrête, prolongeant l'instant tendresse pouvant même se prolonger dans un jeu extatique, d'un corps à corps langoureux, d'une danse impudique dont il serait le meneur et elle la soumise bien volontaire. Magie de l'instant... Comme il ne lui est pas arrivé depuis une éternité et pourtant son corps s'étire longuement, un soupir diffus passe le seuil de ses lèvres.

    Yeux qui s'ouvrent sur une réalité qui est toute autre, un grognement, des yeux qui se referment comme pour repartir dans la songe qu'elle vient de quitte brutalement. Un soupir bien moins discret, pas la peine de tenter de retrouver le style de sérénité qui l'occupait au moment de son éveil, aucun risque qu'il revienne, c'est et restera un lointain souvenir. Il y a des choses que l'on tait à jamais, il y a des jardins secrets enfouis au plus profond des êtres, il y a des événements, des décisions qui marquent une vie laissant un goût d'inachevé en bouche.
    Des décisions que l'on prend pour se protéger même si tout au long de sa vie on peut le regretter, c'est ainsi, Odinette le sait tout comme elle sait qu'il se passe quelque chose avec sa jumelle mais quoi?

    D'un bond, elle se redresse et effectue quelques pas dans le campement provisoire. Le groupe d'amis est quelque part en pleine campagne hongroise, la prochaine ville n'est pas encore visible pourtant la jeune Kerloc'h sait qu'ils y seront dans les jours à venir. D'un index qui repousse les mèches rebelles venues se perdre devant son regard azuré, Ode chasse vivement toutes les images qu'elle a à l'esprit, même cette odeur qui flirte encore avec ses souvenirs. Profond soupir, légère déglutition , le regard humide, la jeune femme sursaute presque à la voix qui s'adresse à elle. Sans même se retourner, elle reconnaît la relique vivante parfois morte qui l'interpelle.


      Qu'est ce tu fous MéchantOde?

      Rien, la Relique! Rien qui ne te regarde!

      Bah si ça me regarde, tu m'as réveillé en sautant comme ça, tu as déplacé trop d'air!

    La jeune femme rit doucement en tournant le visage vers lui.

      Pauvre toi!
      Je vais me baigner , tu viens mouiller tes vieux os?

      T'es folle! C'est pas nouveau remarque, je vais me recoucher plutôt.

    Amusée de le voir se baisser pour lui balancer une caillasse ou un morceau d'elle ne sait quoi qui roule jusque ses pieds avant qu'elle ne déguerpisse en courant en direction du port naturel.

    Besoin de se retrouver seule, besoin d'enterrer définitivement ses souvenirs qui reviennent actuellement de plus en plus souvent alors que rien ne le présageait, ni même qu'elle l'ait désiré. Ode pensait même être passée totalement à autre chose depuis longtemps, comme quoi l'esprit joue des tours et les songes parfois font plus de mal que de bien.

    Aussi la jeune Kerloc'h s'arrête à la charrette pour prendre sa besace et c'est au pas de course qu'elle rejoint le port sans se retourner vers le campement où dorment encore ses amis. Arrivée sur la rive, c'est lentement qu'elle laisse choir ses vêtements sur le sol après avoir posé son sac sur l'herbe fraîche.
    Une fois à son aise, c'est progressivement qu'elle s'immerge avant de plonger dans l'eau froide du fleuve pour effectuer quelques brasses coulées avant de percer la surface et se laisser aller à nager pour évacuer toute la tension qu'elle ressent depuis son réveil. Son corps dans l'eau évolue avec légèreté et grâce, sa silhouette s'allonge et sa nage se fait plus active et vive afin de s'éloigner plus de la rive.
    Ses gestes souples mais fermes l'emporte prestement à bonne distance du rivage, une nage assurée, constante, endurante, lui permettant de penser à rien d'autre que ce qu'elle fait, eau salvatrice, petite incursion dans les profondeurs écoutant le silence qui n'est pas sous la surface, en nageant plus lentement pour s'économiser, elle esquisse un sourire relâchant quelques bulles d'air.

    Un léger bruit de flip, flap à la surface la fait lever les yeux vers les cieux, la jeune femme comprend qu'il commence à pleuvoir et que les gouttes viennent heurter la rivière.
    Ravie, elle remonte comme une flèche pour prendre une profonde inspiration en observant le pluie.

    Un sourire jusqu'aux oreilles, Odinette adore la pluie et il y a longtemps qu'elle n'en avait pas vu, ils ont traversé pas mal de désert et l'eau manquée alors en nageant à l'indienne, la jeune Kerloc'h se met à chanter.


      L'eau - c'est beau - c'est limpide
      Ça ramène à la vie
      L'eau - qui coule - en rivières
      Ne connaît pas le désert

      Et j'ignore comment l'eau choisit son camp
      Et le sable brûle les pieds de ceux qui cherchent

      L'eau - si claire - justifie
      Les traversées du désert,
      Les kilomètres à faire,
      La chaleur, la poussière

      Et j'ignore comment l'eau choisit son camp
      Et le sable brûle les pieds de ceux qui cherchent
      Et j'ignore comment faire pour vivre sans
      Mais le sable à perte de vue me l'apprend

      Rien n'est meilleur que la pluie
      Rien n'est meilleur que la pluie
      Rien que la pluie...

    Puis doucement sans se presser, elle longe la rive avant de s'extirper des eaux du fleuves pour aller récupérer ses affaires, de son sac humide, elle sort un long linge dans lequel elle s'enroule avant de se décider à regagner le campement.
    Quelques pas en marche arrière pour profiter du spectacle qu'offre la nature avant de demi-tourner et retourner rejoindre les autres d'un pas dansant tout en fredonnant encore appréciant l'eau de pluie qui perle sur sa peau mouillée.
    La Hongrie lui plait déjà!
    La jeune femme profite vraiment du paysage jusqu’à en avoir pratiquement oublié ses images de réveil.

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Zakarine
Esztergom, capitale du Magyar Királyság (Domaine Royal) Mercredi 31 Juillet 1467






Kouroukoukou karoukatchikétic tic
Kouroukoukou karoukatchikétac tac

Zakarine ne savait pas pourquoi, quand elle entendait cette chanson chantée par les gens du coin, tout le monde se mettait à sauter comme des ressorts... Bienvenue en ville! Après des jours et des jours de marche sur la route menant la Serbie vers la Hongrie, une petit détour vers une Abbaye les voilà enfin dans la Capitale Hongroise. Elle avait changé depuis leur dernier passage. La première fois qu'ils étaient venus, le sol était couvert de neige et là, la verdure avait repris le dessus.

Que ça faisait du bien de voir des gens! Nombreux étaient les soldats qui surveillaient Esztergom mais, contrairement aux Bulgares, ils avaient laissé nos amis Trégorrois se balader tranquilles. Aucune marque de suspicion envers la lance, rien. La boisson translucide que l'on appelait Vodka y était sans doute pour quelque chose. Notre Duduche avait déjà goûté et approuvé ce breuvage qui n'avait rien de doux en Pologne pour la première fois. Il avait le don de très vite faire tourner les têtes, surtout de ceux qui n'en avaient pas l'habitude.

Avant de faire le tour des tavernes, les amies allaient faire quelques emplettes. On pouvait les entendre piailler à l'autre bout de rue, tant tout ce qu'elles voyaient les excitait! Les articles étaient sur les étals à profusion et, ce qui ne gâtait rien, à très bon marché.


Regardez là-bas! Quelles belles tenues! Dommage que je n'ai pas plus d'or sur moi.. j'aurais tout acheté!

Zakarine riait à gorge déployée avec ses deux Barbars préférées. Elle avait tout de même acheté du pain et du maïs pour subsister durant le trajet qui allait les mener jusqu'au port où était amarré l'Horizon. Quelques temps plus tard, elle laissa ses amies pour se diriger vers le port qui n'était pas très fréquenté. Par curiosité, elle s'approcha du seul foncet amarré sur un ponton et lut la pancarte de vente. Quand elle lut le prix que l'armateur en demandait, Zakarine faillit s'étrangler.

10000 écus pour un petit foncet! Il est complètement fada, lui! Jamais de la vie il ne le vendra à ce prix!

Elle s'en retourna en ville en riant. Elle espérait que tout le monde sera sur le lieu de rendez-vous le soir: il y avait toujours un ou deux étourdis pour manquer le départ.

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Ode...


    Arrivée dans la capitale de la Hongrie, après un passage à une abbaye inexistante, après des jours de voyage, après des mois de leur premier passage, de l'hiver ils arrivent à l'été.
    Même paysages et pourtant si différents, sans la neige blanche, vive les couleur de l'été, magnifique, tout bonnement magnifique!
    Ode sans s'extasier apprécie vivement ce que ses yeux voient.
    La jeune femme aime ce que le Seigneur a offert à Dame Nature, Dame Nature fait bien les choses et sait grandement charmer ceux qui savent observer.
    Alors oui, la ville est belle, les alentours aussi et ils savent que quelque part au sein de la ville se trouve Cath, l'ami, le frère qu'elle n'a jamais eu mais qui s'en approche le plus.

    Mais triplette rime avec emplettes, et puis n'allons pas contrarier les esprits viles qui disent que les femmes sont des dépensières!
    C'est donc bras dessus, bras dessous qu'elles se rendent toutes les trois sur le marché de la ville.
    Grand marché, magnifique, et en entendant Zakarine, Odinette ne peut contenir un grand éclat de rire avant de lui signifier.


      Oula ma Duduche !
      Heureusement que tu n'as plus d'argent... Car comment nous les transporterions ?
      Tu oublies que nous sommes déjà chargés comme des petits baudets !
      Allez arrête de rêver, j'ai assez pour nous payer un verre à toutes les trois!

    Et de rire aux éclats en l'emportant loin de ses marchands tentateurs qui font de l'oeil à la Duchesse bretonne Titi et Ode sont franchement amusées en s'éloignant de l'endroit sans cesser pour autant de papoter toutes les trois.

    Un alcool qui arrache, bien frais avec cette chaleur c'est traître mais elles ne sont pas bretonnes pour rien et tiennent bien la route côté alcoolémie. Heureusement !
    Un bon moment passé ensemble, à rire, à regarder la carte pour la suite du trajet puis elles se séparent, chacune ayant à faire de son côté.
    Ode a ce besoin de s'isoler mais aussi de retrouver l'ami, aussi elle part en quête de Cath qu'elle retrouve après des heures de recherches et ce dernier lui apprend qu'il a trouvé un travail chez un artisan jusqu'au soir tard. Aussi, décision est prise, la Kerloc'h l'attend pour partir avec lui, ils retrouveront les autres dans quelques jours, mais il lui était inimaginable de laisser son frère ici.
    Ils prennent le temps de parler un peu du voyage, de leurs quêtes, ils se échangent des nouvelles venant de Bretagne et se séparent en se donnant rendez vous pour le soir.

    Parler de la Bretagne natale lui fait penser plus vivement à sa mère qui est de plus en plus malade, totalement aveugle désormais et triste de ne plus avoir de nouvelle de son époux, le père de Marikani et d'Ode... Marikani, sa jumelle..
    Son autre... Sa compagne de toujours qui pourtant ne donne plus signe de vie depuis presque une année.
    Si depuis leur naissance, les filles ne s'étaient jamais quittées, depuis leur départ de la Rochelle en mai 1466, Mari a éprouvé plusieurs fois la nécessité de se rendre au couvent mais les jumelles ont fini par se retrouver en août à Tréguier. Ode installé depuis quelques semaines, aide sa sœur financièrement pour l'achat d'un champ et quelques vêtements . Quelques semaines à profiter l'une de l'autre, à s'amuser, à se choyer et Marikani retourne une fois de plus chez les nonnes.... Les mois ont passé avant qu'Ode ne se décide à partir en voyage malgré l'absence de sa sœur, persuadée de la retrouver à son retour en ville.

    Sauf que depuis quelques semaines, la jeune Kerloc'h a un mauvais pressentiment et c'est soucieuse qu'elle pense à sa jumelle.Après avoir quittée Cath, elle prend la direction du lac histoire de se changer les idées qui se font de plus en plus morbides. Sans savoir ce qui se passe pour Marikani, elle sent que rien ne va plus, que sa sœur pourrait être en difficultés et au final, Ode se demande si elle reverra sa jumelle en rentrant à Tréguier.
    C'est profondément en elle, comme si les idées arrivent d'un souterrain intérieur provoquant un agacement, une douleur indicible.
    Alors elle se met à courir jusqu'au lac, une course folle où ses pas filent follement, sa foulée s'allonge alors que ses yeux ne peuvent plus contenir l'émotion qui la submerge...
    Des larmes roulent le long de ses joues, pourquoi ?
    Sûrement parce que les jumelles communiquent sans communiquer réellement et que personne ne pourrait comprendre si Ode vient à dire que sa sœur va mal.

    Difficile de conserver ses pensées pour elle-même et en même temps compliqué d'en faire part à son entourage qui la rassurerait en lui disant que ça va aller alors qu'elle sait au fond d'elle même que rien n'ira et rien ne va plus pour sa sœur. Plus elle court et plus elle pleure, c'est insupportable de savoir sans certitude, aucune nouvelle n'est pour cette fois pas significative de bonnes nouvelles.
    Ode longe le fleuve en accélérant toujours plus vite, puis quand elle n'en peut plus de courir, elle ralentit pour finalement se dévêtir en marchant avant de se jet dans les eaux du fleuve en plongeant d'un ponton sauvage.
    Besoin de se défouler, c'est ce qu'elle fait en nageant en brasse coulée sur une longue durée jusqu'à être totalement épuisée et sortir de l'onde essoufflée , rincée, sans plus une larme ne pouvant couler de ses beaux yeux.

    La jeune femme se penche pour ramasser ses affaires qu'elle secoue avant de les ré-enfiler. Une fois vêtue, c'est le regard dans le vide et d'un pas lent qu'elle retourne en direction de la ville... Il lui faut trouver la Barbar Titi et la Duduche Zak pour leur indiquer qu'elle attend l'ami. La Kerloc'h sait que les filles comprendront fort aisément ce choix et il est évident qu'elles se retrouveront quelques jours plus tard. De toutes façons, elles ne rentreront à Tréguier que lorsqu'ils seront tous réunis.
    Cela est une chose sûre et certaine, d'autant qu'il faudra qu'elles payent le stationnement du navire resté en Pologne tout ce temps.
    Alors qu'elle marche presque comme un automate le ferait des années plus tard, elle fredonne doucement.


      Est-ce que la voix qu'on aimait tant
      Peut finir un jour par se taire
      Est-ce que tout ce qu'on a pas pu faire
      Va se dissoudre dans le temps
      Est-ce que tout ce que l'on se promet
      A pu se perdre dans un désert
      Ne reste-t-il que des poussières
      Une fois que l'amour est absent

      Est-ce que tu crois qu'on s'en remet
      On vit avec, on fait semblant
      Peut être qu'on s'en remet jamais
      On s'en remet jamais vraiment
      On s'en remet jamais vraiment


      C'est une blessure sous la peau
      Le froid glacé du couteau
      Tout ce silence en écho
      Je rêve de boire à tes mots
      T'es pas si loin pas si haut

      Est-ce que la lumière reviendra
      Est-ce qu'on retrouvera le sommeil
      Y aura-t-il un nouveau soleil
      Quelqu'un d'autre qui brillera
      Est-ce que tu crois que l'on oublie
      Combien de temps faut-il attendre
      Combien de nuits pour désapprendre
      À se retourner dans son lit

      Est-ce que tu crois qu'on s'en remet
      On vit avec, on fait semblant
      Peut être qu'on s'en remet jamais
      On s'en remet jamais vraiment
      On s'en remet jamais vraiment

      C'est une blessure sous la peau
      Le froid glacé du couteau
      Tout ce silence en écho
      Je rêve de boire à tes mots
      T'as mis la barre assez haut
      J'ai tant de toi sous la peau

      Mais orpheline de tes mots, tes mots, tes mots
      J'entends toujours ton écho
      J'ai tout de toi dans la peau
      On s'en remet jamais vraiment
      On s'en remet jamais vraiment
      On s'en remet jamais vraiment
      Pas vraiment
      Pas vraiment

      Est-ce que les parfums s'évaporent
      Où restent-ils dans notre tête
      Comme ces étoiles qui brillent encore
      Mais qui sont bien loin de la fête
      Des pas qu'on gravait dans la neige
      Sont partis avec le printemps
      Est-ce que nos souvenirs nous protègent
      Sont-ils emportés par le temps
      Emportés par le temps

    Autre chose dont elle ne peut parler à qui que ce soit, chacun son jardin secret et Ode sait entretenir le sien.
    Et puis, ainsi va la vie et la sienne sera bien remplie malgré tout et jamais personne ne pourra lui reprocher d'être trop envahissante, ou trop ceci ou trop cela, elle est et sera juste elle-même.

    Pourtant en s'approchant du campement provisoire, c'est un large sourire qui se greffe à ses lippes, hors de question de laisser paraître quoi que ce soit, elle aura assez des jours à venir pour laisser ses pensées l'emporter doucement.

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Ode...
Quelque part en Magyar Királyság
Vendredi 2 août 1467


La faiblesse est sublime, la force est méprisable.
Quand un homme naît, il est faible et souple.
Quand il meurt, il est fort et raide.
Quand un arbre croît, il est souple et tendre ; quand il devient sec et dur, il meurt.
La dureté et la force sont compagnes de la mort.
La souplesse et la faiblesse traduisent la fraîcheur de la vie.
C'est pourquoi ce qui a durci ne vaincra pas.


Lao-Tseu ,extrait du Tao-tö King


    Loin de tout, perdu au beau milieu de nulle comme souvent depuis le début de ce périple... Il n'en reste pas moins qu'ils sont au courant avec un peu de retard certes, mais ils sont tout même informés de ce qui se passe ailleurs... Là... Là où se trouvent leurs frères.
    Tous deux ont pu en converser un long moment.
    Tous deux ont les mêmes opinions.
    Lui prend des décisions qu'elle suit sans mot dire, ni maudire.

    Ils se concertent sur certains sujets.
    Ils se respectent même quand ils n'ont pas les mêmes opinions.
    Ils sont amis, ils sont liés par un lien invisible mais présent.
    Ils ...
    Ils s'apprécient, s'aiment fraternellement.

    Une connivence discrète mais là.
    Comme elle en a avec d'autres...
    Hum!
    Non chaque connivence est différente Bref!

    Ce jour les nouvelles sont pas si bonnes.
    Ce jour, Odinette prie particulièrement pour ses frères d'armes et tous ceux qui sont avec eux en armée.
    Ce jour , ils ont appris des combats et franchement ça lui a soulevé le coeur.
    Ode aimerait pouvoir se battre mais elle est ordonnée!
    La prise de tête et l'agacement la prennent , la colère, ce péché qu'elle tente d'éviter mais qui est malgré tout humain et Ode est bien loin d'être parfaite.

    Il la regarde, la rassure, échange encore un moment et ils se séparent pour quelques heures.
    Il a à faire.
    Elle aussi!
    Un sourire échangé malgré tout, un regard bienveillant et amical.
    Ils se retrouveront tous les deux pour la suite du voyage à la tombée de la nuit.

    Ode marche longuement dans la plaine hongroise autour du campement.
    Besoin de réflexion, une fois encore.
    Besoin d'être seule, encore.
    En un murmure un chant perce le silence ambiant ou plutôt accompagne le piaillement des oiseaux.


      Vous serez dans la liberté, pour vous et pour vos descendants
      Vous serez les soldats de cette libération, qui les pays défendent
      Gardez la Volonté ! - Vous serez aussi très riches, votre Seigneur vous récompensera

      Brandissez vos armes lourdes et l'ennemi vaincu sera
      Soyez courageux ! - C'est pour une sainte cause que vous vous êtes engagés
      Libérez votre Colère contre ceux qui ont assiégé

      Notre Terre - Nous sommes une centaine de Pauvres, non pas soldats, mais paysans


      Qui ne manient pas l'épée, ni bouclier, ni trébuchet...
      Nous sommes perdus ! - Devant nous se dresse une armée, de milliers de militaires
      Qui nous mettrons sous la terre, ou nous ferons prisonniers

      Voilà la vérité ! - Sous la chaleur de l'été, les trompes sonnent l'assaut
      Et les hymnes qui s'élèvent, soulèvent les oriflammes
      Que vienne la gloire promise !

    Une pensée à ses frères sur les champs de bataille, mais également à toutes celles et ceux les accompagnant.
    Les combats ont eu lieu, d'autres se feront elle le sait.
    Les différentes annonces qui lui ont parvenues sont claires.
    Sa marche est rapide, son chant prend fin, Ode se sait faible lorsqu'il s'agit des autres.
    Sa force est à la fois ça sa faiblesse, les autres sont sa force!
    Ce chant est presque trop doux pour ce qu'elle ressent à cet instant loin des siens, loin de ses frères d'armes, loin des combats...

    La jeune femme accélère le pas jusque prendre une allure de course pour rejoindre leur campement de la journée afin de rejoindre son équidé.
    Arrivée à sa hauteur, une longue caresse sur son chanfrein, quelques mots à son oreille, évitant de trahir ses maux, mais l'animal perçoit son énervement.
    A peine en selle, la monture augmente la cadence progressivement pour parvenir à un grand galop.
    Ses longs cheveux dans le vent, elle peut aisément crier sans emmerder personne aussi elle ne se gène pas pour chanter à tue tête :


      Au nom de la vérité
      Au nom du père et du fils
      Au nom de la vérité
      Et du sacré
      Amen et Attaque

      Tenez vos positions contre la tempête
      Et saluez le crucifié
      Un, Deux, amen et attaque
      L'Armée du Livre Sacré* jure
      De nous défendre à travers la nuit
      Trois, Quatre - amen et attaque

      Lorsque la nuit est froide et noire
      Nous chantons "Amen et Attaque"
      Et nous menons la tempête de la sauvagerie
      Soyez les plus sauvages de la meute
      Hurlez ! Amen et attaque
      Et nous combattons avec Dieu de notre côté
      Amen et attaque
      Amen et attaque

      Combattons les démons de ce monde
      Il ne doit y avoir aucun rescapé
      Un, Deux, Amen et attaque
      Faisons-leur prier ou faisons-leur payer
      C'est le moment de maintenir le bon cap
      Trois, Quatre - Amen et attaque

      Lorsque la nuit est froide et noire
      Nous chantons "Amen et Attaque"
      Et nous menons la tempête de la sauvagerie
      Soyez les plus sauvages de la meute
      Hurlez ! Amen et attaque
      Et nous combattons avec Dieu de notre côté
      Amen et attaque
      Amen et attaque

    Elle se défoule au fil des mots, qu'il est difficile de se sentir impuissante.
    Qu'il est difficile d'être loin d'eux et pourtant ce périple elle l'apprécie.
    Mais elle ne peut être partout....

    Plus tard, elle regagne le point de rendez vous, après avoir laissé sa monture se reposer et se sustenter.
    La Kerloc'h a fait un petit somme après avoir longuement prié, assommée d'épuisement, ou de chagrin, ou de... mais le sommeil l'a emporté quelques heures paisibles laissant son esprit au repos.
    Quand elle voit son ami, son frère prêt pour le départ, Odinette lui sourit largement, lui lance quelques mots taquins et ensemble ils reprennent la route.
    Tous deux aiment à voyager la nuit, ainsi ils peuvent à nouveau papoter en avançant à leur rythme.



* échange du mot bible pour livre sacré afin de coller au mieux à la religion aristotélicienne

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