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[RP] Sur les bords de la Leysse, un aurevoir teinté de vert.

Shera


Dans l’air, il y a comme un parfum d’objectif presque atteint. La pauvre Lisyane, atteinte par la perte de l’homme qu’elle aimait, se fait doucereuse et peu méfiante. C’est l’avantage de la Mort, elle fait faire et accepter n’importe quoi. D’ailleurs, si Shera avait pu choisir son incarnation, cela aurait été la Faucheuse. Terrible ennemie qu’elle enviait tant … Il faut dire qu’elle était partie avec nombre de personnes que la bohémienne aimait. Malheureusement pas assez pour les retenir !

Citation:
Rejoignons le groupe tu as raison, tu as l'ai crispé Sheralote, as tu des soucis ou le voyage t'auras épuisée? Viens donc manger et boire, présenter ton fils et tes hommages, je suis contente que tu sois la, cela me fais plaisir que tu dépasses ta haine et tes doutes...


Shera lui sourit doucement. Aveuglée par sa soif de possession et de justice, la bohémienne ne comprend pas l'ironie des phrases. AU contraire, elle jubile. Tient, encore un peu de comédie, c’est trop tentant de jouer ... comme on a pu se jouer d'elle par le passé !

J’avoue que ce voyage m’a légèrement fatigué …
***Si tu savais que je reviens de Franche Comté en me jouant des autorités, tu me comprendrais belle Dame des Eaux. Une fois encore, la farce a été de taille. Et dire que ces sots avaient cru m’enfermer ! Bande d’ignards !***
… et puis ce décès si prompt et suprenant, me rappelle celui de Phaco. Je compatis à ta peine …

Elle se sert du tutoiement en toute connaissance de cause. L’Homme est si faible. Il a envie d’être aimé et soutenu, et se laisse aller à ses croyances, sans reconnaître ceux qui profitent de la cause et en joue. La Baronne n’échappera pas à la règle.Tutoiement et similitude de peine devraient les rapprocher toutes deux, tout comme elle le souhaite. Assez pour savoir si les De Chevelu n’aurait rien laissé à ce supposé fils du Baron Cochon.

Il était si jeune, il avait la vie devant lui et voilà que celle-ci s’en fut … si injustement. AU moment même où il avait trouvé une famille, Sa Famille. Mais comme vous dites si bien, vous les Aristotéliciens, les « voies » du Seigneur sont impénétrables.

Elle feinte une petite grimace de dépit, qu’elle adresse à la Belle. Mais en Elle … elle rit, elle rit de sa comédie, elle se trouve excellente. Lui avoir ouvert les portes à l’Université fut une terrible erreur des Savoyards ... et des Humanistes. Ses confrères les Notables, auraient du s’en rendre compte. Nombre fois qu’elle puise en la bibliothèque des traités de stratégie et de combat, mais aussi d’élaboration de récentes armes … traités à ne jamais mettre entre les mains d’une forgeronne qui possède matière et secret en sa châtellenie ! Et c’est sans parler des essais sur le genre humain … et sa crédulité ! Faisant croire à son retour sur les routes, une vie de bohème dont elle serait nostalgique, elle absorbe en fait tout un tas de connaissances qui lui permettront prochainement d’arriver à ses fins.

Aujourd’hui, elle ne fait que réinvestir tout ce Savoir. Et il lui en plaît …

Toutefois, mieux vaut veiller à ne pas en faire trop et rester cohérente. En s’approchant du reste du groupe, elle esquisse un léger sourire de convenance et de compassion.
L’enfant gigote sur son sein, comme si ce jeu lui déplaisait, comme s’il pouvait sentir la noirceur de l’âme de sa mère qu’il n’a pas encore appris à déchiffrer, ni même à côtoyer.
Elle salue tout particulièrement Néocor et vient lui présenter Angel, qu'il cacha auparavant. Le petit avait fêté ses deux premiers anniversaires et il le trouverait méconnaissable pour sûr. Néanmoins, il reconnaîtrait les yeux bleus glaciers du Baron Cochon. Là aucun jeu. Elle a toujours apprécié cet homme, qui lui rendit moults services et dont la sincérité n’était plus à prouver.

Qu’elle qu’en soit les circonstances, cher père Néocor, j’ai réel plaisir à vous revoir. J’espère que nous trouverons moyen à discuter plus calmement, lorsque tout ça sera fini, lui murmure t-elle à l’oreille pendant que Messire Samo prend la parole.

Elle trouva le récit très intéressant. Ce Grandgousier avait certainement et subtilement utilisé les mêmes abus et mensonges pour entrer dans l’Ordre que ceux qu’il avait mis en avant pour convaincre Tante Jeanine de son lien de parenté avec Phaco. L’homme était habile. Qu’importe ! L’homme était mort et elle comptait bien lui rendre hommage à sa façon...
Pour la première fois, elle pria pour que l’homme puisse la voir de là où il était. Et qu’il voit, que dans la vie, comme dans la mort, elle ne le laisserait rien posséder de cette illustre famille Savoyarde. Né poussière, il retournerait poussière. Qu’il compte sur elle pour cela. Elle laissa échapper un rictus et se ressaisit en se penchant ce coup ci à l’oreille de Lisyane.

Mais où donc est le corps de votre Chevalier ? A-t-il déjà été enterré ?

Profaner une tombe … voilà l’idée. Et celle là lui rappelait de bien sombres souvenirs du côté de Dole la Magnifique … hum enfin Dole la squelettique, ou la fantomatique …
*** Tient pour lui rendre une dernière fois hommage, je pourrai même laisser le corps au cochon. Après tout, ne voulait il pas etre le fils du Baron Cochon ...




























Yzalba
Yzalba avait salué Mars en une chaleureuse étreinte.
Après le credo de Neocor, dont les termes lui avaient arraché un sourire, elle chercha des yeux celui qu'elle avait identifié comme étant Samo, le grand maître de l'Ordre du Lac d'Amour. Son regard balaya l'assistance et elle vit Lisyane en grande conversation avec une belle femme brune portant un enfant. Le sourire de Lisyane ne lui disait rien de bon, elle se demanda qui pouvait bien être la femme...
Son regard tournait toujours à la recherche de Samo quand elle entendit une voix rendre hommage à Grandgousier. Elle se tourna vers le propriétaire de la voix pour découvrir que c'était justement l'homme qu'elle cherchait. Elle écouta ses paroles, sourit avec tendresse au portrait brossé par Samo puis, ce dernier se taisant, elle s'adressa à Rollin :


Je dois aller le voir... je ne sais pas si j'aurai le courage de parler et si le mots me viendront, mais... je dois le faire, c'est plus fort que moi...

Le paysan adressa à la meunière un sourire de compréhension, il savait très bien ce qu'elle ressentait... Ils se mirent en route et s'arrêtèrent près du groupe de chevalier. Yzalba salua d'un timide mouvement de tête accompagné d'un tout aussi timide sourire l'homme qui la regardait arriver avec curiosité et que ses insignes désignaient comme le sénéchal de l'ordre, puis elle lacha la main de Rollin, prit une grande respiration et s'approcha de Samo :

Messire... Grand Maître...

Elle maudissait intérieurement la soudaine timidité qui lui coupait la voix et son inculture à cause de laquelle elle ne savait même pas comment on s'adressait à quelqu'un du rang de Samo...

Pardonnez-moi de vous importuner, mais... je suis venue vous remercier.

A ces mots, elle plongea dans une profonde révérence, empreinte d'une grande humilité. Intrigué, Samo lui tendit la main pour la relever. Encouragée, elle continua :

Messire, je me nomme Yzalba Anouchavam et la vie m'a fait le cadeau de croiser la route de Grandgousier et celui encore plus grand de devenir son amie. Et aujourd'hui, à travers vous qui en êtes le grand maître, c'est l'ordre du Lac d'Amour que je souhaite remercier.

Son visage s'illuminait pendant qu'elle parlait et les mots lui venaient de plus en plus aisément:

J'accompagnais la Baronne de Courmayeur lorsqu'elle partit à la recherche de Grandgousier, et ce pour une bonne raison : celui que nous avons enterré dans la montagne était plus qu'un ami pour moi, comme un frère. C'était lui qui devait, le jour de mon mariage, me conduire à l'autel et me donner à mon futur époux... Il avait accepté de tenir ce rôle sachant l'importance que cette demande représentait pour moi qui n'ai plus de famille...
Messire, grâce à votre enseignement, Grandgousier a été pour moi tout au long des mois où nous nous sommes côtoyés, un guide, une lumière, un phare qui me retenait dans le droit chemin. Il a partagé avec moi les meilleurs et les pires moments de ma vie depuis mon arrivée à Chambéry il y a quatorze mois de cela. Il savait les mots qui soulagaient ma souffrance, et il savait partager mes joies... grâce à lui, j'ai choisi ma route aujourd'hui, et j'aime le chemin que j'ai choisi. Grâce à lui et donc... grâce à vous et à vos pairs. De cela soyez éternellement remerciés... Je prie pour que vos chevaliers continuent longtemps de faire le bien autour d'eux comme Grandgousier l'a fait en mon coeur... Longue vie à l'ordre du Lac d'Amour...


Elle fit une nouvelle et profonde révérence et se releva, les yeux brillants de larmes contenues, puis elle recula humblement jusqu'à Rollin dont le bras protecteur se referma instantanément autour de ses épaules.

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Samo
Samo discutait avec quelque uns de ses frères d'armes, quand il remarqua le regard du sénéchal, qui était posé sur quelqu'un ou quelque chose à la droite du groupe. Le Grand-Maistre suivis ce regard, et aperçu la dame qui s'avançait résolument vers eux. La conversation se tue un instant lorsque chacun remarquait la présence proche de la dame. Elle se plaça devant Samo, et lui fit une révérence. Il tendit la main afin qu'elle se redresse et l'écouta.

Alors qu'elle achevait ses remerciements Samo lui sourit. Inclinant la tête à son adresse, il parla et désignant les chevaliers à ses côtés commença par dire:


Madame, je suis très honoré des remerciements que vous faite à l'Ordre. Grandgousier a été un personnage important pour nous tous, ainsi que pour l'Ordre en tant que tel. Je suis honoré de rencontrer une de ses amies.

Grandgousier a été pendant de long mois mon escuyer, mais je doute fort que même après dix ans, quiconque aurait pu changer sa personnalité. Bien sûr son entrée dans l'Ordre l'a quelque peu tempéré et formé son esprit, mais la bonté de son âme et sa vivacité d'esprit ont toujours été en lui.

Merci pour vos remerciements, cela nous fait à chacun grand bien, et nous montre que la chevalerie sert toujours là où elle passe.

Il lui sourit et inclina le buste alors qu'elle faisait à nouveau révérence, et la regarda s'éloigner, l'observant un instant, retourner vers un homme qui l'attendait visiblement. Il se retourna vers ses camarades, souriant légèrement, heureux de constater les bienfaits de la chevalerie, mais conscient tout de même que Grandgousier avec sa personnalité avait du grandement participer dans cette amitié qui lui avait été relaté là.
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Ordre du lac d'amour
Grand-Maistre de l'Ordre du Lac d'amour,
Lieutenant de Bourg,
Seigneur d'Excenevex.
Iasvana


A peine fut elle revenue de retraite que Iasvana apprit que Lisyane donnait une petite feste près de la Leysse en souvenir du Chevalier. Iasvana avait peu connu cet homme, mais elle savait Lisyane bien affectée. Ce qui était normal, en soit. Le contrainte eut été plus qu'étrange.

La jeune femme donc, à peine retournée dans le domaine de son frère pour voir comment s'était passée son absence, avait confié sa fille à sa petite bonne et avait reprit la route en direction de la réception de souvenir. Au passage d'un village, elle du traverser un marché et les tartes d'un marchande lui ayant tellement donné faim elle en acheta une dizaine. Elle n'arriverait pas sans rien.

Un petit rassemblement se rapprocha. Puis, lorsque Iasvana eut compris que c'étit sa destination, elle descendit de monture, attrapa les deux énormes paniers harnachés à sa monture (qui pour l'occasion avait plutost l'air d'une mule que d'une jument) et approcha à petit pas du groupe. avisant une table, elle déposa son bardas.

Puis, à l'assemblée :

- Le Bon Jour !

D'un premier coup d'oeil, elle avisa tout d'abord le géant Master, son presque beau frère. Puis Kékione, qui dormait debout. Enfin, au milieu de testes inconnues, Lisyane, la belle Baronne. Iasvana avança vers elle, mais n'osa point interrompre la conversation qui semblait débuter entre elle et ses interlocuteurs. Alors, son regard dériva. Et tomba sur une bohémienne.
Iasvana en eut le souffle coupé. Comme si, comme si... Elle avait cru revoir sa mère, un instant. Gesnée, et profondément touchée de se rendre compte que ses origines lui coulaient toujours dans le cœur, Iasvana secoua sa tignasse blonde pour reprendre contenance.

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Lisyane


Lisyane regarde Yza qui s'avance vers Samo, elle sourit, elle l'a connait bien maintenant, et sais presque a la phrase prêt ce qu'elle va lui dire.
Un détail cependant la chiffonne, la gène de Rollin a l'accolade sincère.
Ce petit sursaut a peine visible dans sa retenue du salut amical de la jeune fille qui ici n'était rien de plus que Lisyane.
Elle fit la moue, elle était contrariée, il fallait décidément qu'elle mette certaine chose a plat avec le compagnon de son amie.
Et puis il fallait qu'elle leur parle, maintenant que Shera était la, le temps était compté, rien de bon s'annonçait, si la bohémienne voulait être plus testue, que la ribaude n'était obstinée.
Elle l'observe a la dérobée et plante son regard dans le siens quand ils se croisent, un duel qu'elle relève sans la moindre gêne. C'est dans son sang.
Elle pavoise gentillement et s'enfonce dans une attitude douçâtre, se cachant derrière des liens familiaux, qu'elle dit avoir accepté.
Tu es bonne comédienne Shera, alors que dans ta teste les idées et manigances fusent aussi vite qu'un geyser.
Il faut que Lisyane réfléchisse vite, plus vite sans en donner l'impression, garder son naturel, pour ne pas qu'elle se méfie.


--Mais où donc est le corps de votre Chevalier ? A-t-il déjà été enterré ?

Elle vacille et se reprend, il ne faut pas perdre contenance. Répondre franchement, ou presque.

Longtemps nous l'avons chercher dans les montagnes Shera, j'aurais aimé que tu sois avec moy durant ce moment, mais il était impossible pour moy de te joindre.
Quand nous l'avons trouvé, nous n'avons pas eut le cœur de l'arracher a la Savoy, maintenant il est la haut prêt du Lac avec ses Dames les Montagnes et il y est bien enfouit avec ce qu'il aimait le plus.


Sais tu comme je peux être horrible aussi, belle châtelaine, et t'emmener la ou je veux que tu ailles, sans aucune méfiance, ni mesme scrupules.

Mais je comprend que tu veuilles te recueillir sur la tombe du frère de ton fils.

Comprend chacun de mes mots, chaque pensées qu'il y a derrière, et je te jure Shera que si tu vas la bas alors j'y serais aussi.
Mais je n'en ai pas encore finit avec toi.

J'ai vu Jeanine, elle est au plus mal, j'avais quelques affaires importantes a voir avec elle quand je suis redescendue du lac.
Elle m'a parut si détaché de ce qui lui tenait a cœur avant, elle ne m'a guère parler de toi, ni de ton fils, seul les affaires du Chevalier l'intéressait, et tout a été réglé très vite avant qu'elle ne se retire du monde.
Tu ne trouves pas cela estrange? Aurais tu des nouvelles?

Regarde comme je peux te manipuler, "elle ne m'a guère parler de toi, ni de ton fils...", j'ai presque envie de rire, cela risque de te faire sortir de tes gonds, habile manœuvre d'avoir emmener ton fils, ne m'en veut pas de me servir de Jeanine pour que tu dévoiles enfin tes intentions.

Lisyane ne cille pas et soutient le regard de la bohémienne, mais instant se détourne et voit Iasavna.

Excuses moy Shera, il y a une amie que je dois saluer.

Cela te donneras le temps de réfléchir a ce que tu vas dire et faire.

Iasvana, vous voilà donc de retour, pour mon plus grand plaisir.

Lisyane sourit.

Je suis heureuse que vous ayez pu vous joindre a nous pour cette petite cérémonie, comme vous le voyez, quelques amis et autres sont venus rendre hommage a leur façon a Grandgousier et partager quelques coupes en son souvenir, Master vostre frère est parmi nous.

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La baronnie de Courmayeur
Rollin
*Le paysan avait écouté les mots de sa bien-aimée et il sentait toute la fierté et l'amour qu'elle avait pour son ami le Vert Chevalier. Rollin avait assisté à nombre de cérémonies d'adieu, de la plus grandiose à la plus humble, mais jamais aucune n'avait été comme celle-ci... étrange et un peu irréelle.*

*Rollin entoura de son bras les épaules d'Yzalba, dans un geste de soutien tout symbolique... sénestre est le bras du bouclier... le protecteur... Il porta ses yeux sombres vers le Grand Maître du Lac d'Amour et il sourit imperceptiblement en penchant la tête de côté en un salut plein de déférence et de respect.*

*Puis vint au milieu de l'assemblée Dame Iasvana, qu'il ne connaissait que de vue, lançant à la volée un tonitruant bonjour. Yzalba et Rollin saluèrent de concert, le sourire aux lèvres.*
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Rollin, membre de la corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry.

"Toujours Fidèle et Dévoué"
Shera


L'arrivée d'une jeune femme retient l'attention de Shera quelques instants. Elle a déjà vu ce visage ... Son nom c'est ... une sonorité qui ne lui est pas étrangère ... Ah oui ! Iasvana. Elle cherche un instant dans sa mémoire ce qu'elle a pu dénicher ou accumuler comme information sur elle, comme sur chaque personne importante de cette communauté savoyarde. Oui ça lui revient maintenant. Elle l'a croisé à l'université, elle pratique l'art de la médecine si elle se souvient bien. Et puis Margaut, lui avait rapporté (qui prendrait une petite fille pour une espionne ?!) qu'elle était à l'ouverture des bains avec la Dame des Eaux. Il paraissait qu'elle était énorme pour sa grossesse ... Et puis, il y avait ce service aux Grands ... d'un côté le rapport avec Azalée et de l'autre avec Mélisende.
** Méfiance, ma belle, méfiance ... Avec ce genre de femme, on ne sait jamais à quoi s'attendre et ce regard qu'elle me porte ... quelle intensité ... **

Shera s'incline légèrement et la salue d'un signe de tête. Un grand sourire vient effacer tout soupçon de ses pensées. Dame Iasvana aurait donc eu vent de ce que la bohémienne concoctait avec quelques plantes interdites par l'Eglise ? ou bien des rumeurs sur ces faits d'armes ? Etrange ce regard ...

Son regard à Elle s'égare et se retrouver confronter à celui de Lisyane. A quoi sert donc ce rassemblement ? Serait-ce une stratégie de "veuve éplorée" ? C'est qu'elle est pas très aisée la Baronne, et peut être qu'il y a quelques écus à récupérer du chevalier. Peut être même qu'elle a manigancé elle aussi, pour se rapprocher de tante Jeanine. Horrible ce que peut faire l'appât du gain. En tout cas, elle trouve le moment dérangeant. Tous ces gens qui font comme s'ils étaient autour de Grandgousier, alors qu'il n'est plus ! C'est Sordide !

Elle parle, elle l' écoute. Comme ça son corps gît dans les montagnes. Près du Lac. Avec Nox le loup, elle pense bien réussir à trouver la dépouille, pas tout à fait ancienne pour avoir perdu les odeurs, pas tout à fait trop fraîche pour ne pas en dégager. Comme c'est mignon la ponctuation de sa phrase :
Citation:
Mais je comprend que tu veuilles te recueillir sur la tombe du frère de ton fils.

** C'est ça ma belle, crois me comprendre, crois me cerner ; demain tu pleureras sur tes certitudes et moi j'attendrais la plénitude. Chose promise, chose due. On ne m'y prendra plu, et mes intérêts j'y veillerai moi même. Comme si un géant vert mort pouvait me défier. Sornette ! **

Citation:
J'ai vu Jeanine, elle est au plus mal, j'avais quelques affaires importantes a voir avec elle quand je suis redescendue du lac.
Elle m'a parut si détaché de ce qui lui tenait a cœur avant, elle ne m'a guère parler de toi, ni de ton fils, seul les affaires du Chevalier l'intéressait, et tout a été réglé très vite avant qu'elle ne se retire du monde.
Tu ne trouves pas cela estrange? Aurais tu des nouvelles?


Arf la lame empoisonnée frappe en plein coeur. Jeanine détachée ... oubliant même l'existence d'Angel au point de ne même pas l'évoquer ! Mais suffisamment costaud par contre pour régler les affaires du Chevalier !
** Je maudis ce Grandgousier ! Qu'il aille en Enfer, et c'est un doux euphémisme comparé à l'état de mes pensées. Qu'importe ! Je me battrai coûte que coûte. Et après tout, Jeanine enterrée, il ne restera qu'un seul De Chevelu. Ne t'en fais pas mon fils, je ferai de toi un homme et t'enseignerait tout ce que tu dois savoir sur l'Homme. **

Ses mâchoires se resserrent, son regard reste indéchiffrable, mais sa main caresse nerveusement le dos de l'enfant qui observe tout ce qui se passe autour de lui. Il sent la raideur de sa mère, comme si elle avait enfilé l'armure. Sa froideur aussi. Et une sourde colère qui déclenche les pleurs angoissés de l'enfant.

Lisyane se détourne déjà, quelques chevaliers regardent l'enfant comme une chose étrange ... qui dérange. Elle explique à l'un d'eux qu'elle va se retirer pour le nourrir.

Elle s'éloigne, telle une ombre. Les cris de l'enfant semble se perdre dans le décor, et déjà ils ont disparu. Elle va devoir laisser l'enfant en lieu sûr, et de nuit, équipée de pelle, pioche et d'un bon renifleur, c'est du côté du Lac qu'elle se rendra.
Elle lève les yeux au ciel, comme en recherche d'un assentiment, d'un signe. Elle en est sûre, il y a là haut deux perles bleues qui l'aideront à trouver le chemin ...













Iasvana


Iasvana est accueillit par des réponses à son bonjour : elle n'est pas passé inaperçue alors que son souhait était de rester discrète. Qu'importe, après tout, il faut savoir oublier une timidité maladive, parfois... Pour se mesler aux autres. La jeune femme envoie des sourire légers à ceux qui lui ont répondu.

Le regard de la jeune femme ne cesse de faire des allers retour entre la bohémienne et... le reste. D'ailleurs, la femme de laquelle se dégage un aura particulière semble l'avoir remarqué, au grand damne de la femme médecin. Tant pis. après tout... Peut estre a t-elle reconnu en Iasvana un morceau de passé commun ?

Pas le temps de laisser ses pensées vagabonder : Lisyane l'a vu, reconnue. elle s'avance vers Iasvana.

- Bonjour, Baronne.

Un sourire reconnaissable naist alors sur le visage de Iasvana : c'est étrange comme appeler Lisyane "Baronne" lui donne le vertige. elle ne s'y habituera jamais vraiment, sans doute.

- Oui, me revoilà... Je me suis enfin échappée du couvent. A vrai dire, il était temps
.

Regard de connivence.

- Je n'imaginais mesme pas estre absente pour cette petite cérémonie. Toute asme a besoin d'estre festée avec tout l'amour dont elle a été entourée durant la Vie, pour estre à l'aise dans la Mort.

Laissant Lisyane lui souhaiter la bienvenue, Iasvana laisse son regard couler vers la bohémienne qui s'en va. Pourtant, son oreille capte le nom de Master, associé au mot "frère".

- Par bleu, Lisyane...

Elle retient un éclat de rire... Qui ne serait peut estre pas bienvenu un tel jour.

- Master n'est point mon frère... Mais... Enfin... Je l'appelle mon presque beau frère.

Son regard se fait un peu vide, comme pour refouler une image.

- Il était promis à feu ma soeur... Ou feu ma soeur lui était promise, ça dépend comme on le voit.

De nouveau, Iasvana secoua la teste.

- Mais c'est une histoire que je te conterais une autre fois. Et, pour rappel, tu as interdictions de me vouvoyer...

Puis, ne résistant point plus longtemps, Iasvana ose enfin demander :

- Dis moi... quel était le nom de cette femme à qui tu parlais tout à l'heure ?

_________________
Lisyane


Elle s'empourpre de sa méprise, tout en souriant.

Bon ton presque beau-frère alors, je suis perdue dans toute vos grandes famille, et vos liens du sang plus que mêlé et emmêlé!

Ainsi donc la sœur du médicastre était la femme que Master avait évoquée un soir ou de grandes discussions amènent aux confessions.
Dans un autre lieu et a un autre moment sa bouche se serait certainement ouverte toute grande de surprise.
Mais aujourd'hui, elle était concentrée sur des événement que rien ne pouvait venir perturber.


Il faudra donc que l'on arrive a se rencontrer pour que tu me raconte, ce qui n'est pas chose aisé, nous jouons au courant d'air, que ce soit a Chambéry ou a Belley, nous nous frôlons, mais jamais nous nous trouvons.


C'est vrai que chaque fois qu'elles avaient voulu se rencontrer dans leur villes respectives, des voyages venaient perturber leur rencontres...Frustrant.

Elle remarque que la médicastre regarde vers la bohémienne.


--Dis moi... quel était le nom de cette femme à qui tu parlais tout à l'heure ?

Lisyane se retourne vers une Shera qui s'éloigne, Angel pleur depuis un moment, certainement qu'elle veut s'isoler, mais elle en doute.
Elle a remarqué son trouble a l'issue de sa phrase assassine, mettre la bienveillance de Jeanine a son égard en doute, était bien vu.
Elle va filer sans aucun scrupules et en douce, on ne renie pas ses origines, et puis c'est tellement plus simple que d'affronter la réalité en face.
Oui Jeanine a vu que le Chevalier était le fils de Phaco et ça tu peux pas l'accepter Shera, c'est au dessus de tes forces, l'exclusivité , toi et surtout ton fils.

La baronne se retourne vers Iasvana, en espérant que ses horribles pensées ne seront pas trahis par son regard qui doit briller de dureté.
Sourire et faire comme si de rien était.

Shera, Châtelaine de Malmort, tu as déjà certainement du la croiser a l'université, il parait que depuis peut elle fréquente les salles d'études.
Son fils Angel est le demis Frère de Grandgousier.
Cela n'a pas été facile d'accepter que feu le baron cochon soit aller culter ailleurs et fait un bastard, mais la vie est ainsi faite, et je crois qu'elle a fini par se faire une raison.
J'ai été agréablement surprise de la voir icylieu, je ne m'y attendais pas, d'ailleurs je crois que l'émotion l'a prise, elle a l'air de s'en retourner.


Mon dieu elle est parfaite, et s'étonne elle mesme de ses paroles a l'accent aussi sincère.

Cependant, son regard ne quitte plus la bohémienne qui ne se retourne pas, elle a un petit pincement au cœur d'agir comme elle le fait.
Au fond Shera avait toujours été agréable avec elle et vis versa, on pourrait mesme dire que les deux femmes s'appréciaient.

Arrête donc de t'attendrir baronne, évidement que tu l'aime bien, ça n'empêche rien.

Et puis elle déguise une vérité a son amie médicastre, c'est bien plus dur, sans être franchement un mensonge, elle édulcore ses paroles et les faits, une petite trahison pas très grave, mais indispensable, pour que la fosse dans laquelle elle s'est jeté sans réfléchir ne se referme pas sur elle.

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La baronnie de Courmayeur
--Histoire


Quelques jours plus tard, en pleine Montagne ...

La fin de semaine était passée et avait emporté avec elle Messe, funéraille et visiteurs attristés. La vie avait repris,les paysans aux champs, les notables à l'université et les Nobles quelque part au ban ....
L'air était lourd, les nuages menaçants, et la bohémienne toujours aussi déterminée.

Quelques jours plus tard, elle avait laissé les amis du chevalier vert lui faire un adieu émouvant et larmoyant. Son âme avait du s'envoler pour le meilleur. Elle ne voulait aucun mal à ce Grandgousier, mais elle ne le laisserait pas partir avec une once de l'héritage de Phaco et des De Chevelu. La vie était une lutte mais si elle avait soupçonné aller jusque là ... un cadavre ... devoir le déterrer ! Tristes années. Pauvre moralité. Heureusement qu'elle ne croyait pas en l'Eternité.

Nul n'aurait pu expliquer comment elle était arrivée jusque là, à quelques centaines de mètres de la dépouille. Des rumeurs auraient décriées sur les rituels diaboliques, la fille du Diable avait du jouer de sacrifice pour que la gorge des Fonds s'exprime ... El Diablo avait du lui sussurer au creux de l'oreille, vile tentatrice. D'autant aurait parié sur ses amis les gitans, les gueux, les clocheteux, et tout boiteux de passage pour la renseigner. Dans ces contrées, tout se savait. Et la perte du chevalier n'avait pas été un événement silencieux. Les plus raisonnables, universitaires et clairvoyant, aurait parié sur le loup et son inimitable odorat ... mais allez savoir jusqu'où allaient les potentialités d'une bohémienne déracinée, exilée, et bafouée ...

Toujours est-il que la nuit tomba et son voile de mystère l'emporta. Traversant la pénombre, s'élevant toujours un peu plus, la Noiraude Shera atteint après moults aller-retour l'endroit de sépulture du pauvre homme.

Etrange scène nocturne que celle d'une nuit noire, sans lune, au souffle invisible, à l'ombre silencieuse, à la détermination infaillible. Le destrier noir comme la Mort s'avance, il frotte son sabot à terre. Dans le même temps, son cavalier en descend. Sa chevelure se répand sur ses épaules en une cascade interminable, tel un drapeau de pirate en pleine mer. Elle se tourne, de dextre, de senestre. Aucun bruit. Les animaux noctures ont retenu aussi leur souffle ; les hiboux ont du fermer leurs yeux comme pour n'être témoin de rien.
Longtemps, elle attend. Prie t-elle ? Médite t-elle ? Cherche t-elle la raison ? Accepte t-elle cette sombre folie qui la pousse au pire ...
Elle écoute le souffle du vent, analyse les odeurs qui lui parviennent, s'imprègnent de ce moment de son ambiance, afin d'y déceler le moindre élément changeant.

Il est temps ... Pic, pioche, corde, glissent le long du garrot de la bête. Le cavalier est en armure. A sa droite, sur son flanc, l'épée a gardé sa place. Ses dagues aussi.
Elle respire, une grande bouffée de cet air plat et trop calme. Elle s'agenouille, demande pardon ; se relève, pelle en mains gantées. Les bras s'élèvent et dans un bruissement sourd, ils s'abattent terriblement sur le sol très sec.

Devra t-elle pelleter toute la nuit ? Il pourrait être nulle part ... mais Lui, celui qu'elle invoque, qui lui manque, il est certainement partout ...
--Ame_sans_peine
Citation:
mais Lui, celui qu'elle invoque, qui lui manque, il est certainement partout ...




Mortecouilles et bitebasse...
Faut-il donc, de nouveau, que je trépasse ?

Me voilà dans le monde de nouveau rappelé.
Par ces damnés païens serais-je regretté ?
Suis-je vivant, ou mort ? c’est ce qui m’embarrasse.
Si je suis mort, un point entre autres me tracasse :
Pourquoi mon estomac a-t-il plus que souvent,
Bien que gaster défunt, un appétit vivant,
Et pourquoi mon gousier, qui devrait être sobre,
S’ouvre-t-il si béant au jus que presse octobre ?
En attendant, sauvons ce "fils" que l'on me fit,
Et puis buvons un coup pour noyer la souris…
Éprouver les besoins qu’on a quand on existe,
La faim, la soif, l’amour, étant mort, c’est fort triste !
Voilà donc ma jolie, refusant son destin ;
On l’a trompé, c’est clair ! Sur ce vert coquin
Je voudrais, si j’étais un corps et non une ombre,
Appliquer à pleines pognes des caresses sans nombre,
De sa teste ôter l'idée qu’on y a mis,
Et la coucher au nez des infâmes anoblis.
Je battrais les chafouins, je reprendrais ma femme…
Mais comment ? avec quoi ? Je ne suis plus qu’une âme,
Un être de raison, tout immatériel ;
L’hymen veut du palpable et du substantiel…
On se rirait de moi, mon trépas est notoire,
Et c’est un fait acquis désormais à l’histoire.
Pourquoi vouloir, objet de risée ou d’effroi,
Rester dans ce bas monde où je n’ai plus de moi ?
Quelle perplexité ! pour sortir de ces doutes,
Suicidons-nous, là, mais une fois pour toutes.
Voyons. Si je prenais la corde ? non, vraiment.
Le chanvre ne va pas à mon tempérament…
Si je sautais d’un pont ? Non, l’eau froide m’enrhume…
Ou si je m’étouffais avec un lit de plume ?
Fi donc ! je suis trop blanc pour singer Othello…
Ainsi, ni le cordon, ni la plume, ni l’eau ;
L’arme à feu souvent rate et veut beaucoup d’adresse,
Si je m’asphyxiais par une odeur traîtresse ?…
Pouah ! tous ces trépas-là ne sont pas ragoûtants,
Bon, m’y voilà : j’ai lu dans un conte du temps
L’histoire d’un mari qui chatouilla sa femme
Et la fit, de la sorte, en riant rendre l’âme.
Cette mort me convient ; c’est propre, gai, gentil.
Allons, chatouillons-nous ; d’un mouvement subtil,
Que ma main, sur mes flancs en tous sens promenée,
Imite avec ses doigts les pas de l’araignée.


La brise agite les herbes folles.

Ouf ! je ferais des sauts comme en font les cabris,
Si je ne m’empêchais… Continuons… je ris,
J’éclate ! maintenant, passons aux pieds. Je pâme,
J’ai des fourmillements, je suis dans une flamme !
Hi ! hi ! l’univers s’ouvre à mes yeux éblouis…
Ho ! ho ! je n’en peux plus et je m’évanouis.


pffftttt...
Shera


Le temps s'en vient, le temps s'en va. Le fort Chevalier de toutes les joies est passé à trépas. Je pourrais n'en avoir cure, mais qu'il parte comme il est venu. Nu. Sans aucun effet, ni objet.

Je repense à tous ceux de mon clan qui sont mort sans jamais trouvé sépulture. Ceux qu'on jette au dessus des galères, ceux qu'on laisse pourrir dans la misère, ceux qu'on a brûlé pour les Enfers ... Aucun d'eux ne s'en est plaint. C'est pas celui là qui dira quoique ce soit.

La seule réticence que j'éprouve encore est à l'égard de Lisyane. Elle l'aime son Chevalier, elle a tout fait pour l'honorer, de son vivant comme dans sa mort. Qu'at-elle donc pu glisser dans la tombe de ce dernier pour rassurer l'orphelin, le bastard qu'il était bien avant d'estre élevé Chevalier ? Qu'est ce qu'on transmet d'un père mort à un fils mort ? ou alors ... d'un chevalier à un autre chevalier ...

Oui ça y est, j'y suis ! Un symbole de force et de mort ... Un objet crucial, primordial, remis au chevalier lors de son adoubement ; le symbole de son rang, son bien le plus précieux, celui dont il ne se sépare jamais, ... même dans le tombeau ! Je me rappelle ce que j'ai vu à l'université : les gisants des chevaliers les représentent tenant leurs épées comme des crucifix. Ce serait donc ça ! L'épée ayant appartenu à Phaco !

Je redouble d'effort, je creuse sans relâche. La terre s'amoncelle de part et d'autre ! Je force, les crampes me prennent vite, je commence à suer, j'essuie maladroitement les goutelettes qui se forment sur mon front, y laissant des traces de terre. Et comme un réconfort, le vent se lève. Il souffle une petite brise si agréable, qu'un instant je me redresse et m'appuie sur le manche de la pelle. Un moment je ferme les yeux, et je tends mon visage à la nouvelle fraîcheur. Il me semble entendre quelques bruits. Je fronce les sourcils, regarde tout autour de moi, sans rien y voir. Je referme les yeux, le vent caresse mon visage, je souris. Je rouvre lentement les yeux, j'ai cette étrange impression de ne pas être seule et pourtant rien ne semble menaçant.
Et puis soudain, le vent retombe, l'air redevient lourd. Une ultime fois, je scrute les parages ...

Une ombre ! Là ! Au loin ... Je lâche ma pelle, j'enjambe l'amas de terre et saute derrière un arbre. Là je m'écrase autant que ma minceur me le permet. Je retiens mon souffle, pendant qu'un air chaud m'envahit. Je penche la tête. Je vois mon vieil ami le loup, de son nom Nox, fouiller de sa truffe dans la terre fraîchement retournée. Sa patte émet un grincement que je mets un certain temps à comprendre. L'animal vient de gratter une surface rigide sous la terre ... un cercueil par exemple.

Le calme plat est revenu. J'ai du mal à me concentrer sur ce qu'il se passe maintenant, seule l'idée de sauver une relique De Chevelu m'excite et m'obsède. J'ai comme l'impression d'avoir déniché le Graal, et je partage quelques minutes l'excitation des Chevaliers devant l'impossible queste. Je m'agenouille devant la probable dépouille, je prononce une prière païenne en tenant fermement mon amulette. La conviction fait tout, comme on me l'a enseigné. Un bruit sourd se fait entendre. Comme un corps qui tombe. Je commence sérieusement à m'interroger. Peut on déterrer un mort en toute impunité ? L'âme de ce dernier ne m'empêchera t-elle point de révéler le corps à la vie ? Non, bien sûr que non, les morts ne reviennent pas ... sauf dans les Rêves.

Et après tout, ce n'est qu'un Rêve qui m'a conduite ici. "J'ai laissé quelque chose ...", disait la voix du tendre regretté. Je me convains de l'intérêt de le faire une fois de plus. Si l'épée de Phaco ou quelques lettres des De Chevelu sont enterrés dans la tombe de ce Grandgousier, il me revient de les récupérer. Je m'approche à quatre pattes et me laisse descendre lentement sur ce qui semble être une planche de bois. J'ote mon foulard et l'attache sur ma bouche et mon nez. Je redoute l'odeur de la Mort.
Je me souviens d'un rêve que Phaco m'avait raconté quelques temps avant de mourir. La Grande Faucheuse s'était faite passée pour son amante, et elle l'avait capturé. Pressentiment ou prédiction ? Le Baron Cochon lui avait réellement succombé quelques semaines plus tard.

Ma main caresse la surface de la terre. Je rencontre enfin l'objet souhaité, la pioche. Dans peu de temps, la planche ne sera plus. Mais moi, je saurai ...

Je chantonne alors un vieil air de mon Enfance, afin de me procurer le dernier des courages :

N'est-il pas vrai Maria que c'est prier pour vous
Que de lui dire "Je t'aime" en tombant à genoux
N'est-il pas vrai Maria que c'est prier pour vous
Que pleurer de bonheur en riant comme un fou
Que couvrir de tendresse nos païennes amours
C'est fleurir de prières chaque nuit chaque jour

N'est-il pas vrai Maria que c'est chanter pour vous
Que semer nos chemins de simple poésie
N'est-il pas vrai Maria que c'est chanter pour vous
Que voir en chaque chose une chose jolie
Que chanter pour l'enfant qui bientôt nous viendra
C'est chanter pour l'Enfant qui repose en vos bras


N'est-il pas vrai Maria ?


Jacques Brel
PRIÈRE PAÏENNE
1956
Lisyane


La bohémienne a la pioche levée a la main, Lisyane arrive juste a temps, et en plus elle chante la bougresse.
Elle n'en crois pas ses yeux, ni ses oreilles, les larmes luis coulent sur les joues autant que la colère monte en elle.
Elle qu'elle appréciait du plus profond de son être.
Elle voit l'amas de terre de part et d'autre de la sépulture de son amant, cela lui arrache les tripes.
Pourquoi a t-elle trainée autant pour venir surveiller ce qui restait de l'homme qu'elle aime?
Au font de son cœur elle espérait que Shera ne ferait pas ça, qu'elle viendrait simplement a la Bâtie en colère, peut être mesme la mettre a sac pour retrouver l'épée, mais profaner la tombe de son aimé jamais...
Depuis plusieurs jours elle l'avait attendu, mis l'épée en lieu sur, puis le doute l'avait prise, plus de shera qui ne fait parler d'elle.
Même dans les ruelles mal famées de Chambéry ou ses recherches l'emmenaient pour autre chose, elle ne l'avait pas croisé, ses questions étaient restées sans réponses.
Au matin elle avait sautée sur le frison, priant de tout son cœur, que ces doutes restent des doutes, et que la tombe serait toujours intacte.
Ça ne pouvait être, et pourtant...

Elle hurle avant que la pioche ne s'abatte dans un ultime fracas.


Sheraaaaaaaaaaaaaaaaaaa nonnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn.


La baronne pris d'une rage soudaine saute et s'écroule sur la bohémienne.
Elle n'aurait pas du, ho non.
..

Elle s'écroulent toutes deux dans la tombe, Lisyane attrape la pioche et la lance le plus loin que sa force ne lui permet, cette force qui se décuple lorsque le danger et la, lorsque la peine fait faire des choses incroyables.
Le surprise fut totale pour la Châtelaine, Lisyane en profite pour se redresser et l'attraper pour la hisser au dehors de la tombe.
Elle a envie de la tuer, lui serrer le cou de ses mains si fort qu'elle sentirait la vie de son ennemie s'enfuir en râles légers et monter au cieux comme les paroles de sa chanson stupide.
Dans un ultime effort elles s'extirpent toutes les deux, et roulent de l'autre coté de l'amas de terre.

Puis des paroles lui viennent alors qu'elles se battent et que Lisyane cherche le cou de la bohémienne pour le serrer plus fort encore que dans ses pensées les plus obscures.


Phaco voudrait que tu fasses ça?

La baronne est déséquilibrée d'un coup de genoux et se retrouve sur le coté.


Sheraaaaaaaaaaaaaa, jamais Phaco ne te le pardonnerait

Elle regarde la bohémienne[/rp]
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La baronnie de Courmayeur
Shera


Un cri. Un assaut. Une roulade. Une chute ... en bonne et due forme. Pas le temps de regarder qu'une furie lui saute dessus. Le choc contre la paroi de bois est intense. La bohémienne est plaquée de plein fouet contre le froid cercueil. Il lui a semblé entendre ses os se briser.

Surprise tout d'abord, un peu assommée par la suite, elle laisse la femme qu'elle a dorénavant tout à fait reconnu la hisser à la surface. Elle secoue la tête. La rage d'une femme amoureuse n'est même pas comparable à une horde de soldats. Alors, sans même s'en apercevoir, Shera mobilise ses enseignements du combat. Elle tente d'abord de l'immobiliser, à quoi servirait donc de blesser la Baronne si ce n'est lui fournir un prétexte pour l'envoyer moisir en geosle ... Mais la fureur dont fait preuve la tigresse, à bout de nerfs, ne lui laisse guère le choix.
Il lui faut répliquer. L'attrapant par le col, elle la tire vers elle, s'occupe de bloquer ses jambes des siennes, se débat fermement contre les deux mains qui lui enserrent la gorge et laissent passer si peu d'air, s'en défait après une longue période de défense, puis trouve l'instant idéal pour lever son poing ...

Toutefois, au moment où son poing rageur, s'apprête à s'abattre en plein visage de Lisyane, voici que celle-ci, dans une attitude presque noble, lui assène une violente phrase :


Phaco voudrait que tu fasses ça?

Son bras reste lever, pendant que son visage à elle se durcit. Elle croise le regard de la Dame des Eaux. Celle là même qui ne la rejeta pas. Celle là même qui sauva la Fantinne, et renseigna la Margaut. Celle là même qui n'avait pas toujours été si blanche, ni si noble ...
Valait il la peine de lui en mettre une ? de corriger sa ... naïveté ? La violence pouvait elle tout régler ? Depuis ses cours à l'université, Shera avait changé. Fini le temps où elle cherchait les embrouilles, et tapait juste pour le plaisir de frapper. D'assouvir ce torrent de haine bouillonnant dans ses veines. Non, la violence ne réglait pas tout. Finie l'époque de la bohémienne bannie, exclue de tout et de tous, de l'écorchée orpheline ... finis aussi les temps de rébellion et de milicienne. Finis encore l'armée et les ordres de chevalerie, dans leurs profondeurs toutes pourries ... Fini !

Son bras s'abaisse lentement. Elle passe sa main à sa lèvre, que la Baronne a littéralement explosée. Elle en lèche le sang, sans la quitter du regard. Elle se recule lentement, elle la sent prête à lui bondir à la gorge en quelques secondes. La femme est plutôt agile, même si la force n'est pas encore pleinement là. Elle a même pu repérer quelques techniques de fantassins. Etrange une Noble qui connait quelques règles du corps à corps ... Bref. Lentement, elle pousse sur ses pointes de chausses et ses mains. Elle se redresse, et se relève. Elle veut lui tendre la main, mais les jambes de la baronne se remettent en action, et cherchent à la faucher. Shera la rejette d'une pression non maîtrisée, face contre terre. Elle la regarde, fulminante sur le flanc. Elle la domine de sa hauteur ; on pourrait penser qu'elle a pitié, mais non, elle est juste attristée. Elle ne sait pas comment lui annoncer, lui révéler ...
Elle hésite encore. La phrase fuse.

Sheraaaaaaaaaaaaaa, jamais Phaco ne te le pardonnerait !

Impassible quelques secondes, elle recule discrètement. Une grande inspiration, et elle se lance, essouflée elle aussi. Elle rajoute d'une voix rauque :

PHACO me pardonnerait. C'est LUI qui m'a conduite jusqu'ici. Il sait qui est son fils et qui ne l'est pas. Tu ne veux donc pas comprendre que Grandgousier n'a jamais été qu'un imposteur, un saltimbanque, un profiteur ... Moi, je défends les intérêts des De Chevelu. Et je me doute que naïves que vous estes avec Tante Jeanine, vous avez mis en terre l'homme et le dernier sang de Phaco, son épée ! Je ne laisserai pas faire. Ce grand Gosier mourra en Enfer avant de prendre quoique ce soit.
Ai-je été assez claire ? ...
...
...
Madame la Ba-ronne ?


Son regard se fait plus noir que jamais. Si l'amour rend aveugle la Baronne, il est une autre femme en ce lieu qui ne fit pas exception à la règle ...
Lisyane


Elle se frotte le visage retire la poussière qui lui trouble la vue et lui brule les yeux, ses mains sont éraflées, sa manche déchirée.
Elle n'en peux plus, le souffle coupé, elle a du mal a reprendre sa respiration qui se fait courte, haletante.
Le duel entre elle deux n'est pas seulement physique, elle soutient le regard de Shera, elle sais que le sien est aussi noir, et pourtant glacial, une tourmente d'orage d'été, quand le ciel est déchiré d'éclairs fantasmagoriques.
Vont elles continuer a se battre?
Lisyane se redresse et s'appuie sur ses coudes, elle écoute la femme en face d'elle, mais ses yeux se posent sur le tas de terre, sur celui qui git la et qu'elle aime.

Mais elle n'écoute déjà plus.


Madame la Ba-ronne ?

Ça siffle comme un reproche, une chose honteuse, une maladie qui nous prend, incurable, qui nous vides les entrailles et le cœur de toutes substances.

Plus pour longtemps Shera, plus pour longtemps...

Lisyane rampe comme un vulgaire insecte vers lui et doucement, repousse la terre de ses main dans le trou, maintenant les sanglots roulent grossièrement sur son visage tuméfié, en silence mais laissant certainement des traces sur la poussière qui l'enveloppe.
Elle prend la terre a pleine main, sa terre, leur terre a tout les deux, cette mesme terre qui les avait vu naitre, grandir, et s'aimer, elle l'arrache et la jette sur lui, encore et encore.
Le rendre a la Savoy a sa mère nourricière, le protéger a nouveau et l'ensevelir.
Maintenant elle se dépêche, a en s'arracher le reste de peau intact de ses mains, ses ongles lui font mal, une douleur fulgurante, peut être mesme qu'ils sautent les uns après les autres.
Elle a envie de le rejoindre, s'enterrer avec lui, fuir comme il l'a fait, tout laisser derrière sois, c'est tellement plus simple.
Elle lui parle tout haut maintenant, des paroles et des pensées maintes fois dites sur sa tombe encore intacte.


A présent je suis la mon bien aimé.
Rien que toi et moi, nos deux conscience a nu. Dépouillés de toutes les vanités du monde, nous nous élevons, vers les espaces infinis et purs.
Vivre ou mourir, je me pose la question depuis que tu es parti, mais c'est chose égale car nous sommes unis et rien ne peut nous séparer.
La mort viendra, demain ou dans une décennie, me donner son baiser de givre libérateur, afin que moi aussi, je parle la langue des ancêtres et reprenne avec toi le cours de nostre causerie d'amour, un bref instant interrompue.

Non je ne suis pas folle, je sais que tu m'entends. C'est mon ouïe qui n'est pas au diapason, et qui ne perçois pas encore les subtils pulsations de la nuit ou tu m'attend couché.

Le terme du voyage viendra, mais tant qu'il reste une once d'éveil je veux penser a toi, jusqu'à ce que mon souffle s'arrête.
Ainsi le transfert de mon âme se fera sans heurt ni aspérité jusqu'à toi comme une coulée d'eau claire. Accorde moy le privilège de croire que tu es encore la proche de moy, que nos âmes ne font qu'une...

J'aime a penser qu'il n'y a pas de regrets a avoir, mais tu m'a privé du charme de nos conversations, et de la douceur d'un amour que je n'attendais pas, et je t'en veux malgré tout.

Je te vois rire de mes enfantillages a te parler comme si tu étais cachés derrière l'arbrisseau derrière cette tombe de pierres, que nous avons construite de nos mains.
J'aimerais que tu reviennes alors que c'est impossible, crois tu que c'est facile de vivre sans toi?
Tu me hantes et peuple mes rêves de secrets d'ailleurs, d'amour et de poésie.
Mon corps est meurtrit et se fane de ne plus être aimé, mon âme s'étiole de ne plus jongler avec les mots, car sans toi tout est vide.

Pardonne lui, pardonne moy


Elle se retourne vers Shera.

N'est ce pas que tout est vide sans eux, sans ceux qui étaient nostre?
Mais il n'y a qu'une épée pour deux bohémienne, et Phaco s'il vient peupler tes rêves, tu devrais mieux escouter ce qu'il te dit, l'épée n'est pas la, elle ne l'a jamais été et ne le sera jamais.

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La baronnie de Courmayeur
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