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[RP] Les remparts de Montpensier

Anseis
[Prémices de pluie ]



La torride chaleur dispensée par Phaéton dès l’annonce de l’été avait peu à peu chassé badauds, puis gardes, de la ceinture de pierre qui continuait de protéger la ville assoupie. La pierre qui pouvait se montrer si glaciale au plus froid de l’hiver ne bénéficiait du moindre souffle de vent et l’on aurait pu, aurait-on voulu de telle nourriture par si grande chaleur, cuire venaison juste en l’y déposant.

C’est donc sans grande surprise que l’unique promeneur trouva le calme que la solitude confère en arpentant les remparts, alors que les rues mêmes se trouvaient désertes. La chaleur, dont l’intensité se concrétisait en gouttes de sueur, ni la solitude pourtant ne semblaient le préoccuper. La première était accueillie avec la placidité et l’indifférence d’un corps qui avait appris à l’apprivoiser avec le temps. Quant à la seconde, parmi les milliers de milliers d’âmes qui peuplaient ce royaume, une seule et unique aurait pu, par sa présence, vraiment lui apporter sourire. Une âme qui, par ailleurs, ne quittait que rarement son cœur.

Mais, quand bien même aurait-il plus que toute autre chose, adoré pouvoir l’avoir à ses côtés pour cette oisive et insouciante excursion, jamais n’aurait-il osé déranger la jeune bourgmestre tant occupée au bien être des villageois. Au rouge de la chaleur vint s’ajouter celui de la honte lorsqu’il pensa au peu d’aide qu’il avait fourni à son aimée en ces temps si difficiles.

Arrivé à destination – une succession de créneaux et merlons abrités par une des tours de gardes, il prit place, son regard se tournant vers un assemblage de maisonnettes. D’ici il pouvait voir l’entrée de l’échoppe qui longtemps avait accueilli diverses étoffes avant, pour un cours instant, d’être transformée en boucherie et qui maintenant restait close. Même la maison attenante restait la plupart du temps inoccupée, la chandelle qu’il avait pu voir durant tant de soirée brillant le plus souvent au niveau de la mairie ces derniers temps.

Un soupir fit finalement tourner la tête au vagabond. Perdu dans ses pensées, il laissa son regard détailler le vert feuillage d’un saule dont la beauté relevait ces jardins abandonnés de l’autre côté des remparts et qui longtemps avaient portés le nom de Birgit. Anseis n’avait aucune idée de l’origine de ce nom et – il faut l’avouer – ne s’y intéressait guère. Au contraire, il aurait pu dire apprécier plus pleinement ces jardins dont on pouvait voir encore la trace humaine qui tentait vainement de lutter contre une nature sauvage toujours plus présente.

Dans ce sol riche qui avait donné si belle forêt à Montpensier, le saule puisait fraicheur qui lui permettait de se parer de couleurs opalines et dorées. Le feuillage frémissant de façon presque indistincte, l’arbre semblait attendre. Qu’attendait-il donc ainsi ? L’orage qui déjà s’annonçait à l’horizon, avec promesse d’une eau devenue rare ou bien se contentait-il de regarder la vie passer devant lui, attendant l’éclair qui foudroie ou le coup de hache final ? Pleurait-il donc sur son sort, attaché ainsi à la mère nourricière mais si possessive, lui qui n’avait la longévité du chêne, ou bien sur la fatuité de toute vie ?
Ou bien encore attendait-il, tout comme le vagabond le départ de cet oiseau qui illuminait son cœur ? Anseis n’avait pas plus de réponse pour l’arbre que pour lui-même.

Elais

Elais, sa bien aimée… était noble. Une histoire si surprenante qu’elle semblait sortir d’un conte lui avait offert une famille en la personne d’une ainée aimante et aimable et d’un frère aux actes si étranges mais qui néanmoins ne cachait son amour pour celle qu’il n’avait connu que nourrisson. Bien sûr, elle n’avait changé et restait l’ange qu’il avait toujours connu mais qu’en était-il du reste du monde ? Comment verraient-ils la cour d’un roturier envers une princesse ? Ne souffrirait-elle des quolibets, entrainée bien malgré elle dans quelconque invitation de sa fratrie ?

Le regard ne pouvant se détacher, l’ancien de la meute continuait de se perdre dans ses pensées. Se devait-il partir pour gagner de son bras quelconque titre l’autorisant de demander la main de sa dulcinée, au risque de se perdre de nouveau dans les démons du passé ? Car – il ne se faisait doute que la voie des armes serait la seule qui pouvait lui ouvrir ce titre aussi désiré que honni. Ou bien justement ce ne serait faire que preuve de fierté et amour propre, alors qu’il n’avait aucune raison de douter de l’amour de la jeune femme ? La quitter pour un titre dont elle n’avait probablement que faire.
L’imperceptible bruissement des feuilles de l’arbre ne lui apportait ce soir là aucune réponse. Un nouveau soupir vint donc ponctuer cette série de questions muettes. Les yeux se levèrent vers le ciel qui, de plus en plus menaçant, annonçait l’arrivée imminente de cet orage qui s’était tant fait désiré : peut-être la fraiche pluie saurait-elle mieux conseiller ?

Emplissant ses poumons d’un air déjà riche en senteur pluvieuse, le jeune homme ne put empêcher un sourire. Quelles que soient ses angoisses sur le futur, il y a une vérité dont il ne doutait : l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.

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Jazon
La Douce Amazone existait toujours. Et Jazon fut surpris et ravi d'étre accueilli par Sun.

Mais il y avait bien peu de vie.
L'auberge était déserte. La ville était déserte !
Il est vrai que la chaleur d'août incitait les gens à rester calfreuter chez eux.
Il n'y avait qu'un homme comme Jazon, le goût de l'aventure chevillé au corps et un certain désarroi qui avait pu le pousser à partir sur les routes par une chaleur pareille.
Un cousin aussi ! Et cette volonté de servir, de rendre service.
Gypsie, son épouse, en avait été désolée. Elle disait qu'elle comprenait.
Mais Jazon savait qu'elle souffrait de ses départs soudain. Et puis, après ce qu'il s'était passé à Viverols, elle aussi était désorientée et attristée.

Mais le seigneur ne savait pas tenir en place. Ce n'était pas une fuite car il avait su remettre de l'ordre sur les terres de Viverols. Avait il été juste ? Seul le Très Haut pouvait en juger.
Et puis, il avait besoin aussi de se retrouver. La solitude avait toujours été bonne compagne pour cela.
Et chevaucher les routes, partir à l'aventure, se laisser aller au hasard des rencontres..... était aussi une bonne thérapie.

Après un bon repas, il décida d'aller profiter de la fraicheur soudaine qui était arrivée à la suite d'une bonne averse. L'orage était resté au loin mais la pluie avait été salvatrice.
On respirait enfin !
Cela sentait bon la nature et la terre. Comme il aimait ce moment après une pluie d'orage ou la nature revit en exacerbant ses multiples senteurs, s'offrant et s'épanouissant à la pluie.

Ne sachant trop où aller, il se dirigea tout naturellement vers les remparts.
Un lieu qu'il affectionnait, à la fois protecteur et guerrier.
Il en avait parcouru des lieues rien que sur les remparts ou à leurs pieds. Pour faire le guet ou bien combattre......

Trouvant un escalier de pierre, il grimpa au sommet et s'approcha des créneaux. La vue était magnifique sur un coucher de soleil rougeoyant. Signe de vent pour le lendemain.
Les ombres et les teintes mordorés se partageaient le paysage environnant comme si la nuit annoncée cherchait querelle au jour baissant.

Jazon posa ses mains sur les pierres chaudes, baignées de soleil durant la journée, et laissa son esprit vagabonder.
Des visages de proches et de gens mélés aux derniers évênements lui vinrent à l'esprit.
Les émotions affluaient, la peine remontait, les larmes coulèrent à nouveau, rivières bienfaisantes d'un mal être et d'une immense peine conjugués.
Se laisser aller.... Lacher prise.... Pour peut être.... Pour enfin..... faire le deuil de son plus grand ami......

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A la mémoire d'Elra
Tridant
Un jour de plus… un autre…et pourquoi dont un autre jour ? Pour rien,
Sa femme encore malade…..son fils restait à ses côté pour l’aider malgré son jeune âge….

Un jour de plus passé à travailler, à chercher le moyen d’oublier toutes ces peines… ces décès, trois personne que connaissait plus ou moins Tridant,
Des jeunes des moins jeunes….

Le Très Haut se consacrerait-il lui aussi à l’injustice ? Pourquoi cela….A nous, à eux…..

Le soir venu, le soleil presque couché, Tridant n’avait pas la force d’affronter un soir de plus la douleur de sa femme, ce soir, cette nuit…il la passera sur les remparts….
De toute façon, c’est la solution…travaillé pour oublier… Plus ou moins efficace… mais il n’en avait d’autre,

Elle sera fraiche, longue, mais calme et reposante, cette nuit sur les remparts…

La nuit presque tombé sur Montpensier, c’est donc l’épée et le bouclier à la main qu’il se rendit sur les remparts, mais une chose était sur, il ne s’en servirait pas….ces armes seraient présent pour la forme….
Montant les dures marches en pierres des remparts,
Arrivée en haut, une fois avoir posé ses affaire à ses pieds, Tridant prit soin de s’asseoir sur les remparts, jambe dans le vide, tête dans le vide aussi…Vu sur la forêt, toujours cette même question, ce regard se tourna vers les étoiles, pour lui, chacune représente un esprit d’une personne ayant disparu…. Ce soir la, trois étoiles brillait plus que les autres, il les regarda, sans comprendre la réel raison, le réel but de faire subir de tels épreuve…. Tants de questions, qui tracassent,

Puis Tridant prit le temps d’aller marcher un peu plus loin, laissant au même endroit les affaires pour la nuit…., le soleil n’était maintenant plus présent. Mais la Lune à prit la relève.

Posé contre un bout de mur, Tridant reconnu une silhouette, un homme, plissant les yeux il reconnu Jazon, son consul, apparemment ce n’était pas la forme pour lui non plus, il n’irait donc pas le déranger, s’il veut venir le voir, tridant l’accueillera avec plaisir….

Passant les mains dans ses cheveux, court, comme pour montrer de la fatigue, pas physique, mais moral, tous ces événements…..A quoi bon faire tous cela, pour en arriver à une conclusion tel que la mort ?....S’il le savait….

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Jazon
La nuit était déjà là.
Jazon ne l'avait pas vu venir, plongé dans ses tourments intérieurs.
Il était grand temps de rejoindre la " Douce Amazone" où un bon lit l'attendait. Il reprenait la route dès le lendemain pour rejoindre son cousin.

Quel silence.... Quelle quiétude soudain......
Jazon jeta un regard sur la courtine et vit des silhouettes. Très certainement des gardes qui passeraient la nuit à guetter.
Il serait bien rester là, avec eux, s'il n'avait pas eu à reprendre la route.
Il reviendrait après demain sur le chemin du retour.

Cet endroit l'avait apaisé. Au moins pour cette soirée...
Après....
Le temps ferait son ouvrage.

Jazon se redressa, puis se dirigea vers l'escalier en pierre qu'il descendit à la lueur du clair de lune.
Puis il s'en fut par les ruelles de Montpensier jusqu'à l'auberge qui l'accueillait pour la nuit.






J'aurais bien poster avec toi ljd Tridant mais vu que je repars ce soir, ca aurait été décousu. Je repasse après demain. Si ca te dit en soirée.... Pas de soucis

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A la mémoire d'Elra
Tridant
Je m'en doutais^^ c'est pour cela que je ne suis pas venu déranger Jazon ne sachant pas la longueur de sa présence , mais oui partant pour après demain

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Lulue
[Un au revoir]

A huit mètres du sol…
Joli perchoir à la fois des plus rassurants et inquiétants.
Elle avait pour coutume de squatter celui d’un Ange aux ailes parfois cassés, qui le lui laissait bien volontiers.
Et celui-ci, à qui était-il ?
Est-ce qu’un Montpensierois se l’était approprié ou n’était-ce qu’un endroit où le devoir régnait ?
A son grand regret, elle n’en savait fichtrement rien, ne restant jamais assez longtemps en cette ville pour constater ce genre de détail, toute observatrice qu’elle était.
Mais la contrariété ne dura pas plus que quelques secondes.
La Blanche avait apprit avec le temps à se détacher de tout un tas de chose.

Le vent venant glisser entre ses longs cheveux bruns la fit sortir de sa torpeur, et Lucie finit comme à son habitude par s’asseoir bien trop près du bord, les jambes dans le vide.
C’était presque une invitation indécente pour autrui à la pousser…
Heureusement qu’il n’y avait pas de doute sur son manque d’envie de laisser faire ce genre de chose, qu’elle était bourrée de projet parce que de toute façon, compte tenu de la fréquentation de cet endroit en les périodes estivales, elle risquerait fortement de prendre racine.

Alors que le soleil tirait petit à petit sa révérence pour la journée et rendait le ciel orangé par endroit, celle devenue ténébreuse sortie d’une poche de ses braies deux parchemins.
Le premier n’était autre d’un récapitulatif de tâches à réaliser, car la nuit sera synonyme pour elle d’un nouveau départ pour une durée indéterminée.
Quand au second, c'était une invitation… mais pas n’importe laquelle…
C’était celle d’une union qu’elle n’arrivait pas à cautionner, qu’elle pensait être une erreur depuis le début.
Son flair ne l’avait jamais trompé jusqu’à présent concernant ce sujet, alors pourquoi cette fois-ci serait-elle différente ?
Bien sur d’extérieur, cela pouvait avoir l’air d’une prétention hors norme… mais dans la pratique et lorsqu’on connaissait toute l’histoire…
Un soupir fila entre ses lèvres.
Evidemment qu’elle espérait qu’il retrouverait le bonheur avec une autre femme.
Depuis qu’il était veuf, il s’était coupé du monde et la Muse avait lutté nuit et jour pour qu’il retrouve goût à la vie, comme il l’avait fait pour elle lorsqu’elle avait connu la même tragédie quelques années auparavant.
Oui… là où une idylle aurait pu naitre - s’ils avaient décidés d’être moins accrochés à leurs principes - le temps s’était chargé de leur apprendre à veiller l’un sur l’autre comme un frère et une sœur de sang … comme un père le ferait avec son enfant et inversement ?
Lutter donc... redonner un espoir.
Force était de constater qu'il avait accepté la main tendue pour se relever et pour cause.

Lucie posa ses yeux noirs sur le toit de leur petit foyer, qui semblait bien minuscule à cette hauteur.
Cette fois-ci le soupir sera retenu de justesse.
Qu’elle avait envie que le Ténébreux soit là en cet instant plutôt que chez les moines.
Cela lui faisait drôle de partir en mission sans avoir pu lui dire une dernière fois au revoir, alors que le risque de ne jamais revenir était une chose récurrente.
Et surtout, il aurait su trouver les mots… même si son sale caractère lui faisait parfois rejeter en bloc tout ce qu’il pouvait lui dire sur le coup, il n’en restait pas moins qu’il était le seul à la connaitre par cœur, avec les qualités et défauts qui étaient les siens.
Se demander ce qu’il lui dirait et…

Elle déchira l’un des parchemins après avoir remis l'autre dans sa poche.
Le poing fermé, elle tendit son bras et resta un long moment ainsi, comme si elle attendait une venue ou priait silencieusement.
Puis, presque fébrilement, les yeux fermés ses doigts prirent de la distance avec sa paume tout doucement.
Le vent balaya les morceaux que la Blanche avait en main tandis que ses pupilles suivaient leur progression dans les airs.

L’heure était désormais de penser comme un guerrier et non plus comme un être pouvant avoir des sentiments.
L'heure était de quitter son bloc pour investir le dos de son fidèle destrier, une fois de plus...

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Elais
Un petit moment sur les remparts



Sous les prémices d'un vent d'automne, la forêt de Montpensier se parait d'or et rouges de milles nuances. Pour le temps d'une saison, le vert immuable de la mousse, des sapins et des trembles n'étaient plus qu'un fond qui servait seulement à faire ressortir les teintes chatoyantes de cette autre végétation qui renaissait à chaque fin d'été pour s'étendre sur la forêt comme un manteau chaleureux riche de couleurs vives et tendres avant de mourir à nouveau à l'apparition de l'hiver.

Du haut des remparts, les yeux admiratifs devant ce paysage en sursis, Elais écoutait les feuilles murmurer le temps qui passe, sous un coucher de soleil qui les guidait doucement vers les ténèbres, alors que dame lune apparaissait dans le même sillon pour offrir de ses rayons un brin de clarté aux derniers marchands et vagabonds qui passaient les grandes portes nord de la ville.

Ce soir, la jeune femme avait eu une soudaine envie de diner et passer la soirée ailleurs que dans sa petite chaumière, et sa première pensée avait été, non pas pour une taverne qui lui offrirait un couvert décent et de la compagnie, mais pour les remparts solitaires qu'elle n'avait guère visités depuis l'approche de son premier mandat. Elle avait donc glissé quelques parchemins, une fiole d'encre, une plume, une gourde d'eau et un fruit dans sa besace, puis avait rejoint la muraille alors que les premières torches de la ville s'enflammaient.

Assise en tailleur entre deux merlons, elle croqua à pleine dent dans la poire déjà bien entamée. Cette dernière était la seule rescapée d'un voyage qu'elle avait entrepris deux semaines plus tôt et qui, comme le précédent, l'avait guidée tout droit vers deux vauriens mal attentionnés. A une contre deux, sur le moment, il avait été évident, aux yeux de la jeune vagabonde, qu'elle ne ferait long feu. Cependant, sa fierté l'avait poussée à provoquer ses adversaires qui lui avaient infligé, comme prévu, quelques séquelles dont elle se serait bien passée.

Ses lèvres s'ourlèrent d'un léger sourire. Sa rencontre avec ces vils personnages la désespérait quant au devenir de son duché et de ses futures errances, mais elle se félicitait d'avoir réussi à protéger, au détriment de son corps, un bon nombre de ses biens dont ce fruit de qualité qui enchantait gracieusement ses papilles. Croquant une dernière fois dans la chair juteuse, elle songea un instant à son Alezane qui apprécierait volontiers d'y gouter et enveloppa le reste dans un morceau de tissus qu'elle rangea précautionneusement au fond de sa besace avant d'en sortir ses effets d'écriture.

Depuis la fin de ses obligations en tant qu'élue, elle prenait rarement la plume et ne rédigeait plus que de rapides messages. Deux missives, dont une qui l'avait agréablement surprise, attendaient réponse de sa part. Et même si elle avait appris à vivre ces derniers temps dans l'indifférence, pour ne plus prêter à ses sentiments des angoisses qui l'avaient toujours habitée, les deux expéditrices avaient depuis longtemps conquis la jeune oursonne qu'elle était, elle se devait donc de donner de ses nouvelles, ne serait-ce que par affection fraternelle pour l'une et amitié pour l'autre.

Un parchemin sur un coin de genou, elle ouvrit la petite fiole d'encre sombre pour y plonger sa plume et déposer sur le vélin les premiers mots confidentiels d'une longue lettre.


***
Anseis
[ Octobre printanier ]

Bien sûr, les forêts s’étaient parées de leurs nuances ocre et dorées, conservant quelques teintes vertes par coquetterie. Bien sûr, le vent portait en lui la fraicheur annonciatrice de la rigueur hivernale. Et les rares promeneurs oisifs qui avaient rejoints les remparts pour y apprécier la douce brise le temps d’une fin d’été les avaient déjà quittés pour retrouver la chaleur des tavernes.

Mais ni les multiples signes, ni même le calendrier ne semblait pouvoir faire changer l’esprit du jeune vagabond. Du plus profond de son cœur débordait cette joie ingénue si caractéristique de la saison du renouveau. L’homme était-il donc amoureux pour se retrouver dans une telle euphorie ? Certes il l’était depuis bien des lunes mais, quand bien même il se savait béni non seulement d’aimer ainsi librement et sans contrainte mais encore d’être aimé en retour par cet ange au nom si doux, il n’était démonstratif ni prodigue en paroles et actes. Or, en ce jour pourtant bien gris, seule l'heure tardive rendait difficile de noter le pas léger qui à peine effleurait la pierre froide ou encore le sourire dessiné par ses lèvres.

Pour les rares intimes qui le connaissaient un peu, bien entendu il y avait l’automne. Cette saison qui pour lui aurait du s’appeler printemps car elle surpassait toute autre en couleurs, en parfums et en saveurs. Et, il l’aurait avoué sans honte, une partie du bonheur naïf qui l’avait accueilli le matin au réveil et ne l’avait quitté alors trouvait son origine dans cette merveilleuse symphonie.

Une partie n’étant point un tout, cette journée avait donc quelque chose de spécial, du moins dans l’esprit parfois bien compliqué du promeneur. Si par le plus grand des hasards et contre toute attente on l’avait arrêté dans sa marche, osant l’interroger à ce sujet, probablement aurait-il rougi retrouvant son mutisme d’antan, se contentant de sourire. Aurait-on insisté qu’il aurait cherché échappatoire. Mais il savait pouvoir continuer sans crainte sa marche le long des remparts déserts en cette heure si tardive. Jamais tel événement n’aurait lieu. A moins que …

Oui, à moins qu’il ne vienne à croiser celle qui jamais ne quittait ses pensées, Elais. La retrouver assise entre deux merlons, les jambes se balançant avec insouciance dans le vide ne serait guère surprenant. La jeune femme oserait-elle poser question ? Ou bien attendrait-elle innocemment une quelconque explication, son regard envoutant brillant de curiosité ? Peut-être – Probablement – Sûrement même, lui dirait-il en un chuchotement aussi discret que celui d’une brise. Cette pensée suffit à ramener chaleur au niveau des joues de l’ancien maire. Il imaginait la jeune femme sourire puis retenir un rire avant de devoir cacher sa bouche si fine pour ne point le vexer. Elle le prendrait pour fol, sans nul doute. Mignon dans sa folie, il espérait, mais fol tout de même. Et pourtant, malgré toute la sagesse que son père avait tant bien que mal tenté de lui inculquer, malgré toute celle des livres qu’il avait eu la chance de lire, cette idée ne voulait quitter son âme renouvelant son sourire…

Continuant sa marche dans un rythme dansant, profitant de la pénombre repoussée avec peine par quelques torches et qui cachait aussi bien son sourire que la couleur de ses joues, l’homme suivit le chemin de ronde dans le même état d’esprit qui probablement ne s'éteindrait qu’au moment du sommeil. Et encore …

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Arawyn
Arawyn marchait dans les rues de Montpensier, et décida d'aller faire un tour sur les remparts. Il était désormais soldat de la garnison de Montpensier et aurait peut être un jour à défendre la ville. Il se dit qu'une visite des remparts serait surement une bonne chose.
Il gravit alors les marche menant au chemin de ronde et se mit à le parcourir. Le paysage au alentour était calme et cette promenade lui fit du bien. Il redescendit après fait le tour complet et décida d'aller faire un petit tour à la taverne la plus proche.
Opusone
Opus était malade et affabli. Le retour de Sibille l'avait un peu ragaillardi et en cette magnifique journée d'automne ensoleillée du 5 novembre de l'an de grâche 1458, il emmena son fils Win sur les remparts. Barack, le chien les accompagnait.

Ils s'assirent sur un mur, Barck couché à leurs pieds. Ils regardèrent la forêt proche qui portait de magnifiques couleurs rouges, ocres, vertes, jaunes. Tous les tons de l'automne rassemblés en un moment éphémère.


Vois-tu Win, les arbres vont perdre leurs feuilles dans quelques jours. C'est la fin d'un cycle, mais ce n'est pas la fin de leur vie. Chez les humains aussi, il y a des cycles qui se terminent et d'autres qui commencent.
Pour toi, c'est la toute petite enfance qui se termine et la grande enfance qui commence. Puis un jour, ce sera le temps du cycle de l'adolescence, puis celui de jeune adultes, puis encore bien d'autres avant le dernier.

Pour moi, je sais que j'arrive à la fin du dernier cycle. Un dernier cycle que j'ai vécu ici à Montpensier. Un dernier cycle que j'ai vécu avec Sibille, ta mère. Je t'ai vu grandir et j'ai redécouvert ce qu'était que d'être père.
Une période faite de nombreux mois de voyage, des découvertes de villes et de gens, des aventures, des angoisses, des joies et des souffrances. Un cycle riche et passionnant.

L'histoire de ma relation avec ta mère et surtout celle de nos voyages a été consignée par écrit. Un jour sûrement tu voudras la lire et tu sauras la trouver là où elle a été conservée dans plusieurs écrits..
Cette histoire, c'est une tranche de vie que je me plais à te léguer. Cette histoire, c'est aussi une des plus belles tranches de ma vie et c'est grâce à ta mère que je l'ai vécue.

Et puis, dans le choses que j'ai envie que tu gardes de moi, il y a une épée et un bouclier. Je les ai remis à Sibille et elle te les transmettra lorsque tu auras l'âge des les porter. J'espère que tu sauras les porter pour défendre ta ville, ta famille et tes proches plutôt que pour aller guerroyer dans d'autres royaumes et d'autres comtés.

Enfin, il y a l'atelier de boissellerie. Les outils y sont bien rangés, quelques derniers objets, outils ou jouets fabriqués y sont déposés. Un jour peut-être, tu auras toi aussi envie de créer. Alors, peut-être auras-tu une pensée pour ce père adoptif qui te lègue cet outil avec lequel tu pourras te faire plaisir et faire plaisir.


Opus s'interrompit. Il mit sa main sur l'épaule de Win. Il se sentait bien d'avoir pris le temps de dire ce qu'il avait à dire. Il admira une dernière fois le magnifique paysage qu'on pouvit découvrir du haut des remparts.

Levons-nous maintenant et rentrons, Sibille nous attend avec sa tarte aux poires.
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--Winbill
Winbill adorait se promener avec son père. Celui-ci connaissait tellement de choses, sa voix chaude et calme au léger accent helvète l'avait toujours bercer depuis son enfance et ses cheveux gris ne l'avaient jamais choqué bien au contraire, il les respectait. Un jour une petite voisine lui avait fait la remarque sur ce fait et il avait froncé les sourcils puis posément avait souri en faisant remarquer que c'était parce-que son papa était sage lui, comme les images que l'on voyait à l'église, la plupart des saints avaient les cheveux gris. Fort de sa réponse, il avait conclu que rien ne servait de se fâcher voir de se battre, trouver des bons arguments étaient bien mieux.

Donc quand son papa lui parla des choses de la vie, des arbres, des saisons, il entendit avec fierté qu'il atteignait maintenant la grande enfance et s'attendait à un discours sur la responsabilité maintenant d'être grand mais non, la discussion s'orienta vers les cycles et la fin d'un cycle surtout celui de la vie des humains et entre autre de lui son papa. Il allait dire que non, il n'était pas possible qu'un homme si sage puisse déjà finir le cycle comme un arbre car ses cheveux n'étaient pas tombés mais Opus lui parla de l'histoire de sa vie avec sa maman, des voyages et que tout était écrit dans des livres. Lui il ne savait pas lire et l'histoire de sa maman, il la connaissait. Elle venait du village à côté Montluçon où y'avait un de ses amis Corti qui était bien gentil mais là bas c'était triste et quand elle avait eu lui tout bébé dans son ventre, ben son papa, le vrai il avait plus voulu d'eux alors elle était partie et papa Opus il avait été très gentil et il savait que maman l'aimait beaucoup.

Ils s'étaient approchés du bord des remparts et regardaient au loin en écoutant la suite.


Tu veux me donner une épée ? une vraie ? et un bouclier ? des outils. Tout était si bizarre dans cette discussion. Mais je suis pas trop petit ? La suite des explications lui éclaircie un peu les idées.. Ah quand je serai plus grand... d'accord papa, tu me montreras comment on travaille le bois et je te promets que je garderai tout ça pour toi.

Déjà son attention était portée sur autre chose, ce genre de discussion, c'était trop compliqué pour lui et quand il entendit tarte aux poires.

Hum... oui papa, vite, vite.. Maman va tout manger...


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