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[RP] : Une armée en OR

E_newton
Quatre semaines jour pour jour qu’ils étaient arrivés en Touraine, bien avant le déclenchement des hostilités en fait. Certains auraient pu dire qu’il avait eu le nez creux, le Chevalier, mais il n’en était rien en fait. À force de recenser les mouvements des troupes armées dans tout le grand ouest du Royaume, il en avait déduit le théâtre potentiel des premiers troubles, et leur positionnement actuel ne faisait que le confirmer. N’ayant pu être que spectateur des premiers affrontements, il n’en avait pas moins pris les dispositions nécessaires pour permettre l’organisation d’une armée de défense. Après moult discussions, palabres, négociations, les deux principaux Ordres Royaux étaient parvenus à mobiliser suffisamment d’effectifs pour constituer une force d’intervention plus que conséquente. Ajouté à cela des membres de l’Ordre de la Cosse de Genêts, quelques volontaires et ils avaient réussi à obtenir une armée digne des plus grandes.

Ce fut donc après avoir obtenu divers avals qu’ils avaient choisi de venir s’installer au pied des fortifications de Chinon. Trajet pour le moins empressé depuis Blois par la proximité de belligérants non encore officialisés, toutes les forces étaient donc venues se concentrer en ces lieux. Mais ce fut un Capitaine malade et fatigué qui descendit de sa monture. Cela faisait déjà plusieurs jours qu’il traînait une mauvaise fièvre qui l’empêchait de prendre activement part aux décisions. Initialement responsable de la mission, il avait fait le choix de laisser le flambeau à Cerridween. C’était la première fois qu’il se sentait ainsi diminué, et certains en profitaient d’ailleurs pour le lui reprocher. Comme quoi aucune faiblesse ne pouvait être permise ni même tolérée. Il se sentait inutile, mais il avait cependant une chose à faire que personne ne lui prendrait. Celle qu’il avait maintes fois effectuée lors de l’escorte royale. Le saisissant d’une main, il le déplia de l’autre avant de le planter au centre de ce qui allait devenir leur campement provisoire.



L’étendard de la Licorne flottait maintenant fièrement, pour rappeler à chacun s’il en était besoin qui séjournait en ce lieu. Pour certains cela confirmait le lieu de rassemblement, pour d’autres le risque qu’ils encouraient à venir les affronter. Il ne serait certainement pas le seul à venir enjoliver les lieux qui commençait à s’activer. Le camp allait se monter progressivement au fur et à mesure des arrivées. Les tentes allaient être dressées, les chevaux parqués, chacun des artisans forgerons, armuriers, charpentiers, tanneurs, voire même boulangers, allaient s’attacher à réparer les préjudices du temps et des déplacements.

Pour sa part, il n’avait pas lieu de se préoccuper de tout ceci. Il y avait bien longtemps que chacun était rôdé à savoir quelle était sa fonction ou sa tache. Quant à lui, il préféra s’éloigner quelque peu de toute l’agitation qui gagnait les lieux, pour rejoindre comme à l’accoutumée un arbre sous lequel il s’installerait. La bataille n’était pas pour ce jour, et peut-être même pas pour demain. Il se devait de tenter de se refaire une santé avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’il ne puisse plus lever son épée quand le besoin s’en ferait sentir. Il libéra Storm de l’entrave de son harnachement et le laissa filer dans les champs au gré de sa volonté. L’étalon était un habitué des errances en solitaire en attendant sagement que son cavalier le rappelle à lui. Pour sa part, Ethan déposa une couverture au sol et sur laquelle il s’assit, s’enroulant dans sa cape et observant d’un œil distrait les hommes et femmes s’affairant devant lui.
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Cerridween
[ Sous une tente un soir... ]

Assise sur son lit de fortune, la Pivoine tient entre ses doigts un petit objet métallique qui reflète la lumière diffuse de la bougie qui trône sur la table faite de deux tréteaux non loin. Il y a des éclats de voix qui se mèlent aux bruits de la pluie qui tombe un peu ce soir là...

La journée a été longue et fatigante. Comme la plupart du temps. Elle a fait le tour la Pivoine du campement pour voir si tout se passait bien, si tout le monde avait trouvé une place et s'il manquait quelque chose. Elle a divagué entre les tentes, dans le brouhaha du campement, distante, absente. La silhouette encapée de noir s'est finalement fondu avec la pénombre qui est tombée sur le campement.

Immuable journée...
L'entrainement du matin, à l'aube, entre épée et lancer...
Les ordres, les problèmes, les conflits. La gestion, la stratégie. Les courriers concernant l'armée en présence. Ceux concernant l'ordre.
Rencontrer les personnes, discuter, argument, se fâcher, user de diplomatie, soupirer, rire.
Noircir les parchemins les uns après les autres, qui s'empilent avant d'envoyer les coursiers avec des recommandations aussi longues que Miséricorde qui dort toujours dans son fourreau.
Et elle se sent toujours aussi seule...
Même entourée, même surmenée. Même au milieu des cris et des cliquetis du métal, même saoulé de corps et de mouvements.
Elle se sent ce soir vide et vidée...

La lourde couverture de laine sur les épaule doublée de fourrure, elle regarde le petit objet brillant avec attention et mélancolie.
Elle sent encore sur sa joue le petit baiser mouillé du petit garnement blond rencontré en taverne. Il l'a troublé ce baiser donné sans condition, sans arrière pensée. Ce petit blond l'a touchée bien plus que toutes les piques du jour, toutes les difficultés. Elle est restée un instant interdite devant la porte de la taverne, la paume de la main entrouverte sur le cadeau fait avec générosité. Juste un élan du coeur, sans attendre de retour. Gratuit. Simplement gratuit et altruiste. Elle avait essayé de palier au don, immense, que le petit bout d'homme lui avait fait. Le flacon de ciste qu'elle lui a laissé lui paraît tellement dérisoire... si... décalé.

« C'est une bague qui vous protège des gens qui vous rendent triste... quand vous en aurez plus besoin, vous me la rendrez ».

Il lui a donné cette bague qui joue avec la lumière rouge et évanescente d'une flamme avec tant de conviction dans les yeux. Cet enfant a lu en elle comme un livre ouvert, faisant fie des sourires qu'elle avait affiché. Il avait plongé ses petites mirettes noires dans les yeux de la Maitre d'arme avec tant de simplicité...
Il a donné parce qu'elle avait dans ses yeux cette lueur qui a tous est devenue familière, normale. Mais pour ce petit garçon, il n'y avait dans l'aura grisâtre, un affront à la vie.

Il ne peut pas encore comprendre Karyl que la tristesse qu'il a lu est une marque au fer rouge dans les prunelles sinoples. Il ne peut pas comprendre du haut de ses sept printemps. Et heureusement.... heureusement qu'il ne peut lire qu'un sentiment, qu'une ligne dans toutes les lignes qui se sont écrites sur les traits de la Pivoine, des cicatrices aux ridules au coin de ses yeux. Il ne peut savoir les blessures profondes, de la perte d'un frère, à la perte d'amis, de cette désillusion d'un monde qu'elle ne comprend plus. Il ne peut savoir qu'elle est fatiguée de diriger un ordre dont les membres en ce moment par leurs querelles rendent le fardeau d'autant plus lourd sur ses épaules usées. Il ne peut même pas savoir ou entrapercevoir qu'elle est parfois à deux doigts de laisser un matin tous ces éléments qui l'ont faite, forgée, conduite à ce qu'elle est. Qu'elle file vers Delle, vers la petite fille brune qu'elle a abandonné par devoir. Qu'elle laisse un peu les charges et les fardeaux pour respirer librement. Qu'elle laisse tomber au sol ce mantel qui lui paraît tous les jours de plus en plus de plomb et de moins en moins supportable...

Les yeux passent sur le symbole gravé sur la chevalière, une épée et un serpent entremêlés. Ironie... il lui a donné une bague de la Zoko à elle, elle qui fait partie « des chiens de garde de sa majesté ». Le petit Karyl lui a donné une bague qui est la propriété de ceux menés par celui qui a voulu la faire mourir. Eikorc de Nerra et sa folie...
Le choc de la verrière se fait entendre dans ses os et ses cicatrices semblent un instant la brûler.
Les pensées de la maitre d'armes volètent vers un ailleurs, enroulée dans la torpeur de la laine et la lueur du métal. Elle sait la frontière mince, dérisoire... elle sait qu'elle aurait pu avoir le même chemin. Elle a eu comme le diable, la lueur de la folie dans ses yeux, le sang et la boue en masque sur le visage qui liaient la douleur et la soif de vengeance devant le corps d'un frère inanimé et froid. Elle pourrait la porter cette bague, au lieu de cette licorne qui orne son épée et son habit. Elle porte la douleur comme il porte l'ire... elle pourrait être un des leurs si elle n'avait prit un autre chemin. En arrière fond de la mélodie silencieuse gronde le roulement de tambour d'un orage et de Némésis... il l'a touché... il l'a touché devant sa fille... il aurait pu la tuer aussi... il doit mourir... ce serait si simple... un déguisement... cette bague pour rentrer dans son cercle... une dague... Les boucles rousses se secouent en même temps qu'elle secoue la tête pour échapper aux sombres pensées. Non... non... ce serait trop facile... et ce serait tromper ce petit bout d'homme naïf et si beau d'humanité qui lui a fait dans un sens confiance. Ce serait tuer tout ce qui a ému la Pivoine... et ce serait la fin de cette enfance si belle... elle ne peut être responsable de cela... elle le refuse...

Un soupir s'échappe de ses lèvres pour se matérialiser dans l'air froid...
Lentement elle range précautionneusement la bague dans la bourse de cuir qui dort avec les ceintures et ses armes sur la table. Elle ne peut pas la garder... non... elle la lui rendra dès qu'elle partira... elle ne sait pas quand... mais elle redonnera à ce petit ange blond lanceur de dague, super aventurier et futur très grand et très fort, ce qui doit être une de ses possessions les plus précieuses...

Le deuxième soupir éteint la bougie... plus que jamais ce soir, n'existent plus les certitudes... plus que jamais ce soir, elle a envie de fermer les yeux et de ne les rouvrir que dans longtemps... ou jamais... oublier... fuir... laisser tomber... partir....

Mais au plus profond de la pénombre, elle se fait une promesse. Elle qui n'a rien d'autres comme biens que des serments et un collier, elle ne peut leur faire défaut ces mots, lorsqu'elle les pense ou les prononce.

Elle trouvera autre chose à lui donner... pour le remercier. D'avoir quand même réussi par son regard franc et désolé, son sourire et sa pureté d'avoir rallumé quelque chose dans son coeur glacé...
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Mariealice
[Sur la route... Encore et toujours]

Tout était question d'habitude. On pensait faire un voyage court, pour une raison précise, on avait après tout le temps... Et on finissait par se retrouver embarquer pour tout autre chose. Quelle sale manie que de vouloir établir un plan, des étapes, se dire qu'après enfin on pourrait rentrer et se poser. Franchement... Comme s'il arrivait que les choses se passent comme on le pensait.

Cela avait été d'abord le séjour à Limoges. Ils ne devaient que venir chercher Aleanore à sa sortie du couvent et peut-être décider sa tête de mule de frère à prendre l'air et finalement le court s'était mué en séjour longue durée avec possibilité de combat ou siège, bref, il fallait rester. La capitale n'avait guère changé en fait, à part les nouvelles têtes habituelles dans toute ville qu'on avait quitté depuis un moment, y avait même gagné un enfant de plus pour se joindre à la troupe. Cassian, jeune garçon de 9 ans, âge de son filleul Gaspard, qui voulait rencontrer Enguerrand et du coup les avait suivis. Elle avait revu des gens et s'était presque sentie chez elle à nouveau. Ce qui n'avait pas changé tout compte fait c'était les mêmes inimitiés et tensions qui avaient fait fuir la brune. Bougeraient... Bougeraient pas.... Les licorneux avaient pris la route de la Touraine en faisant le grand tour, évitant avec soin le Berry puisqu'ils ne pouvaient pour l'heure rien y faire de plus que risquer la mort à chaque tournant.

De même ils n'étaient pas sensés passer à Sémur mais Flaiche avait une partie de ce que Totox avait légué à la Licorne au moment de sa mort et qui pourrait servir pour cette campagne. Et ainsi ils pourraient laisser sur place Aleanore et Cassian qu'elle refusait de voir sur un champ de bataille. Et puis le jeune garçon avait une mission pour l'occuper, protéger sa fille ainée, la cadette étant pour l'heure en Lorraine.

Domaine Royal. Rapide passage en Champagne puis un peu plus long en Orléans, Eusaias en avait profité pour enrôler un homme pour les suivre, un de plus, et Marie lui faisant confiance, l'avait accepté sans question. Puis Chinon enfin et l'attente avait commencé.

Certes il avait fallu monter le campement qui réunissait en son sein licorneux, dames blanches, membres de la cosse du genêt et volontaires à côté de celui déjà en place de l'armée tourangelle tandis que celui de l'Orléans se montait à son tour. De véritables villages de toiles où se côtoyaient divers corps de métier, marée humaine apportant aux pieds des murailles sons et odeurs, vie en somme.

Touraine. Pensée pour un passé qui lui semblait lointain mais la hantait malgré tous ses efforts.. Vendôme... Là encore entre ce qu'ils auraient dû faire et le final.... Drôle de voyage de noces que celui de se retrouver enchainée à une forge creusée à flanc de montagne... Confusément elle espérait ne pas revivre à nouveau tout ceci. Le fer se taillant une place en son sein, emportant une part de vie avec lui, la culpabilité de voir des hommes et des femmes tomber tandis qu'elle était emportée. Pourtant s'il le fallait Marie se battrait, ils étaient là pour cela. Mais au moins cette fois-ci elle n'était point des décideurs et, quelque part, c'était une sorte de soulagement, de réconfort. Se laisser porter, suivre et ne pas réfléchir... Euh quoique ne pas réfléchir, quand on la connaissait, il était clair qu'elle n'avait jamais su faire. Et de fait, son esprit tournait et retournait dès qu'il avait un peu de temps libre. Pourtant les parchemins arrivaient à la trouver même ici et de nombreux missives repartaient. L'une d'elle d'ailleurs avait fait part de son désir de ne plus être le Primus Inter Pares. Place au suivant et un peu de repos pour sa plume...Du moins un peu plus.

Chinon. On aurait presque dit Montmirail quand elle allait en taverne tiens. Manquait plus que des chasses pour finir le tableau, un Caturix en cobaye et un Guillaume affichant un tissu rose au bras. Par contre, il y avait Karyl, encore plus jeune que Gaspard et Cassian, petit bout volubile de 7 ans qui avait une tendance aux questions, même si nettement moins grande que Maeve à son âge. Karyl et sa joie de vivre malgré une jeune vie qui semblait déjà avoir eu son lot de souffrance. Karyl ami de Félina, cette zokoïste qu'elle avait soigné à Joinville. Karyl qui réclamait affection et attentions, qui lui permettait de penser à autre chose qu'à la noirceur de l'âme humaine, à ses souvenirs plus ou moins douloureux, aux interrogations et errances qui s'imposaient à son âme. Karyl qui venait réclamer son histoire, voulait monter à cheval, devenir aventurier. Une bouffée d'air frais.
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Tatankaa
[Chinon]

Tatankaa s'occupa d'abord à panser son cheval, puis cette tâche terminée , il s'aperçut que Kalimalice sa chef de lance de la Cosse de Genêt s'affairait déjà au déchargement des carrioles.
Il s'approcha pour lui prêter main forte. Même s'il n'était qu'un aspirant , il n'ignorait pas que l'entraide est une des règles de base d'un ordre et il trouvait ça tout à fait naturel.
Pour commencer , il était conscient de l'importance du fait que leur campement situé entre ceux de deux ordres reconnus et prestigieux fut irréprochable et bien organisé.
Sindanarie
[Un voyage presque comme d'autres...]

Limoges. Une jeune femme en deuil présente son allégeance à sa Comtesse. Peu de temps après, elle rejoint un groupe de Licorneux défenseurs de la capitale du Limousin. Et, quelques jours plus tard, ordre est donné de faire mouvement vers Guéret, la ville où la jeune femme en question vivait depuis quelques années. De là... C'est le grand saut. Premier départ aux côtés de ses frères et soeurs d'armes vers un front. Car la guerre a été déclarée, et la Licorne s'est mobilisée.

Voilà l'histoire telle que Sindanarie l'aurait relatée. Son histoire, à vrai dire. En quelques mots, c'est ainsi qu'elle aurait raconté son départ pour la Touraine. Qu'y avait-il à dire de plus ? Qu'ajouter pour compléter le début de cette histoire ?

Le départ en compagnie de Marie Alice, Flaiche et d'autres compagnons de route s'était fait dans la précipitation. Arrivée à Guéret, l'écuyère avait pris en hâte quelques écus chez elle, acheté quelques vivres avant d'enfourcher de nouveau sa jument baie. Vengeance. Et avant de partir vers d'autres horizons encore inconnus... Des horizons dangereux. Des horizons où elle pourrait venir narguer la Mort, en espérant que le destin excédé déciderait de la faire passer de vie à trépas.

Mais les pensées de Sindanarie s'étaient quelque peu éclaircies à mesure que la route était dévorée par leurs montures, que le paysage se modifiait insensiblement autour d'elle, que sa douleur, assommée par l'entrain de ses compagnons de route, s'engourdissait au fond de son coeur. Dans cette chevauchée qui réveillait en elle le souvenir des campagnes de Bretagne, elle avait retrouvé ce qui l'avait soutenue alors, dans ces sombres mois de 1455 puis 1456. Ce petit quelque chose qui soutient l'âme. Ce dont elle avait tant besoin depuis la mort de son aimé.

La fatigue montait cependant en elle. Etapes courtes, passages rapides en taverne, et retour aux routes. Vent qui faisait jouer ses longues mèches brunes autour de son cou, qui soulevait la cape azur frappée de l'animal mythique emblématique de son Ordre. Traversées rapides de la Champagne, de l'Orléans, de la Bourgogne, relâche à Sémur, arrivée en Touraine. Changement de groupe de Licorneux, finalement, pour quitter Marie Alice et rejoindre Akane.

Et, enfin, Sindanarie arriva sous les murs de Chinon, quelque temps après celle qui menait un groupe de Licorneux.

[Arrivée au camp ; retrouver des amis de longue date...]

Le camp s'étalait devant elle, l'étendard de la Licorne flottait dans l'air limpide. Ramenant Vengeance du galop au pas, Sindanarie s'aventura au milieu de ces hommes et femmes qui s'étaient assemblés, répondant à l'appel de leur Ordre. Errant quelque peu, elle se perdait dans la contemplation des visages qu'elle croisait, essayant d'y retrouver des visages connus. Des amis, qui pouvait savoir ? Des gens qu'elle connaitrait, qu'elle reconnaitrait.

Une voix, derrière elle, soudain. Non, deux, trois voix connues. Le coeur de la jeune femme bondit dans sa poitrine. Ces voix, elle les connaissait. Elle ne les avait pas entendues depuis si longtemps... Kremoseu, Johane, Abby. Trois Limousins, trois volontaires externes à la Licorne, manifestement. D'un mouvement ferme, Sindanarie fit faire volte-face à sa jument et sauta à terre. Un sourire franc éclairait ses traits quand elle s'avança vers ceux qu'elle avait reconnus.

Abby, Johane, Krem... Heureuse de vous revoir ! Vous avez fait bonne route ?

La joie de les retrouver n'était pas feinte. Oui, c'était sans doute en ces terres, où le Destin pourrait la faucher à son gré, qu'elle reprendrait goût à la vie.
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Lady_antlia
[Voyage, ça tangue, ça tangue ...]

Mouais ..... Plus d'une semaine de voyage, juste le temps de revenir chez elle pour accoucher, se remettre et repartir.
certains diront ensuite envier cette condition, cette voie que l'on appelle Chevalerie mais .. que de sacrifices, que de temps passé sur les routes, et loin des siens. Nith et Cerrid l'avaient prévenue et elle le savait en tant qu'ancien capitaine.

Aussi de Lyon, elle avait chevauché au devant d'une charrette de ravitaillement, quelques miches de pain et sacs de maïs pour ses frères et soeurs, que l'Errante avait accumulés au cas où. Conduisant le chariot, Azure, la nourrice d'Appolline, sa première fille et caché dans ce chariot, emmitouflé de peaux que des amis lui avaient offerts à Briançon, un enfanceau ... un joli minois à la peau d'albâtre et aux cheveux de jais. La couleur de ses yeux n'étaient encore déterminée mais oscillait entre azur et sinople, celle de ses parents.
Silencieux qu'il était, Antlia prenait soin de lui à toutes les haltes qu'ils pouvaient faire.

Le chevalier Julios qui l'accompagnait n'avait point été choqué qu'elle veuille conduire son enfant avec elle, mais aussi près de son père, afin qu'il le nomme. OUi ce serait lui qui le nommerait, elle l'avait décidé ainsi.
Elle lui avait donné la vie, il lui donnerait son nom.


Plus d'une semaine de voyage sans s'arrêter ... et au loin la ville de Chinon semblait apparaitre. jamais encore elle ne s'était rendue aussi loin de chez elle, et jamais elle n'avait vu cette région du Royaume de France. Ils avaient longé le fleuve que l'on nommait Loire et glissèrent leurs pas jusque Chinon.
Une main à son cou, caressant et la pierre et la croix venant de sa famille écossaise, pensive tout en chevauchant.
Que le destin leur préparait il? Qu'allait il advenir de ces jours futurs?

[ A la recherche des leurs, ou comment une chienne retrouve ses p'tits ..]

Pour le moment l'Etoile dodelinait du corps, Syrius au pas, arrivant dans un gigantesque campement en effervescence. Julios tanguait toujours, mais point de cape bleue estampillée de la Licorne à l'horizon: des blasons qu'elle ne connaissait pas, un accent qu'elle n'avait jamais entendu.
Peuchère, mais il y avait d'autres armées par ici?
Son regard se promenait à dextre puis à sénestre, cherchant une once de cape azure ou de visage connu: mais non.
Alors ils avançaient , se frayaient chemin entre ces braillards ou de ces costauds qui portaient de lourdes charges ou encore d'autres...
Le camp se finit ...Aucune trace de Licorneux...
Elle soupire la Blonde, elle ne s'est pas trompée de ville , on lui a bien repeté maintes et maintes fois que c'était Chinon...
Alors de continuer à contourner la ville. Vision accrochée par quelque chose qui claque, qui brille dans le ciel là bas .. au dessus d'un ... campement: l'étendard de la Licorne, enfin leur but était atteint.

Elle se sépara à l'entrée de celui ci, qui était de taille importante de Julios:

Frère, je vais rejoindre ma section, puis partir en quête de certaines personnes. Peut -être nous verrons nous par la suite, même surement .

Elle sourit à son tangage, puis prit le chemin laissé entre les sections afin de trouver celle d'Akane devant qui elle allait se présenter.

A la suite de son intégration, elle prendrait le temps de trouver Théa mais aussi .... Guidel afin de lui présenter sa descendance.


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Karyl
[Arrivée à chinon]

Un pacte, une promesse, un espoir... Et voila le petit blond, à peine revenu de Mortagne, repartant déjà sur les routes, direction Chinon. Lui qui portait encore les stigmates d'une rencontre trop rude avec des vauriens, le voila devenu protecteur d'une petite peste voulant revoir son père et portant sur ses frêles épaules une promesse faite à l'Anjou dans un climat de guerre dont il ne comprenait rien.

Par sécurité, Aurile et lui avaient voyagé de nuit, silencieusement? à travers la campagne tourangelle. En cette période de troubles, le petit blond, qui se remettait à peine de ses blessures, se serait bien passé d'un tel voyage; Cependant, il avait fait une promesse et se devait dès lors de l'honorer comme un homme. Et puis, Saumur, se n'était plus pareil sans la zoko, Georges était encore plus grincheux que d'ordinaire et l'ouvrier qu'il avait engagé prenait un malin plaisir à lui taper dessus dès que le vieux avait le dos tourné. Aussi, Chinon, malgré le risque de croiser les faucheuses lui apparut comme des vacances.
Ils arrivèrent finalement à Chinon peu après le levé du jour. Profitant de la présence de quelques marchands ambulant, ils se faufilèrent sans peine dans le village où il se séparèrent, Aurile souhaitant avant tout retrouver ce père pour lequel elle s'inquiétait tant. Elle laissa derrière elle un Karyl qui ne se souvenait que trop bien combien holaf n'aimait pas qu'il traine près de sa fille et qui préféra errer dans les rues jusqu'à ce que la piqure glacée du vent automnale s'infiltrant sous sa chemise de toile ne le décide à préférer la chaleur d'une taverne à la liberté des docks avant de se mettre en quête d'un lieu où dormir.

Et les jours passèrent. Seul dans un village qu'il ne connaissait pas, Karyl trouva tout d'abord une grange où passer la nuit. Pour se nourrir, il se mit à mendier ou à effectuer de petits travaux en échange de quelques piécettes. Mais soir venu, après être allé regarder les pêcheurs revenir à quai, c'est plein de vie et heureux que l'enfant courait en taverne profiter du feu de cheminée pour se réchauffer et des quelques clients pour se divertir et quémander de temps en temps quelques bonbons qu'il fourrait dans ses poches. C'est ainsi qu'il fit la connaissance des licorneux venus défendre la Tourraine. Oubliant qu'une guerre les séparait, Karyl qui détestait parler de sa vie, balayant chaque question trop personnelle d'un haussement d'épaules, voulait en revanche tout connaître d'eux. Au fil des jours, il apprit ainsi à les connaitre, et à la nuit tombée il troqua la grange contre leur campement promettant de leur faire gouter sa "fameuse" truite à l'orange en échange de quelques histoires. Il trouva en Marie Alice une femme douce et aimante, ce qui, malgré ses dires, était loin de lui déplaire et bien qu'il les savait éphémère, l'enfant était bien décider à profiter de chaque moment de complicité qu'elle lui offrirait.

Ainsi, tous les soirs, après une longue journée, il arrivait au campement un sourire au coin des lèvres, racontant ses aventures et ses projets à qui voudrait l'entendre, n'hésitant à pas donner au chef quelques conseils culinaires avant de courir observer à la lueur du feu les quelques chevaliers qui s'entrainaient encore puis d'aller enfin vers Marie Alice quémandant une nouvelle histoire. Et il était heureux le petit bout de rien dans cet ambiance effervescente qu'il aurait voulu éternelle. Pourtant un soir, Alors que Marie-Alice lui comptait une histoire, l'enfant avait la tête Ailleurs. Il repensa à sa rencontre avec cette femme aux longs cheveux roux, elle lui avait semblait si triste derrière ses sourires de façade. Alors, lorsqu'elle eut terminé, il fit semblant de dormir et lorsque tout fut enfin calme autour de lui, il en profita pour s'éclipser. Le petit bonhomme se mit alors à errer dans le camps à la recherche de cette femme. Il n'avait pas retenu son nom mais il savait que son épée était miséricorde aussi, questionnant de ci de-là les quelques hommes et femmes qu'il pouvait croiser, il finit par trouver la tente de celle qu'il cherchait.

Planté devant celle-ci, sautillant d'un pied sur l'autre, l'enfant hésita à entrer. Il resta ainsi quelques minutes, une moue sur le visage, à peser le pour et le contre C'est qu'il était courageux mais pas téméraire et n'était pas bien sur de ce qu'il allait trouver. Et puis, il ne la connaissait pas, qu'allait-il pouvoir lui dire? Il se sentit un peu idiot et décida alors de faire volte-face et de se réfugier dans les bras accueillant de Marie-Alice, et pourquoi pas lui demander de compter encore l'une de ses aventures. Pourtant, après quelques pas il se stoppa de nouveau, et se retournant il regarda cette tente puis plus loin le feu de bois où riait quelques chevaliers. Dodelinant de la tête karyl fit finalement demi tour sans trop savoir pourquoi,où plutôt si. Il savait combien il pouvait être dure d'être seul, surtout quand autour de soit tous semblent s'amuser. Quel homme serait-il donc s'il partait chercher réconfort et amusement en la laissant triste et toute seule? même si elle avait la bague pour la consoler Karyl ne parvînt à se résigner à aller rejoindre les autres. Revenant sur ses pas, il murmura tout bas : "je peux entrer?". Il attendit un instant, aux abords de la tente, tout était calme et seul le vent et des éclats de voix lointains venait troubler la quiétude des lieux. L'enfant regarda alors à droite, puis à gauche.. personne ne semblait se préoccuper de sa présence. Délicatement il releva alors un pan de la tente. A l'intérieur, tout était noir ce qui lui fit légèrement peur mais c'était un aventurier et les aventuriers n'ont peur de rien aussi, prenant son courage à deux mains, il fit un nouveau pas vers la couche de la jeune femme. Il ne distinguait pas grand chose et n'était pas bien sur qu'elle dorme mais sa résolution était prise. Tachant alors d'être le plus discret possible, il se posa finalement en boule au côté du lit de fortune, empruntant la cape licorneuse en guise de couverture.
Lui non plus n'avait personne et nul part où aller et il savait ce petit va nu pied, malgré son âge, la tristesse que cela pouvait engendrer. Il n'avait pas les moyens de rendre moins triste les yeux de la femme chevalier, il ne savait rien de sa vie où de ce qui avait assombrit ses yeux mais cette nuit là, il était persuadé qu'il n'y avait pas au monde un autre endroit où il devait être. Parce que dans sa tête de petit garçon, personne ne devait rester tout seul et c'est avec cette pensée en tête et un sourire au bord des lèvres, dans un étrange sentiment de sécurité que l'enfant s'endormit rapidement, Morphée l'entrainant certainement vers de nouvelles aventures faites de chevaliers, de rires et de bagarres avec Louis.
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un simple gamin des rues...
Rochefort
Chinon, la tournée des tavernes

Voila plusieurs jours que Rochefort errait dans la ville de Chinon... Il était venu pour se battre, et c'est donc joyeux qu'il participa à monter le camp de l'armée Virtus Unita Fortior.

Lorsqu'il vit la bannière, il s'interrogea d'ailleurs sur le sens de ce nom, après avoir perdu une heure à déchiffrer les lettres ; mais il oublia bien vite cette quête, préférant passer son temps à d'autres occupations.

Ses journées se résumaient ainsi : se lever lorsque il n'arrivait plus à dormir, tourner dans l'enceinte de la ville, son gros gourdin sur l'épaule, guettant les éventuels marauds, pour finir en taverne, le plus souvent alcoolisé, dans les bras d'une ribaude bon marché...

Il commençait à en avoir marre, ça lui rappelait quelques campagnes précédentes... Et puis, il cherchait à se défouler, à s'entrainer... Mais pas un soldat ne voulait lui accorder ce plaisir... Sa haute stature faisait peur sans doute... Il faut dire que des quelques rixes auxquelles il participa ces derniers jours, il y eut de la casse...

Alors il continuait à parcourir les Tavernes, du moins celles qui l'acceptaient encore... Encore un mois, et il serait sans doute interdit de tout établissement...

Que pouvait-il y faire... On l'avait embrigadé pour guerroyer, ce qu'il savait faire de mieux... Mais si l'ennemi ne pointait pas son nez...

La brute pourtant avait changé depuis son arrivée... Faute à cet enfant qu'il avait croisé...

Peste soit ce môme qui voulait se battre... Comment ne pas y penser...

Rochefort grognait en y repensant... Il avait l'impression de se revoir en enfance... Bon la comparaison s'arrêtait là, Rochefort n'ayant guère eu d'éducation...

Mais si les combats débutaient, sa priorité serait de trouver le mioche et de le fourrer dans le premier placard venu, avant d'aller taillader le coeur gonflé l'ennemi !

La nuit tombait...Rochefort, comme chaque soir, entamait sa tournée...
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Rochefort est de bonne humeur ce matin...
Cerridween
[La vie est un conte de fée qui perd ses pouvoirs magiques lorsque nous grandissons.]

« Je peux rentrer ? »

La Pivoine avait sombré dans un sommeil plein de rêves qui suivaient le cours des bruits de la nuit. Les yeux émeraudes se sont ouverts d'un coup, scrutant la peine ombre de la tente qui ne révèle rien. Un instant le doute, au milieu des limbes du sommeil et de la fatigue qui s'accrochent à ses paupières. Etait-ce dans ses songes que la petite voix est apparue ? Une toute petite voix... elle reste immobile sous la grande couverture. La main ne se porte pas vers le couteau qu'elle garde toujours à portée. Pendant un instant rien ne se produit...

Ce n'était qu'une voix lointaine... elle fleurait le passé. Les voix d'antan qui résonnait dans l'hôtel de Bordeaux où la marmaille de la mesnie courait sans se soucier des problèmes des grandes personnes. Ou celles qui peuplaient le jardin de Beaumont se courant les unes après les autres avant qu'une se brise dans un chagrin de môme qui est tombé, plus vexée que douloureuse de ne pas avoir pu suivre ceux qui étaient hauts comme trois pommes.... une pomme de plus... celle qui craquait entre les deux des goûters. La voix du petit Guilhem encore innocent, intact, qui n'avait pas reçu plusieurs raclées de la vie. Le babillage de Laïs qui n'était pas loin... qui était toujours là... là dans ses bras le soir à ronfler comme une bienheureuse le bouche entrouverte au coin d'un feu. Ah le temps béni de l'enfance... la sienne est bien loin. La leur aussi...

Elle allait refermer les yeux quand le tissu de l'entrée de la tente dans un léger froissement. Et une petite silhouette apparaît dans le faible raie de lumière qui entre en cette nuit, suivi d'un courant d'air froid. La main qui s'était crispée sur la garde se relâche... la petite bouille ébouriffée reste un instant dans l'entrée, en ce contre jour, faible clair obscur qui se révèle dans l'encablure de la porte de fortune. Les sinoples papillonnent un instant pour s'assurer de ne pas être retombée dans les brumes nocturnes d'un songe qui lui semblerait éveillé. Mais non, l'air froid qui vient mordre doucement ses joues la rassure sur le fait qu'elle soit bien consciente... Karyl... diantre... mais que fait-il ici ? Sa bouche s'ouvre pour l'appeler doucement... le petit bout d'homme s'approche à pas feutrés, après une période de latence... elle le distingue à peine s'approcher du lit de camp et se pelotonner au sol. Elle reste interdite. Elle reste là, sur sa couche à écouter le bruit de la respiration qui se fait petit à petit plus régulière, comme un ressac, allant et venant dans une légère mélodie...

Il s'est endormi... comme tous les gamins du monde s'endorment. Comme des masses quand le sommeil les prend, les cueillent doucement. Il lui fait un peu penser à Luthifer... dépenaillé, enfant des rues, une fierté en proue, une gouaille à en faire pâlir les pies... et un cœur énorme malgré les blessures qui déjà l'ornent. Trop déjà pour un si petit être... La Pivoine se relève doucement. Avec précaution ses pieds se posent au sol en prenant soin de ne pas heurter le petit bonhomme qui dort à poings fermés... elle prend son doublet de laine noire et l'enfile. Lentement elle s'agenouille et le plus lentement possible prend Karyl dans ses bras. Il y a bien longtemps qu'elle n'a pas fait ce geste si maternel... depuis... elle se retient de soupirer en posant le petit blond sur le matelas du lit et en rabattant les couvertures sur la petite carcasse alanguie. Quelques pas vers la table et une chandelle s'allume. Lentement elle revient voir si le petit dort bien. Visiblement... sa main burinée passe un instant entre les épis blonds... une caresse... une fugace caresse qui vient remettre en place quelques mèches revêches. Petit bout d'homme... puisses-tu le garder longtemps ce coeur sans condition et sans envie... elle pose enfin un baiser du bout des lèvres sur le front qui dépasse de la lourde pelisse...

Elle est restée longtemps à le regarder dormir. Avec un demi sourire qui s'est peint sur sa bouche... La tête dans la main ouverte en calice pour recueillir souvenirs et pensées. Avant le petit matin, elle s'est habillée et elle est sortie. Un homme d'arme a été alpagué. Il a pour ordre d'amener une grande jatte de lait chaud au miel quand le petit qui occupe sa tente et son lit serait réveillé... dans les yeux de la Maitre d'arme passe la menace du sort qu'elle réservera à quiconque viendrait à le réveiller. Et qu'il était ici chez lui comme bon lui semblait. Qu'il veuille rester ou partir... mais dans le cas où il partirait il fallait lui remettre la petite bourse de cuir qui était sur son bureau. Et dans la brouillard matinal, la maitre d'arme se perd pour rejoindre le commandement et les rapports du matin... un fin sourire encore accroché en coin...
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Fildais
[Entre Chinon et l’ailleurs… mais surtout à Chinon]

« Soy la selva obscura… y soy la lluvia rubia… »

Egrenant inlassablement depuis des jours un poème sans âge qui lui fut appris par un galicien chenu au bout d’un chemin lointain, tâchant de ce rappeler avec exactitude ces mots au goût d’âpre soleil et de poussière, la blonde restait là, perchée sur sa monture son regard crépusculaire s’embrumant dans l’aube naissante d’un matin tourangeau. Encore un ! Elle avait perdu le fil des jours, des semaines et p’têtre des mois, elle n’en savait plus trop rien.

La Touraine l‘avait replongée dans ses vieux travers pernicieux fait d’anciennes insomnies, de vagabondages équivoques et de sombres inquiétudes. Ce duché là, avait creusé en elle lui laissant que la peau sur l’échine, donnant un air grave à son visage hâve et lui collant une allure de moribonde sur le dos. Et combien de fois l’on pouvait entendre la jeune fille maugréer entre ses dents : « Fichue Touraine » pourtant l’inlassable rouspéteuse s’en allait chaque soir la défendre et veiller sur sa Duchesse.

Devant elle s’étalait un champ de tentes comme des petits champignons, des Licornes, des Blanches et l’Ordre de la Cosse d’elle-ne-sait-plus-quoi, un nom qui sonnait un peu la flemme à son avis ou le haricot, c’était selon. Un sourire tel un papillon éphémère s’installa sur ses lèvres sèches. La jeune fille s’amusait parfois avec des petits rien, égayant son cœur assombri, et mettant parfois un rire dans sa gorge au goût de cendre. D’un mouvement ample de sa hanche, la blondinette se glissa en bas de sa monture, tenant fermement la longe de sa camarguaise et s’avança doucement vers le village provisoire.

Les prunelles éteintes montrèrent un temps d’hésitation, fallait-il aller dans l’azur et l’argent pour y retrouver celui pour qui l’absence était cilice pour la demoiselle, et ses peut-être futurs frères ou plutôt vers l’écu verdoyant de ses anciennes sœurs et y revoir sa noiraude pétillante, râleuse professionnelle…

Nous verrons au gré de la rencontre…

Et de son pas masculin, fildaïssien à souhait, elle s’avança s’abandonnant au destin qui choisirait pour elle.
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Attention humeur variable.
Toujours mie de son pain et femme-lige de la (maintenant) Duchesse Bitterly.
Karyl
Le temps d'un instant...

Ce n'est qu'au levé du jour, lorsque les premiers rayons de soleil vinrent caresser la tente que l'enfant émergea de ses limbes. Encore groguy de sommeil, le petit garçon resta un instant interdit puis se frotta les yeux comme pour vérifier qu'il ne dormait plus tachant de se rappeler où il se trouvait. Son aventure de la veille lui revînt alors en mémoire et s'est avec un sourire radieux qu'il reconstitua le fil de sa nuit. En riant, il profita un moment du confort du lit auquel il n'était guère habitué, écartant bras et jambes pour en occuper tout l'espace. Mais bien vite, un visage, un souvenir traversa son esprit le faisant se redresser. Cerridween avait disparu. Cette constatation fit naître une moue boudeuse sur le visage angélique du garnement légèrement déçu. La maître d'armes, en ces temps de conflit, avait certainement mieux à faire que palabrer avec un petit vagabond. Cependant, l'imaginer entrain de s'entrainer ou dans de grandes réunions de chevaliers suffit à redonner le sourire au môme. A présent bien réveillé, il laissa son regard caresser le mobilier, surement rudimentaire aux yeux de la maître d'armes mais qui, pour lui, recelait milles merveilles. Se levant, il vînt effleurer du bout des doigts la table, le secrétaire d'un air rêveur.

- Déjà d'bout gamin?... la voix forte d'un garde entrant dans la tente fit sursauter le gamin qui se figea comme pris en faute. Apeuré, il recula d'un pas, regardant autour de lui à la recherche d'un échappatoire hélas illusoire... "J'ai rien fait de mal, je promet", murmura-t-il alors d'une petite voix fluette à peine audible. Le garde se mit à rire et lui expliqua alors les consignes qu'il avait reçu de la maitre d'armes.
Karyl se détendit aussitôt et tandis qu'on lui apportait son lait chaud, il s'installa auprès du garde posant milles questions sur Cerridween, sur la licorne sur les chevaliers avec tout l'empressement qui pouvait le caractériser.

Le petit déjeuné terminé, Karyl se leva : - Je dois partir maintenant parce que Akane elle m'a promis de me apprendre à monter à cheval. Tu savais toi qu'on disait pas cheval pour une fille? ben moi je savais pas et Akane elle a une fille et même que c'est Opale son prénom.. Tu as un cheval toi?
L'enfant, fidèle à lui-même, avait déjà tout oublié de ses tracas de la veille débordant à présent de joie à l'idée de monter à cheval si bien qu'il avait presque du mal à tenir en place. Le garde, quant à lui, sembla s'amuser du tempérament fougueux du bambin.
- Le capitaine m'a également demandé de te donner quelques chose, fit-il en disparaissant sous la tente avant de revenir, une instant plus tard, avec une petite bourse. Tiens, prends c'est pour toi, termina-t-il en tendant la petite bourse à l'enfant qui le regardait avait de grands yeux surpris ne comprenant pas très bien pourquoi on la lui donnait. Il n'était pas venu demandé la charité, il voulait juste essayer de réconforter la femme triste. Il allait alors la refuser quand une idée lui traversa l'esprit faisant naitre un nouveau sourire sur son visage. Dans un "D"accord" empli d'assurance le gamin se saisit de la bourse qu'il flanqua dans sa poche. Surement que cerridween n'en avait pas besoin, cet argent servirait au vieux mendiant qui l'avait aidé au marché quelques jours plus tôt.

-Dis, je peux lui écrire à la dame pour lui dire merci? , demanda Karyl.
Une plume et un vélin plus tard, l'enfant relisait déjà sa prose fièrement. Ceci fait, la lettre vint se poser sur le lit de fortune qui l'avait accueillit le temps d'une nuit accompagné de la petite fiole que la jeune femme lui avait offert tandis que le môme repartait en courant vers la tente de Marie Alice non sans avoir quémandé au garde une partie de cartes dans la soirée.
Sur le mot il n'y avait pas écrit grand chose, simplement ce que l'enfant avait prévu pour sa journée, l'invitant à le rejoindre et un merci..

[Un peu plus tard...]
Sur le chemin le ramenant vers Marie, Karyl arborait un sourire. Même s'il n'avait pas revu la femme aux cheveux roux, il était heureux. On lui avait dit qu'elle avait sourit et c'est bien tout ce qui comptait.

Cette femme lui avait fait pensé à lui, quand il avait reçu le parchemin quelques jours plus tôt : "J'ai fait passer la compagnie avant toi, et il sera toujours ainsi désormais. " Ce n'était que quelques mots lancés parmi d'autres, de simples mots n'énonçant rien de plus qu'une vérité, une simple vérité. Une vérité froide, implacable, immuable.. Elle l'avait blessé cette vérité et puis, Marie Alice lui avait expliqué. *** Elle te parle comme à un homme. Non, Karyl, elle ne dit pas qu'elle ne veut plus de toi. Tu comprends?***

Karyl avait dit oui mais là, assis par terre, le regard fixé sur le vélin qu'il venait une nouvelle fois de sortir de sa poche, il devait admettre qu'il n'était pas bien sur de savoir ce qu'il fallait comprendre. Il avait cependant retenu une chose, Félina voulait le traiter comme un homme, aussi, c'est en homme qu'il lui répondrait. Il était trop petit, trop frêle pour pouvoir rester avec elle mais peut-être un jour quand il serait serait devenu fort, les choses serait différentes. Posant le parchemin sur une souche d'arbre à côté de lui, Karyl souria et murmura simplement "Je comprend" comme si la mercenaire pouvait l'entendre. Il allait poursuivre son chemin, suivre les licorneux peut-être un temps, rentrer à Saumur pourquoi pas, protéger Aurile surement. Il allait faire pleins de choses en espérant que, de son côté, tout irait bien aussi pour la jeune mercenaire.
Regardant une dernière fois le parchemin posé là, karyl sourit une nouvelle avant de partir en courant à travers le camps des licorneux pour une journée pleine de promesses.

Ce soir, il prendrait le temps de lui répondre, lui expliquait tout cela mais pour l'heure il avait autre chose en tête et qui sait, peut-être que la maitre d'armes qu'il voulait revoir, prendrait le temps dans la journée de venir le voir s'entrainer avec les chevaux.

Edit : pour quelques modifications mineurs et ajout des liens
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un simple gamin des rues...
Alethea
Le nez en l’air, le regard tourné vers un ciel aussi blême que son visage fatigué, les bras serrés sur sa cape azure pour se protéger d’un froid que la fatigue rend plus mordant qu’il ne le devrait, l’errante essaie de faire le vide, d’éloigner ses sombres pensées, un instant au moins, puisqu’il ne semble pas être question de s’en débarrasser, de chasser les visions morbides qui l’ont plongée dans cette peur… Des jours pourtant que le sommeil lui échappe, que rien, ni les heures, assise, penchée sur ses rapports, ni les entraînements acharnés ne lui permettent de le retrouver… Ne pas fuir ceux auprès de qui elle s’est engagée, le serment qui fait sa vie. Ne pas rester non plus pour ne pas les mettre en danger. Juste, peut être, commencer par s’éloigner, sans illusion pourtant sur les vertus de cet isolement dont elle n’espérait qu’une vague trêve. Retrouver un peu de chaleur, se cacher dans un recoin que les ordres et les soldats auraient épargné. Ne plus avoir à faire bonne figure comme si tout allait bien et que le combat qui se préparait n’était qu’une mission de plus.

- Et bien sœur, tu sembles pensive…

La main d’Akane qui a doucement frôlé son épaule, la fait sursauter. Il va falloir lui répondre. Et comme à chaque fois, l’envie d’exprimer ses craintes vient lui tenailler le ventre. Ce serait peut être une délivrance de lui dire enfin qu’elle ne peut pas rester, qu’elle n’est pas faite pour ça, que ça lui fait trop peur finalement. Que c’est une chose de veiller des nuits sur les remparts pour prévenir le danger et une autre de l’affronter vraiment ! Que savoir parer une attaque d’un revers de taille ne prépare pas à l’idée de trancher un homme, aussi dangereux soit-il. Qu’elle a trop peur que tout s’arrête trop vite, aussi. Mais Akane est sa sœur d’armes. Comme elle, elle va risquer sa vie, comme elle, elle va en prendre peut être. Sur le champ de bataille elles devront être côté à côte. Si Thea lui dit sa peur que va-t-elle faire ? Alors encore une fois elle se tait et cherche une réponse neutre qui lui permettra de s’éloigner…

Bonjour Akane, je pensais à une jeune femme qui a demandé à nous rejoindre le soir de notre départ de Blois et à laquelle je n’ai pas répondu. J’ai trop longtemps repoussé cette tâche je vais le faire de suite.

Fuyant les questions supplémentaires et le regard du Cavalier, Alethea rentre alors dans sa tente. Et puisqu’elle a évoqué Alixane et qu’elle lui doit vraiment une réponse, elle prend le sac qu’elle traîne partout depuis des mois et dans lequel elle a des vélins et des plumes et quitte le campement pour la ville.
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Sindanarie
[Un jour nouveau.]

Le jour n'était pas levé quand Sindanarie s'éveilla en sursaut. La rumeur d'un camp ne s'éteignait jamais vraiment... Peut-être était-ce cette douce berceuse qui l'avait ramenée hors de ses rêves inaccessibles, après tout. La réalité reprit rapidement ses droits sur le monde qui hantait la jeune femme, et elle se débarrassa de la couverture qui tombait sur elle comme une chape de plomb.

La nuit avait été calme... Trop calme, peut-être. Froide et limpide. Difficile de s'endormir dans la tente froide... Difficile de chasser de son esprit les souvenirs qui se pressent derrière ses paupières closes.

La Bretagne... Les nuits étaient plus douces, là-bas... Campement de la COLM. Sept lances remplies, dont une de Licorneux. Première fois qu'elle les voyait, qu'elle en entendait parler. Les combats, l'avancée en terres bretonnes, la prise de Fougères... Combien de temps avaient-ils tenu la ville, en cette fin de printemps ? Une semaine ? Plus ?

La Bretagne... Et les jours rouges à force de combats. Le sang partout, les expéditions, les escarmouches, les embuscades, les épées, les dagues, les couteaux, les gourdins. Les Bretons fauchés en plein geste. Et les frères tombés au combat. Les chefs de lance d'abord, puis tous les autres... La tente des barbiers, bondée, puant la mort aux quatre vents. Le regard de celui qui avait essayé de l'abattre, et qui finalement avait juste fracassé son bouclier sur son bras, y laissant une longue entaille depuis longtemps devenue cicatrice.

L'aube finit par venir à la rencontre de Sindanarie, sortie de sa tente après avoir remisé ses vêtements de voyage dans un coin, se promettant d'aller les laver à la première occasion. Que faire, à présent ? Quel calme... Rien à signaler. Les gardes semblaient plus que tranquilles... Cela donnait à l'Ecuyère une impression de calme avant la tempête.

Avant une tempête... Il faudrait être prête à y faire face. Toutes lames aiguisées. Nécessaire de barbière prêt. Retour à l'intérieur de la tente, le temps d'attraper la pierre et le cuir qui lui servaient à aiguiser le métal, et de prendre les lames en question. La bâtarde de la Licorne, la dague de la botte, l'ancienne bâtarde enfin, compagne de ses premières campagnes.

Et voilà la jeune femme, assise en tailleurs, la cape de la Licorne sur les épaules, occupée à affûter, pendant un temps qu'elle n'aurait su déterminer, ses fidèles défenseurs. Quelques mots, quelques paroles d'une vieille chanson passèrent ses lèvres, complainte d'un amour hors d'atteinte. Retour en Bretagne... Mêmes gestes, mêmes pensées. Presque. Oh, si seulement le Destin pouvait frapper vite...

Notre vie est un voyage
Dans l’hiver et dans la Nuit,
Nous cherchons notre passage
Dans le Ciel où rien ne luit.

Quelle impression de solitude... Cela passerait sans doute.
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Mackx
Si l'on avait voulu résumer l'histoire de Mackx - en partant du principe fictif qu'un jour quelqu'un s'y intéresse - durant ces deux dernières semaines, les sept derniers jours tiendraient peu de place. Ceux d'avant par contre ...

Ceux d'avant qu'il n'arrive à Blois, rejoignant de ce fait ses frères et soeurs licorneux ainsi que la grande brinqueballe des membres des différents ordres qui s'étaient joints à eux. Ceux où il était seul sur la route, et où il avait traversé l'Anjou. Ceux où il avait assisté à l'affrontement de deux armées qui l'avaient, par chance, épargné. Ceux où il avait négocié serré avec la bande à Falco., fuyards des combats de Saumur, qui ne lui laissaient que deux choix dont il ne voulait pas : le brigander ou se servir de lui comme escorte.
Alors, en digne fuyard lui même, il planta là ledit Falco. et fonça sur Chinon, en évitant par un envoi de courrier tardif les lames tourangelles censées défendre la ville.

Oh oui ... ces trois jours là avaient été plus riches en événements que les sept ou huit derniers, mais qu'importait. Si il avait cherché à tout prix l'adrénaline et la vie dangereuse, il lui aurait suffi d'être brigand. Il se sentait assez malin et assez informé par ses années de service dans la police, que pour se dire qu'il aurait fait un brigand de bonne facture, à défaut d'être exceptionnel.
Mais cela n'avait pas été sa voie, pas été son choix. Il avait embrassé la voie de la Chevalerie, en essayait de continuer sur ce chemin ardu car malgré tout ce qu'elle faisait endurer à l'âme et au corps, cette voie était bien la seule qui vaille la peine d'être vécue.

Voila pourquoi le Vicomte était depuis près d'une semaine sur les remparts de Chinon, patrouillant, scrutant l'horizon et cherchant à déceler le moindre mouvement suspect au loin sans avoir d'autre action que celle d'aller de temps en temps en taverne et d'échapper aux épilations des furies qu'il convient pour la postérité de ne point nommer ici. Qu'importait ! Il n'était pas ici pour son amusement personnel, il était ici pour aider à mettre fin aux agissements sans bornes du Poilu. Et si pour cela il devait rester même un mois statique sur un rempart, il le ferait.

Il en était à ce point de ses réflexions lorsqu'il parvint à sa tente, dressée comme les autres au milieu de cette marée bigarrée de tissus, d'étoffes, d'hommes et d'armes qu'était ce campement. Il revenait de patrouille et espérait avoir un peu de temps pour lui afin de répondre à la correspondance qu'il recevait, nombreuse ces derniers jours.
Une fois cela fait, il sortit un billot dont il se servait comme tabouret depuis quelques jours et s'assit dessus, son lame nue dans la main gauche et une pierre dans l'autre ... une copie d'un message royal était arrivé jusqu'au campement ... il était temps d'aiguiser son épée.
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Ewaele
[Le déni]

Refuser ce que son corps pouvait lui laisser entrevoir, refuser d’ouvrir les yeux sur un état qui durait depuis trop longtemps déjà… Des jours et des jours sans qu’elle veuille s’avouer que quelque chose ne tournait pas rond, qu’elle changeait, mentalement et physiquement. Se dire que ce n’était rien et que c’était une certaine mélancolie qui s’était emparé d’elle. Mélancolie certes, mais elle ne pouvait tout rejeter derrière ce mot qui voulait tout et rien dire. Depuis la mort de son frère et le départ du Limousin, elle n’était plus tout à fait elle-même, mais pas à ce point. Elle s’enfonçait dans des limbes et ignorait des signes propres à un état qui ne pouvait laisser de doutes pourtant. Elle avait trouvé dans l’errance une nouvelle force, une nouvelle envie de continuer toujours plus vite, plus loin. Voyager à s’essouffler, à se perdre, à s’enivrer, à n’être plus qu’une femme parmi tant d’autres oubliant ses titres et ce qu’elle avait pu être. Jusqu'à ce retour précipité sur Paris où il était. Jusqu'à ce jour où enfin des cœurs s’étaient livrés, avoués, libérés des non dits, des rumeurs, des salissures. Jusqu’au moment où les mots n’ayant plus leurs places, les yeux, les mains et les corps avaient repris le dessus sur le temps. L’arrêtant.

Et de plonger dans ce souvenir ne pouvait que la mettre en émoi, là dans ce campement où tout bougeait, tournait, virevoltait, où des tentes s’étaient montées, où chacun avait su trouver sa place. Passer de mâtines à laudes, à prime, à tierce, à sexte, à none, à vêpres jusqu’aux complies, en regardant évoluer les différents personnages. Jusqu’au nouveau jour qui poindrait. Mais elle, elle en était là dans ses réflexions. Là où tout avait pu commencer, où tout avait prit vie. Comment ignorer, comment vouloir ou pouvoir l’oublier? C’était la question qui la taraudait et à laquelle elle ne pouvait donner de réponse sans se replonger un peu plus d’un mois en arrière maintenant. Le temps, ménagère méticuleuse, frère siamois de la mort aussi, balayait tout. Les souvenirs heureux d’abord et le tout se déchiquetait ou s’effilochait. Petite neige d’été. Quand ils survivaient, cela n’était que pour se rappeler à ce qu’on avait perdu et le désirer si fort qu’on s’y perdait. On ne rattrapait pas le temps perdu. Les trésors perdus non plus. Le naufrage des heures qui coulaient, tout sombrait en définitive. Le vélin brûlait, l’encre se diluait, les cœurs cessaient de battre pour peu qu’ils aient déjà battu. Avant. Un jour? Le bonheur, lui, on le jurait, la flamme dansante au fond des yeux, « c’est demain ». Pour faire plus vite et abréger cet enfer qu’était l’attente. Mais demain ne venait pas. Tragédie. Etre au lendemain de quelque chose sans être à la veille d’une autre. Cruelle destinée. Et le temps ne jouait pas en leur faveur, ni les évènements. Cette promesse, cette date ne seraient qu’un jour parmi tant d’autres, il fallait l’oublier, l’enterrer, il ne serait rien de ce bonheur qu’ils voulaient construire, il ne serait rien…

C’était une histoire fragile, comme on en trouvait au milieu des manuscrits, une histoire banale, comme on en trouvait dans les faits divers. Les lésions profondes emporteraient leurs âmes abîmées de l’autre côté du fleuve, un jour. Progressivement un mur de pierre et de silence s’était bâti entre les deux amants. Eux pensaient poser chaque jour les briques de leur avenir, mais sous la sueur, les larmes et le sang, la paroi de verre grandissait. Grandissait, toujours plus. Et, au moment de se prendre dans les bras, on ne voyait que soi, soi et son reflet atroce, soi et sa mine triste. C’était un rendez-vous manqué avec la vie, un qu’on ne rattrapait jamais. Repousser cette cérémonie était somme toute logique mais cela laissait un goût amer déjà naissant au vu de leur vie.

[Demain se levait déjà.]

Et tragiquement on oubliait la suite, la pensée s’opacifiait, la brume se levait. Doucement on se rappelait la réalité, les cours, le travail, toutes les vanités grotesques qui nous déshumanisaient.…Les consciences dévastées, la morale et le beau consumés.…La détresse, appel lucide d’une conscience, cri vers l’abîme passé pour un écho qui ne venait pas, qui s'égarait sur les vieilles parois des tentes...

« Mais je rêvais encore, et j’y croyais bien plus fort,
Les étoiles enflammées, qui s’envolaient sur l’aurore,
Le brouillard des idées, qui filaient et s’évaporaient,
Toute une éternité, plus de vie plus de mort. »

Tous ses matins étaient des nuits noires, un spectre étouffant, prêt à la dévorer. Elle n’avait plus d’avenir. C’était ce qui rendait la vie divertissante, sans haine ni rire ni plaisir. Le mal l’entraînait dans sa spirale infernale. A peine mettait-elle un doigt dans l’engrenage que le corps se mettait en branle, happé, la rémission était impossible, la liberté s’appelait soumission.

Elle se sentait mal, le cœur qui se perdait dans sa poitrine et la bile qui se coinçait dans la gorge. Son estomac qui criait mais elle ne l’entendait pas, il était submergé par les flots. Son gosier brûlait et elle avait froid... Y avait cette douleur au ventre qui ne la lâchait pas et l’ombre qui prenait forme. Y avait ses peurs infantiles qui revenaient et elle vomissait. Ca brûlait sa gorge, c’était mouillé comme de la neige qui fondait. C’était froid, cela brûlait. Le sang qui battait ses tempes ne voulait pas redescendre. Ses mains tremblaient, ses lèvres balbutiaient, les phrases n’étaient pas cohérentes. Elle se détestait, ce sourire en coin, son visage figé, ses blessures et sa vie misérable qui ne sortait pas de la route pavée par ses parents. Elle avait les jambes à l'envers et du magma qui coulait pour faire fondre sa tristesse. Un verre, juste un… Le temps de son cœur était capricieux, en ce moment, un nuage grisonnant y faisait pleuvoir une pluie acide à s'en brûler la peau. Ses lèvres se fendaient à lui faire mal quand son esprit était noir charbon. Ses larmes acides creusaient ses joues trop fragiles. Elle n’était pas motivée, son esprit la ramenait sans cesse à lui. Elle essayait de travailler pour oublier. Elle aurait voulu provoquer cette souffrance, appuyer et adorer la douleur à son apogée, atteindre la folie par la douleur, perdre la réalité, se noyer dans ses rêves nébuleux, ne plus exister, s'évanouir, rester dans cet état comateux qui la rendrait peut-être heureuse...

Plus tard… Un bruissement de feuilles pour une larme, lente et sincère. L’automne s’installait, l’air frais rougissait la peau, les feuilles jaunissaient, tourbillonnaient. Au second on apercevait la cime des arbres, elle tutoyait le ciel. Le vent se levait et balayait la salissure. Les branches se secouaient, les oiseaux sifflaient, le soleil se cachait sous les épais nuages. Il était un peu comme elle, il profitait du froid pour se parer de gros habits cotonneux. Il profitait du noir pour s’amuser et taper sur la lune, il trompait l’ennui et la routine. Les mains se serraient pour retrouver la chaleur d’antan, comme une joie inexplicable, une alchimie magique de se retrouver.
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