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[RP] Le dolmen de Bagneux Saumur

Belzebuth_l_encapuchonne



Pas la vôtre du moins...

Le ton est presque amusé lors qu'il répond. La farandole ralentit et les voiles retombent avec une langueur qui leur est propre. Il a entendu, mais surtout il a senti le sanglot rieur contre sa poitrine.
L'étreinte se resserre une nouvelle fois tandis qu'il les maintient là, immobiles, conservant cet équilibre précaire, furtif. Sa main gantée presse doucement la tête qui repose sur son torse, ébauche une caresse clandestine.
L'Avarice prend et se délecte de ces instants volés qu'il fait siens.
La question, par trop futile, n'aura d'autre réponse qu'un grondement léger sous l'ivoire.

Les secondes s'écoulent et il devine les battements de coeur de Sorianne, irréguliers, affolés par trop de sensations.
Il sait désormais ce qu'il veut d'elle. La voix assourdie par le masque, il reprend, plus bas.


Vous allez devoir me faire une promesse...

Il traine pour être certain d'avoir toute son attention et laisse planer un soupçon de gravité.

Et l'honorer...

Très lentement, il se détache d'elle, laissant tout juste un espace infime entre eux, avant d'aller chercher son menton pour lui faire redresser le visage, cherche au travers des fentes obscures comme pour sonder ses yeux immenses dans la pénombre. Ils brillent, encore humides, il décèle même une larme encore qui perle accrochée à ses cils noirs.

La promesse de ne plus regarder en arrière ; de vivre et d'aller vers ceux qui vous donneront sans rien demander en retour ; de ne plus craindre d'être hors des sentiers battus ni le jugement stérile des autres.

Il temporise, encore, laissant tout de même ses doigts glisser sur ses reins. Troublant et aussi sombre que la confusion que procure le contexte. Son regard ne se détache à aucun moment du visage pâle de la noiraude. Il sent le trouble, le cherche, autant qu'il a ressenti la vie en elle, l'envie mordante de laisser là tous ses carcans et de poursuivre allégée de ce poids, alors qu'ils tournoyaient enlacés dans leur folle ronde.

Belzébuth, Prince Démon de l'Avarice, attend son du.



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Bien mal acquis profite... mais plus à la même personne, voilà tout !
Sorianne
Quand la danse se calma, l'esprit était vide de tout ce qui pouvait la préoccuper il y avait peu encore. Un moment de répit qui lui faisait le plus grand bien. Qu'il était étrange cet instant... Qu'elle était étrange cette atmosphère créée là. A tel point que sa curiosité s'était tue. Peu lui importait qui se trouvait sous le masque. Peu lui importait ce qu'il était. Il était là, et quoi qu'il fut, il l'avait soulagé au moins pour un instant. Peut-être parce qu'il lui avait demandé de raconter? Ce que très peu de monde avait fait? Pourtant elle ne s'était pas confiée à ceux qu'elle appréciait ou davantage... Comment leur faire face après pareille confession?

Il n'avait pas de visage autre qu'un masque blanc. Elle ne voulait pas savoir qui se trouvait derrière. Oh non... Dépersonnifié, elle pouvait lui parler, se confier, raconter et ne pas avoir honte. La douce caresse qu'il lui prodigua la fit s'enfouir un peu plus contre lui, à l'abri du monde qui s'était fait trop dur pour elle, sa respiration reprenait lentement un rythme normal et la noiraude ouvrit les yeux quand elle entendit la voix chaude sous le masque, et un air sombre lui envahit le visage. Personne n'avait tenu les promesses qu'on lui avait faite. Elle même avait failli...

Il se détacha et... Elle eut froid. La magie était sur le point de se dissiper et elle craignait l'instant où cette sombre silhouette s'évaporerait, la laissant de nouveau seule. So se laissa faire, manipuler avec une trop grande confiance, et le regard se posa sur l'ivoire, cherchant l'éclat des yeux derrière le masque froid et sans vie.

La demande lui fit froncer les sourcils. Y arriverait-elle? Comment pouvait-elle faire? La main dans son dos lui prodiguait une chaleur bienvenue, et lentement, elle leva l'une des siennes vers le masque pâle. Oh non, point pour le retirer, pas pour voir qui se cachait derrière. A mesure qu'elle s'en approchait, le geste se faisait plus lent, et quand le bout des doigts frôla la matière, il se fit même doux, caressant. Juste une caresse sur l'ivoire froid, sentir, se rendre compte qu'il existait bel et bien et qu'il n'était pas le fruit de son imagination malade.


Comment savoir qui seront ceux qui donneront sans rien demander? Et si je n'y arrive pas? Il y a eu tellement de promesses lancées et oubliées...

Elle avait faillit à une promesse... Mais n'y avait-elle pas été contrainte? Comprendrait-il? Sans doutes que non... Arriverait-elle à promettre autre chose sans crainte et sans faillir cette fois?... Elle eut une légère moue, en pleine réflexion. N'aurait-elle pas l'esprit tranquille si elle suivait cette demande?

Il y a trop de choses qui me font penser à... Avant...

Un profond soupir, et elle finit par hocher la tête, doucement, hésitante malgré tout. Faire une promesse à un rêve... Mais qu'importe si elle s'en portait mieux...

Je ferai de mon mieux pour honorer cette promesse que je fais là.

Oh oui, de son mieux, en espérant ne jamais plus lâcher prise.

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Belzebuth_l_encapuchonne



Sous le masque, le sourire se fait plus ambigu que jamais.
Les doigts fins de la noiraude en dessinent les contours. En ressent-elle la chaleur de cet ivoire aux éclats si froids pourtant ? Lui peut presque sentir la caresse légère sur sa peau. Ou peut-être l’imagine-t-il simplement, plus troublé qu’il ne voudrait l’admettre.

Sous la bure, le corps massif se contracte pour mieux lutter contre cette agitation en interne. D’un mouvement presque brusque il l’attire à nouveau contre lui, faisant de ses bras un étau qui se resserre, sans espoir. Il retrouve sa chaleur, s’en imprègne longuement dans l’obscur silence du dolmen.

Belzébuth, Prince Démon de l’Avarice, lui arrache chaque frisson qu’il peut lui inspirer, chaque exhalaison qu’elle libère lors que son souffle accélère. Elle est là, dans ses bras, chaque fibre de son corps menu frémissante, en attente de la libération de ses mots. Il en veut toujours plus, tout à l’écoute de ce qu’elle continue de confesser.


Vous le saurez. Vous devez même déjà le savoir…

Même lui sous son masque ne peut croire qu’elle n’ait jamais croisé quiconque lui proposant aide, réconfort sans contrepartie. Ses gestes redeviennent plus doux sur elle, fermes mais caressant. Comme un esthète admirant au toucher une sculpture de glace, fragile.

Pensez-y, tirez-en les leçons qui s’imposent sans le laisser vous dominer cet avant qui vous a rogné l’existence comme un parasite qui a aspiré votre énergie.

Du bout du gant il vient saisir son menton, se penche sur son visage hésitant alors qu’elle semble réciter, hésitante, plutôt que de promettre avec sincérité réelle et profonde. Sous l’ivoire résonne un grondement, sa respiration devient plus profonde, plus audible aussi, peut-être inquiétante pour elle. Du pouce il va caresser la pulpe de sa lèvre inférieure d’un geste tendre, avant que sa main n’aille se perdre dans la longue chevelure d’encre. Longuement. Puis il se redresse et d’un geste assuré délie le ruban qui ceignait une partie de ses cheveux et s’en empare. De deux doigts il lui montre avant de le faire disparaitre dans l’un de replis de sa bure.

Permettez que conserve ceci… En gage de votre promesse…

Concrétiser la chose, même aussi symboliquement. La pousser encore dans ses retranchements pour la forcer à en briser les limites. L’affranchir, pour mieux la faire sienne.

Promettez !

L’heure est venue du pacte avec le diable.

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Bien mal acquis profite... mais plus à la même personne, voilà tout !
Sorianne
Après le froid, la chaleur est retrouvée, lui coupant presque le souffle tant le mouvement fut fait sans douceur. Le doute... Elle ne baissait plus le regard, concentrée sur ce masque qui la fixait. Frémissante, elle l'était, plutôt deux fois qu'une. Inquiète peut-être... Bien qu'elle n'ait rien à craindre... Elle le sentait. Cruel aurait été le jeu s'il avait dû jouer à ce point avec avant de se faire émissaire de mort. Et il le lui avait dit, il ne serait pas la sienne... La noiraude frissonnait, mais le croyait.

Elle savait... Ô oui elle savait. Deux. Ils n'étaient que deux à ne pas avoir chercher un retour à ce qu'ils pouvaient donner. Deux insaisissables et un qu'elle ne croisait que peu. Maure chirurgien qui s’enquérait de son sort et lui espérait le meilleur, à qui elle n'avait jamais pu confier ce qu'elle avait. Le second ne la jugeait pas, ne cherchait pas à savoir et c'était cela qui la réconfortait. Parler à quelqu'un sans qu'il pose sur elle un regard curieux ou piteux. Restait à voir pour les rencontres qu'elle n'avait point encore faites.

Le souffle vibrant à sentir les caresses dispensées, So ferma les yeux un instant. S'il prenait, elle se servait tout autant. L'Avarice partageait sans le vouloir, donnant plus qu'il ne recevait, au final. Et si elle l'avait su, ce présent l'aurait touché d'autant plus, car non des moindres.La tête fut redressée, et les lèvres s’entrouvrirent légèrement lorsque passa doucement le gant. Le regard rivé aux fentes sombres du masque, sous lequel elle cherchait la vie, elle ne put que regretter l'ombre qui les encerclait, à l'abri du monument ancien. Bien malgré elle, ce fut un léger mouvement de recul qui répondit au grondement entendu, étouffé par l'ivoire. Et pourtant, elle ne cherchait pas à s'en aller. Non, parce que mue par un sentiment étrange, elle aurait pu se sentir presque en complète confiance, si elle avait encore été la naïve d'il y avait quelques années.

Le bruit soyeux du tissu qui s'effleure lui parvint, tandis que retombaient en mèches épaisses, ses cheveux corbeau. Son ruban? Les yeux le suivirent, avant de revenir au visage fermé et sans vie. Injonction...

Promettre...
Sinon quoi?
Non.
Nulle condition ici, si ce n'était son bien être.
Dans la tête brune, c'était l'ébullition.
Promettre...
Et si elle n'y arrivait pas?
Angoisse...
Le souffle s’accéléra doucement.
Elle s'agitait.
Il lui fallait.. Fuir?

Agrippée de nouveau à la bure sombre, elle voulait repousser le Démon... Et pourtant voulait rester dans sa réconfortante chaleur. Fuir? Elle ne l'avait que trop fait, pour au final se morfondre seule, avec pour seule compagnie le passé qui, comme il l'avait dit, n'avait que l'effet d'un parasite, la rongeant petit à petit. Mais comment oublier?

Fuite. La fuite. Non, elle se retenait. La promesse à faire impliquait de reprendre confiance, tant en soi qu'en les autres. Ne plus penser à ce qu'on lui avait rabâché et fait entrer de force dans l'esprit, reprendre sa vie de zéro, oublier. N'en serait-elle pas plus tranquille? Apaisée? Est-ce que cela serait difficile? ... La respiration, doucement se calma, les poings serrés sur la robe se détendirent et So releva regard et menton. Il ne lui fallait plus fuir. Il fallait affronter de nouveau, lutter et rester fière. Redevenir elle même.


Je le promets.

Ne rien demander, ne pas chercher conditions à cette promesse, il n'y en avait pas. Oui, elle le promettait. Elle s'appliquerait à ne jamais manquer parole. Jamais elle ne serait de ces femmes devenues avides de sang et de vengeance. Mais elle ne se laisserait plus faire. Et quand bien même. Son esprit était à l'abri, si son corps ne l'était pas.

Je le promets. Vraiment. Je veux être libérée de tout ça. Je veux... Être moi. Je le serai.

Et elle hocha la tête, manière de confirmer la chose. Un sourire pointa. Un vrai. Nullement forcé. Naturel et... Ravi. Il l'avait fait se sentir légère, libérée. Et c'est elle qui finit par l'attirer à elle, reconnaissante à jamais, redevable volontaire. Vint même un rire, clair et libérateur. Combien de temps n'avait-elle pas rit? Il était venu de lui même, simplement, le besoin d'évacuer, et peut-être un peu nerveux. Il ne dura pas, mais lui fit du bien... Quand elle fut calmée, le front de la noiraude se barra d'une pointe de... Peine?

Vous allez disparaitre... Comment saurez vous si j'ai tenu cette promesse? Je m'y appliquerai sans faillir. Mais comment venir vous le prouver?... Comment vous remercier?
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Belzebuth_l_encapuchonne



Combien de sensations, émotions, vives ou fugaces, de frémissements chaleureux, de souffles suspendus, accélérés… Le dolmen, pour tous, n’est qu’un amas de pierres froides et humides. Là, cependant, il n’est rien de tout cela. Il y perdure une douce chaleur rassurante, la mousse qui recouvre ses parois répand un parfum envoûtant qui se mêle aux effluves délicatement parfumées de Sorianne.

Belzébuth attend. Il ne dit plus un mot. Immobile, son corps ressent et absorbe comme une éponge chaque tremblement de la jeune femme, chaque onde de peur qui peut émaner d’elle. Jusqu’à ce sourire qui commence à poindre, hésitant, pour devenir plus lumineux à chaque seconde ; jusqu’à ce que ce soient les mains de la noiraude qui finissent par rechercher l’étreinte dans ce rire libérateur. Il pourrait être interdit par la singularité du geste s’il ne l’avait pas provoqué, recherché, voire espéré.

L’Avarice laisse les mots envahir ses tympans, la promesse arrachée combler la perfection d’un moment d’émoi partagé. Tout vient à point à qui sait attendre. Il se fait patience avec elle. Un pas après l’autre, la route serait longue avant qu’elle ne vienne à lui, librement, délivrée de toute arrière pensée, de toute la crainte dont elle est encore habitée. Il savoure le présent, la presse contre lui, le masque posé contre sa tête il inspire chaque souffle exhalé en caressant ses longs cheveux noirs avec délicatesse. Il n’y a plus d’obscurité autour d’eux, les pierres grises sont devenues étincelantes, la bise automnale siffle une langoureuse mélopée au travers des branches au dehors. C’est un rêve à n’en point douter, si doux qu’il a du mal à s’en extraire.

S’arracher à elle est difficile. Ses mains gantées viennent encercler le visage de Sorianne et ils restent ainsi longuement, les regards se cherchant, s’accrochant l’un à l’autre en dépit de la barrière d’ivoire. Si proches qu’il peut sentir le souffle accéléré de la jeune femme réchauffer son masque jusqu’à le transpercer pour rejoindre le sien, brûlant. Pourtant il finit par la relâcher, portant une main à son cou pour aller chercher sous la bure une fine chaîne d’or à laquelle pend une lourde chevalière. D’un geste sec il l’arrache et lui tend, presque brusque.


Vous viendrez à Paris… Et ceci pour entrer et vous assurer qu’il s’agit bien de moi…

Il serait en effet des plus contrariant qu’elle rencontre l’un de ses Frêres. L’Envie est souvent dévorante de s’accaparer sans vergogne le bien d’autrui. C’est d’ailleurs son plaisir favori à l’ordinaire. Mais les circonstances particulières ont changé quelque peu la donne. Luxure ne l’approcherait et la Colère… Il s’attacherait à la faire disparaitre du cœur de Sorianne si d’aventure elle venait à s’immiscer entre eux.

Je suis votre obligé désormais.

Pas à pas il recule, rejoignant l’ombre de l’entrée, sans cesser de regarder son visage. Il veillerait, de loin, autant qu’il le pourrait. Une voix dans la nuit alors qu’il disparait, abandonnant cette escapade hors du temps, hors de tout ce qui est lui.

Et je n’oublierai pas…

Il n’est déjà plus là. Sombre sinueux au travers de l’obscure forêt, il lui tarde maintenant de retrouver Paris, sa crasse, ses âmes sales. De retrouver le Prince Démon.

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Bien mal acquis profite... mais plus à la même personne, voilà tout !
Sorianne
Il ne répondit pas tout de suite, et elle en profita pour s'enfouir un peu plus le museau dans la chaleur, réconfortante, de la sombre bure. Elle était bien là, et profitait de ces instants qu'elle n'aurait pas l'occasion de renouveler avant sans doutes un temps certain. Aucune pensée ne venait à lui assaillir l'esprit, et elle avait l'impression qu'une paisible langueur l'enveloppait. Protégée par la Mort elle même, elle ne craignait rien, et s'octroya le droit, le plaisir même, de se détendre comme elle ne l'avait pas fait depuis longtemps. Qu'il était doux cet instant... Comme elle aurait voulu ne pas se réveiller.

A regrets, elle releva les yeux en sentant les mains gantées la guider. Et un drôle de sentiment se fit jour. Un impression pas méconnue, se pourrait-il que...? Non, non c'était différent, ce n'était pas Lui derrière ce masque froid. Et la noiraude le fixait autant qu'il la fixait, elle essayait de déceler une once de vie, de deviner l'expression sous l'ivoire si proche. Le souffle court malgré elle, So avait relevé une main hésitante. Elle entendait la respiration du Démon sous le masque, sans pour autant qu'il se mêle au sien. Il lui fallait toucher, voir si elle ne rêvait vraiment pas. Était-il bien là devant elle? Pourquoi ce trouble?

Mais c'est le froid qui la surprit quand il s'écarta d'elle. Sorianne retint de justesse le gémissement plaintif qui voulu s'échapper à l'idée qu'il disparaisse, la laissant de nouveau seule. Les pans de son châle furent resserrés contre elle tandis qu'elle ne manquait rien de ce qui se jouait, observant chaque geste, pour ne rien perdre de tout ce qu'il faisait. Et la voix assourdie par le masque s'éleva de nouveau, la laissant pantoise l'espace d'un instant.

Paris...
Le doute se fit.
Elle savait...
Était-ce seulement possible?

Le geste lent, elle prit la chaine offerte sans chercher à détailler le médaillon qui y pendait. Il se reculait déjà, il s'en allait. Un pas après l'autre, et So aurait voulu le retenir... Mais pouvait-on retenir un rêve? Il arrivait à l'entrée du Dolmen, et la jeune femme réalisa. Un pas fut esquissé en sa direction et la jeune femme voulut tendre une main, ne serait-ce que pour le retenir un peu encore. Mais l'ombre disparue au dehors, la laissant là, en plein désarroi.

Le retour à la réalité fut rude... La brune se rendit compte que la nuit était tombée, ou presque, qu'il ne faisait pas chaud, et le silence était assourdissant. Elle resta plantée là durant un bon moment, ne sachant quoi penser. Il lui fallait se remettre de toutes les émotions qu'avait suscité cet Être qui avait filé dans la nuit. Et quand souffle et cœur eurent reprit un rythme un tant soit peu normal, c'est un profond soupir qui s'échappa. La pénombre l'empêcha de voir ce qu'il lui avait confié, mais la chaine s’emmêla à ses doigts. Oh elle ne la perdrait pas. Il lui fallait rentrer... Avec difficulté, elle se mit en branle, allant doucement, les doigts passant distraitement sur la mousse recouvrant le mur qu'elle longeait. Les pensées envolées très loin, le chemin du retour se fit sans qu'elle ne s'en rende bien compte... Une chose était néanmoins certaine... Un poids s'était envolé de ses épaules, et elle se sentait légère.

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Nohra
La rouquine avançait au hasard de ses pas. Dans quelques heures elle franchirait les portes de la ville pour la dernière étape de son voyage. Soulagée d'arriver au but elle l’était, mais plus tout à fait aussi sereine qu'elle l'aurait voulut.

Certain de ses mots résonnaient encore à ses oreilles, semant un léger trouble dans ses idées. Elle avait la certitude de son choix, le poids de sa fatigue, fatigue sans doute passagère mais bien pressente tout comme le vide sidérale de sa besace. Elle n'avait aucune idée de se qu'elle trouverait dans la ville choisi plus tôt, savait peut probable d'y croiser la moindre connaissance et encor moins ses être précieux que l'on nomme amis.
Elle aurait donc put changer ses projets sans que quiconque le perçoivent. Pour tout dire cela l'avait même tentée l'espace d'un instant.....Mais voila, le prix de ce changement était trop cher à ses yeux, inacceptable.

Alors elle allait tenir son cap, mais elle sentait bien en son tréfonds que se serait en jetant de temps à autre un œil par dessus son épaule. Que les soirs d'orage son feux serait moins confortable que celui de la veille.

Ses épaules s'affaissent un peut, son pas se fait plus lourd.

Sans vraiment le voir, l'automnal fait le tour du dolmen et revient sur ses pas, l'heure du départ approche il est temps de prendre la route.
Luzerne
Une journée de plus dans cette ville...
Combien en avait-elle déjà passées? Elle ne comptait pas.
Depuis quand était-elle partie de Tonnerre? Elle n'en savait rien.
Quelles villes avait-elle traversé avec l'armée, simple fantassin au baluchon quasi vide, si ce n'est la couverture donnée par Grisande, la cape noire laissée par Octavian sur ses épaules trempées après une tête dans une rivière...
- que des trucs qui tiennent chaud pour parer aux nuits solitaires, et un sourire asymétrique déforma fugitivement sa bouche bien dessinée -
Et puis aussi des petits trucs "de fille" : un peu de linge, un morceau de savon soigneusement enroulé dans une pièce de lin blanc, un éclat de miroir, un peigne en bois aux dents larges pour démêler ses anglaises cuivrées sans risquer d'y laisser son scalp...

On lui avait parlé d'un dolmen.
L'idée était intrigante, l'ennui profond et le temps à tuer.
Certes Luzerne traversait la vie en somnambule, sans bien savoir comment, confondant quasiment systématiquement les noms et les têtes des gens, ne s'intéressant ni aux paysages, ni aux pierres du patrimoine, mais là...
Un "machin" qui avait été fait depuis des lustres, sans qu'on sache comment ni pourquoi, avec des dalles énormes qui tenaient en vrac on ne sait comment...
Une lueur d'intérêt avait traversé son regard vert au récit qu'en faisait un inconnu en taverne - un de plus! - et elle s'était dit que, pourquoi pas, elle irait éventuellement peut-être y traîner ses guêtres, à l'occasion...
Connaissant son humeur versatile, Luzerne prenait extrêmement peu d'engagements, même et surtout vis à vis d'elle-même...!

Le lendemain matin, jaugeant la situation d'un coup d'oeil et voyant qu'il ne se passerait rien de plus qu'hier, qu'avant-hier et qu'avant-avant-hier..., la belle indifférente - après un petit bout de pain avalé sans appétit et vaguement arrosé d'un brouet infâme, mais qui présentait tout au moins l'avantage d'être chaud - s'était laissé indiquer le chemin du dolmen et était partie de sa démarche nonchalante en direction du doigt tendu qui pointait vers un sentier qui sinuait au loin.
Haelig
[Chemin faisant, que ce fut tendre
D'ouïr à deux le chant joli
Que l'eau du ciel faisait entendre

...

Mais bêtement, même en orage
Les routes vont vers des pays
Bientôt le sien fit un barrage
A l'horizon de ma folie.]



Un dolmen, rien de tel pour rappeler à la brune sa Bretagne si lointaine. Étonnamment, elle ne lui manquait pas. Au fond, Haëlig savait bien que, malgré les attaches qu'elle portait à sa mère-patrie, voyager resterait sa passion. C'est là, au détour des sentiers, qu'elle se sentait le plus libre et rien ne pouvait aller à l'encontre de ce sentiment si fort et à la fois, si primaire. C'était une façon comme une autre de se cogner à la vie, limer sa cervelle face à des personnes peu communes et finalement se retrouver. Peut-être un peu fuir aussi. Mais ça, ça devait rester en sourdine, tu.

Le temps sur la promenade n'était guère radieux. Se mêlaient à un crachin persistant quelques flocons de neige. Un temps à attraper un coup de froid, une grippe ou pire la mort. Au choix, suivant l'épaisseur d'habits portée à cet instant T. Concernant la brune, le col de son mantel était remonté au ras du nez. Ses deux émeraudes se dessinaient furtivement entre deux respirations, chacune ponctuée par une nuée blanche. Elle maugréa un peu, grelottante. Il faut avouer que de se plaindre du froid en hiver - alors qu'il n'y a pas plus normal - était devenue une habitude populaire indétrônable.

Sur le chemin, elle croisa peu de monde mais ce fut un plaisir de les détailler. Tous, un par un. Son regard se posa plus attentivement sur un petit gamin, à peine plus haut que trois pommes. A vue de nez. Il se cramponnait à la jambe de sa mère, ou ce qu'il en restait, n'arrivant pas à suivre le rythme imposé. Il avait vraiment l'air con à trébucher un pas sur deux, si tenté qu'il soit véritablement en âge de mettre un pied devant l'autre. En plus de ça, il ouvrait grand la bouche histoire de gober les minuscules particules de neige. C'est toujours meilleur que les feuilles mortes de l'hiver. Il suffit de choisir son camp : fondant ou croquant. C'est à la pensée d'un enfant herbivore jeté que Haëlig rabattit ses prétentions et son désir d'enfanter.

Elle pensa, et se dit qu'elle devrait lui concéder, que le Gascon avait raison. Il devait bien y avoir de la consanguinité dans le coin. Alors, certes, elle voulait avoir un têtard dans le ventre mais pas à n'importe quel prix et surtout à n'importe quel résultat.


- Bordel, j'aurais du être une grenouille. ça aurait été plus simple - lâcha-t-elle, à voix haute.

A cet instant, un passant se planta à côté sûrement abasourdi par la réflexion. Qu'est-ce que ça avait de mal au juste de regretter une existence batracienne? C'était tout aussi ambitieux que d'être un tyran ou un flan aux abricots. La brune esquissa un sourire ou un rictus - ce n'était pas bien clair- en direction de l'homme et déclara :

- Je ne suis pas folle, vous savez?

Elle venait de trahir son trouble. Ce trouble qu'elle était incapable de définir. A ces mots, l'homme prit donc la poudre d'escampette et la BruneBreizh fit de même longeant le sentier.
Blancbec


Nuit. Brumeux croissant de lune. Tellement fin que pour d’autres yeux que les siens il pourrait être invisible. Le ciel ressemblait à un océan bleu marine piqueté d’étoiles.

Faim. Terrible. Rongeante.

Les proies se sont faites rares ces derniers temps, surtout quand la neige était là, et qu’elles traçaient des tunnels sous le blanc manteau, hors de sa vue. Hors de portée, mais malgré tout présentes.

L’oiseau était amaigri. Mais il avait survécu. Un an de plus.


Heureusement pour lui, et tous ses congénères, l’hiver tire à sa fin.
Son humaine est là, comme souvent, assise sur la pierre. Il ne sait pas trop ce qu’elle fait là. Il lui semble… Avant… elle chassait avec lui… Ou pas… Peut-être un rêve seulement. Mais aujourd’hui elle se contente de rester là immobile.

S’il n’avait pas eu si faim, il se serait peut être posé à côté d’elle sur l’étrange édifice millénaire.

Mais aujourd’hui il se contente de s’élancer au-dessus du dolmen, fantôme blanc et silencieux flottant dans l’air froid de la nuit. Chasseur implacable à la recherche du premier rongeur imprudent qui passera à portée de ses serres et de son bec affamé. Laissant la jeune fille le suivre des yeux et retourner à ses pensées après qu’il eut disparu à sa vue.
Reveuse
Et le temps fugace, et le temps si court et le temps vorace chasse, efface tous nos discours.
Même rengaine au Caire à Sydney, dis moi que tu m’aimes, même, même, même si tu sais
Que le temps rapace, que le temps vautour, que le temps nous lâche, lasse, glace et gagne toujours.

JJ Goldman


Plongée profonde. Envol. Nuit. Survol. Loin, si loin…

Pourquoi ici ? Etrange endroit… Immémorial. Passé, présent, futur, tous les temps se mêlaient en ce lieu.

A peine déposée par les ailes du rêve, la tzigane regarda autour d’elle. Monument dressé pour les hommes contre le temps.

Elle toucha la pierre … froide et rugueuse sous ses doigts, même dans le rêve. Elle brillait sous la lune, mais peut-être ne brillait elle que pour ses yeux à elle. « Tu as la vision ma fille » lui répétait à l’envi sa grand-mère. Parce qu’elle avait des yeux d’un vert émeraude, chose rare parmi ceux de son peuple, qui étaient plutôt pourvus de regards couleur de nuit impénétrables. Mais la tzigane n’avait jamais vraiment su à quoi se référait la « vision » dont parlait la vieille femme.

Bien sûr, elle faisait des rêves comme celui de cette nuit. Mais rien d’étonnant à cela. Tout le monde ne rêvait-il pas ?

Elle tourna doucement autour de l’édifice. Que de sueur, il avait fallu pour le dresser. Elle voyait des hommes frustres y travailler, monument dédié à des dieux depuis longtemps défunts.

Que d’offrandes y avait-on déversées, que d’espoir mais que de peines surtout. Il y avait tant de fantômes qui flottaient autour d’elle, hantant ce lieu à jamais. Récents, anciens, et allez savoir, peut être même futurs.
Un rapace nocturne la survola en silence.

Il était temps de repartir. Rejoindre sa sœur et le clan. Rejoindre cette province lointaine où ils se trouvaient pour l’heure. Ils étaient déjà venus ici. Ou ils y viendraient. Elle reconnaissait certains des spectres errants.

L’avenir le dirait.
Abraxes
Réminiscence ? Il avait sursauté au son de la voix. Une fois encore.

Ou bien avait-il sursauté avant, quand des bras s'étaient glissés sans bruit autour de sa taille ? Non, il n'avait pas réagi d'abord, il était pris dans une lenteur ambiante irréelle que seule découpait le vol d'un rapace dans le ciel nocturne, le vol hypnotique d'un rapace en cercles concentriques découpant le ciel en rondelles, ou en anneaux comme des bagues avec chacune son étoile… Qu'était donc devenu l'anneau, déjà ?


Vous aussi vous aimez vous promener la nuit ?

C'est là qu'il avait sursauté. Cette phrase par laquelle avait commencé leur étrange rencontre près du dolmen, dont il cherchait en vain à se remémorer s'ils avaient vu les séquences ultérieures dans les images troublantes du bouclier des géants… Et cela aurait-il pu changer quoi que ce soit à la peine qu'il avait causée ?

Il se retourna, lui prenant les poignets tant en signe de compassion que pour les détacher doucement de sa taille.


Non, pas trop.

Contradiction, évidemment. Abraxes, le chef d'armée, le capitaine de nave génoise qui avait traversé la mer d'Irlande, le Boucher de Saumur pouvait-il confesser que les ombres de la nuit l'inquiétaient, plus que tous les Inquisiteurs des royaumes n'auraient jamais pu le faire, plus que les hordes ennemies massées sous les remparts, plus que les tempêtes de l'océan sans fin. Mais alors que faisait-il ici la nuit près du dolmen ? Montagne de contradictions.

Puisqu'il était revenu, il était temps de dire quelque chose. Il sentait que longtemps la damoiselle Lulu avait attendu ces mots, qu'il ne savait pas trop comment formuler.


Je… je suis désolé.

Sincèrement. Mais cela ferait-il une différence ? C'est, au fond, ce que dit toute personne qui a à se faire pardonner, fautive ou non, sincère ou non, tiraillée par les circonstances ou sciemment malfaisante et lâche, c'est du pareil au même. Il la considérait d'un regard faussement candide. Il n'était plus candide, il n'était plus le petit cochonnier qui avait découvert le dolmen voici ce qui lui semblait une éternité, et pourtant il l'était encore : la preuve, il sursautait à l'identique.

Ce devait être plus simple d'être Blanc Bec et de survoler la forêt d'un œil sans cesse perspicace.


Et maintenant ?

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Le plus pimpant éleveur de cochons de toute la côte ouest, et un vrai Saumurois s'il en est.
(la petite Reyne de l'Anjou, le 21 avril 1457 à Bourges lors du 5e GFC)
Morphee
[ Saumur, entre Amour & Bromure ]

Le voyage retour vers le Lengadoc avait commencé, avec son lot de rencontres, aussi sympathiques que décevantes. La Fraise avait demandé à faire une halte à Saumur, ce qui ne dérangeait pas la rouquine tant qu'elle pouvait rencontrer un peu de gens, et surtout lui éviter une sale rechute. Car l'Acédie n'était pas loin, et elle sentait parfois le petit frisson de l'engourdissement lui chatouiller la plante de pieds.

Malheureusement, Saumur n'avait pas eu l'effet vivifiant escompté. C'est le Nord... aurait dit sa Mère. D'ailleurs était-elle allée dans ces provinces une seule fois dans sa vie? Quoi qu'il en soit, la Donà de Roquebrun avait décidé de profiter des bonnes choses de la vie, soit cet alcool qui coulait à flot dans la région. Aussi pintée qu'une huitre, elle avait décacheté une missive d'Erwelyn, enfin heureuse d'avoir de ses nouvelles. Chaque jour, elle espérait recevoir le dict vélin, car il lui semblait avoir créé un lien avec le Poney Rose.

Alanguie dans le siège réservé aux nobles de la taverne, elle en était à sa.. son.. enfin elle ne savait plus d'ailleurs... quinzième gobelet de liqueur... Avec la ferme intention de répondre au moustachu et à la ponette. Elle avait lentement monté les marches menant à sa chambre, s'était assise, le sourire aux lèvres, et avait empoigné son nécessaire à écriture...
Le geste était ample, l'écriture fantasque, mais qu'importe... Le tout étant de répondre, histoire que l'on ne s'inquiète pas trop. Le Danois se tenait à ses pieds, comme à l'habitude. Aujourd'hui remis de ses blessures, il n'avait plus besoin du bandage. Ne restait qu'à sa robe de recouvrir la cicatrice qui lui barrait le corps.


Tu vas bientôt pouvoir courir à nouveau, tu verras, Roquebrun est un endroit magnifique...

Resterait-elle en Lengadoc en fin de compte? Peut-être... avec un pied à terre à Bordeaux... ou bien serait-ce l'inverse? Ou... Elle n'en savait toujours rien. L'on verrait au retour ce qui serait envisageable ou pas.

Ses doigts agiles couchaient les mots sur le parchemin, rompant la solitude dans laquelle elle vivait, ce sentiment d'abandon qui ne la quittait jamais se trouvait avivé par le peu de rencontres qu'elle faisait en taverne... Ah si... Ce crétin qui l'avait pris pour un phénomène de foire; elle avait eu LA leçon, et ne se laisserait plus prendre à causer d'elle sans une pointe de méfiance. Et puis il lui avait touché l'épaule, la dégoutant d'autant plus.

La belle se décida à amener ses missives directement au pigeonnier; enroulée dans sa fine cape de laine, Serge à ses côtés, elle se dirigea vers ce dolmen dont on lui avait vanté la particularité. Ainsi donc il se tenait là, depuis tant de temps... Sa main gantée vint au contact de la pierre, si froide... Morphée, en un murmure, récita un Ode à Gaïa, empli d'espoir et d'amour.

Vivement qu'ils s'en repartent, car bien que la campagne soit accueillante, la ville lui donnait la nausée.

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Avatar de Mo' avec l'autorisation de Loetitia Pillault
Lluwella
C’était la première fois, depuis qu’ils avaient mis les voiles, que Lulu revenait sur le bord de la Loire. Elle avait entendu dire qu’ils étaient à Angers. Un tel bateau sur la Loire, ça ne passait pas inaperçu alors deux. Donc ils étaient probablement de retour.

Elle s’était tenue là le jour de leur départ, elle ne savait plus quand. Le temps avait cessé de couler, il n’était plus. Ca pouvait aussi bien dater de la veille, que d’un mois, un siècle ou un millénaire. Elle n’aimait guère ce qu’elle était en train de devenir. Elle ne riait plus beaucoup. Elle avait plutôt été d’un tempérament optimiste et joyeux, même si ça n’était pas forcément flagrant, pour qui la connaissait peu. Mais elle sentait que ça s’effaçait. Elle avait lutté depuis la première crise, pour ne pas se laisser dominer par cette aigreur qu’elle sentait grandir en elle. Mais ça n’était pas facile. C’est étrange, l’esprit humain. Des myriades de connections qui tourbillonnent, qui s’entremêlent, qui crépitent et qui sont capables de vous torturer, de façon bien plus efficace que le meilleur des bourreaux ne pourra jamais le faire. Et depuis des mois, Lulu était vraiment passée maître dans cet art-là.

Elle s’était donc tenue là, 10000 ou 1 million d’années plus tôt, à regarder passer le majestueux navire à bord duquel elle ne mettrait plus que probablement jamais les pieds. Elle n’avait pas eu le courage, ni surtout l’envie d’aller leur dire au revoir au port. Elle avait vu beaucoup de silhouettes qui s’agitaient sur le pont (c’est qu’il en fallait des bras pour manœuvrer ça), mais elle n’en avait reconnue aucune.

Ce jour-là, la Loire était en crue et le ciel un écho à ce qu’elle ressentait, gris, terne, rempli de larmes qu’il déversait sans s’arrêter sur le monde. C’est là que le temps s’était arrêté. Elle était restée bien après le passage du bateau, à fixer le ciel et à pleurer avec lui. Elle n’arrivait tout simplement pas à croire qu’ils lui aient de nouveau fait ça, elle n’arrivait pas à croire qu’il lui ait refait ça, lui surtout. « Je n’ai pas pensé que ça te ferait de la peine ». Elle n’arrivait pas à trancher sur ce qui était le pire. Qu’il ne l’ait réellement pas pensé ou qu’il n’en ait rien eu à faire.

Elle avait fini par rentrer chez elle, elle ne savait plus comment, elle ne savait plus quand.

Il lui avait écrit au début du voyage et ensuite il l’avait oubliée. Encore...Toujours. Elle avait l’impression que cela faisait des mois qu’elle était sans nouvelles.

Son esprit continuait sa valse incessante entre passé, présent, réalité, sensation et impression.


La dernière fois … quand il était venu au dolmen. Qu’elle avait essayé de boucler la boucle et qu’il l’avait repoussée. Encore. Il avait dit « Je… je suis désolé » alors même qu’il l’éloignait de lui en la tenant par les poignets, comme il aurait pu faire d’un animal répugnant. Ari sait qu’elle les avait attendus et espérés ces trois petits mots. Si ridicule que cela soit, elle en avait attendu un semblant de réconfort. Mais accompagnés d’un tel geste de rejet, ils en perdaient tout leur sens.

Il était un poête. Pour lui, les mots étaient faciles. Du moins le supposait-elle. Mais pour autant, est ce qu’il ne comprenait pas que les gestes comptaient aussi, peut-être même davantage? Que les gestes pouvaient complètement changer le sens des mots qu'ils accompagnent.

Sa dernière phrase avait longtemps résonné en écho dans sa tête.


Et maintenant ?

Elle avait senti ses yeux s’embuer et les larmes se mettre à couler. Elle n’avait pas osé le regarder, de peur de ce qu’elle pourrait lire sur son visage. Elle avait dégagé ses mains et elle s’était éloignée terriblement lentement, tant elle avait l’impression de porter tout le dolmen sur ses épaules.

Et maintenant ?

Elle aurait aimé avoir une réponse, mais elle n’en avait pas.

Et maintenant ?

Est-ce qu’il y avait seulement un maintenant ?
Avant…. Avant, elle avait espéré.
Espéré un geste. Un geste pour qu’elle continue à croire en leur amitié. En lui.
Espéré qu’il s’inquièterait de son absence… Espéré qu’il viendrait la chercher.
Mais il ne s’était même pas aperçu de sa disparition. Comme si elle n’existait pas, ce qui était probablement le cas pour lui.


Et maintenant ?

Elle revint au temps présent.
Elle sentit qu’elle se remettait à pleurer. Il allait falloir qu’elle trouve un moyen d’arrêter tout ça. Elle ne pouvait pas continuer ainsi. Il fallait qu’elle arrête de les aimer. C’était trop douloureux. Ce n’était pas la première fois qu’elle y pensait bien sûr. Mais si les solutions miracle existaient, ça se saurait. Elle avait songé à mourir, comme cette fois où Titi était arrivé juste à temps pour l’en empêcher.


Titi!!!
Lui il trouverait peut être une solution.
Il fallait qu’elle soit vraiment mal en point pour songer que Titi pouvait représenter une solution à quoi que ce soit.
Mais…


Et maintenant ?
Eliance
Les tavernes avaient beau se remplir à la nuit tombée, Eliance s'ennuyait ferme le jour.
La mine occupait bien quelques heures, mais ça lui filait de ces crampes dans les bras... elle y allait donc juste le temps de gagner quelques écus pour se nourrir, évitant ainsi d'avoir des abattis de bûcheron !
Le reste du temps, elle errait au gré de ses humeurs. Et aujourd'hui, elle était d'humeur flâneuse et solitaire.

Elle était donc sorti de l'enceinte de la ville et ses pas l'avaient conduite sur les bord d'un grand fleuve.
La vue était magnifique, mais les pêcheurs étaient en nombre. Impossible de trouver un endroit calme.

Changeant de direction, elle s'était engouffrée dans un bois avant de se retrouver nez-à-nez avec un gros amas de pierres. Pas des pierres disposées n'importe comment, non. Plutôt des grandes dalles posées là de sorte à former une sorte de chaumière gigantesque. Elle resta ahurie quelques instants par cette construction qui sortait de nulle part, puis jetta un œil à l'intérieur avant que tout son corps soit parcouru par un long frisson. Elle avait toujours eu horreur des endroits sombres.
Elle grimpa sur un petit rocher et se hissa en haut de l'édifice. Elle fit un tour sur elle-même pour observer les alentours. Personne. Une vraie aubaine !

Elle s’allongea sur la pierre, les yeux rivés sur le bleu apparaissant selon les fantaisies du vent à travers les feuilles des arbres.
Ses pensées allèrent directement vers l'italien. Elle attendait leurs rencontres impatiemment, se délectant de leurs discussions, de sa simplicité, de sa seule présence.
Elle ferma les yeux pour éviter de trop y penser. C'était mauvais, elle devait se laisser vivre. Suivre le vent, sans penser au lendemain. Ne rien prévoir, ne rien désirer d'autre que de sourire. C'était ça, sa liberté retrouvée...

Elle portait à présent toute son attention sur le murmure de la bise qui courait entre les troncs, essayant de sentir chaque mouvement d'air sur son corps.
Elle s'assoupit ainsi, de bien-être.
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