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[RP] Némésis n'oublie jamais...

Cerridween
[A la Rochelle... quand le temps change]

Les pas des bottes cloutées résonnent sur les pavés. L'air est froid et s'échappe en volute de fumée qui vont et viennent comme les vagues qui s'écrasent sur le lointain de la capuche noire. La silhouette avance d'un pas franc. Sans visage. Juste une ombre sombre dans la nuit qui s'installe sous les nuages qui pèsent sur le ciel.


Il l'avait regardé avec un sourcil qui était allé flirter avec le plafond, le tavernier. Il lui rappelait le vieux François qui tenait celle de Ryes, avec sa carrure d'armoire et son air taciturne. Il l'a dévisagée la silhouette qui semble pouvoir être emportée par tous les souffles d'un bon vent de mer avant de grommeler.


J'suis pas sur de savoir d'quoi vous parlez...

Il a la discrétion des loups de mer, de ceux qui jouent entre le naufrage et les bastingages. La Pivoine se penche en avant et pousse d'un index une pièce assez grosse pour attirer son attention. Il a regarde maintenant dans les yeux. A-t-il été impressionné par la détermination des deux émeraudes taillées à vif ? A-t-il senti la force qui s'est échappée du regard qui a soutenu les deux yeux gris et profonds qui lui faisaient face ? S'est -t-il simplement dit que ce ramassis de nouveaux et de mercenaires valait largement le bout de métal qui luisait sur le comptoir à la chandelle ? Il s'est emparé d'un torchon et a commencé à faire reluire le bois qui a bu et s'est noyé depuis des ans, peut-être des siècles de tous les alcools possibles. Puis il a reprit de sa voix grave et cassée à son attention.

Les auberges qui craignent ma p'tite dame ? J'vous recommande pas le quartier ouest... et surtout la taverne qui est près de la tour avec une cour devant... paraît qu'elle est pleine de cafards... après la seule valable c'est la mienne, tout l'monde vous le dira...

Elle a hoché la tête sans répondre et elle avait demandé une chambre. Elle avait posé ses affaires. Peu... pas grand chose. De grandes fontes avec des vivres, des vêtements de rechange et un nécessaire sommaire d'écriture et de soin. Perséphone est aux écuries. Fourbue du chemin parcouru... elle a en main la lettre. Celle qui a permit son départ de Limoges. Quand elle avait su ce qu'il avait fait, malgré la semonce, malgré la sentence, elle avait envoyé des lettres comme on lance des filets. Chercher. Penchée sur la carte, elle l'avait suivi. Dernière ville où Karyaan savait qu'il était passé.... Guéret... deux routes possibles... l'est vers l'Auvergne et la Bourgogne ou le Nord vers le Berry. Elle avait ensuite attendu les retours... la route de l'Auvergne avait été écartée... des semaines de silence avant qu'une nouvelle lettre lui parvienne. Un rouquin correspondant à la description parlait dans une taverne de Loches avec des membres de la Zoko... le lendemain matin, elle s'était évaporée de l'Hôtel de Lazare. Impossible de passer seule en Berry. Les rapports étaient formels. La racaille y avait fait son lit, courant les chemins et les infestant comme des milliers de fourmis. Non qu'elle ait peur, la maitre d'arme et Capitaine, non... mais elle voulait arriver entière et en pleine possession de ses moyens, pour lui trancher la gorge. Alors elle est parti vers l'ouest... traverser le Poitou... passer par l'Anjou en chevauchant jour et nuit pour ne pas se faire attraper par la patrouille ou la douane. Arriver à Loches. Le trouver s'il est encore là. Le traquer s'il était parti. La route avait été sans encombre jusqu'à Poitiers. La capitale avait été instructive... comme toujours... assise dans le fond d'une taverne devant un verre de vin chaud qui fleurait bon les épices et le lointain, elle avait entendu les discutions passionnées de certains habitants. Surtout le marchand ambulant à quelques tables de là. Des mercenaires arrivaient... Oui... et pas des tendres... Forcer le trait ? Non... puis même qu'ils avaient foutu le souk à Thouars déjà notamment l'un des leur. Un rouquin... foutrement désagréable le gars... et dire qu'ils vont à la Rochelle... bien content de pas aller dans leur coin. Quand la conversation avait changé, il n'y avait à la table de la Pivoine qu'un verre et une chaise vide. Une porte se refermait lentement.

Elle n'avait pas bougé de l'auberge. Les yeux vissés sur le lointain et attendant qu'il s'éteigne. Il n'y a qu'un blondin qui l'a sorti de sa rêverie et qui lui a arraché un demi sourire. Elle est remonté dans la petite chambre. Et quand la lumière du jour a fui elle est descendu...

Les pas des bottes cloutées résonnent sur les pavés. L'air est froid et s'échappe en volute de fumée qui vont et viennent comme les vagues qui s'écrasent sur le lointain de la capuche noire. La silhouette avance d'un pas franc. Sans visage. Juste une ombre sombre dans la nuit qui s'installe sous les nuages qui pèsent sur le ciel. Il se fend d'un coup pour libérer une pluie finie et éparse. Elle tourne à un coin de rue. Le vent qui s'engouffre entre les murs lève un pan de la lourde cape de laine pour dévoiler Miséricorde à sa gauche et un bout de dague à droite.
Encore quelques rues...
Encore quelques pas...
La cour est bien là, grouillante d'ombres vacillantes des torchères accrochées aux murs.

Arrivée au centre, la silhouette s'immobilise. La pluie quant à elle, vient de gagner en force. Le chuintement de deux lames vient se répercuter sur les murs. Les gouttes viennent jouer une mélodie discordante sur l'épée longue qui vient de retrouver l'air libre. La lame de la dague vient épouser la ligne de l'avant bras gauche, enserré dans un bracelet de cuir sombre. Les deux pieds viennent se camper dans la terre. Lentement l'air remplit ses poumons... et un cri en sort, étonnamment puissant pour la frêle silhouette qui se tient au milieu des éléments qui commencent à se déchainer.


JULES !

Elle attend un instant... le silence pour l'instant lui répond....

JULES !

Une lueur vient d'apparaître à une fenêtre. La fourmilière se réveille.

IMMONDE RACLURE ! SOUS HOMME !

La voix tonne alors que la pluie redouble et que le vent la découpe en rideaux qui volètent et s'évanouissent dans la nuit qui s'installe.

JULES !

Elle hurle maintenant. Toute sa colère, toute sa hargne. Les émeraudes sous la capuche se sont taillées à vif, les phalanges sur les gardes sont blanchies sous la pression. Le corps se tend, la voix appelle, implacable et sans relâche.

PUISQUE TA PAROLE EST DU VENT, VIENS AFFRONTER TA MORT !

Tu as trop joué le rouquin... tu as trop joué et tu n'as gagné qu'une Pivoine qui n'oublie rien et qui rendra tout... tu as semé la discorde, tu récolteras la vengeance de celle qui n'a rien, plus rien à perdre...
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Maleus
[Des histoires de rouquins]

La Rochelle..pfffeuh..mis à part la mer le borgne ne perçoit aucune difference avec les autres villes traversées.
Les premiers contacts avec les autochtones...plutot tendus..c'est qu'à peine arrivés qu'ils entendent déjà parler d'une chasse aux touristes "à coup d'épées dans le fion" comme dirait l'autre lieut' qu'ils ont croisé en tav'.
Le sens de l'acceuil ils connaissent pas dans c'bled..mais à dire vrai le cyclope s'en fout royalement...ouais royalement, roy des borgnes autoproclamé oblige...

Grosse flemme..oh oui grosse flemme...c'est d'un chiant d'etre chef...
Vrai quoi..prendre des décisions, le Mal' s'en passerait bien..lui son truc c'est la baston, le boutanche et l'observation.
Mais bon le géant lui a bien fait comprendre qu'ils etaient tout les deux à la tête de ce joli nid de vipères.

Mais il est où ce foutu colosse au fait?
Voila des heures que le grincheux sillonne rues et ruelles de cette non acceuillante ville portuaire.
Ils sont arrivés et pas un seul signe de vie du grand tas de muscle..où qu'il peut bien se planquer c'lui la...c'est qu'il doit lui causer au Crok'..faire son boulot de chef...pas possible ça, les rares moments où il prend son rang au serieux faut que son collegue disparaisse...une bonne torgnole..ouais voila c'qu'il merite ce grand tas, une belle torgnole.

Entre deux grognements, le borgne allume nerveusement sa pipe...
C'est qu'il commence à etre agacé...jouer à cache cache il a jamais aimé..depuis qu'il est tout bambin l'a jamais pu supporter ce foutu jeu..et chercher El Diablo lui donne l'impression désagréable de rejouer à ce jeu tant détesté.
Commence à faire sombre bordel...

Puis quelqu'un qui gueule..une donzelle vu le ton...elle gueule un nom famillier..Jules, y'a d'autres Jules dans ce bled?
Decision est prise de laisser tomber pour le moment la recherche et d'aller voir de plus près la jacasse.

Les pas se font un peu plus lents quand enfin il arrive devant la demoiselle..les pas se stopent même quand l'oeil unique apperçoit de que la crieuse est bien armée..pfff..qu'est-ce que c'est encore que c't'histoire...
Leger coup d'oeil au décor..ça lui dit quelque chose ce coin...pas ici que crêche le gros de la troupe?
Gros soupir..pourquoi il a pas cherché là en premier...encore ses meches blondes qui ont pris le dessus sur sa raison...

"Hep dimezell..pourriez baisser d'un ton? Je n'm'entend plus réfléchir..."

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Adieu Fab'
Armand.
Le voile de la nuit avait englobé la cité comme chaque soir. Peu à peu les gens rentraient chez eux désertant la Rochelle qui se parait de ses habits de nuit et devenait aussi calme qu’un fleuve endormi ne demandant qu'un geste pour se réveiller tel un torrent. Le blond, le charmeur, avait passé une partie de cette soirée au bord de l’eau à regarder les vagues se briser contre le sable mouillé de la plage dans un ronronnement apaisant. Ces derniers jours avaient étaient dure pour le blond entre la course forcée qui avait usé ses pieds, ses disputes incessantes avec tous et ce cœur qui saignait sans qu’il ne sache vraiment pourquoi.
Comme tant d’autres il s’était muré dans le silence depuis Thouars enchainant les foulées sans broncher. La course avait été difficile, usante, éreintante mais le blond avait besoin de se prouver quelque chose, il avait besoin de se sentir vivant aussi, il avait engloutit les lieux sans écouter la douleur qui lui tordait les boyaux. Il avait même accéléré le pas chaque fois que sa volonté faiblissait et que, sournoise, son envie d’abandonner en profitait pour lui susurrer à l ‘oreille qu’un repos serait bien mérité, que sa torture n’avait pas lieu d’être. Il avait avancé les poings serré vers cet Eden… vers La Eochelle, vers cet océan qu’il contemplait ce soir une fois encore.

Qu’as-tu donc espéré pauvre fou ? Que le murmure de cet ancien ami pouvait à lui seul calmer la rage qui assombrit ton cœur ? Pensais-tu sincèrement que venir en ces terres allait faire s’envoler tes craintes et ta colère ? Vois ton erreur jeune insolant, tu n’as même pas tenu une heure sans te battre et pour qui ? Pourquoi ? Et tu es là à présent, perdu devant cette immensité bleuté, aux même tentes foncées que tes yeux lessivés. Tu es fatigué Armand, d’une fatigue que tu ne comprends même pas. Qu’est tu donc devenu ?

Qu’était-il en train de devenir ? Armand n’en savait rien. Il semblait s’être perdu en chemin. Un solitaire sans esprit de groupe qu’il fallait aider. Un petit voleur qui voulait jouer dans la cour des grands. Oui, le blond vivait mal son entrée dans la zoko et rien ne pouvait changer cette blessure qu’il s’était lui-même infligée. Seul le temps pourrait le convaincre qu’il avait sa place parmi eux, qu’il n’était pas ce raté qu’il pensé être devenu. Mais pour l’heure il restait là, durant des heures à regarder la mer, à courir sur le sable chaud un petit sourire sur le visage de se sentir bien, seul au monde. Pour l’heure il était absent de la vie du groupe, se contentant de faire bonne figure, répondant à peine lorsqu’on l’interrogeait, trop occupé à tenté de canaliser sa colère pour prendre part aux discussions. Il n’était plus le petit blond farceur et joyeux qu’il avait été, le masque ne tenait plus et Armand avait par la même perdu cette coquille protectrice qui le protégeait du monde. Vulnérable, il se sentait alors prisonnier, accablé et telle une bête acculée il répondait avec agressivité, mordait avant d’écouter… une âme perdue, en perdition...



[Ce soir là, à La Rochelle]

Et ce soir là ne dérogea pas à la règle. Toujours aussi perdu dans le marasme de son esprit tourmenté sans raison, Armand, las de regarder cet océan fasse à lui, s’était enfin levé. Pas d’arrêt en taverne, pour y faire quoi après tout ? Boire un verre et se taire tout en entendant les reproches de ceux le trouvant trop absent ? Non, Armand préféra rentrer directement et se coucher. Faire taire ces voix qui emplissait son crane, faire taire sa conscience qui lui disait qu’il fonçait dans le mur. Faire terre ce silence assourdissant qui le mettait en rage…. Et tenter de faire taire sa rage.

JULES ! IMMONDE RACLURE ! SOUS HOMME !

Encore lui, lui et toujours lui. Ce rouquin venait l’emmerder jusque dans ses tentative de trouver le sommeil. Qu’avait-il fait encore pour qu’on vienne geindre jusque sous sa fenêtre ? La colère du blond redoubla alors qu’il se levait. A peine un coup d’œil à sa compagne pour lui demander ce qu’était ce tapage et déjà la voix emplissait de nouveau la chambre de ce nom devenu assourdissant.

" Pas possible d'avoir la paix dans ce bouge, bordel! murmura Armand dont les mâchoires se serrèrent, les poings se crispèrent et décision fut brise. La fenêtre s’ouvrit pour laisser apparaitre cette forme d’apparence frêle aux poumons trop puissants pour la patience d’Armand. Excédé par des jours sans repos, des bagarres sans causes et un tourment sans fin, le blond prit un baquet d’eau devant servir dès le lendemain à la toilette du couple et sans réfléchir le lança directement sur l’intruse qui l'enquiquinait.

Ta gueule !! hurla-t-il en prime sans voir que son chef était arrivé au côté de la belle. Il jeta juste un coup d’œil en bas pour voir où avait atterrit le baquet, avec un peu de chance, la nuisible n’était plus et le sommeil enfin pourrait venir le prendre.

Une tentative de meurtre à coup de baquet remplit d’eau venait d’avoir lieu à l’auberge des zoko.

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Kar1
[Au sortir d’une taverne]


Ca vous étonne? Moi pas. Tous les prétextes sont bons pour la blonde quand il s’agit de picoler. Là, c’est l’arrivée de certains de vieux potes, des plus nouveaux, et d’autres qu’elle ne connait même pas de vue. Ah si.. Un blond, parait qu’ils se sont déjà croisés. Mais savez comment elle est à force. L’endroit de son cerveau qui a été conçu pour ses souvenirs est aussi gros qu’un pois de petite taille. C’est dire. Alors Armand, ouai, t’être. Ca ne lui coute qu’un haussement d’épaules. Pis ya une saleté d’Angevin qui se pointe. Saleté parce qu’il la fait picoler sans sommation. Jusqu’à plus soif? Même ça il ne connait pas. Et Karine ne refuse jamais une binouze. Faut pô gâcher. En plus, l’avantage qu’elle a sur les autres picoleurs invétérés, c’est qu’elle sirote la mousse. Ca parait anodin, ça fait très gamine dans la gestuelle, et désinvolte aussi. Ce qu’elle est surement quand même. Mais surtout de chez surtout, ben ça fait remonter les vapeurs de l’alcool. Et donc Paillasse se retrouve dans un monde pleins de doubles et de jumeaux, en devançant tout le monde illico. Voyez le topo? Il lui en faut peu. Un plaisir.

Donc les bières se sont enchainées, les esprits se sont déchaînés un peu. Trop peu. Si peu..
Qu’est ce qu’on s’ennuie à la Rochelle.
Mais ce n’est pas grave, parce qu’on sort quand même enjoué du bouge. Dans une forme olympique. Bon, parfois, on rate quelques marches, on se prend quelques murs, mais c’est le prix à payer. Après, l'autre problème avec la mousse, c’est que ça fait gonfler le bide comme jamais. Jamais pisser la première fois, sinon, c’est toutes les cinq minutes.
Et ben ça ne rate pas, c'est l'heure de la pause pipi dans les sales quartiers de la ville, un coin, sombre.

Elle se croit seule la blonde. Alors elle rumine de manière totalement indiscrète. Elle s’est à moitié pissée dessus en plus. La classe. Les beaux jupons pour le Tribunal, fichu. Mieux vaut en rire qu’en pleurer. Elle rit donc. Mais.. Une cape passe, une ombre la suit de bien trop près. La blonde en voit deux. Bon, elle sait qu’elle fabule là. Elle ferme un œil. Plus qu’une cape, comme prévu.
Pis cette dernière coupe par une petite ruelle, la laine se soulève, la blonde remercie le vent car l’épée qui se découvre ne lui est pas inconnue.
Elle est inconnue de personne en fait. Mais cette démarche est inhabituelle et reconnaissable. En fait, c'est pas sur, la blonde n'est pas sure.
Un œil toujours fermé, elle en oublie ses bottes trempées et se met à suivre cette personne qui se dirige droit vers l’auberge ou la Zoko a élu domicile.


JULES !

Elle rentre la tête dans ses épaules. La blonde reconnait la voix de la propriétaire. Un frisson lui parcourt les reins lorsque le ton de la rousse est lancé.

PUISQUE TA PAROLE EST DU VENT, VIENS AFFRONTER TA MORT !

Un autre sursaut. Il est de près suivi par un sourire carnassier. L’Jules mort, ouai pourquoi pas. Sale moralisateur à deux balles qui ne voulait rien entendre à propos de la Louisette pendant la guerre, et qui essaye encore maintenant de lui apprendre la vie. Ouai, qu'il crève.

Ta gueule !!
SPLASH!!

Sa tête s’enfonce une nouvelle fois entre ses épaules. Ses yeux se ferment rapidement parce qu’elle n’est pas vraiment sure de vouloir assister à cette scène. Ses paupières sont plissées comme jamais. Un temps mort. Le silence pèse.
L’œil droit de la blonde s’ouvre, le deuxième suit. Elle voit.. Elle voit..


Oh.. Bordel!
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Karine de Pommières.
Jules.
[ Limoges, prémices de la guerre en Berry - Le Fou frappe deux fois ]

Une petite chaumière où habite, comme la brune lui a dit, une "sorcière" . Le pas lourd du rouquin donne idée sur son état. Il n'est pas celui que vous connaissez. Une boule de haine pure incontrôlable. Il ne sait pas la retenir cette folie.
Les jours s'écoulent lentement et froidement dans cette ville qu'il déteste. Pourquoi est-il là, pourquoi ne se tire-t-il pas ailleurs ? Il n'y réfléchit même pas, guidé par une force que le soumet à l'illogique.
Tout a commencé depuis ce jour maudit......

Les émeraudes froides le transpercent... Le haïssent... L'exécutent... Petit à petit, la torture s'éternise dans les bas-fonds de l'Hostel Dieu du Grand Maistre. Il est à bout. Encore cette même question :


Pourquoi as-tu tué Stannis ?


Elle l'a tué. Les bras tirés en arrière, en suspend par une corde... L'épreuve de trop. Une bastonnade en règle des poings de la rousse n'avait rien changé à son silence. Le sel qui s'insinue lentement dans les incisions, faites dans la chair du dos, le brûle affreusement. Il lui explique tout, faiblement... Comment, depuis cette sombre affaire politique des "Étincelles", il a tout perdu. Sa foy au Comté, ses préceptes, et surtout... Sa femme.
Un mort et un blessé grave pour une disparue et un cœur, autrefois de soldat droit, qui ne bat plus que de vengeance écarlate. Voilà ce que donnent les institutions, celles que le Baron Trokinas et feu le Juge Stannis, à l'époque, protégeaient. Il avait tout manigancé, il était l'assassin du licorneux, et avait mis au point le plan avec deux malfrats pour appâter le véreux : l'enlèvement de sa préférée, Alienaure de Malemort. Seuls bénéfices, trois doigts retirés à la main gauche de la cible, un lobe découpé pour la jeune brune, et un coup d'estoc à une épaule de la désabusée Ewaele de la Boësnière.

Fin de l'histoire. Des marques à jamais, en tout points......

Puis il perdit pied. Elle l'envoya en enfer :


Que je ne te recroise jamais...


VIVANT. Elle l'avait approximativement soigné, avant de le jeter hors de la prison de pierre qu'est la capitale limousine. Vivant... Avec cette horrible brulure à la nuque, ce poids trop grand pour ses naïves épaules.
Un avertissement... Elle ose l'avertir, ELLE. Qu'elle crève cette chevalière. Comme tous les autres d'ailleurs. Pourquoi... Pourquoi ne l'a-t-elle pas tué plutôt que de vivre avec ce feu ?!
Une chance ? De la pitié ? Tu parles ! C'est pire.

Ainsi le Sambre haït la Pivoine et les capes azurées de la Licorne, symbole de cet Ordre Royal. Et il partit pour son cocon de convalescence moustiérois, se trouvant mille excuses pour son geste, pour détester les chevaliers et leurs préceptes. Et plus les blessures se refermaient, plus la colère l'envahissait, ne laissant plus de place à la raison.

Des mois plus tard, la haine pure pour maistre, le fou muet revint en la place de sa plus grande action. Une ombre supplémentaire au tableau, se foutant de toute conscience. Une comtesse carmine pouvait peut être l'aider...
Il avait suffit pourtant d'un ricanement de sa part en taverne pour que l'arrogance d'une femme vint l'accoster. Il n'a pas réfléchit. Battue à mort. Brasier qui se déchaine sans remords...
Une journée suffit pour que la Pivoine eût vent de l'affaire, apparemment la sauveuse de la curieuse Karyaan. Ultime avertissement au rouquin, avec pour témoins un Gardon et une Violette... Futile.
Le dément se laissa aller dans les bras de l'arrogante. Juste un animal peureux... Il prît conscience de la force de Cerridween.
Ainsi naquit le doute... Ce foutu nœud qui vous engage à trouver une voie ou la Mort.
Mais il s'y refusa... Se laissa à nouveau emplir par ce venin sans possible contrôle......

Toc toc. La porte s'ouvre, la sorcière arrogante au pas. Le rouquin lui explique son souhait d'aller rejoindre Memento au Berry le temps de respecter une promesse... Le ton monte, trop vite, tout deux fantômes de leurs cicatrices. La colère du fou scelle les intentions de chaque camp.
Dernière bastonnade, des soins donnés dans un élan incompréhensible... Avant de partir en guerre, compagnon de même robe que ses cheveux au galop.

Il en est certain dorénavant. ELLE viendra le tuer. Il doit devenir fort.



[ Mémoire zokoïste... Pluie de sang...? ]

Le Fou n'est plus depuis le Berry. Le sang d'un Noir, les pleurs d'une blonde, la fin d'une promesse et les rencontres l'amenèrent devant le fait accompli. Il lui faut un vrai maistre d'armes... Quelque chose.
La gardienne féline lui montra le portail aux chaines serpentines après présentation et accord en règle d'El Diablo.

Le lien débuta entre les deux aguerris alors que la femme aux longs cheveux d'ébène rendit son verdict du test. Zoko Ad Vitam Eternam... La fierté d'être aux côtés de si forts mercenaires prit place. Assez pour lui en faire oublier les règles premières... Tout le monde est égal, pas de jugement dans le groupe. Le blondin en fit les frais, le colosse diabolique ferma le clapet du rouquin et lui inculqua une dernière leçon : ne plus frémir devant quel adversaire que ce soit et tout donner.

Présent.

Les jours passent au fur et à mesure du voyage jusqu'à l'océan... Des liens se tissent, d'autres brûlent. Il devrait se calmer... Crétin fini... Combien de fois il se donnerait des baffes ou en distribuerait à chaque engueulade...? Stop ! Stop. La Paix !
Tout est déjà assez ardu avec la découverte d'une femme qui se dit solitaire... N'allons pas ajouter la cousine de la brune du charmeur, ni la jarretière.
Alors il adopte profil bas, apprend à connaître... Tiens la blonde ! Bien accompagnée. Pour sûr que le béarnais troubaba et Cerdanne doivent l'aider. Mais il ne peut s'empêcher de l'ouvrir quand elle lui cause du fantôme qu'elle est. Mauvaise action...
Mais ferme là rouquin, ferme là...

Besoin de repos. De la douceur d'une belle brune mercenaire qui apprend les bases de la respiration d'un nouveau monde, dans des baquets aux effluves de fleurs de lavande.
Mais l'instinct n'a pas crié gare aujourd'hui... Pas de pressentiments...
Et alors que les onyx jumeaux se plongent les uns aux autres, que la nuit dévoile son manteau sombre et une pluie diluvienne... Un cri met fin à la passion et à l'oubli.


JULES ! IMMONDE RACLURE ! SOUS HOMME !

Le poids reprend ses droits. Le visage se crispe de colère à la faible lueur de la bougie qui accompagne le jeune couple.


JULES !
PUISQUE TA PAROLE EST DU VENT, VIENS AFFRONTER TA MORT !


Le rouquin bondit hors du lit pour mieux serrer sa queue de cheval, remettre ses bottes cloutées, une chemise et sa ceinture, ornée de la dague endormie dans son cuir. Pas un mot à la Féline, ni d'échange de regard. Pourquoi faire... Il n'y a pas à discuter. Il lui avait dit.
Les mains s'emparent de l'épée et du bouclier. Parole ?! Du vent ?!
Qui écouterait sa bourrelle et celle qui a fait de lui ce qu'il est ?!
La porte de la chambre des deux amants s'ouvre dans un fracas. Qu'importe si tout le monde s'éveille. Les marches sont descendues avec frénésie. Peur...? Jamais !
Le bois qui scelle l'auberge laisse place au fougueux, haineux comme jamais. La saigner... L'écarteler... Crève...


PIVOIIIIIINE !


Même pas un regard à un blondin nerveux du soir, à une Karine qui hallucine, ou au borgne aussi mouillé dorénavant que la rousse. Onyx trop préoccupés à crier la mort des émeraudes.
Tu m'as laissé vivre après m'avoir tué rouquine... Et pour ça j'irais jusqu'au bout... Je me fous de rejoindre Satan !

_________________
Eikorc
[L’appel du sang…]
Le réveil de la bête…


Quelques jours à peines qu’ils étaient là… Quelques jours seulement et déjà les fourmis viennent travailler les jambes du de Nerra… La seule solution pour lui de ne pas attraper le premier abruti qui passe pour lui faire ravaler ses dents, c’est de s’isoler…
Et il a très bien réussi sa disparition le colosse, à peine arrivé, la grande carcasse a mené sa troupe jusqu’à l’auberge la plus éloignée, la plus mal famée… Histoire de passer inaperçu. Eclipsage en règle de la figure de la Zoko, sans un mot à quiconque, sans une seule lettre pour qu’on le trouve… Juste envie d’être tranquille, juste envie d’être seul, laissant l’âme de la troupe s’occuper des autres…
Alors il s’est barré, embarquant ses coffres, ses armes et autres paquetages… Direction la chambre sombre et glauque dans laquelle il s’est installé. Peu importe ce qu’il se passe aux alentours, pour l’instant…

Les jours ont passé, la montagne de muscles laissant son regard passer entre les deux volets fermés, suivant les va et vient incessants de ses hommes… L’El Diablo reste caché dans son antre, jouant de ses armes, poussant sur ses muscles, essayant de repousser la douleur encore plus loin pour empêcher la folie qu’un rouquin a fait l’erreur d’appeler et qui ne demande plus qu’à donner la mort qu’elle n’a pas procuré…
De l’autre côté la porte ne filtre que des grognements sourds, des bris de meubles qui volent en éclats… Personne ne pourrait penser que le colosse se trouve ici, même pas les autres zokoïstes… Personne ne saura que se réveille encore plus le monstre sanguinaire en manque de sang… Et pas en manque du sien.

Quelques jours plus tard… L’arrivée rousse.

La nuit tombe à peine alors que le dernier fauteuil de sa chambre s’envole pour s’éclater lourdement contre le mur… L’azur métallique s’ancre sur les morceaux qui volent, retombent et glissent sur le parquet… Souffle court du colosse dont les muscles brûlent, le sourire s’étirant doucement sur ses lèvres… Juste à l’instant où des trombes d’eau se déversent sur la ville, l’onde ruisselant et tombant violemment sur le toit…
Mais au-delà de ça… Au-delà de la pluie qui s’abat et s’accentue, c’est le cri qui fuse qui fait vibrer tout le corps de la montagne de muscles. L’échine transpercée par un frisson électrique, la tête se redresse alors que l’oreille se tend. Tout les sens aux aguets, le de Nerra s’approche de la fenêtre alors que la ondée devient torrentielle…

L’œil aiguisé du mercenaire passe à travers les volets fermés alors qu’un nouveau cri s’élève et claque dans le ciel… Les insultes fusent alors que le sourire se fait plus large… Oui, c’est bien elle. Les paupières se ferment alors que l’El Diablo inspire profondément, les souvenirs revenant en flèche dans son esprit torturé…
Cette ombre rousse, cette femme qui était présente au tournant de sa vie… Devant ses yeux les scènes se repassent, la silhouette qu’il n’a qu’à peine croisée alors qu’il défonçait la porte de la chambre de ce château… Lentement il rouvre les yeux, doucement sa main droite vient se glisser devant son regard, s’ouvrant en grand pour dévoiler la cicatrice qui siège dans sa paume… Etincelle haineuse qui brille dans les pupilles bleutées…

Cette Licorneuse qui a arraché la vie au soleil d’une autre… Tout ça pour donner la vie à un marmot qui ne le méritait pas… Grondement qui monte dans la gorge alors que la pogne vient se glisser sur la cicatrice qui siège dans son cou. Le sourire s’élargit encore un peu alors que la grande carcasse se dirige vers ses armes.
Les doigt glissent lentement sur la garde de sa hache, remontant le manche, quittant le cuir pour caresser le métal… Jusqu’à se poser sur la lame même. La tête se penche et la main libre vient parcourir le même chemin sur la large épée posée à côté… Toutes deux forgées par l’Andalou, forgées par l’un des seuls hommes qu’il a accepté comme frangin…

Lentement, les mains prennent les armes une à une… Les dagues trouvant leur fourreaux dans sa ceinture, dans sa botte… L’épée se faisant ceindre à la ceinture alors que la hache rejoint son dos… Les épaules roulent, délassant les muscles qui se crispent déjà d’impatience, le souffle s’allongeant pour chercher à calmer cette haine viscérale qui palpite au creux de son ventre…
Sourire sadique qui se glisse au coin de ses lèvres alors que les bottes cloutées viennent claquer contre le bois. Pas à pas il s’approche de la sortie, son regard azur devenant métal en fusion… Il est seul dans cette aile, personne ne saura donc qu’il s’apprête à sortir de sa grotte… Coup d’épaule violent dans la porte qui s’envole et vient buter dans un craquement contre le mur…

L’heure est venue pour lui de régler ses comptes avec cette chevalière… Cette fois, ni la féline, ni la blonde ne se mettront en travers de son chemin… Repoussés au loin les contrôles pour se contenir… Envolées les envies de façade pour contenir sa folie qui embrase ses pupilles alors qu’il s’engage lentement hors de sa chambre. Le pouce passe sur la balafre qui orne sur sa joue, glissant jusque sur sa nuque pour dessiner la forme du serpent massif qui enserre la cicatrice qui aurait dû lui prendre la vie…
Cette nuit, il n’y aura pas de traité de paix… Pas d’alliance tacite entre les deux adversaires… Pas de petit blond pour leur montrer leurs ressemblances… Pas de gamin pour apaiser les tensions ou nourrir les griefs imbéciles. Cette nuit, le diable rencontrera la pivoine et il lui apprendra à quel point la colère est puissante…

Un cri s’élève de l’auberge, suivit de peu par des bottes qui dévalent les escaliers… Visage impassible de la montagne de muscles qui, elle, entame la descente pas à pas… Les bottes claquant sur le bois alors que les doigts de la main gauche jouent et tapotent sur la garde de son épée. Une porte s’ouvre en fracas, au loin il entend le tintement des lames, des boucliers…
Haussement d’épaules, il arrive au rez-de-chaussée… L’aubergiste se jette devant lui pour lui demander de ne pas faire de grabuge, mais pour seule réponse, c’est la senestre massive resserrée en poing d’El Diablo qui vient s’abattre dans le menton de l’homme qui s’envole et s’affale violemment sur les tables…

La dernière recrue en date de la zoko est dans l’embrasure, pressée d’en découdre avec la mort… Petit rire qui s’échappe de la gorge du colosse… L’allure s’accélère. Oh mon petit, tu rêves si tu crois prendre cette femme pour toi… Peut-être as-tu des griefs avec elle, mais celui qui la tuera, c’est moi…
Un pas… Deux pas… Et la pogne puissante d’Eikorc vient attraper le col du rouquin… Le regard fixement ancré par-dessus sa tête sur les émeraudes de la Pivoine… Un mouvement leste du bras et il envoie valser le jeune homme droit dans le mur, la tête la première… La voix basse et rauque s’élève alors que ses yeux passent sur le borgne, puis sur le rouquin…


« Emmène moi cet abruti loin d’ici Mal’…
Personne ne se mettra entre Elle et moi… Je tuerais quiconque s’y osera. »


Le ton est dur, des ordres à demi envoyé à son collègue et compagnon depuis des années… L’allure du colosse est connue des plus anciens, l’air ne laisse aucun doute sur le fait que la folie entière a pris possession de sa carcasse… Le regard flamboyant les quitte pour se planter dans les émeraudes de la pivoine… Sourire qui s’esquisse alors que les deux mains se glissent lentement pour se poser sur les gardes de ses armes…

« Buenas tardes de Vergy…
Jules n’est pas prêt pour se battre contre toi…
Alors si tu jouais avec un adversaire à ta taille ? A moins que tu n’aies peur de m’affronter… ?
Dans tout les cas, c’est le seul moyen que tu as pour jouer avec lui : Me tuer pour croiser le fer avec ce couillon… Ou mourir. »


Menton qui désigne le rouquin d’un coup avant que le sourcil se hausse comme une légère invitation… Mouvement de poignet qui débloque la large lame de sa hache, l’épée se faisant tirer de la dextre dans un crissement de métal…
Affronte la mort en face Pivoine… Le temps est venu de retrouver celui là même qui t’as fais voler à travers le verre… Regard qui s’intensifie alors que les mâchoires se serrent, retenir encore quelques instants son envie de sauter sur elle… Calmer ses bras qui veulent déjà envoyer les lames pour la trancher vive…

L’heure est venue et le tonnerre éclate dans le ciel, comme pour sonner le départ d’un combat à mort....

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"Pour toujours... Et à jamais."

"Mercenaire rôliste, cherchant une troupe ? Contactez moi..." Zoko & Fablitos
Cerridween
[ Quand la cible change... ]

Tout avait commencé comme une farce après son appel...

Même sous la pluie qui tombe, sous le vent qui fait vaciller les flammes dangereusement... il y avait un borgne qui la toise de son œil et qui lui demandait d'arrêter d'hurler à la lune absente. Il y avait ce seau d'eau dérisoire sous la pluie battante qui n'avait fait qu'accélérer la détrempe des deux protagonistes.

Elle, elle boue. Elle regarde le borgne et sa pipe éteinte et déverse du bout de ses émeraudes la lave glaciale de sa colère. Elle aurait levé le bras, elle aurait balancé un poing gauche rageur suppléer de la garde de la dague pour le faire dégager. Elle ne sait pas qui il est, mais ce n'est pas lui qu'elle veut voir à terre... définitivement. Sinon la lame serait partie, à revers, pour son infortune, trancher sa gorge d'un coup sec. Elle se retient de la lâcher aussi pour se saisir du couteau de lancer qui est lové, dans le creux de son dos, pour qu'il vole vers la fenêtre et ferme le clapet à celui qui avait pensé qu'on arrête les tueurs en les lavant à grandes eaux.


PIVOIIIIIINE !

C'est pour ce cri qu'elle est là... pour ce cri là...
Pour ce fracas de porte et pour ce visage.
Elle avait été bien trop gentille. Oui... bien trop... elle l'avait laissé en vie après qu'il eut tué un héraut de l'ordre. On ne tue pas les hérauts, comme on ne tue pas les messagers. Et surtout on ne tue pas celui qui avait fait avec elle le grand saut de l'Errance à la Chevalerie. Stannis, le sarcastique, celui qui secrètement était pétrie de doutes, celui qu'elle avait relevé après une cérémonie où ils étaient ressortis plus lourd d'un collier, de caducées pour lui et d'une canne de maître pour elle. Elle aurait dû déjà le laisser seul à se noyer dans son propre sang. Mais non... elle avait respecté la Justice. Il n'en voulait pas à la Licorne, il en voulait au Juge et cette justice là n'était pas en son pouvoir. Et il était revenu cet assassin, il était revenu dans la ville dont elle avait tout apprit, même les bas fonds et la noirceur... il était revenu et elle l'avait encore prévenu lorsqu'il avait levé la main, une fois de trop... elle avait eu pitié peut-être, elle avait encore eu ce sursaut de devoir qui lui été chevillé au corps.

Mais la pitié a disparu aujourd'hui, le devoir est celui du sang, de la mort et de la vengeance. Elle n'accepte plus les faux pas, les demi mesures. Elle a trop donné, on lui a trop prit. Maintenant elle n'a au cœur et au corps que la loi du Talion, on prend, elle prendra, au centime, à la goutte de sang près. La vie contre la vie dans le cas du rouquin qui vient d'apparaître sur le pas de la porte. Elle n'a cure de sa colère. La sienne déborde comme un torrent trop furieux qu'on aurait réveillé trop brusquement et qui se déverse du fond de ses yeux vers la cible qui vient d'apparaître. Tout a disparu... le borgne, le baquet, la fenêtre... elle ne voit pas la blonde qui s'est arrêtée non loin et qu'elle avait aidé à Limoges... il n'y a que lui. Les genoux se plient, elle devient prédateur. Les doigts un instant jouent sur la garde de la lame de sa dague pour se refermer en serres qui crochètent tout possibilité de fuite.

Viens...
Cours...
Que je te cueille, comme on fauche un oiseau en plein vol, d'un trait...

Il a volé oui... mais contre un mur et ce n'est pas de son fait... au dessus de la tête du rouquin, elle vient de voir apparaître deux torches bleutées qu'elle connait bien...
La scène vient de se figer. A peine entend-on un blonde jurer dans le crépitement de la pluie. La grande carrure se penche vers le borgne et semble lui dire quelque chose. La Pivoine serre les dents. Le colosse... pourquoi s'en mêlait-il maintenant... la colère redouble. Il aurait fallu si peu. Quelques secondes de plus. Une charge du rouquin. Son épée qui se lève en leurre et sa dague qui s'abatte vers le cou, le coeur, les poumons, le ventre... juste un peu plus de temps... la tension vient de s'installer dans l'air qui semble grésiller d'électricité.

Il s'est approché... elle voit... elle revoit... la folie de la mort rouge qui est dans ses yeux et qui a déjà commencé à danser. Il n'est plus celui de Loches. Celui tapit dans le fond d'une taverne qui avait eu ce regard qui c'était posé sur elle et qui avait enfin comprit, parce qu'un petit blond de sept printemps avait posé la question.

Pourquoi t'es si triste ?


Elle ne l'avait pas regardé... elle s'était rassise... elle avait planté ses émeraudes qui cette nuit là n'étaient teintée d'aucune ire, d'aucune noirceur et elle avait parlé... pour lui, qui se taisait.

Je vais te raconter une histoire.... j'avais un frère. Il était grand, un géant, avec des cheveux couleur des blés comme toi. Il avait des yeux qui reflétaient le ciel et qui changeait selon son humeur. Il souriait peu... sauf avec moi...

De cette nuit, il n'était resté que le regard du Colosse sur la Pivoine, cette main tendue dans laquelle elle avait mit la sienne. Apparemment, le vent et la pluie venaient de les emporter dans le néant.


« Buenas tardes de Vergy…
Jules n’est pas prêt pour se battre contre toi…
Alors si tu jouais avec un adversaire à ta taille ? A moins que tu n’aies peur de m’affronter… ?
Dans tout les cas, c’est le seul moyen que tu as pour jouer avec lui : Me tuer pour croiser le fer avec ce couillon… Ou mourir. »


Elle rit la Pivoine. D'un rire qui monte pendant qu'elle enlève la capuche qui masque son visage. Elle se dévoile. Regarde donc Colosse... regarde... ce n'est plus tout à fait moi... regarde... il y a des choses qui ont changé... les deux bras s'écartent de part et d'autres de son corps et elle devient provocante, pendant qu'elle le hèle d'une voix forte.

Je ne suis pas à sa taille ?! Et ton petit protégé, il s'attaque aux gens à sa taille crois-tu ? Il ne sait que donner la mort dans le dos ou frapper à mort les jeunes filles sans défense ! Et tu as ça à tes côtés De Nerra ? Tu oses avoir ça à tes côtés ? Une abomination qui attend que j'ai le dos tourné pour frapper les miens et les laisser presque mort sur le sol d'une taverne ? Un couard ?

Le rire monte...

Et bien la Zoko a drôlement changé...

La Pivoine reste là, dans la tourmente pendant que le ciel fait encore rouler les tambours d'une semonce. Les yeux ont déjà fouillé le grand corps et comptent... les armes... la posture... elle calcule... sa dague doit avoir perdu avec cette pluie la bonne partie du poison qui était sur sa lame... la partie s'annonçait particulièrement à son désavantage...

Mais ma foi si en te tuant j'obtiens le droit de lui trancher la gorge comme il se doit, pour le pourceau qu'il est...

Elle fait un signe de tête vers le Colosse...

Et bien viens De Nerra.... je n'ai rien à perdre.


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Felina
Parce que la paix ne dure jamais bien longtemps.

Jours qui s’écoulent paisiblement. Départ de Thouars après que la Rastignac ait entrouvert son cœur au rouquin, suivi de longues journées de chevauchée à travers le Marais Poitevin pour rallier la Rochelle. Froid, humidité et vent glacial qui rendent le trajet plus que désagréable, mais enfin la cité portuaire tant convoitée leur est apparue. Toute la compagnie a alors pu profiter d’un repos plus qu’amplement mérité. Le Colosse ayant disparu dès les premières heures en La Rochelle, les zokoïstes vont à leur guise, sans objectif pour le moment. La Féline, cela lui convient, elle a comme des envie de ne rien faire en ce moment.

Explication avec Armand en taverne et table rase faîte. Elle a trouvé en lui une oreille attentive à laquelle elle a pu confier doutes et peurs, et s’est apaisée qu’elle a décidé de laisser une chance à l’avenir de lui sourire. De son côté, Jules a tenu sa promesse, et elle apprend à ses côtés à dompter l’élément liquide. Il faut bien avouer que son maître chanteur a su y faire pour la convaincre de s’y mettre, et peu à peu l’angoisse s’atténue et la sauvageonne se prend au jeu de la couverte, réussissant même à rester quelques secondes sous l’eau sans paniquer. De là à dire qu’elle pourra plonger dans l’Océan demain, n’exagérons rien … Une chose après l’autre. Elle ne va que peu en taverne, occupant son temps entre entraînements avec Armand dont les progrès sont des plus impressionnants, longues chevauchées sur la plage et à faire des bulles dans l’eau du fameux baquet. Les nouvelles de Karyl qu'elle reçoit par missive de la lointaine Bourgogne sont bonnes, et elle est rassurée sur le fait qu’il se porte très bien et ne l’oublie pas.

Tout va bien, trop bien …
Tout est calme, trop calme …

Mais à croire que la tranquillité ne colle définitivement pas aux bottes de la Féline, et comme à chaque fois, alors qu’elle se croit en paix, le passé la rattrape. Pourtant celle fois ci il ne s’agira pas du sien. Alors qu’elle s’apprête à profiter de son fougueux amant, et que déjà les mains partent à la redécouverte de chaque parcelle de sa peau, un cri dans la nuit lui glace les sangs et la fait s’interrompre brusquement. Elle … ça ne peut être qu’Elle. Il lui a raconté, il lui a expliqué … il lui a demandé de se tenir loin d’elle. Pas un mot prononcé … de toute façon il le la regarde déjà plus, ayant soudain sombré dans son passé, luttant de nouveau contre ses démons. Il est encore dans la pièce, mais il n’est plus avec elle, et c’est en silence qu’elle le regarde se vêtir, s’armer puis sortir en claquant la porte.


Des mois en arrière, Varennes près de Moulins.

La Pivoine … cette femme rousse dont elle ignorait le nom jusqu’à il y a peu. Celle qu’El Diablo qu’elle voyait pour la première fois sans savoir qu’il allait marquer un changement radical dans vie, voulait tuer dans cette fameuse cour de Varennes. Après être restée paralysée sur le seuil de l’escalier qu’elle venait de descendre, fuyant ce couloir de la mort où elle n’avait rien à faire, à la poursuite d’un colosse inconnu, un diable malheureux et enragé qui hurlait vengeance. Elle avait alors vu le coup puissant partir vers le visage d’une rousse tout aussi inconnue, et certaine qu’il allait la tuer, là sous ses yeux, elle n’était pourtant pas parvenue à se décider à réagir, se contentant de les supplier pitoyablement d’arrêter.

C’est une tornade blonde, haute comme trois pommes et surgie d’on ne sait où qui l’avait sortie de son mutisme, se ruant sur le colosse. Et dès l’ordre claqué, la Rastignac avait bondit sur la chevalière rousse, sans réfléchir, l'entraînant violemment au sol avec elle et ne cherchant qu’à la protéger de la montagne de muscles qui l’avait prise pour déversoir de sa haine.
Puis il était parti et la blonde avait pris la suite des opérations en main. La Féline, bras brisé dans l’affaire s’était alors éclipsée comme elle était venue, sans connaître le nom de cette femme qu’elle avait tenté de sauver, et n’en ré-entendant parler que dans la bouche d’un rouquin, très récemment.

Seule, dans la chambre désertée.

La présence de la Pivoine ici n’annonce rien de bon et elle en a parfaitement conscience. Elle est là pour le tuer, et cette fois ci, elle ne pourra pas s’opposer. Il ne lui en laissera pas l’occasion, elle sait, et elle a compris que ce combat là n’était pas le sien. De longues minutes passent sans que la Féline ne fasse rien, paralysée de nouveau comme ça fameux jour à Varennes. Puis soudain elle se lève à son tour, d’un bond, sautant dans ses bottes et enfilant sa cape. Marches de l’auberge dévalées quatre à quatre, elle ne parvient près de la porte que pour voir le colosse se saisir violemment de Jules et le projeter tel un vulgaire sac de grain contre le mur. Eik veut sa vengeance, et il ne laissera apparemment à personne la moindre de lui voler ce privilège.

Sans un regard pour le Borgne ou le colosse qui déjà se dirige vers sa proie nocturne, la Féline se précipite vers Jules pour vérifier l’ampleur des dégâts. S’il est dans les vapes, elle souhaite ardemment qu’il le reste le plus longtemps possible … si tel n’est pas le cas, elle espère que Maleus l’aidera à l’empêcher de s’interposer entre Eikorc et la Licorneuse.


Jules …

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Maleus
[Quand on dérange un nid de vipères il faut s'attendre à etre mordu...]

Trempé..completement trempé...et non pas par la pluie qui déjà avait commencée le travail mais par une foutue projection d'eau d'un blond grincheux.
La pipe en tombe du bec du cyclope..pas encore toutes les informations réunies dans sa caboche.
Un donzelle armée et encapuchonnée qui appelle le rouquin puis..de l'eau...
Autant lever le nez et voir d'où c'est tombé..si il n'y a rien c'est que la donzelle sait faire pleuvoir et alors, c'est certain, il lui demandera comment elle fait...un pouvoir de ce genre y'a d'quoi se faire assez de thunes pour plusieurs générations d'Assay.

Le borgne a bien fait de lever le nez, c'est une p'tite tête blonde qu'il connait qui est penchée par la fenetre..eh puis en y reflechissant, la voix etait reconnaissable aussi.

"Armand ! 'spece de porc berrichon vérolé ! Enfant d'catin des Miracles ! Ignoble pourritu..."

Non non ce n'est pas une censure déliberée de l'auteur de ce post mais voila que le roux débarque en criant un "pivoine" qui pourrait déboucher les oreilles d'une vieille bigouden.
C'est donc bien de ce Jules qu'il s'agit et le borgne se demande bien ce que le rouquin a encore foutu..l'a du talent pour se foutre à dos toute l'humanité.

D'ailleurs là tout s'enchaine bien trop vite..alors que le roux bondit sur la donzelle c'est un démon aux yeux bleutés qui fait son apparition..le Mal' connait bien cette bête là..celle la même qui n'est pas controlable..machine à tuer..c'est donc avec une moitié de surprise qu'il voit le géant attraper la recrue rousse par le cou et le projeter avec violence contre le mur le plus proche.
Puis des ordres sont crachés d'une voix legerement démente..ordre que le grincheux capte tout en lachant un petit soupir.

"Bordel Eik..va pas nous abimer les nouvelles recrues..."

D'un pas lent il s'approche du rouquin étalé, ne lance même pas un coup d'oeil à la feline puis degaine son épée.
La demoiselle a dévoilée son visage, le borgne la reconnait à moitié mais faut dire que pour l'instant ça ne l'interesse pas de se souvenir d'où il l'a croisé.

Haussement d'épaules, il repporte de nouveau son attention sur le rouquin, la pointe de son épée vient se placer devant le visage du camarade malmené et les paroles qui sortent de la bouche du mercenaire devienne aussi froide que la glace.

"Rouquin, tu n'bouges plus..le demon est de sortie, un geste pour y retourner et je te tue."

Mourir de la main du borgne..peut etre moins douloureux que sous la hache d'un géant furax..enfin surement plus propre...

"Depeche de finir ce combat Eik ! j'me les caille !"

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Adieu Fab'
Jules.
[ Crève-moi... ]

Un rire froid derrière le roc carmin... Et cette voix rauque diabolique, il a déjà eu à l'entendre en pleine nature. L'homme à la carrure massive, torse nu ignorant le froid ambiant, les poings pour seules armes de leçon ; El Diablo. La pogne monstrueuse du premier chef Zoko n'a aucun mal à saisir par le col le jeune fougueux, trop occupé à chercher de quelle façon charger la Pivoine. L'instinct et l'immense frisson qui le prennent lui font tourner inexorablement la tête vers le colosse... Et ses yeux. A cet instant précis, les quelques secondes à fixer les azurs plus fous que jamais suffisent à refroidir la haine débordante du rouquin. Comment tel regard est possible ?! Le bleu métallique avale sans mal le noir des onyx du Sambre. Un autre monde qu'il découvre un instant avant de retomber sur la dure réalité, voilée de nuages sombres déversant leur colère.

Geste sec du Colosse.

Alarme qui grésille dans tous ses muscles alors que le jeune roux vole. Les paupières se ferment dans le même instant, il sait déjà ce qu'il y a derrière... Et ça va faire mal, très mal. Trop puissant... Impossible... C'était rien alors à Loches... Une infime partie de sa vraie force... Bon sang... Mais je suis quoi sinon une botte de paille face à eux...
Chaque partie de chair se crispe en attendant le verdict du mur. Aucun rattrapage à espérer. La tête rencontre en première la pierre solide. Choc brutal, bruit d'os qui se brise, devient morceaux, tâche écarlate qui pâme le mur alors que le corps du mercenaire s'affale à terre dans un bruit sourd... Tintements métalliques des armes qui entament la symphonie de l'oubli... Retour aux nimbes du subconscient. On commence à avoir l'habitude n'est-ce-pas ?
Probable qu'un jour il n'aura plus de pensée possible, tant le cerveau a été maltraité en moins d'un an. Mais bizarrement on dit que les leçons rentrent mieux avec les coups, cherchez l'erreur.

Les secondes passent, les échanges entre bêtes de guerre commencent alors que le rouquin re-visite ces ténèbres silencieuses qu'il refuse ardemment. Enfin silencieuses... Jusqu'à ces voix d'outre-tombe.


Jules...


« Réveilles-toi bordel ! Allezzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz... Foutu corps fragile ! Nom d'un chien relèves-toi, va l'affronter ! T'attends que ça... C'est pas pour te faire battre à nouveau en un geste ! DEBOUT SAMBRE !!! »


A moins que tu n’aies peur de m’affronter… ? Ou mourir.

Réveil du Fou. Douleur fulgurante qui le fait lâcher un râle qui se perd sous la pluie diluvienne. Nez pété... Il pisse le sang. Mais il s'en fout, étouffe mille jurons, ELLE rit. Le mal est trop grand pour que le rouquin n'arrive à bouger un muscle. Alors il écoute la Pivoine provoquer, laisse le venin couler, cette force qui viendra le tirer de ce sommeil musculaire. Peste soit de la douleur, ou encore de la menace du Borgne. Fais chier, fais chier... MARRE !!!


CERRIDWEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEENNNNNNN !!!


Il rugit le fougueux, se fiche éperdument de cette douleur qui le nargue au visage. Le défiguré perd l'esprit, se met à genoux avant de se tourner vers sa bourrelle, les onyx posés sur la chevalière. No control. Le pantin de Satan se dévoile complètement.

Regarde ton ABOMINATION ! REGARDE-MOI ! Regarde le MONSTRE qui a battu DEUX FOIS ta faible protégée ! AH tu peux bien être placée pour en parler ! TU m'as CRÉE !!!

Le Fou rit avant de cracher son sang, ne se souciant d'aucune esquisse de mouvement.

J'attaque derrière ton dos ?! OH mais parce que TU t'es tournée ! TU m'as laissé en vie après m'avoir exécuté sous tes tortures ! TU n'as pas été CAPABLE de M'ACHEVER ! TU ES LA SEULE ET UNIQUE RESPONSABLE DE CE PETIT ENFER !!!

Le sbire du Sans-Nom sourit de toutes ses dents rougies par le sang, rit alors que la colère de la foudre tonne. C'est si bon de s'affronter enfin Pivoine ! Tu vas comprendre !

TOI et tes préceptes... QUI es-tu ?! Qui es-tu pour te permettre le droit de vie ou de mort d'un homme devenu ASSASSIN, à cause de cette foutue JUSTICE, celle que vous CHEVALIERS protégez !
Ton pourceau t’attend PIVOINE ! Passe donc le Colosse qui souhaite aussi ta MORT ! VIENS ME CREVER !
Si je suis une ABOMINATION et un COUARD par TES MAINS qu'est-ce-que tu es TOI hein ?!

C'est TOI le MAL à pourfendre !!!


L'humain qui mérite le plus de rejoindre les entrailles de l'Enfer est toi Pivoine, toi qui es ma plus grande peur et haine !
Et devant un démon avide de sang et une chevalière vengeresse, seule la femme aux longs cheveux d'ébène peut lire ces pupilles jumelles... Car au fond de ses onyx... Ce n'est ni la rage, ni la colère qui est le message...

Mais la détresse.

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Eikorc
[Bienvenue en enfer… ]

Un rire qui s’élève face à sa carcasse… Un rire en réponse à sa provocation… Aurais-tu perdu la tête Pivoine ? Ne te rappelles donc tu pas de la baie que tu as traversé il y a quelques années pour rire ainsi ?
Le regard sonde son opposé, cherchant à savoir pourquoi ce rire s’est envolé… Mais déjà elle repousse cette cape qui vient glisser au sol, sans bruit, seul le battement féroce des gouttes résonne aux oreilles du colosse pour l’instant… Quelques secondes seulement se sont écoulées depuis son arrivée et déjà devant lui se dresse la Licorneuse en brigandine…
Le sourire s’esquisse, étirant les lèvres du de Nerra dont le regard flamboie un peu plus… Sa proie résiste, elle n’a pas peur de sa puissance, de cette aura de folie qui fait vibrer la moindre interstice de chair… Un adversaire comme il les aime…

Les bras sont dénudés, ouverts en invitation muette, les lames dévoilées… Et les yeux passent quelques instants sur un carreau glissé à la ceinture de la rouquine… Sourcil qui se hausse d’amusement : croit-elle sérieusement réussir à prendre autant de distance pour user d’une telle arme ?
Provocation pure et simple de la rouquine qui ne manque pas d’ajouter une couche en prenant la parole d’une voix forte… Les mots sonnent et résonnent dans la caboche de la montagne de muscles. Le regard flamboie alors que le sourire carnassier se glisse au coin des lèvres… Elle l’invite, il s’apprête à s’élancer au moment même où le borgne qui s’est déplacé lui hurle de se dépêcher d’en finir…

Les muscles se contractent, l’immense épée se redressant, menaçant de sa pointe la chevalière qui fait face au mercenaire… Les yeux se plissent alors qu’il cherche la garde, les mâchoires se contractant légèrement… Quelques secondes de silence pour préparer l’attaque… Quelques instants de pause avant qu’il n’inspire pour à son tour cracher son fiel, histoire de donner le tempo pour la danse mortelle qui va commencer…
Mais c’est sans compter sur le rouquin qu’il croyait hors d’état de nuire… La voix surplombe le tonnerre qui gronde de plus en plus fort, un cri qui sort des tréfonds d’une gorge, qui s’arrache aux tripes d’un jeune homme dont la folie n’est qu’à son balbutiement…

Les sourcils se haussent, presque narquois, alors que les mots s’échappent comme une salve de traits sensés transpercer la solide carapace de la rouquine… L’oreille se tend et doucement la tête tourne, surveillant la silhouette de la Pivoine du coin de l’œil alors qu’il lance un regard à Jules… Juste un regard, pas un seul mot… Les yeux froids parcourent rapidement la face du jeune mercenaire qui est menacé par la lame de leur compagnon…
Petit rire qui s’échappe… Toujours aussi froid, aussi désincarné, à en faire dresser les cheveux sur la tête du plus aguerris des guerriers… Et l’azur métallique vient retrouver les émeraudes tout aussi gelées qui leur font face… Le sourire s’élargissant légèrement…


« Qui es-tu pour juger notre Compagnie… ?
Toi qui ne sait rien faire des tiens… Toi qui te plie comme une chienne aux ordres qu’on te donne… Toi qui rapplique au premier sifflement de tes ‘patrons’… »


Une légère pause… Il se déplace, la lame de sa hache venant racler les pavés de la rue… Le cercle parfait est décrit, gardant ses distances avec sa future proie… Lui ouvrant le passage sur le trio glissé dans un coin…

« Tu l’entends… ? Ce gamin que tu comptes tuer ?
C’est de ta faute s’il est comme ça… Parce que tu es faible… Trop faible pour faire la moindre chose de ta carcasse… Trop faible pour arracher la vie… Et je te parle même pas de protéger les tiens. »


Le temps est venu de faire mouche… Il connaît la vérité depuis quelques temps… Depuis que le petit blond lui a demandé pourquoi elle était triste devant lui… La masse se dresse de toute sa hauteur face à la Pivoine… Le regard se fait plus dur alors que le sourire se fait beaucoup plus sadique… Et les mots s’échappent comme une gifle alors que le ton est cinglant…

« Tu es une incapable… Tout comme tu l’étais il y a des années…
Incapable de tuer… Incapable de protéger…
Même la mort de ton frère n’a pas réussi à te faire comprendre… Tu es idiote, de Vergy. »


Le regard se durcit… Les armes se lèvent en même temps… La hache est tendue à l’horizontale, comme un prolongement de ce bras massif… Et la tête se penche légèrement sur le côté alors que le poignet tourne, comme pour dévoiler la lame au regard de son adversaire…
Il sait. Il sait que c’est une arme identique à celle là qui a arraché la vie à l’âme-sœur de sa vis-à-vis… Il veut voir la colère déformer les traits de cette Pivoine… Il veut l’entendre, la voir sortir de ses gonds… Folie contre folie… Maître d’armes contre maîtres d’armes… Âmes torturées par la même souffrance…

L’échine frémit et le colosse s’élance d’un coup de talon dans le sol… Une fois de plus la même attaque… En vitesse, en puissance, les bottes cloutées martèlent le pavé alors qu’un éclair traverse le ciel, le tonnerre grondant encore alors que le vent souffle plus fort…
La distance qui les sépare est avalée aussi vite que la foulée du de Nerra le lui permet… Et c’est au dernier moment, à quelques pas de sa victime, qu’il pousse de toute ses forces sur ses cuisses, ignorant les tiraillements de ses cicatrices sur ses muscles puissants… L’envol est majestueux, l’éclair foudroie à nouveau le ciel alors qu’il retombe de toute sa masse sur elle, ses deux lames sifflant dans l’air alors que sa voix tonne aussi fort que le tonnerre…


« CRÈVE DE VERGY !! »

Le cri meurt à peine dans la gorge de la montagne de muscles que le crissement des lames se fait entendre, des étincelles s’envolant presque alors qu’il retrouve le sol en grognant toute sa rage… Relevant vivement la tête pour retrouver le regard de son adversaire…
Le La est donné… C’est le colosse diabolique en personne qui mène la danse… Au suivant…

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"Pour toujours... Et à jamais."

"Mercenaire rôliste, cherchant une troupe ? Contactez moi..." Zoko & Fablitos
Cerridween
Et sous la pluie les coups pleuvent...

Les premiers ne lui ont rien fait. Si peu...
C'est l'avantage quand on est née bâtarde. On a apprit quand on est marqué jusqu'à la chevelure et à l'emblème à se blinder au fur et à mesure des coups, à avoir de la corne sur l'âme pour encaisser. On ne dit rien et on fait miroiter devant l'autre, dans ses yeux, tout le mépris qu'il peut inspirer et cette étincelle, cette étincelle farouche, narquois pour le faire sortir de ses gonds lorsqu'il voit que ses traits ne font pas de mal à une mouche.
Chienne de pouvoir... on lui a tellement servi celle là. Elle n'en a cure... elle est petite, insignifiante, cette attaque. Elle a été balayée par le vent... c'est leur lot quotidien à ces ombres, à eux qui ne plient pourtant pas sous le poids des injures. Eux qui se battent contre les egos d'en Haut, avec la devise non officielle d'emmerder le Pouvoir royal pour mieux le servir. Les troubles fêtes, les dérangeants qui disent ce qu'ils pensent puisqu'en temps que vassaux ils ont le devoir de conseil... bien peu écouté il est vrai. Bien trop peu... combien de fois avaient-ils prévu, prévenu, proposé, exposé plus que leurs théories, leurs propres vies.. combien de fois avaient-ils claqué les portes dont le fracas avait été bien gardé au reste du Royaume. Chienne du pouvoir, si tu veux De Nerra. J'ai juré et ce n'est pas tes quolibets qui me feront rendre gorge... ça ne sert juste qu'à aiguiser les canines que tu pointes...

Elle le regarde sans broncher pas plus atteinte par les mots crachés comme un venin que par la pluie qui tombe. Mais elle sent... elle sent que quand il commence à tourner comme un fauve, au son strident de la lame qui racle le sol il dessine imperceptiblement autre chose. Dans cette approche elle peut sentir... le danger... ce sourire là est peut-être la seule chose avec ce ton qui monte petit à petit, sinueux...
La deuxième salve arrive et la première pointe lui renvoie au sourire sadique ce petit écartement de lèvre narquois sur le coin de sa bouche où viennent se lover quelques gouttes d'eau. Le sourcil qui l'accompagne vient faire rire en négatif la cicatrice à son arcade. Il l'a cherché le gamin... ma faute et unique faut a été de respecter les règles plutôt que d'être faible, De Nerra... je ne me reprocherai rien de ce qui le concerne. Il savait à quoi s'attendre... on n'attaque pas un animal mythique gardé par des cerbères en n'y laissant aucune plume.... mais tout ceci est trop simple... trop... évident...

La troisième...
… sans crier gare, vient de lui transpercer le coeur.
Et les émeraudes hypnotisée sont restées figées sur la lame. Elle ne peut fermer les yeux même si son esprit hurle à l'intérieur et sous le masque qui s'est figé, qui hurle de douleur. Elle pourrait être celle là... cette hache dont l'écho sur la colonne vertébrale de son frère vient de retentir au diapason du déchirement du ciel et de ce qui lui reste d'âme. Il vient d'enfoncer un couteau dans sa plus grande plaie et d'un coup de poignet l'a tourné pour être sur et certain qu'elle sente passer le coup. Et dans l'éclair qui suit de son passé, s'installe le froid et la neige d'un hiver lointain éclaboussé de rouge.... lentement, très lentement, ses mains tressaillent... les larmes ont trop souvent coulées et c'est en avatar que la pluie s'écoulent sur ses joues. Puis, sa mâchoire se serre. Il n'avait pas le droit... il n'a pas le droit... il n'aurait pas dû oser... le tremblement s'intensifie pour se propager dans la colonne vertébrale. Lentement, très lentement, du bout de la blessure s'écoule un poison. Celui qui l'a prise en ce jour d'hiver, quand masquée de boue et de sang, elle avait égorgée en hurlant celui qui avait enlevé le dernier souffle, parti en une volute de vapeur dans l'air glacial des bois qui étaient devenus ruines et éteint le ciel de ses yeux pour la plonger dans le noir.

Lorsque les émeraudes remontent vers l'acier aux reflets de folie qui lui fait face... le masque est tombé. Dans son sang le poison douloureux de la culpabilité mêlé à ce besoin de vengeance jamais assouvi viennent lui battre les tempes. Il n'y a plus rien. Loches est bien plus loin qu'à des lieues. Plus une once de compassion, de respect ou de peine ne vient troubler ses pensées. Rien d'autre que l'envie viscérale de le saigner à petit feu. Souffrance... tu vas connaître ce mot, De Nerra jusqu'au bout des ongles, de la chair, des entrailles.... si je dois laisser ma peau, ça ne sera pas sans avoir décorer la tienne.

Et lorsque le fauve attaque, c'est un autre qui s'est emparé de la Pivoine... cette fois pas de dépourvu, pas de peine qui l'accable, pas de dos à lui montrer. L'attaque est fulgurante, brutale, subite. Elle a attendu... elle a attendu campée dans sa haine, dans sa hargne, dans son ire...
Viens...
Approche...
Elle peut sentir les pulsations des pas qui s'impriment dans le sol et qui viennent se répercuter dans ses os.
L'extérieur se dissipe comme un rêve et il n'y a plus que ce trait qui a crevé le sol d'une ligne imaginaire et qui sera maintenant leur arène.


« CRÈVE DE VERGY !! »


Au signal elle s'est reculée d'un bond...
Une mèche de cheveux rouge reste un instant suspendu dans l'air avant de retomber lentement au sol.
L'onde de choc de son épée déviant la sienne s'est propagée le long de son bras, jusqu'à son coeur qui en a loupé un battement.... Miséricorde lui laisse le champs libre, au prix d'étincelle et d'un impact qui marque son fer, cet espace dont elle a besoin...
Pendant qu'il tombe elle tourne, elle volte... passant dans son dos...
Au passage, la lame de sa dague vient ouvrir la chemise dans son dos et laisser son empreinte de griffe... un sourire de sang... le premier...
Et puisqu'il veut une danse macabre elle termine son mouvement pour camper ses bottes non loin.

Et maintenant la Pivoine noire regarde entre les gouttes de pluie son adversaire... et ricane entre ses dents...


J'ai encore quelque chose d'elle...

De la pointe de la dague où le sang du Colosse est déjà lavé par la pluie, elle désigne le bas de son dos...

Les traces de ses dents sur le manche de mon couteau...


Sourire mauvais, déformé... on a droit aux coups bas n'est-ce pas ?

Tu ne peux pas en dire autant... mais rien ne t'empêche de venir le chercher...

Elle sourit en se mettant en garde... au pas de deux, De Nerra, je suis parfaite cavalière... je rends coups pour coups... mais pour toi, je prendrais mon temps... tout mon temps...

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Eikorc
[Une pluie… De sang…]

Une seconde… Une simple seconde qui l’empêche de mener à bien son assaut… La garde qu’il voulait briser, les bras, les épaules qu’il voulait blesser avec ce coup surpuissant lui échappe alors qu’elle l’esquive… Les mâchoires se serrent, les lames se croisent, se longent… Et la furie rousse jaillit hors de son champ de vision…
La tête tourne, mais déjà une lame vicieuse vient se glisser dans son dos, pénétrant ses chairs légèrement pour longer son corps… Le grognement bestial monte dans sa gorge alors qu’il se laisse envahir par la douleur…

Viens… Monte jusqu’à moi… Réveille plus encore la bête qui palpite dans mon ventre… Déchire, détruis les barrières qui peuvent encore me retenir… L’étincelle dans son regard devient brasier alors que son échine frémit et que les muscles se contractent… Le colosse double presque de volume alors que son regard passe par-dessus son épaule pour se planter avec hargne dans celle qui se veut sa bourelle…
Elle est là, à quelques pas, le sourire aux lèvres… Fière de son esquive, fière de sa contre attaque… Ris petite rouquine, amuse toi de voir le sang couler… Parce que cette douce chaleur, cette délicieuse sensation que procure ce liquide poisseux sur ma chair, tu vas y avoir le droit… Au centuple…

La danse est entamée… Le jeu est lancé… A qui fera mouche sur l’autre… Et là voilà qui renchérit sur le même terrain que lui… Les mots, la voix, surplombent le tonnerre qui gronde encore plus fort… La tête pivote sur elle-même pour s’arracher à son regard alors qu’elle tape dans la seule faille de la carapace du Nerra…
Comme un crochet, comme un coup de poing des plus puissants qui viendrait le cueillir à l’estomac… Les mains puissantes se resserrent de toute leur force sur les gardes de ses armes alors que devant ses yeux vient danser le visage de cette âme-sœur qui ne l’a jamais abandonné…
Quelques secondes seulement s’écoulent… Mais l’attention du colosse n’est plus tournée vers son adversaire… Dans son esprit ne résonnent plus que les gouttes qui s’écrasent autour de lui… Sur lui…

Ploc, ploc…
Me pardonneras-tu ?
Ploc, ploc…
M’as-tu oublié ?
Ploc, ploc…
Je ne peux lui pardonner, tu comprends… ?

La tête se secoue, les gouttelettes s’envolent alors que les mots gravés sur son biceps gauche semblent tout à coup le brûler… Les paupières se rouvrent, l’oreille se tend… Juste à temps pour que son esprit capte la dernière provocation… L’ultime invitation…
Et c’est un rire puissant qui monte dans la gorge du colosse… Tout le corps secoué de spasmes alors qu’il redresse la tête, levant le visage vers le ciel pour laisser sa chair se faire baigner par la pluie torrentielle…
Elle est morte… Son corps n’est plus… Elle l’a tué… Elle les a tués… Mort et pourtant vivant Vergy, tu connais ça, n’est-ce pas… ?

Les douleurs sont oubliées… Les muscles crispés se détendent, effaçant toutes traces de tension, toutes traces de ce qu’il prépare… L’oreille se tend, l’œil aiguisé mesure la distance qui les sépare… Et le grognement puissant monte dans sa gorge alors qu’il tourne sur lui-même… Les bottes crissent sur le pavé, les talons poussant de toutes leur forces dans l’eau ruisselante pour que le corps massif s’élance d’un bond…
Les lames changent de main, la main droite se refermant de toutes ses forces sur la garde de sa hache alors que le bras gauche s’envole dans les airs… Le mouvement est comme au ralenti pour le Nerra qui suit le mouvement de son arme, l’épée sifflant, découpant violemment les gouttelettes pour venir heurter violemment les deux lames du chevalier...

Fracas de métal qui s’élève alors qu’un hurlement de bête féroce s’échappe de la gorge de la montagne de muscles… Juste un cri bestial pour détourner l’attention… Juste quelques secondes alors que la garde cède sous la puissance, sous la vitesse de la rotation… Et les muscles du dos se contractent alors qu’elle va encore lui échapper…
Le regard se fait mauvais et la hache racle sur le sol à nouveau, arrachant des étincelles aux pavés avant de remonter à toute allure vers le corps de la femme… Attaque par-en dessous, de toute la force du bras, du dos… Il accompagne le mouvement de sa hache…

Et un râle de victoire s’échappe de sa gorge quand il sent, quand il voit le métal percuter le menton… L’azur flamboie alors qu’il s’imagine déjà lui fracasser le crâne ainsi, lui arracher une partie du visage avec son arme destructrice… Mais la lame glisse, traverse tout le côté du visage pour ressortir au niveau de la tempe en arrachant une gerbe de sang…
Grognement de rage qui lui échappe et son pied botté vient heurter violemment la poitrine de la rouquine pour l’envoyer voler à quelques mètres… Le souffle est court… Le cœur bat à toute allure… Les tempes palpitantes à la même cadence, la folie le fait sourire… Il regarde son adversaire et rit, apportant la lame de sa hache à son visage pour passer un coup de langue sur le sang qui la recouvre…


« Tu ne connais rien à la folie…
Tu ne connais rien à la colère…
Et j’ai plus de souvenirs d’elle, plus de traces que tu n’en auras jamais de ton frère… »


Les muscles roulent, les armes s’abaissent alors que les doigts resserrent leur étreinte… Nouveau ricanement mauvais qui lui échappe alors que la pluie redouble d’intensité…

« Tu vas crier Pivoine…
Tu vas hurler… Et tu crèveras… Comme ton chien de frère…
Une hache, comme la mienne… Juste pour toi… Juste pour te trancher la gorge…
Mais avant… Tu vas souffrir jusqu’à crier grâce… »


Allez viens Vergy… Viens… Montre moi… Montre lui ce que tu as dans les tripes… Laisse échapper ta folie… Laisse éclater cette rage que tu contiens… Je veux te voir, te connaître dans ta fureur avant de t’achever…
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"Pour toujours... Et à jamais."

"Mercenaire rôliste, cherchant une troupe ? Contactez moi..." Zoko & Fablitos
Felina
Parce que l'un des deux doit forcément mourir ... Ou quand la nuit réveille nos peurs les plus secrètes.

Un genou au sol dans la boue qui inonde désormais les rues de la Rochelle, à peine un mètre la sépare du rouquin au sol. La Rastignac ne sent pas plus la pluie ruisseler sur son visage et sa longue chevelure, que le froid qui s’insinue partout en elle. Elle n’entend pas l’orage gronder au dessus d’elle ni ne voit les éclairs qui déchirent le ciel. Insensible, sourde et aveugle aux éléments qui se déchainent autour d’eux, toute son attention est focalisée sur son roux et les deux combattants qui se font face dans la ruelle obscure.

Pas le temps de faire un geste vers Jules lorsqu’il se redresse pour s’agenouiller et cracher toute sa haine à la chevalière que déjà le Borgne s’interpose, le menaçant de sa lame et de ses mots qui ne souffrent aucune contestation. Remerciement muet vers celui qui ne la regarde pas, et pour qui d’ailleurs elle n’existe plus, comme il le lui a bien fait comprendre la dernière fois qu’ils se sont croisés. Pourtant, là et maintenant elle lui est redevable d’empêcher le rouquin de commettre l’irréparable, elle seule n’aurait jamais pu le retenir.

Un long frisson la parcourt lorsqu’il hurle à la Lune, animal blessé et empli de haine pour cette femme aux cheveux de feu, si semblables aux siens. Le regard ébène croise le sien, et ce qu’elle y lit lui broie ce qui lui sert de cœur. Ce dernier semble rater un battement, le souffle lui manquant soudain. Retenant avec peine une grimace, elle avance son bras vers lui et vient recouvrir sa main de la sienne, comme pour lui montrer qu’elle est présente à ses côtés, même si ce combat n’est pas le sien.
Puis les iris bruns se tournent vers le Colosse et la Licorneuse … Des mots lui parviennent, diffus, sons étouffés par les battements de son propre cœur qui cogne à lui faire mal dans sa poitrine.

"Incapable de tuer … Mort … Frère … Elle."

Elle ne comprend pas tout, n'essaie même pas, mais ce qui est certain c’est qu’entre ces deux là, le mot « Haine » est un doux euphémisme, bien loin de la réalité. L’un des deux va mourir cette nuit, sans que personne ne puisse l’empêcher. Le regard glisse vers son chef, Eikorc … et un long frémissement lui dresse l’échine et fait se crisper sa main sur celle de Jules. Elle a devant elle le même fou furieux que dans la cour de Varennes, elle retrouve dans les azurs froides et plus métalliques que jamais cet homme inaccessible au commun des mortels. Eikorc de Nerra, son chef, son presque frère, est loin, ne reste qu’El Diablo, tout droit sorti des Enfers et qui réclame son du, sa vengeance. Cette fois ci, ni elle, ni personne ne pourra s’interposer.

Le combat ne fait que commencer, aucun des deux ne retiendra ses coups, défendant sa vie, luttant non seulement pour la victoire, mais également pour tuer son adversaire. Combat à mort, volonté de faire souffrir l’autre. Les coups sont aussi violents que les mots. Les injures pleuvent au rythme des lames qui s’entrechoquent. Danse mortelle qui est entamée, silence macabre seulement interrompu par le bruit de l’acier contre l’acier.
Le sang qui appelle le sang ...
Le Mal qui appelle le Mal ...

Quelques seconde pendant lesquelles la Féline ferme les paupières, adressant une prière muette à elle ne sait qui. « Tue la Eikorc … tue la !! » Non pas qu’elle souhaite la mort d’une femme qu’elle ne connaît même pas, et dont elle a presque sauvé la vie, mais là est le seul moyen pour empêcher qu’elle ne tue le rouquin. Eikorc doit gagner ce combat … Il le faut à tout prix, aucune autre issue n'est possible. Il ne doit pas faillir, pas maintenant.
Non ! Qu'elle aille en Enfer !
Et sans même réaliser ce qu’elle dit, les mots franchissent la barrière de ses lèvres bleuies par le froid, dans un murmure quasiment inaudible.


Crève maudite Pivoine !!

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
--Apolonie.
Elle flotte, comme toujours… De la forteresse au bout du monde, elle se balade… Il a cru qu’il ne pourrait jamais la rejoindre… mais elle n’a jamais rejoint le Soleil qu’elle avait mérité… Comment le faire, sans Lui ? Comment abandonner complètement cette vie sur terre alors qu’il la subissait encore, chaque jour ? Elle n’avait pas pu, elle ne le peut toujours pas… c’est comme ça… avec lui elle avait vécu, avec lui elle mourra, et en attendant… elle flotte.

Elle en aura vu des choses. Beaucoup de choses. D’une discussion autour d’un affrèrement, vers la Bourgogne où grandissait son fils… un Nerra lui pour sur… brun et bagarreur. Brun et attachant. Brun aux yeux azur. Brun et volontaire. Brun et protégé. Que ne peut-elle remercier Marie-Alice pour élever le fils qu’elle ne voulait pas ? Le fils qui aurait du, si elle avait eu un poil de jugeote quand elle était vivante, être celui d’Eikorc. Bien sur, de qui d’autre ? Et qui ne l’était pas. Soupir. Pourtant, elle veille.

Que faire d’autre ? Pas comme si elle avait le choix. Entre survoler son âme-sœur et surveiller son fils, il ne lui restait que le tourisme. Oh, elle s’y était plu, un instant… Le Ba et ses fou-rires. Le Berry et ses fou-rires. Le Béarn et ses fou-rires. Le Poitou et ses fou-rires. La Lorraine, et son ennui. La Suisse, et ses fou-rires. Armoria…. Là ça dépasse le fou rire… on frole l’Apo-plexie…

Et puis… et puis le reste… tout le reste… Sa vie qui par morceaux persistait à défiler devant ses yeux sans vie. Egarements arrachés à la mort, souvenirs d’une vie qui n’est plus depuis des lustres, morceaux choisis. Un anoblissement, quelques bals, quelques épées, du sang, des larmes… La vie banale d’une vicomtesse qui ne l’était pas. A ce qu’il parait. Un duc auvergnat dont le seul fait d’armes aura été d’être duc alors qu’elle n’aura pas été duchesse… Parait que c’est de la dernière mode.. Tant mieux… elle s’en moque, là où elle est, ne comptent que ceux qui ont comptés. Logique.

Et puis… La pluie… Le ploc de la goutte qui fuit sur l’épaule de son autre. La rage, la fureur, comme elles ne les avaient plus ressenties depuis longtemps, à ce paroxysme… elle ne connait plus… pas. Il l’appelle, elle accourt. Comme autrefois, en moins longtemps, en moins visible, mais elle reste là, l’azur fondu au ciel braqué sur lui. A peine l’a-t-il pensé qu’elle est arrivée, bien sur. Ce lien qui les unit… Nul n’a su le décrire, pas même eux.

Frère et sœur, âme sœurs plutôt… L’un blessé, l’autre souffre, l’un sourit, l’autre est heureux, l’un meurt, l’autre perd son âme… aussi simple que ça au final. Un couple comme on n’en a jamais fait, comme on n’en fera plus. Parce que s’aimer, ils n’auront su le faire qu’en esprit, qu’en cœur, sans jamais penser que peut être ils pouvaient l’exprimer. Se le dire ? Non. Se le graver à même la peau ? Et dans un élan, elle fait battre chez son double les veines qui les relient, celles qui amènent le sang marqué de noir… « Pour toujours et à jamais »

Et enfin seulement elle remarque la scène. L’azur caresse alors le décor macabre d’une nuit funèbre. Sous la pluie ruissellent les carcasses désœuvrées des purs de ce royaume… Elle les reconnait. Tous. Sans exception. L’omniscience, oubliez pas. Et les souvenirs, surtout… Un Borgne, grognon, pour changer ; sourire qui s’esquisse sur lèvres ectoplasmiques. Si il savait, Maleus, tout le bien qu’elle pense de lui depuis qu’ils se sont perdus de vue, des années auparavant. S’il savait combien elle peut être fière de ce qu’il devient, de ce qu’il est…

A ses côtés la Feline… Ne s’en souvient que dans sa mort, d’elle… l’était à Varennes… le reste, elle l’aura vu à la Forteresse. Féroce et dure, tendre et triste… comme elle pouvait l’être, en moins… fermée peut-être, pas encore, la jeunesse, sans doute… Mais elle l’a vue. S’entrainer. Feindre. Aimer. Elle l’a vue, Felina, être vivante, se reprendre, courir, se battre, vivre. Et elle a apprécié.

Et puis… et puis y’a la Rousse. Pivoine de mon cœur, mais que fais-tu là ? Depuis longtemps je t’ai pardonné ma mort… Toi messager funèbre d’une vie qui n’avait que trop duré malgré le faible nombre de ses années… Toi qui as été là au moment de mes dernières souffrances, que fais-tu encore là ? Tu as empli ton œuvre, il y a bien longtemps, à qui viens-tu ce jour annoncer son dernier jour ? qui viens-tu délivrer du fardeau de la vie ?

Frémissement ectoplasmique… Lui… Elle. Face à face… Rien d’anodin dans le rendez-vous, et elle le regrette, la sentinelle. Elle aimerait tant un peu de paix pour son autre, un peu d’amour, un peu de rien, un peu de tout, juste de quoi le rendre moins malheureux. Mais les épées sont dégainées, et la mercenaire ne s’y trompe pas. Combat de titans, combat entre colères. Sœur contre frère. Blessure contre orgueil.

Prendre parti ? Franchement est-il besoin de poser la question, s’il y en a un à prendre, c’est celui d’Eikorc de Nerra, dont elle porte le nom. Apolonie de Nerra, âme sœur d’un colosse. Comme ça qu’elle s’appellera à jamais. Parce qu’elle lui appartient, corps en décomposition et âme dévouée. A la vie à la mort qu’ils avaient dit. Mais… ces pensées… Ses pensées…


Ploc, ploc…
Me pardonneras-tu ?

Je te pardonnerai tout… tu le sais…

Ploc, ploc…
M’as-tu oublié ?

Comment le pourrais-je ? jamais… pour toujours…

Ploc, ploc…
Je ne peux lui pardonner, tu comprends… ?

Oui… Si c’est ce qu’il faut…

Une pensée sur le tatouage, une pensée vers eux, une pensée vers leur devise, une pensée… brève mais aimante, vibrante… Fais ce que tu as à faire, mon Autre, pour toujours je suis à toi, à jamais je t’appartiens. Et je t’attends, je n’attends que toi. Mais bordel…

VIS !

GAGNE !

TUE !

Elle ne le mérite pas, mais s’il le faut… Tue la… parce que tu es tout ce qui m’importe. VIS ! Respire, aime, recouvre ce que tu étais… ou ne le fais pas, mais trouve plaisir où tu peux… VIS ! pour nous, pour toi, VIS… et qu’elle meure s’il le faut pour que tu ne me rejoignes pas tout de suite… Je t’attends… « pour toujours et à jamais »… Eikorc…

Et posée en tailleur près du Borgne, elle va suivre le reste du duel, haletante, pleine d’espoir et de morgue, ne souhaitant la mort ni de l’un ni de l’autre, mais résolue la survie du sien, au moins. Apolonie ne rêve que de lui… et que du fait qu’il lui échappe encore longtemps.



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