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[RP] Némésis n'oublie jamais...

Arylis
Arylis eut un imperceptible sourire. Les femmes entraient dans la danse et déjà un air nouveau planait dans la courette.
On avait beau dire ... Lorsque les hommes se comportaient comme de vrais gamins les femmes avaient un sens pratique plus développé et leurs jeux étaient plus ... Mystérieux ...
La brunette se détourna du blondin qui portait toujours la rousse et regarda le doigt teinté d'écarlate d’une Blonde monter jusqu'aux lèvres de la même couleur. Lorsque la femme qui lui faisait face se mit à parler elle l'écouta sans mot dire, la prudence ayant subitement repris le dessus.

C’pas ici qu’faut donner des l’çons mazelle.
Aidez-moi à l’rentrer, et faites c’que savez faire plutôt hein.


La brunette hocha la tête. Quelques qu'étaient les circonstances elle aimait qu'on ne l'aborda pas comme une vieille amie qui gardait les cochons. Le "Vous" de la Blonde la plaça à un pied d'égalité et elle apprécia.
Ce n'était pas parce qu'on était pas du même monde qu'il fallait se priver de courtoisie.

En voyant la femme approcher Faren avait bondit sur l'épaule de la jeune fille. A présent l'écureuil avait disparu dans l'échancrure de la chemise et elle frissonna en sentant son pelage trempé sur sa peau nue.

Tiens..
Prend l’autre bras, et fait le traîner l’moins possible, s’rait capable de s’plaindre Eik’.


La brunette posa son regard sur le torse à moitié redressé.

Il avait qu'à pas se mettre dans cet état ... L'aura déjà de la chance s'il s'en sort avec une patte folle. Elle y est pas aller de main morte la Rousse ...

Elle passa par-dessus sa nuque la masse qui servait de bras au dénommé Eik' et ne put retenir un grommellement boudeur. On n'avait pas idée d'être aussi lourd ...

Trois!

La brunette suivit le mouvement et le corps énorme fut soulevé du sol, du moins de la taille des deux femmes qui étaient loin d'atteindre les deux mètres du colosse.
Elles passèrent près du mercenaire provocateur et Arylis espéra qu’il allait rapidement rentrer la blessée, elle risquait sérieusement de prendre froid.

Lorsqu'enfin le trio bancal franchit la porte de l'auberge, la jeune fille découvrit combien il était agréable de ne plus avoir les joues martelées par les gouttes glacées. Elle savoura un bref instant le plaisir de son visage dégagé et le fait de ne plus avoir à plisser les yeux pour trouver ses pieds.
Ils déboulèrent dans la pièce à manger désertée. Dégageant de leur bras libre une table où s'entassaient encore assiettes et gobelets, les deux béquilles y déposèrent sur le flanc le corps cassé avec autant de délicatesse qu'il était possible en ces circonstances.

La brunette reprit son souffle et contempla à la lumière l'étendue du désastre. Bon ... C'était sérieux mais rien de catastrophique. En remontant dans ses souvenirs elle pourrait malheureusement le sauver ...
Elle se tourna vers sa compagne d'infortune.

Vous pourriez ... Tu pourrais me faire une belle flambée qu'on réchauffe tout ce beau monde s'il-te-plaît ?

Arylis se disait que le tutoiement avait été lancé et qu'il effacerait les différences, notamment le fait que ce groupe se connaissait parfaitement alors qu'elle n'était qu'une étrangère tombée là par hasard ... En fait non ... Elle se mit à maudire son sens de l'orientation.

Elle entreprit ensuite de dévêtir le colosse ...
Pas grand-chose à faire, il était simplement vêtu et n’avait pas pris soin de se faire beau pour rencontrer une mort possible. Elle n’eut qu’à retirer les bottes cloutées et les braies trempées. La chemise à moitié déchirée lui posa plus de problèmes, mais elle s’en débarrassa de quelques coups de dague.
La brunette se dirigea ensuite vers ce qu’elle jugea être la cuisine, au passage l'écureuil pointa le bout de son nez et quitta l'abri de sa chemise pour bondir sur la cheminée.
Au bout de quelques minutes de recherches elle découvrit ce qu’elle voulait : Une bassine assez imposante qu’elle s’empressa d'aller remplir à la pompe dehors. Après une rapide inspection l'eau lui parut propre et surtout elle était glacée !
Tout ce qu'il lui fallait.
Rentrant précipitamment pour fuir de nouveau la pluie qui n'avait pas diminué d'intensité elle alla poser sa bassine près de la table où était allongé le chef zokoïste.
Puis elle risqua un œil à l’extérieur, se demandant brièvement ce qu’il en était des autres protagonistes et en particulier de cette damnée rousse, pauvre inconsciente du rôle qu’elle jouait à présent.
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Kar1
Les rencontres se font, puis se défont. Les gens meurent ou survivent. Selon le temps, le lieu et l’envie aussi. Les inconnus ne savent rien du passé de chacun. Les gaffes peuvent aller et venir comme une mélodie bien trop sinistre. Et ce jour là, pendant que deux corps, peut être trois, sont en train de se battre pour ne pas être aspirés par le Monde des Morts, la blonde se voit dans l’obligation d’attiser des flammes qu’elle s’était jurée de ne plus jamais toucher de près comme de loin. Le soleil est la dernière boule chaleureuse qu'elle peut encore regarder. Maudit soit le feu, et ce jusqu’au plus profond de son être.

Lorsqu’elle a brûlé le corps du Noir sur les terres berrichonnes, Karine avait ensuite décidé de ne plus jamais réveiller ce triste souvenir. Elle ne sait que trop bien rassembler le petit bois nécessaire pourtant. C'est ce qu'elle fera ici même, en l'accompagnant de vieux registres de l’auberge, qui ne servent plus à rien depuis des années à part encombrer les pièces communes, pour une envolée brûlante. Et en dernier, positionner de belles bûches, celles-ci hachées par les vaillants bucherons de la région, au dessus du tas aéré de brindilles sèches. Sans amadou par contre, la tâche semblerait plus difficile. Les flammes n’auraient pu s’élever dans la cheminée et réchauffer l’atmosphère électrique de la pièce si la blonde n’avait pas dans sa besace l’équivalent d'un briquet, qui n’est autre que ce qu’elle a utilisé pour enflammer le lit de mort.

Pour couronner le tout, c’est un ordre de plus qu’elle vient d’entendre, et ce de la bouche d’une jeunette en plus. Calmée, elle l’était presque. Peut être grâce au caillou effleuré dans son éternelle poche solitaire. Surement grâce au sang du Colosse auquel la blonde a gouté avant de pénétrer dans cette auberge. Vous en conviendrez donc que se retenir pour la blonde devient de plus en plus difficile. Alors qu’elle n'a qu'une seule envie. Se concentrer sur ce corps dénudé.

Ironie du sort. Eux qui se tournent autour depuis qu’ils sont arrivés à la Rochelle. Voilà comment elle découvre les grains de peau du Colosse. Ce ne sera pas lui qui l’aura invité à parcourir l'épiderme de ses dix doigts. Elle ne sentira pas les muscles se contracter lorsqu’elle l’effleurera avec sa main experte la première fois puisqu'il est inconscient. Eik’ lui aurait surement brandit fièrement chaque recoin marqué par un combat, puis un autre, puis celui-ci aussi. Tout cela ne sera pas.
Karine est seule, à ses cotés, imperturbable une nouvelle fois. Entourée d’un écureuil peut être, mais qui semble savoir se faire discret. Une main se lève et vient découvrir délicatement le corps allongé. Un doigt sur cette énorme cicatrice qui traverse le torse musclé. Elle ne s’y attarde pas plus que ça lorsqu’elle découvre celle bien plus épaisse au niveau de l’épaule droite. C’est avec précision qu’elle dessine le contour de celle-ci jusqu’à s’apercevoir que la peau ferme qui l'entoure réagit à ses caresses. Le même sourire s’affiche dans un coin de ses lèvres qu'auparavant. Il ressemble comme deux gouttes d'eau à celui qui était apparu dans la cours de l'auberge. Les yeux aussi font de nouveau des siennes en pétillant plus que jamais.

Perverse..
Un peu, peut être, à la folie, pas du tout?
Curieuse..

Ses yeux se rivent instinctivement sur son entre jambe. Les doigts légèrement ensanglantés pour avoir petit à petit découvert la chair du Colosse s’y dirigent aussi. Le feu la fait bouillonner de l’intérieur. Les joues deviennent roses grâce aux flammes à tendances incendiaires. Elles dansent. Nouvel acte, nouveau rythme qui s’installe.
Malheureusement la jeunette revient bien trop rapidement dans la pièce. La main n'a pas d'autre choix que de disparaitre entre ses jupons. Ni vu, ni connu. Quoiqu'à la regarder, on sent bien qu'elle est déçu de ne pas découvrir une bonne fois pour toute le trésor qui lui était encore caché.
Est prise qui croyait prendre.

Les doigts couleur carmin s’essuient sur le tissu de son vêtement déjà rouge. Elle décide alors de faire diversion et lance de but en blanc, le regard plus qu'interrogateur vers la pseudo médicastre.


Faut pas lui filer d'l'eau au Colosse là?

C'est réussi n'est-ce pas?
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Karine de Pommières.
Jules.
[ Fougue et Pierre ne font pas bons amis ]

Son propre corps peut trahir... A peine debout et lancé qu'une poigne ferme et habile d'un borgne plein de surprises met fin à l'essai d'exécution tant souhaité. Tout aurait été tellement simple... La folie imprégnant chaque muscle et son poignard, il aurait bousculé sauvagement le frêle corps féminin de l'inconnue trop curieuse qui tentait d'aider sa bourrelle...
Et la haine lâche, sourde des plaintes alentours et vile aurait achevé définitivement la dict Pivoine. Une autre pluie de sang, une fine lame plantée jusqu'à plus force ou envie dans la chair, une peau étonnamment blanche de mort tachée du flux vital rouge écarlate...
Spectacle fou, couleur Sambre, offert aux Cieux provocants...


Si simple... Trop peut être pour laisser faire de la part du sombre mélancolique. Même cela il l'en empêche au rouquin, à le retenir par la racine de sa chevelure de flamme. L'action se répète, comme une leçon que l'on rabâche, avec le seul remède que le second maistre trouve : le mur. Visage qui fête ses retrouvailles avec la pierre froide d'une violence bien sentie, sinus déjà chauds qui hurlent, nerfs à bout... Myriades d'étoiles, puis le Noir... Conscience coupée. La jeune masse s'écroule sans mal sur les pavés.

Enfoiré d'étron d'blaireau vérolé !

Éveil hurlé des lèvres vermeilles.Ventre scié, souffle coupé, visage en feu. La leçon continue. Encore un coup de botte.

Apprend a respecter tes ennemis pauv' tache..bouge encore et c'est toi qui sera achevé..

L'esprit imprime chaque mot lâché par Maleus. La douleur refoule la rage qui tente de remonter par ce qu'il lui semble impossible. Respecter cette chevalière... Pourquoi ?! Pour quoi ?!
Mais les poumons ont a peine le temps de se gorger d'air, les côtes douloureuses de s'ouvrir, la bouche de refouler ce trop plein de sang. Le vice de la botte se réitère...
Les yeux s'écarquillent, râle de douleur étouffé, corps crispé. La brindille se dévoile à nouveau. Abandon.

Plic plac ploc...

Seule la pluie lui parvient aux tympans, son propre souffle lourd en accompagnement. La vue se brouille... Brisé en tout points. Faites taire ce mal ! Ici et maintenant achevez-moi ! Inutile, je suis inutile... Je n'apporte rien de bon sauf votre mort à tous par mes actes passés... Un monstre, un monstre ! Comment puis-je être aguerri en tombant si facilement ?!
A part des douceurs à une Féline, de quoi suis-je capable...
Lassitude qui l'envahit... Ne plus comprendre... Se laisser aller sur ces maudits pavés... Personne ne viendra comme d'habitude.

Comme sur cette place publique. Juste une sœur née bâtarde pour lui arracher ce qu'il lui reste de cœur... Qui veut d'un rouquin après tout...
Plus rien n'importe. Faible, fatigué, blessé, muselé. Cercle sans fin...
Vivre seul n'a jamais rendu plus fort.

Autant crever.


Ça va aller …

Une bougie dans les ténèbres. La cécité disparait. Quelle douceur... Qui ose lui offrir un soutien à un bras ?

Tu m’entends Jules ??!!


Une pointe de peur dans ce timbre doux... Qui es-tu...? C'est Toi ? Tu es finalement revenue ?

Un effort, lève toi qu’on s’occupe de … ça …


Lumière. La foudre déchire l'air humide. Le mal revient sournoisement lui vriller entrailles et visage. L'instinct de survie reprend ses droits. Des soins, il lui faut trouver la chambre de l'auberge... Quitter ce lieu où la Camarde suinte de chaque pavé. Les onyx hagards ont déjà trouvé la solution... Elle le fixe, l'amante, déjà prête.
Non... Il n'est pas seul.


Ai...Aide...Moi. Lever...

La voix s'éteint plus rapidement qu'il ne le pensait. Les lèvres tremblent... Froid qui s'empare sournoisement de quelques parties de la brindille qu'il est... Il faut rentrer et vite.
D'abord laisser les bases à son pilier féminin... Retrouver un équilibre... A genoux déjà. Chaque mouvement semble durer une éternité, bourdonnement qui ne cesse de vibrer dans sa tête, grimace bien marquée sur ses lèvres. Longues minutes d'entraide avant de trouver un appui, puis deux... Et enfin sa hauteur habituelle, quoique plutôt courbé.

Ploc... Ploc... Ploc...

Baisser la tête pour tester. Tant de gouttes écarlates... Il n'ose regarder en arrière, autant pour ce qu'il a pu laisser ou pour le second chef vérifiant si sa fierté n'est pas trop touchée. Devant lui ? Il ne le sait que trop bien, et il est hors de question de faire une esquisse de regard dans cette direction.
Alors il use du soutien félin d'un bras sur ses épaules, elle l'aidant à ne pas sombrer à nouveau par des murmures d'encouragements.
Le rouquin joint le pas de sa compagne. Retour à la chaleur, bien que trempé jusqu'aux os.
Le bois de la porte grince pour claquer. Léger soupir, plus de pluie diluvienne... Les braises apportent un lot de consolation, il apprécie la caresse de la chaleur diffuse.

Moins le spectacle d'entrée... Sale état que celui du Colosse. Redoutable Pivoine... Y aurait-il de l'orgueil dans le choix d'Eikorc...?
Il écarte cette pensée à la première douleur qui le fait presque perdre l'équilibre.


Bordel...


Le visage crispé du mal qui le ronge se relève, fait face aux deux femmes près du Chef. Que dire sinon...

Sau...Sauvez...Le... Si...Sinon... Sinon j'vous... crève.

Elle tangue, elle tangue sa carcasse malgré l'amante. Les jais se tournent inexorablement vers l'escalier de l'auberge, grimace qui se prolonge un peu plus. Il ne peut rien seul... Évidemment.
Et puis... Rien qu'à voir comment fixe la Féline le Titan tombé de haut, il allait falloir s'armer de patience. Chose qui n'est vraiment, vraiment pas son fort.
Juste un murmure.


Vas y... J't'attends.

Serrer les dents et trouver un appui au cas où... Le nez attendra... enfin ce qu'il en reste.
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Felina
[Une éternité pour mourir ? Ou pour vivre ?]

Pluie incessante qui bat le pavé, détrempant corps et esprits … Si l’orage gronde de plus belle, le duel lui semble bien terminé, sans qu’aucun n’en sorte vainqueur. Aucune réaction du rouquin à ses cotés face aux provocations d’un blond hors de lui. Jules … pourquoi tu n'répliques pas ? Jules ?! Réponse évidente à en juger par le temps de réaction de l’homme qu’elle aide à se relever, péniblement. Et comme un éclair déchire l’obscurité, c’est dans les prunelles jumelles qu’elle lit qu’il n’est plus en état de se rebeller. Le fougueux au visage ensanglanté a besoin de soins et Armand va devoir faire taire pour un temps ses désirs de se mesurer à lui.

Comme l’homme profite de l’appui qu’elle lui offre, la Féline tourne la tête vers le Borgne qui déjà se relève et s’éloigne de la scène. Sourire en coin, elle l’imagine déjà aller se saouler en laissant les autres se charger de retaper son acolyte colossal, mais au fond d’elle, la Rastignac sait que si Maleus ne le montre pas, il est tout autant inquiet qu’elle de l’état d’Eikorc. Plus loin, Karine et la demoiselle se chargent de traîner sur le sol la carcasse abîmée de ce dernier, faisant naître une grimace sur son visage crispé d’angoisse. Souvenirs qui reviennent l’assaillir : il n’y a pas si longtemps, une autre ruelle, une autre auberge, et un colosse qui s’effondre sur le sol, près de son fier étalon portant le corps d’un Borgne en tout aussi mauvais état. Ce jour là, ils avaient tout deux de nouveau failli perdre la vie, mais également la confiance et l’appui d’une Rastignac trahie par ses « frères ». Pourtant elle avait aidé à leur sauver la peau et le temps avait passé, lui faisant définitivement comprendre qu’elle les suivrait jusqu’au bout, même en Enfer s’il le fallait. Ce soir encore, le colosse ne devait pas mourir, elle ne le permettrait pas, quitte à aller provoquer elle-même le maître des Ténèbres pour l’empêcher de faucher El Diablo.

Enfin, alors qu’elle sent le poids de Jules sur elle, signe qu’il a enfin retrouvé définitivement ses esprits, elle jette une rapide et dernière œillade vers Armand plus loin, qui les toise, la Pivoine dans les bras. Plus un mot à son encontre, inutile, juste une flamme nouvelle dans les iris sombres de la mercenaire. Tu n'perds rien pour attendre toi … T'as choisi qu’elle vive … t'as préféré t'préoccuper d'son sort plutôt que d'venir porter secours aux tiens mais l’heure viendra où y t'faudra assumer cette décision l'Blondin … Plus de marche arrière possible. J'n’oublierai jamais.

Zoko Ad Vitam Eternam … ces mots n’ont donc absolument aucun sens pour toi sombre crétin !

Mais plus tard … pas maintenant. Un soupir comme elle lui tourne définitivement le dos pour ne plus se préoccuper que d’aider son compagnon à pénétrer dans l’auberge, précédée par les deux femmes qui se sont déjà occupées de se délester de leur poids sur l’une des tables. Ce n’est qu’en poussant de son bras libre la porte qu’elle réalise enfin le froid mortel qu’il régnait là dehors, comme une vague de chaleur vient faire frissonner tout son être trempé. Dans l’âtre un brasier s’anime déjà … Lueur d’espoir dans cette nuit d’horreur ? Si seulement …
Un pas après l’autre, et offrant le meilleur soutient qu’elle puisse au rouquin, la Féline n’est pourtant pas entièrement avec lui en cet instant. Sans qu’elle puisse contrôler ses émotions, son regard empli d’angoisse est irrémédiablement attiré vers le corps dénudé sur la table centrale de la salle.

Est-il ... ?
Elle doit savoir.
Il le faut !

Lueur interrogatrice dans les iris devenus ambrés à la lueur de flammes, mais la question ne franchit pas la barrière de ses lèvres tremblantes de froid. Course du temps qui s’enraye, et sauvageonne qui n’avance plus, ne réagit plus, comme statufiée au milieu de cette auberge. Elle n’entend pas plus les menaces inquiètes de Jules qu’elle ne voit Arylis revenir dans l’Auberge, bassinet en main. Elle vient de comprendre qu’elle n’aurait jamais le temps d’aller quérir l’Herboriste, et que le sort du Colosse se trouve désormais entre les mains de ces deux seules femmes.
Un sursaut de la presque tétanisée comme un murmure à ses oreilles la ramène enfin à la réalité :


Vas y... J't'attends.

Prunelles qui se soudent aux siennes, pour y trouver la réponse attendue, elle le lâche avec précaution avant de se diriger vers celles dont qui dépend la vie du Chef de la Zoko. Ce n’est qu’à ce moment qu’elle reconnaît Arylis, qu’elle a déjà croisé un soir en compagnie du comte. Cette femme fait partie de la suite comtale … Que diable vient elle faire dans un bouge pareil ? Et surtout, pourquoi leur porte-t-elle secours ? Baste, pose pas de question et va donc vérifier par toi-même que ton pressentiment est le mauvais. Le regard de nouveau rivé sur le corps immobile d’Eikorc, et incapable de prononcer le moindre mot, elle se contente de poser une main sur la sienne, remontant lentement vers le poignet. Besoin immuable de le toucher pour vérifier si la vie s’écoule encore en lui. Doigts qui effleurent cette peau qu’ils ont déjà plusieurs fois parcouru, et paupières qui se ferment doucement comme une veine vient pulser contre eux, mettant enfin un terme à ses inquiétudes.
Vivant … Il est encore vivant ! Long soupir de soulagement qu’elle ne cherche même pas à dissimuler, puis quelques mots, sans douceur ni rage , sans presqu’aucune émotion, les yeux toujours mis clos.


Ne l’laissez pas mourir …

Sans plus attendre, elle tourne définitivement le dos à son chef et ancien maître d’arme pour venir de nouveau offrir son bras à un rouquin vacillant, dont le visage baigné de sang n’augure rien de bon pour l’avenir de son nez autrefois aquilin et tous deux s’engouffrent dans l’escalier pour regagner leur chambre. Désormais, la vie du colosse ne tient plus qu’aux mains expertes d’une aventurière aux cheveux blonds et d’une brune quasi inconnue. Pour la Féline, ne reste plus qu’une chose à faire, comme une évidence.

Viens …
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Cerridween
[Nulle part... ]

Rien...
Plus rien...
Plus rien qu'une tête qui bringue balle de gauche à droite au fur et à mesure des pas d'un blond qu'elle ne connait pas. Si peu. Elle ne sait même pas que c'est lui qui la porte, celui qu'elle a croisé avant de venir se jeter dans la gueule du loup. Elle ne sait même pas qu'il était l'un des leurs lorsqu'elle avait sourit devant le masque qui se refusait à tomber. Devant ses efforts pour essayer de savoir ce qu'il se cachait derrière le sien. Ses observations juste qui le faisait vaciller un peu, ces regards qui essayaient de déshabiller son âme. Un petit moment de rien et de coïncidence, un petit moment de calme avant les tempêtes qu'elle venait de semer.

Elle ne sent rien...
Plus rien...
Elle ne sent pas le sang qui goutte et qui teinte le sol à chaque pas. Elle ne sent pas la vie qui file, point par point, qui trace au sol le temps qui file. Elle ne la sent pas se figer sur sa joue, coaguler dans ses cheveux comme un espoir d'endiguer le peu qu'il reste. Elle ne sent pas la douleur qui s'est endormie lorsqu'elle a fermé les yeux, rendu les armes, en heurtant le sol dans la cour. Elle ne sent pas le froid qui se fait de plus en plus présent sur la peau blanche qui se marbre comme un mauvais présage... les limbes sont un monde sans saveur, sans sentiment, où il n'y a qu'un roi.

Le néant.

Elle n'aura pas hurler.
Elle n'aura pas hurler quand elle a été dépouillée. Effeuillée la Pivoine, pétale par pétale, qui ne sont maintenant plus les siens. Elle n'aura pas pu se défendre. Elle n'aura pas pu crier sa rage et son désespoir lorsqu'il a prit son âme, ce même blond qui essaie pour une raison qu'elle ignorera de la sauver. Il lui a prit son âme. Cette grande épée qui la suit partout et dont elle ne peut invoquer le nom puisqu'elle a sombré dans les bras des ombres. Celle qui a toujours été à son côté, son double de métal, depuis qu'à genoux, elle a juré. Celle qui a gravée sur sa garde l'appartenance à un ordre, et une tête de femme en écho à ce nom qui lui a été donné. Cette grande lame qui ne vient que dans sa main dont elle connait par coeur tous les contours, le poids, la portée, celle qui a paré, taillé, tranché tant de corps et tant de vies, celle qui a été son rempart mainte fois. Elle n'est plus là, son double, son amie, sa compagne. Elle sommeille sur le sol sous la pluie, perdant vie elle aussi, au fur et à mesure que l'eau la couvre. Il lui reste encore son coeur. Il est là à son doigt, enfermé dans un cercle fait d'or et de métal, enchâssé dans trois quintefeuilles. Le seul souvenir qu'il lui reste d'un géant, d'un maître qui doit la regarder impuissant, quelque part dans le monde des morts, être emportée et devenir un peu diaphane. Il a glissé un peu tombant sur la phalange, alors que le froid s'insinue dans sa peau, la rétractant, mordant sa chair et l'enfermant de plus en plus dans une gangue de glace mortifère. Elle ne sait pas qu'il va lui être arraché, enlevé, ce coeur dont il ne restait pourtant pas grand chose. Elle deviendrait démon, celui que cherchait le Colosse, elle deviendrait démon et se battrait à en crever. Mais elle n'est qu'un corps qui a été abattu.

Elle est là, poupée désarticulée, qui s'enfonce, s'enfonce lentement dans l'ombre comme dans de la poix.
L'ombre... son amie de toujours. Qui aujourd'hui peut être a décidé de prendre son dû pour toutes ses années de protection, toutes ses années où elle l'a cachée, protégée à sa manière, même douloureusement.
Plus rien ne lui appartient.
Simple corps vêtu de noir, à la merci du temps, à la merci du vent...
Ils ont prit son passé enfermé dans le fer... et ils ont maintenant son présent et son futur entre les mains.

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Arylis
Faut pas lui filer d'l'eau au Colosse là?

De l'eau ?
Oui il fallait qu'il boive, mais pas de l'eau aussi froide.
La brunette quitta l'embrasure de la porte, après tout il y avait plus urgent.
Elle récupéra un petit chaudron où elle versa un peu de l'eau de sa bassine avant de le fixer au-dessus de la cheminée. Une caresse à l'écureuil au passage puis elle revint vers le corps et se pencha sur sa sacoche.

Arrivée d'un couple dans lequel elle reconnaît Félina. La brune supportait le roux énervé qui semblait bien calmé et leur cracha quelques mots avec délicatesse.

Sau...Sauvez...Le... Si...Sinon... Sinon j'vous... crève.


Regards qui semblaient chercher un accord, qui fut donné tacitement. La dame aux griffes s'avança vers le blessé et glissa ses doigts le long d'un poignet, à la recherche de la vie.
Vie qu'elle finit par trouver et qui lui tira également un presque ordre.

Ne l’laissez pas mourir …

La brunette se mordilla la lèvre ...
Il était aimé ce géant à moitié fou ... Il faudrait qu'elle essaye de compendre pourquoi.

Avisant une grande armoire Arylis en sortit des draps qu'elle jugea aussi propre que ce qu'elle pourrait trouver dans ce semblant d'auberge. Elle ouvrit sa sacoche et en sortit une petite fiole d'alcool avec lequel elle se frictionna vigoureusement les mains. Elle la tendit à sa compagne d'infortune dont les doigt habiles seraient très utiles.

Plongeant un morceau de draps déchiré dans l'eau glacée elle se mit à nettoyer la plaie de la cuisse.
Le soleil roux n'avait pas chaumé et deux jolis traits bien nets apparaissaient de chaque côté du muscle, qui heureusement semblait être le seul touché. La brunette attrapa le mollet du chef zokoïste et entreprit de lui plier et de lui étendre la jambe. Les articulations agirent sans accros et confirmèrent le fait que la blessure n'avait touché ni os, ni tendons. Elle reposa la jambe en gromellant.

Qu'est-ce qu'il est lourd ... !

Lorsque les plaies furent suffisamment propres et qu'elles eurent subies un petit passage à l'alcool, la brunette sortit de sa sacoche du fil et une aiguille courbe. Avisant une bougie allumée elle y passa l'aiguille qui goûta elle aussi à l'alcool du petit flacon.
Puis elle tourna ses yeux océan vers la Blonde qui lui faisait face.

La partie la plus sympa : La couture ! J'espère que tu t'y es déjà essayée ...

La brunette eut un sourire énigmatique, nulle trace d'inquiétude sur son visage, elle était admirablement détendue.

Il va falloir que tu me tiennes les lèvres le plus près possible. Qu'on fasse une jolie boutonnière à ce cher ... Eik' ...

Le nom fut presque craché. Puis la jeune fille attendit que la Blonde fasse entrer en action ses mains fines et agiles.
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Armand.
Colère, rage, haine…

Fureur des sens hurlant à l’unisson d’un orage qui ne cesse de cracher son venin dans un tourbillon de vent et de pluie s’abattant sans relâche sur les mercenaires, petites fourmis insignifiantes perdues au milieu d’un champ de désolation. Le combat s’est achevé, les ordres ont été respectés. Le chant des armes s’est tue laissant orphelins les mugissements du tonnerre. Pourtant, sous les trombes d’eau lessivant le pavé, se tient debout, inébranlable, le jeune prétentieux de la zoko aux azurs métalliques. Il reste là, observe.


Et le silence…

Oppressant silence qui vient s’abattre sur les hommes à peine troublé par le crissement d’un corps trainé sur le pavé, géant majestueux que l’on mène à l’abri, colosse blessé dont il faut à présent penser les plaies. Les azurs glissent sans s’attarder, trop occupés ailleurs. Il sait. Armand sait que face à lui, Jules n’est pas en état de répondre à son appel et pourtant il guette... Espère. Et les mâchoires se serrent, les muscles se contractent, il voit. Il le voit, vacillant, tenter de se relever, en appui sur une féline dont le regard croise l’azur le temps d’une seconde. Nul besoin de mots, la sentence tombe… Traître.

Solitude…

Amère solitude brillant au fond d’un regard qui effleure les silhouettes quittant la cour pour pénétrer dans l’auberge. Zoko ad vitam aeternam, il avait promis, promesse ne sera pas tenue, une fois de plus. Et il se retrouve seul le jeune voleur, là, au milieu de cette cour détrempée dans le froid glacial de l’hiver sur fond de tempête. Froid qui lui caresse l’échine le faisant trembler de part en part tandis que le ciel déverse encore ses flots d’aiguilles glacées mais il n’à que faire des caprices du ciel, il vient de faire un choix qu’il devra assumer : Sauver l’assaillante, prendre partie dans un combat dont il ignore tout... Voila son choix, oui mais pourquoi ? Azurs voilés qui se posent à la fenêtre d’où il a épié le combat, trouver des réponses aux questions qui s’enchainent, se mélangent, se confondent dans son crâne. Tempête intérieure, assourdissante, qui rugit alors que les secondes s’égrainent. Qu’as-tu fais pauvre fou ?

Vouloir sauver une vie, celle d’une femme venue chercher la mort. Vouloir sauver la vie de celle dont personne ne veux, petite poupée de verre devenue instrument de vengeance. Vouloir sauver sa vie pour suivre des ordres… « Sauvez-la ! » Pourquoi ?


Et un retour à la réalité…

Ombre esseulé qui recule d’un pas face à l’horreur de ses actes. Œil hagard qui se pose sur le tas d’objets souillés. Voleur il est… mais bon il restera… Et il se souvient. Il se souvient de cette rousse descendue dans la grande salle, intrigante, joueuse, si mystérieuse. Il se souvient les mots, la conversation… vouloir revoir la mer… Elle l’avait percé à jour comme il avait tenté de le faire. Elle avait sourit, il avait aimé. « Voir le Poitou et mourir », il dit non et sourit à présent.

Il sourit alors que son regard glisse sur la façade de l’auberge, lueur de défis qui brille dans le regard, éclats dans l’azur. Et la petite poupée est délicatement posée au sol. Le mercenaire recule, hésite et retourne finalement chercher ce qui n’aurait pas du la quitter, il en payera les conséquences plus tard. Ce soir, il veut seulement être en paix avec sa conscience. Il sait Eikorc entre de bonnes mains, sait qu’il ne peut rien de plus pour lui pour elle par contre… De nouveau, il pose son regard sur la blessée gisant au sol dont les longs cheveux colorent le pavé. Douceur après tempête, Armand la soulève avec délicatesse, pose sa tête sur son épaule faisant fi du sang tachant sa chemise, rouge carmin qui s’écoule en seul vestige de l’affrontement nocturne.


Traitre ? Non.

Silhouette furtive qui balaye les alentours du regard, ombre parmi les ombres alors que la lumière se meurt, et le temps passe. Les azurs se portent une dernière fois à l’entrée de l’auberge, comprendront-ils qu’il ne pouvait la laisser mourir ? Il n’est pas assassin le jeune facétieux, il n’a pas l’âme d’un combattant. Il s’en veut même de l’avoir dépouillé. Et cette colère qui a guidé ses pas s’est envolée sous le regard félin. Coquille vide qui erre dans la nuit, il est allé trop loin, il le comprend trop tard . Et à nouveau les bottes cloutées crissent sous le pavé, le blond fait volte. Demain peut-être, lui pardonneront-ils ce choix étrange, pour l’heure une vie reste à sauver. Et la cour redevient silencieuse, déserte, seul le carmin demeure sur le pavé en artefact de la nuit tandis que le jeune mercenaire s’enfonce dans la nuit et disparait au coin d’une ruelle.

Ce n’est que plusieurs minutes plus tard qu’il réapparait au seuil de l’atelier d’une jeune herboriste. La mine grave et fatiguée, poupée cassée dans les bras. Sa voix vient à peine couvrir le bruit de l’orage, ses azurs parlent pour lui… Aide-la… A la lueur des bougies, dans la salle d’osculation de Brigide, c’est une longue nuit que vient de commencer. Le jeune homme peine à répondre aux questions, se murent dans son silence, aide comme il peut…dérisoire..
Il passera toute la nuit à veiller l’assaillante en lui tenant la main. Le visage fermé, l’azur éteint, il se contentera de regarder dormir la chevalière. Il sait que là-bas, tout est fini pour lui, il sait que jamais elle ne pardonnera. Saura-t-elle seulement un jour d’où venait sa colère ? Non jamais ! Et puis, qu’elle importance…


Il n’y aura pas de mort ce soir… et pourtant tout à changé…
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--Brigide.


La soirée était bien avancée et elle avait bien travaillé. Potions et onguents étaient prêts et ranger. La lueur de la bougie lui faisait mal aux yeux, il était tant pour elle d'aller se reposer un peu. Dernier coup de chiffon sur la table et elle attrapa la chandelle pour lui éclairer l'escalier. Elle commença à monter les marches en se disant qu'elle allait passer une bonne nuit quand elle entendit tambouriner violemment à sa porte. Elle reconnut la voix d'Armand et dévala en sens inverse les quelques marches qu'elle avait déjà montés pour aller ouvrir la porte.

Regard ahuri devant le jeune homme qui était devant elle et trempé jusqu'aux os, une femme dans les bras et plutôt en très mauvais état à première vue. Il avait l'air fatigué et une lueur étrange dans le regard. Elle ne savait pas ce qu'il s'était passé, mais quand il dit « peux-tu l'aider ? » elle comprit l'urgence de la situation et elle dirigea Armand dans la salle des auscultations où une table était là pour cela. Dans cette pièce, elle avait quasiment tout à porter de main. Bandages et compresses ainsi que de tout un tas de fioles et de boites, aiguilles et crins de cheval. Les questions allaient venir, mais elle laissa Armand déposer son fardeau sur la table pour qu'elle puisse œuvrer ...

Le visage fermé, il l’avait suivit. Armand regarda un instant l'herboriste qu’elle était, demande tacite de poser son précieux fardeau et la seconde d'après le voila qui laissait glisser son regard sur la jeune femme rousse. Il resta un instant à la surplomber, lui debout à ses coté et puis, d'une voix calme mais ferme il dit :

« Il faut la couvrir... il faut... la soigner... il faut.... Bri... aides-la... »

Que c'était-il passé ? Elle regarda un instant le « blond » comme beaucoup le nommait. Il était si différent du premier jour de sa rencontre avec lui. Par tous les saints, il avait besoin de ce réchauffé lui aussi, car elle allait avoir besoin de son aide. Pas besoin de lui dire, elle avait comprit, mais Armand devait aller se sécher un peu avant. Elle hocha néanmoins la tête pour le rassurer.

Je vais m'occuper d'elle, mais je vais avoir besoin de toi vu son état, alors va te sécher s'il te plait pendant que je regarde l'étendue des dégâts. Tu trouveras tout ce qu'il te faut à l'étage. Aller file ...

Le ton de la jeune herboriste était sans réplique. Elle était dans son domaine et elle prenait les choses en main. Sans plus se soucier de savoir si Armand était encore dans la pièce, elle prit une cuvette qu'elle remplit d'eau chaude et mélangea avec du vin. Elle posa la bassine sur le bord de la table ainsi que des draps pour la nettoyer. Elle entreprit ensuite de la dévêtir. Enlevant ses bottes cloutées puis ses braies. Elle prit sa dague pour découper la chemise qui était collée de sang. La tâche allait être ardu, mais pas infaisable ...

Elle releva la tête quand elle entendit les pas d’Armand sur le sol, il s’était séché et changé. Il la regardait, stoppé dans l’encablure de la porte. Son expression était neutre, mais on voyait bien qu’il se posait des questions … La lueur dans ses yeux trahissait son air soucieux. Elle soupira et reprit ce qu’elle faisait. Tant de questions se posaient à elle. La chemise enlevée, elle découpa le bandage de lin qui enserrait la poitrine de la femme puis elle entreprit le nettoyage. Heureusement qu'il faisait chaud dans la pièce, au moins elle n'avait pas à se soucier de cela. Elle dégagea les cheveux imprégnés de sang sur ce visage si blanc. Pas bon signe, mais elle n'allait pas baisser les bras pour autant. Elle mit ses doigts sur son cou et ferma les yeux pour écouter. Un battement, puis deux, faible, mais ils étaient là. A elle maintenant, de faire en sorte que cela continue.

Elle trempa un morceau de son drap dans le mélange eau vin et nettoya son visage ensanglanté où elle découvrit une belle balafre sur la joue gauche. La voix d'Armand se rappela à son bon souvenir.

« Tu vas pouvoir faire quelque chose ? »

Elle releva son regard vers sur lui. Un air grave sur le visage.

Mais que c'est-il passé pour qu'elle soit dans cet état ? Qui est-ce ? Approche toi, je vais avoir besoin de toi pour son épaule ... Son cœur bat, faiblement, mais il bat. A moi de faire en sorte que cela continue ainsi.

Elle nettoya la dite épaule, la blessure lui fit froncer les sourcils, les chairs à vif on voyait l'os. Elle n'aimait pas utiliser la cautérisation, mais là elle n'avait pas le choix, il fallait arrêter l'hémorragie ... Armand mit un certain temps avant de réagir a sa demande d’approcher. Une couverture sur les épaules, il pénétra néanmoins doucement dans la pièce. Son regard avait changé. Il n’y avait plus cette leur étrange de colère, juste de la fatigue et du désarroi qui s’entendit dans le sa voix quand il parla.

« Je ne sais pas qui est cette femme, mais je sais qu'elle était prête à risquer sa vie pour Jules et je veux savoir pourquoi. Et puis ... Je dois savoir bri... c'est tout... et je veux qu'elle puisse revoir la mer... »

Il ne savait pas ? Pas très important pour l'instant de toute façon. Arrêter ce saignement l'était bien plus, mais elle releva la tête d'une traite quand elle entendit le nom de Jules. Sacre bleu que venait-il faire dans cette histoire ? C'était lui qui l'avait mis dans cet état ? Pas le temps de poser la question, mais elle aurait des réponses pour sûr.

Ecoute Armand, il est trop tôt pour te dire quoi que ce soit, je dois stopper cette hémorragie si je veux qu'elle vive. S'il te plait viens tenir la plait pendant que je vais mettre un morceau de bois à bruler pour cautériser. Je n'aime pas utiliser cela, mais je n'ai pas le choix ...

Elle nettoya encore l'épaule droite puis enleva les chairs mortes avant de montrer au blond où mettre ses mains puis elle partit dans l'autre pièce faire bruler un morceau de bois. Quand celui-ci fut rougi comme il le fallait, elle revint vite fait et sans un regard sur Armand lui fit rapprocher les chairs, ce qu’il fit sans broncher puis appliqua le bois brulant sur la peau de la femme. Une odeur atroce de chair brulé s'en suivie. Odeur immonde, mais au moins l'hémorragie n'était plus. Elle allait pouvoir s'occuper de la joue et des bleus qu'elle avait ... Elle était sur le point d'aller jeter le morceau de bois dans les flammes de la cheminée quand elle entendit les paroles du blond et elle s'arrêta net.

« Eikorc est dans un sale état, aussi moche qu’elle. Les autres s'en occupent, j'savais pas quoi faire d'elle... ils la tueront ... et moi... j'peux plus y retourner, pas après ce qui s'est passé... »

Le Molosse était dans le même état ? Impossible ? Son bout de bois dans la main elle regardait Armand complètement coite. Se reprenant, elle lança le bois et revint vers lui.

Par tous les saints, vas-tu me dire ce qu'il s'est passé ? Qui s'occupe du Molosse ? Et en quoi Jules à avoir avec cette femme ?

L'agitation la gagnait. Elle voulait des réponses, mais elle n'en oubliait pas sa patiente qui gisait devant elle. Elle prit un sachet de fleur de soucis et les fit bouillir. Elle trempa des compresses dans l'eau chaude et les posa sur la brulure qu'elle fit maintenir avec un bandage. Elle s'occupa ensuite de la balafre en la nettoyant encore du sang séché puis elle prit une aiguille courbe dont elle brûla la pointe et referma la plait avec du crin de cheval.

Tout en s’exécutant, elle regardait Armand qui s’était refermé comme une huitre, le regard vitreux. Froncement de sourcil, était-il malade lui aussi ? Elle le vit s’assoir sur une des chaises qu’il y avait contre le mur, puis le regard vide il répondit :


« Je ne sais pas... Les autres s'occupent bien de lui... il va s'en tirer, il le faut... il va s'en sortir... c'est l'colosse... il est invincible... »

Il avait parlé comme pour lui-même, les azurs du blond ne la voyant même pas en face de lui, puis sil reprit

« J'l'ai pas aidé bri... Eik... j'lai pas aidé »

Elle l’avait écouté tout en finissant de recoudre la balafre sur la joue de la rouquine dont elle ne savait rien. Les bleus qu'elle avait, lui indiquait d'énormes coups portés. Elle prit un pot de cataplasme de plantain qu’elle passa sur les bleus que la rousse avait au niveau du ventre et vers les côtes puis elle banda bien fort les côtes qui étaient touchées plus sérieusement. Elle en avait presque terminé avec cette femme. Elle allait lui faire boire une infusion de bourrache pour éviter autant que possible la fièvre qui viendrait certainement. Elle la recouvrit d'un drap propre pour cacher enfin sa nudité puis s’approcha d’Armand, lui passant une main sur le front.

Armand ... Je ne sais quoi te dire, mais je ne peux pas vous laisser tous les deux pour aller voir le Molosse. La nuit va être très longue, car il faut que je surveille la fièvre. D'ailleurs tu vas boire un peu de l'infusion que je lui prépare, il manquerait plus que tu sois malade toi aussi ...

Cela la démangeait d'allait voir l'état de cet homme qu'elle croyait indestructible au vu de sa stature, mais cette femme avait besoin d'elle et Armand comptait sur elle. Elle espérait simplement que la personne qui s'occupait de lui, savait ce qu'il faisait ... Armand se releva d’un coup, avec une mine déterminé ce qui la fit sourire. Il savait se reprendre quand il le fallait.

« Non, je vais très bien. Dis-moi simplement ce que je peux faire pour me rendre utile. J’veux pas qu'elle y reste, c'est tout ce que je demande ! J'vais rester avec toi cette nuit, fais juste de ton mieux pour quelle survive. J'te promets de tout t'expliquer un peu plus tard, d'accord ? »

Il ne restait pas grand-chose à faire sauf surveiller maintenant. L'infusion était prête et elle servit une choppe puisque tête de mule ici présent n'en voulait pas. Elle se retourna et s'approcha de la femme tout en regardant le blond.

Tu veux te rendre utile ? Et bien soulèves lui la tête doucement que je lui fasse boire ça. Ensuite il n'y aura pas grand-chose à faire qu'attendre et surveiller la fièvre. La rafraichir le plus possible tout au long de la nuit ...

Portant la choppe vers les lèvres sèches de la rousse elle lui fit avaler l'infusion. Début d'une nuit interminable ...

(avec accord de l'auteur)
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Arylis
Alors que la brunette attendait que la Blonde entre en action, elle sentit de nouveau couler entre ses doigts le liquide chaud et poisseux.

C'est pas vrai ... La suture ne suffira pas ...

Alors qu'elle prononçait ces mots le regard de la jeune fille se voila et son visage se figea.

La gamine râle. Pour une fois qu'elle veut voir, elle ne peut pas. La Rousse la fichu à la porte en lui disant que l'homme était trop gravement blessé, qu'elle ne devait pas assister aux soins. Pourtant elle en a vu la fillette à la tignasse brune, elle en a vu plus que de nombreux adultes. Alors elle râle, elle tempête et en dernier recours elle choisit l'espionnage. Se glissant le long des murs aux planches de bois mal jointées elle se cherche un point d'observation. Enfin elle le trouve. Elle a vue sur le corps agonisant et elle arrive juste pour découvrir la Brune qui sort un tison de l'âtre. La femme l'approche d'un bras ensanglanté, à moitié tranché, et elle l'applique avec fermeté sur la plaie. L'homme hurle, la Rousse et la Vieille le maintiennent en place, la gamine se cache les yeux et maudit sa curiosité.

Instant d'éternité pour la brunette. Quelques secondes à peine pour les autres.
Alors que la vie reprenait possession d'eux, les yeux océan se tournèrent avec dégoût vers l'âtre rugissant que la Blonde avait allumé. Ca ... Elle ne l'avait jamais fait ...
Le sang qui continuait de couler la fit réagir.
Plus le temps de tergiverser. Le Colosse avait été rentré depuis moins de dix minutes mais il n'empêchait que les secondes aller finir par lui être comptées.
Laissant son "assistante" les mains dans le sang la brunette alla chercher un tison. Elle le choisit aussi rouge et ardent que l'était celui de la Brune dans son souvenir. Fronçant le nez elle le ramena vers la cuisse du chef zokoïste.
Si elle perçut nettement le recul de la femme aux cheveux de paille elle n'en comprit pas la raison et n'en eut cure. Une seule chose lui importait : Finir très vite ce que ses Mères appelaient une cautérisation.
Nom dur dans la bouche, pour un soin qu'elle jugeait presque inhumain.

Odeur de chair brûlée.
Saphirs qui se remplissent de larmes.
Lumières rouges et or.
Cris de joie et de haine.

La brunette sentait que ses mains allaient se mettre à trembler. Un grognement du Colosse lui annonça qu'il fallait qu'elle fasse vite.
Elle se concentra ne visualisant que la plaie qui rougissait et le sang qui arrêtait lentement de couler. Elle avait brûlé aussi profondément que possible, mais ça ce suffirait pas.
Elle courut à la cheminée et y jeta son morceau de bois, nouveau relent âcre lorsque les chaires non brûlées furent assaillies par les flammes. Elle s'empara d'un nouveau tison et recommença la même opération, sur l'autre plaie, de l'autre côté de la cuisse.

A nouveau cette odeur atroce.
A nouveau les larmes, nerveuses.
Ces visages tant aimés qui disparaissent dans les flammes.
Leurs cheveux, aussi roux et flamboyants que ceux de la Rousse du temps où ils étaient libres sur ses épaules blanches.

Arylis ignorait les larmes sur ses joues.
Il fallait qu'elle se concentre, qu’elle chasse ses souvenirs d’horreurs.
Nouveau grognement, qu'elle ignora.
L'hémorragie cessa enfin et elle jeta rageusement le morceau de bois dans l'âtre.
De ses mains tremblantes elle prit l'écureuil qui se roula autour de son cou, tentant de lui faire oublier ses images qui avaient traumatisé son âme d’enfant. Lentement les spasmes se calmèrent. Les larmes se tarirent.
Après quelques mots chuchotés à son compagnon la jeune fille revint vers les deux silhouettes, l'une debout, en pleine incompréhension ou en proie à ses propres démons, l'autre, couchée, était retombée dans l'inconscience sous l'effet de la douleur.
Tant mieux.
Elle était loin d'avoir fini.

Il doit bien y avoir des pommes de terre dans ce bouge ... Tu veux aller m'en chercher s'il-te-plaît ?

Regard insistant.
Si la brunette sentait une réticence de la Blonde à devoir faire ce qu'elle lui demandait, elle savait aussi que la femme voulait avant tout que le corps de l'homme se remette à vivre.
Lorsqu'elle se fut éclipsée vers la cuisine et la cave la brunette déchira une longue bande de draps. Il maintiendrait son cataplasme de patates sur la brûlure.

Dégageant encore un peu la table Arylis fit basculer le mercenaire sur le ventre. Et là elle fit une grimace.
L'épine de la Pivoine s'était montrée plus dangereuse que celle d'une rose et la dague s'était enfoncée loin dans le corps. Visiblement l’omoplate avait dévié une course qui ne visait que le cœur. La lame était maintenant plongée entre deux côtes.
La brunette palpa le dos, cherchant à situer exactement l’emplacement de la pointe, vérifiant qu’elle pourrait la retirer sans risque.
Visiblement c’était faisable, mais il faudrait faire vite.

Voyant la Blonde revenir avec quelques pommes de terre elle décida de finir ce qu’elle avait commencé. La jeune fille se mit à éplucher un tubercule et à le couper en fines lamelles. La femme l’imita et elles en eurent bientôt assez pour recouvrir les marques rouges. Arylis fixa le bandage autour de la cuisse puis se re-concentra sur la dague qui jaillissait du dos musculeux.

Elle vida son flacon d’alcool sur ses mains et celle de la Blonde puis sortit de son sac une teinture d’ail. L’odeur serait désagréable mais cela désinfectait aussi bien que de l’alcool et puis ça aiderait à stopper la possible hémorragie.
Elle retira la dague en tentant de suivre le même chemin, essayant de ne pas aggraver la situation. Sa compagne était prête et dès que la lame fut sortie et que le sang se mit à couler elle appliqua les compresses à l’ail.
Comme Arylis l’avait espéré aucun vaisseau majeur n’avait été touché et elle n’aurait pas à cautériser. Lorsque la Blonde eut fini de nettoyer la plaie, la brunette avança l’aiguille qu’elle avait de nouveau stérilisée. Alors que la femme tenait aussi près que possible les lèvres de la plaie Arylis piquait, nouait, coupait. Piquait à nouveau pour nouer et couper encore. Elles remontèrent ainsi la ligne rouge qui traversait sur quelques centimètres l’épaule du Colosse.
Puis la brunette appliqua une pâte à base de vinaigre de pomme et de poivre noir qui permettrait une cicatrisation presque sans trace. Elles nouèrent un drap autour du torse et de l’épaule du mercenaire puis Arylis finit son ouvrage par passer de la teinture d’arnica sur les bleus et bosses du guerrier.

L’eau qu’elle avait mise à chauffer bouillait maintenant. Elle la sortit et fit infuser un mélange d’herbe que Cali préparait et qui évitait la douleur. Lorsque la température de la tisane eut suffisamment baissé pour que le Colosse puisse la boire, les deux femmes unirent une dernière fois leurs forces pour le relever et lui faire ingurgiter la potion, au goutte à goutte.
Lorsqu’il eut vidé son verre la brunette le recouvrit de plusieurs draps.

Il faut attendre maintenant. En espérant qu’il n’ait pas de fièvre.


Elle avança une chaise près de l’âtre, s’y assit en tailleur et se perdit dans la contemplation des flammes. Elle réagit à peine lorsque Faren sauta sur ses genoux et sa main se mit machinalement à caresser le pelage gris. La jeune fille s’oublia dans ses souvenirs, et tous ne lui permettaient pas de sauver des vies …
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Kar1
Sau...Sauvez...Le... Si...Sinon... Sinon j'vous... crève.

Nan mais je vous jure. Voilà que le roux s’y met aussi. On sait déjà qu’elle n’aime pas qu’on lui dise quoi faire, mais alors quand ça sort de la bouche de Jules à moitié sonné, là, plus moyen de se retenir. Si la main de Paillasse avait fait une autre visite au caillou pour se calmer, c’est une pichenette en pleine face qu’elle lui aurait fait subir. Voyez le topo quoi. Pis aucune raison d’être poli avec le balafré, ou alors c’est la torgnole. Au choix. Il veut peut être qu’on lui écrase le crâne contre un coin d’escalier pour de bon. C’est peut être ça qu’il cherche.

Ta gueule le Roux! T’nous emmerdes à la fin..
T’crois qu’elle est en train d’faire quoi là au juste la donzelle.. Conter fleurette?
Occupes-toi t’ton cul, on en s’ra tous plus ravi qu’aut’ chose.


Quoi.. L’aurait mieux fait de se taire peut être? Ben tiens, faut pas rêver. Elle lui en veut en plus à lui. D’autres raisons, autre temps, autre lieu, alors elle n’y va pas de main morte et puis c’est tout. Ras le bol des gamins pourris gâtés. Ouai ouai, pourris gâtés, c’est bien ce que pense la blonde. A trop donner de leçons, on n’écoute même plus ce que les autres disent. Un peu d’humilité au Jules ne lui ferait pas de mal, sans nul doute. Voir la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien. C’est bien connu.

Ne l’laissez pas mourir …

Karine pose ses yeux sur Felina. Un hochement de tête veut faire comprendre à la brunette que le regard est entendu. Bien plus sagement, sur le même ton que cette dernière la voilà qui répond.

Ca n’arriv’ra pas.

Et les voilà seules.
Toutes les deux se retrouvent donc face à un Colosse au plus faible. Une apprentie -semble-t-il, quoique la blonde ne serait surement pas capable de le reconnaitre- contre une méconnaisseuse de l’art de la guérison. C’est là qu’elle met alors de coté toute sa fierté habituelle. Il est bien clair que ce n’est pas dans ces moments là qu’elle pourra avoir le dessus sur qui que ce soit pour quelque raison que ce soit. Alors la garde se baisse, les yeux se lèvent vers sa voisine, regard entendu lui aussi. Elle ferait ce qui est demandé sans broncher une seule fois, parole de blonde. Et les paroles ne se font pas désirer plus longtemps.


J’ai d’jà cousu, une fois. Une couche remplie d’fougères.
M’suis écorchée, mais l’résultat était pas bien mauvais.


Elle s’apprête à l’aider à coudre. Elle est prête à lui piquer l’aiguille et tout ce qui va avec pour suturer la peau du Colosse et lui laisser quelques souvenirs sympathique d’une amante de plus. Mais la blessure ne lui en laisse pas le temps puisque le sang commence à gicler comme de bien entendu sur les mains de la blonde. Premier réflexe, étouffer la plaie, essayer de garder le sang à l’intérieur. Laisser libre court à la jeunette pour qu’elle trouve quoi faire. Pression, encore pression.

C'est pas vrai ... La suture ne suffira pas ...
Presse-toi.. Presse-toi.. Ca n’veut plus s’arrêter.

Vu comme ça, le sang, c’est bien moins marrant, surtout quand on essaye de sauver la vie du propriétaire. Je crois que la blonde ne s’était pas rendue compte de la gravité de la situation jusqu’au moment précis ou la jeunette prrend un tison à la braise rouge vive pour le poser sur la peau déchiquetée de Crok’. Mouvement de recul pour Karine due à l’odeur insupportable de cochon grillé. Laisser faire les experts n’est pas de refus. Brûler pour sauver, elle ne pensait en aucun cas que c’était possible à vrai dire. Pis un autre ordre vient la sortir de ses songes étranges. Elle en aura appris des choses en Poitou cette fois. Un hochement de tête se fait sans attendre. La voilà qui part dans la cuisine en foutant sur chaque recoin de la pièce une tache de sang «Colossale». Elle se précipite alors dans la cave, cherchant encore le garde-manger.
Victoire! Des patates. Elles firent alors un petit cours de cuisine improvisé. La cuisse ne pouvait que se réparer d’elle-même maintenant. Il n’y avait plus rien à faire.

Mais les deux donzelles n’étaient pas au bout de leur peine. Il fallait maintenant retirer la dague enfoncée dans la chair du Colosse. Lorsque l’engin fut extirpé délicatement par la donzelle qui décidément en savait plus que la blonde et l’écureuil réunis, Karine nettoya l’ouverture du mieux qu’elle pouvait avec de l’ail, des chiffons et tout ce qui lui passait par la main. Chose faite, l’aiguille qu’elle tenait plus tôt dans la même main revient en scène pour fermer cette sale blessure à l’épaule. Cette fois, c’est rapide. Lorsqu’on est en proie à une panique, on sait visiblement bien plus facilement quoi faire. A deux elles venaient de sauver une vie. Pour Karine, la première..

Elle regarde alors Arylis se poser devant la cheminée essayant surement de détendre ses muscles crispés jusqu’à la moelle. Chiffon en main Karine ose.


Karine..
Silence rompu.
Merci..
_________________
Karine de Pommières.
Jules.
[ La marque de l'humilité ]

Ta gueule le Roux!

C'est bien le champ de blé qui s'enflamme. Le cerveau s'active pour le monologue. Esgourdes ouvertes. Le flot de colère peut être déversé dans la grande carcasse voutée.

T’nous emmerdes à la fin..


Rien de nouveau. Les ennemis, on les trouve à la pelle avec lui, comme beaucoup d'autres dirons-nous... Petits ou grands. Une remarque mal placée, une leçon qu'il "ose" sortir, et c'est la débandade. Et quand on croise des aussi grandes gueules... Ça donne ça. Oh pour sûr qu'il est pas innocent le rouquin, nan... Mais il a autant de mal à recevoir des leçons des personnes qui pètent plus haut que leur cul. Et quoi de mieux qu'un tel moment pour lui gueuler dessus hein... Pour sûr qu'il est plus réceptif au message sans sa fougue exécrable.


T’crois qu’elle est en train d’faire quoi là au juste la donzelle.. Conter fleurette?
Occupes-toi t’ton cul, on en s’ra tous plus ravi qu’aut’ chose.


Les mots claquent, le roux vacille. Une réponse ? Il en est incapable. D'abord se souvenir de comment soigner un nez brisé à une amante pas trop habituée...
Pourquoi dire que son murmure avait un arrière goût de peur envers l'état du Colosse et qu'en aucun cas il pouvait toucher la blonde ou l'autre brunette... Non. Ta gueule le roux. Tout le monde est crevé, et toi t'as jamais pu dire que ca n'allait pas, ni l'expliquer. Alors autant être exécrable pour ne pas faire avancer le schmilblick. Et des leçons de vie aussi... On le lui rend bien.
Juste insupportable pour l'ego de ne pas avoir trouvé un calme comme savent faire les fleurs de l'âge.
Mais qu'importe... C'est pas le moment... Surtout avec cette caboche qui grésille de plus en plus.


Viens …


Faible hochement de tête. Vaut mieux monter ouais... Déjà fait assez de dégâts.

Perdu.

Lente montée des marches. Le bois grinçant ne lui vient même pas en tête. Souffler, souffler pour ne pas perdre pied. La Féline ne doit pas le voir ainsi. Peur et honte quand tu nous tiens...
C'est long. Une simplicité de la vie qui devient épreuve sournoise.
Torrent de sentiments qui combattent dans son faible esprit pour champ de bataille... Tout se contredit, rien n'a de sens. Barbier, pense barbier bordel !

Coup d'épaule félin et long soupir de soulagement. Une chaise ! Les dernier pas vers la survie à ce poids qui l'accable lui semble mettre une éternité... La coquille vide s'assoit lourdement, tente un dernier retour en arrière pour les soins. La question tant redoutée de la belle brune est perçu comme un hurlement pour son esprit brumeux.


J'dois faire quoi .... ?


Pas prêt. Ça ne veut pas sortir des méandres. Une solution, du temps vite !

Prends... ma sacoche... Prépare linges... Alcool...

Pique profonde dans les côtes alors qu'il reprend son souffle. Enfoiré de Maleus... Enfoiré de Borgne... Pourquoi veulent-ils tous aider un chevalier à la cape azur ? Surtout le Colosse... Comment pouvait-il... Après tout ce qu'il lui a dit. Qu'on lui explique !
Le visage le brûle pour le ramener sur terre. Le Sambre ne peut taire un gémissement.
Sa pire ennemie sauvée par ceux qui lui ont offert une place... Chose qu'il pensait improbable.
"Ne pas discuter les ordres des chefs..." Trop facile, surtout maintenant. Qui lui répondra entre l'un qui se délecte de son entrejambe et l'autre aux abords de la Mort ?! Personne. Toujours la fermer, ne rien savoir.

La faible colère spirituelle s'éteint au nettoyage en règle de son visage sanguinolent, de la seule main motrice félinienne. Les mains viennent saisir les côtés de la chaise à faire presque craquer le bois. Le feu s'étend mais ne s'affaiblit pas. Il n'ose imaginer la tête... N'sert à rien de toute façon. Enlever les esquilles d'os... Et replacer dans l'axe le tout. Beau programme.
Les paupières se rouvrent lorsqu'il ne sent plus de frottement. Doigts maladroits qui fouillent la besace tendue. Pince et bout de bois sortis.


Faut... Enlever... Les bouts... 'Vec ça.


Le bois ? Pour pas craquer. On referme les yeux et mord l'allié. Tout se relâche pour moins subir. Enfin... Au début. Chaque parasite dégagé laissant un râle s'échapper des lèvres vermeilles, muscles crispés.
Plus de questions qui le taraudent. Juste un mal physique à taire définitivement, avec son miroir de feu.


Tu pouvais pas trouver mieux que moi comme soigneuse tsssss ... !!

La pince bute la chair. Les cheveux carmin partent en arrière, tout comme la tête... Ah il l'a mérité ce coude aux noix le mélancolique ! Même qu'il aurait dû y mettre plus d'entrain à l'œuvre !
Mais rien n'arrête la femme aux cheveux d'ébène, qui porte à l'arrière du crane ses griffes. Retour au point de départ.


Bouge pas !!! J'ai presque fini ... !!


Attendre la fin du supplice... Yeux embués de ce feu qui lui tire ses dernières réserves d'énergie et de contrôle. La dextre faiblarde du rouquin vient retirer le compagnon de bois...

R'mets-le... R'mets le en place... Nom d'un chien !


Craquement. Hurler pour dégager le vice... Hurler sa faiblesse... Hurler sa haine... Hurler sa honte... Hurler son indécision. Lâcher tout... L'épaule sénestre du pilier féminin retient le front de la grande carcasse carminée. Un flot de larmes trop longtemps retenu... Encore.

Pourquoi sauver celle qui veut sa mort... Pourquoi tous se mettre en danger pour lui... Pourquoi n'est-ce jamais assez... Comment vaincre avec telle faiblesse... Pourquoi ces remords ?!

Un carreau d'arbalète empoisonné mal placé. Ce juge... Innocent ? Cela en valait-il vraiment la peine pour ce qu'il est devenu et l'adversaire qui ne cessera jamais de le poursuivre, prêt à tout pour le détruire...
Tout foutre en l'air jusqu'à son âme pour ça...


C'est laid.


Et de tout les plus grands problèmes humains... Le pire est d'accepter la réalité.

Et la seule sortie... C'est l'affrontement. Face à face... Le remède est le poison. Cerridween de Vergy.

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