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Mort tragique de Valatar Cornedrue

[RP]La Seine au crépuscule

Valatar
La Seine est scintillante, au crépuscule. Le Louvre, imposant et magistral, s'y mire, confondant son reflet avec celui de la lune, à peine plus haut.

Depuis que Valatar fréquentait Paris, il y avait pris ses habitudes. Parmi elles, la coutumière promenade du soir. Chaque fois, il choisissait l'un de ses quartiers favoris pour y laisser traîner ses pieds. Au départ seul, puis accompagné de son cousin, depuis qu'il travaillait à la Cour d'Appel. Ce soir là, il marchait le long de la Seine, sur le quai qui fait face au Louvre, et qui, justement, reliait les lieux de travail des deux cousins: le Palais de Justice, sur l'île de la Cité, et le Palais des instituts, siège de l'Académie Royale de France.

Alors qu'ils marchaient, en devisant joyeusement, les deux hommes ne se rendaient pas même compte qu'ils atteignaient le paroxysme de l'amitié. Des années durant, ils avaient avancé ensemble dans la vie; et ce n'était pas l'effet du hasard s'ils se retrouvaient à nouveau ensemble dans la plus grande ville du monde.

Cette promenade était particulière, pourtant. Ne serait-ce que par son trajet. En effet, partout où le jeune vicomte posait ses yeux, il pouvait y trouver un souvenir précis. Que ce soit le Louvre, où il lui arrivait de rendre des rapports d'ambassade après ses entrevues avec les dirigeants du Royaume d'Angleterre, Notre-Dame de Paris, qu'il fréquentait régulièrement pour les messes qui y étaient célébrées, l'Hôtel-Dieu, juste à côté, où il rendait visite aux malades, le jour de la Saint-Noël, pour leur donner quelques miches de pain et s'en sentir mieux. La Seine, qu'il se promettait de faire découvrir à ses femme et enfant, prochainement. Et devant eux, l'Académie. Discrète sous sa sobre coupole noire, l'Académie était le lieu qui, pour Valatar, faisait rimer travail et joie. En effet, de toutes ses fonctions (et Aristote sait qu'il en cumulait) celle de dirigeant de l'Académie était celle qui lui procurait la plus grande satisfaction, probablement pour la haute richesse culturelle qu'elle lui offrait.


Vous souvenez-vous, mon cher cousin, de la première fois où vous êtes venu à Paris? Je me souviens de ma première fois, à moi: j'étais bien jeune, et j'y avais suivi une vieille amie qui voulait me faire visiter les locaux de l'AAP, dont j'étais correspondant. Je me demande ce que Tosca est devenue, depuis le temps que je ne la revois plus. Et vous, Hugo, qu'est-ce qui vous a fait venir en cette ville magique, la première fois?

Les pavés faisaient résonner leurs pas. S'il n'était pas conseillé, généralement, de se promener sans garde dans Paris au coucher du soleil, le quartier du Louvre était plutôt sûr, et la prévôté veillait. Aussi les deux hommes ne craignaient pas pour eux, et discutaient en toute confiance. La chaleur épaisse de la nuit tombante ne faisait que renforcer ce sentiment de sécurité. Au loin, une corneille fit retentir bruyamment le battement de ses ailes, alors qu'elle traversait la Seine pour se diriger vers l'abbaye de St-Germain. Un petit vent mit fin, pour un instant, à l'opacité de la chaleur. C'est un sourire serein que Valatar adressait à son cousin, en l'écoutant répondre.
_________________
Hugoruth
Paris... Une ville tant critiquée dans son Berry d'origine... Une ville qui renfermait en son sein les institutions les plus prestigieuses du Royaume de France, groupées autour du Palais du Louvre, siège de la monarchie française et centre nevralgique de tout un royaume. Depuis la rive opposée de la Seine, on avait sur le castel royal un fort belle vue. Les différentes rangées de murailles et puis, plus en profondeur dans les terres, on apercevait le haut des bâtiments dans lesquels il était venu une fois auparavant, en tant que Duc de Berry, afin de respecter le serment de vassalité liant le Berry à Paris. Ah, que ce lien était distendu aujourd'hui. Ah, que les dirigeants actuels se moquaient et complotaient mais le Baron d'Ainay-le-Vieil avait décidé de prendre du recul par rapport à tout ça et s'investissait dans sa nouvelle fonction, celle de Juge à la Cour d'Appel.

Paris... Ville où son cousin, Valatar Cornedrue, allait et venait depuis de nombreux mois déjà. L'annonce de sa nomination au sein de la prestigieuse institution judiciaire l'avait également réjouit, en sus de l'honneur qui lui était fait, avec l'idée de retrouver un bureau cotoyant de nouveau celui de son cousin. Et c'est ainsi que, régulièrement, les deux amis, car avant d'être cousins, ils étaient d'excellents amis, se retrouvaient et parlaient, laissant leurs pas les mener sans y penser.

Vous souvenez-vous, mon cher cousin, de la première fois où vous êtes venu à Paris? Je me souviens de ma première fois, à moi: j'étais bien jeune, et j'y avais suivi une vieille amie qui voulait me faire visiter les locaux de l'AAP, dont j'étais correspondant. Je me demande ce que Tosca est devenue, depuis le temps que je ne la revois plus. Et vous, Hugo, qu'est-ce qui vous a fait venir en cette ville magique, la première fois?

Il ferma les yeux un instant, essayant de se remémorer sa première visite en ces lieux

Eh bien... Je dirais que ce fut pour venir en les locaux de la Cour d'Appel, après ma réussite au concours d'avocat du Dragon. Oui, je dirais que c'est à cette occasion que je suis venu ici pour la première fois.

Petite pause dans ses réflexions, le temps de regarder où ils se trouvaient. Il n'était qu'un néo-parisien, et encore souvent, il se perdait dans les rues de la Capitale. Son cousin, parisien chevronné, n'avait pas ce problème et il le laissa discrètement prendre la tête, préférant lui emboîter le pas que de les amener tout droit dans un quartier peu fréquentable où un inconnu les aurait sans doute dépouillés. Pourtant, l'expérience aurait du prouver au jeune Juge que laisser Valatar ouvrir le chemin n'était pas une bonne idée, le souvenir d'un voyage entre St Aignan et Blois lui revenant à l'esprit et lui tirant un sourire.

C'est étrange... Quand vous me parlez de cette époque, où je n'étais qu'un caniot, comme disait alors le poussin, j'ai tellement de souvenirs qui remontent... Oh, bien sûr, on se juge avec sévérité parfois, regrettant sa naïveté ou sa fougue. Et pourtant, je ne peux m'empêcher d'avoir le sentiment que cette époque, aujourd'hui révolue, s'est achevée hier à peine. Que le temps passe vite, que les évènements, parfois, nous emmènent loin de ce que nous fûmes...

Et tous ces moments, toutes ces heures passées ensemble, à refaire le Monde, ou le Berry, plus modestement. Ces instants où notre amitié s'est forgée, tout simplement... Ah, que cette époque d'insouciance me manque, parfois...
François-Jean, incarné par Valatar
La soirée enveloppait peu à peu Paris, et les deux cousins ne voyaient pas bien leur chemin. Pour quiconque connaissait Valatar, leur itinéraire n'était pas surprenant: il était incapable de retrouver son chemin, même dans son château. Mais pour un observateur extérieur, c'était une autre affaire.

Tourne? Tourne-pas?

chuchotait François-Jean. Sous sa capuche noire, il suivait d'assez près les deux nobles qui parlaient sans se douer de rien. Quand ils tournèrent dans le passage du Pont-Neuf*, il frappa dans ses mains, de surpise. Par chance, il n'avait pas été entendu. Ou s'il l'avait été, on n'avait pas fait attention à lui. Aussi se permit-il de souffler encore, pour lui-même.

Tourne! J'aurais juré qu'non!

Finalement, cela faisait ses affaires. Plus loin du château, plus loin des maréchaux. De plus, le passage était étroit et rien ne l'éclairait sinon la faible lueur du ciel. Une boule commença à naître dans son estomac. S'il échouait? Il serait pendu haut et court. Et s'il réussissait? Il est probable qu'il le serait de même. Et s'il essayait de faire une pierre deux coups? Après tout, le cousin était à sa merci, lui aussi... Non, il ne fallait pas s'éparpiller. Un seul, et le pire. Cela faisait des semaines qu'il le suivait, qu'il l'observait. Il l'avait vu avec des femmes, et des jolies. Il l'avait vu avec des gardes, et des forts. Il l'avait vu avec son cousin, désarmé, chaque soir...

Plus ils avançaient dans le passage, plus l'atmosphère était sombre. Les pas des deux nobles faisaient claquer les pavés de façon régulière. Si ce n'était pas une preuve qu'il fallait en finir, il ne s'y connaissait pas. Lui n'avait pas de chausses. Ses pieds nus ne faisaient aucun bruit, sur les pavés, et il ne sentait même plus dans quelle saleté il les faisait marcher.

Il imaginait déjà les gros titres. "Le Vicomte de Culan assassiné!" Pour sûr, l'AAP en ferait un martyre. Mais dans les grottes de brigand, partout en France, qui serait le héros dont tout le monde parle? Lui, celui qui a tué le Grand Académicien ou je ne sais quoi. Quand il raconterait ça à Petit Frère, il n'en croirait pas ses oreilles. Pourtant, ce sera vrai. Ce sera vrai... Mais là, les deux hommes faisaient demi-tour, et se retrouvaient face à lui, à quelques mètres seulement. Il allait falloir agir.

Il prit sa voix la plus claire, essayant de se faire comprendre, et dit


Monseigneur Valatar Cornedrue de Culan?

Sous ses pieds, sa cape trouée traînait dans la boue. C'était bien sa veine. Pourquoi les capes des Grands ne traînaient pas dans la boue, elles? François-Jean se concentra, et abaissa sa capuche, le temps que les deux hommes s'approchent de lui. Valatar, c'était le grand, à ne pas confondre avec celui au gros nez. Depuis le temps qu'il l'observait, ce serait dommage de se tromper...


*actuelle rue Dauphine.
Valatar
Ils s'étaient encore perdus... Il faut dire qu'en parlant de tout, de rien, du passé qui nous manque mais ne reviendra pas, de l'avenir qui nous inquiète, mais viendra tout de même; en parlant de tout cela et d'autres choses encore, ils n'avaient pas fait attention à leur chemin. Ils étaient pourtant tout près de l'Académie: on voyait l'arrière du bâtiment.

Oui, mon cousin, il m'arrive, à moi aussi, de regretter le temps de l'innocence. Il est vrai que la vie est aisée, aujourd'hui, pour nous autres, mais que de chemin parcouru, n'est-ce-pas? Il est vrai que ce sont ces moments passés il y a des années qui ont faits de nous ce que nous sommes. Tout comme ces moments actuels feront de nous ce que nous serons à l'avenir. Qui sait ce que nous serons demain? L'essentiel est de ne pas oublier d'où l'on vient.

La diplomatie m'aura au moins appris ceci: devant l'immensité du monde, chaque homme possède son importance capitale. C'est pour cela que le Très-Haut nous place où nous sommes. Ainsi, il faut laisser le temps nous forger tels que nous sommes, et accomplir notre destinée. Seulement quand elle sera accomplie, nous... nous... nous sommes perdus, mon cousin. Faisons demi-tour avant de tomber dans je ne sais quel lieu obscure.


Ils se retournèrent en riant à l'avance des railleries qui n'allaient pas tarder à sortir de la bouche d'Hugo, quand un homme, d'aspect sale, complètement enseveli sous une capuche incolore, l'apostropha.

Monseigneur Valatar Cornedrue de Culan?

C'était bien lui. Mais une vague de nostalgie lui fit revenir en mémoire le temps où on l'appelait encore "Valou" tout simplement, dans son petit village du nord du Berry. A l'époque, il n'était pas vicomte, il n'était pas même noble. Il n'avait pas non plus de nom de famille: ce n'est que bien plus tard, à la mort de sa mère, qu'il avait appris être un Cornedrue. Qu'était devenu ce "Valou"? Évaporé dans les reflets de la Seine? Etait-il mort, ou simplement oublié? A présent, on le reconnaissait, le soir, dans une grande ville. Les inconnus l'appelaient Monseigneur. Que de chemin parcouru. Était-ce une bonne chose? Probablement, oui. La noblesse n'avait jamais été un but, pour Valatar, qui n'aurait jamais cru pouvoir un jour y accéder. Mais puisqu'elle lui avait été donnée sur demande du peuple de Berry, il ne pouvait qu'en être fier. Depuis, à Paris, beaucoup l'avaient approché pour tel ou tel travail au service du Royaume. Ainsi s'était forgée sa réputation. Toutes ces pensées lui traversèrent l'esprit en l'espace d'une seconde. Il s'approcha de l'homme pour essayer de mieux en distinguer les traits. Un vagabond probablement. En le voyant s'approcher, il avait abaissé sa capuche un petit peu plus. Voilà qui n'aidait pas le Vicomte, pour apprécier son visage.

Bonsoir, que puis-je pour vous?

Deux yeux noirs semblaient finalement se détacher de l'obscurité qui emplissait sa capuche. Ils brillaient comme si quelque force mystique les animait. C'était si captivant que Valatar crut y voir les yeux d'un chat.
L'homme le regardait fixement, et sa respiration était saccadée.


Vous aimez la poésie, Monseigneur de l'Académie? Vous aimez la poésie?

Voilà une bien étrange question. Peut-être ce vagabond était-il un fou qui se croyait poète? Valatar en fut quelque peu décontenancé et avisa une seconde son cousin avant de répondre, sobrement

Oui, j'aime la poésie. Je travaille à son contact chaque jour.

Que voulait donc ce drôle? Il semblait écarter les jambes comme s'il essayait d'occuper la plus grande largeur possible dans la rue. Etant assez large d'épaules, il y arrivait assez bien, d'ailleurs.

Mais où voulez-vous donc en venir?
_________________
Amberl
[Bien avant, dans le Sud]

Une lettre.

Juste une lettre en main, fixant rendez vous à Paris, le plus tôt possible. En d'autres circonstances, Amberle aurait surement chiffonné le pli, et chevauché en direction opposée. Mais cette fois ci, le bout de vélin l'a fit frémir, l'écriture étant si familière... Le sceau ne laissant pas de doute sur son authenticité. Val' ...
La brune fronça les sourcils, oscillant entre le fait de le bouder, qu'il lui avait posé un lapin la dernière fois qu'elle même lui avait donné rendez vous, et le fait d'enfourcher sa jument, et de parcourir le royaume au triple galop.
Dilemme épineux. Val' est tout ce qu'elle combattait. Symbole même du royalisme, du parfait Vicomte, politicien dans les hautes sphères... L'anti-thèse des gens qu'elle côtoie ces derniers temps. Et en même temps ... Il restait son Valounet. Son parrain. Son tout, son rien, une de ces prunelles auxquelles elle tient, envers et contre tout. Vents et marées n'y changeront rien, les deux sont amis depuis leur enfance, et liés par un respect mutuel.

Revoir son parrain, le serrer dans ses bras et s'assurer qu'il s'est remis de la peste. Le revoir, s'enivrer de ses mots, de sa liqueur créée en taverne, rire et pester contre le Poilu, se remémorer les soirées épiques saint aignaises et les ancestrales querelles politiques qui fracturent le Berry.

La brune soupire légèrement et sourit. Il lui en aura fait voir de toutes les couleurs, c'ti là. Si fait. Elle sera là, et à l'heure. Sauf qu'elle ne se pliera pas à son protocole nobiliaire... Tut tut.


[Ce jour. Tout près de lui]


Paris ...
Première fois qu'elle met les pieds dans la capitale. Ecarquillement des yeux devant les hostels juxtaposés aux maisons les plus humbles. Son regard émeraude dévore tous les monuments, grave dans la mémoire la Seine et son scintillement. Le Louvre ... C'est donc cela le Palais Royal ? Sourire en coin, elle irait bien dire bonjour au roy, à sa manière, mais seule, cela ne servirait à rien. Et puis .. elle avait promis d'être à l'heure, devant cette fichue Académie qui lui prenait tout son temps.
Une rue à gauche, puis à droite, non, l'autre droite, tourner au pont, arpenter les rues, dans tous les sens, sans jamais se repérer. Norf. Maudite soit cette fourmilière humaine. Aucun maraud capable de la renseigner. Elle fulmine. Quelle idée de l'amener ici ! Franchement ...


Mon ptit père, toi, je te retiens.

Autrement dit, il peut toujours oublier l'accueil chaleureux qu'elle comptait lui réserver. Un bon savon, oui ! Avisant un mioche qui traine dans le coin, Amberle s'efforce de mettre son ire de côté.


Psssit ! Gagner Mhm, on donne combien dans la capitale ? 5 écus? ca fait misérable ... Groumpf. Valatar, je te hais.
Gagner, disons, 15 écus, ca te dit ?
- Woow, j'dois faire quoi ?

Norf. Elle a trop grossi le prix. Baste, ca fait plaisir au ptit, et s'il réussit à la conduire là où elle veut, elle en sera contente.

- L'Académie ? Tu connais ?

- Oui.
- Tu m'y emmènes, et en plus, t'as le droit à un tour gratos sur mon cheval.

Tope là, marché conclu, le mioche monte en croupe, et guide la berrichonne. Au trot, la ville est parcourue, en diagonale. Faut dire, Amberle s'était retrouvé à l'autre bout de la ville. Mhm. Quelle idée de ne pas lui donner plus de précisions sur cette gigantesque ville. Les ruelles défilent, les bâtiments aussi. Notre Dame est impressionnante, même de loin.

- Mamzelle, c'est l'bâtiment là. J'peux descendre ? M'man va m'gronder si j'suis pas là pour manger..
- File. Tiens, t'as mérité tes sous... et merci.

La bourse s'ouvre, les écus passent d'une main à une petite menotte, Amberle s'amusant du visage enfantin, qui s'illumine à la vue des piècettes. Le regardant partir en trombe, elle sourit. Presque à l'heure. Un peu de retard, mais il ne lui en voudras surement pas.
Contourner le bâtiment, et se planter devant. Norf. Elle tourne sur elle même... Mais rien n'y fait, pas de beau brun dans les parages. Elle est en avance ? Le soleil était sur le point de se coucher ... L'était donc pile dans les temps.

Norf. Valou, j'te préviens, pointe toi rapidement, ou je te massacre.

Maugréant, elle s'installa sur un banc, à proximité de l'Académie, sur ses gardes. Le vent frais ne la rassurait pas. Seule, la nuit, dans une ville inconnue ... Une main qui tournicote ses mèches brunes, l'autre posée près de sa dague, Amberle attend. Aux aguets. Poussant la chansonnette pour se donner contenance, et se calmer.


Mais c'était juste une ombre
C'était juste une silhouette
Qui ressemble à toi
C'était juste une ombre
Je recherche quiconque te ressemblera

Mais c'était juste une ombre
C'était juste une silhouette
Qui ressemble à toi
C'était juste une ombre
Je recherche quiconque te remplacera.

Mais je crois t'avoir vu...
Pas plus tard qu'hier ...
Je te distingue dans l'ombre...
Des images de toi...
J'en vois 25 à la seconde...
Mais je crois t'avoir vu ...
De mes propres yeux ...
J'en suis presque sure...
J'en mettrai ma main au feu.

Je recherche toi .. moi.
François-Jean, incarné par Valatar
Il était là, devant lui. Il lui parlait.

Depuis le temps qu'il l'observait, le suivait, le guettait, il avait l'impression de le connaître. Un instant, il se demanda s'il y avait des choses particulières à faire, comme une révérence ou quelque chose du genre. C'est la première fois que François-Jean parlait à un noble. Puis il recouvra ses esprits: on ne fait pas une révérence à quelqu'un qu'on s'apprête à tuer. En plus, le bougre semblait ne pas se formaliser. Il lui avait répondu presque poliment.


Marde... Qu'est c'que j'y dis, maint'nant...

Il repensa à ce qu'il avait entendu déclamer, un soir, dans un... hum... cabaret de la cour des miracles. Comment il avait dit? Poësie. Ça, c'est quelque chose qui devait lui plaire au dignitaire. On racontait qu'à l'intérieur de l'Académie, il ne faisait rien d'autre qu'éplucher des parchemins poussiéreux. François-Jean, pourtant, était persuadé qu'il s'y passait des choses pas jolies, qu'on ne disait pas pour ne pas choquer les curés. Et puis, il avait sa réputation, le Vicomte... La légende disait qu'il avait sorti du couvent plus de nonnes qu'il en était entré. Mais là, il était temps de lui dire quelque chose, sinon, il allait partir.

Vous aimez la poésie, Monseigneur de l'Académie?

Il répéta, voulant se faire volontairement insistant.

Vous aimez la poésie?

Il écarta légèrement les jambes, pour bien occuper toutes la largeur du passage. En face, les deux ne comprenaient plus rien. Ils se regardèrent un moment, et François-Jean retint un petit rire nerveux.

Oui, j'aime la poésie. Je travaille à son contact chaque jour.
Mais où voulez-vous donc en venir?


Ah! Il voulait de la poésie, il allait en avoir. Il allait vite comprendre où il voulait en venir, tiens. Même si cela lui faisait tout drôle de parler à cet homme si détestable, il fallait bien lui faire comprendre ce qui lui arrivait.

V'savez, monseigneur, moi j'savons pas lire. C'est pas mon truc, tout ça, pas comme vous aut'. Mais un jour, j'en ai entendu d'la poésie. Et d'la vraie. J'suis sûr qu'vous la connaissez pas, celle-là. Pourtant, elle mérite ben une place sous vot'coupole.

Vous avez deux minutes, qu'j'vous la récite?


Il toussota pour s'éclaircir la voix, prenant un air faussement affecté. Ah! Si les copains voyaient ça, qu'est-ce qu'ils rigoleraient... Et Petit Frère! Il serait fier! François-Jean déclamant des vers devant le Grand Académicien!

Ce fut le cousin qui répondit.


Mon cousin et moi-même avons un rendez-vous avec une vieille amie. Il ne s'agirait pas de nous mettre en retard. Peut-être serait-il préférable que vous laissiez à l'Académie une missive contenant votre poème.

Sa face se décomposa. Il allait lui gâcher son effet, le bougre! Et puis, c'est pas à lui qu'il avait parlé!

Non, non, non! Vous êtes gentil, mais j'savons pas écrire. L'est même pas de moi, ce poème. Et pis, vot'vieille amie, j'suis sûr qu'elle vous en voudra pas. Ecoutez donc ça:

Hum, hum.


Il reprit son visage "de poète", et déclama, de la façon la plus audible possible, pour être sûr d'être bien compris.


Etes-vous dieux, êtes-vous demi-dieux,
Argus plein d'yeux, ou anges incarnez ?
Vous êtes faits, et nobles et gentieux,
D'humains outils, en ces terrestres lieux,
Non pas des cieux, mais tous de mère nés ;
Battez, tonnez, combattez, bastonnez
Et hutinez, jusques aux têtes fendre
Contre la mort nul ne se peut défendre.


A ces mots, il ne laissa pas un instant de réflexion aux deux qui lui faisaient face, et sortit la dague de son mantel. Il fonça sur le Viconte, et le frappa au dessus du ventre, comme on lui avait appris. Là dessus, sans même se retourner, il cria

Ce n'est que l'premier! Notre jour viendra!

Et partit en courant en direction de la Seine, puis emprunta le Petit-Pont-Neuf, qui permettait de rejoindre l'île de la cité. En continuant de courir, il serait à la Cour des Miracles en 10 minutes. Là, il pourrait raconter à Petit-Frère, et attendre de lire l'AAP...
Amberl
Je recherche .. toi.. m..

Ce n'est que l'premier! Notre jour viendra!

Une fin de chanson étranglée..
Le cri du pauvre fou résonne dans sa tête, sentiment étrange trottant dans la tête de la brune. Ce qu'il se passe ? Elle n'en sait rien mais craint le pire. Juste une impression, une voix intérieure, qui hurle, qui a mal.

Instinctivement, Amberle bondit du banc, et va vers là où le fracas provient. Mal à l'aise dans cette capitale grouillant de monde. Bigrement mal à l'aise. Plus elle avance vers là d'où le bruit provenait, plus son coeur se serre. Intuition féminine. Elle se faufile entre la foule, haletante. De dos, elle reconnut Hugo, mais elle n'aura pas le temps d'ébaucher un sourire ... Son regard ne peut se détacher de l'homme qui vient de s'écrouler à terre... Amberle laisse échapper un cri d'effroi, la peur lui nouant le ventre.


Val ?! Noooooorf.


Question idiote. Rien que de voir l'expression stupéfaite et horrifiée de Hugo, il ne pouvait s'agir que de lui.

Le temps se fige quelques infimes secondes, pourtant ô combien précieuses dans ce genre de cas. Crispée comme jamais, la brune laisse perler les larmes, et se mord la lèvre à en saigner. Plongée dans des souvenirs. Plongée dans une histoire d'amitié durable, d'un amour sincère et profond... Trop profond... Beaucoup trop pour elle, qui quitta le Berry en partie à cause de lui.

Non.
Non. Non. Non, et non.

Non, il ne pouvait pas mourir ainsi. Pas de facon si vile. Si absurde. Si mesquine. Non. Elle ne veut pas.

Secouant vivement la tête, Amberle refait surface dans la réalité, et ne se laisse pas abattre. Déchirant un pan de sa robe, elle s'attela à soigner son beau brun. Compresser un garrot sur la blessure, première chose qu'elle avait appris à faire, en zieuttant le Doc, en Gascogne. Compresser, s'assurer qu'il est en vie ...


- Hugo ! Prend une bouteille de poire dans ma besace.
- C'est pas le moment de boire, Amb'..
- Tss .. Fais ce qu'je te dis, et grouille toi.

Ne relâchant pas le garrot, la brune chope la bouteille, enlève le bouchon avec les dents, faute de mieux, et met la liqueur sous le nez de Val, ordonnant quelques mots à son ami.

Allez, boudiou, reste avec nous.
Hugo, veille à ce qu'il reste conscient, parle lui, baffe le, fout lui du vinaigre sous le pif, comme tu veux, mais crénom, qu'il ne meure pas ainsi, bêtement.


Reprenant la bouteille, elle s'en enfile une rasade, pour se donner du courage. La suite. Hiji, mon Glop, qu'est ce que tu aurais fait ? Mhm ? Mettre de la liqueur sur la plaie pour la cicatriser ? Ou alors recoudre, avec la pince ... Rhaaaa .. Mais elle a pas de pince sur elle, les séances de tortures gratuites n'étaient pas comprises dans le billet ! Peste, grogne, râle contre elle, contre Hugo, contre le fou. Contre le foutu destin surtout.

Commencer par remettre de l'ordre dans son esprit, et visualiser Swip, Wiatt, ou Hiji et Crok' qui ont sauvé plus d'un corps devant elle. Minette s'est extirpée avec mal du couloir de la mort. Pourquoi Lui n'en ferait il pas autant ? Cautériser la plaie, la désinfecter, recoudre la peau. Vla la suite logique de l'opération.. Encore fallait il la mener à bien. Et ca, c'est une autre affaire, qu'elle ne pourra mener seule.
Un sourire qui se veut rassurant envers Hugo, garder la tête sur les épaules, et réciter avec foi le vieil adage.


Tant qu'y a de la vie, y a de l'espoir.


Martèle cela dans sa tête. Mais qui cherche t elle à convaincre ? Elle ou lui ? Les deux surement. Soupire légèrement, elle plante son regard dans celui de Valou, comme pour lui transmettre sa propre énergie. Si seulement ces procédés pouvaient marcher ... Elle donnerait sa vie pour qu'il vive. Elle est libre de tout. Elle n'est plus rien, qu'une infime poussière dans ce monde. Lui a des terres, une femme exceptionnelle, même si la brune est en intérieurement jalouse, et une petite terreur de fils.. La Faucheuse s'est plantée dans son choix, gnépapotib' autrement.


Val' ? Parle moi...
Tu ne m'as pas fait venir pour claquer dans mes bras.. On a encore des choses à s'dire et à vivre ensemble, loulou.


Minimiser la plaie, même si il a l'air sérieusement touché. Sourire faiblement, et continuer de presser sur le garrot pour stopper l'hémorragie. Faudrait un clystère. Rh ? Où es tu ?
_________________
-- Rajoutez un "E" final à Amberle pleaze ! --

Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"

[Accessoirement, créatrice du Fanclub Constantéicien]
Hugoruth
Monseigneur Valatar Cornedrue de Culan?

Oui, j'aime la poésie. Je travaille à son contact chaque jour.

Mais où voulez-vous donc en venir?


V'savez, monseigneur, moi j'savons pas lire. C'est pas mon truc, tout ça, pas comme vous aut'. Mais un jour, j'en ai entendu d'la poésie. Et d'la vraie. J'suis sûr qu'vous la connaissez pas, celle-là. Pourtant, elle mérite ben une place sous vot'coupole.

Vous avez deux minutes, qu'j'vous la récite?


L'homme semblait prêt à déclamer ses vers, mais le temps pressait. Le juge entreprit alors d'éviter que les tirades ne sortent de la bouche de l'himme dont la cape trainait assez misérablement dans la boue.

Mon cousin et moi-même avons un rendez-vous avec une vieille amie. Il ne s'agirait pas de nous mettre en retard. Peut-être serait-il préférable que vous laissiez à l'Académie une missive contenant votre poème.

Un instant, le visage de l'homme se ferma, comme contrarié à l'extrême par ce refus. Mais il se reprit bien vite, forçant les deux cousins à l'écouter

Non, non, non! Vous êtes gentil, mais j'savons pas écrire. L'est même pas de moi, ce poème. Et pis, vot'vieille amie, j'suis sûr qu'elle vous en voudra pas. Ecoutez donc ça:

Hum, hum.


Etes-vous dieux, êtes-vous demi-dieux,
Argus plein d'yeux, ou anges incarnez ?
Vous êtes faits, et nobles et gentieux,
D'humains outils, en ces terrestres lieux,
Non pas des cieux, mais tous de mère nés ;
Battez, tonnez, combattez, bastonnez
Et hutinez, jusques aux têtes fendre
Contre la mort nul ne se peut défendre.


Hugo ferma les yeux un instant, essayant de penser aux dossiers qui l'attendaient et pas aux vers déclamés devant lui. Soudain, un cri lui fit les ouvrir

Ce n'est que l'premier! Notre jour viendra!

L'homme courait désormais en direction de la Seine. A ses côtés, Valatar était allongé. Sa blanche chemise était rougie, d'un rouge très foncé.

Val ?! Noooooorf.

Cette voix était celle d'Amberl, à n'en pas douter. Sans doute avait-elle été atirée par le cri de l'assassin. Elle sembla mettre un petit moment avant de comprendre ce qu'il se passait. Durant ces quelques secondes, Hugo tentait de garder son cousin conscient, en lui parlant des vertes plaines et des volatiles jaunes du Berry. Amberl vint avec un morceau de tissu, sans doute un bout de sa robe.

- Hugo ! Prend une bouteille de poire dans ma besace.

- C'est pas le moment de boire, Amb'..

- Tss .. Fais ce qu'je te dis, et grouille toi.


Le Juge s'execute. Il ne connait rien en médecine, lui qui ne maitrise que le fonctionnement des institutions. Mais peu importe, il fera l'assisstant. Il se démène, fait de son possible pour aider, mais les choses ne s'améliorent pas, hélas.

Amb'... Il faut le transporter à l'Académie. Mentaïg y est peut être... Elle, elle saura quoi faire !

Hugo n'a rien dit, mais il revit intérieurement son agonie sur le sol de la cathédrale de Bourges. Il secoue la tête vivement, espérant se réveiller et chassant par là même les mauvais souvenirs. Hélas, les souvenirs, aussi mauvais qu'ils soient, lui semblaient plus heureux que de voir, sous ses yeux, son cousin agoniser...
Mentaig
Une journée maussade...
Mentaïg, dans son bureau de l'Académie, avait du mal à se concentrer sur son travail. Et ce qui l'agaçait par-dessus tout, c'était de ne pas comprendre pourquoi.
Tout marchait comme d'habitude, pourtant. Le vaste bâtiment bruissait à peine d'une activité efficace, mais discrète. La jeune femme aimait s'y trouver. Travailler aux côtés de son cousin Valatar était un vrai plaisir. Et ici, à Paris, il lui avait présenté des gens avec qui elle avait plaisir à échanger.
Elle ne se sentait pas vraiment chez elle, dans la capitale. C'était trop grand, trop populeux, trop... Trop tout. Paris grouillait d'une vie que, depuis le Berry, elle n'aurait jamais imaginée. On y sentait une sorte d'exaltation qui n'était pas sans l'effrayer quelque peu.
Mentaïg se leva, et vint se planter devant la fenêtre, les mains nouées dans le dos. A deux pas, la Seine lui renvoyait en mille éclats les micassures d'un soleil rougeâtre. Il faisait chaud. La petite brise du soir, si elle suffisait à rider la surface de l'eau, ne dissipait pas la lourdeur de l'atmosphère.
C'était peut-être ça, après tout, cette moiteur, qui la mettait si mal à l'aise.
Une femme, en bas, chantait un air étrange. Quelque chose dans la voix, dans la silhouette, rappelait à Mentaïg une soirée en taverne, à Châteauroux, des mois auparavant. Non, impossible. Ce ne pouvait pas être la cousine de Maryan. On la disait partie pour le sud, avec son frère. Elle avait écrit à Valatar, pendant l'épidémie de peste qui avait bien failli les terrasser, son cousin et elle. Mais depuis, nulle nouvelle.
La femme s'interrompit soudain, se leva, se mit à courir à toute vitesse. Mentaïg haussa les épaules. Sans doute avait-elle aperçu, de loin, quelque galant avec qui elle vait rendez-vous.
La jeune femme se rassit, tenta de se concentrer sur un parchemin que lui avait laissé un copiste. Une histoire de voyages, qui la ramenait à sa Bretagne natale. Etait-ce digne d'être publié ? Certes, le texte la touchait. Mais n'était-ce pas justement parce qu'il la renvoyait à son enfance ?


Il faudra que j'en parle à Valatar...

Oui. En parler avec son cousin. Le pli était pris depuis longtemps. Les deux jeunes gens avaient d'abord été collègues, à la chancellerie du Berry, bien avant de connaître leur lien de parenté. Ils avaient appris à s'estimer, puis à s'apprécier, et en étaient peu à peu venus à une totale confiance, travaillant alternativement l'un sous les ordres de l'autre, et toujours en parfaite entente.

Il faut que je voie Hugo, aussi, pour cette histoire de clefs au Conseil... Si je les invitais, tous les deux, à Baugy ? Ou ici ?

L'idée était tentante. Un bon repas à deviser tranquillement de choses et d'autres, en évoquant l'époque où tous les trois avaient encore plus d'espoirs que de succès...
Mentaïg se mit sur-le-champ à rédiger les courriers qu'elle ferait porter à ses cousins.
Valatar

Etes-vous dieux, êtes-vous demi-dieux,
Argus plein d'yeux, ou anges incarnez ?
Vous êtes faits, et nobles et gentieux,
D'humains outils, en ces terrestres lieux,
Non pas des cieux, mais tous de mère nés ;
Battez, tonnez, combattez, bastonnez
Et hutinez, jusques aux têtes fendre
Contre la mort nul ne se peut défendre.


Mais qu'est ce que c'est que cette poésie roturière de pacotille? Ca n'aura certainement jamais sa place, ni à l'académie, ni nulle part ailleurs qu'à la Cour des Miracles!

Voilà, en somme, ce que pensait Valatar en écoutant le vagabond d'une oreille. Quand il eut fini, le vicomte voulut applaudir, par politesse. Mais il n'en eut pas le temps. Soudain, ce fut...

...

Le noir.

Un choc brutal contre les pavés inégaux du passage du Pont-Neuf.

Un son très lointain: des paroles inintelligibles. Puis de vagues bruits de pas.

Le noir.

Il n'y eut rien du tout, pour Valatar. Pour les autres, il était temps de s'agiter. Pour lui, de se reposer un petit peu. Son cœur battait faiblement, sa respiration était douce, ses yeux fermés.

Les bruits, trop vagues, s'étaient estompés pour s'éteindre complètement, et laisser place à une petite musique douce, celle d'une âme qui se prépare à un long voyage. Pourtant, Valatar s'était battu toute sa vie. Il ne pouvait pas mourir sans se battre. Il n'en avait ni le droit, ni la capacité. Aussi, il ne fallut que quelques minutes avant que, faiblement, il essaye de souffler un mot. En vain.

Amberle, le visage penché sur lui, savait-elle qu'il avait essayé de parler? Puisque c'était impossible, il essaya les yeux. Le gauche s'ouvrit, mais pas le droit.

Une forme...
Une silhouette humaine...
Amberle!

Il n'entendait rien, mais il voyait, par l'entrebâillement de ses paupières trop lourdes. Amberle l'avait retrouvé... Mais que s'était il passé, au juste?


[quelques semaines plus tôt.]

Les portes de son grand bureau ne s'étaient pas ouvertes depuis plus de trois heures. L'intendant de l'académie avait eu des consignes claires. Il prit une plume et un nouveau parchemin. Était-il fou d'écrire ce qu'il écrivait? Il ne pouvait, pourtant, se résoudre à laisser sa filleule tant aimée entre les mains de quelques brigands manipulateurs. Ses frasques avaient été relatées jusqu'à Paris, et il le vivait trop mal pour laisser faire. Mais fallait-il pourtant faire ce qu'il faisait? Écrire ce qu'il écrivait?

Citation:
Ma chère Amberle, ma filleule,

J'ai comme la sensation que je ne regretterai pas ce que j'écris. Peut-être m'en voudras-tu, peut-être ne viendras-tu pas. Quoi qu'il en soit, je l'aurai écrit, et n'aurai jamais à me dire que je t'ai laissée tomber.

Ma fonction de parrain, j'ai voulu l'assumer autant que faire se peut. Mais force est de constater que tu m'as échappée, que tu t'es envolée, et que tu n'as pas suivi une voie respectable. Je sais où tu es, et je sais ce que tu y fais. Je sais qui tu fréquentes, et je te confesse que cela ne me plaît guère. Pour tout te dire, cela me plaît d'autant moins, Amberle, que je n'aime rien autant que t'avoir auprès de moi.

J'ignore si cela fait partie des choses qu'un homme a le droit de dire à une femme qui n'est pas la sienne, mais tu me manques. Ne vas pas t'imaginer de choses incongrues, tu me manques, c'est tout.

J'aimerais te donner un rendez-vous. Non dans le Berry, qui n'est presque plus une terre respectable, mais à Paris. J'aimerais te faire découvrir cette ville magique, où tu comprendras tout ce que notre roi, mais surtout ses prédécesseurs, nous ont apportés. Paris est une ville pleine d'histoire et d'histoires. Tout, en cette ville, pousse à aimer notre royaume. A Paris, on aime. Aussi, ma chère Amberle, aimerais-je que tu viennes, un soir à la fin du mois d'août, me retrouver à la sortie de l'Académie Royale de France, que je dirige. Je pense que mon cousin Hugo sera également content de te revoir.
Si tu ne viens pas, je ne t'en voudrai pas, mais je saurai à quoi m'en tenir.

Ton dévoué parrain,
Valatar Cornedrue
Vicomte de Culan.


[De retour dans la ruelle obscure]

Il était loin. La perception est très différente, d'un seul œil. On s'en rend compte quand on n'a pas assez de force pour ouvrir l'autre. Et puis, sans l'ouïe, tout change. Que s'était-il passé? Cette question demeurait sans réponse. Allait-il se relever? Allait-il pouvoir ouvrir les yeux? Qu'allait-il devenir? Ce fut, peu à peu, un flot continuel de questions sans réponse qui emplirent son esprit.

Et cette douleur, au dessus du ventre, qui ne cessait pas. Il voulut lever la tête pour regarder, mais encore une fois, il n'en trouva pas la force. Il ferma son oeil pour pas s'épuiser à regarder Amberle et Hugo s'agiter.
Soudain, une sensation étrange l'envahit. Comme s'il s'envolait. Etait-ce l'appel du Très-Haut? Pourquoi déjà? Pourquoi si jeune? Non... il ne volait pas: on le portait. Sans doute Amberle et Hugo avaient-ils jugé bon de le transporter comme un vulgaire sac. Dans l'état où il se trouvait, il ne pouvait juger de rien.

Cette fois, Valatar avait peur.

_________________
Maryan
[ Sur les routes limousines, ce même jour funeste… ]


Des plaines et collines à perte de vue, encore. Les tours de quelques châteaux inconnus se profilant à l’horizon. Les lumières des villages surgissant au petit soir, lors des haltes bien méritées.
Voilà des jours que Maryan chevauchait, goûtant une liberté totale, absolue, effrénée.
Des jours qu’elle s’était progressivement séparée de toutes personnes restant encore dans son sillage. Même sa camérière s’en était allé, emmenant avec elle l’enfant que la jeune femme ne parvenait encore pas à considérer comme sien.

Jours d’errance et d’introspection. L’envie de s’égarer pour mieux se retrouver. Une appétence sans doute partagée par beaucoup.

Mais l’heure était venue à présent de s’en retourner auprès des siens, et des devoirs.
L’excuse d’une visite prolongée à sa sœur aînée ne souffrirait pas indéfiniment la progression du temps.
Nulle tristesse pourtant, à l’idée de ce retour en terre d’adoption. Bien au contraire. La jeune Vicomtesse brûlait de retrouver ses proches et ce Berry tant aimés.

Que de souvenirs en ces lieux, que même les carnages de certains perfides politiciens véreux ne pouvaient effacer.
Que de passions, que de commotions, que d’émois et de frissons. La vie, en somme, attachée à cette terre et à son peuple comme l’helvelle à son petit bois.

Retrouver les odeurs, les regards, les effleurements…
Goûter de nouveau au bonheur de converser avec son époux, assise au coin du feu, dans un des salons de leur castel, devisant avec l’intimité chaleureuse que seul le mariage d’amour pouvait créer.

Il avait fallu toutes ces semaines de pérégrinations, pour que la jeune Maryan se rende compte à quel point elle chérissait ce quotidien.
Trop de fois elle avait laissé les obstacles et les nuisibles gâcher son bonheur et rendre son épanouissement d’épouse impossible.
Tant d’heures gâtées, passées à se perdre dans un cercle vicieux teinté d’orgueil et de mélancolie…

Il était temps de faire affront, et d’accepter que l’allégresse n’était point uniquement réservée aux autres. Quel meilleur combat, que celui pour le bonheur et la paix de l’âme ?

La tombée du jour acceptait encore un peu de lumière lorsque Maryan força l’allure et élança sa monture au grand galop à travers les plaines du Limousin.
Cette nuit, elle chevaucherait sans répit, de doux projets traversant son esprit, pendant qu’à des centaines de lieues de là, le destin s’occupait de saboter les derniers rêves d’une jeune épouse trop tardivement éprise.
Hugoruth
[Retour dans la ruelle sombre]

Ni une ni deux, Valatar avait été soulevé et c'est la direction de l'Académie que prirent les deux brancardiers de fortune. Paris semblait tel un désert, les manants préférant s'éloigner à la vue du corps ensanglanté. Les gens étaient soucieux de ne pas se mêler de ce qui ne les regardait pas. Et Hugo ne put s'empecher de penser que s'il avait agi comme ça le soir où Armoria avait mis son enfant au monde, peut être serait-il resté silencieux. Mais Valatar n'était pas un bébé, et cela se ressentait clairement au poids que devaient supporter les deux amis.

L'académie! Enfin, elle était toute proche, semblant posée à les attendre. Et pourtant, plus ils s'en approchaient, plus elle semblait reculer, commer refusant d'accueillir en son sein son Grand Académicien blessé, refusant tout simplement sa blessure et peut être sa mort. Elle refusait qu'un être si dévoué à elle, si travailleur puisse ainsi s'en aller avant d'avoir terminé sa mission, celle de la représenter le plus glorieusement.


Les marches, une à une, les gravir, aussi vite que faire se pouvait et rentrer dans ce palais qu'il ne connaissait trop. Le bureau de Mentaïg Cornedrue... Il lui fallait ce fichu bureau!

Je cherche Mentaïg Cornedrue, Académicien en chaire des Belles-lettres!


Les gens, surpris d'être ainsi dérangés dans leur noble travail jetèrent des regards hostiles aux deux amis, puis, à la vue du corps, s'affolèrent en tous sens. L'un deux se décida finalement à les amener jusqu'au bureau. Sans vraiment prendre le temps d'arriver jusqu'à la porte, Hugo hurlait dans le couloir

Mentaïg ! Mentaïg ! Valatar est touché !
Geronimo2751
Géro rangé des livres dans la bibliothèque, il avait au préalable fait des piles en fonction des thèmes qu'ils abordaient. Il entreprenait à présent de les monter un à un sur l'échelle pour qu'ils trouvent leur place dans les rayons. Du haut de sa petite échelle il prenait vraiment conscience de l'importance de ce lieu, ses vitres idéalement percées pour laisser rentrer la lumière à toutes les heures de la journée et sa quiétude ... quiétude ?

Des cris montaient du couloir. Géro descendit de son perchoir pour voir quel énergumène troublait ces lieux. Il poussa les battants de la lourde porte de la bibliothèque et vit sur sa gauche un homme qui en soutenait un autre mal en point.

Il crut reconnaitre l'habit du grand académicien royal mais son peu d'expérience de Paris ne lui permettait aucune certitude. Il accouru cependant pour soutenir l'homme de l'autre côté, grand académicien ou pas la charité été pour tous.

Il reconnu cependant Valatar, le teint blafard. Il s'adressa à son comparse tout en passant la main de l'académicien autour de son coup.


Messire suivait moi, la pièce dont vous m'avait vu issir sierra pour étendre le malheureux. Il y a de grande table et un bon éclairage pour qu'un mir l'examine.


Géro guida l'homme vers une table libre entre les pile de livre qu'il avait constitué. Ils y déposèrent délicatement le grand académicien, il respirait à peine ... géro recula d'effroi devant le spectacle.
Mentaig
[Bureau de l'Académicien en chaire des Belles-Lettres]

Citation:
Mon cousin,

Vous siérait-il de partager mon souper, demain soir ?
Je vous sais fort occupé, ainsi que notre cousin, mais je gage que vous saurez trouver quelques heures pour que nous évoquions ensemble quelques idées qui ne laissent de me tracasser.
Donnez votre réponse au porteur de la présente, je vous prie, afin que ...


La plume resta en suspens au-dessus du parchemin. Un brouhaha enflait dans le corridor, bien peu habituel en ces lieux voués à l'étude.

Qu'est-ce que ...?

Mentaïg se leva, agacée. Cela ne finirait donc pas ? Décidément, cette journée portait en elle un lot d'étrangeté que la jeune femme ne supportait pas. Tout, de la moiteur ambiante à ces bruits incongrus, semblait se liguer pour l'empêcher de travailler, et même de se distraire.

Mentaïg ! Mentaïg !

Son nom. Quelqu'un hurlait son nom. Les vénérables murs de l'Académie n'étaient pas faits pour un tel niveau sonore, l'écho se répercutait de paroi en paroi, à peine étouffé par les tapisseries. Mentaïg fronça les sourcils, et ouvrit aussitôt de grands yeux.

Hugo ?

C'était bien la voix de son cousin. Jamais Mentaïg ne l'avait entendu crier ainsi. Même au plus fort des débats au Conseil Ducal du Berry, quand il tentait de s'opposer à l'imbécillité environnante, il n'élevait pas le ton.

Valatar est touché !

Valatar ? Touché ? Mais... Les mots parvenaient sans peine aux oreilles de la jeune femme, mais elle n'en comprenait pas le sens. Comme un automate, elle se dirigea vers la porte, l'ouvrit. En un éclair, elle enregistra la scène, Hugo et Amberle portant Valatar, aidés par un copiste de l'Institut des Sciences, qui semblait les guider vers un bureau ; le sang, dont l'odeur lui frappa les narines ; la pâleur de cire de Valatar, ses yeux mi-clos ; l'air vaguement offusqué des copistes, valets, badauds qui faisaient mine de détourner vertueusement la tête, mais ne perdaient pas une miette du spectacle.

Val...

Le nom de son cousin ne franchit pas ses lèvres. Un instant qui lui parut durer des heures, elle resta debout sur son seuil, les bras ballants, le regard fixe. Et soudain un calme étrange l'envahit, comme un soulagement, la résolution du malaise qui l'avait minée toute la journée. C'était donc cela. Une prémonition. L'Ankou avait fait entendre l'essieu de sa charrette et elle, noyée dans une capitale trop éloignée de sa terre natale, n'avait pas su l'entendre.

Non !

Pas l'Ankou.

Par ici.

Elle ouvrit grand sa porte, désigna du geste le tapis qui ornait le centre de son bureau.

De l'eau. Des linges.

La voix était brève, tranchante. Comme toujours en pareil cas, Mentaïg entendait être obéie dans l'instant. Elle n'avait pas conscience de n'être pas dans son dispensaire sancerrois, pas conscience de l'absence de Soeur Berthe, pas plus que de l'inexpérience des personnes présentes. Elle voulait de l'eau et des linges, elle les aurait, comme toujours en pareil cas.
Ses mains glacées déchiraient la chemise du blessé, ses yeux notaient la couleur de ses ongles, son oreille cherchait le souffle. Elle sentit une odeur de poire. Mais quand donc les gens cesseraient-ils cette manie atroce de verser de la poire sur les plaies non lavées ?
Valatar vivait.
Mentaïg replia doucement les jambes du blessé, les posa sur un tabouret, pour qu'il souffre moins. Il ne saignait presque plus. Au-dessus de son oreille, ses cheveux poissés prenaient une teinte brunâtre, qui tranchait avec la pâleur de sa peau. L'angoisse se lisait sur ses traits, si semblables, en cet instant, à ceux de son fils, le petit Gabriel. La main de la jeune femme se posa sur la joue tiède, comme elle le faisait, naguère, pour endormir l'enfançon.


N'ayez pas peur, n'ayez pas peur...

Les mots murmurés s'adressaient autant à elle qu'à son cousin. Impossible.

De l'eau !
Amberl
[ Paris, ville de l'Amour qu'il disait ... ]

Pas de réponses du "beau brun".
Elle aurait du s'en douter, mais avait tenu à tenter. Une idée folle germa pendant qu'elle aidait Hugo à le transporter jusqu'à l'Académie. Si elle écarquillait de force les yeux de son parrain, verrait il mieux ? Si elle lui refilait du valounet dans le gosier, retrouverait il l'usage de la parole ? Et si elle lui donnait un coup d'pied dans le séant, est ce qu'il marcherait de lui même? Idées avortées avant même d'être suggérées à Hugo tant cela était idiots, surréalistes ...

La brune n'observa pas l'Académie. D'une, son attention était rivée sur Valatar, afin ne pas le blesser plus. Son teint blême l'inquiétait vivement, mais elle se martela un mantra en tête.
"Il s'en sortira".
"Il s'en sortira."

De deux, les bâtiments parisiens se ressemblent tous. Il y a toujours foule à l'interieur, et manants qui préfèrent regarder qu'aider. Tsss. Ils veulent une gravure aussi ? Sans compter que Hugo commença à hurler et lui bousiller les tympans pour appeler cette sorcière de Mentaig. Mentaig ... Norf de norf. Elle avait espéré ne plus jamais la revoir.
"Il s'en sortira"
"Il s'en sortira boudiouuuuuu! "

Amberle serra les dents et ne pipa mot. Politique de l'autruche enclenchée, mais elle comprenait la peur de son ami. La mort, elle l'a côtoyé trop ces derniers temps. Entre les gascons tués de sang froid, et ses amis sur la Butte... Minette qui l'avait tant fait tremblé dans son coma.. Et le Livide, soit disant mort... Stoooooooop. Suffit ! Elle a quitté le Sud pour prendre du recul, et non pour perdre un être cher. Si encore c'était un vulgaire royaliste... Mais Valatar, non, il s'en sortira. 'Stote s'est trompé sur la personne à envoyer aux cieux. Le Valou vivrait, elle l'a décidé, et Mentaig, avouons le, est une médicastre émérite qui réussira surement à le sortir de ce bourbier.

Un inconnu vient les rejoindre, et tente de les aider. Froncement de sourcils, il croit ptete qu'elle a du mal à porter le corps inerte ? Silence, elle ravale un pique cinglant, c'est pas le moment. La santé de Val avant tout. Il s'en sortira...

Une main dans celle de Val, l'autre caressant ses cheveux du mourant, Amberle soupire légèrement, prise d'un moment de nostalgie. Il a survécu deux fois à la peste. Il a survécu à un attentat, au détriment de son cousin. Il a survécu à la guerre, et aux nombreuses querelles berrichonnes qui l'ont usé jusqu'au bout. Pourquoi partirait il cette fois ci ? Et sans lui dire au revoir ... Sagouin!
Il s'en sortira.

Le sourire s'ébauche à la vue de Mentaig. Une lueur d'espoir en la voyant débarquer. La saluant de la tête, Amberle ne détacha pas son regard du corps allongé de Valou.

De l'eau. Des linges.


La berrichonne se retira, serra fortement la main de son parrain, et ceda sa place à Mentaig pour qu'elle l'examine. Gestes courants, mais dans la précipitation, elle n'y avait pas pensé. Baste, elle se rendra utile en apportant ce dont la médicastre a besoin.


Des jupons ? Je n'ai que cela.


Nul doute qu'elle va se prendre un regard courroucé de la part de Ment'. Mais, à y réfléchir, existe il une infirmerie, dans une Académie ? Non. Y a t-il des linges dans les bibliothèques ? dans les bureaux ? non et non. Faudra faire avec ce qu'elle a, linge stérile ou pas. S'adressant aux deux hommes, Amberle leur refila une part du boulot


Allez trouver de l'eau, j'connais pas le bâtiment.


Un faible sourire de soutien vers son ami, Amberle s'affaire à déchirer des pans de robes, et les tends à Mentaig.

Besoin d'autres ?
Que puis je faire pour t'aider ?


"Te faire visiter Paris, ville de l'Amour"... Ben tiens .. L'est beau ton Amour ici...
_________________
-- Rajoutez un "E" final à Amberle pleaze ! --

Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"

[Accessoirement, créatrice du Fanclub Constantéicien]
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