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[RP] - Camp de la Rose Noire : la vie autour d'une guerre

Caro
Où est passé cette étincelle dans le regard ? où est passé mon optimisisme à se dire que tout allait s'arranger ? où est passé ma joie de vivre ?

Envolé, tout c'était envolé depuis ce 26 janvier, comme s'il avait tout emporté avec lui à ce moment-là. L'arrivée de Feignant et de Marie sur Aix n'avait rien changé et mon état se dégradait de plus en plus. Je passais mon temps à chercher et chercher encore et ce soir là alors que ma vie n'avait plus de sens et que je me laissais aller, Feignant lors d'une discussion m'imposait presque de partir avec lui.

"Il faut te changer les idées, il faut que tu sortes d'Aix et que tu penses à autre chose... viens avec moi on va rejoindre une armée... on va à Uzès " tels étaient ses mots. Je le regardais sans rien dire et puis après quelques longues minutes je lui répondais par la positive.

Après tout aller à Uzès me permettrait de me renseigner et de fouiller hors de la capitale, peut-être que je le retrouverai... mais plus les jours passaient, plus ce silence et cette disparition laissait à penser qu'il nous avait bel et bien quitté et qu'il aurait pu être enterré sans qu'on ne le reconnaisse afin que les maladies ne se répandent pas... Mais pourtant même si tout cela pouvait être possible, même si cela pouvait être la seule explication au fait que je ne l'ai pas retrouvé, je ne me résignais pas même si je me rendais compte que oui, je baissais les bras et que de ma vie peu importait à présent ce qu'il en adviendrait.

C'est ainsi qu'au soir du 5 février nous quittions Aix discrètement. Deux jours en campagne a avoir l'oeil aux aguets à sortir de temps à autre des chemins pour fouiller encore ça et là. Je voyais bien le regard de Feignant qui me disait de cesser de chercher, mais j'en faisais fi et continuais malgré tout. Et au petit matin du 7 février nous arrivions sur Uzès.

Nous trouvant une chambre dans une auberge, je laissais Feignant qui avait rendez-vous avec la personne qui devait nous faire intégrer l'armée.

Les deux jours qui suivirent se ressemblaient et ressemblaient à tout autre jour que je vivais depuis maintenant deux longues semaines, et c'est au soir du 8 février que nous quittions le Languedoc au sein de l'armée, direction Avignon

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Sepro
Bientôt quarante jours que Sepro et Kessy étaient confinés au camp. Oh, certes, le jeune Lourdais n'avait aucun souvenir des deux ou trois premières semaines, tant ses blessures l'avaient laissé dans un état proche de la mort, dans une inconscience totale alors que Caro et une jeune infirmière s'affairaient tant et plus pour le tirer des griffes de la grande faucheuse, mais à présent, cela faisait une quinzaine de jours que son état s'améliorait graduellement et de manière très sensible. Il passait désormais le plus clair de son temps à déambuler entre les quelques discrètes tentes en compagnie de Kessy, veillant à rester tant que faire se pouvait à l'abri du camp malicieusement implanté sous le couvert généreux que ne manquait pas d'offrir la nature provençale.

Le temps commençait à se faire long : l'inactivité forcée n'était pas réellement leur habitude et le camp devenait progressivement de plus en plus désert, les uns et les autres devant faire face à diverses obligations extérieures. De plus, la difficulté à trouver de quoi se nourrir augmentait encore la difficulté de leur condition. Et, comme pour ajouter à leur embarras, Kessy s'était fait repérer par un Provençal délateur alors qu'elle quittait le champ du paysan pour qui elle avait effectué quelques menus travaux et l'homme s'était empressé de la dénoncer aux autorités. Il fallait donc faire face aux affres d'un procès et affronter à deux cette nouvelle épreuve qui se dressait face à eux. L'inquiétude était quotidienne et, même si leurs vilaines blessures ne seraient bientôt plus qu'un lointain souvenir, la crainte et la nervosité étaient quasi permanents depuis qu'ils étaient presqu'exclusivement bloqués dans leur campement.

Sans nouvelles d'Oli et de Caro depuis de nombreux jours déjà et devant faire face au récent départ de Feignant et de Marie-Gatienne, le campement devenait de plus en plus morne et Sepro se languissait de retrouver la pleine mesure de ses moyens physiques afin de pouvoir à nouveau s'adonner à quelques distractions et quitter plus régulièrement le confinement du camp de la Rose Noire.

En attendant, il profitait de ces longues journées pour perfectionner ses récentes, mais sommaires connaissances médicales : il changeait l'un ou l'autre pansement, se muait en porteur d'eau quand cela s'avérait nécessaire, assistait l'infirmière pour certains soins, ...

Toutefois, cela ne remplissait pas de manière satisfaisante les journées du jeune homme.

"Foutue guerre!", se surprit-il à penser...

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Caro
Avignon, arrêt au même endroit que lors de mon arrivée en Provence mi-janvier aux côtés de tous mes amis, à ses côtés surtout. Descendant de ma monture, c'est avec une profonde et grande tristesse que je faisais le tour de l'emplacement, que je regagnais le même endroit où j'avais à l'époque fait un feu pour que nous puissions tous nous y réchauffer, et c'est ici mesme que je refaisais un feu, retrouvant la mesme place où je m'étais assise.

Le regard perdu dans les flammes je repensais à tout ce que nous nous étions dit : "Jamais l'un sans l'autre, toujours coste à coste quoi qu'il arrive".... Assise en tailleur je me penchais légèrement vers l'avant laissant une larme perler sur ma joue. Première larme depuis que Feignant était revenu seul au campement, première larme depuis mon cri et mes pleurs de douleur...... Par Aristote qu'il me manquait.

Relevant le regard pour le poser encore une fois au même endroit où ce jour là je l'avais vu discuter avec Feignant. Relever le regard dans l'espoir de le voir apparaître comme si de rien n'était, comme si tout ce qui c'était passé n'avait jamais existé, comme avant quand il était là tout près de moi. Mais ... et ce comme si tout s'acharnait sur moi et dans le but de ne surtout pas m'épargner et me laisser du répit....mon ami le scandinave se trouvait justement là mais à discuter avec une autre personne. L'effet d'un coup de poignard dans le coeur se faisait ressentir, encore une de ces douleurs qui régulièrement venait me faire signe et qui me mettais intérieurement en colère.

"Pas la peine de me faire souffrir encore plus, c'est bon j'ai compris, je sais que mon coeur saigne et que rien ne pourra atténuer cette douleur ! Pas la peine de me rappeler à ton bon souvenir je souffre déjà suffisamment pour ne pas m'en infliger bien plus encore !"

Me relevant je me dirigeais vers Khépris pour en prendre soin, lui donner à manger et à boire avant de prendre ma petite besace et de retourner auprès du feu. Me réinstaller et de sortir parchemin, plume et encre du sac. Des nouvelles à nos amis je devais donner depuis le temps


Citation:
De la provence, en rase campagne en ce neuvième jour du mois de février de l'An de Grasce 1458

A vous mes amis

Depuis mon départ de Brignoles je ne vous ai plus donné de nouvelles et aujourd'hui j'estime qu'il est grand temps que je le fasse.

J'espère que vous vous portez tous de mieux en mieux et que très vite vous serez tous à nouveau sur pied. J'avais donné des instructions strictes et précises concernant les soins à vous apporter et j'ose espérer qu'ils ont été suivi scrupuleusement.

Pour ma part si je prends la plume aussi c'est pour vous informer d'une nouvelle peu réjouissante dont je ne pense pas que vous soyez au courant. Sepro, Kessy, Lune... j'espère sincèrement que c'est l'un d'entre vous qui aura ma missive en premier dans les mains, car d'une lourde charge à accomplir je vais devoir vous demander.

Mes amis, mes très chers amis, depuis le vingt six janvier.... Oli n'a pas réapparu. Je ne sais rien, j'ai cherché et fouillé partout, je me suis renseignée comme j'ai pu, feintée pour voir les blessés et morts sur Aix..... mais rien... je n'ai pas retrouvé Oli. Feignant quant à lui cherche à me convaincre, à me rendre à la dure réalité qui semble être la plus cohérente ... que mon bien aimé Oli est mort.... mais je n'arrive pas à m'y résoudre et ce malgré ces semaines déjà passées.

Labretagne n'est pas au courant et je pense que Marie, mesme si elle est revenue sur Brignoles ne doit pas songer à cela non plus... Je compte donc sur vous mes amis pour leur apprendre la disparation d'Oli. Je sais que la mission que je vous confie est difficile mais elles doivent être mise au courant. Prenez soin d'elles, elles auront besoin de vous, Labre surtout aura besoin d'un grand soutien. Par Aristote, j'aurai tant voulu vous apprendre de bonnes nouvelles, j'aurai tant voulu vous écrire et vous dire que tout allait bien, qu'il est là près de moi et en bonne santé...mais c'est le coeur brisé, l'âme meurtrit qu'aujourd'hui je couche ces mots sur le parchemin.

Je ne sais quand je pourrai vous revoir ayant actuellement rallié une armée avec Feignant. Je sais d'ores et déjà que je me battrai à nouveau, mais pour le reste seul Aristote décidera...

Je vous embrasse très fort, vous me manquez

Caro


C'est en pleurs que je terminais la missive, et qu'une fois l'encre sèche je pliais la missive pour aller la donner au messager qui devait partir sous peu pour aller donner des informations sur Brignoles d'après ce que j'avais entendu dire. Juste un mot pour l'informer d'aller la porter soit à Sepro, Kessyba ou Lune et de m'en retourner auprès des autres afin d'aider comme je le pouvais et de tenter de penser un peu à autre chose
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Oli13
[Quelque part dans la campagne Provençale]

...
il était évanoui, blessé lors de la fuite, encore sur sa monture...
mi mort, mi vivant, il s'agrippait à l'encolure...

traversant plaines et champs,sur les chemins... errant

l'animal épuisé par la course effrénée,s'arresta au matin, près des ruines d'un moulin.

oli sans, connaissances, glissa à terre...


[ La fièvre...]

Le soleil pointait à l'horizon, et une légère brise, agitait les feuilles dans un bruissement musical féerique, que maistre rossignol parfois accompagnait de flute magique...

Oli repris ses esprits, le temps de s'adosser à un arbre, la vision encore troublée, il regarda aux alentours, essayant de reconnaistre les lieux, et distingua sa monture, à quelques pas de là...

Quelques peu rassuré par le calme de l'endroit, et la présence de son destrier, oli distingua soudain soudain face au soleil trois ombres venant à lui...
il ne faisait aucun doute, il les voyait bien...caro sa douce, labre sa filleule, et marie sa soeur...elles étaient toutes trois venues pour le chercher...il les voyait bien...leur visage, leur parfum...à 40°, on voit et on perçoit bien les choses, toutes ces choses qui nous raccrochent à se monde...la fièvre doit bien servir à quelque chose...



Caro ma douce! délira t il avant de sombrer à nouveau dans le néant...

[ Bénit oli?]

Cela devait bien faire plusieurs heures, plusieurs jours que oli était dans l'obscurité complète, il se préparait inconsciemment à mourir, quand il vit une lueur qui lui fit ouvrir les yeux encore embrumés par les ténèbres de l'obscurité.

aprés quelques secondes d'acclimatation, qui lui parurent bien longues, oli pouvait distinguer plus nettement le lieux et les objet ou il se trouvait, et pris de panique, se redressa promptement, ce qui lui valu un bon mal de crane et des étourdissements.


Il se trouvait dans le lit d'une chambre modeste, et sombre, éclairé simplement par la lueur du jour qui percée par le fénestron décoré de vitraux multicolores... au dessus de lui sur le mur d'albastre, une croix était accrochée.

Une petite table sur la droite était encombrée d'une cuvette remplie d'eau, et à coté une serviette posé négligemment.. en face du lit se trouvait la porte de la pièce...oli la fixa un instant.... tout à coté se trouvait une autre table plus grande, une chaise bien rangée, et sur la table, de quoi écrire...

Enfin, posée contre le mur dans le coin, il vit son épée, et son bouclier et sur l'étagère des vestements, ses vêtements...bien rangés...

Oli se sentait rassuré, il n'était donc point en milieu hostile, bien au contraire, il semblait mesme que sont délire n'en fut pas un...


Caro!?...Labre!?... Marie!?
appela t il....

attendant qu'elles viennent, car il était persuadé qu'elles étaient là, il tira un peu les draps du lit, et vit les bandages bien propres qui entouraient ses blessures...

Le silence, le calme... et la joie de retrouver ceux qu il aime... tout semblait finalement bien engagé...



[Un étrange hoste]


Oli s'impatientait... plusieurs minutes qui semblaient des heures, et toujours personne.... Il repoussa alors les drap, et bascula difficilement son corps encore endoloris, pour descendre du lit, quand un tour de clef fut donné à la porte qui s'ouvrait maintenant....

Sur le pas de la porte, un homme d'une grande posture apparut encapuchonné...oli tenta de se lever d'un seul coup, pour se défendre, mais s'écroula à terre encore faible...

L'homme accourut vers lui et l'aida à se relever, pour le remettre dans le lit....


Allons messer!... il vous faut encore du repos!... recouchez vous donc! vous serez tranquille ici...personne ne vient jamais...


Un peu étourdit, oli n'ayant d'autre choix que de s'exécuter,se remit dans le lit, aidé par l'homme...

Ou suis- je demanda t il...et...qui estes vous?... suis je prisonnier...ou sont mes amis?

L'homme alla prendre la chaise, et s'installa au chevet d'oli... il osta sa capuche, et dit:


tu as beaucoup d'interrogations, et c'est bien légitime je vais donc te répondre, mais ensuite tu devra me promettre de garder le lit tant que tu ne sera point complètement remis...

oli acquiesça, et l'homme commença à lui expliquer...

il se nommait jean le serf, issue d'une pieuse et pauvre famille, il avait voué sa vie à Aristote, comme moine soldat,et vivait maintenant en ermite avec quelques compagnons dans se qu'il appelait son "fief de retraite," le prieuré saincte ventoure...

Ils ne descendaient que rarement dans la plaine pour se ravitailler, et ne recevaient que peu de monde dans cet endroit désertique qui culminait à plus de 1000 mestres d'altitude... plus prés de dieux comme il disait...

oli était là depuis plusieurs jours, inconscient, et les moines l'avaient soignés, veillant chacun leur tour, et priant pour sa guérison...

Le moine avoua à oli qu'ils avaient douté de sa guérison, car la fièvre avait durée plusieurs jours, et que les délires étaient trés fréquent...souvent des noms... parfois des cris.. et puis qu'un jour alors que la fièvre se faisait plus virulente encore, l'on entendit :
je suis oli...oli de la rose noire.... beni et protégé d'Aristote...bon sang ne ment jamais!

et que depuis ce jour, la fiesvre était tombée, et que la guérison s'accélérait....

la discussion avait durée longtemps, et un autre moine arriva, portant un bol de soupe, et une décoction au gout trés amère...qui avait les propriétés de soigner plus rapidement les blessures..



Les jours passaient, oli était de nouveau sur pied, déjà 3 semaines s'étaient écoulés, il fallait maintenant réapprendre les gestes, les réflexes assoupis par tant d'inactivité...

Au rythme de ces hostes, oli s'entrainait pour recouvrer son aptitude au combat, il participait aux travaux, mangeait et se couchait tot....et il priait trois fois par jour pour remercier Aristote ...




[ le retour ]


les semaines s'étaient égrainées aussi rapidement que le gruau s'échappait de la main, oli avait retrouvé sa hargne, et sa combativité, il avait aussi appris la sagesse et le respect des choses que l'on a.... il lui fallait retrouver maintenant tout ses compagnon et reprendre le combat pour terminer les action entreprises...et caro...labre et marie...ses amis feignant,kessy,sepro...lune...et bien d'autres encore

les noms, les visages tournoyaient dans ses resves, ou résonnaient lors de ses cauchemards...il était venu le temps...celui de redescendre, celui de sortir de l'ombre, de retrouver la réalité, celui de combattre... il était venu ce temps...exister à nouveau, et vivre enfin...

jean avait expliqué à oli comment passer...les grottes, les petits chemin, pour éviter les patrouilles, et surtout les armées qui manoeuvraient souvent aux alentours d'Aix

oli les remercia grandement de leur hospitalité, et de leurs bons soins, et redescendit vers les plaines provençales pour rejoindre sa destination...et ses amis.


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Caro
Quitter Avignon pour une nouvelle destination et nouvelle ville que je n'avais pas encore traversée. Quelques jours après Avignon où une fois de plus mes recherches restaient infructueuses, je recommençais une énième fois sur Arles. Sempiternelle recommencement, sempiternelle réponses négatives. Je ne savais plus que faire ni penser, je n'avais eu aucune nouvelle de mes amis sur Brignoles, aucune nouvelle de ma fille, seule me sentant de plus en plus seule et ne sachant plus trop quel sens donner à ma vie, c'est dans une rage non dissimulée et dans une haine grandissante que je frappais et frappais encore contre les défenseurs d'Arles en ce 12 février lors de la prise de la mairie, allant jusqu'à ôter la vie par deux fois...

Mon épée et ma vie au service du Roy, c'est tout ce qu'il me restait, c'est tout ce qui me maintenait encore en vie avec ma fille. Fille que je ne voyais plus, qui grandissait pour devenir une belle jeune femme mais qui depuis fort longtemps déjà volait de ses propres ailes. Certes elle m'avait reproché de l'avoir laissé, mais je ne l'avais fait que dans un seul et unique but, la protéger de ce que je vivais actuellement. La protéger de la mort qui me faisait face chaque jour, la protéger de cette vision souvent d'horreur qui venait hanter mes nuits où je me revoyais sur le champ de bataille. La protéger comme une mère protège ses enfants et ce mesme de loin...

Arles, ville franche depuis quelques jours, ville où nous pouvions aller et venir comme bon nous semble, mais ce matin là après avoir fait le tour du camp, après avoir été informée qu'un nouveau départ se préparait, je revenais à la tente pour y rassembler mes affaires avant d'aller faire quelques achats au marché en vu du départ.

Passant devant des étalages j'entendais des personnes discuter entre elles et dont l'une des personnes parlait d'un anniversaire, du dixième anniversaire de son fils en ce 15 février. N'ayant pas réalisé au réveil que nous étions le 15, ces mots arrivés jusqu'à mes oreilles me faisaient une fois de plus l'effet d'un coup de poignard dans le coeur. Fermant les yeux quelques secondes tout en poussant un long soupir, je sentais mon coeur se serrer au plus fort, ma respiration devenir plus rapide et une énorme boule à la gorge prendre naissance. Rouvrant les yeux je quittais le marché pour me rendre à l'église. J'avais à cet instant besoin de me retrouver en cet endroit, et après estre entrée je m'avançais dans la nef pour m'installer au premier rang pour prier. Prier Aristote m'aiderai peut-être à surmonter cette nouvelle épreuve. Que ne passais-je pas de temps à prier à me recueillir depuis quelques semaines, mais aujourd'hui, alors que cette journée aurait dû estre des plus belle, que cette journée aurait dû estre remplit de joie, de bonheur, j'étais là.... seule..... à prier et à pleurer la disparation de mon bien aimé.

Après de longues, très longues minutes, je ressortais de l'église fixant le ciel en me demandant si un jour je me sentirai mieux, si un jour le sourire renaitrait sur mon visage, si... si.... en fait non, je savais que sans doute de la Provence je ne ressortirai pas vivante mais peu importait, j'aurai fait mon devoir et tout fait pour le retrouver.....


[Quelques jours plus tard]

Retour en campagne, retour sur Avignon et là ... une fois de plus j'avais frappé, fait couler le sang et tué. Non pas que d'ôter la vie ne me faisait plus rien, mais le regard que j'y portais n'était plus le mesme. Non pas que cela en devenait normal, que j'étais devenue une "machine à tuer" mais seul mon devoir comptait, seul la mission importait, seul le but que nous nous étions fixé était mon objectif : rendre la Provence à l'Empereur, rendre la Provence au SRING. Nous savions que face à nous les armées devenaient de plus en plus nombreuses et nous savions donc que plus en plus de personnes seraient face à nous..... et alors que je pensais que nous allions continuer à nous battre, retour sur Arles pour quelques jours afin de récupérer du monde, de nous ravitailler et de reprendre des forces. Espoir aussi qu'en revenant en ville une missive m'attendrait de mes amis, espoir en vain peut-estre d'ailleurs depuis trois semaines à présent je n'espérais plus rien...
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Caro
Des nouvelles ? qu’est-ce donc que ce mot qui m’est devenu totalement inconnu. Des nouvelles de qui ? pour quoi ? Il était bien loin le temps où les pigeons venaient sans cesse à moi avec des missives d’un peu partout. D’ailleurs combien se souvenaient encore de mon existence ? sans doute plus grand monde et même mon mot qui avait été porté vers Brignoles était resté sans réponse. Rien, je ne savais plus rien de ce qui se passait.

Assise sur les remparts de la ville franche en cette belle journée ensoleillée je regardais le port, cette étendue d’eau devant moi où un grand calme régnait. Qui à cet instant précis pouvait penser que cette terre était en guerre ?... personne.

Mains posées sur le muret je laissais une fois de plus mes pensées aller où bon leurs semblaient, mais une fois de plus, une fois encore elles ne partaient guère loin. S’évader par les pensées je n’y arrivais plus. Tout était concentré sur la Provence et sur ce qu’elle m’avait fait perdre. Chaque jour la mesme rengaine. Manger … enfin quand j’y pensais, respirer, vivre où je me demandais bien parfois à quoi cela servait encore…se passer le temps comme je pouvais. La lassitude, l’ennui prenait le dessus.

Quel gâchis ! Alors qu’un avenir bien plus beau était tracé, tout avait basculé ici dans ce comté. Oui je voulais que tout change pour moi, oui j’avais tout laissé pour vivre autre chose et ce par envie et par amour, oui je savais ce que cela allait m’en couter, ce que j’allais perdre, mais jamais ô grand jamais je n’avais pensé devoir y perdre tant, jamais je n’aurai pensé perdre celui que j’aime.

Levant les yeux au ciel, je regardais et fixais cette tempête de ciel bleu. Que n’ai-je pas apprécié de pouvoir voir un ciel sans nuage. Combien de fois m’avait-il redonné du baume au cœur ? mais aujourd’hui le cœur n’y était plus, il était gris, sombre, sans envie, juste encore là pour faire en sorte que je vive. Mais vivre pour vivre à quoi cela servait-il ?

Poussant un long soupir, je me relevais et retournais au camp. Là, la nouvelle tombait, nous partions le soir même pour nous diriger vers Aix. Sans plus attendre j’allais me préparer, m’occuper de Khépris, vérifier que tout soit là et au soir de quitter Arles….


[Au matin du 3 mars 1458]

Sur place et face à nous une armée. Un bon moment déjà que nous étions là à attendre, laissant tranquillement la lune jouer avec les nuages et où chaque moment sombre me faisait avancer un peu plus vers l’adversaire. Attendre et attendre encore tout en étant aux aguets et soudain dans le lourd silence de la nuit, un cri vient trancher.

Autour de moi plus rien ne comptait si ce n’est la mission à accomplir, passer, passer, tout faire pour passer et gagner du terrain. Sur ma monture je n’arrivais à donner les coups que j’avais voulus. Manquant ou ne touchant pas comme je l’avais souhaité. Je décidais donc de descendre de cheval et de faire du face à face.

"Bon sang ne saurait mentir... pour toi.... Bon sang ne saurait mentir...." alors que je tranchais dans le vif allant toujours plus de l'avant, je ne pensais plus, je n’avais plus que cette phrase en teste qui revenait sans cesse telle une ritournelle….quand un homme se ruait sur moi.

Encore un qui avait décidé de me renvoyer vers le Très Haut ? Peut-estre était-ce en fin de compte la solution, mais non cette fois-ci je ne lâcherai pas mon bouclier pour me faire transpercer à nouveau le flan, hors de question.

Un arrêt. Respiration courte, rapide, le souffle fort et là soudain devant mes yeux une image. Celle de mon bien-aimé. Une envie incontrôlable d’empaler l’homme qui se montrait menaçant face à moi, l’envie de hurler toute ma rage et ma colère, mais il me fallait me reprendre et ne surtout pas céder aux pulsions qui me gagnaient. Resserrant ma main sur le pommeau de l'épée, jusqu'à en faire blanchir mes phalanges, bouclier bien en place, je restais immobile.

Le laissant se ruer sur moi, j’en profitais pour me mettre en défense attendant le choc des armes qui n’allait pas tarder. Et puis le bruit… le cri des lames qui s'entrechoquent se faisait entendre. Longs moments d’échanges entre lui et moi, les regards de haine qui se croisent en symbiose avec le croisement des épées. Je ne sais combien de temps cela avait duré… et là, l’attaque de ma part alors que je le voyais venir frapper sa lame sur mon bouclier avec une telle rage et force que le bouclier se fracassait contre mon épaule suivi d’une violente douleur

Par réflexe, je me laissais tomber à terre et de rester immobile pour tenter un leurre. Celui de me faire passer pour inconsciente ou morte, tout en restant sur mes gardes afin de pouvoir riposter le cas échéant.

Tout autour des cris, la bataille faisait rage elle aussi et pensant à cet instant que mon adversaire allait sans doute m'assainir encore un coup, le coup fatal qui me ferait le rejoindre, du coin de l'œil je voyais qu'il était déjà pris à parti avec une autre personne.

Quelques secondes encore à attendre avant de me lever avec cette douleur lancinante et de rejoindre le campement après avoir récupéré Khépris à quelques pas de là….

Les blessés étaient rapatriés sur Arles ….. et j’étais toujours en vie…..

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--Gaida




Roi des cieux, maitre du grand domaine céleste, Gaïda domine de toute sa splendeur le monde des bipèdes. Le vent, fluide et léger, qui le supporte le fait glisser au-dessus de paysages magnifiques. En quelques battements d'aile, il survole une très belle forêt puis une plaine des plus splendides. Son œil acéré repère sans mal les représentants de la nature qui s'échappe de peur sur son passage. Petits lapins, furets, gerbilles, tous se terrent d'effrois, de crainte que ses griffes acérés ne les tenaille pour les élever à sa hauteur, dans l'espace infini qu'est le ciel. Mais cet honneur à un prix : la mort. Les griffes se desserreront, lâchant l'animal terrestre dans le vide pour lui faire sentir une toute nouvelle sensation : l'adrénaline, carburant des humains ; Dernière découverte avant qu'il ne s'écrase avec violence et cruauté sur le sol, rocailleux de préférence, puis devienne le repas de cet animal royal.

Par chance, Gaïda n'a pas faim. Il s'est juste arrêté au bord d'un petit lac pour se rafraichir mais, détestant la sensation du sol sous ses pattes et le manque de visibilité, il a bien vite reprit son envol. Sur le chemin, il lance ce cri strident caractéristique de son espèce longtemps pourchassée par l'humain. On le dit la mort venu du ciel, la représentation du Roy, et c'est pour cela que beaucoup ont cherché à le tuer, jusqu'à ce qu'il devienne l'un de leur serviteur.

Le pacte est sacré, intime. Il fait le service avec l'honneur inébranlable qui est le sien. Mais à l'arrivée, il veut sa compensation et l'estime qu'on lui doit. Le glorieux royaume de la nature que les hommes pensent acquis s'éfile jusqu'à l'horizon. Avec une grâce déconcertante, Gaïda évolue dans le ciel avec légèreté et fluidité. Les plumes raides, magnifiques et pointues le dirigent dans les cieux avec une très nette précision. Bec crocheté et dangereux pour les os d'animaux dont la moelle est sa friandise, il entre bientôt dans une zone qui n'appartient plus à la mère des mères, mais celle d'un de ses fils : L'homme.

Les majestueuses forêts se sont transformées en champs de ronces et de plantes modestes au contact éloignés des bipèdes. En bas, l'herbe saigne. Il y a des cadavres, des centaines de milliers de mouches et de vers. Dans son évolution, Gaïda lâche un cri de dégoût. Même dans son royaume, il sent la souffrance, la haine et le meurtre qui émane du sol. Il ressent le vice et l'étrange notion qui les ont poussé à se détruire.
Dans cet horrible milieu, l'aigle se sent approcher du but. Il sent la présence de l'objectif, de l'humaine, non loin dans les parages. Content de pouvoir enfin se débarrasser de cette chose de papier accroché à sa patte, Gaïda décrit des cercles au-dessus de l'habitat des hommes. Les environs sont laids, l'air semble de mauvaise qualité et la nature est quasi-inexistante. Légèrement stressé, l'aigle cherche son but. Il n'aime pas les hommes, il n'accepte que ceux qui partage sa vertu avec sincérité : l'honneur. C'est à cet instant qu'il sent l'humaine qu'il recherche, son sens intuitif la désignant comme la destinataire de sa mission. Elle est là, à l'endroit où l'air marin semble être la dernière partie naturelle présente dans cet ignoble cloître. Sa vue est son principal atout et, de la hauteur où il se tient, il observe la femelle statique. Elle a les cheveux brun, long et ondulés. Une prestance démolie par la faiblesse.

Un nouveau cri émane de son bec, Gaïda a ressentit l'immense détresse qui émane de cet être humain. Un quart de tour de queue, une aile pliée, et il plonge brutalement dans sa direction. L'air glisse le long de son magnifique plumage, lui conférant une vitesse de plus en plus importante. Il aime ça, il a été crée pour cela. Tel le chasseur sur sa proie, prenant cette masse chevelue pour une bestiole a grignoter, Gaïda fonce toujours de plus en plus vite. C'est au dernier moment, en un cri sonore, qu'il déploie amplement ses ailes. Ralentissant brusquement, il se pose sur la tête de l'humaine en veillant à ne pas trop serrer ses griffes, ils n'aiment pas ça. Peut-être surprise, la femelle bouge et émet des sons qui le dérange. La tête devenue instable par mouvement, Gaïda pousse un nouveau cri et reprend son envol. Avec plaisir, il longe la mer en prenant son temps. Le vent se met à souffler fort, ce qui lui évite beaucoup d'effort.
Après avoir fait demi-tour, il revient sur la jeune femme et profite des bourrasques pour faire du sur-place, ailes complétement détendues, pour se placer à sa hauteur. Le visage de la bipède est étrange, peut-être a-t'elle peur ? Puisqu'il à atteint son objectif, il se pose sur le rebord en pierre et guette ses mouvements. Que compte-t'elle faire ? Que doit-elle faire ?
Lorsque ses mains bougent, l'aigle réagit au quart de tour et recule en déployant ses ailes en éventail. Il lâche un cri de défi, parcourant son regard le long du corps de l'humaine. Gaïda n'est pas né de la dernière pluie, si elle veut l'étrange papier, qu'elle prouve son honneur.
Caro
[4 mars 1458]

La veille retour du champ de bataille avec un passage aux Tentes Blanches misent en place par la Princesse Armoria afin de donner les soins aux blessés. Epaulé déboitée qu’il fallait remettre en place et dont l’aide la Princesse et d’un de ses subordonnés m’avait grandement aidé. Bras en écharpe j’avais vu arriver des soldats en état bien plus piteux que le mien et c’est donc tout naturellement que même handicapée d’un bras, mon côté médicastre avait repris le dessus et que je portais des soins comme je pouvais.

Après une journée et une nuit bien chargée, le temps du repos avait sonné. Mais malgré la fatigue et la douleur, je ne trouvais pas la paix intérieure pour dormir. De plus ne dit-on pas que trop de fatigue tue la fatigue ? c’est ainsi que je décidais d’aller une fois de plus me promener sur les remparts et de m’installer au même endroit que les fois d’avant.

Ce jour le vent, le mistral s’était levé mais pour combien de jours ? trois, six ou plus ? Il était étonnant tout de même de se rendre compte que ce vent soufflait en règle générale par cycle de trois jours. Mystère de la nature….

Assise sur la pierre froide, les cheveux au vent je profitais de ce calme. Loin des souffrances des Tentes Blanches, loin de ce champ de bataille où le sang avait coulé à flots où des cris de lutte, de peur, de rage, de douleurs se mélangeaient. Une fois de plus, une fois de trop peut-estre cette vision d’horreur… et moi toujours en vie. J’avais tout fait pour le rester, mais pour quoi en fin de compte ? sans doute par instinct pour peut-estre pouvoir écrire une dernière lettre à ma fille, lettre que je remettrai à une personne pour qu’elle lui fasse parvenir si du prochain combat je ne revenais pas.

Saleté de vie qui ne m’aura pas épargné la moindre douleur. Tout elle m’aura tout fait subir. Du rire aux larmes, du bonheur au désespoir, de l’amitié à la trahison, de l’amour à la haine, de donner la vie jusqu’au moment d’attendre qu’elle m’ôte ma propre vie, tout je serai passée par toutes les étapes. Fermant les yeux et lâcher quelques mots


Par Aristote fais cesser cette souffrance et viens me chercher…

Et d’entendre au même moment un cri strident dans le ciel qui me faisait rouvrir les yeux et de chercher dans la direction du cri, d’apercevoir un aigle venir plonger en ma direction dans une vitesse fulgurante pour freiner sa course au dernier moment et de venir sur poser sur ma tête. L’effet de surprise ne se faisait pas attendre

Ahhhh mais tu n’as pas trouvé d’autre endroit où te poser ?

De secouer ma tête dans tous les sens mais de ne pas y mettre la main sous peine de se faire pincer violemment. Les mouvements de la teste l’avait fait fuir et du regard je le suivais alors qu’il venait de me crier dans les oreilles me rendant presque sourde. Le suivre jusqu’à ne plus le voir alors qu’une nouvelle bourrasque de vent arrivait.

Les cheveux dans le vent, je voyais le rapace revenir en ma direction et de se poser sur le muret non loi de moi. Tendre le bras et je pouvais le toucher. Il était beau et majestueux et tout en l’observant je remarquais qu’un papier était attaché à une de ses pattes. Doucement sans geste brusque j’avançais ma main paume vers le ciel… peut-être réagirait-il comme l’aigle de mon amie. Et bien non ! le voilà qui recule, qui cri à nouveau avant de déployer ses ailes. Que faire pour l’appâter ? je n’avais pas de morceau de viande, rien qui pourrait l’intéresser, mais ce message à la patte m’intriguais et si je voulais savoir de quoi il en retournait il me faudrait arriver à amadouer le rapace.

D’une voix douce je tentais de lui parler, de le mettre en confiance, tout en gardant ma main en place afin qu’il se rende compte que je ne lui voulais aucun mal.

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--Gaida


Gaïda déploie ses ailes tel le grand majestueux qu'il est. Il semble provocant, lançant par ses cris un avertissement. Il faut faire le bon choix si elle ne tient pas à ce qu'il s'envole.
Quelques coups d'ailes, il semble feindre un décollage pour lui faire comprendre de se dépêcher. Elle doit lui faire honneur, lui montrer qu'elle est humble et respectueuse. Au lieu de ça, il n'y a que sa main qui s'avance, lentement, comme pour tenter de le rassurer. Seulement, Gaïda ne mange pas de ce pain-là. Une nouvelle fois, un cri strident sort de son bec et il recule brutalement, manquant de chuter dans le vide. Oh, bien sûr, il se rattrapera bien vite, pas d'inquiétude.
Impatient, l'aigle se met soudainement à se pencher dans une étrange révérence en pointant son regard carnassier dans celui de la jeune femme. Aura t'elle comprit ? Oui, il semblerait.
Dans son ultime splendeur, l'aigle voit l'humaine faire de même, une légère révérence qui lui prouve son honneur. Pourtant, la tristesse et la blessure de son âme ne semblent pas s'être dissipées.
Plus avenant, Gaïda se laisse déposséder du morceau de papier. Enfin libéré de ce fardeau, il en profite pour s'envoler en quelques claquements d'ailes, giflant malencontreusement la jeune femme de son plumage, avant de lui monter sur l'épaule.
Lentement, il se positionna et d'un rapide mouvement de tête, mordilla ses cheveux et son oreille. Ses serres se resserrèrent contre sa chevelure et il resta un moment sur son épaule tandis qu'elle lisait le contenu de la missive, des mots simplement alignés, bien écrits, qui disaient :

« Ne désespérez pas, gardez courage ».

« Il est à vous ».
Caro
Quelques longues minutes à essayer de l’amadouer, lui faire comprendre que je ne lui voulais aucun mal et je ne sais par quel miracle même s’il avait été provoquant en poussant encore un de ces cris strident accompagné d’un recul, de quelques battements d’ailes pour rester sur le muret, soudain contre toute attente, le rapace se conduit étrangement. Mon regard plongé dans le sien je suivais le même mouvement. Je ne savais pourquoi un tel geste de ma part, mais après tout peu importait, juste ce message à sa patte qui attirait toute mon attention.

Avançant encore un peu ma main, il se laissait faire alors que je lui détachais le message. Sa patte à peine libérée, il reprenait son envol ne manquant pas au passage de m’assénir de coups d’aile sur le visage et de venir contre tout attente se poser sur mon épaule. La grande taille du rapace faisait ressentir son poids et ne manquait pas de s’en prendre à mes cheveux et de me pincer l’oreille.


Aïe…. Mais tu es pénible à la fin, je ne t’ai rien fait alors cesse donc de t’en prendre à moi !

Tout en lui parlant et reportant mon regard sur le petit bout de papier enroulé que je tenais en main, je le déroulais et là l’étonnement. Quelques mots, un simple et court message ….. « Ne désespérez pas, gardez courage »…….. « Il est à vous »
Aucune signature, rien de plus. Mais à qui donc pouvait être envoyé un tel mot ?

Repliant le papier je m’interrogeais sur ce mystérieux volatile. Courage ? oui il en fallait du courage et cela faisait à présent deux mois que je misais tout ou presque sur ce simple mot. Mot si court, qui pour beaucoup ne signifiait que peu. Mais pour moi il avait pris une telle ampleur. Du courage je devais en avoir pour continuer, pour avoir tout quitté, pour être venue ici en Provence pour me battre pour une cause qui me semblait juste, pour survivre à la disparition de l’être aimé… mais aujourd’hui … il ne m’en restait plus et là à cet instant, il me semblait que le peu de courage qu’il me restait encore, s’envolerait avec l’aigle. Alors garder le courage et « il est à vous » que je prenais en référence au courage n’était plus. Tout avait disparu pour laisser place à un immense vide au fond de moi. Un vide qui fait peur, un ressentis si fort et intense que si je m’écoutais je me jetterai au bas des remparts.

Je tournais légèrement la teste vers l’aigle espérant qu’il n’allait pas me pincer une fois encore et de remonter doucement ma main gauche vers ses serres afin qu’il vienne s’y poser tel un perchoir. Etonnemment le rapace s’exécute et alors que je ramenais ma main vers l’avant pour l’observer et ne pas le quitter des yeux alors qu’il était juché sur mon avant bras, il poussait un léger cri, un cri que j’étais la seule à pouvoir entendre, un petit cri qui me transperçait l’âme et le cœur. A cet instant mon cœur se serrait avec comme l’impression qu’il allait arrêter là, et qu’il venait de donner son dernier battement. Mais non, je le sentais qui repartait bien plus vite et fort.

Dans un dernier regard échangé, il se mit à déployer ses ailes doucement. Le signal était donné et d’un geste lent je mettais mon bras à l’horizontal pour qu’il puisse prendre son envol. Un léger inclinement de ma tête et le voilà qui s’en allait rejoindre les airs, de tournoyer plusieurs fois au-dessus de moi avant de rejoindre le ciel. Je le suivais du regard jusqu’à ce que ce point noir disparaisse à tout jamais.

Je relisais une dernière fois le message avant de le mettre dans mon corset, de me lever et de retourner vers la tente.

« Ne désespérez pas, gardez courage…. Il est à vous »….. ce mot qui aurait pu et peut-estre du me redonner l’envie n’avait rien changé, si ce n’est que de me rendre compte qu’il était tout l’inverse et que si j’avais eu à l’écrire j’aurai mis

« Je désespère, je n’ai plus le courage »
« Je l’ai perdu »

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Caro
Arles, Arles belle ville en soit mais que de désespoir en cet endroit où l’on ne trouve plus rien à manger et où l’envie de vivre ne donne plus l’envie. Rien il n’y avait vraiment rien en cette ville qui permettait de se raccrocher, s’accrocher à quelque chose que ce soit.

Des jours que je ne me nourrissais plus, des jours que le mal s’emparait malicieusement de ma personne. Des semaines que ce mal, cette douleur me rongeaient de l’intérieur jusqu’à me rendre lasse de tout.

Des journées entières à rester allongée loin de tous et de tout. J’en étais à nager dans les eaux troubles, à attendre ici la fin, à flotter dans l'air trop lourd, du presque rien. Je n'ai trouvé de repos que dans l'indifférence, rien n'a plus de sens, et rien ne va.

A regarder autour de moi, tout est chaos et de ma couche je cherche son âme, qui pourra m’aider. Que faire quand la raison s'effondre, à quel saint se vouer ?
Repensant à tout ce que j’avais pu vivre mes pensées vagabondaient dans le néant à se dire :

Qui n’a connu douleur immense n’aura qu’un aperçu du temps. L’aiguille lente, qu’il neige ou vente, l’omniprésente souligne ton absence….. Partout
Qui n’a connu l’instable règne, qui n’a perdu ne sait la peine. Plus de réserve, du tout . Ni dieu, ni haine, s’en fout, plus de superbe, j’ai tout d’une peine… Un enténèbrement

Si j’avais au moins revu ton visage, entrevu au loin le moindre mirage
Mais c’est à ceux qui se lèvent, qu’on somme « d’espoir », dont on dit qu’ils saignent
Sans un au-revoir, de croire ….
Et moi pourquoi j’existe ? Quand l’autre est mort. Pourquoi plus rien n’agite
Ton cœur …

Tous mes démons, les plus hostiles, brisent des voix les plus fragiles de tous mes anges les plus dévoués.
Et moi l’étrange paumée, Fiancée à l’enténèbrement…

Je ne suis plus que poussière vivante, je cherche en vain ma voie lactée. Dans ma tourmente, je n'ai trouvé qu'un mausolée et je divague, J'ai peur du vide.
Je tourne des pages, mais ... des pages vides. Poussière errante, je n'ai pas su me diriger
Chaque heure demande pour qui, pour quoi, se redresser. Et je divague, j'ai peur du vide
Pourquoi ces larmes ? Dis... à quoi bon vivre ?
Mais mon Dieu de quoi j'ai l'air …Je ne sers à rien du tout
Et qui peut dire dans cet enfer de la guerre où j’ai tout perdu, ce qu'on attend de nous ?
J'avoue ne plus savoir à quoi je sers. Sans doute à rien du tout. A présent je peux me taire
Si tout devient dégoût. Poussière brûlante, la fièvre a eu raison de moi. Je ris sans rire, je vis, je fais n'importe quoi et je divague, j'ai peur du vide, je tourne des pages. Mais ... des pages vides
Mais mon Dieu de quoi j'ai l'air

D'avoir mis son âme dans tes mains, de t’avoir donné mon cœur, tout de moi, d'avoir condamné nos différences….. et aujourd’hui….Nous ne marcherons plus ensemble

Sa vie ne bat plus Là où il est il fait un froid mortel et pourtant, j’ai rêvé, j’ai rêvé qu'on pouvait s'aimer au souffle du vent, élevant nos âmes mais à présent plus rien, le vide le néant

A quoi bon abattre des murs nous ne marcherons plus ensemble. J’en suis à me dire que les anges ont été las de nous veiller. A ta disparition…. le monde comme une pendule s'est arrêtée

Et pourtant tout au fond de moi cette impression, ce ressentit que tu es toujours là. Je ne ressens pas ce vide que l’âme sœur devrait ressentir quand sa moitié nous a quitté… et pourtant…. Et pourtant le temps à filé et tu n’es pas revenu. Pourquoi donc mon cœur, mon âme se joue-t-ils de moi de la sorte ? Pourtant à l’évidence il faut se rendre non ? Et me voilà une fois de plus à songer à ce qui aurait pu se passer, à songer à ce qui aurait dû se passer … le temps des regrets semble s’emparer de moi.

Chaque mot qu'on garde, chaque geste qu'on n'a fait, sont autant de larmes, qui invitent au regret.
'Si j'avais su ' est trop tard, le ' j'aurais dû ', dérisoire….
Sans voix, et là... j'ai un peu froid... à chaque fois je sens l'émoi

Si j'avais la foi du monde, en cette seconde,
Serais-tu là ?
Si j'avais le choix : mourir….. pour t'entendre vivre,
Serais-tu là ?
Si j'avais le choix : souffrir… sans même te le dire,
Serais-tu là ?

Mais voilà … mon âme a mal…… et se meurt... et tu n'es plus là


[paroles de chansons de Mylène Farmer qui m'ont aidé à faire mon post]

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