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[RP fermé] Dieu est Amour et autres tortures

Penelopedefrance
Elle les regarda s'éloigner priant Aristote qu'ils reviennent vite, puis enfila sa cape et déboula les marches de l'escalier de pierre pour rejoindre le jardin.

S'échapper pour un temps loin des rires et du tapage, et venir s’adosser au grand chêne protecteur.

Ses yeux balayaient le paysage, de la colline de Fourvière aux confins du Vercors, pourquoi cet océan et pourquoi ces tempêtes, quand dans ses rêves elle cherche et ne trouve que le vent, quant son âme espère et ne trouve que la fièvre...
Ses paupières depuis trop longtemps sont cousues de gris et de vent, luttant pour gommer tous les noirs pour de fières garances, espérant se nourrir de tendres nuances, apprivoiser le bleu, caresser le turquoise, puis accrocher son coeur d'un ruban arc en ciel et bâtir des sourires avec les pierres qui entravent le chemin...

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Kernos
Kernos hocha la tête en signe d'acquiescement à la proposition du Devirieux, puis adressa un dernier regard envers Pénélope qui se voulait rassurant avant de gagner la porte et de quitter la pièce, de concert avec Ka. Une fois les couloirs du palais de Pierre-Scize traversés, et la cours gagnée, le Seigneur de Glandage laissa son compagnon prendre sa monture tandis que lui prenait la direction des écuries ducales pour s'en trouver une à son goût. Accostant un palefrenier pour lui faire comprendre son besoin pressant d'un cheval, y ajoutant la force d'un "pour le service du Gouverneur", qui encouragea l'homme à se presser pour sortir un coursier alezan en bonne santé de sa stalle et le confier au soin du Conseiller Militaire. Une fois la selle sanglée, et les étriers raccourcis au goût de son cavalier, Kernos quitta les écuries une fois sa monture enfourchée, pour rejoindre, au pas, le Vicomte de Savines et s'arrêta à sa hauteur.

Je suis prêt. Le palais archiépiscopal de Lyon où se tient l'officialité n'est pas très loin d'ici, nous devrions y être rapidement si les rues ne sont pas trop encombrées de badauds. N'ai crainte pour ton cousin, s'il est chez les prêtres, nous finiront bien par remettre la main dessus.

Puis il talonna sa monture pour la mener hors de l'enceinte du palais et s'assura que Ka le suivait bien avant de se lancer dans les rues en direction de l'archevêché, tout en espérant qu'ils pourraient trouver Hardryan, ou au moins une indication pouvant les mener jusqu'à lui, afin que Pénélope et Ka ne se tourmentent d'avantage.
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Ka_devirieux
Il avait, durant l'attente, pris le soin d'enfiler des gants de cuir qui le protégerait des éventuels lacérations que provoquerait les rennes de la monture de par le froid qui régnait. Kernos mit peu de temps à revenir, mais suffisamment pour que Ka aie à retenir quelques grelotements.

Lorsqu'il l'eût rejoint, le seigneur de Roynac se voulut rassurant envers le Fier-Barbe qui, pressé de se mouvoir, opina du chef pour marquer son accord. Ils talonnèrent alors comme d'un accord leur monture qui prirent un galop légers dans les rues de la capitale.

Le cavalier resta concentré sur sa monture, dont les nasaux fumait à chaque foulée. Jusqu'à finalement arriver face à l'imposant édifice épiscopal. Le regard de Ka fixait le sommet de l'édifice tandis qu'il se rapprochait de l'entrée. Il fît alors redescendre ses yeux, cherchant un garde, tandis que sa monture présenta le flanc en ralentissant sa foulée.


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Kernos
Chevauchant côte à côte quand les rues le permettaient, les deux hommes traversèrent à vive allure la distance les séparant du palais archiépiscopal de Lyon. Le Très-Haut soit loué, le froid et l'heure matinale avaient décourageaient la plus part des habitants de mettre le nez dehors aussi, ce n'est que du gel sur les pavés et les quelques marchands et artisans obligés de quitter la chaleur de leur foyer pour exercer leur métier, qu'ils eurent à s'inquiéter.

Cavalier et monture exhalaient un même fumet de vapeur dans l'air glacial de l'hiver. Heureusement l'épais manteau fourré, fermée d'une broche aux armes des Rouvray, et les gants qu'il avait enfilé avant de quitter l'auberge protégeaient Kernos de la morsure du froid, bien que son visage nu le brûlait, son expression restait figée comme la glace affichant une résolution imperturbable.

Leur course prit bientôt fin. Tirant sur ses rênes, Kernos fit faire halte à sa monture, alors que Ka en faisait de même, quand il atteignirent l'entrée. Un bref coup d'oeil autour de lui, et le Seigneur de Glandage repéra le garde épiscopal en faction, à l'abri du vent dans un repli de l'architecture, devant la porte du palais de l'archevêque. Son regard se porta ensuite vers le Vicomte de Savines, lui indiquant du doigt l'homme avant de mettre pied à terre. Tenant l'alezan par la bride, il s'approcha pour héler le garde qui sortit de sa torpeur en gratifiant le Seigneur de Glandage d'un regard soupçonneux.


Hola, garde! Voici Sa Grandeur Ka Devirieux, Vicomte de Savines et Sire de Saint Véran, et moi-même Kernos Rouvray, Sire de Glandage et de Roynac, Conseiller Militaire du Lyonnais-Dauphiné. Nous sommes à la recherche de l'oncle du Vicomte, Sa Grâce Hardryan Devirieux, Duc de Chasteau Queyras, sur ordre de Sa Grâce Pénélope de Barsac, Gouverneur du Lyonnais-Dauphiné. La dernière fois qu'il a été vu, il se rendait ici-même, auprès de l'officialité épiscopale où il avait été convaincu. Les gens de sa mesnie l'ont vu entrer ici, mais personne n'a eu de nouvelles de lui depuis. Nous souhaitons savoir si le Duc est encore présent en vos murs ou si vous l'auriez vu quitter les lieux.

Si le Rouvray avait parlé au nom de son compagnon, ce n'était point par hâte, mais pour respecter l'ordre de préséance. Après tout, mieux valait mettre les formes quand il s'agissait de se faire entendre par les gens d'Eglise, l'étalage de titres et de fonctions n'avait ici pour but que d'appuyer le poids de sa requête. Tout comme il avait préféré présenter l'affaire à la fois au nom des Devirieux et au nom du Gouverneur, conférant ainsi une force et une légitimité double à leur demande: celle du sang et celle de l'autorité, la piété familiale et la protection du suzerain... Autant de valeurs qu'on ne pouvait ignorer facilement et qu'un visage renfrogné de garde ne pouvait repousser sans manquer de respect à la noblesse des deux hommes qui se tenaient là, mais aussi à la Couronne Ducale.
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--Garde25


Ça, c’est bien les nobliaus… Et que l’on arrive tambour battant dans un palais archiépiscopal, ne mettant même pas pied à terre, pensant que l’on va repartir très vite et triomphant comme lors d’une chasse à courre… C’est qu’avec les deux terribles femmes que le palais archiépiscopal lyonnais comportait en ce moment, ils allaient en baver, ces nobliaus. Mais de quoi parlaient-ils, déjà ?

L’Duc Hardryan qu’vous dites ? Qu’esse j’en savons, moé ! J’sommes qu’un pauv’ ch’tit garde ‘piscopal… Tout juste bon à empêcher les héréti’ d’entrer d’dans… Et comme qu’vous vous êtes pas des héréti’, j’sais nin trop c’que j’dois faire…

Là, en principe, les deux visiteurs le prenaient pour le dernier des crétins — ce qui était son objectif. Mais pour être certain de son effet, il rajouta :

Et comme toujours quand j’savons point c’que nous d’vons faire, j’vais aller d’mander conseil. Si leurs altesses veulent bien se donner la peine de patienter dans un des salons mis à leur disposition… C’est le troisième couloir à gauche après le grand escalier central, vos magnificences.

Et il se mit en quête de son supérieur, fort content de lui. En voilà deux qui ne viendraient plus l’importuner, maintenant qu’il s’était montré totalement incapable de répondre à leurs questions !
Ka_devirieux
Ka fixait la porte pressé d'en voir sortir quelqu'un. Kernos les annoncèrent de lui-même au guet de l'office, ce qui au final n'était pas pour en déplaire au Devirieux qui continua de garder le silence. Lorsque deux hommes veulent obtenir une information d'un seul, un des meilleurs moyens était de lui mettre en sentiment de danger d'une part pour qu'il se réfugie et confie d'autre part. Les choses se dessinaient donc pour que Kernos en soit "le bon" et Ka "le grincheux".

Ils essaieraient donc en premier lieu d'avoir réponse au nom de leurs titres. Bonne idée mais serait-elle suffisante face aux autorités de l'église? Avait-elle d'ailleurs autorité pour détenir un Duc? Biensûr, il le savait, mais pour affaires graves, et Ka n'arrivait pas à comprendre ce qui aurait pu justifier cela. Le garde leur répondit alors une première fois. Sa réponse reflétait l'intelligence qui semblait l'habiter. Le Fier-Barbe s'apprêta donc à mettre pied-à-terre, résolu à secouer le prunier, lorsque le garde reprit la parole pour leur signifier qu'il allait s'informer.

Ka lança alors un regard au Seigneur de Rouvray, afin de s'assurer si, tout comme lui, il contemplait les tares de l'individu. Puis, toujours sans un mot mais dans un regard qui en signifiait plus qu'il en suffisait, il descendit de monture et en attacha les rennes à un anneau de métal fixé dans le mur.

Il se permit alors de suivre l'homme. Tentant de retenir ses indications et ensuite de les suivre. Il trouva enfin le dit salon, puis y prit en siège. Son talon battait la mesure contre le sol au rythme de son impatience.

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Penelopedefrance
Alors même qu’elle brûlait de pousser un cri rauque, elle restait grisée par les étoiles ineffables. Elle était bien, attirée par la pesanteur terrestre et s’écroulait sur le matelas d’herbe en fixant le plafond de cumulus.
Il fallait qu'elle écrive,vite....., de suite coucher des mots, elle se releva aussitôt et rejoint son bureau.

Choisir les mots.....Choisir les mots pour écrire à Féa surtout, et là tout se bousculait dans sa tête et elle devait faire le tri. Ne pas lui faire de mal, ah non surtout pas.......et pourtant c"est ce qu'elle faisait en pensant à Hardryan......
Les souvenirs de leur vie d'avant explosèrent tel un écho...Boum boum boum et c'est en pleine face qu'elle les recevait, sourire en pensant aux bons moments, notamment à la naissance de leur fille, alors que déjà depuis bien longtemps elle se sentait si à l"étroit dans cette relation.....
Féa...lui qui pensait être là pour elle, qui faisait de son mieux, alors qu'elle réclamait à corps et à cris sa présence et son soutien.

Alors, elle s'est inventée des digressions inutiles, juste pour contourner le gouffre, histoire d’évaluer sa largeur. Parce que sa profondeur, elle n'était pas prête, entre elle et le monde une vitre, elle y a collé ses mains dessus pour se retenir, se rassurer, le chemin serait plus simple, et éviter le précipice plus rationnel, enfin c’est ce qu'elle pensa, sur le moment.

Lui écrire rapidement....

Prendre un mot, en prendre un autre, le soupeser, le faire tourner sur lui-même...... À quoi il ressemble, là, tout de suite. Puis juger son écho et l’entendre.
Est-ce qu’il résonne assez dans l’air, et à la bonne fréquence. Est-ce qu’il raconte aux autres ce qu’il me dit à moi. Ou plus ?

Est-ce qu’il l’emmène, la tire avec un son, un rythme, jusqu’à l’endroit qu'elle voudrait atteindre. Et même plus loin ? Est-ce qu’il emmènera les autres.

Est-ce qu’il tracera un sillon ? Est-ce qu’il finira en cul de sac ? Est-ce qu'elle devrait le jeter, et recommencer ses expériences, faudra-t-il soupeser son frère, son pendant, son synonyme, un autre qui raconte une histoire proche mais décrit une autre courbe, puis une autre, dans le labyrinthe où elle erre depuis des semaines.

Elle enfonce donc les portes ouvertes, au risque qu’elles se referment sur ses doigts…Elle enfonce les portes ouvertes depuis cette fameuse nuit....

Une banale nuit durant laquelle elle courrait dans les couloirs vides de l'Assemblée Nobiliaire, portes fermées, des chandeliers allumés sur les murs et rien d’autre, ils dormaient tous, ou ils avaient les yeux ouverts dans le noir mais sans bouger derrière leurs portes fermées.

Elle courrait, cherchait quelqu’un, quelqu'un à qui parler, à l’écoute d’un bruit, d’un signe de vie, d’un bruit de pas, bruit de voix, d’un mouvement, n’importe lequel, dans les couloirs vides, longilignes de vide, en enfilades, et même les intersections ou les angles n’enlevaient rien au vide longiligne des couloirs, à l’irréel de sa course dans les couloirs, comme un rêve de la nuit, elle eut peur de l’infini couloir, que ça ne finisse pas, jusqu'à ce qu'elle vit son ombre sur le mur, en face d’une porte ouverte. Elle entra, observant celui qui se tenait là face à elle en souriant....

Elle se souvint du verre de génépi, belle entrée en matière pour parler, être écoutée et surtout entendue, elle en avait tant besoin....

Pénélope replia le parchemin sur lequel l'encre ne put noircir aucun mot , préférant parler en privé au père de sa fille.

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Kernos
Impassible, Kernos observait le garde épiscopal. Il ne leva pas même un cil offusqué devant le ton et l'accent de la soldatesque au service de l'Eglise, il avait passé la plus grande partie de sa vie et de sa carrière dans les Compagnies d'Ordonnances du Lyonnais-Dauphiné: la fréquentation des soldats, leurs humeurs, leurs grivoiseries autour des feux de camp ou dans les tavernes, c'était son quotidien depuis des années, alors ce n'était certes pas celui-ci qui allait le choquer ou le faire reculer en prenant le rôle du garde buté et ignare... Il avait suffisamment gardé de places-fortes et de portes avant de devenir officier, et de commander les hommes en charge de ces fonctions pour savoir qu'un garde, même le plus rustre, risquait de se faire sévèrement corriger par ses supérieurs s'il manquait aux obligations qu'imposait la surveillance des entrées, et prévenir que deux visiteurs demandaient des informations sous commande d'un Grand Feudataire en faisait partie.

Il entendit derrière lui un cliquetis, lui indiquant que son compagnon se préparait à mettre pied à terre, mais son attention restait fixée sur le garde qui reprenait la parole. Kernos le savait, l'homme ne pouvait que s'exécuter, et aucune grossièreté ne pouvait le décharger de sa mission. Toujours aussi serein, le Sire de Glandage se contenta donc de hocher la tête sans relever les courbettes ironiques du soudard, tandis qu'il les invitait à patienter dans l'un des salons du palais épiscopale... sans les y accompagner bien entendu, mais le Conseiller Militaire en avait cure: si les vidames ne savaient pas discipliner leurs hommes et leur enseigner un minimum de correction, ils n'auraient pas à s'étonner d'en subir les conséquences le jour où des hérétiques viendraient prendre d'assaut les églises.


Merci, mon brave pour votre diligence.

Le garde s'engouffra alors dans l'édifice, et le Rouvray en profité pour se tourner vers Ka qui lui adressait un regard en disant long sur ce qu'il pensait de cet insolent. Kernos se contenta de hausser les épaules en signe de compréhension, puis alla attacher son coursier à côté de la monture de Vicomte avant de suivre ce dernier dans le palais archiépiscopal. Les deux hommes suivirent les indications qu'on leur avait fourni, et arrivèrent bientôt dans le dit salon. Ka s'empressa de s'assoir, manifestant son impatience par le claquement répété de son talon sur le sol. Kernos, quand à lui, préféra rester debout, inspectant la pièce d'un regard bref avant d'adresser quelques mots au Devirieux.

Je pense qu'il serait préférable que cela soit toi qui parles, il s'agit de ton parent, ils auront plus de chance de te renseigner sur son sort que si c'est moi qui leur demande. Je n'interviendrai que si tu le juges nécessaire.
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Wilgeforte_
J’ai fait torturer une presque innocent. Voilà ce que se répétait Wilgeforte plusieurs fois par seconde lors des dernières minute de l’interrogatoire d’Hardryan. J’ai refusé d’écouter Dieu, prenant Ses paroles pour celles du Sans-Nom. Maudit libre-arbitre ! Maudit soit ce cadeau empoisonné qui, tel un redoutable faix, nous laisse l’humaine possibilité de se tromper ! Ey maudite soit la faiblesse de l’homme, qui pousse certaines inquisitrices à torturer pour presque rien.
« On ne peut choisir le mal en tout connaissance de cause. » Voilà un axiome sur lequel elle avait lu, écrit et glosé énormément. Peut-être plus encore que sur le thème du libre-arbitre. Or, elle venait de comprendre cette réalité d’un autre point de vue : adieu la théorie, bonjour la pratique. Wilgeforte avait voulu faire le bien, mais elle l’avait mal fait. Les pires des hérétiques n’agissent pas autrement, en définitive.

Partir. Partir. Où ? Peu importe. Dans un endroit où elle sera seule et où elle n’aura plus à porter ce masque de glace. Ce sera suffisant. Elle fuit plus qu’elle ne quitta la salle d’interrogatoire, décidée à s’enfermer dans sa chapelle pour un bon moment. Mais Dieu en avait décidé autrement.


Monseigneur de Torretta-Granitola ! Monseigneur de Torretta-Granitola !

Ne pas gémir. Ne pas lever les yeux au ciel. Ne pas parler trop rapidement. Ne surtout pas montrer au capitaine de la garde épiscopale lyonnaise qu’elle n’avait absolument pas envie d’écouter ce qu’il avait à lui dire, bien qu’elle ignorait tout du message dont il était porteur.
D’un ton à la neutralité presque parfaite, la Sicilienne lui demanda au capitaine ce qui l’amenait.


Monseigneur, un de mes gardes me signale que deux nobles dauphinois sont en train de patienter dans un des salons. Ils sont inquiets car l’un de leur proche et parent a été convoqué ici il y a plus de quatre heures et n’est toujours pas revenu. Ils disent être les vicomte de Savines et seigneur de Glandage. Leur proche et parent serait duc de Chasteau-Queyras.

Ne pas hurler. Ne pas partir. Ne pas fermer les yeux. Ne même pas crisper le poing. Ne surtout pas montrer au capitaine de la garde épiscopale lyonnaise que ce qu’il vient d’annoncer est la pire des tuiles.

Fort bien. Je prends l’affaire en main personnellement. Défense à quiconque, fors Son Éminence von Ahlefeldt-Oldenbourg, d’adresser la parole à ces deux nobles.
Capitaine, avant d’aller à leurs devants, je désirerais me rafraîchir. Je désirerais également être escortée par deux hommes en qui je puis avoir toute confiance. Adoncques, je vous somme de vous tenir à ma disposition, accompagné du meilleur de vos hommes, devant mon cabinet, d’ici une demi-douzaine de minutes.

Le ton était ferme mais respectueux, mais ce qui marquait le plus était la distance que Wilgeforte avait marqué : elle était plus glaciale que jamais. Le capitaine était loin de se douter qu’il s’agissait là de la preuve de son extrême fragilité.

D’un pas assuré, Wilgeforte se dirigea vers son cabinet. Sitôt qu’elle en eut refermé la porte, elle se laissa choir piteusement sur le premier siège qui fut à sa portée. Elle adressa deux prières au Très-Haut.
La première le remerciait de l’avoir fait naître dans une famille qui lui donna une éducation extrêmement stricte, ce qui lui apprit à maîtriser ses émotions, sans quoi elle n’aurait jamais pu conserver une telle autorité en de pareilles circonstances. La seconde Lui demandait de bien vouloir la pardonner pour le mal qu’elle avait commis et de ne l’en point châtier dans l’immédiat : elle voulait bien expier, mais qu’on lui laisse une demi-heure de répit afin d’envoyer balader ces importuns.
L’énergie que cet acte de foi lui donna rendit inutile tout rafraîchissement physique. Wilgeforte était momentanément détendue de manière idéale. Elle allait pouvoir aller affronter les deux Dauphinois.

Elle sortit de son cabinet devant lequel patientaient le capitaine et un garde sculptural. Voilà qui ôterait toute vile tentation aux deux nobles. Elle complimenta le capitaine pour son efficacité — rare marque, sinon de chaleur, du moins d’intérêt, qui ravit le militaire — et se dirigea d’une démarche plus assurée que jamais vers le salon où patientaient les deux Dauphinois. Un peu avant leur arrivée, elle demanda au capitaine de patienter, juste derrière la porte, de manière non agressive mais très visible.
Arrivée devant le salon, elle en poussa la porte et tendit son émeraude à baiser aux deux nobles.


Mes fils, soyez les bienvenus en le palais archiépiscopal lyonnais. L’on m’a dit que vous vous posiez certaines questions auxquelles j’étais la meilleure personne qui puisse répondre. Je vous écoute donc.

Poli et respectueux, marquant bien la distance entre elle et ses deux interlocuteurs, et asseyant bien sa prédominance sur les deux laïcs qu’ils étaient, et d’une froideur marmoréen : tel fut le ton de la Sicilienne.
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Ka_devirieux
Voilà maintenant quelques instants que les deux hommes patientaient dans la salle où il avaient été conduit. Kernos s'adressa alors à Ka, lui conseillant de discuter lui-même avec leur interlocuteur à venir. Il acquiesça d'abord puis, en retirant ses moins jointes qui soutenait son menton;

"Je parlerai, ne t'inquiètes pas, et intervient si tu l'estimes nécessaire! J'ai toute confiance en toi!"

Il replongea alors dans ses pensées quelques secondes. Pour ensuite se relever d'une fois en soupirant d'impatience. Il fît quelques pas en la pièce, longeant le mur en scrutant du regard les ornements qui y figuraient, cherchant à se distraire comme il l'aurait pu. Quelques tableaux y représentaient des figures importantes de l'Aristotélicisme. Il commença d'ailleurs à essayer de retrouver les correspondances entre tableaux et passages du livre des vertus, puis s'amusant d'un visage, se retourna vers Kernos.

" Vous avez vu lui? Encore un peu et on penserait qu'il s'agit de ce bon vie...." Il s'interrompit net lorsque la porte s'ouvrit rapidement. Une dame en apparat de prélat se présenta à eux. Ka avait des difficultés à identifier ce qui distinguait les différents prélats et leurs fonctions, ayant plus pour habitude de se confier aux curés de villages, encore déçu du manque de considération dont avaient fait preuves les derniers évêques qu'il avait pu croiser.

La blancheur de son visage était intrigant, volontaire ou non? Le Fier-Barbe dût se retenir d'y toucher pour vérifier, et se pencha alors pour saisir la main du prélat et d'y déposer un baiser dans une honorable courbette. Il se releva alors, l'écoutant se présenter, et prit donc la parole;


"Monseigneur, bonsoir. Me voici Ka Devirieux, Vicomte de Savines et Seigneur de Saint-Véran ainsi que mon ami Kernos de Rouvray, Seigneur de Glandage et de Roynac. Nous avons requis audience ce soir, sur ordre de Sâ Grâce le Gouverneur, Pénélope de Barzac, car nous nous inquiétons grandement pour le Duc de Chasteau-Queyras. Voici en effet plusieurs heures que ce dernier ne réapparaît plus et manque à ses rendez-vous ! Nos informations font ressortir qu'il aurait été invité ici pour un entretien, depuis plus de nouvelles."
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Wilgeforte_
Après l’intempérance et l’aveuglement, voici que la lâcheté tentait de s’emparer de Wilgeforte. Celle-ci eut en effet fort envie de répondre « Vous pouvez aller le chercher à l’officialité » et de s’éclipser, évitant ainsi tout conflit avec les deux nobles dauphinois. Cela ne lui prendrait que dix secondes, et elle aurait carte blanche pour se réfugier dans une chapelle où elle ne serait plus obligée d’être faussement froide.
Mais une telle attitude serait indigne d’une servante de Dieu. Si elle laisse les deux nobles apprendre la nouvelle d’eux-mêmes, Dieu seul sait comment ces montagnards sont capables de réagir lorsqu’elle ne sera plus là pour user de son autorité. Non, c’était elle qui avait décidé de questionner Hardryan, c’était à elle d’en assumer toutes les conséquences.

Hardryan… Comment avait-elle pu se tromper à ce point sur cet homme ? Elle s’en voulait. Combien de temps encore s’en voudrait-elle ? Qu’allait-elle devoir faire pour que ce sentiment de culpabilité se décolle de sa peau pâle ? Elle aurait volontiers troqué quelques-unes de ses responsabilités à Rome contre une réponse.
Et voilà qu’elle recommençait à gamberger en vrac. Cela ne lui ressemblait vraiment pas ; ce qui expliquait sans doute qu’elle soit tellement désemparée. Ses précepteurs lui avaient appris à réagir noblement — et donc froidement — dans mille situations différentes, mais pas quand elle s’était trompée. Elle n’était pas censée se tromper. Or, elle l’avait fait. Pauvre d’elle…

Mais il fallait se ressaisir. Rester droite. Rester distante. Continuer à marquer sa prédominance sur les deux laïcs. Rester celle qui mène le jeu. Peut-être était-ce cela, son expiation ? Peut-être était-elle condamnée à refouler toutes ces choses au fond d’elle-même pour enfin les oublier. De toutes manières, dans le cas présent, elle n’avait nulle autre choix.


Votre inquiétude est compréhensible et cette sollicitude est touchante, mon fils. Je puis à présent vous informer que le duc de Chasteau-Queyras était convoqué en ces lieux afin d’y être questionné.
Peut-être vous a-t-il dit qu’il avait été convoqué ici une première fois et qu’il avait juré des choses sur le Livre des Vertus. Après recoupage de données, cela nous a semblé être une parjure, et nous n’avons vu que ce moyen pour en avoir le cœur net.

Notre exécuteur des hautes œuvres en a fini depuis peu, et vous devriez être en mesure de le retrouver d’ici quelques minutes ; les temps de le rhabiller et de lui redonner apparence noble.

Aucun sarcasme dans la voix implacablement neutre de l’inquisitrice.
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Ka_devirieux
Le Devirieux écouta alors la réponse de l'inquisitrice. Dans un premier temps, son regard reflétait une grande attention et sollicitude envers Wilgeforte. Comme beaucoup d'ecclésiastes, celui-ci ne dérogeait à la règle du ton neutre et de donner l'impression d'une indifférence presque surhumaine. Lorsqu'elle parvint au bout de sa phrase, son visage avait déjà rapidement changé, exprimant d'abord l'incompréhension et ensuite le tracas. Le Fier-Barbe jeta un regard à Kernos. Qu'entendait-elle par "n'avoir vu que ce moyen"?

Elle reprit alors la parole, précisant peu à peu tout en restant dans les circonvolutions..Mais que voulait-elle donc dire exactement? Que lui était-il arrivé? Pourquoi le rhabiller?... Rassuré d'une part mais d'autant plus inquiété de l'autre;


" Des "Hautes-oeuvres"? Qu'entendez-vous par là? Que lui est-il arrivé et qu'a donc son apparence!? La voix du montagnard commençait à s'élever dans la pièce glacée. - J'espère à le voir debout face à moi immédiatement et à ce qu'il soit en santé! "

Sa main vint réajuster sa barbe, qu'il pensait déformé tel ses poils de bras qu'il sentait dressé tels des pieux de bois.
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Kernos
Acquiesçant au propos de Ka, le Sire de Rouvray repris sa position initiale et son expression imperturbable, suivant du regard les allés et venues de son compagnon à travers la pièce. Il comprenait que le Devirieux ne tienne pas en place, lui-même se soucier du sort de son ami, mais s'était sans aucune comparaison avec l'angoisse que l'on peut se faire pour une personne de son sang. Il allait répondre au Vicomte à propos de l'un des portraits ornant les murs du salon, quand la porte s'ouvrit. Les yeux de Kernos se posèrent d'abord sur le visage de la femme qui entrait, main tendue, puis sur la silhouette qui se tenait derrière elle dans le couloir... Il se sentait insulté que l'on croit les nobles dauphinois capables de s'en prendre physiquement à un représentant de l'Eglise, acte en violation complète des valeurs nobiliaires et aristotéliciennes... Mais cela traduisait un malaise également, ce qui piqua la curiosité de l'officier, qui décida d'ignorer ce manque de confiance flagrant, et s'approcha pour baiser la bague du prélat avec respect.

Monseigneur.


Puis il s'écarta, laissant Ka s'adresser directement à la religieuse tandis que lui se tenait en retrait, bras croisés sur la poitrine, écoutant avec attention ce qui allait se dire. Au mot "questionné", il ne put retenir un haussement de sourcil inquiet, qui se transforma en froncement indigné. Torturé! On l'avait torturé! Voilà ce qu'était entrain de dire la femme au visage de marbre. Depuis quand les gens d'Eglise se permettaient pareilles libertés en Lyonnais-Dauphiné et sur la personne d'un Duc, vassal de ce duché et ancien Gouverneur? Malgré tout le respect envers l'Eglise et sa foi, il ne put s'empêcher de penser que les clercs étaient bien ingrats et bien orgueilleux pour traiter de la sorte les hommes qui passaient leur temps à protéger la paix publique, en donnant de leur sang et de leur personne, pour préserver la sécurité des croyants et des clercs vivant sur les terres delphinales... Un bref instant, il se demanda comment réagiraient les autorités ecclésiastiques si on venait à attacher un de leur prélat pour le supplicier comme un simple mécréant. Mais il écarta aussitôt cette pensée pour observer la réaction du Devirieux... Aurait-il à intervenir?
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Wilgeforte_
Ce n’était pas tout à fait comme le calme avant la tempête. Plutôt l’accumulation de lourdeur d’air avant l’éclatement d’un orage. Car tout n’était pas serein et n’allait pas virer au cataclysme subitement : cela se montait, se préparait, comme une bonne mayonnaise. Hélas, Wilgeforte avait bien des dons, mais pas celui de la cuisine. Pourvu que cette mayonnaise ne tourne pas aigre…

Elle avait
a priori mal dosé sa dose de clarté et de froideur. Erreur de dosage… Typique des piètres cuisinières. Ainsi, la mayonnaise n’avait pas encore pris : tout ce que Wilgeforte avait réussi à faire, c’était rajouter de la lourdeur à de la lourdeur. Elle ne se féliciterait jamais assez d’avoir appliqué le principe de précaution et d’avoir demandé au valeureux capitaine de l’accompagner. C’est que c’est teigneux, un montagnard.

Pour le dire sans aucun euphémisme, j’ai confié Sa Grâce de Château-Queyras à l’un des meilleurs bourreaux de la région afin d’enfin connaître le fin mot de cette histoire. Il se trouve que j’ai l’honneur d’être missa inquisitionis et que j’ai ainsi l’autorisation d’administrer la question de manière préalable, autrement dit pour soutirer des aveux.

Bien que les sévices qui lui furent infligés fussent extrêmement légers, il convient tout de même de veiller à son prompt retour à la totalité de ses facultés et à sa dignité de haut noble, aussi ai-je demandé à ce qu’il soit soigné et rhabillé, car ses vêtements ont été détruits.

Wilgeforte parlait d’une manière purement narrative : elle exposait des faits avec clarté et sans aucune prise de position.
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Ka_devirieux
C'est quasiment l'oreille tendue qu'il écouta la réponse de son interlocutrice. Lorsqu'elle annonça enfin clairement la torture, le regard du montagnard se figea sur le sien quelques instants. Il s'était efforcé de penser à ce que les termes utilisés précédemment ne l'étaient pas pour de la torture mais finalement sa première idée était la bonne ! La torture ne l'avait jusqu'à présent jamais dérange, mais c'était avant qu'elle soit attribuée à l'un des siens.

Les sentiments accablaient le Devirieux, s'exprimant suivant la coutume Briançonnaise par de la colère rageuse. Il ne dit mot dans un premier temps, fixant le prélat d'un regard noir. S'efforçant à ne pas laisser parler les tripes sans que la raison n'y soit. Après tout, comme il l'avait dit dernièrement dans une discussion, si la langue est située entre l'âme et le cœur, c'est afin que tous deux se complètent!

Après donc avoir entendu ces nouvelles qui ressenti tel un coup de fouet, ses poings se crispèrent. D'une voix grave et profonde, les seules mots qu'il sortit de sa bouche furent;

"Je veux le voir IMMÉDIATEMENT."

Ses yeux rageurs exprimaient qu'il était déterminé et qu'il n'en faudrait plus que peu afin que fusent des mots d'Alpin d'Oc assez étranges. Il ne manqua pas cette fois de lancer un coup d'oeil qu'il connaissait plus diplomate que lui en ce genre de situation, peut-être était-il temps que le relai soit pris avant que la moutarde ne lui déborde du nez.
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