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[RP fermé] Dieu est Amour et autres tortures

Kernos
Les yeux bruns sombres du Rouvray allait de l'Inquisitrise de fer au Devirieux, dont tout dans son attitude trahissait la colère bouillonnante qui l'habitait en apprenant le traitement qui avait été réservé à son parent. Les mots finirent par sortirent de la bouche de Ka, pas les invectives qu'il craignait, mais une demande sur un ton sans appel qui ne laissait aucun doute sur la suite que pourrait prendre l'échange verbal. Répondant au regard de son compagnon hors de lui, Kernos hocha la tête et s'avança pour s'adresser à la religieuse. En ce genre de situation, le militaire avait un avantage, plus d'un an au service de la diplomatie lyonnais-dauphinoise, ajouté à son tempérament réputé imperturbable... bien que son épouse aurait pu témoigner qu'il lui arrivait de s'emporter... devraient lui rendre service pour éviter que le Devirieux n'en vienne à agir de manière regrettable pour eux et pour l'inquisitrice. D'un ton calme, il s'exprima ainsi.

Monseigneur, pouvons-nous savoir de quel crime le Duc Hardryan est soupçonné pour avoir été questionné de la sorte? Cela doit forcément un crime odieux envers la foi et l'Eglise aristotéliciennes pour justifiez recours à pareil traitement sur la personne d'un feudataire de la Couronne ducal dauphinoise, au delà de l'éventualité du parjure... Nous aimerions bien savoir pourquoi de tels sévices ont été infligés à un homme dont la haute condition tient du fait qu'il est prêté allégeance au Lyonnais-Dauphiné, jurant solennellement sur le Livre des Vertus, en prenant à témoin le Très-Haut et les hommes, fidélité, aide et conseil à son suzerain en échange de sa protection et de sa bonne justice? Serment solennel et sacré auquel il s'est toujours montré fidèle... Nous aimerions savoir pourquoi cet homme de parole a été traité comme le plus vil des hérétiques, et pourquoi son suzerain, notre Gouverneur, qui lui doit protection et justice, n'a point été informé de l'intention par le représentant de la Sainte Eglise Aristotélicienne, dont Sa Grâce est le défenseur en notre duché, que vous êtes, de soumettre à la torture l'un de ses vassaux?

D'un geste discret de la main, il incita Ka au retrait, lui signifiant qu'il savait parfaitement ce qu'il faisait en questionnant ainsi l'Inquisitrice. Puis, pour presser moralement la religieuse de glace, il ajouta.

J'espère pour vous que les aveux qui lui ont été arrachés sous la tourmente du bourrel, justifièrent l'avilissement auquel vous l'avez fait soumettre, et que l'importance de son crime envers la Foi était si terrible qu'il légitime cet acte de votre part, Monseigneur. Car il faut bien que cela soit un crime de la plus haute gravité pour que vous décidiez de torturer un vassal du Lyonnais-Dauphiné, sans en avertir son suzerain, ni ses proches, mais aussi un diacre qui a eu à coeur de propager la bonne parole dans la partie la plus reculée de notre duché, sans bénéficier du soutien d'un prêtre ou d'un évêque pour entretenir la Foi dans cette région qui fut longtemps vidée de toute présence ecclésiastique.

Kernos se tût, laissant le prélat remuer ses paroles dans son esprit, ne gardant qu'un regard froid mais pressant dans celui de l'inquisitrice. Visage de marbre contre visage de marbre.
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Penelopedefrance
Adossée dans son fauteuil elle ferma les yeux, prise d'une nausée,repliée sur elle même elle posa les mains sur ses tempes. Après un certain moment, qui lui sembla une éternité, ouvrit les paupières.

La dernière fois qu'elle avait utilisé ce don que l'on appelle la vue, elle se perdit dans des rêves en couleurs, c'était avant......
Et maintenant, que restait-il ? Tout était devenu fade, sans couleur, sans bonheur. Les arbres, maintenant décharnés et découvrant un ciel gris, rappelaient l'image d'une main de vieille femme... sans vie, prête à tout agripper.

Prise d'une nouvelle vitalité Pénélope se releva en secouant la tête. Une larme coula de sa joue, chassant sa mèche de cheveux rebelle d'un souffle vers le front.
Sanglotant, essayant d'oublier ce manque qui la rongeait. S'il était là........ le soleil danserait dans de si clairs rayons, animant les jardins, mûrissant les fraises, il entrerait ainsi, par les fenêtres closes,
Un long frisson de vie, un murmure de roses à espérer l'horizon qui s’émeut, s’approchant, pas à pas se cachant dans la nuit, sous ses voiles, pour dérober le repos immortel des étoiles.

Garder en mémoire le jour qui passe, l'instant de vie. Retenir ce qui glisse, la trace invisible sous le regard, en creux. Les visages et les voix. Le souffle, l'envie, la joie. Capter la lumière l'émotion et la couleur du silence. Respirer. S'accorder l'échappée belle. Faire allégeance ou refuser. Ecrire. Choisir. Donner forme au monde..... Tant qu'on peut.

D'un geste, sa main glissa sur un vélin, la plume griffonna un morceau de vie pour une autre personne, une pensée pour l’autre, comme un signe, l’inscription de la vie qui passe, un état d’âme.... Elle est du temps que l’on essaie de sauver, elle est une victoire sur le temps ces minutes qu’il a fallu pour écrire, pour lire et relire.
Elle s’écrit pour dire à l’autre qu’il est là malgré la distance et le temps, pour que cette absence ne soit plus une absence, pour dire ce que le monde n’est pas.......n’est plus sans lui.

La buée perlait sur les vitres.....lentement comme venus des profondeurs les mots assaillaient son esprit, des mots venus de terres masquées où se réfugiait le cœur, ce cœur qui parlait sans frein, ce fracas d’une suprême discrétion, mémoire où l’âme se perdait pour rendre vie en la faisant partir de rien...

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Wilgeforte_
Je veux le voir IMMÉDIATEMENT.

Wilgeforte, toujours dans son vœu de marquage de supériorité, s’apprêtait à lâcher quelque formule bien sentie afin de rappeler à Ka qui décidait de qui faisait quoi quand l’autre visiteur s’avança et se lança dans un monologue particulièrement théâtral, monologue qui initialement amusa plutôt la Sicilienne — elle qui voulait faire une réponse cinglante était comblée par une perche si obligeamment tendue.

Mais le monologue devint diatribe et cessa d’amuser Wilgeforte. Ses démons ressurgirent. Les prières si rapidement prononcées avaient fait leur effet un temps mais furent fauchées comme un épi de blé par la violence — et surtout la justesse — des paroles de Kernos. Qu’allait-elle bien pouvoir répondre à tout cela ? Oh mon Dieu, avait-elle donc à ce point fauté pour mériter pareil supplice ?

Et l’ignoble jeu recommençait. Bien rester sereine. Bien rester froide et distante. Bien montrer qu’on mène la danse. Surtout, ne pas laisser croire que l’on a été atteinte par les critiques. Oui, l’ignoble jeu recommencerait, et Wilgeforte avait hâte qu’il s’arrête. Ceci explique sans doute la teneur de sa réponse.


Messire Rouvray, sachez que les inquisiteurs sont habilités à administrer la question sans devoir se justifier à quiconque. Sachez que même l’archevêque de Lyon ne peut me forcer à me justifier au sujet de ce que j’ai décidé de faire. Seul Dieu qui nous jugera tous et le Grand Inquisiteur sont aptes à me demander des comptes.
Veuillez donc acter ceci et comprendre que vos questions ne trouveront pas de réponse de ma part.

Concernant votre demande, messire Devirieux, je pourrais consentir à y accéder. J’aurais cependant apprécié qu’elle soit formulée différemment : je ne pense pas vous avoir parlé sur un ton cavalier.
Sa Grâce est toujours à l’officialité et je puis vous y mener, si tel est votre désir.
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Ka_devirieux
Malgré l'attitude du Fier-Barbe quelque peu agressive, il ne put receler aucune émotion sur le visage blanchâtre du prélat. Ce dernier ne réagit d'ailleurs aucunement face à l'injonction que Ka avait formulé. Néanmoins Kernos avait saisi son appel. Le diplomate s'avança alors et pris la parole. Sa patience et sa qualité de langage en pareille situation était impressionnant. Le Devirieux quant à lui se contentait de garder les yeux fixer sur ce regard sans reflet maintenant tourné vers son ami.

Wilgeforte reprit alors la parole toujours sur ce même ton monocorde. Stipulant tout d'abord les pouvoir dont sa fonction la faisait bénéficier. Le Devirieux fût alors des plus attentifs quant à ça, se promettant de vérifier la véracité de ses affirmations. Elle se tourna alors à nouveau vers lui et lui parla au conditionnel. Qu'attendait-elle donc? De plates excuses pour avoir élevé le ton? Que dire alors du manque de respect fait à son oncle Hardryan?
Il l'observa alors, levant un sourcil de dédain, et d'une voix qu'il s'efforça de garder calme, mais ferme, pensant à la promesse faite à Pénélope.;


Certes il l'est tel ! Je vous serai donc gré de nous y mener à présent.
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Kernos
Sans ciller, sans changer quoi que ce soit à son attitude ou son expression, écouta la réponse du prélat... réponse qui n'en était pas une d'ailleurs, l'Inquisiteur se retranchant derrière son statut canonique. Kernos savait que certaine charge demandait le secret, il connaissait cela lui aussi, tout comme le devoir mais, dans ce cas, il n'était pas tout à fait dupe: même sous le sceau du silence, il y a des choses que l'on peut divulguer sans trahir son serment, et dans la somme d'interrogations qu'il venait de soumettre, certaines n'avaient pas trait à un quelconque devoir de secret. Ne pas y répondre pouvait signifier plusieurs choses: sentiment d'être en son bon droit, ce qui se tenait avec la mise en avant de sa fonction d'Inquisiteur et le caractère froid de la religieuse; l'orgueil, la suffisance pouvaient aussi le justifier; le doute, la culpabilité pouvaient être une raison valable pour se taire, comme le déni... impossible à déterminer vu l'impassibilité du prélat. Faute de pouvoir déterminer la quelle de ces réponses était la bonne, le sire de Glandage se contenta d'observer silencieusement l'inquisitrice quelques instants avant de reprendre la parole.

Le Très-Haut est seul juge, en effet... Un juge impartial qui ne se laissera pas abuser par des questions de droits édictés par les hommes, mais jugera le fruit de notre libre arbitre, Monseigneur... mais vous le savez bien mieux que moi. Seul Lui décidera.

Puis, devant l'impatience au combien compréhensible du Devirieux de retrouver son oncle, et sa propre inquiétude quand à l'état dans lequel ils allaient retrouver Hardryan, il préféra ne pas insister d'avantage sur la question de la primauté des juridictions et de la valeur de la parole jurée. Cela se réglerait tôt où tard, les gens d'Eglise avaient beau se prétendre au-dessus des institutions temporelles, ils ne pouvaient s'en passer pour fonctionner efficacement... le contraire n'était en revanche pas aussi certains.

Je me contenterai pour l'instant de votre silence face à mes questions et celles de notre Gouverneur, Monseigneur, et vu que vous vous proposez afin de nous guider jusqu'à Sa Grâce Hardryan, le Vicomte de Savines et moi-même ne pouvons qu'accepter. Détachant ses yeux de cieux de l'Inquisitrice pour les poser avec ostentation vers le garde épiscopal qui assistait depuis le début à cet entretien dans la couloir, il ajouta sur un ton neutre. Avec si bonne escorte, nous ne craignons rien en chemin... bien que l'on pourrait se demander le genre de menaces que nous pourrions rencontrer au coeur de ce saint édifice.

Il tendit alors la main pour inviter le prélat et Ka à ouvrir la marche avec politesse, tout en songeant que c'étaient bien d'étranges manières, pour des prêtres en charge d'enseigner l'Amitié aristotélicienne, que d'accueillir ainsi deux hommes sans escorte, autant dire sans protection, et à la merci de leurs hôtes à soutane. Mais il garda cette pensée pour lui-même.
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Wilgeforte_
Damné Kernos ! Wilgeforte s’attendait à avoir affaire à deux nobles fonceurs, montagnards, très compétents mais fort peu diplomates — bref, à deux Ka. Cela, elle aurait su le gérer. Mais le montagnard s’était fait accompagner d’une personne infiniment plus subtile. Et Wilgeforte n’était pas prête à une telle confrontation, d’autant plus qu’elle ne l’avait absolument pas prévue. Elle s’en voulut, d’ailleurs, de ne pas y avoir pensé : Agamemnon aurait été bien penaud sans Ulysse pour l’accompagner, et Ka l’avait certainement compris, du moins inconsciemment.

Wilgeforte se sentait au bord du point de rupture. Tout ce dont elle avait besoin, c’était de calme, de solitude. Si elle n’y accédait pas dans les plus brefs délais, elle allait être incapable de se relever. Il fallait qu’elle expédie cela, mais sans pour autant perdre la face. Accéder à la demande des deux nobles ne serait aucunement un aveu de faiblesse : elle n’avait aucune intention de les empêcher de voir leur parent et ami. Hochant la tête d’un coup sec, ignorant avec superbe les paroles d’Ulysse, Wilgeforte s’engouffra dans un couloir du palais archiépiscopal, suivie par les deux Dauphinois, qui l’étaient eux-mêmes par les deux gardes épiscopaux.

Il était loin le temps où le toute fraîchement nommée ambassadrice apostolique découvrait avec effroi les innombrables couloirs du parlais archiépiscopal lyonnais : Wilgeforte marchait à présent d’un pas assuré, n’hésitant à aucun embranchement. De tous temps, elle avait été incapable de retrouver son chemin dans un bâtiment possédant plus de trois pièces. La fée du sens de l’orientation devait être souffrante le jour où les autres se penchèrent sur son berceau. Mais elle avait à présent réussi à prendre ses marques à Lyon, et personne n’aurait pu être au courant de cette faiblesse — Wilgeforte y veillait très attentivement.
Au bout d’un couloir fort peu éclairé, ils arrivèrent devant une porte en bois massif sur laquelle Wilgeforte asséna trois coups. Clotaire apparut alors en boitillant.


Tiens, mais c’est monseigneur de Torretta-Granitola ! Quelle bonne surprise.
Pax vobiscum, mon brave. Ces deux hommes, derrière moi, sont parent et proche de l’homme avec qui vous avez fait connaissance tout à l’heure. Ils se sont très obligeamment portés volontaires devant ma personne afin de récupérer notre visiteur et de le reconduire à son domicile. Est-il prêt ?
Il l’est, monseigneur, il l’est. Nous venons de terminer le bandage de ses plaies, et il s’est quelque peu sustenté. Il est comme neuf !
Le bourreau éclata d’un rire gras avant de reprendre : Je m’en vais le quérir de suite !

Il retourna dans la salle d’interrogatoire.

Eh, toi, lève-toi ! Tu as de la visite !
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Penelopedefrance
Toujours dans son bureau à triturer ses bouclettes qu'elle se plaisait à enrouler autour de son index et à relâcher tel un ressort, Pénélope attendait que l'encre du vélin qu'elle venait de noircir soit sec pour le faire porter au père de sa fille. Plusieurs fois elle le relut y ajouta une phrase avant de le signer d'un simple mot "Pénélope".
Elle tira un lourd fauteuil vers la fenêtre et s'y installa pour guetter l'aube. Des semaines qu'elle ne dormait plus et attendait l'aube chaque nuit.

L'aube et ses millions de clochettes, le bruit sourd de la forge qui les fabrique, dans toute leur rigidité, puis, à mesure que l'aube s'épure et avance, toutes les clochettes qui viennent d'être forgées se mettent à sonner.
Si l'on réussit à passer l'aube sans avoir envie de mourir, si on la regarde avec audace, alors on retrouve la force de vivre.
Et tout ce qui existe en cette heure est d’un éclat absolu, s’embrase, et brûle dans la bouche incendiée de la nuit.
Face à la nuit elle restait figée, les yeux perdus dans l’éclat d’une étoile, un instant suspendue, telle une explosion immobile qu’on entend partout dans la douceur de l’heure qui sonne....enfin le jour se lève et la vie continue, alors que la sienne vole en éclat.

D'un lent mouvement, alanguie par la fatigue, elle ouvre la fenêtre, ouvre toutes les fenêtres et part sur les chemins, où seul l’interstice la sauvera, cet entre-deux qui ne brille que dans ses yeux à lui, cet espace entre la clôture et le chêne, quelque chose comme une embrasure dans laquelle elle espère son retour.

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Hardryan
Tiens, mais c’est monseigneur de Torretta-Granitola ! Quelle bonne surprise.

Monseigneur de Torreta. Mais qu'est-ce qu'elle faisait encore là? N'avait-elle pas obtenu réponse à ses questions? Était-elle là pour le questionner à nouveau? Pourquoi elle était revenue? Pour lui infliger de nouveaux tourments, pour le resoumettre à LA Question? Autant de questions dans la tête du Montagnard qui sans le vouloir sentit son coeur s'emballer et sa machoire se crisper alors que le Bourrel tonitrua d'un rire gras. Celui-ci revint vers lui avec son sourire de sadique à vouloir frapper dedans. Hardryan le surveillait, il l'avait surveillé pendant tout le temps que le bourreau avait pansé ses plaies... Ses plaies... Pansés... Quelques coupures de ci de là où il avait été frappé, c'est à dire partout, mais surtout aux articulations, ses jointures étaient enflées, certaines étaient à vif comme s'il s'était battu et avait frappé un autre homme. Son visage ne portaient pas de marques autres que des bosses, le bourrel avait pris soin de ne pas le cogner aux arcades sourcillières, en cela il avait respecter le souhait de l'Inquisitrice qui avait demandé à ce que le sang soit évité; peut-être avait-elle le coeur sensible sur ce point.

Eh, toi, lève-toi ! Tu as de la visite !

Se lever. Si simple, et si compliqué à la fois pour quelqu'un qui a le mal partout dans le corps. Le bourrel n'avait pas omis un endroit de son corps où frapper, ou alors, il avait frappé à des points précis pour que la douleur puisse se propager partout. Hardryan se leva. Ses côtes le firent grimacer et il boitilla alors que sa cheville ne semblait vouloir supporter son poids.

De la visite. Qui était-là? D'autres Inquisiteurs? Hardryan prit quelques secondes pour retrouver une certaine contenance, pour faire montre de dignité, celle qu'on ne lui avait pas prise. Il ne portait que de simples habits. Des habits, pas les siens, des vêtements qu'un autre avait porté avant lui. Propres à tout le moins. Les manches trop courtes pour le Montagnard ne parvenaient cependant pas à cacher les bandages qu'il avait aux poignets, mais les vêtements cachaient le reste, les ecchymoses qu'il avait au corps, aux bras et aux jambes...

Hardryan porta son regard du bourrel à la porte, se demandant qui allait apparaitre.

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Wilgeforte_
Et ne joue pas les impotents avec moi ! Ce n’est pas parce que j’ai malmené tes attributs que tu es autorisé à te comporter comme une minette, dit le bourrel avant de partir d’un rire particulièrement répugnant et de cracher quelques glaires sur le sol.
Hardryan était de tout évidence bien trop faible pour parcourir les quelques mètres entre le lieu où il reposait et le pas de la porte. Et, s’il y arrivait, ce serait au prix d’un énorme effort qui ne ferait que renforcer son image de victime. Non, il fallait trouver autre chose.
Le bourrel sortit à nouveau de la pièce.


Il vous attend, monseigneur, dit-il simplement, feignant d’avoir oublié qu’il avait plus tôt annoncé qu’il allait ramener Hardryan et espérant que Wilgeforte et les deux visiteurs l’auraient, eux, réellement oublié.

Wilgeforte n’avait pas oublié. En temps normal, elle, si maniaque, n’aurait bien entendu pas manquer de relever cette incohérence. Mais, là, elle ne désirait qu’une chose : être seule. Pour cela, elle devait expédier cette visite indésirable. Pour cela, elle devait éviter de perdre du temps.
Aussi se contenta-t-elle de se mettre de biais, d’inviter d’un geste de la main les deux Dauphinois à pénétrer dans la salle d’interrogatoire et de dire de son ton monocorde :


Il ne tient plus qu’à vous d’exaucer votre requête, mes fils.


Notes HRP :
o LJD Clotaire avait indiqué, à Lyon, qu’il commençait à ranger son matériel. On peut considérer que Wilge, Ka et Kernos arrivent alors qu’il est au milieu de ses rangements.
o Une description de la pièce et du matériel est faite dans les deux premiers posts du topic à Lyon.

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Ka_devirieux
A nouveau Kernos reprit après lui, exprimant plus posément une "demande" afin qu'Hardryan leur soit rendu. Enfin elle les conduisait vers là où se trouvait son oncle. Son regard s'était également posé à plusieurs reprises sur les gardes se trouvant derrière l'inquisitrice et, probablement avaient-ils contribué au calme de la situation. Kernos l'invita cordialement à le précéder et le Fier-Barbe profita de la remarque de ce dernier pour s'interrompre un instant face au garde. Il guida son regard sur la lame de sa hallebarde, y fît glisser le pouce sur le fil et lança ensuite un sourire moqueur au garde. Il repris alors sans plus de mots la suite du prélat qui les guida jusqu'à une lourde porte où il frappa.

Un homme vêtu tel un bourrel apparu et les 2 chargés de missions furent présentés. Celui là semblait peu commode et, pour trouver les mots juste, ... avait vraiment une sale tête à claques! D'ailleurs lorsque ce dernier se retira en son antre dans un grand rire, la dextre de Ka vint se poser sur son pommeau, proche de la goutte d'eau qui ferait déborder le vase. Sa main ne bougea alors plus de place.

Il ressortit quelques instants plus tard, son assurance ayant l'air de s'être subitement apaisée. Signifiant qu'ils pouvaient à présent entrer. Le prélat les invita alors d'un geste de la main à entrer.

Pourquoi donc le bourreau était-il sortit, et qu'ils étaient maintenant invité à entrer les premiers. Etant donné l'imposante serrure qui ornait la poste, Ka se dressa face à Wilgeforte et lui répondit;


" Non, après vous, vous comprendrez que la confiance n'est pas de rigueur." Avant d'écouter sa réponse, il tourna sans attendre la tête vers la pièce et appela son oncle; "Hardryan !?"
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Kernos
Emboitant le pas à l'inquisitrice et au vicomte, encadré par les deux gardes épiscopaux, Kernos laissa le prélat les guider à travers les couloirs du palais archiépiscopal lyonnais, sans se départir de son expression sévère et sereine, tandis que leurs pas raisonnaient de concert avec le cliquetis des armes que portaient les quatre hommes... Oui, lui-même était armé, non pas qu'il avait prévu une quelconque confrontation quand on était venu le quérir en son auberge, il ignorait encore pourquoi le Gouverneur avait requis sa présence, et même à présent, il n'était pas dans son intention de tirer sa lame en ces lieux, malgré l'insulte de se voir ainsi escorté par deux soldats au service de l'Eglise, malgré l'attitude hautaine et méfiante de l'inquisitrice, car cela ne pouvait être que le signe d'une conscience tourmentée ou d'une défiance envers eux que de se faire ainsi entourer d'hommes en armes, avant même de venir à leur rencontre. Accordait-on si peu de crédit et de confiance à la foi et à l'honneur d'un noble? Il n'était pas venu pour juger de cela, mais il ne l'oublierait pas pour autant.

Le convoie arriva bientôt devant une porte épaisse que l'inquisitrice frappa à trois reprise avant qu'un homme de taille imposante, au moins cinq pouces de plus que le seigneur de Glandage, et à la démarche claudicante n'apparaisse devant eux. Un haussement de sourcil surpris se dessina sur le front de Kernos, jusqu'alors imperturbable dès qu'il s'adressa à l'inquisitrice. Cet accent familier... oui, un Cauchois... visiblement le dénommé Clotaire était lui aussi originaire de Normandie, comme le Conseiller Militaire qui était né et avait grandi à quelques lieues de Rouen. Mais il chassa bien vite ce sentiment de nostalgique pour se concentrer sur les échanges entre le prélat et son homme... "Plaies", "bosses", autant de mots qui n'étaient pas pour rassurer Kernos sur l'état d'Hardryan, sentiment qui ne fit que s'intensifier après le rire gras du bourrel. Comment allaient-ils le retrouver? L'inquisitrice et son exécuteur des basses oeuvres avaient beau dire que la question fut administrée avec mesure, le seigneur de Roynac se demandait depuis peu s'ils partageaient le même sens de la mesure.

Pendant que le bourrel se détourna d'eux pour aller chercher le Duc de Chasteau-Queyras, le regard du Rouvray se posa sur le Devirieux qui l'accompagnait. Le comportement du tourmenteur, et l'inquiétude sans doute plus pressante à présent qu'ils étaient à deux doigts de constater par eux-mêmes à quel traitement son oncle avait été soumis, semblaient avoir exacerbé la tension du Vicomte de Savines... Prudence, songea t-il, avant de reposer son regard brun sur la silhouette du Cauchois de retour dans l'encadrement de la porte. Où donc était Hardryan? N'avait-il pas dit qu'il l'amenait à eux? Froncement de sourcil chargé de reproches vers le prélat au visage de marbre tandis qu'elle essayait de palier au manquement de son âme damnée en les invitant à pénétrer dans la pièce. Visiblement Ka, quand à lui, semblait accorder peu de confiance à ce changement de programme, en invitant l'inquisitrice à les précéder... A se montrer trop méfiant envers son prochain, on finissait par ne s'attirer que son mépris et sa suspicion, Kernos espérait que cela servirait de leçon à Wilgeforte.

Toutefois, ils étaient venus ici en réclamant le Duc avec forte insistance et maintenant qu'on accédait à leur requête, il serait fort maladroit de leur part de reculer par crainte d'un piège. Non, l'inquisitrice ne pouvait être retorse au point de faire enfermer deux nobles sans raisons valables, il en était convaincu, tout comme il l'était qu'elle n'était point stupide. Aussi, bien que l'invitation de Ka paraissait des plus intéressante pour mettre le prélat face à face avec l'homme qu'elle avait fait torturer, le seigneur de Glandage pensa qu'il fallait mieux faire montre de plus de sagesse et de confiance que leur "hôte". D'un pas résolu, le visage impassible, il franchit la porte non s'en avoir lancé un dernier regard à l'inquisitrice, signifiant qu'il n'en avait pas terminé avec elle.


Hardryan?


Bien que le ton était toujours aussi neutre, ses yeux traduisaient l'inquiétude qu'il ressentait pour son ami, tandis qu'ils le cherchaient dans la salle d'interrogatoire de l'Officialité épiscopale. Mais ça, seul le Duc le verrait.
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Penelopedefrance
N'en pouvant plus d'être enfermée dans son bureau, Pénélope se retint d'envoyer valser ses parchemins et prit sa cape sur l'épaule en quittant la pièce.
Elle courut comme une dératée dans les couloirs du château, sans se soucier de qui elle pourrait croiser, voire même bousculer, avec le seul but de prendre l'air.

Quand elle dépassa le poste de garde, elle retrouva l'animation de la ville et la neige sur les pavés. Toujours au pas de course elle parcourut les ruelles en rasant les murs pour atteindre les rives du Rhône.
D'évidence elle trouva un arbre et l'entoura de ses bras. La neige lâchait parfois un long soupir plumeux, lissant le paisible miroitement du temps, ses ailes couvant ses souvenirs ardents.

Son regard posé vers le ciel, elle observait les hautes murailles immaculées taillées dans la glace, souriant aux pigeons et aux oies sauvages, qui, posés sur les corniches, dormaient dans les créneaux du château dressés dans le lointain.

Elle resta là longtemps, jusqu'au moment où, enfin, elle put cracher ses mots à elle, ceux qui l'étouffaient, ceux qui ne lui laissaient aucun répit, des mots dont on s’échappait difficilement et qui, comme une lame acérée, libéra son coeur.

Il était temps de rebrousser chemin pour retrouver et affronter l'attente, ses pas étaient si légers qu'elle n'entendit même pas leurs crissement sur la neige que déjà elle retrouvait le parvis du Château sans autre certitude que le fil du présent où elle avançait en équilibre fixant un point, une image invisible et son éclair sous les yeux, à l'orée du printemps, printemps qu'on voulait lui dérober.

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Hardryan
Hardryan ?

Cette voix il la connaissait, ce n'était pas celle d'un Inquisiteur, d'ailleurs, un Inquisiteur l'aurait appellé mon frère, mon fils ou alors mon enfant, mais cette voix, familière, elle aurait pu dire mon oncle, car c'était nulle autre que celle de Ka. Levant les yeux des crachats que le bourrel avait envoyés à quelques centimètres de lui, Hardryan vit non pas Ka, mais Kernos à quelques pas de lui seulement. Ka était tout juste derrière avec Monseigneur... Seigneur... Un poids venait de quitter ses épaules alors qu'il ne se sentait plus aussi seul dans cette pièce lugubre. Sans même y penser ou le vouloir, il se laissa choir sur le banc juste derrière lui.

Ka, Kernos.

Le soulagement se mêla à la honte. Dans quel état ils le trouvaient, ils le trouvaient, savaient-ils au moins pourquoi il était là. Savaient-ils pourquoi il était attifé de la sorte et que ses vêtements gisaient en lambeaux à côté de lui? Ses vêtements... Les ramenant vers lui, il les prit, fouillant dans les poches, en ressortant une patte de lapin, quelques noisettes, une médaille qui aux yeux des autres n'avait aucune valeur sinon celle de son métal, et enfin, une autre médaille, sa médaille de diacre. Il la vit briller devant ses yeux quelques instants avant de porter son regard vers celui de Wilgeforte... et de l'en détourner. Il la déposa sur ses vêtements déchirés, avec sa ceinture rouge, tranchée en deux, dont il ne s'était jamais départie depuis que feue sa femme la lui avait offerte. Hardryan se leva à nouveau, laissant ces choses derrière lui et il attrapa l'épaule de Kernos pour s'y appuyer alors que sa cheville le trahissait à nouveau.

Merci d'être venus mes amis.

Reconnaissant, il prit une inspiration avant de poursuivre:

Ramenez-moi, je ne veux plus voir cet endroit.
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Ka_devirieux
Lorsque la voix d'Hardryan résonna, fatiguée mais dans un souffle de soulagement. Le Fier-Barbe entrait dans pièce, l'effroi qui le traversait lorsqu'il put observer les instruments du bourrel se mêlait au soulagement de retrouver son oncle.
Jamais Ka ne l'avait vu en cet état. Pourtant ces derniers mois, nombreux avaient été les tourments qui avaient bouleversé le Duc, mais rien n'avait encore réussi à l'abattre à ce point aux yeux de Ka. Ses yeux d'ailleurs ne pouvaient s'empêcher de constater dans une rage froide les blessures apparentes que portait son ainé.

Hardryan se dressa alors péniblement à l'aide de Kernos. Ka retira alors son mantel sinople et doublé de fourrure qu'il s'empressa de déposer sur les épaules du "montagnard" pour lui rendre son allure. Il se mit ensuite à ses côtés afin de lui porter soutien et le guida vers la sortie. Son regard noir chercha le prélât. Bigre elle se tenait à distance, il ne pourrait lui marcher d'un air faussement innocent sur le pied.


Nous sortons d'ici au plus vite! Et crois-moi ils ne resteront pas sans entendre parler de nous ! La phrase était en réalité destinée à tous, dite fortement, c'est ensuite qu'il rajouta plus bas à Hardryan; Tu connais le nom du grand inquisiteur?
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Kernos
Kernos ne put retenir un haussement de sourcils surpris et alarmé à la fois devant l'état auquel son ami avait été réduit. Il se ressaisit prestement, non pas pour masquer ses émotions, mais pour ne point faire empirer le malaise que devait ressentir le Duc à se trouver ainsi misérable et faible devant eux. Le sire de Glandage s'approcha de lui pour l'aider à se redresser, tandis que Hardryan s'appuyait lourdement sur son épaule. Ka les rejoignit bien vite, afin de recouvrir son oncle d'un manteau et d'un semblant de dignité après les maux qu'on lui avait infligé, et de prêter main forte au Rouvray pour soutenir le Duc de Chasteau Queyras. Un constat s'imposa bientôt à l'esprit du Conseiller militaire, Hard était trop faible pour monter à cheval normalement, et il répugnait à infliger d'avantage de honte au duc en le traînant à travers les rues comme un sac ou de le laisser tituber à pied... Non, il ne pouvait pas lui faire cet affront. Une idée murie dans son esprit en regardant l'inquisitrice de marbre, toujours dans le couloir, en compagnie de son bourrel.

Quand ils arrivèrent à proximité des deux individus, alors que Ka se penchait à l'oreille de son oncle, Kernos s'arrêta face à la religieuse. Son regard brun sombre se posa dans celui de Wilgeforte, mais nulle trace de colère ne se lisait sur son visage, seulement sa froide détermination. Et c'est d'un ton toujours aussi serein qu'il s'adressa à elle.


Monseigneur, j'espère que vous êtes satisfaite du résultat de vos "hautes oeuvres", ainsi que du bénéfice que vous en avez tiré. J'espère que quoi que Sa Grâce ait pu dire sous la Question, cela ne le dispensera pas de votre Amitié aristotélicienne, à moins que celle-ci ait des limites, en lui fournissant une litière afin que nous puissions le ramener à Pierre-Scize, son état ne lui permettant point de chevaucher ou de marcher.

Accédez à ma requête, et nous partirons aussitôt. Car si vous n'avez à répondre qu'à Son Eminence le Grand Inquisiteur nous devons, quand à nous, rendre compte à notre suzerain... et ce que nous ferons afin qu'il puisse exercer son devoir de Seigneur.

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