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[RP] La clairière de la Foi

Matalena
Serait-ce les effluves du mâle emporté par la force de sa propre verve qui attirait ainsi les femelles comme des mouches sur un pot de miel ?
Dans tous les cas, voilà que le tribun se retrouvait cerné de toutes parts par ses ouailles de la gente féminine. Situation qui, par ailleurs, ne lui déplairait peut-être pas.
La jeune femme eut un petit rire nerveux à la remarque de dame Cyrinea. Peur ? Jamais ! Ou si peu... En lui lançant un regard retors, elle murmura :


Avez-vous donc peur qu'il ne vous convainque que vous veniez armée d'un bâton pour vous défendre contre des mots ?

Elle sembla néanmoins enchantée de sa présence, se sentant entre autre soutenue dans son intrusion par la force du nombre.
Mais c'était mal connaître la sus-nommée Cyrinea, et c'est sans plus faire durer cet interminable suspens qu'elle s'avança, fière et décidée, dans le cirque des gladiateurs, mettant sans le savoir les deux pieds dans le plat que Matalena avait souhaité éviter : le tête à tête filial.
Celle-ci pourtant, encouragée par l'audace de sa compagne, lui emboîta le pas, tel un poisson pilote planqué sous son requin, la tête tendue aux quatre vents qui, ainsi, portaient bien mieux les mots qui n'avaient été jusque là que borborygmes. Enfin, en admettant que tout ce barouf n'ai pas alerté depuis longtemps tous les occupants des lieux, voire de la forêt entière.
Cyrinea
Bruits de pas derrière elle, regard en coin, la belle s’avançait aussi, comme mue par une impulsion imitative alors qu’elle était, faut-il le préciser, l’initiatrice de cette intrusion féminine dans l’antre d’un savoir dont Cyrinea n’avait pas encore décidé de l’éventuelle perméabilité sur sa personne.

-Convaincue ? Je pourrais arguer du fait que si je cherche c’est que j’ai déjà trouvé...

Cyrinea sourit par devers elle, et n’avoua pas tout de suite sa peur des insectes les plus improbables ou les plus connus, petits êtres fourbes et rapides qui avaient le don d’hérisser le peu de pilosité se trouvant sur sa peau après qu’elle eût effectué toutes sortes d’opérations savantes visant à ne laisser aucun doute sur sa féminité. Elle reposa néanmoins par terre le bâton, instrument ridicule et fragile d’une peur irraisonnée.

- J’ai plus peur des insectes que de l’Amiral, ajouta-t-elle alors que ses joues s’empourpraient légèrement.
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Sancte
Quel dommage mes amis qu'il ne facture pas ses séances de Lectorat ! Il y aurait là de quoi de quoi faire tomber beaucoup de métal dans son escarcelle. Hélas, si ses motivations spirituelles avaient été guidées par l'argent et le pouvoir, il se serait tout naturellement dirigé vers Rome la putain fastueuse plutôt que vers Genève et sa vertu austère. Le calme de la clairière venait d'être de nouveau très mis à mal par la venue de deux nouveaux énergumènes, et il en avait pour ainsi dire par-dessus la tête de ce remue-ménage dans les buissons. Du coinstot de son enclos, il dardait ses soupiraux sur les demoiselles, qu'il ne tarda pas à identifier. Il s'agissait là de ses bien-aimées et à leur approche, le rustre Sicaire ne put contenir sa joie. En exagérant à peine, au surplus.

Contrairement à ces hommes timides que la subliminale beauté paralysait dans une inhibition castratrice alors que c'était sur leurs incarnations qu'il fallait fondre et non sur les sales moches, le sicaire escamota sa réserve pour accueillir ses nouvelles disciples venant de faire irruption sur son sol. Le mâle en sécurité dans sa cache se demandait si elles n'avaient jamais délibéré ce guet-apens qui lui semblait pour le moins coordonné. Aussi les observa-t-il d'un regard fixe à l'imperméabilité intimidante, qui aurait fait fuir tout le monde. Du moins le monde sensé.


Hé bien je suppose, amies, que vous ne vous êtes pas présentées ici par hasard.

Le lecteur réformé était proprement vanné, car son si beau terrain venait d'être envahi par de vilaines crapules athéistes méritant d'être corrigées à coups de battes bibliques. Pour faire pénétrer la foi en ce genre d'individus, il connaissait cependant plusieurs leviers impérissables qui avaient toujours donné des résultats très corrects. De l'audace et des âmes aussi raisonnées que raisonnables, c'était avant tout ça, la Nouvelle Opinion.

Vous dites avoir plus peur des sales cloportes que de l'Amiral, ma chère Cyrinea, et ma foi vous avez bien raison, car de l'Amiral on ne saurait attendre que de l'amour et de la générosité, dans un monde chargé de violence et de haine dont les papistes que nous connaissons bien font les plus brillants hérauts. lâcha-t-il avec aplomb en se disant qu'il aurait peut-être du biffer de son discours quelques mots qui lui semblaient de trop, les évidences parlant à tous, mais lorsque l'on abordait la question du discrédit Romain, son muscle masséter ne s'arrêtait plus et son propos en venait toujours à s'enflammer lourdement.
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Cyrinea
C’est qu’il avait l’ouïe fine l’Amiral ! En outre, et cela pour le moment personne ne le savait, elle l’avait plutôt bien connu puisque ayant fait momentanément partie de ses troupes, et n’avait donc aucune raison de le craindre mais plutôt de s’amuser à le voir rugir ou séduire, selon son humeur. Il alliait d’ailleurs souvent les deux dans un langage qui ne laissait aucun doute sur le sort réservé à la donzelle du moment.

Elle ne silla donc pas sous un regard qu’il eût voulu rendre tétanisant mais elle connaissait suffisamment ce genre d’énergumène pour ne pas s’en émouvoir.

- Eh bien, outre l’immense plaisir de venir à la rencontre de votre délicieuse personne, ma présence en ce lieu ne doit en effet rien au hasard. Vous m’avez dit l’autre jour que je confondais Dieu et les hommes qui le servaient, et je viens m’enquérir de ce que votre religion réformée a de si différent en la matière de celle que nous abhorrons tous deux.


Elle réfléchit un court instant, afin d’affiner sa pensée, même si, celle-ci étant toujours très fine, elle savait exactement et dans le détail ce qu’elle attendait de lui et qu'elle ne dévoilerait pas tout de suite. La vertueuse Genève était tellement en inadéquation avec les mœurs de son Lecteur ici présent, qu’elle était curieuse de savoir comment il pouvait en suivre les préceptes et qui plus est en être le prosélyte, tout en menant la vie que d’aucuns lui connaissaient.

- Tous les adeptes de votre religion réformée sont-ils aussi austères et vertueux que vous ? Mis à part leur totale absence de cupidité que vous partagez avec eux, bien entendu, comment parviennent-ils à concilier les nombreuses et multiples tentations de ce monde avec leur foi sans subir les foudres divines ? En d'autres termes votre morale est-elle si différente de la leur?

Si Lady Elisa avait été croyante, Cyrinea, cynique sirène qu'elle était devenue, ne l’était plus et était en outre sans cesse, ce dont elle se fichait d'ailleurs éperduement, en proie aux quolibets et au mépris de ceux qui faisaient de la religion aristotélicienne un garde fou souvent très hypocrite à une niaiserie morale derrière laquelle ils s’abritaient lâchement. Elle était donc plus mue par une curiosité intellectuelle que par le besoin de trouver une religion qui lui permît de vivre comme elle le souhaitait tout en n'ayant pas à être la victime de jugements qu'elle traîtait le plus souvent par le mépris.

- Pure curiosité intellectuelle...ajouta-t-elle donc tout en saluant d'un discret signe de tête la jeune femme qui les avaient précédées dans un besoin irrépressible de savoir, dispensé par une tête si bien faite quoique légèrement inquiétante.
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Cyrinea
Rester plantée là à attendre, ce n’était pas son genre. Matalena avait l’air eu prête à intervenir, puis s’était finalement tue, et Sancte restait désespérément muet. Elle se demandait bien pourquoi d’ailleurs, lui qui avait tant de gouaille. Il semblait comme figé, le regard lointain, et peu enclin à la pédagogie.

Finalement, dans un imperceptible haussement d’épaule, elle se détourna, et s’en fut, sans un mot, comme à son habitude quand elle était gagnée par la lassitude.

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Sancte
Non mais pour QUI se prenait-elle celle-là pour être aussi infatuée de sa petite personne ? Pour le premier moutardier du Pape ? Alors qu'initialement il allait lui faire un brillant exposé de toutes les importantes différences qui opposaient constamment l'huguenot du papiste dans leur conception de la morale religieuse, il se rendit à quel point les âmes étaient impatientes, même lorsque se négociait là leur revalorisation.

Après s'être lissé les épaulettes, il encouragea du regard la jeune Tétard à exprimer la décision qu'elle avait arrêté. Rester en acceptant son inexpérience ? Partir avec la fierté reconquise d'une dindonne outragée ? S'indigner au travers de quelques mots d'esprit féminins ?

Parce que pendant ce temps, lui, ce qu'il perdait, c'étaient des heures de repos !

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Matalena
Il faudrait nécessairement conclure de sa réaction soit qu'elle n'avait point d'esprit (Ce qui au regard de son sexe était une possibilité des plus envisageable, donc à ne point écarter) soit qu'elle ne se sentait pas titillée par l'envie de l'exprimer au travers de stériles critiques.

Ou tout simplement encore que, si elle c'était rendue ici, ce n'était pas pour le plaisir de voir une damoiselle s'indigner et quitter le navire, mais bien pour écouter, oreilles brandies et nettoyées de frais, le discours du Sicaire. Aussi resta-t-elle stoïque, malgré le soin manifeste que mit celui-ci à se faire désirer et l'impatience qui commençait à la gagner... Et posa-t-elle son séant au beau milieu de la prairie, entendant ne point le perturber d'avantage dans sa théologique concentration.
Autant lui faire économiser l'usure de ses tympans, son geste seul suffisant à lui exprimer qu'elle se tenait prête, le cerveau et l'âme brandit en étendard pour recevoir de plein fouet l'impacte de ses paroles hérétiques. Ça promet.
Natale
La veille encore il était en la Sainte Lescure toulousaine à humer le parfum de l'encens et à regarder la cire fondante s'étaler en pate molle.

Il va, il vient, toujours en voyage, celui-ci peut-être le plus grand car avant de prendre mer, il prendra et l'épouse et ses terres.
Toujours en affaires, il a toujours à faire.

Dans ses trajets il préfère bien volontiers les faubourgs, moins onéreux et qui sentent encore bon la campagne. Là où il est sûr de trouver quelques bons nigauds prêt à se tanner pour accueillir et nourrir un bon seigneur.
Passant par l'oratoire, il cherche la ferme propice, coupant à travers champs, la monture aplatit les blés et lui continu sa chasse.
Après tout, pourquoi pas, à défaut de ferme, un lièvre ou un perdreau feront bien l'affaire. Après tout, c'est bien un privilège loisible auquel il a droit.

Le destrier poursuit sa noble course et s'enfonce dans le petit bois. Les cliquetis des pièces métalliques rassemblées par les lanières de cuir le précèdent de quelques pas, la monture elle-même prend plaisir dans cette petite chasse matinale.
Quand tout d'un coup il la stoppe, il a cru entendre un bruit par là.

Passent les secondes et place au silence lugubre. Celui qui laisse percevoir le vol du taon et le chant d'un verdier.

Oui c'était par là et c'était même un éclat de voix.

L'on se fait discret, tout prêt à surprendre les braconniers et à leur réclamer la solde. Ce n'est qu'alors que le sabot fait craquer la brindille et laisse s'échapper un vol de geais qui partent de leur buisson à grands fracas. Et la surprise continue quand la clairière apparait et qu’il se retrouve face à un homme et à une femme qui elle repose sur le céans.

Lui du haut de sa monture dévisage ces petites gens. Petites, point forcément d'ailleurs. Point de lièvre et encore moins de perdreau au demeurant.
Il reprend les rênes et fait faire un pas à son destrier et tout en le faisant :

-Holà Bonne gens, que faites vous là ?
La question se poserait-elle ? Du moins il préfère la poser plutôt que de montrer que lui-même s'est fait surprendre.
- Sauriez-vous où je pourrai trouver pitance ?
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Matalena
"Que faisons-nous là ? Oh ben on plante des navets, ça se voit pas ?" Quoiqu'étant donné qu'elle se trouvait maintenant assise sur le derrière juste devant le sir Sancte, tout cela pouvait sans doute prêter à confusion, bien que sans préméditation aucune n'en doutez point.
Enfin, tout de même, il avait dit qu'elle était bonne. Ça méritait au moins une réponse polie, à défaut d'être aimable, non ?

La brunette releva la tête trèèèès haut pour, du sol où elle se trouvait posée, distinguer le faciès de l'homme à cheval. Elle tenta de préciser la vue qu'elle avait de ses traits de visage en plissant les yeux, puis lui répondit :


Bien le bonjour messire ! Si comme moi vous souhaitez vous nourrir de spiritualité, rejoignez-nous donc sur le plancher des vaches. Si au contraire vous n'aspirez qu'à la bassesse de remplir votre estomac, Montauban et son marché se trouvent par là.

Dit-elle en pointant son index gauche vers une direction quelconque qui devait sans doute être celle de la ville.
Sancte
Le Sicaire si fréquemment mis à l'index s'étonnait encore que de relatifs inconnus débarquent dans son champ pour lui cracher autre chose que des injures à la gueule. Le fait qu'on vienne le perturber en pleine préparation de séance de lectorat le dégoûta sensiblement, puisqu'il devait escamoter son enseignement pour distiller des renseignements qu'il considérait comme triviaux. Comment contribuer dans ces conditions à briser l'aveuglement des Hommes unis dans l'erreur papiste ? Subséquemment à cette contrariété, il se désolidarisa de sa mauvaise humeur et interpela le type, l'air affable et les paupières déplissées.

Je travaille monsieur le gentilhomme. Sachez que pour les free-lance de la foi tels les Chevaliers errants de la Réformation, il n'est point de dimanche qui tienne.

Le Sicaire dissimula l'agacement qui était présentement le sien et qui lui hérissait les poils. Mais finalement, à la prose de la jeune femme, il associa son habile approbation ainsi qu'une nouvelle directive remarquable qui contribuerait selon toute apparence à son divertissement. Le tout était au fond que le Sieur ne se paume pas dans l'étendue de la cambrousse Montalbanaise.

La ribaude parle vrai, étranger. Mais sache que si tu pousses ta monture sur la route de l'Est, tu passeras devant le Manoir Albar. De là, il te suffira de descendre le sentier cahoteux à raide pente qui te mènera à la Flamboyante, taverne la plus estimée et la plus estimable de Montauban-la-Réformée, où tu pourras te restaurer à loisir, toi ainsi que ton cheval, que ce soit dans la salle principale ou dans le tripot attenant.
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Natale
Terrible tentation pour le vicomte, terrible confrontation également.
Il était en présence de ces soit disant Réformés dont il avait souvent entendu l'écho mais n'avais jamais vu le bout du nez.
De même il ne savait point le nom de ces deux âmes. Deux inconnus et lui était tout autant pour eux.

Du reste quelle drôle de manière que de faire la messe, ainsi à deux, perdus au milieu d'une clairière... quels drôles de rites.
Néanmoins l'invitation avait été lancée, faiblesse ou curiosité il était curieux de pouvoir entendre l'un de ces prêches.
Que dire, parbleu que dire....

Ils lui avaient coupé la chique, voir même la faim. Aussi le politicien trouva t-il la réponse d'un soit disant papiste pour répondre à celui qui semblait le Maître.

-Fichtre, merci pour l'adresse mais nous ne pensons point avoir à goûter de ces mets à l'avenir

Un regard alentours, point de témoins pour le moment et si quelqu'un esgourdait et voyait que dirait-on ? Il fallait s'en prémunir tout en laissant la porte ouverte à la parole différente.

Il décida donc de ne point descendre de sa monture -une manière de ne point répondre tout à fait à l'invite- et resta là regardant malgré tout ledit Maître d'un air de dire : "j'attends".
Comme on dit : la parole est d'argent mais le silence est d'or.

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Sancte
Un étranger qui joue l'Arlésienne en clairière de la foi. Voilà qui n'était guère commun. Au surplus, la politique de la maison n'était point de se montrer avenant à l'excès avec ceux dont on pouvait douter des intentions véritables qui les animaient. Fidèle à ses réflexes de combattant, le Siciare chercha du regard d'éventuels acolytes en planque aux alentours, fussent-ils réels ou supposés, Aristotéliciens Romains ou simples mécréants. Le lourd silence qui suivit finit néanmoins par le désolidariser de sa suspicion, et il s'offrit au gentilhomme tel qu'il était: ni plus ni moins qu'un modeste ouvrier de la foi des origines, dépouillée de la pléthore d'icônes et de superstitions dont l'ont affublée les papistes pour mieux tromper le fidèle au moment de la quête.

Hé bien puisque ces mets ne suffisent pas à ton bonheur, nul doute qu'il fera le nôtre. Toi qui a amené ta monture, va donc nous chercher de quoi nous sustenter au lieu-dit. Nous te paierons au besoin pour cela.

Contrairement à ceux qui dissimulent leurs arrière-pensées comme leur argenterie, les envies tapageuses du Sicaire étaient à l'origine de sa richesse.



HRP: Fin de la scène sur ce topic. Pour toute réponse à ce post précis, merci d'ouvrir un autre sujet, j'y participerais avec plaisir

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Sancte


Ouverture de la troisième séance.

Cette séance de lectorat peut être visible IG. Pour cela, cliquez sur le bouton "Hors de la Ville" de l'interface.



Ce matin là, le Lecteur réformé retrouva en sa clairière tous ceux qui refusaient ou avaient renoncé à se jeter dans la gueule du loup papiste. Il disposa ses accessoires autour de lui avec une méticulosité qui lui rappelait le temps qu'il avait passé dans la marine, à aménager au mieux la cabine réduite qu'on lui octroyait parfois dans les grands vaisseaux. En observant l'assistance, il fut surpris de tomber sur des visages qui lui étaient jusqu'alors inconnus, lui confirmant l'intuition qu'il ressentait sur le net regain d'influence des enseignements de la réforme sur les esprits de sa communauté.

Afin qu'il puisse officier au mieux, il avait décidé de laisser de côté les tirades trop pompeuses qui emmerdaient davantage les foules qu'elles ne les captivaient.






Il avait plusieurs choses à faire avant de commencer.

Premièrement, en tête de liste, plier son livret de prières qui lui avait tant de fois permis d'échapper au vice alors qu'il en crevait d'envie, pour mieux le maintenir contre lui - le livret évidemment ! Point le vice.
La prière, il le savait, permettait à l'Homme d'éviter la perdition en se confiant à Dieu. Contrairement à ceux qui dédaignaient l'expression de leur foi, le sicaire pouvait tout à fait les réciter de mémoire.
Secondement, entamer la lecture.






La tête ailleurs, il pensait déjà à clore ce qu'il n'avait pas encore commencé et sentait qu'il aurait peine à produire les mots d'esprit qui avaient fait sa réputation.

Très chers religionnaires, je suis heureux de me retrouver de nouveau parmi vous afin que nous puissions partager ensemble la sagesse des Écritures. Je vous ai choisi aujourd'hui les logions de Christos, le prophète qui nous a légué la conscience religieuse.


Les Logions de Christos a écrit:
Les 21 Logions de Christos.



Ici sont consignés les sentences de Christos le Sage, enseignées par Samoht et transmises jusqu'à nous de générations en générations.


Logion 1: "Il n’est de noblesse que d’âme, et c’est dans votre cœur qu’il vous faut être noble. Mais sachez que même ainsi, vous serez vulnérable, car la noblesse est souvent blessée par la bassesse."

Logion 2: Les disciples disaient à Christos : "Maître, ces marginaux ne nous apportent rien, et Aristote nous met en garde contre ceux qui fuient la cité !"
Christos leur répondait : "Disciples ! Vivez pour les autres au lieu d’attendre des autres qu’ils vivent pour vous. C’est à la cité d’accueillir les marginaux, et non aux marginaux d’aider la cité. "

Logion 3: Les disciples demandaient à Christos : "Maître, après que le Très Haut ait choisi Aristote pour nous enseigner, pourquoi faut-il qu’à présent il te choisisse pour faire de même ? Le message d’Aristote n’était-il pas complet ?" Alors Christos répondait : "Mes amis, l'âme est composée de deux parties: la compréhension et le savoir. Aristote est venu vous apporter la compréhension, moi je suis venu vous apporter le savoir. Entre Aristote et moi se tient toute la différence qui existe entre convaincre et persuader. "

Logion 4: Parfois, devant les démonstrations métaphysiques que les disciples lisaient d’Aristote, il arrivait qu’ils soient découragés. Il demandaient alors : "Maître, a-t-on raison d’être rationnel ?" Et Christos répondait : "La foi apporte la vérité. Mais pour la comprendre, il nous faut user de la raison."

Logion 5: Et Christos disait : "La raison et le mysticisme permettent tous deux de comprendre Dieu, chacun d'eux se retrouvant dans chacun de nous. A vous de trouver votre chemin vers le Très Haut en vous inspirant de la raison d'Aristote et de mon mysticisme."

Logion 6: Mais Christos nous mettait en garde : "La raison, sans l’assentiment du cœur, est comme un coquillage vide. L’essentiel est ailleurs, et Dieu dépasse les querelles de partis."

Logion 7: Christos disait : "L’amour que l’on porte à nos parents ne ressemble ni à celui que l’on voue à notre conjoint, ni à l’amitié que l’on offre à nos amis. Cet amour se trouve sans doute entre les deux, fait de l’un et de l’autre. C’est ainsi qu’il faut aimer Dieu."

Logion 8: Parfois, les disciples se goinfraient des mets que leurs hôtes leur servaient. Puis ils s’alanguissaient sur les lits confortables qu’on leur proposait. Enfin, le lendemain, ils rendaient service à ces mêmes hôtes en travaillant pour eux. Mais Christos se questionnait : "Nous mangeons pour vivre, nous dormons pour vivre, nous travaillons pour vivre … Mais pour quoi vivons-nous ?"

Logion 9: Parfois Christos nous conseillait : "Si pour vous la vie n’a pas de sens, alors aimez la vie plus que le sens de la vie. N’attendez pas de mourir pour comprendre que vous passez votre vie à côté de la vie. Rappelez vous : Nous ne sommes pas nés seulement pour mourir, nous sommes nés pour vivre."

Logion 10: Et concernant l’attitude à avoir concernant la vie de tout les jours, Christos martelait : "N’attendez plus rien de la vie. Non comme des blasés, mais comme ceux qui savent qu’à chaque instant, tout leur est infiniment donné."

Logion 11: Et lorsqu’on demandait à Christos comment l’on pouvait trouver le bonheur, le prophète répondait: "Le bonheur réside dans les choses simples, et non dans les raisonnements compliqués qui rendent les gens malheureux. Car comment être heureux lorsqu’on s’interroge sur des mystères que Dieu à fait si complexes que nous ne les comprendrons qu’une fois arrivés dans les cieux ?"

Logion 12: "La lumière du soleil dissipera alors nos craintes, nos doutes, nos angoisses, nos interrogations, nos haines et nos chagrins. Sa chaleur nous ôtera de l’inconfort et du froid. Les reflets de la lune amèneront l'eau, amplifieront le mouvement, apporteront la prospérité et engendreront la fécondité de toutes les espèces. Sa générosité nous préservera de la famine et de l'acédie."

Logion 13: Sur l’amour, Christos disait parfois : "L’amour est enfant de bohème, qui n’a jamais, jamais connu de loi." Un jour, un de ses disciples, amoureux d’une belle paysanne, se vit rejeté par celle-ci. Alors Christos dit : "L’amour est enfant du salut, qui n’a jamais, jamais connu de loi."

Logion 14: A des mécréants venus le contredire, Christos répondit : "Croyez en Dieu, car hors de Dieu et de la religion, point de vérité n’existe, il n’est point de valeurs, il n’est point de sens; rien n’existe hors de Dieu. En revanche, son existence est gratuite, donc, croyez en lui et arrêtez de me les casser menu."

Logion 15: A des hommes qui se battaient, Christos a dit : "Mais vous allez vous aimer les uns les autres, au nom de Dieu !"

Logion 16: Lorsqu’il parlait de la vie, Christos s’exaltait : "Densité des densités, tout n’est que densité." ou : "Un homme vaut plus que tout ce qu’il a fait, que ce soit bon ou mauvais", ou encore : "La vie ne vaut rien, rien, mais moi quand je tiens dans mes mains éblouies les deux petites mains de mon ami, alors je dis rien, rien ne vaut la vie !"

Logion 17: À ceux de ses disciples qui s'interrogeaient sur la perfection de la société des Hommes, Christos leur disait : "Autant la plaine est une montagne plate, autant les Hommes entre eux doivent-ils être de même hauteur".

Logion 18: A ceux auxquels le Très Haut semblait inaccessible, même après les démonstrations d’Aristote, Christos disait : "Pour approcher Dieu et la compréhension de l’univers, l’art est pour vous un plus sûr moyen que la raison et que la philosophie. Figurez vous un corps en putréfaction, les intestins pourrissants, les yeux gobés par la charogne, les chairs partant en lambeaux. Et dites vous que ce corps à été capable d’aimer, de penser, de ressentir, de faire l’amour, de pleurer, mais aussi de composer de la musique, de peindre des fresques, d’écrire des poèmes … Autant d’œuvres dont l’on peut encore profiter aujourd’hui."

Logion 19: Christos disait : "Si vous vous demandez: Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Alors vous pouvez vous répondre à vous même : Je suis moi, je viens de chez moi, et j’y retourne."

Logion 20: Et souvent, debout tel une allumette, Christos nous confiait : "Au cœur du refoulé gît parfois notre cohérence."

Logion 21: "Méfiez vous des croyances dévoyées, mes amis… car les hérétiques sont comme les fourmis, ils reviennent toujours."


Traduit par Fra Dolcino.



Au travers de son intonation, il ne semblait pas avoir reçu l'action divine et craignait que le nombre important de logions ne rende le message diffus, même si pour le croyant attentif, il ne pouvait qu'être saisissant.

Comme vous le savez, confrères huguenots, notre cité subit une tension sans précédent, où la moitié de la ville passe son temps à balancer des serpents à la gueule de l'autre sans se soucier ni des répercussions, ni des conséquences qu'engendrent leurs actes.

A l'instar de Christos, le Sicaire du Lion savait se montrer vif dans l'urgence pour prêter main-forte à sa communauté, par le geste ou par la prose, en négligeant les frivoles qui s'étaient détournés du mot de Dieu. En échange, il recevait souvent de leur part, au travers des soupiraux réduits de leurs orbites, une expression de causticité ou de cruauté. Mais résolu à ne pas quitter la clairière avant d'en avoir terminé, il entama la problématique des votes qui provoquait toujours un chahut intégral au sein d'un public psychologiquement fragile.

Le Clergé Romain nous dit: nous sommes amour. Nous n'interdisons à quiconque de se présenter aux élections ! Nous ne brûlons personne ! Nous sommes animés des meilleurs sentiments de fraternité !

En ce cas, pourquoi les procès ? Pourquoi les excommunications à la chaîne ? Pourquoi le Concordat, si ce n'est pas pour exclure toute remise en cause du Dogme, menacer tout contradicteur du Clergé, et s'arroger un pouvoir en disqualifiant une frange du peuple que l'on prive de ses droits en lui interdisant de se soumettre au vote des citoyens de Guyenne ? Si comme le dit Christos dans le 17e logion: "Autant la plaine est une montagne plate, autant les Hommes entre eux doivent-ils être de même hauteur", quelle peut être la légitimité d'une élection lorsqu'une partie des candidats ne sont pas autorisés à se présenter, à défendre tout à la fois leurs chances et leurs idéaux devant le peuple de Guyenne ? Qu'on ne s'étonne plus dès lors que les candidats que nous ayons sont les yeux nous proposent des programmes bonnet-blanc et blanc-bonnet: ils répondent aux mêmes impératifs pour exister. A savoir la soumission au clergé.

Nous avons là pleine et majeure illustration de l'hypocrisie et de la cruauté de l'institution cléricale, qui tend la main d'un côté pour mieux broyer celle des croyants de l'autre en lui imposant une hiérarchie nuisible et sans fondement, puisque l'Aristotélicien véritable est un homme libre dans sa relation à Dieu, soumis à nul autre.


Tout comme un cureton, le lecteur réformé sembla croître et se déployer ostensiblement sous l'ampleur de sa harangue, ses trous d'homme fixant l'auditoire. Depuis son retour de la campagne Béarnaise, il n'avait guère eu l'occasion de prêcher pour le compte de la Réformation. Un type à l'arrière se renversa sur son rondin de bois. Encore un qui n'avait pas résisté au sommeil, sans doute.

Néanmoins, amis réformés, en ces circonstances, gardons à l'esprit que ces regons ne regardent que le Très-Haut. Conformément au 15e logion où Christos laisse éclater son indignation: "Mais vous allez vous aimer les uns les autres, au nom de Dieu !", ne sombrons pas dans la facilité de la violence et de la provocation. Face à l'adversité, demeurons fermes et résolus, dans un constant souci d'exemplarité. Croyez l'homme de guerre: dans le Chaos engendré par l'usage intempérant du fer et du feu, la foi ne triomphe jamais. Jamais !

Or, c'est elle que nous défendons. Je l'ai dit et redit, répété par monts et par vaux, de jour comme de nuit: vaincre ne sera jamais convaincre. Seul le clergé est l'usurpateur. Seul le clergé est l'ennemi. Et parmi ceux-là même peut-on trouver des Hommes dont la foi est sincère et véritable et qui malgré leurs erreurs, accèderont au jardin des délices quand les autres iront pourrir dans la montagne de désolation.


Le Lecteur coupa le débit et laissa tomber les gesticulations d'usage de l'orateur emphatique qu'il préférait échanger contre une brutalité inapte à toute forme de prêtrise. Elle se lisait pleinement sur ses traits guerriers, puisqu'en ces instants, il était fort avare en mouvements.

Ces derniers, charlatans suprêmes, sont faits comme des rats. Le sacerdoce du croyant a vocation universelle. Nous portons tous en nous le germe de la foi. En tant que tels, nous partageons une immense responsabilité: ce que je fais ce jour d'hui devant vous, n'importe lequel d'entre vous pourra être amené à le faire, ici ou ailleurs.

Ses billes épuisées tranchaient avec le rire sec qu'il laissa échapper l'instant suivant. Un rire dément, d'un type qui ne pouvait qu'avoir croupi trop de jours dans un hospice de dégénérés. Mais ses aboiements ne se tarirent pas. Au contraire. Il crânait littéralement pendant qu'il se libérait de toute entrave morale.

Tant que la situation en ville ne se sera pas apaisée, sortons le moins possible. Toujours à deux ou trois, au minimum. Armés. Armure sous le pourpoint. Mais sans provocation. En parallèle, évitons à tout prix la volante qui ne porte pas nos couleurs.

Son prêche terminé, il vérifia que son pistolet Milanais occupait toujours les fontes de son ceinturon, puis félicita ses frères avant de partager avec eux le pain de l'amitié destiné à guérir les maux de l'âme en les libérant des menottes de l'égoïsme. Il enleva toutes les miches chaudes au dessus du foyer et maintint subséquemment son air d'hérétique allumé pour demander aux autres impies:

Daignerez-vous partager avec moi le pain de la fraternité, afin que nous nous souvenions tous que comme l'affirme Christos en son 11e logion, "le bonheur réside en des choses simples" ? Car ce n'est pas la fortune qui rend heureux, chers camarades, mais l'usage que l'on en fait.

Abandonnons donc nos crucifix à l'esbroufe, écartons nos éventuels majors réformés de table d'hôte, et faisons ripaille !

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--_darius
Tiens, voila la Fée Mazda, lumière de ma vie!

Aujourd'hui, Darius est en ébullition. Il marche d'une allure qu'Istanga qualifie en son for intérieur de pas d'Hannibal. Pourquoi? Aucune idée, il faudrait le lui demander. Il faut avouer que c'est assez surprenant de le voir ainsi lever le genou très haut avant d'avancer et de laisser son pied s'écraser lourdement sur le sol, comme s'il voulait écraser les petites créatures horriblement sournoises qui lui font des pieds de nez. Mais qu'on se rassure, seuls quelques vers de terre ou insectes malencontreusement présents subissent le poids des réflexions de Darius.

Oui, car Darius réfléchit, et ce pas lourd rythme ses pensées, l'aide à ranger dans les cases idoines les informations de toutes sortes qu'il reçoit en abondance depuis son arrivée en Guyenne. Tempête sous un crâne, tohu-bohu dans les pensées, charivari dans les croyances. Dur quand on a quatorze ans de faire un tri entre ce qui se doit d'être su et ce qui peut s'oublier.

Le cercle de sa marche rythmée commence à apparaître dans les herbes hautes du jardin lorsqu'il s'arrête devant Istanga installée sur le banc et lui demande :


Zoorastriste, ça veut dire qu'on copule avec des animaux?


Istanga, si elle tricotait, en aurait lâché son ouvrage mais, comme elle ne s'adonne pas à cette activité inconnue d'elle, elle se contente de pousser un "Rhooooo" indigné, avant de se lancer dans une explication hasardeuse.

ZoRoastriste, bad pesar! Ne joue pas ainsi avec les mots! Le zoroastrisme, c'est croire en la dualité de l'être vivant.

Peu convaincu par la lapidaire explication, le garçon grogne :

Ah....

L'esprit du mal et l'esprit du bien cohabitent en chacun de nous.


Aaaaaah! J'ai compris! Dualité, duel! Est-ce que ça veut dire qu'il y a un méchant Darius et un gentil Darius dans mon corps? Et qu'ils se battent pour être le maître de mon corps?

Pour le coup, Istanga est décontenancée. Elle sent confusément qu'elle va s'engager en terre inconnue et que ce qu'elle peut dire peut influer la pensée de son fils. Elle a du mal à choisir les mots neutres, cherche une échappatoire, mais en vain.

Bon, avant l'arrivée de Zoroastre, qu'on appelle aussi Zarathoustra, comme ton précepteur... la vision de ce dernier lui amène un sourire amusé... tes lointains ancêtres croyaient en une multitude de dieux.

Elle s'interrompt et se lève, prend Darius par le bras et l'entraîne.

Sortons, nous allons écouter le prêche, dans la clairière de la foi. Nous discuterons en chemin.

C'est ainsi qu'avec hâte ils marchent vers le lieu dit, tandsi qu'Istanga reprend.

Donc, Zoroastre arriva et dénonça les anciens dieux. Ahura Mazda fut dès lors considéré comme le seul et unique dieu de la création, perpétuellement assiégé par Ahriman, principe de l'obscurité. Ahura Mazda créa les hommes, le bétail, le feu, la terre, le ciel, l'eau et les plantes. Selon Zoroastre, c'était Ahura Mazda qui rendait la lumière visible, et c'est pourquoi il était souvent représenté comme étant le soleil.


La journée s'annonce magnifique, un vent léger fait bruisser les feuillages. Istanga et Darius arrivent à la clairière où déjà bon nombre de croyants se sont amassés autour de Sancte. Le prêche vient à peine de commencer et la conversation des deux arrivants s'éteint pour laisser place à une écoute attentive.
Simone_de_beauvoir
À l'annonce de la reprise des séances de lecture, dont elle n'avait encore pu profiter, Simone s'était rendue à la Clairière, une Crystal à son bras. Assise en tailleur dans l'herbe humide, elle écoutait attentivement l'Amiral, du mieux qu'elle le pouvait du moins. Dès ses premières paroles, un soupçon de panique l'envahit. Voilà, la lecture commençait à peine et elle n'en comprenait même pas le titre. Les sourcils froncés, elle tâcha de se concentrer. Logions, logions... Avait-ce un rapport avec la logique ? Elle se remémora un terme entendu récemment au sujet de Constant Cortéis : logorrhée. Sans en connaître le sens exact, elle subodorait qu'il touchait au verbe. "Logions" pouvait donc concerner la logique comme la parole. Elle décida de le traduire par "paroles logiques", qui lui semblait cohérent en l'occurrence.

Soulagée de s'être débarrassée de ce premier obstacle à sa soif de savoir, elle se reconcentra sur la lecture et se remit immédiatement à paniquer. C'était à prévoir, à force de réfléchir, elle avait raté le début. Aussi fébrile qu'une gamine en retard pour son premier jour de classe, elle tentait désespérément de se rattraper aux branches : disciples âme, compréhension, savoir...

"Entre Aristote et moi se tient toute la différence qui existe entre convaincre et persuader."

Ah ! Voilà enfin qui lui parlait. Jamais en effet elle ne s'était embarrassée de chercher à convaincre qui que ce fût, cependant la persuasion avait ses bonnes grâces. Rien d'étonnant d'ailleurs à ce que Sancte en fît mention, lui le charismatique meneur d'hommes à l'image de Christos lui-même. À cette pensée une once de culpabilité l'effleura. Était-ce blasphématoire ? Elle décida que non, puisqu'après tout Christos n'était qu'un homme. Le blasphème ne pouvait toucher qu'à Dieu.

De nouveau perdue suite à ses tribulations mentales, elle ne s'en formalisa pas cette fois et reprit son écoute.

"L’amour que l’on porte à nos parents ne ressemble ni à celui que l’on voue à notre conjoint, ni à l’amitié que l’on offre à nos amis. Cet amour se trouve sans doute entre les deux, fait de l’un et de l’autre. C’est ainsi qu’il faut aimer Dieu."

Voilà qui tombait bien. Si elle ne connaissait ni l'amour marital, ni charnel, et que l'amitié l'avait déçue, en revanche l'amour qu'elle portait au souvenir de sa mère n'avait jamais faibli, l'avait toujours accompagnée et soutenue, comme la portait sa foi en un être supérieur.

Sans comprendre précisément chacune des paroles rapportées, elle les laissait entrer en elle, y imprimer leur sagesse et leur vérité. "Si pour vous la vie n’a pas de sens, alors aimez la vie plus que le sens de la vie... N’attendez pas de mourir pour comprendre que vous passez votre vie à côté de la vie... Nous ne sommes pas nés seulement pour mourir, nous sommes nés pour vivre... N’attendez plus rien de la vie. Non comme des blasés, mais comme ceux qui savent qu’à chaque instant, tout leur est infiniment donné... Croyez en Dieu, car hors de Dieu et de la religion, point de vérité n’existe, il n’est point de valeurs, il n’est point de sens... Rien n’existe hors de Dieu. En revanche, son existence est gratuite, donc, croyez en lui et arrêtez de me les casser menu."

Elle esquissa un sourire amusé en entendant cette dernière phrase. Décidément, sa comparaison entre Sancte et Christos tenait la route.

"Si vous vous demandez : Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Alors vous pouvez vous répondre à vous même : Je suis moi, je viens de chez moi, et j’y retourne." Le sourcil froncé, elle se demanda comment interpréter cette injonction, elle la vagabonde solitaire loin de son foyer, qui comptait ne jamais refoutre le moindre doigt de pied sur son lieu de naissance. Sans doute y avait-il un sens plus profond derrière la trivialité apparente du propos, mais elle ne savait au juste dans quel sens le tourner. Elle y réfléchissait encore lorsque le lecteur les invita à partager le pain de la fraternité. L'esprit encore embrumé de réflexions et d'idées nouvelles, elle se leva d'un air pensif.

Oui, partageons.
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