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[Rp] La mémoire dans les Tresses....

Insanius
[Une Tresse entourée de folles...]

A peine a t il finit de parler que l'une des trois Parques se jette à moitié sur lui... Son visage s'approche du sien, trop près pour qu'il puisse continuer à la regarder. Ses yeux lui font mal, la douleur remonte dans son crâne, l'étourdis...
Il clôt les paupières un instant puis repose son regard sur elle.


c'est bon, arrête, c'est plus marrant ton petit jeu ! tu commences à me faire peur, t'as fait marcher les autres mais avec moi, ça ne marche pas! Allez, arrête, c'est plus drôle du tout !


Arrêter... Jeu...

Il ne comprend pas vraiment de quoi elle parle... Il se rend compte simplement, qu'elle est agacée... Qu'a t il fait? Pourquoi réagit elle ainsi?
Peut être le connait elle vraiment... Peut être qu'elle n'accepte pas qu'il ne se souvienne pas...
Mais alors... Alors il a déjà vécu... Non.. Impossible... Il ne se rappelle pas... Pourtant il sait des choses... Comment a t il pu les apprendre si ce n'est en ayant déjà vécu?

Dans son crâne, la tempête se lève... Il ne peut que renvoyer un regard désespéré à la jeune fille... Il ne sait que lui dire.

Lentement ses mains viennent encadrer son propre visage, il est épuisé... Il veut dormir...

Les deux autres Parques choisissent ce moment pour parler à leur tour... L'une pour se présenter... Vinou... un nom qui pas plus que les autres ne fait remonter un quelconque souvenir...

Ensuite, la petite, celle qui se nomme elle même Ysaure annonce un changement... Ils vont partir, l'emmener... Dans sa poitrine son cœur s'agite... Partir, oui, fuir cet endroit et trouver un lieu qui l'aiderait...

D'un hochement de tête il donne son accord et se relève comme il peut... il titube, il divague... Mais finalement il tient debout... Fier, il sourit...



édité pour rajout de texte...

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Carmeen
[Toujours dans ce lieu néfaste et puant, sans vie, sans sens, sans souvenirs]

Figée, surprise, choquée, telle est Carmeen à ce moment, incapable de prononcer quoi que ce soit, les pupilles toujours rivées sur celles d'Insanius. Non, pas celles d'Insanius, mais plutôt d'un inconnu, d'une coquille vide. Elle est assise à côté d'un corps sans âme, inanimé et mutilé, et elle est observée par des yeux dépourvus de sentiments, c'est le désert, le néant. Son esprit mort est dans un corps en vie. Il faut croire que l'existence à un prix... et que ce prix est encore plus coûteux lorsqu'on revient de la guerre.

D'ailleurs, la main aux bagues serpentiformes qui s'était posée machinalement sur son épaule est aussitôt enlevée pour se cacher dans des nippes multicolores. Je ne touche pas les inconnus. Une vent à la fois doux et glacial vient refroidir l'atmosphère, déjà pas très chaleureuse. Bizarrement, la brune ne sourit plus, pas même un petit ironique ou amusé. Ses yeux aux étincelles d'espoir redeviennent normaux, sombres et durs. Sa capuche recouvre de nouveau ses cheveux.

Elle a compris, la gitane, pas besoin de dessin. Lentement, elle se relève. Ses billes noires croisent Ysaure, qui lui sourit franchement, sans arrière-pensées. Pour la première fois depuis leur rencontre, Carmeen prend le temps de la détailler. Quel âge a t-elle ? Sa frimousse est encore celle d'une enfant, pourtant chacun de ses gestes, chacune de ses paroles sont réfléchies et dégagent une maturité dont beaucoup ne font pas toujours preuve (qui a dit que Carmeen comptait pour plusieurs ?).

D'un signe de la tête, la gitane acquiesce. Va pour chez l'papa. De toute façon, elle a nulle part où aller pour l'instant... et changer un peu d'air ne fait pas de mal, gratuitement en plus, ça c'est de l'occasion !
Le tressé se lève, titubant, craquant comme un vieux bois mort, trop sec, trop abîmé. Et il est fier, en plus ! Les sourcils froncés, comme pour contenir une colère naissante, Carmeen va faire un tour du côté du carrosse pour voir Cijisui. Bien sûr, au passage, elle lance un furtif clin d'œil au cocher visiblement coincé et intimidé par une telle attitude. On se détend comme on peut, hein !
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Ysaure
[En partance pour Toulon]

Le Tressé parvint à se mettre seul debout, tel un enfant en bas âge qui fait ses premiers pas. Ses yeux, jusqu’alors éteints s’illuminèrent d’une sorte de joie et de fierté. On l’aida à grimper dans le carrosse puis chacun prit sa place autour de lui. Ysaure fit signe à Jean qu’il pouvait y aller, fit un sourire timide à chacun des occupants puis se cala dans un coin, les yeux rivés sur le champ de la bataille.
Remuée par les cahots de la voiture brinquebalante, l’esprit de la jeune fille ne tarda pas à vagabonder.

Elle allait revoir son père. Elle en était ravie. Cela faisait plusieurs mois qu’elle ne l’avait pas vu. Elle se remémora sa dernière visite au couvent. La guerre faisait déjà rage en Provence et elle avait trouvé son père, fatigué et las. Il ne lui avait rien avoué mais elle avait compris aux remarques cinglantes de la Mère Supérieure que sa donation n’avait pas été aussi généreuse que d’habitude. Elle en avait déduit que son père, comme beaucoup certainement, se ruinait petit à petit. Il était drapier de son état et on comprendra aisément qu’en temps de guerre les commandes de draps ou autres toiles n’abondaient pas. Mais on ne pouvait pas entièrement rendre la guerre responsable du déclin du commerce de son père et cela Ysaure l’avait compris au fil des visites que son père lui faisaient au couvent.
Devenu Maître de la draperie très jeune, Etienne Guillet avait pourtant connu une longue période de prospérité. Mais à la mort de sa femme, son entrain disparut et ses affaires commencèrent tout doucement à péricliter. Ysaure était alors trop jeune pour s’en apercevoir.
Elle avait l’image d’un père aimant, attentif et doux. Avait-elle alors fait un amalgame entre douceur et lassitude ? Lassitude et profonde tristesse, c’est cela qu’elle voyait maintenant dans les yeux de son père. Dès qu’elle lui posait des questions sur sa mère, ses épaules se courbaient, ses lèvres se mettaient à tressauter et son regard s’embrumait. Ysaure changeait alors immédiatement de sujet.
Il ne faisait aucun doute que Maître Guillet ne s’était jamais remis de la mort de sa femme.
Ysaure en était triste pour lui. Elle espérait que sa présence lui ferait du bien. Elle comptait bien aussi relever ses manches et l’aider à remettre la draperie à flots. Si toutefois, les ouvriers et apprentis se laissaient gouverner par une femme.
Ysaure poussa un gros soupir et réalisa soudain qu’ils arrivaient aux portes de la ville.
La Draperie était située proche du Port, dans le quartier de la Savonnière, ce qui était pratique pour déverser dans la mer les produits corrosifs utilisés pour teindre les draps.
Ce jour-là, Ysaure se dit que c’était une chance de vivre en dehors des remparts de la ville. Ainsi, ils n’auraient pas à subir les questions des gardes qui surveillaient chacune des portes de Toulon.

Elle murmura aux trois autres dans un sourire charmant :

On arrive…

Virginia_
[Tissons jusqu’à la folie … ? ]

Surprise par la réaction d’Ysaure, Vinou n’avait pas vu celle de Carmeen et en était confuse. La déception de la zingara la laissait perplexe, ne comprenant pas réellement les sentiments que celle-ci pouvait éprouver. C’est vrai, pour elle le Tressé était un inconnu après tout, elle ne l’avait jamais vu avant et qui sait si elle le reverrait après ? Pour elle, la réaction était peut-être un peu incongrue mais pas tant que cela, finalement, elle ne savait comment il aurait réagit « avant ».

Distraite un instant, elle porta un peu plus d’attention sur les deux femmes présentes avec elle. A elles trois, elles auraient peut-être pu passer pour des sœurs, trois sœurs détentrices du sort d’un homme entre leur main.

Laquelle serait «la Fileuse » ? La plus jeune, certainement la jouvencelle. «La Répartitrice » ? Si ses souvenirs étaient bons, elle portait des fuseaux autour d’elle, cela ne pouvait être que la gitane. Il ne restait plus que « l'Implacable », habillée de noir et la plus âgée des trois. En un mot … elle... Vinou secoua la tête, elle ne voulait pas être une des « Moires » et surtout pas celle qui déciderait du moment de la mort du Tressé. Elle l’avait déjà donnée bien trop souvent à son gout.

Reportant son attention sur l’homme, elle vit que celui-ci avant entrepris de se lever. Chancelant au début, il semblait à présent fier comme … Artaban ? Non, il n’était point un roi Parthes ou alors, il le cachait bien … Un paon ? Vinou l’imaginait mal en volatile au plumage d’une beauté délicate … Un coq ? Certes pas, aucune arrogance ne transperçait de lui… Mais alors fier comme … ? Comme un enfant faisant ses premiers pas, tout simplement. Oui, il avait la fierté particulière qu’ont les enfants qui grandissent. Le sourire aux lèvres, elle le vit avancer, se diriger vers leur moyen de transport vers lequel la bohémienne allait déjà. Elle les suivit jusqu’au carrosse qui les transportait elle ne savait où mais cela avait-il encore de l’importance au fond ?

Elle se reperdit dans ses pensées, les laissant aller jusqu’à ses trois enfants qu’elle avait laissés dans son Comté avec leur gouvernante, puis vers sa dernière-née, ici, en terre Provençale, qu’elle avait laissé aux soins de sa sœur de cœur et qui était fort heureusement repartie dans le Royaume, un soupire s’échappa de ses lèvres. Elle était lasse de tout cela, lasse de cette guerre, de ces affrontements mais elle avait donné sa parole et ne pouvait revenir dessus. C’était une question de confiance, de respect de soi et des autres, c’était tout bonnement sa nature profonde.

L’annonce de leur arrivée par la jeune Ysaure la ramena à l’instant présent. Elle espérait que personne ne viendrait leur demander des comptes, que nul garde n’aurait l’idée de venir fouiller une malle Provençale. Elle les ragarda tous les trois avant de prendre la parole de sa voix douce mais déterminée.


S’il y a quoi que ce soit qui se passe, je suis la seule Française dans cette voiture. Vous êtes tous les trois Provençaux. Vous n’aurez qu’à dire que je vous ai menti et que vous ne vous en doutiez point.

Avant de terminer, elle fixa Ysaure de ses prunelles azures.

Il doit arriver avec vous chez votre père. C’est bien compris ?

Vinou savait qu’étant donné les fonctions qu’elle avait exercées même pour quelques jours, elle était la seule à pouvoir être reconnue, elle savait qu’Insanius n’était pas fiché, peut-être l’était-il « officieusement » mais pas « officiellement » et elle doutait que Carmeen avait pris part aux combats. Elle était prête à donner sa tête pour sauver celle d’un Homme qu’il soit Français ou non n’avait pas d’importance.
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Insanius
[Les cahots d'une route lugubre]


Les yeux fermé depuis que l'a grande boîte dans laquelle ils avaient pris place a démarrée, il somnole...
Sa tête ballote au gré des secousses de la route. Pour la première fois depuis des heures et des heures il se sent en sécurité. Même Elle s'est tue. Le laissant seul, entouré de ses sauveuses...
Un sourire étire doucement ses lèvres avant qu'il ne sombre cette fois dans un profond sommeil...



[Un rêve, où de "vieux amis" refont surface...]


...


- Crétin finit à la pisse... Tu veux peut être que l'on se fasse tous tuer?
L'homme face à lui grimace... Les cheveux longs noués en catogan, le visage maigre et dur, il ne semble pas accepter l'insulte et donne l'impression de ronger son frein.
- Le jour où ton père t'a conçu il aurait mieux fait d'aller se vider dans une catin...
Son interlocuteur rougit cette fois, la mâchoire tout autant serrée que ses poings, il semble prêt à lui sauter à la gorge... Mais sans même s'en soucier, le Tressé se retourne, lui offrant la vue de son dos en même temps que son dédain.
- Attendons la nuit, avec les nuages qui masqueront la lune, il ne nous suffira que de quelques hommes... Une attaque silencieuse, propre et sans pertes...

- Et s'ils ne se laissent pas surprendre? Nous devrions foncer dans le tas maintenant... Moi et mes hommes ont les égor...


- LA FERME! Tu n'as donc pas comprit que je n'ai rien à foutre de tes avis... Et plus encore quand ils sont stupides... D'ailleurs ta bouche ne sait rien faire à part sortir des conneries...

D'une volte-face il se retrouve face à l'autre... Le visage pourpre, la main crispée sur la garde de son épée, son unique œil valide le foudroie. Ce qui ne semble arracher qu'un pauvre sourire au Tressé. Le pas lent il s'approche de lui...

- Que vas tu faire maintenant? Sortir ton arme et me transpercer de part en part? Ou non... Que fais tu d'habitude? Ah oui!!!
Tu cours pleurer dans les jupes de ta mère... Tu vas te plaindre du mauvais frère que je suis... Et une fois qu'elle a séché tes larmes, tu reviens ici la queue basse...


En face, le teint pourpre s'enjolive d'un rictus haineux... Quelques dents dévoilées en une menace qui ne sera jamais mise en application...

- Fous moi le camp... Dégage... Et emmène tes dégénérés avec toi....
Du doigt, le Tressé montre une petite troupe à quelque distance de là... Un ramassis d'hommes étranges... Plus vraiment humains, pas encore morts... Mercenaires sadiques et vicieux...
-Payez vous des putains , saoulez vous, entretuez vous! Je m'en fous, je ne veux plus vous voir ici...

Cette fois, pas de volte-face, pas de dos présenté... Il garde les yeux posés sur cet homme, son frère. Un regard froid, menaçant. Un regard qui a depuis des années perdu tout l'amour qu'il avait jamais eu à son égard.
En face, le borgne finit par baisser la tête, plus haineux que jamais il s'incline une fois de plus devant son aîné et le pas rapide, s'enfuit...


- Crétin de Sybellius...

Seul, il se retourne...
Devant lui, à des lieues de là, une cité... A peine plus grosse qu'une bourgade... Calme et paisible elle ignore tout de leur arrivée. Demain, ils l'auront prise... Après demain ils passeront à la suivante.



[Une secousse un peu plus forte que les autres... ]



... et il ouvre les yeux, se redressant, à moitié paniqué.
La cité paisible a disparue. Devant lui, les trois Grâces...
Un rêve, ce n'était qu'un rêve... Ou un souvenir?
Il n'a pas plus de temps pour y réfléchir que déjà la plus jeune d'entre eux murmure:

On arrive…


La femme aux yeux bleus entreprend de rajouter à son tour quelque chose, mais il ne l'écoute pas... Il se penche par dessus sa voisine et jette un œil dehors, curieux de voir où elles l'ont emmené...
La demeure du corbeau géant... De grands murs de pierres se dessinent près d'eux... C'est là qu'il vit... Le monstre... Celui qui a tué tous ces hommes...
Une attaque silencieuse, propre et sans pertes... Comme un écho surgissant du tréfonds de son rêve, cette phrase lui revient soudainement en tête... Et si... Et si le seul monstre c'était lui? Et s'il avait tué tous ces gens? Et si il s'était réveillé au milieu des corps simplement parce qu'il s'était écroulé, mort de fatigue après les avoir massacré?
Une nouvelle lueur de panique agite son regard...
Mais qui est il?

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Carmeen
[Voyage voyage...]

Silence pesant dans le carrosse, regards gênés, toussotements étouffés. Certaines pensent, muettes, l'esprit ailleurs, l'esprit rêveur, les yeux perdus dans le vague, également ailleurs. Un autre dort, peut être pour mieux retrouver une vie oubliée, comme si ses songes pouvaient redonner des noms aux visages et faire ressurgir des souvenirs, déjà engloutis par une mémoire capricieuse et défaillante.

Carmeen relève le menton, laisse échapper un léger soupir, puis se replonge dans la contemplation des motifs abracadabrants, farfelus -mais aussi très minutieux- de sa jupe. Oui, ses toilettes ne sont pas très ordinaires, ses bijoux encore moins. L'extravagance est une chose qui s'assume, qui se revendique. Et souvent, elle nait pour compenser un manque... se faire remarquer d'un côté pour en masquer un autre. Mettre en avant la danse, pour faire oublier l'absence d'affection et de sympathie. Exposer son apparence et ses plus grands atouts au public pour dissimuler le moindre sentiment qu'elle peut éprouver, tout de suite réprimé, au risque de bousculer sa petite personne et de menacer le rythme de vie qu'elle s'est imposée d'elle-même : on est aisément dupé par ceux qu'on aime, donc il ne faut s'attacher à personne. Et puis, la danse prend suffisamment de place dans son cœur. On ne peut pas être et artiste, et amie, et amoureuse, et mère, et...

Le carrosse roule visiblement sur un chemin pas bien dégagé, la gitane bondit presque sur son siège, s'accroche comme elle peut, enfonçant ses ongles là où c'est possible, légèrement déconcertée. Faut dire qu'elle monte pas souvent dans un tel engin, en général c'est les pattes qui travaillent, ou avec un peu de chance elle arrive à grimper dans une vieille charrette de passage. Mais bientôt, elle aura sa roulotte, à elle, rien qu'à elle. Elle fera les 400 coups, traversera la France entière, visitera Paris, dansera sur des grandes places, sera riche, mènera une vie de débauche, dans le luxe et l'adulation.
Apparemment, elle n'est pas la seule à rêver dans le carrosse...

On arrive...

Dernière recommandations, dernières mises au point. Ah oui, c'est vrai, on est en guerre, faut faire attention. Le tressé s'éveille, mais Carmeen évite de croiser son regard, encore stupéfaite d'y voir un tel vide, une telle absence, une telle panique presque troublante.
Tout d'abord hésitante,
Mais vous savez...
Heureusement, le culot ressurgit aussitôt, et elle continue :
Je suis française également... mais j'm'en fiche pas mal, hein. J'suis juste en Provence depuis... assez longtemps. Et j'm'en fiche pas mal, aussi. Un regard à la françoyse, à la provençale. J'm'en fou de la guerre, en fait. Sourire en coin, la dernière fois qu'elle a osé dire ça en taverne, une chope a volé. Dommage, Carmeen a de bons réflexes.
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Ysaure
[ De retour à la maison..enfin !]

Il doit arriver avec vous chez votre père. C’est bien compris ? dit Vinou tout en fixant Ysaure de son regard si bleu. Ce regard en disait long sur la détermination de la femme qui lui faisait face. Ysaure hocha la tête et eut juste le temps de dire : Ne vous en faites pas, que la gitane prit également la parole.
Paroles désinvoltes, paroles qui se voulaient sans doute provocantes…Sourire narquois, accompagné d’un regard amusé.
Ysaure ne savait pas si elle devait s’offusquer d’un tel discours ou faire semblant de s’en amuser. L’attitude de la gitane la déroutait. Elle n’avait jamais rencontré de personne comme elle auparavant et cela provoquait chez la jeune pucelle une intimidation dont elle n’était pas coutumière. Elle avait l’impression qu’un énorme fossé les séparait toutes deux et qu’elle n’arrivait pas à le franchir. Elle se contenta alors de sourire un peu bêtement à la gitane et se tourna vers la fenêtre par laquelle Insanius observait le paysage avec ce visage traqué qu’elle lui avait vu lorsqu’il était tombé près d’elle.


C’est Toulon. Là où nous vous emmenons. Cette ville est très agréable, vous allez voir…Enfin, elle l’était quand j’étais petite. Cela fait si longtemps que je ne suis venue ici.
Mon père habite dans le quartier de la Savonnière, qui se trouve juste devant les remparts, non loin du port. Ainsi, nous ne serons pas obligés de passer devant les gardes et c’est bien mieux ainsi…au vu de la situation,
ajouta-t-elle plus bas.

Alors qu’elle prononçait cela, les chevaux bifurquèrent sur un petit chemin vers la droite, qui s’élevait en pente douce jusqu’à une crête d’où l’on pouvait voir scintiller l’étendue bleu azur.
Au bout de cette petite route, apparut une grande bâtisse en pierre bordée d’autres petits bâtiments plus modestes et baignée par la lumière d’un soleil radieux dans le ciel.


Voilà ! C’est là ! Nous y sommes !! s’exclama soudain Ysaure, toute excitée à l’idée de revoir son père et la maison de son enfance.

La cour était déserte. Seule, une femme au visage poupin et grassouillette sortit de la demeure et claudiqua vers le nuage de poussière soulevé par le trot des chevaux et les roues du carrosse, qui stoppa net devant elle, quelques instants plus tard.
Sans plus se préoccuper des autres voyageurs, Ysaure bondit à terre et sauta dans les bras de la brave femme.


- Noémie !! Comme je suis contente de te voir ! s'écria la jeune fille tout en embrassant la cuisinière sur les deux joues.

- Tout doux Damoiselle Ysaure ! En voilà des façons ! Les sœurs ne vous ont-elles pas appris les bonnes manières au couvent ?

Noémie ronchonnait mais son visage rubicond reflétait sa joie de revoir Ysaure. Elle se détacha d’elle pour la détailler de la tête aux pieds.

Comme vous voilà grandie !! Et jolie comme un cœur avec ça ! Vous n’allez pas manquer de galant, Damoiselle Ysaure, pour sûr !

A ces mots, Ysaure fit la grimace et virevolta vers le carrosse en appelant de sa voix fluette et joyeuse.

Venez donc ! Je vais vous présenter à Noémie, la meilleure cuisinière du comté !

Noémie jeta un coup d’œil suspicieux vers Jean qui était déjà occupé à dételer les chevaux et qui ne paraissait pas très à l'aise. Qui avait donc accompagné Damoiselle Ysaure ? C’est qu’on ne l’avait pas prévenue et elle n’avait pas préparé de repas pour d’éventuels convives. Elle fronça les sourcils et bougonna, alors que les trois invités inopportuns descendaient du marchepied :

Mais..mais..c’est qu’on m’a rien dit à moi…
Insanius
[A l'ombre d'un corbeau géant...]



C’est Toulon. Là où nous vous emmenons. Cette ville est très agréable, vous allez voir…


Ces mots raisonnent étrangement dans sa tête... Il ne sait pas pourquoi, mais cette affirmation lui semble fausse. Toulon... Un simple mot... Mais qui lui parait si néfaste... L'impression d'une alerte... D'une mise en garde.

Soudain le carrosse stoppe et la jeune Ysaure en sort brusquement... Fille de tempête, elle court hors de leur vue en s'exclamant, ce qui arracha un sourire au Tressé. Le retour chez soi, le retour en un lieu connu... Il aimerait que ça puisse lui arriver. Il aimerait retrouver un souvenir, retrouver une sensation connue... Se comprendre...

Son regard se pose sur une des deux femmes encore avec lui... Celle qui semble le connaitre, celle qui le dit malsain...
Ses yeux la détaillent, parcourant les courbes de son visage, explorant les mèches de ses cheveux, s'arrêtant un instant sur le coin de ses lèvres... Il veut se souvenir, il veut se rappeler mais rien ne lui revient... Elle est une étrangère pour lui, une femme qu'il n'a jamais vu...


Dites moi... Dites moi qui je suis... S'il vous plait...

Il a maitrisé sa voix, miraculeusement elle n'a pas tremblée, mais le regard qu'il porte à la jeune Carmeen suffit à faire comprendre qu'il attend beaucoup de sa réponse... Si elle sait qui il est, autant dire qu'elle a son avenir entre ses mains...

Venez donc ! Je vais vous présenter à Léonie, la meilleure cuisinière du comté !


Dehors déjà, la voix de la plus jeune des sœurs d'infortune retentit, un appel empli de joie. Il y fait écho en soupirant et sans attendre la réponse de la gitane pose un pied sur le marche-pied, s'extirpant du véhicule.
Drôle d'apparition à coup sur pour la cuisinière... Mi-vivant, mi-mort, un Tressé au crane ensanglanté vient de faire son apparition...

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Virginia_
[Arrivée et ...]

Rassurée par les paroles de la jouvencelle, Vinou poussa un léger soupire de soulagement qu’elle voulait aussi discret que possible, elle lui sourit en hochant la tête. Signe de reconnaissance, de respect, de remerciement … un mélange des trois à la fois, plus vraisemblablement.

La zingara prit à son tour la parole, affirmant, s’il le fallait encore, ses origines et disant tout haut ce qu’elle pensait de la situation. Vinou en sourit également, un sourire mi-moqueur, mi-sérieux. Combien de fois a-t-elle entendu ces mots ? Beaucoup trop à son gout, ils sont même sortis de sa bouche, à une époque pas si lointaine.

Je me doute un peu de ce que vous pensez et c’est votre liberté mais Insanius a besoin de vous. Vous seule le connaissez … Vous seule connaissez une partie de son passé … Vous seule pouvez lui en parler.

Prononçant ces mots, elle plaça la main sur celle de la bohémienne pour la serrer juste un peu, lui transmettre son soutien, peut-être aussi un peu de sa force et de sa détermination si cela était possible. Elle sait qu’un lien invisible s’est tissé entre elles, elle sait qu’aucun mot n’avait besoin d’être prononcé pour cela, même si elles ne devaient plus se revoir un jour, elle sait qu’il existe et que cette journée restera gravée en elles.

Tout le monde semble à nouveau en fascination devant le spectacle qu’offre l’extérieur, elle s’y plonge et replonge aussi, en profitant pour fermer un peu les yeux. Un cri, elle perçoit un cri venant des talus un peu plus loin, ses paupières s’ouvrent, fouillent les alentours, sondent, repèrent une tâche plus claire dans la végétation, elle la reconnait. La jeune femme garde le visage impassible, aucun mouvement, aucun expression ne passe sur son visage mais elle sait, elle se doute.

Toulon s’approche … des souvenirs reviennent … elle les bloque, ne les laissent pas l’envahir, se referme inconsciemment. Le carrosse bifurque, prend un autre chemin, elle respire à nouveau plus librement. La joie d’Ysaure fait plaisir à voir, elle en serait presque contagieuse. Vinou salue d’un signe de la tête Léonie qui lui fait un peu penser à Dame Ilona, celle qui fut sa gouvernant et qui est à présent celle de ses enfants.

Le cri résonne à nouveau, il lui semble être la seule à l’avoir entendu. Le plumage de Cuileog se fait voir, la jeune femme sait qu’elle ne bougera pas tant qu’elle ne lui aura pas fait un signe. Le sourire aux lèvres, elle se tourne vers le Tressé qui descend à présent de leur moyen de transport. Sa voix est peut-être un peu plus douce en s’adressant à lui.

Insanius, tu es entre de bonnes mains, tu pourras te reposer ici, reprendre des forces, retrouver un peu tes souvenirs.

Le sourire toujours aux lèvres, elle dépose un léger baiser sur sa joue avant de se retourner vers les deux femmes.

Vous êtes à bon port, vous n’avez plus besoin de moi. Je dois partir maintenant. Prenez soin de vous et de lui. Puisse les Très Haut et sa Lumière être toujours à vos côtés.

Vinou disparut pour rejoindre sa buse, comme elle était arrivée, telle une ombre furtive se profilant dans la nuit.
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Carmeen
[ Vous êtes arrivé à destination ]

Pas de chope à l'horizon, juste des sourires, amusés ou sérieux, peut être exaspérés, mais des sourires quand même. Carmeen en sort victorieuse, fière d'affirmer ses pensées, sa liberté et son indifférence. Le dos droit contre son siège de qualité, le menton plus haut que jamais, son regard est dédaigneux et une légère moue insatisfaite flotte sur ses lèvres. Oui, l'ego est sans mesure, mais celui de la gitane encore plus.

Sauf que soudain, une main vient se poser sur la sienne, discrète. L'ego est vite remballé, bizarrement, et d'autres sentiments viennent le remplacer...
Carmeen, les yeux tout d'abord rivés sur la main, lève un sourcil, ne masquant pas sa surprise. Puis, ses billes remontent lentement jusqu'à celles de la demoiselle brune, finissant par se voiler, brillantes. Inconsciemment, sous une menotte étrangère, ses doigts bagués se replient en un poing tremblant mais sans la moindre violence, renfermant juste quelques p'tits trucs à l'intérieur, plus ou moins importants.
... mélancolie. Abattement. Déception. Bouleversement. Faux-espoirs, aussi. Une subite fatigue la submerge, désemparée, dépassée par les évènements. Sa main blanchâtre presse légèrement celle de Vinou, remerciement silencieux, conversation muette des yeux, impression étrange que celle d'être réconfortée sans avoir demandé à l'être, impression étrange que de se sentir soutenue et encouragée.

Owowowowo ! Stop ! Qu'essi'spasse là ?! Pas de sentiments pour Carmeen on a dit ! Non, non, non !

Le carrosse s'arrête, la jeune gitane a juste le temps de reprendre ses esprits -qui, d'un simple geste de la main ont été chamboulés, retournés et secoués-, et Ysaure s'empresse de sauter à terre, excitée comme une puce, radieuse de joie.

Dites moi... Dites moi qui je suis... S'il vous plait...
Voix d'homme, voix de L'homme, plus sûre, plus contrôlée. Qui ressemble déjà plus à celle de l'Insanius qu'elle connait. Mais pas encore, y arrivera-t-il un jour?
Elle ne veut pas le regarder, pourtant c'est trop tard. La vision ne se maîtrise pas. Est-ce impoli de laisser quelqu'un en plan comme ça, et fuir ses questions comme la peste ?

Tu ét...

Venez donc ! Je vais vous présenter à Léonie, la meilleure cuisinière du comté !

La plus jeune les appelle de l'extérieur, interrompant ainsi le début de discussion naissant -pourtant si bien parti...-, au plus grand soulagement de Carmeen.

En dernier, elle descend de la voiture, une main en visière pour cacher ses yeux du soleil, de façon à pouvoir observer la demeure familiale d'Ysaure, bâtisse immense de pierre, entourée par plusieurs autres petites constructions.
Je vais dormir ici ! Un large sourire s'illumine sur son visage, ayant déjà oublié les petits troubles du voyage. Mais, à peine à t-elle le temps de saluer la cuisinière d'un furtif signe de la tête, que Vinou fait ses au revoirs puis s'éclipse, sous le bruissement d'ailes d'un volatile majestueux, et sous les billes noires de Carmeen, admirative. Jamais elle n'a réussi à faire une sortie aussi sobre et discrète.
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Ysaure
[ Dans la cour de la Draperie]

C’est une drôle d’équipée qui s'extirpe du carrosse. Les yeux écarquillés, la bouche bée, Noémie voit descendre un à un des personnages plus étonnants les uns que les autres.
C’est d’abord une très belle femme brune au maintien et à la prestance nobles qui fait face à une Noémie ébahie. La femme rondelette se fend alors d' une révérence un peu grotesque.
Ysaure fait les présentations :
« C’est Dame Vinou. » La jouvencelle est un peu inquiète de voir sur le visage de la Dame, un sourire presque satisfait, comme celui qu’on arbore après un travail fini et bien fait. Son regard est ailleurs ; elle n’est déjà plus là..
Puis, c’est au tour du Tressé de descendre.Noémie pousse un cri étouffé, porte la main à sa bouche, les yeux effarés devant cet homme ensanglanté, au regard encore plus vague que celle qui le précédait. Derrière lui, suit une gitane, aux jupons volants et bigarrés. Noémie n’en revient pas. Mais d’où sortent ces trois personnes si étranges et qui ne ressemblent en rien à la demoiselle Guillet ? Elle secoue la tête pour s’assurer qu’elle n’est pas en train de rêver.
Ysaure tente de rassurer la fidèle servante :
« C’est Messire Insanius. Nous l’avons trouvé sur le champ de bataille ; il est blessé et ne sait plus qui il est. Enfin, cette dame, elle le connaît ajoute-t-elle en montrant Carmeen du doigt et en se disant qu'elle n' a même pas encore demandé son nom à la gitane. Tu seras gentille de préparer un grand baquet d’eau pour qu’on ….enfin..qu’on …
Ysaure se met à rougir violemment à l’idée de mettre Insanius dans un baquet pour le laver.

- Pour le décrasser, oui, Damoiselle Ysaure, dit d'une voix amusée Noémie, sa première stupéfaction passée. Je vais m’en occuper ! Cet homme là a besoin d’un bon bain, sainte mère de Dieu !

C’est alors que la voix douce de Vinou se fait.

" Insanius, tu es entre de bonnes mains, tu pourras te reposer ici, reprendre des forces, retrouver un peu tes souvenirs. Vous êtes à bon port, vous n’avez plus besoin de moi. Je dois partir maintenant. Prenez soin de vous et de lui. Puisse les Très Haut et sa Lumière être toujours à vos côtés."

Personne n’a le temps de réagir. Ysaure fait un geste comme pour la retenir mais la belle brune au regard azur n’est déjà plus là. La jeune toulonnaise la suit du regard. La mystérieuse française s’éloigne, légère et furtive, et rejoint son oiseau magnifique.
Le cœur d’Ysaure se serre ; elle imagine alors la dame Vinou déployant ses ailes diaphanes, telle une fée, s’envoler vers un monde merveilleux…
Ephémère rencontre qui n’en restera pas moins gravé dans le cœur de la jeune fille en devenir.

C’est Noémie qui rompra ce silence enchanteur :


Eh bien, Damoiselle Ysaure ! Faites donc entrer tout ce p’tit monde dans la maison. J’m’en vais de ce pas prévenir vot’ pauvre père et mettre de l’eau chaude dans le baquet !

Ysaure, rappelée à l’ordre, se tourne alors vers ces hôtes et leur dit :

Si vous voulez bien me suivre...

[ Dans la maison]
C’était une maison faite pour durer toujours. Ses murs épais semblaient sortir de terre et son toit de tuiles orangées avait l’air solide. Aux abords du logis, s’étirait une aile délabrée faite de torchis et envahie par le lierre. La lourde porte s’ouvrait sur une grande pièce commune dallée de pierres larges et carrées. Le large manteau de la cheminée abritait deux imposants fauteuils en chêne garnis d’une étoffe de velours vieillie par l’âge et quelques chaises de paille.
Un homme sans âge entra alors par une porte dérobée et s’avança vers eux. Son visage, qui portait les stigmates d’une grande lassitude, rayonnait pourtant d’une joie radieuse à ce moment là. Il était de grande taille, semblant perdu dans un corps robuste qui ne correspondait pas à son visage rond de nouveau-né. Une bonhomie naturelle se dégageait de lui.


Ysaure, ma fille ! Vous voilà enfin !

Son regard se porta alors sur les compagnons de route d’Ysaure et il comprit de suite la situation.

Ce que vient de m’apprendre Léonie était donc vrai. Nous avons des invités ! Bienvenue à vous ! dit-il d’une voix qui se voulait enjouée. Puis il s’approcha du Tressé et s’adressa à lui :

- Cela ne m’étonne guère de ma fille, voyez-vous…Etant petite déjà, elle recueillait tous les oiseaux ou chats mal en point qui traînaient par ici. Ne vous en faites pas ; je vais faire quérir une guérisseuse de ma connaissance. Elle n’a pas son pareil pour remettre un homme sur pied.

- Père, votre sollicitude me touche beaucoup. J’étais certaine que vous réagiriez comme cela ! Je vous en remercie !
s'exprima Ysaure, toute émue.

Elle se hissa sur la pointe des pieds, lui colla un baiser sonore sur la joue puis murmura quelque chose à son oreille, d’un air conspirateur. Le drapier poussa alors un énorme soupir et déclara d’une voix lasse à l’homme Tressé et à la gitane :

- Il convient que je vous dise tout de suite quelque chose…Je n’aime guère cette guerre. Elle n’est bonne pour personne. Menée par des gens ambitieux qui crient haut et fort qu’ils veulent la liberté alors qu’en fait, ils n’aspirent qu’à la gloire sur les champs de bataille. Je tiens à vous dire que je n’appartiens à aucun camp, aussi étonnant que cela puisse être. Je déplore ce combat qui n’apporte que misère et haine. Vous pouvez rester ici, Messire avec votre ….euh…votre dame, jusqu’à ce que vous soyez rétabli. Mais soyez sur vos gardes…


édit pour ajout de texte
Insanius
[L'hospitalité Toulonnaise...]

Un baiser déposé sur sa joue et soudain une brise se lève... Il n'a pas le temps de choisir ses mots pour la remercier qu'elle s'en va déjà. Prompte à l'au revoir, il ne peut que la regarder partir, une tristesse dans le regard... La reverra-t-il?
Entre ses lèvres, un soupire nait, la fatigue se fait de plus en plus pesante...


Si vous voulez bien me suivre...


Que faire d'autre? Il n'a nulle part où aller, il ne sait même pas où il est...
Peut être y a t il quelqu'un quelque part qui l'attend... En tous les cas, il n'est pas près de le ou la retrouver...

Le pas usé, boitillant, il avance tout en se demandant qu'elle va être la réaction du père de la jeune fille. Les trois Parques semblaient inquiète de ce qu'il pouvait se passer si on mettait la main sur eux... Qui peut dire s'il ne réagira pas ainsi?
Anxieux, il jette un coup d'œil à celle qui garde jalousement le secret de sa vie... Quant aura t il le temps de lui poser les questions? Acceptera t elle de lui répondre?

Nouveau soupire... Nouvelle incursion de désespoir dans son esprit...

C'est dans cet état d'esprit que le Tressé pénètre dans la bâtisse. Mais sa curiosité chasse rapidement les troubles qui l'envahissent de plus en plus... Ses yeux balayent la pièce en tous sens... Les pierres du sol, le bois des chaises... Il enregistre chaque détail sans même sans rendre compte...
Réservant le même traitement à l'homme qui vient de les rejoindre... Il inspire la même impression de confiance qui se dégage de sa fille...

Ils n'auront apparemment pas à redouter d'être chassés d'ici à coup de bâtons... Ce qui lui est confirmé par le ton aimable de l'homme...
Se concentrant cette fois pour bien comprendre tout ce que le drapier lui dit, il fronce les sourcils en s'entendant être comparé à un animal blessé... Il a donc l'air si sauvage? D'ailleurs à quoi ressemble t il?
Sa main intacte vient toucher ses joues, son menton... Tentant de domestiquer des traits qu'il n'avait jamais vu...

Puis l'homme, dans son accent provençale lui parle d'une guerre... C'est donc ça... Il y a la guerre, il est d'un camp, mais ne sait plus lequel... Ce rêve qu'il a eu dans le carrosse... Peut être est ce simplement un souvenir... La ville de sa vision est peut être celle qui s'étend devant eux...

Il secoue un instant la tête, chassant ses pensées et en pesant ses mots répond au père de son jeune ange gardien...


Merci Mestre... Je ne sais que vous dire... Si ce n'est que je ne me rappelle pas de mon propre nom... Vous parlez d'une guerre qui m'est étrangère, même si le sang qui me souille doit venir de ses combats... Peut être même suis je un de ces gens avides de réputation et de fortune...

Quoiqu'il en soit, je ne souhaite pas vous causer de tort... Je partirai dès que je le pourrai...



Tournant ensuite le regard vers Carmeen il ajoute...

Quant à cette dame, je ne sais si c'est la mienne, elle semble détenir mes secrets, mais elle reste obscure à mes yeux...
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Carmeen
[Dans le domaine]

Et les yeux de la gitane se baladent partout, inspectant de ses pupilles chaque détail des meubles, ses couleurs, ses formes, ses imperfections. La pièce immense lui donne l'impression d'être minuscule, sans importance. C'est joli. Et ça change pas mal des petites auberges où les chambres sont tellement petites qu'en général, elle en ressort couverte de bleus. Mal fichue cette vie, ah lala !

Une porte s'ouvre, dans un grincement désagréable. Un homme rentre, au visage marqué par le temps, au corps qui a déjà vécu, et se dirige vers eux. Pourtant, le timbre de sa voix, lui, affirme tout le contraire. Son ton jovial surprend Carmeen, peu habituée à voir des personnes en cet âge aussi... vivantes. Mais quel âge il a, d'abord ? Son sourcil se lève, et la voilà plongée dans une profonde réflexion.

L'affection entre le père et sa fille est palpable, presque attendue. Affection que Carmeen n'a jamais eu et qui le revendique. Peu ont la chance de connaitre leurs parents et de vivre d'amour et d'eau fraîche. Quand on a l'eau -et l'avoir fraîche, c'est déjà plus compliqué- , on est content. D'ailleurs, le fait de ne pas avoir d'enfants fait parti des principes de base de la brune. Vivre pour soi, ne rien devoir à personne et surtout ne pas en être dépendante. Des années d'entrainement, mais qui finalement, servent à éviter tout plein de problèmes que, les gens normaux ne peuvent contourner. La liberté, on l'a ou on ne l'a pas. Le juste milieu n'existe pas.

L'homme s'adresse maintenant à ses convives, qui sont attentifs à ses paroles comme des gosses sur le point d'avoir leur friandise. Et d'ailleurs, son point de vue sur la guerre se rapproche carrément de celui de la gitane. Exprimé de façon plus délicate, avec des phrases mélodieuses et des tournures recherchées. Cette dernière lui adresse un sourire enchanté.

Merci, ... elle cherche le mot, pas vraiment accoutumée aux formules de politesse, titres de noblesse et autres flagorneries, sire.

Le tressé prend la parole à son tour. L'observant du coin de l'œil, de ses yeux jusqu'à son menton en passant par sa bouche, elle tente de trouver une faille dans ses traits, de trouver l'indice qui permettrait à l'Insanius qu'elle connait de reprendre possession de son corps et chasser ainsi l'inconnu en lui.

Les lèvres de la brune s'étirent lentement, espiègles.
Tout en posant ses mains bruyantes de bracelets et autres babioles sur les épaules du tressé;

Je te rassure, Insanius...
nom sur lequel elle insiste, un peu trop peut être, tu n'es ni un avide de fortune ni même de réputation, comme tu dis, au contraire. Tu as un titre, tu es noble, mais j'ai toujours trouvé que cela ne te correspondait pas. Tu es noble de cœur, pour moi c'était suffisant, après ça faisait trop d'chichis... et toi, t'aime pas les chichis.

Ses paupières se baissent, elle s'arrête un instant. Elle détient une petite poignée des souvenirs du tressé entre ses mains. C'est un peu comme si, elle, petite gitane, pouvait décider de sa personnalité, de son caractère, de son vécu.

Je ne suis pas ta dame, même si c'est ce que tu croyais... ni la dame de personne. Non, d'ailleurs, je ne suis pas une dame, juste une gitane, et on peut m'appeler Carmeen.

Puis, elle se frotte les mains, consciente de l'impact de ses paroles. Le premier concerné, lui, réfléchit et ça se voit à ses yeux.
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Ysaure
Les présentations faites, le père d’Ysaure invita ses hôtes à s’asseoir, leur servit un alcool remontant puis s’éclipsa afin de donner des ordres à son personnel. En fait de personnel, il ne restait plus grand monde à la draperie. Maître Guillet, n’ayant plus les moyens d’entretenir ses gens, la plupart d’entre eux avaient quitté la draperie. Il ne restait plus que Noémie la cuisinière, Robin, son mari, homme à tout faire du domaine, une jeune servante nommée Béline, et Jean, à la fois cocher et palefrenier. Par la force des choses, les fonctions de chacun s’étaient étendues mais personne ne s’en plaignait, mise à part le vieux cocher qui ronchonnait souvent lorsque son maître lui demandait un coup de main à la fabrication des draps.

Jean fut donc envoyé à la recherche de la guérisseuse alors que Béline remplissait un baquet d’eau bien chaude dans une pièce attenante et que Noémie s’affairait aux fourneaux.

Ysaure profita de cette agitation pour laisser seuls le Tressé et la gitane.

Je vais voir si tout se passe bien…s’excusa-t-elle. En réalité, elle sentait bien que ces deux-là avaient des choses à se dire et que sa présence pouvait gêner. Elle mourrait pourtant d’envie d’en connaître plus sur cet étrange personnage qu’était le Tressé mais sa pudeur lui dicta de s’éloigner.

Je viendrai vous prévenir dès que le bain sera prêt, dit-elle tout en souriant et en esquissant une légère révérence. N’hésitez pas à crier pour m’appeler si vous avez besoin.
Insanius
[Maelström puissant, au cœur d'une Tresse bien molle...]

Les mots sonnent étrangement en lui... La gitane délivre lentement ce qu'il est... Trop lentement...


Insanius... noble... noble de cœur... t'aime pas les chichis... Je ne suis pas ta dame, même si c'est ce que tu croyais...

Pendant quelques instants il répète posément ces phrases dans sa tête... Les yeux dans la vague, l'esprit embrumé... Puis avec douceur il regarde Ysaure, sa bienfaitrice qui s'éclipse... Un léger signe de tête pour la remercier et il se tourne vers Carmeen...


Tout est confus en moi... Le peu de choses dont je peux me rappeler n'est que... Batailles et mort... Et je ne suis même pas sur que ça soit des souvenirs... Peut être simplement des rêves...
En quoi suis je un noble? Quelle vie avais je?
Pourquoi me suis je réveillé sans aucun souvenir?
Qu'étiez vous pour moi? Qu'étais je pour vous? Pourquoi j'aurais cru que vous étiez ma dame?


Fatigué, il se laisse choir au sol, s'asseyant les genoux relevés, adossé au mur de la pièce, la tête levée pour regarder le plafond...

Et où sommes nous? Dans quel camp je suis? Est ce que j'habite cette ville?


Au fond de lui, une passion s'échauffe... Une mauvaise passion, une de celles qui tournent vite la tête... Une de celle qui fait battre les sangs...


Réponds moi... Donne moi ces réponses qui m'obsèdent... JE VEUX SAVOIR...

Essoufflé, il vient d'hurler les derniers mots...
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