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Info:
Quand un s'en prend à une Licorne ou lorsque celui ci à la vengeance à fleur de peau et cruelle.

[RP] Quand le passé rattrape le présent et détruit le futur.

Arminus
Petit rp privé, alors une envie d'y prendre part, ou d'en savoir plus ? Suffit d'un petit mp ^^.
Bon jeu


Un petit bout d’homme, l’on pourrait presque dire à la fleure de l’âge, marchait seul, la tête baissé à travers les chemins. Traînant les pieds, emportant poussière et autres pierres dans ses foulées, seule le bruit du métal de sa bourse venait briser ce paysage de silence, et lui rappelait qui il était. Il était de ces personnes qui fuient sans trop savoir ce qui les poussent à ne jamais se retourner. Mais après tout, voulait il vraiment savoir ? Les réponses aux questions « pourquoi voyagez vous ? », ou encore « ou allez vous ? » étaient pour le moins simple pour lui et tombaient sous le sens. Et à force d’essayer de s’en convaincre, il en est devenu presque convaincu aujourd’hui.
Mais il le savait, il en rêvait encore les nuits, ces mêmes nuits qui prenaient un malin plaisir à le voir souffrir inlassablement. Ces mêmes nuits sans lune, où les fantômes de son passé rejaillissaient à nouveau. Ces mêmes nuits qu’il oubliait bien vite, ces mêmes nuits qui se répétaient encore et encore.

Vêtu pitoyablement, et redressant par moment la tête pour regarder l’horizon, il continuait de marcher sans trop savoir où aller. Certain appellerait cela «la liberté», d’autres «l’errance», lui, il se contente d’appeler tout de simplement ça «sa vie». Sans amis ni famille, il parcourt la terre à la recherche de bourses pleines, ne s’arrêtant que rarement, pour ne pas dire jamais, dans les villes ou autres villages, se contentant d’une petite auberge pour reprendre des forces, manger et boire avant de repartir. D’ailleurs il n’avait pas de mal à obtenir ce qu’il voulait, il lui suffisait de faire les routes à la recherche de quelques bourses, plus ou moins pleines, et d’en payer le prix.

Esquissant un sourire aussi imprévu que surprenant, il aperçut devant lui un arbre à la forme particulière. Quoique même si pour la plupart des hommes et des femmes, cet arbre était des plus banals, il lui rappelait à lui une ancienne aventure. Arminus était comme cela, se contentant de petits plaisirs à l’évocation de souvenirs qui le faisaient plus ou moins sourire. Mais ces moments étaient toujours très courts, et se terminaient tous de la même manière. Arminus, sourire aux lèvres, levait la tête au ciel pour le regarder, peut être même apercevoir des oiseaux, avant que ce paysage ne lui rappelle des choses moins heureuses.

Et ce jour là, ce sourire ne dérogea pas à la règle. Levant la tête, son regard se perdit dans l’immensité bleue, avant d’apercevoir entre les cimes des arbres de la fumée. Lâchant un dernier soupire, il n’avait pas manger depuis quelques jours, et avait grandement besoin d’un peu de repos. Et même si l’idée de voir d’autres êtres vivants ne le séduisaient pas vraiment, il décida de faire route vers ce qui ressemblait à une auberge.

Changement quelque peu sa trajectoire, il se mit en route pour l’auberge, fixant presque avec obstination le bâtiment, et plus il se rapprochait, plus son regard ne pouvait se détacher des détails qui se faisaient de plus en plus précis. Pour finir, le voila juste devant la porte. Reniflant une dernière fois, il s’assura que sa petite dague n’avait pas quitté sa botte gauche pour finalement pousser avec force la porte d’entrée en bois de la battisse.

Comme chacune de ses entrées, elle provoqua un grand silence n’ayant pour unique effet de faire grimacer Arminus qui fronça les sourcils avant de balayer la pièce du regard. Beaucoup de gueux, quelques femmes de joies et bien sur quelques nobles. Il s’empressa de trouver une table libre loin, très loin de la porte, si possible dans un coin. Il s’affaissa sur sa chaise avant d’étendre ses jambes.

Posant ses deux mains sur le bois de la table, il fixa le tavernier qui se dirigea vers lui, un large sourire aux lèvres.


J’vous sers queque chose mon bon m’sire ? Redressant lentement la tête il fouilla discrètement dans sa poche intérieure pour en sortir quelques piécettes mais l’homme eu surenchérit bien vite. Allez mon bon m’sire, j’suis sur que queque comme vous d’vez avoir soif. Fronçant les sourcils, il le regarda dans les yeux, et eut une légère grimace de la bouche qui ne laissa pas indifférent le tavernier qui s’arrêta étrangement de sourire. Aussitôt Arminus posa sur la table quelques écus avant de croiser les bras, pour ensuite baisser la tête et dire à l’homme sans le regarder. Une bière, ou une boisson locale. Il ponctua sa phrase d’un reniflement, et s’adossa complètement à sa chaise, voyant l’homme faire demi tour.
Lady_antlia


[ Quand une Licorne s'effondre ...]

[ Sur les remparts - 3 avril 1458]


Matin qui pointe son nez, et qui veut dire relève. La Blonde s'étire sur les remparts, allongeant ainsi les muscles endoloris de cette nuit a arpenter le chemin de ronde, bravant le froid et l'humidité qui régnent.
Son regard se porte au lointain, là où les terres rejoignent le ciel, laissant aller ses pensées si nombreuses ...Ou se trouvent fille, son fils? Que font ils? et des brides de sa vie qui s'en vont, baignées par ce doux lever de soleil. Son regard se fait vague jusqu'à ce que sa cape claque sous l'action d'un coup de vent .
Sursaut de la Blonde qui reprend esprit sur ce chemin de ronde, puis descend les marches, fatiguée, cachant un baillement du revers de sa main.

Celle qui descend n'est pas bien grande, des cheveux blonds qui lui caressent les reins. Agée de 27 printemps, elle a déjà connu beaucoup de choses dans sa vie : Ost, Conseil ducal, guerre, enfants, mariage tombant à l'eau ...
Une vie bien remplie qui fait que la Blonde du nom d'Antlia a cette démarche sure et franche, un pas allongé .
Que peut il lui arriver à présent ?
Se faire blesser lors de ses missions pour la Licorne? Oui sans aucun doute, elle est une de ces nombreuses composantes de l'Ordre Royal de Chevalerie et elle sait ses missions à risques. Tous le savent lorsqu'ils s'engagent dans cette voie : protéger le Roy et ses intérets, venir en aide aux opprimés, aux plus faibles au péril de leur vie. Antlia l'a accepté.
Elle y avait postulé alors qu'elle était encore capitaine . Arrivée turbulente, combien de fois lui avait on dit de respirer ... de ne point réagir sous l'emprise de ses émotions.
L'Etoile avait fait un sacré chemin depuis tout ce temps en tempérance, recherche d'elle même.. sur cette voie qu'est la chevalerie.

La "Tlia" reprenait le dessus en d'autres circonstances, en privé, alliant rires et taquineries, joie de vivre et courses folles pieds nus. Mais personne pour la voir, c'était la une des composantes de son jardin secret. Elle n'oublie pas ce qu'elle est au fond d'elle, une femme/enfant au tempérament fragile .. douce ambiguité.

[ Dans Laval]

Pas qui frappent le pavé à présent de la cité de Laval, et un regard vers l'auberge qui les heberge. Elle a faim la belle, et des fumets de pain chaud venaient à elle ne faisant qu'attiser ce bruit venant de son ventre, totalement incongrus d'ailleurs.
Aussi, elle ouvre la porte de la taverne et comme à son habitude lance


Bonjour à vous.
Aubergiste, j'aimerais bien une de ces choses qui sent bon là ...


Elle vient s'assoir dans cette taverne pleine qui l'étonne. Elle n'avait vu que rarement autant de mon en taverne à vrai dire.
Les discussions se font donc, des estrangers tout comme elle, en voyage. La conversation est plaisante, sauf pour un Messire face à elle qui parait gronchon.
A l'annonce de son appartenance à la Licorne, elle ressent comme un regard haineux et le Sieur se lève. La suite va vite , trop vite.
Il commande une bouteille au comptoir et lentement se dirige vers elle. La Blonde a juste le temps de se retourner pour voir la bouteille arriver en plein visage. Douleur fulgurante qui se propage à sa machoire, l'impression que sa tête va exploser, ses yeux qui se ferment .
Puis le trou noir, perte de connaissance sous le choc ; le sang coule sur son visage qui vient heurter la table.

_________________
Arminus
[Quand sonne l’heure de la revanche.]

Assez rapidement, le tavernier était de retour auprès de lui, la démarche sûre, le pas pressé et la chope dans la main droite. Arminus le regarda, quelque peu amusé d’une telle dégaine, alors que ce dernier déposa d’un geste brusque sa commande sur la table. Le remerciant seulement d’un signe sommaire de la tête, il prit son verre pour en boire une gorgée, alors que la porte de la taverne s’ouvrit de nouveau.

Une jeune blonde fit son apparition, en saluant les personnes présentes. Arminus, lui, détestait ces entrées trop voyantes, où il fallait sans cesse saluer les présents, puis se présenter avant d’affirmer avec obstination qu’on était enchanté de faire leur rencontre, alors que tout ce que voulait le grand brun, s’était s’asseoir rapidement pour se reposer.
Ce soir là, il se contenta d’un hochement de tête, pour finalement rester dans son coin, à boire sa chope, laissant les discussions se faire sans lui. Arminus n’appréciait guère dialoguer avec les autres, pour la simple et bonne raison que le plus souvent il fallait parler de soi.

Redressant par moment la tête, il regarda cette blonde s’installer sans forcément y prêter plus d’attention, mais cependant assez rapidement un mot le tira de sa discrétion. Il résonna plusieurs fois dans sa tête, la «licorne», ce mot eut le même effet qu’une épée le transperçant. Serrant les poings, une multitude de pensées et d’autres souvenirs se saisirent de lui, alors que ce même mot était la cause de sa fuite, et avait très probablement détruit sa vie.
Rapidement sa respiration s’accéléra, et quelques gouttes de transpiration se mirent à ruisseler sur son visage. Sans avoir le moindre contrôle, à chaque fois qu’il fermait les yeux il voyait comme des images de ses parents, morts devant lui voila de plus dix ans maintenant.
Il avait toujours fuit, fuit son passé et la mort de ses parents, fuit tout ce qui pouvait le lui faire rappeler. Mais aujourd’hui la présence de cette femme, de cette licorneuse venait tout changer. Il avait enfin l’occasion de mettre un terme à tout cela, de changer de vie et de faire payer ceux qui avaient brisé son existence. Mais allait il la saisir ?

Le ton monta vite, peut être trop vite, alors qu’en face de lui, le visage de cette blonde restait serein et calme. Ses yeux brillèrent, mais pas pour une très bonne raison, alors que toute sa haine et sa souffrance enfouis pendant ces longues années avaient rejaillis. Il se leva et se dirigea en quelques pas allongés vers le comptoir pour commander une bouteille d’alcool. N’importe laquelle, il s’en moquait, mais il devait oublier. Il n’était pas encore prêt à agir, voulant seulement faire ce qu’il avait toujours fait, oublier et continuer à fuir.

Le tavernier lui déposa sa bouteille qu’il empoigna fermement de la main droite, tentant de se calmer, de reprendre son souffle. Mais le visage souriant de cette femme ne le quittait pas, et lui apparaissaient tels des flashs. Serrant le poing gauche, et appuyant de toutes ces forces contre le bois du comptoir, sa respiration s’accéléra encore alors qu’étrangement, il ne percevait plus que le son de la voix de cette femme.
Obstiner par celle-ci, il n’en pouvait plus, la souffrance et la haine se firent trop fortes, et dans un geste d’une rare violence, empoignant fermement sa bouteille, il porta un coup en plein visage de la blonde ……

Il l’avait fait, enfin, il l’avait fait. La femme s’écroula en un instant dans un bruit de stupéfaction générale, sous les yeux ravis d’Arminus. Lâchant aussitôt la bouteille, et la respiration haletante, il repoussa violemment les quelques personnes qui s’étaient levées pour venir en aide à la licorneuse.


Elle est à moi cette pouffiasse lâcha-t-il, le visage tiré un par large sourire. Sans perdre un instant il la prit par les pieds pour la tirer hors de la taverne, commençant même à rire en apercevant le mince filer de sang qui ruisselait le long du visage de sa victime.

Il était comme déconnecté du monde réel, dans un état euphorique où il se sentait totalement invincible. Tout ce qu’il faisait, il le faisait avec cette sensation de le faire facilement, sans aucunes difficultés.
Sans se poser la moindre question, ses gestes étant comme dictés par une force supérieure, le jeune brun se dépêcha de la prendre sur son dos avec plus ou moins de facilité pour finalement fuir, mais plus pour les mêmes raisons. Le soleil commençait à réchauffer l’air, et le petit village se réveillait doucement devant cette scène, cette vision d’un homme, portant une jeune blonde et courant en direction de la forêt.

Ce n’est qu’après plusieurs longues minutes à s’enfoncer dans celle-ci qu’il s’arrêta une première fois. Il jeta sa victime à terre et lui enleva tous vêtements et autres objets encombrant, se saisissant même de son épée, et ne perdant bien sur pas les bonnes vieilles habitudes, il lui fit les poches.
Après cette petite pause, il se remit en marche, commençant lentement à prendre conscience de ce qu’il venait de faire. Il ne tremblait plus, mais sa tête était envahis de question en tout genre, dont une qui se répétait assez souvent, qu’allait il faire d’elle ?

Une chose était sûre, elle devait payer, ils devaient tous payer, mais elle serait la première, la première d’une longue série.


[Hors de la ville, là où tout continue.]

Après quelques heures de marche, à se poser des questions et à réfléchir, il décida de s’arrêter, déposant tout aussi délicatement que la première fois la blonde à terre. Elle était presque nue et totalement dépouillée, ce qui enchantait Arminus. Sa rage avait pratiquement passé, sa haine également, il ne restait plus qu’un sentiment de soulagement et de liberté.
L’adossant contre un arbre, le sourire aux lèvres, il lui donna des claques alternativement sur les deux joues, en lui murmurant à l’oreille :


Tu vas souffrir, comme moi j’ai souffert, jusqu’à en perdre la vie ….

Ces quelques mots suffirent à ranimer quelque peu cette rage qui ne l’avait quitté qu’un bref instant.
Aldraien


Le soir de l’enlèvement.

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. C’est un peu cette expression que l’on pourrait employer dans le cas de Ald.
Surprotectrice, ou trop attachée ? Sans doute. Elle travaillait dessus mais au fond ne changeait pas, toujours liée à Tlia, quoi qu’elle fasse. Moins bien sûr, moins depuis qu’elle était devenue Licorne, on lui avait dit qu’elle devait trouver une autre raison de vivre qu’Antlia, et pourtant depuis ce fameux jour, elle ne cessait de s’inquiéter. Fameux jour où Antlia s’était effondrée après avoir trop bu du côté de Castres et que la rouquine était restée impuissante devant le spectacle. Actrice devenue muette d’une scène arrivée bien malgré elle, ça ne s’improvisait pas, et la suite non plus.
Devant sa vie, elle était restée figée. Image gravée dans son esprit, et qui revenait brutalement lorsqu’elle ne savait pas où se trouvait l’Etoile. C’était précisément le cas aujourd’hui. Là où elle avait l’habitude de la voir plusieurs fois chaque jour, de la voir sortir ou entrer à l’auberge, aller en taverne : aujourd’hui rien. Elle ne l’avait pas vu de la journée, pas depuis la veille là où elles logeaient.
Et ce mauvais pressentiment persistant…

Du haut des remparts ce soir-là, elle observait le ciel, les étoiles, se demandant où était passée la sienne. Il lui fallait un déclic, une claque, pour se rendre compte de ce qu’elle n’avait pas compris plus tôt : jamais elle n’aurait imaginé ce qui s’était passé le matin même dans une taverne où, bien évidement, elle n’était pas. Jamais là quand il le fallait…ça commençait à devenir une habitude, et qui allait coûter bien plus cher cette fois…mais comment aurait-elle pu le savoir ?
Hantée par les démons qui revenaient rôder autour d’elle, démons qu’elle croyait pourtant partis après leur fameux duel peu de temps après la fameuse mésaventure de Castres où la rousse s’était découverte diable, furie…femme dont toute notion de justice ou de tempérance s’étaient envolées, effacées de son esprit, remplacé par un autre sentiment, furieux, haineux. Ne cherchant qu’une chose : l’odeur de la mort, la satisfaction de la vengeance. Et elle l’avait obtenu, à quel prix ? Lors d’un duel, à aller jusqu’à blesser sa Sœur. Démons enfermés à double tour pour ne plus commettre la même faute, du moins tant qu’Elle serait là.

Et ce mauvais pressentiment toujours…
Le déclic : aller en taverne. Encore là qu’elle avait le plus de chance de la voir ce soir. Après tout, n’était-ce pas là un lieu de rencontre, le lieu de rencontre par excellence ? Elle ne risquait pas de la croiser par hasard sur les remparts, on leur avait donné quartier libre ce soir…Alors, planquée sous la capuche de son mantel gris, elle était descendue de son perchoir, direction les tavernes où brillaient encore quelques lueurs de chandelles, d’où provenaient quelques éclats de voix, quelques rires. Elle entre dans la plus animée, salue, se présente…pose la question fatidique : l’avez-vous vu ? Une blondinette plus ou moins du même âge qu’elle, moins que plus d’ailleurs, portant une cape azur : Antlia…Réponse négative, tête basse de Ald, où était-elle donc ?
Ne pas s’inquiéter, disaient-ils, vous allez la retrouver bientôt, elle doit visiter. Visiter, en plein milieu de la nuit ? Visiter en se cachant ? Balivernes…Attendre une semaine disaient d’autres. Une semaine ? Jamais, elle la retrouverait bien avant. Était elle rentrée à l’auberge se reposer, elle qui montrait des signes de fatigues ces derniers jours, conséquence de leur voyage incessant ?

Dans le doute, se rendre dans l’autre taverne. Même question, même réponse : inconnue des habitants venus se détendre ce soir là en taverne. Retour à celle d’avant dans l’espérance toujours de la voir arriver. Visage fermé et regard sombre alors qu’elle salue la nouvelle arrivante, s’enchantant par la même occasion sans le moindre soupçon d’un sourire sur son visage. Pourtant, nouvelle arrivante signifiait nouvelle chance de savoir, et elle était bien loin d’imaginer ce qu’elle allait apprendre. Le récit avance, les yeux s’écarquillent et le visage se crispe, toutes les images qu’elle avait vécu lui remontent à l’esprit avec une violence inouïe : l’évanouissement en taverne, l’incendie et sa main sur la sienne pour la soutenir alors que la rouquine était dans un sale état…Et où était elle maintenant ? Où ?!
Blessée ? Agressée ? Quand ?! QUI ?!!
Le nom prononcé, comme un coup de poing dans l’estomac de l’Ecuyère…Elle avait rencontré cet homme, deux jours auparavant, et il avait dès lors montré une aversion violente contre la Licorne, quittant sa présence aussitôt son appartenance à l’Ordre de l’animal mythique dévoilée, bien que ce n’était pas un mystère : elle ne le cachait pas.

Et le mauvais pressentiment s’amplifie…
La rage et la peur se mêlent, donnant aux personnes présentes une image bien peu glorieuse de la femme, mais peu lui importait, elle ne souhaitait qu’une chose…
Tuer, massacrer, étriper…
Que lui voulait-il à sa Tlia qui n’avait jamais fait de mal à personne sauf quand il fallait protéger les siens ? A celle qui s’était toujours battue pour les autres plus que pour elle-même ? Rien qu’à imaginer les mains de la pourriture sur sa suzeraine, les pulsions meurtrières la prenaient toute entière et lui faisaient serrer les poings encore plus fort, jusqu’à s’enfoncer les ongles dans la paume de la main…
Partie, la gentille Ald qui avait appris à se contrôler, qui maitrisait ses sentiments bien gentiment. Partie, la femme posée et pragmatique qui raisonnait avant d’agir.
Partie, la douce et parfois naïve amie, de conversation si plaisante -diront certains- en taverne.
De retour, haine et folie, rage et violence d’un regard incisif et vide de toute pitié.

Pourtant, elle se contient encore quelques minutes : elle a besoin de savoir. Où sont-ils ? Ils ne savent pas ! Mais bon Dieu que foutaient ils alors qu’une femme se faisait enlever sous leurs yeux ?! Trop apeurés pour réagir, pour aider une femme inconsciente trainée comme un vulgaire sac ?!
A trois, voir quatre contre un ? Baste, les gens n’avaient décidément aucun courage…
Prête à partir, main déjà crispée sur le pommeau de sa lame, elle se fige en voyant entrer sa sœur, Bess. Vite, lui raconter la situation ! Si soudain, Bess a du mal à comprendre, pourtant il le faut ! Tlia, agressée en taverne…Elle était Licorne : la Licorne toute entière l’aiderait. Mais plus que ça, c’était une affaire que Ald, ayant perdu l’esprit, souhaitait régler en y apposant sa marque…
Prévenir…le maître mot. Elle ne s’en sentait pas capable, Bess le ferait à sa place et la rouquine irait voir à l’auberge…dernier espoir de retrouver sa Tlia indemne.
Elle sort en courant de la taverne, prenant à peine le temps de saluer tout le monde et se met à courir le plus vite possible vers l’auberge, manquant de se retrouver le fondement par terre un bon paquet de fois, si son équilibre n’avait pas été plus fort que tout et ne l’avait pas mené à bon port finalement très rapidement.

« Ensemble », avait dit Bess. Ensemble, il fallait régler cela…Mais qui, dans la Licorne, connaissait le lien qui unissait Ald à Tlia ? Personne n’avait encore vu la rouquine ainsi. Personne, même hors de la Licorne. Seule les deux femmes connaissaient la profondeur de leur lien, pour l’avoir éprouvée à plusieurs reprises.
Sans délicatesse, elle avait pénétré dans la chambre de l’Etoile, pour n’y trouver que quelques affaires éparpillées, rien qui ne pouvait la mettre sur une quelconque piste, rien du tout. Et la rage qui remonte à nouveau, l’envie de tuer…elle dégaine son épée et dévale les marches de l’escalier vers l’extérieur. Elle le tuerait, de ses mains, elle l’étriperait…nulle question de clémence pour celle qui avait perdu l’esprit, nulle pitié dans ce regard que seule Antlia avait pu apercevoir avant d’être blessée.
Et là, un hurlement bestial, déchirant la nuit et les étoiles…Elle espérait que, quelque part, cette pourriture l’entendrait…Qu’il saurait à quoi s’attendre. Qu’il saurait qu’il s’était attaqué à la mauvaise personne et que, où qu’il soit, elle le retrouverait pour l’entendre agoniser sous sa lame.

La haine appelle la rage…et celle de Ald ne connaissait pas de limite, la Louve de Grignan était de sortie : la chasse était ouverte à présent…à qui dévorera le premier. En courant toujours, elle retrouva Bess et, essoufflée, camoufla son regard assassin sous son capuchon pour lui faire part de l’absence d’Antlia à l’auberge…Bien sûr, elle était Licorne, n’agirait pas seule…mais dans son esprit seuls subsistaient rage et inquiétude. La retrouver, vite…avant qu’il puisse lui faire quoi que ce soit, avant qu’il puisse seulement poser ses mains sur elle…Elle les trancherait avant, bien avant.
La Justice…c’était cela, sa Justice. Cette pourriture paierait…
Maintenir un calme apparent devant sa sœur qui a déjà du donner l’alerte, se calmer, l’espace d’un instant, l’espace d’une phrase…Juste pour savoir :


Que fait-on…maintenant ?

_________________
Bess.scte.merveille
[Le soir de l'enlèvement ]

Qu'est ce qu'on fait maintenant... mince ! quand elle avait prit la tête de leur groupe c'était pas prévu du tout du tout du tout qu'elle ait à traiter un enlèvement...

Evidemment il fallait que ça arrive maintenant. L'esprit bouillonne, les différentes possibilités passent et repassent dans sa tête, les unes éliminées car trop extravagantes, les autres mises de côté pour déterminer la plus adéquate à la situation... résultat des courses ? ben toute manière avant de faire quoi que ce soit il faut chercher... et vite ! en espérant que l'agresseur et sa victime soient toujours dans Laval, et qu'ils aient des indices et des témoins.


Bon toute manière c'est pas en restant ici qu'on va avancer. Déjà prévenir Shiska qui n'est pas au courant ... tu devrais le trouver à faire sa ronde, moi je vais prévenir nos frères et soeurs pendant ce temps.

Voilà déjà rameuter les troupes, et puis ...trouver des informations sur l'agresseur. Qu'avait dit la dame déjà ? qu'il était arrivé depuis peu ... donc peut être que quelqu'un l'avait plus ou moins remarqué ?

Quand tu l'auras trouvé revenez ici ! nous allons nous organiser pour trouver un maximum de renseignement sur notre bonhomme... déjà voir toutes les auberges de la ville si quelqu'un se souvient de lui. Je doute qu'il ait prit chambre mais sait-on jamais ... il faudra également interroger les gens au marché, trouver les boulangers...et les interroger également, si notre homme n'avait pas de quoi se nourrir il y a de grande chance pour qu'il ait acheté du pain quelque part. Il serait plus logique qu'on le trouve dans les bas quartiers mais je ne veux pas tout tabler là dessus, si notre homme est malin au contraire il irait là où on ne risque pas de le chercher.

Elle réfléchissait tout en parlant, ils devaient aller vite... très vite. La mort de leur soeur n'était pas une possiblité à prendre en compte pour le moment ...donc rassurer Aldraien. Bess ne savait pas quelles relations entretenaient les deux jeunes femmes, mais à voir la tête de l'Escuyère, elles étaient plus qu'amies. Bess tendit la main, elle touchait rarement les gens, mais cette fois il était peut être utile de rassurer, elle toucha doucement l'épaule de sa soeur :

Je ne pense pas qu'elle soit morte ... si tel était le but de notre agresseur il l'aurait fait sans l'emmener... nous avons donc pour l'instant des chances de la retrouver. Mais il ne faut pas faire n'importe quoi d'accord ? Il faut être méthodique.

Méthodique tu parles ! Ventredieu ! la dernière fois qu'elle avait eut affaire à un enlèvement c'était celui d'Alessandro, elle avait été laissé pour morte et était dans un trop piteux état pour entreprendre quoi que ce soit... c'était pas le cas d'Aldraien, et Bess ne voulait pas de quelqu'un d'ingérable qui fasse comme elle veut quand elle veut, au risque de détruire toute chance de retrouver Antlia

Je peux compter sur toi ? De la méthode, et nous remuerons ciel et terre pour la retrouver ... mais je veux pouvoir compter sur toi
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Lady_antlia
[ Dans la forêt lointaine ohé , ohé ! - Une nuit après l'enlèvement]




La Blonde n'a pas repris connaissance, et se fait balader, secouer comme un vulgaire sac sur une large épaule, voilà ce qu'elle est devenue. Aucune pensée, rien. … La blessure de sa tête ne saigne plus, et le sang coagulé laisse une marbrure sinistre sur sa peau d'albâtre.

Des coups la réveillent, des gifles qui la secouent, un courant électrique à son mental et elle entrouvre les yeux. Une douleur lancinante à la tête lui tape dans les tempes, lorsque dans cet espace brumeux, elle entend un chuchotement à son oreille:

Tu vas souffrir, comme moi j'ai souffert, jusqu'à en perdre la vie ….

Elle ne réalise pas tout tout de suite, elle ne comprend pas, mais ces mots résonnent dans sa tête comme un glas qui sonne. il faut qu'elle rassemble ses esprits: souffrance, perdre la vie donc mort.
Elle essaie d'ouvrir un peu plus les yeux sous la peur qui vient lui tenir les tripes et elle se souvient d'un choc en taverne puis plus rien.
La Blonde lève le menton alors, lentement, et vient à fixer l'homme qui se tient devant elle. Elle met un moment pour le reconnaître, le hargneux de la taverne en Laval . Mais que fait elle là?!
Son regard se porte sur les alentours, des arbres, une forêt sans doute : son esprit de soldat reprend quelques temps le dessus jusqu'à ce qu'elle sente le froid lui mordre les chairs et son regard se pose sur elle : il ne lui reste plus que sa chainse!
L'esprit de l'Etoile s'affole puis se renferme alors... bloquant ce qu'elle a déjà vécu dans une taverne il y a bien longtemps lorsqu'elle travaillait aux renseignements.
Son esprit se ferme pour ne pas penser à cela, non ne pas penser à cela. Tlia reprends toi, allez!

La Belle dans sa chemise intime, cheveux libres, adossée contre un arbre et retenue d'une main par son ravisseur qui lui fait face. Voilà le tableau qu'ils offrent ce matin là. Ils restent immobiles, se jaugeant alors que le vent se joue des vêtements et cheveux mordant encore plus la peau de l'Errante.
Elle bouge ses muscles sans faire de mouvements, non elle n'a rien, tout est là, sauf ses vêtements bien sur. Ses poignets sont libres, pas de liens mais plus d'armes. Il lui a tout enlevé.

La respiration se fait profonde, son visage n'est qu'à quelques onces du sien . Elle peut sentir son odeur, sa respiration sur sa peau ce qui lui soulève le coeur.
Non allez ma belle! Réagis, trouve quelque chose, il en veut à ta vie ! Il faut fuir coute que coute!

Oui un élan, une volonté de survie qui monte en elle et qui, malgré son esprit embrumé , incite la Belle à le repousser de ses deux mains afin de l'écarter d'elle et à commencer une course folle chaotique à travers les arbres de la forêt. Elle n'a plus le sens de l'équilibre, plus de chausses et ses pieds nus se blessent. Mais elle n'en fait pas cas, elle n'y pense même pas. Elle court !
Elle se rattrape comme elle peut aux troncs, la peau de ses cuisses est griffée par les arbustes, la peau de ses pieds meurtrie alors qu'elle tombe plusieurs fois à genoux perdant l'équilibre.
Tlia se relève inlassablement comme un gibier traqué, muée par un esprit de survie et de peur.
Elle ne regarde pas en arrière , non elle fuit aussi loin que ses jambes flageolantes lui permettent, la mâchoire contractée.
Sa respiration se fait alors rapide, son cœur fait un bond en sa poitrine: juste lui échapper, et elle verrait après. Oui, lui échapper, rester en vie, le reste , elle le verrait plus tard, si elle le peut encore..

_________________
Arminus
[Dans une forêt, où une vie s’éteint.]

Face à face, il n’était qu’à quelques centimètres de son visage. Arminus la fixait, ses yeux dans ses yeux alors que doucement elle reprenait connaissance. Attendris ? Certainement pas, il réfléchissait plutôt à la manière dont il allait la tuer aussi lentement que possible. Lui n’attendait plus qu’une chose, la faire souffrir le plus longtemps possible.
A croupi en face d’elle, empoignant sa main, elle semblait revenir à elle, et à réaliser ce qui allait lui arriver. A prendre peut être conscience que la fin était proche.

Il aurait pu commencer tout de suite, lui ouvrir les veines et la ruer de coups, mais quelque chose l’obligeait à attendre. Après tout pourquoi la faire un peu souffrir maintenant quand on peut lui infliger des douleurs insupportable juste après.

On pourrait croire que la voir aussi faible et fragile l’avait peut être fait baisser sa garde, ne l’avait pas rendu attentif, ou bien autre chose, car il aurait été facile de trouver une quelconque excuse, mais le résultat était le même. La blonde avait réussi à lui échapper, en le repoussant de toutes ces forces.

Basculant en arrière et perdant l’équilibre, le dos touchant le sol, il l’aperçut prendre la fuite. Expirant bruyamment et serrant les poings, il laissa échapper un cri de hargne et de mécontentement alors que dans la même foulée, il se releva d’un bond. Après ce qu’il avait fait, il était hors de question de la laisser s’échapper, il était hors de question d’attendre encore, de repousser l’heure de sa vengeance.

Laissant l’épée de la blonde sur place, il se lança à poursuite, le visage crispé par une grimace qui semblait être figé. Heureusement il remarqua assez rapidement que sa licorneuse n’était probablement pas encore elle-même. Elle s’écrasa plusieurs fois à terre, prenant même appuie par moment contre des arbres.

Son visage changea quelque peu, et il ne se sentait plus aussi vexé qu’il y a quelques instants. Parcourut par un frisson de soulagement, il ne tarda pas de la rattraper et une fois à sa hauteur, il se jeta à ses pieds la stoppant net alors que sa tête heurta le sol violemment. Rapidement il la remit sur le dos, positionna un genou sur son ventre pour l’immobiliser alors qu’il serra le poing droit de toutes ces forces pour lui donner un autre coup en plein visage. C’était comme si il y avait mis toute sa frustration en le voyant partir.

Les sourcils froncés, la respiration rapide comme toujours, faisant même bouger ses narines d’une drôle de façon tout aussi effrayante, il lui enleva ce qui lui restait de tissu sur elle. Il les mit juste à coté de lui, avant de fixer de nouveau le visage de la blonde. Sa haine et sa rage ne le quittaient plus alors que s’en suivis un moment assez particulier mais très court où Arminus semblait comme immobile, toujours sur elle, à la regarder. Impossible de dire ce qui se passait dans son esprit, ni même à quoi il pensait. Et d’un coup sans prévenir, plissant seulement le nez, il décolla une nouvelle droite à la licorneuse.

Il se leva rapidement après ceci pour l’amener contre un autre arbre, mais cette fois ci il prit soin de lui attacher fermement les mains autour de l’arbre. Ce qui prouvait bien que le grand brun n’était pas encore habitué, ni même expérimenté pour avoir fait l’erreur de lui laisser les mains libres. Mais il apprenait vite de ses erreurs, et la prochaine fois, pour un autre licorneux, il s’y prendrait autrement pour gagner en efficacité.

Après avoir vérifié que tout allait bien, il vint se replacer devant elle, et sortit la dague qui ne le quittait jamais. Petite et discrète, elle trouvait bien sa place dans sa botte droite.


Vous savez commença-t-il à dire, essayant de faire abstraction de toute sa haine pour prendre le visage de quelqu’un qui réfléchit, qui pense. Ce n’était pas chose facile, car le sien était marqué par sa hargne et son envie de la voir mourir. Se sont des trous du cul de licorneux qui ont tué mes parents devant mes yeux. Il essayait juste de parler, sans se souvenir, seulement en parler. Les mots ne veulent rien dire si ils ne sont pas associés à une idée, à un souvenir ou une pensée. Mais ceux là n’étaient que des mots, sans aucun sens pour lui, l’empêchant d’avoir à souffrir de nouveau.

A ce moment là il empoigna sa dague qu’il rapprocha de son ventre nue. La première chose qu’ils leur ont faite, s’était de les ruer de coups au ventre. Ils en étaient pliés de douleur …. Il fronça de nouveau les sourcils, retroussa de plaisir le nez laissant apparente ses dents alors qu’il commença à enfoncer la pointe de sa lame dans la chair de sa victime. Allant du haut, il descendit aussi bas que possible, le tout très lentement. Souriant à la vue du visage de la blonde, il recommença à peine plus loin de la première plaie pour l’entendre de nouveau gémir. Et au fur et à mesure qu’il répétait l’opération, il empoignait plus fermement sa dague.

Vous savez mon père a tenté de stopper ces phylécastrope de licorneux, mais vos frères et sœurs lui ont alors planté une lame dans la cuisse pour le dissuader de bouger.

Commençant doucement à rire, il fit glisser sa lame recouverte de sang le long de son corps pour la stopper sur sa cuisse droite. Son rire se fit plus intense, plus franc, mais totalement sadique alors qu’il recommença inlassablement sur cette autre partie de son corps.

Par Aristote, que c’était bon ...
Aldraien



Laval, toujours l'même soir de l'enlèvement.

Putain de sale pressentiment !
Il n’aurait tenu qu’à elle, elle serait déjà sur sa jument à galoper dans les rues en criant à tue-tête le nom de son amie pour la retrouver. Mais non…Méthodique, obligée d’attendre les instructions…Pourquoi perdre un temps si précieux ?! Pourquoi ne pas partir, juste elles deux, à la recherche de leur sœur ? Après tout, il ne s’agissait que d’un seul homme, et elles étaient deux Licorneuses, habituées à se servir de leurs armes…Si elles le retrouvaient…
Mais non. Et Bess préférait l’idée de préparer un plan plutôt que de foncer tête baissée, elle avait raison, bien entendu, mais l’état de Ald l’empêchait de prendre ne serait-ce qu’une décision sensée tant seule l’idée de tuer pour venger l’obnubilait.
On lui avait bien appris pourtant, que la maîtrise de soi était une qualité nécessaire à une Licorne. Qu’y pouvait elle ? C’était la vie de l’Etoile qui était menacée. Que lui avait déjà fait l’ordure qui l’avait enlevé, à l’heure qu’il était ? Bien pire que ce qu’elle n’osait imaginer, assurément.
Elle avait appris à se contrôler pour ne pas être si impulsive, manque de bol, l’homme avait touché à la seule personne qu’il ne fallait pas. Son catalyseur. Celle qui toujours avait réussi à la maintenir calme…Et voilà qu’elle n’était plus là. Réfléchir, elle ? Plus possible.

Visiblement, si elle voulait arriver à quelque chose, elle devait écouter Bess. Louve enragée qui n’attend qu’une chose : qu’on lui montre sa cible.
Ne pas exploser, pas tout de suite, et écouter les instructions. Sa sœur, en un temps record malgré la situation critique, avait réussi à établir une sorte de plan avec comme premier point : prévenir les autres. Elle devait trouver Shiska à présent, et s’apprêtait déjà à courir vers les remparts avant de se raviser, Bess n’ayant pas fini. A quoi bon expliquer le plan à suivre à une femme qui est à peine capable en cet instant de se souvenir de son propre prénom tellement la rage qu’elle ressent est intense ? Elle répéterait bien la chose plus tard, elle aviserait donc à ce moment…
Que pouvait il donc se passer dans la tête de Tlia ? Dans son cœur ?
Trouver Shiska, vite…Encore une fois, elle s’apprête à partir, alors qu’une main se pose sur son épaule. Sa sœur a-t-elle ressenti la rage, la peur et l’absence de contrôle de l’Ecuyère ? C’était le genre d’émotions qui devaient filtrer hors d’elle, créant une sorte d’aura menaçante autour d’elle…sans doute.
Les paroles qui suivirent ce geste de soutien n’avaient cependant rien de rassurantes, même si c’était certainement le but initial de la manœuvre. Loupé, on dirait…Elle n’était pas morte, ça Ald s’en doutait. Son soucis, c’était qu’il y avait pire que la mort, et c’était cela bien plus qu’autre chose qu’elle redoutait : que l’agresseur prenne plaisir à faire souffrir l’Etoile. La retrouver, oui, mais dans quel état ? Là était la question…

Bess avait compris. Elle avait compris qu’Ald ferait tout et n’importe quoi pour retrouver Antlia. Elle n’avait cependant pas encore compris l’étendue de ce qu’ elle était capable pour ça, et ce qu’elle ferait une fois que ce serait fait…Elle n’avait pas connu la folie. Etre méthodique…elle lui laissait ça.
Demi-tour en direction des remparts, le corps qui échappe à la main posée sur son épaule. Pas un refus de ce soutien, non, mais elle n’était plus elle-même et quiconque aurait aperçu son regard s’en serait rendu compte aussitôt.
Un pas vers les remparts, puis elle s’arrête : elle ne lui a pas répondu. Compter sur elle ? Pour la retrouver, oui. Pour rester calme face à l’agresseur, beaucoup moins. Qu’est-ce que Bess allait donc penser d’elle ? Ce n’était même pas le moment d’y songer, il fallait agir maintenant, et vite. Ton hargneux, presque un grognement de rage et le regard sous son capuchon qui se fait encore plus dur.


Tu peux compter sur moi…Je vais remuer les enfers.

Allez, maintenant, on se dirige rapidement vers les remparts, l’esprit plein d’images qu’elle ne veut pas voir, qu’elle ne veut pas imaginer. On élude, on élude. Il n’est pas temps d’y penser, ça sert à rien de psychoter…si ça se trouve elle va très bien, il ne lui a encore rien fait…Allez Ald, reprends toi, trouve Shiska. Anticiper à l’abus…un sourire de démente déchire son visage alors qu’elle se voit éventrer l’ordure et le laisser se vider de ses entrailles lentement sur un chemin, après avoir sauvé Tlia.
Retour à la réalité, elle est au pied des remparts. Lui, il est là haut…Aller le chercher, ne pas l’appeler en criant, ça pourrait créer la panique. La voilà, l’ombre, qui monte en direction des remparts, du chemin de ronde. Elle le reconnait rapidement, après tout ils ont passé pas mal de temps les derniers jours ensemble en taverne, et s’en approche d’un pas silencieux.
La main tremblante se pose sur son épaule et les mots sont lâchés comme ça, pas le temps de tourner autour du pot. Le couperet va tomber, et déjà elle fait demi-tour vers là d'où elle vient, direction Bess...et la suite.


Suis moi Shiska, on rejoint Bess. Antlia a disparu, enlevée…

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Shiska
Comme les tours de rondes étaient pénibles lorsqu'il ne se passait rien d'intéressant... La seul chose à faire et de tourner et retourner sur les pierres en regardant dehors et dedans. Parfois un paysan ou un cavalier sortait encore de la porte principale pour rejoindre sa ferme ou autre avant que les portes ne ferment pour le couvre feu. Le loup rongeait son frein de dépit en regardant l'horizon d'un air absent. Lui le chasseur, le militaire, l'homme arnaché d'une épée et de deux dagues à la ceinture n'avait rien eu d'autre à faire depuis des lustre que de regarder les gens aller et venir au loin.

Soudain un bruit non loin le fit sortir de sa torpeur. Une main se posa sur son épaule, une main dont la fébrilité tranchait nettement avec tout ce qu'il aurait pu s'attendre à ce moment là. Ses sourcils se froncent alors que les mots sont lâchés, se frayant un chemin dans son esprit. Le loup se redresse alors en se retournant vers Aldraien et pose son regard bleu sur elle.


Disparue? Quand ça? Où?

Ses sourcils froncés et son regard perçant trahissent la machine qui c'est mise en marche dans sa tête. Il repassait le film de ce qu'il avait vu jusque là, essayant de trouver une image d'une personne sortante qui aurait pu correspondre à la demoiselle perdue. La ville n'était pas des plus grande et malgré le fait que beaucoup semblait en proie à haïr tout ce qui ressemblait à de l'autorité Mainoise; il était plutôt difficile de s'attaquer à une licorne en pleine ville sans se faire remarquer. Malgré tout ses efforts aucune des sorties qui lui revenaient en mémoire ne correspondaient à ce qu'il se rappelait de la jeune fille.

Ne prenant pas la peine d'attendre la réponse de la jeune femme visiblement préoccupé par la disparition, il prit la direction inverse. Celle ci semblait d'ailleurs plus préoccupé que nécessaire par cet enlèvement ce qui laissait supposer qu'elle avait une raison supplémentaire qu'il ignorait... bah, cela ne le regardait pas après tout. Une femme qui l'accompagnait avait été enlevé et c'était le principal.


Parle moi d'elle... elle a des opposants virulents? Vous savez si il y a des dissidents anti licorne ici?
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Aldraien


Sur le chemin, entre les remparts et Bess.

Les premières questions de Shiska étaient passées à la trappe. A quoi bon savoir quand et où ? L’essentiel était là : elle avait été enlevée, peu importaient finalement les circonstances…seule la conséquence était importante. Elle élude donc, Bess lui expliquera si nécessaire, Ald ne jugeait pas cela utile dans l‘immédiat. N’importe qui, autre que Ald, aurait surement pris le temps de lui expliquer puisqu’après tout, on était bien plus efficace lorsque l’on connaissait tous les détails d’une affaire.
Mais non, pas possible. Pour plusieurs raisons, notamment que les dits détails auraient sans doute fait exploser la rouquine, qu’elle ne comprenait toujours pas comment Tlia avait pu être enlevée en plein jour dans une taverne bondée…Oui, ça lui échappait, car elle, à leur place, aurait empêché ça. Il ne serait pas parti avec elle si Ald avait été là. Ca, c’était la deuxième raison, elle s’en voulait en plus de ne pas avoir été là…Elle qui se disait à une époque garde du corps de l’Etoile, enfin y a longtemps puisque c’était avant même qu’elle ne devienne vassale, quand, d’un surnom qui lui avait été donné par une personne très importante pour elle, on avait fini par l’appeler la Louve de Grignan. Elle avait juré protection, et où était elle maintenant ?

En train de marcher, courir presque, dans les rues de Laval qui menait à Bess, Shiska sur ses talons. Le pauvre ne devait pas y comprendre grand-chose, lui qui pensait certainement passer une nuit des plus paisibles. Loupé. Se retrouver à suivre, sans savoir ce qu’il se passait, pas facile. Surement pour ça d’ailleurs qu’il tenta d’amorcer le dialogue avec de nouvelles questions, à croire qu’il n’y avait que des questions à poser dans ce genre de situation, personne ne pouvait donc apporter de réponses précises à cet enlèvement ?
Ces questions pourtant, elle allait y répondre, parce qu’elle savait de quoi il en retournait. Parce qu’elle était visiblement la seule Licorne à avoir rencontré le type, parce qu’elle connaissait Tlia sans doute mieux que Shiska et Bess et que, par là même, elle était la mieux placée pour répondre aux interrogations, tout à fait légitimes, de Shiska. Malgré tout, elle aurait bien aimé éluder là encore, se souvenir de l’ordure qui avait agressé Antlia n’enlevant rien à la colère et à la rage qu’elle ressentait envers lui…Et dire qu’elle l’avait rencontré deux jours auparavant ! Et pourquoi donc s’en prendre à Tlia plutôt qu’à elle…Peut-être ne savait il pas qu’il avait signé son arrêt de mort en faisant cela…
Son pas se fait plus lent, elle prend le temps de respirer avant de répondre pour ne pas être trop agressive dans ses mots. Après tout Shiska n’a rien fait lui, il n’y est pour rien dans tout ça, elle ne peut s’en prendre qu’à elle de ne pas s’être méfiée plus que ça de cet homme…


Elle n’a pas plus d’opposants que moi ou une autre Licorne, nous ne pouvons être aimés de tous…Cependant, je n’ai jamais vu personne qui lui en veuille au point de s’attaquer à elle en plein jour et dans une taverne pleine…On n’attaque pas une Licorne si facilement d’ordinaire…Surtout quand on sait que l’Ordre est présent au sein même de Laval…Je doute qu’il l’ignorait. Il a du faire ça conscient de ce qui allait suivre.
Il s’appelle…Arminus.
Temps d’arrêt, grimace sur le visage avec une envie de cracher pour avoir prononcé ce nom, puis elle reprend, mâchoire crispée et poings serrés.
Je l’ai rencontré il y a deux jours en taverne…A moi, il ne m’a rien fait…lorsqu’il a su que j’étais Ecuyère, il s’est levé simplement…et il est sorti. J’ai senti une grande haine en lui vis-à-vis de la Licorne…Je pense qu’il doit être prêt à tout…c’est pour ça qu’il faut faire vite.

Pas qui reprend l’allure rapide, ils ne sont plus loin de Bess maintenant. Elle n’attend pas de réponse de Shiska, de toute façon il n’y a rien à dire. Juste à agir, et vite. Elle les a déjà entendu lorsqu’ils parlaient tous les deux, Bess et Shiska, s’appeler louve et loup. Elle espérait que ce n’était pas simplement pour faire beau…
Et les voilà tous les deux qui arrivent à hauteur de Bess, la rouquine priant pour que les choses aillent vite à présent. Elle laisse sa sœur faire un topo à Shiska, en profitant pour perdre son regard dans les ténèbres environnantes pour tenter de les percer…Douce utopie que de croire que la lumière peut disperser l’ombre sans plus de cérémonie. Ald a décidé de vaincre le mal par le mal…l’ombre par les ténèbres, la haine par la rage.
Vite…que faisaient ils ? Qu’allaient ils faire en premier ? Bess donnait les instructions…Licorne…Où ? Que faire ? Allaient ils faire ce qu’elle lui avait dit avant qu’elle parte chercher Shiska ou bien avait elle changé de plan entre temps ? Oreilles aux aguets, elle attendait, bouillonnante à l’intérieur que les choses n’aillent pas plus vite.

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Lady_antlia


[ Dans la forêt- toujours le jour suivant l'enlevement- jour 2 ]

L'Errante de la Licorne était venue défendre Laval, une mission comme tant d'autres qu'elle effectuait depuis qu'elle était entrée en cet ordre. Honneur, Bravoure, Justice les 3 mots qui régissaient son être depuis des mois. Depuis son intronisation, elle donnait tout son temps aux autres en venant en aide aux Duchés et aux personnes sans aucune contre partie mais au milieu de ses frères et soeurs qui étaient animés des mêmes desseins. Elle était faite pour combattre avec les armes à la main, mais .. pas ça , non pas ça !


La course folle s'arrête brusquement alors qu'elle se sent chuter, bras en avant et que sa tête plus lourde vient heurter le sol d'humus. Point trop de mal comparé à ce que cela aurait pu être, la litière de la forêt a amorti sa chute ainsi que le coup qu'elle aurait pu avoir .
Déjà pas bien vaillante, elle est sonnée la jeune femme et le coup de poing qu'il lui assene a fini d'éteindre la dernière flamme de vivacité qu'elle avait en elle. Elle est devenue poupée de chiffons qui ne fait que subir pour avoir un autre coup au visage, qui finit de lui fait perdre connaissance à nouveau .
C'est lorsqu'elle sent la rudesse de l'ecorce contre la peau de son dos nu qu'elle entrouvre les yeux, pale, le sang s'échappant de ses lèvres tuméfiées: Consciente d'être maintenue debout, d'être nue et de la voix haineuse qui lui parvient.Puis cette sensation, cette piqure et douleur vive qui entre en ses chairs et se propage pour finir par la faire revenir au temps présent, l'esprit qui se désembrume à nouveau et un cri retentit dans la forêt.
NOn! arretez!
Elle le croit pas, non ce n'est pas possible et pourtant elle le sent. Il lui entame les chairs de sa lame alors qu'elle ne peut se défendre.
Et il lacerere celle ci jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus qu'émettre gémissements à force de fatigue, de tension et de cris, elle n'en peut plus.
Il s'arrête, son ventre n'est que douleurs et ruisselle de sang. Elle écoute ses dires, et avant qu'elle ne puisse il recommence. Et sa voix s'échappe de ses lèvres en un flot de paroles, voulant que vérité soit sue et comme un appel au secours, elle déclame faiblement:


Les Licorneux ne peuvent pas . Ils n'ont pas fait ça ! C'est impossible ! Ils aident, ils ne tuent pas gratuitement! Ce ne sont pas des brigands!
Si tu étais un homme, tu te serais battu!


Elle avait fini par le tutoyer, tellement la haine de se voir ainsi sans défense l'animait. Elle aurait voulu se battre au moins! C'était indigne d'elle, indigne de ce qu'elle était. Elle se battait avec les armes, avec son épée. Et ce qu'elle voyait n'était que haine gratuite, et même pas envers elle , non. Envers la Licorne.
Les Licorneux ne se mettent pas à plusieurs sur de pauvres gens, encore moins si ils n'ont rien fait. Ils n'attaquent pas mais défendent. Ce qu'il dit est impossible, il se trompe!
Ses sinoples essaient de capter son regard mais peine perdue: ce qu'elle y voit frise la démence et elle sait.... Elle sait qu'il n'aura aucune pitié. Alors pour ne plus penser à ce qui va suivre ni ce qu'il lui fait, elle répète inlassablement le serment qu'elle a prononcé lors de son admission à la Licorne, son esprit décroché le plus possible de son corps, jusqu'à ce qu'elle s'evanouisse à nouveau sous la douleur

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Bess.scte.merveille
[Auberge qui héberge - toujours le soir de l'enlèvement]

La réponse ambigüe d'Ald ne l'avais pas rassuré pour un écu... même pas pour un denier d'ailleurs. Mais à vrai dire elle n'avait pas le choix. Et elle n'avait pas le temps de lui expliquer que la rage ne fait pas plus avancer qu'autre chose.

Oh elle aurait pu ergoter pendant des heures... c'est qu'elle en savait quelque chose la Bessou... la haine et la rage vous meurtrit le coeur, aussi surement que la bête sans nom vous souille l'âme. C'est une descente aux enfers... on y perd tout repère, le bien le mal, le bon et le méchant. On y brûle toutes ses ressources et pour quoi ? au final ça n'apporte rien, ne change rien, ne ramène pas ce qui a été perdu ou souillé...ou les deux. Ca ne fait que vous détruire à petit feu aussi surement ...

Voici les pensées de Bess alors qu'elle regarde Ald partir en courant à la recherche de Shiska. Elle la regarde encore quelques instant avant qu'elle ne disparaisse au bout de la rue, puis se détourne enfin pour entrer dans l'auberge et prendre les mesures. D'abord courriers à Ethan et Cerrid, histoire de prévenir leur frères et soeurs situés au Mans, ce qu'elle fit rapidement, nul besoin d'en faire un roman, les deux mots furent succincts mais clairs et ne laissant aucune ambigüité. Elle descendit à nouveau dans l'auberge, espérant avoir le temps de poser les questions nécessaire à la phase suivant de son plan ... savoir où chercher.

La chance dans l'histoire ? le couple tenant l'Auberge était loquace. Elle apprit très vite ou trouver les divers boulangeries et auberges de la ville. Elle avait eut du mal pour les bas quartiers, bien sûr pas le genre d'endroit que l'un ou l'autre fréquentait, mais en titillant un peu l'un et l'autre elle su ou trouver au moins un possible informateur sur ce qui se passe là bas. Elle sortait de la taverne alors que Shiska et Aldraien arrivaient justement. Regard perçant à l'escuyère, la haine faisait son chemin, amenant avec elle l'impatience. Elle pensait encore Antlia vivante ... mais certainement pas en bon état. Par contre pas question de le dire tout haut, pas ici et pas à elle. Alors on garde ses idées pour soi et c'est la chef qui prit la paroles :


Bien ! J'ai eut quelques informations. J'espère que ça va nous aider. Shiska je te laisse le soin d'aller dans les bas quartiers, tu dois essayer de trouver un certain Rog Le Chien, il est sensé savoir tout ce qu'il se passe là bas, qui arrive et qui part et quels sont les mauvais coups qui viennent d'être faits. Il saura peut être quelque chose.

Ald toi tu vas vérifier toutes les boulangeries, je t'ai donné un liste avec des noms de rues. Moi je vais m'occuper de faire toutes les auberges ou lieu d'hébergement qu'on peut trouver en Laval. On se retrouve ici. Le premier qui arrive attend les autres, pas question de faire quoi que ce soit en solo.


Le regard est direct, et ça n'est pas à Shiska que Bess s'adresse. Maintenant à savoir si ça sera suivi, dieu seul le sait. Ils n'ont pas de temps à perdre, et la Baronne espère seulement que la raison guidera les pas de l'escuyère, à défaut du coeur.

La nuit allait commencer, ils devaient se presser. Les ordres étaient donnés et chacun pu vaquer à sa mission de la nuit. Quand à Bess, elle se mit également en marche vers ses différentes destinations.

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Aldraien


Toujours le soir de l’enlèvement.

« Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ? » *

Pourquoi se voiler la face, elle mourrait d’envie d’y aller. Baste les boulangers, les directives, les ordres…Elle aurait simplement couru en criant son nom, ainsi elle aurait surement fini par tomber sur quelqu’un qui savait quelque chose. Licorne à l’écart des autres alors que Bess expliquait, une faute sur la partition, ça n’avait plus rien d’un opéra dirigé par un chef d’orchestre.
Mais Ald leur doit bien ça, alors elle attend, elle écoute. Elle enregistre aussi. Ce qu’elle a à faire, ce serait vite fait, après tout des boulangers y en avaient pas des milliers. Et puis à quoi ça servirait de savoir si l’bonhomme a acheté du pain les derniers jours ? Bien sûr qu’il avait du se nourrir, pas pour ça que le commerçant savait tout de la vie du type…Pourtant elle le ferait, par respect.
Le regard est éloquent, c’est à elle que Bess s’adresse. Elle lui répond, soutient son regard en y ajoutant sa démence et ne la lâche pas. Pas qu’elle la défie du regard, non, c’est un peu un regard d’excuses, qui montre qu’elle n’y peut rien, que c’est comme ça. Que ce n’est pas sa faute et qu’au fond, si ce n’avait pas été Tlia, elle aurait préféré suivre bien docilement les ordres.

« Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau ! »

Epée et blessure…Au fond, sa rage la blessait elle-même, ça elle le savait. Comme elle aurait préféré pouvoir protéger Tlia et que tout ça n’ait pas eu lieu…mais il était trop tard et maintenant, elle se devait d’agir. Agir sans perdre de temps.
Machinalement, elle prend la liste avec les boulangers qu’elle doit aller voir. Des boulangers…
Ca allait être long. Long, et sans grand résultat…vu le temps qu’elle allait mettre, autant partir de suite direction le premier artisan. Trop long…
Elle les regarde tous les deux, sa sœur et Shiska, allaient ils être déçu, en colère ? Si elle en avait l’occasion un jour, elle leur expliquerait le lien qui unissait l’Etoile et la Louve, pour qu’ils puissent comprendre sa réaction certainement bien trop excessive à leurs yeux. C’est un regard de pardon qui restera pour eux alors qu’elle prend la route vers les boulangeries, bien décidée à en finir rapidement avec sa tâche. Le cœur a ses raisons que la raison ignore, et sa raison…elle l’avait perdu.


A plus tard…

Et la voilà partie. A cette heure, pas compliqué de trouver les boulangers : ils sont entrain de travailler dans leur fournil pour le lendemain, et heureusement pour Ald, ça lui évitera de devoir tambouriner aux portes et de réveiller toutes les familles pour chercher un renseignement que de toute façon elle n’obtiendrait pas.
Oui c’était inutile, mais bon fallait bien le faire. Les artisans, avec tout le monde qu’ils avaient vu dans la journée, n’était pas capable de mettre un nom sur une tête, et encore moins de se rappeler de la tête d’un gars banal dans une journée où l’on voit des dizaines et des dizaines de gars du même type. Alors non, aucun ne savait de qui il s’agissait, ni s’il avait acheté de la nourriture, et encore moins s’il avait quelque chose de prévu dans le genre coup machiavélique pour la soirée…
Résultat des recherches qui avait finalement été bien pronostiqué, elle était revenue bredouille sur la place, bredouille avec en plus une impatience grandissante et un énervement d’avoir perdu tout ce temps pour rien. La première arrivée, elle avait pu observer les lieux, aucun bruit à l’horizon, il restait encore au moins une heure avant le lever du soleil et Bess ainsi que Shiska n’avait pas l’air d’être dans le coin. Tant pis, elle irait, seule.
Juste le temps de griffonner sur un vélin une phrase qu’elle tente de poser au sol de façon à ce qu’il ne s’envole pas, et elle prend la route, direction l’extérieur de la ville puisque de toute évidence elle n’était pas à l’intérieur. Le pauvre message restant seul au milieu de l’endroit, avec de grande chance que le vent règle son sort rapidement…


Citation:
Pardonnez moi…Partie à l’extérieur la chercher.
Ald.


Les grands dangers sont au-dedans de nous… **

« Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !… »

Et quand mon envie se sera effacée, je continuerai, encore et encore, pour assouvir ma soif…
Soif de violence et de vengeance, soif de cris et de sang…Et quand tu m’auras supplié de t’achever, je continuerai, encore et encore jusqu’à ce que mon bras soit fatigué…
Qu’il est doux et satisfaisant de te voir croupir ainsi, ô créature du sans-nom ! Démon tu ne ris plus ? démon tu pleures ? Qu’est-ce donc que tes larmes comparées aux siennes ? Une goutte d’eau parmi des milliers d’autres ! Meurs, puisque je l’ai décidé, mais souffre…souffre comme jamais tu n’as souffert, souffre pour racheter sa souffrance.
Et dans l’autre monde tu continueras à souffrir…on ne fait pas pleurer impunément un ange, Il se vengera après moi…pour l’éternité.
Implore moi, puisque tu es à mes pieds ! Pleure, appelle la femme qui t’a mise au monde, je n’aurai aucune pitié. Epée qui sert la Justice, annonce donc son sort dans un éclair…Foudre qui fend le ciel pour s’abattre en un fracas sur ce pauvre corps dont l’âme est déjà morte. Fin d’un supplice qui n’aura encore pas duré assez longtemps, petit corps gémissant…

« Mon désir gonflé d’espérance
Sur tes pleurs salés nagera
Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon cœur qu’ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge ! »

Au bout de plusieurs longues minutes, elle ouvre les yeux à nouveau, déboussolée après ce délire provoqué par ses envies de meurtres grandissantes. Inconsciemment, elle a continué à avancer et s’est enfoncée sur le chemin traversant la forêt. Un instant elle s’arrête, se demandant s’il est bien nécessaire d’aller de ce côté, peu persuadée d’y trouver quoi que ce soit, puis après tout…quitte à perdre du temps, autant que chaque endroit soit inspecté. Vide, mais inspecté. Alors elle s’engage à nouveau alors qu’à ses tempes battent l’angoisse et la colère, que ses jambes font un caprice pour la porter et continuer de la faire avancer.
Devant elle, les premiers rayons du soleil commencent à filtrer entre les branches et sur le sol mousseux, sur le sol à dominante verte…vert, de l’herbe, des buissons. Se figer alors que son regard qui errait d’un côté et d’un autre se pose sur une couleur qui jure avec le paysage. Couleur étrangement familière qui a comme effet de lui créer un nœud à l’estomac et de redonner force à ses jambes. Tlia ! C’était elle ! Elle se précipite bien sûr, elle court, angoissée de voir dans quel état elle est, mais heureuse de l’avoir retrouvée. Finalement elle avait bien fait de ne pas attendre plus longtemps…

Et voilà qu’elle arrive à ses côtés, la couleur azur qui avait attiré son regard, et là elle se fige.
Ce n’est pas Elle. Pourtant, ce sont bien ses vêtements…Sa cape azur frappée de la Licorne, souillée par le sang, son sang ? La chemise, aussi, sinistre avec cette trace rouge…
A genoux elle se retrouve, serrant la cape azur contre elle, persuadée qu’il s’agit bien là de la sienne. Les larmes bientôt viennent se mêler au liquide vital qui a bien eu le temps d’être absorbé par le tissu…depuis combien de temps ses habits étaient ils ici ? Les mains se mettent à trembler, mais ses jambes l’ont abandonné cette fois, refusant de voir cette réalité…Non, refuser la réalité bien trop cruelle d’imaginer ce qu’il a bien pu lui faire…avait il abusé d’elle ? La blessure était elle importante, trop grave ? Elle ne pouvait pas l’accepter, son cœur le refusait catégoriquement.
Où étaient-ils à présent ? Comment les retrouver alors qu’ils pouvaient être n’importe où ?
Refuser, oui, Tlia devait être entrain de prendre un bain dans une source non loin comme elle savait si bien le faire lorsqu’elle était fatiguée et qu’elle voulait se détendre et…le sang…elle avait du tomber simplement, et se blesser légèrement. Oui c’était cela !
Mais la réalité était devant elle…Bien trop de sang, bien trop d’incertitudes, et l’impossibilité de commander à ses jambes de se remettre à sa recherche. Rien que les larmes, et la voix qui s'élève, comme une dernière arme, une dernière solution pour la sauver.


TLIAAAA…!!!





* Merci à Baudelaire pour ces magnifiques vers, extraits des Fleurs du Mal, LXXXIII, les strophes ne sont pas mises dans l’ordre qu’avaient choisi le poète…je m’adapte.
** Victor Hugo
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Arminus
[Dans la forêt, devant des cris de douleurs.]

Seriez vous étonnés si je vous disais que les cris de douleurs de la blonde qui effrayèrent même les oiseaux motivaient encore plus Arminus ? Non, à n’en pas douter. Et plus elle criait et le suppliait d’arrêter, plus il continuait avec un sourire des plus sadiques. Assez rapidement il n’eut plus de place sur son ventre, alors sans plus tarder il entama ses cuisses aux pieds du même arbre.
Le sang continuait de ruisseler et d’abreuver la terre sous ce gros œil jaune qui poursuivait sa montée dans le ciel.

Arminus s’était un peu calmé, ses muscles n’étaient plus constamment sous tension mais sa respiration était toujours aussi rapide, mais il n’y faisait plus attention. Il ne se concentrait plus que son unique but, sa lame. Par moment cependant il levait les yeux pour fixer le visage de la blonde, et étrangement il prenait plus de plaisir à voir son visage tiré par des traits de douleur, plutôt que de voir la lame de sa dague s’enfoncer dans la chair de la licorneuse.

Il continuait, ne s’arrêtait pas, et se réjouissait à chaque cris, à chaque crispation et autres mouvements de détresses, lorsque pourtant autre chose sortit de la bouche de sa victime.
Il n’en revenait pas, mais se contenta de lever un sourcil pour manifester son étonnement. La blonde était sur son lit de mort, et pourtant elle continuait à défendre tous ces trous du cul de licorneux. D’un coté, il était plus surpris de la voir encore parler que de l’entendre dire que ces frères et sœurs n’avaient rien fait.

Mais ce point là ne pouvait pas être remis en question. Il était beaucoup trop petit pour se souvenir de tous les détails, et après une telle scène, son esprit n’avait étrangement mémorisé que le visage de ses parents juste avant leurs morts et leurs cris. Mais à force de questions, mais surtout grâce à l’homme qui l’avait sauvé et recueillis, il avait réussi à recréer parfaitement la scène. Cela n’avait pas été facile, et lui avait sûrement gâché toute son enfance à vouloir toujours ressasser le passé, le même passé qui revenait aujourd’hui. Les licorneux étaient des meurtriers, mais cela allait changer.

Arminus était beaucoup trop occupé pour lui répondre, il préférait de loin continuer à la torturer aussi lentement que possible. C’est alors qu’elle se mit à bredouiller quelque chose. Il ne l’entendait pas, mais les rares fois qu’il redressait la tête pour apercevoir avec plaisir le visage de la blonde épris de douleur, il voyait ses lèvres bouger. Il ne savait pas ce qu’elle disait, et d’un coté il s’en moquait complètement.

Peut être disait elle quelque chose en rapport avec la licorne, voire même se préparait elle à mourir ? Elle parle peut être même avec le Très Haut, elle confesse sûrement toutes les horreurs qu’elle a commise au nom de la licorne pour demander le pardon d’Aristote d’avoir prise toutes ces vies innocentes. Mais une meurtrière reste une meurtrière, qu’elle le fasse au nom d’une cause ou d’une idéologie, ça reste une meurtrière.

Arminus s’amusait à imaginer ce qu’elle disait, tout en faisant des aller retours dans sa chaire jusqu’à ce que … non, elle avait encore perdu connaissance. De sa main gauche il empoigna rapidement sa mâchoire pour la secouer.


Tu vas te réveiller pétasse, réveille toi je te dis.

Il haussa à peine la voix en la secouant à peine plus fort, serrant plus fort sa mâchoire. Il s’énerverait presque contre elle, cette poupée de chiffon sans aucunes réactions. Mais elle semblait avoir trouver son point faible, Arminus voulait la faire souffrir, mais qu’elle sente la douleur. Au moins il pourrait se reposer, et poursuivre après, pour l’achever une fois pour toute. Mais comment faire ? Lui enfoncer sa dague dans le ventre, ou en plein cœur ? Peut être en faire un exemple, et lui couper la tête pour ensuite la balader partout. Il ne savait quoi faire, mais l’idée était là, elle ne serait que la première, et servirait d’avertissement pour tous les autres. Il restait encore à savoir comment, comment allait elle lâcher son dernier soupire.

Lâchant justement un soupire, il se laissa tomber en arrière pour s’asseoir en face d’elle alors que sa regard se perdait dans tout ce rouge qui recouvrait son ventre et ses jambes.
Shiska
Bras croisés sur la poitrine, Shiska écoutait les explications avec attention. La licorneuse avait été enlevé par un homme apparemment seul et personne n'avait rien fait pour l'en empêcher... Outre le fait qu'enlever une licorneuse, sans doute initiée au maniement des armes, en pleine ville relevait de la folie. Le fait qu'aucun villageois n'ait bougé un muscle pour porter secours à une jeune blonde en détresse le laissait plus que perplexe. Les Lavalois auraient ils perdu leur sens des valeurs après les frasques de ces dernières semaines dans le comté? Ou alors tous les hommes de cette ville étaient ils dénué de sens morale...

Outre le fait que cet enlèvement ait eu lieu dans des conditions plus que flous, c'est sans aucun doute le fait que cet enlèvement eut lieu sous le nez de tout le monde qui enrageait le plus le loup. La voix de sa louve le fit sortir de ses pensées alors que celle ci semblait focaliser ses ordres sur la licorneuse qui les accompagnaient. La réaction de cette dernière lui fit froncer les sourcils. Il était évident que sa réaction cachait quelque chose que même sa louve ne semblait connaitre. Cela n'était pas vraiment ses oignons et il serait surement passé outre si la fébrilité latente dont elle semblait souffrir dans sa retenu ne laissait entrevoir qu'elle ne portait que peu d'attention aux ordres qui étaient donnés.

Les hommes avaient tendance à se laisser déborder par leurs émotions lorsque celles ci prenaient le dessous, passant outre la raison et les ordres ce qui pouvait les mener à de grands dangers. Les femmes avaient quand à elles la particularité de sublimer cet état de fait... Il en avait été le spectateur privilégié lorsque Bess qu'il considérait alors comme une soeur avait été agressé et c'était fait voler son enfant... Il avait fallu des montagnes de soutien et de présence pour que ses paroles ne fasses que passer dans la tête de la Bess et qu'elles parviennent jusqu'à son esprit. Il allait falloir surveiller attentivement la demoiselle pour éviter qu'elle ne fasses des bêtises.

Bess avait décidé de l'envoyer dans les bas quartiers. Il aurait préféré ne pas quitter la demoiselle mais les ordres étaient les ordres et il se voyait mal la contredire dans un moment aussi tendu pour elle. Il prit donc la direction des bas quartiers de Laval. Des bas quartiers et bas fonds il en avait connu tout au long de sa vie... Arrivant toujours à se dépatouiller plus ou moins dans ses endroits où régnait parfois une loi et des principes qui différaient de la ville haute. Malgré tout il ne connaissait rien de ceux du Maine.

Les locaux n'étaient pas très causant. Rares étaient ceux qui acceptaient de répondre à ses interrogations hormis les poivrots aux propos pas toujours très audibles à la recherche d'un pour boire. Son apparences ne comportait pourtant aucun signe d'appartenance quelconque qui aurait pu rebuter les habitants mais ceux ce ne semblaient pas vraiment ouverts aux étrangers. Une vieille femme malgré tout lui avait tenu le crachoir pendant longtemps avant de lâcher qu'elle avait vu un homme sortir d'une taverne en trainant une femme sans doute ivre. Ivre équivalent à inerte chez beaucoup de monde, le loup en déduisit qu'il y avait de forte chance que ce soit leur homme... D'après la vieille dame il ne s'était pas attardé et semblait plutôt pressé. La description de l'homme était plus qu'approximative mais après tout c'était les seuls informations dont il disposait...

Un éclair passa alors dans l'esprit du loup et il prit la direction du chemin de ronde. Si l'homme avait quitté la ville, il avait forcément du passer devant les gardes... Il n'avait remarqué aucun homme correspondant à la description pendant sa ronde, ce qui indiquait qu'il avait du sortir avant. En haut des murs, il regardait en contrebas en direction des portes en cherchant du regard l'un des gardes qui était là avant lui pour lui demander s'il n'avait pas vu l'homme. Lorsque soudain, une silhouette qui ne lui était pas inconnue passa hors des murs de la ville.


Et défection...

Long soupire du loup qui se doutait bien qu'elle ne resterait pas en place. Il fallait absolument qu'il la rattrape. Il s'en voudrait forcément s'il arrivait quelque chose à Aldraien à cause d'une perte de contrôle. Une licorneuse c'était déjà trop... Pas la peine d'en perdre deux! Dévalant à pleine vitesse les marches, Shiska prit les rues de Laval en direction de la porte dans l'espoir de rattraper la licorneuse...
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