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[RP] Compagnie Gloria Libertus aux fourreaux !

Viktoriya
Message transmis. Maintenant il fallait filer, on avait peut être besoin d'elle ailleurs, qui sait ? Du côté angevin on entendait des gémissements, des cris, des...(oui bon non c'est pas ce que vous pensez, y en a qui souffrent quand même ! ).Bref... On voyait aussi des blessés, mais ceux qu'on voyait seuls étaient essentiellement les écorchés. Une éraflure à l'épée ? Oh bah ça se soignera plus tard...en priant pour que l'infection ne la soigne pas avant. Qu'importe, les petits blessés étaient là et on avait guère besoin d'elle pour ça.

« J’veux mourriiiiiiir !!! »

Oreille qui se tend. Cerveau en action. Logique enclenchée. Tournant la tête Viky vit une tente dans laquelle se trouvait Calyce, Trella et Isatan en plein souffrance. La rousse accourut vers elles et jeta un œil sur les blessures de la brune. Calyce de son côté s'improvisait infirmière. Sur le coup Viktoriya ne sut dire si l'idée était bonne ou non. Un adulte aurait été plus qualifié pour faire ça mais le temps pressait. Isa délirait un chouïa et les blessures devaient être soignées d'urgence.

Calyce semblait s'occuper de la blessure au niveau du nombril. Recoudre un tel dommage sur la peau allait être très douloureux, et encore plus avec l'alcool au contact de celle ci pour la pour désinfecter. Viky se retourna donc, partit à la recherche d'un gros bout de tissus. Quand elle trouva son bonheur elle revint au chevet d'Isa.


- Trella, tu devrais mettre ça dans sa bouche, ça risque de faire mal et vaut mieux éviter qu'elle s'agite sinon sa blessure va empirer...

La jeune fille regarda une nouvelle fois les plaies. Celle sur le flanc était assez grande aussi et il fallait appuyer dessus pour éviter que le sang ne s'écoule de trop. Viky retourna donc chercher des bouts de tissus et les imbiba d'alcool.

La rouquine n'était pas non plus une pro de la couture sur corps humain. Elle n'avait pour ainsi dire jamais eu l'occasion de pratiquer cette activité, elle connaissait juste des bases que sa mère adoptive, tisserande, lui avait inculquées. Trop peu pour faire une suture convenable.


- Trella tu crois que tu peux appuyer sur la plaie du flanc le temps que je trouve une autre aiguille et que je prépare l'autre couture ? Et puis...raaaah on a plus d'alcool !

Panique. Ce n'était pas dans ses habitudes de paniquer mais là elles avaient un problème. La flasque de Calyce était presque vide, du moins trop peu emplie pour faire l'affaire jusqu'à la fin de l'opération.
Alors pour la troisième fois Viky repartit à la recherche d'alcool dans la tente avant de se décider à aller voir les soldats dehors. Rapidement elle tomba sur un grincheux avec deux flasques pleines. Une voix gentille, un regard de biche et un sourire de jeune fille en fleur eurent raison de sa radinerie et Viktoriya repartit sous la tente.


- J'aaaaai ! Calyce tu finis ta couture et je prends le relais ? A moins que tu veuilles le faire Trella ?
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Isatan
Voulait mourir ! Voulait juste mourir pour plus souffrir.
Les yeux vitreux elle scrutait la môme sans la voir réellement. Tiens y’avait Trella aussi …
Mais elles foutaient quoi à la zieuter là comme ça ?! A tous les coups z’étaient v’nues l’achever mais s’demandaient comment s’y prendre …
Calyce qui bouge… ah enfin ! C’pas trop tôt !


Ça va piquer j'crois. Ca pique toujours

Pique ? Nan mais elles vont lui faire quoi les morveuses … Moitié consciente moitié délirante, elle voit Calyce essayant de passer le fil dans le chas …arf foutue douleur, pour un peu l’aurait l’impression qu’la mioche a tellement les mains tremblantes qu’elle y arrive pas … ouais nan, préfère penser qu’elle est en train de délirer… vaut mieux pour elle , l’est mal barrée si elle commence à douter de ses « médicastres ».

RAAAAAHHHHHHHHHH

Elles sont en train d’la brûler de l’intérieur !!! Sales gosses !
Calyce. s’acharnait à essayer de la tuer le plus lentement possible – en fait elle essayait de la sauver, mais faites vous recoudre la panse à vif et sans anesthésie pis on en reparle !- bien une angevine cette gamine tiens.
Tout l’art de faire souffrir les autres sans en avoir l’air et avec une application à la tâche hors du commun.
L’seul point positif c’est que suite au lancer d’alcool sur ses chairs à vifs, la Jarretière ne sentit pas dans un premier temps la morsure de l’aiguille sur sa peau tendre… au début seulement parce qu’ensuite …
L’avait serré les dents limite au point de se les casser, s’était accrochée au rebord de la table à s’en faire blanchir les jointures des doigts. Tout ce que ça avait changé c’est que maintenant l’avait mal aux mains et aux dents …
Elle voyait Calyce penchée sur son ventre sans oser elle-même regarder, y’a des choses qu’on a pas trop envie de voir dans ces cas là …
Tiens y’a Vik maintenant… c’est réunion ou quoi ?!
Toutes les chiardes du coin ont sûrement décidé de s’donner rendez-vous sur son corps pour tester de nouvelles tortures, l’en aurait sourit Isa si l’avait pas été la suppliciée.
L’en transpirait comme une fontaine et chose étrange se dit qu’avec tout ça elle allait puer la mort, l’allait d’voir prendre un bain.
Elle s’accrochait à cette idée quand la rouquine décida de disparaitre puis de réapparaitre ...
Nan mais c'quoi c'bordel ! C'pire que dans un moulin ici , z'allaient bientôt sortir le pop corn pour assister à son agonie ou quoi ?!
C’est fou ce qu’on peut parfois haïr les gens qui vous veulent du bien…

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Estrella.iona
A la demande de Calyce, qui avait l'air d'avoir pris les choses en main au grand bonheur de Trella qui avait plus l'impression d'être une quiche impuissante qu'une infirmière douée, elle attrapa la main d'Isa qui remuait de temps à autre, délirant et baragouinant des mots inaudibles. Serrant la main de la blessée, Trella entendit un bruit derrière elles et se retourna.
Elle vit alors Viky qui arrivait en renforts... On n'est jamais trop pour faire de la médecine improvisée !

Soudain un bout de tissu vint voiler le regard de la jeune fille, après quelques millièmes de secondes d'incompréhension elle comprit que celui ci était le morceau de chiffon que Viky lui tendait. Dans sa bouche ? L'avalage de tissu était préconisé dans ce genre de cas ? Les fibres recousaient-elles le ventre de l'intérieur ? Mais non... Ca n'était que pour éviter qu'elle ne crie, ou qu'elle ne gigote, ou les deux...
Joignant le geste à la parole, elle s'empara du tissu qu'elle fourra sans préavis dans la bouche d'Isa... la pauvre...
Non vraiment, elle n'aimerait pas être à sa place.

Ceci fait, toujours à la demande de Viky, elle repartit a quatre pattes sur le côté pour appuyer sur la plaie pour éviter que le sang ne coule.

Enfin quand elle lui proposa de recoudre ... :


Hum, non, je t'en prie, tu te débrouilleras mieux que moi...
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Otissette
L’heure de l’inspection de l’atelier couture avait sonné, c’est la haine et la rage au ventre que Tiss se dirigeait vers le campement.

Au passage nombre de blessés plus ou moins grave elle croisa, ce qui n’allait pas calmer l’ancienne Duchesse d’Anjou, bien au contraire.

Elle qui d’habitude était plutôt douce avait complètement changé ces derniers jours, elle sentait la colère l’envahir de plus en plus. Elle n’avait plus connu autant de haine depuis… probablement depuis qu’elle-même était tombée sous l’épée du perturbé.

Et même si des semaines, des mois… il faudrait, elle s’était promis que ces gens qui souffraient aujourd’hui sous ses yeux, un jour seraient vengés.

Lorsque du sang Angevins on fait couler, tôt ou tard toujours on le regrette, qu’on se le dise.

Deçà delà, une main réconfortante sur l’épaule d’un blessé qu’il soit Craonnais ou Saumurois elle pose. Que peut-elle faire pour soulager leurs douleurs, probablement pas grand-chose de plus, médicastre point elle n’est. Et ce jour amèrement elle le regrette.

Tout en avança, mentalement le crédo elle récite, peu de chose qu’une prière…mais voilà tout ce qu’elle pouvait faire, pour ses hommes et femmes qui ici essayaient de se remettre et qui pour certains luttaient contre la mort.

Elle fut tiré de sa prière par un cri, presqu’un hurlement, frissons qui envahissent tout son être, cette voix elle la connait… celle d’Isa, celle de Sa Vassale. Le pas se fait plus pressant en direction des cris.

Horreur, Isa est là, couchée… autour d’elle les gamines s’affairent… Calyce une aiguille à la main sur les entrailles d’Isa se penche.

Un court instant les yeux elle ferme, avant de se reprendre, pour sur Isa était entre de bonnes mains. Mais Fitz ? Ou était Fitz ? Et Loum ? Elle ne les avait pas vu encore et pourtant les nouvelles lui étaient parvenus, sa complice de toujours, la Duchesse, avait lourdement été frappé, tout comme sa mère Loumel.

Elle voulait, elle devait savoir, il fallait qu’elle les voit !

Le campement elle continua d’arpenter de long en large et en travers. Au passage son regard fut attirer par la présence d’un homme qui lui aussi semblait avoir été touché lors de l’assaut.

Un militaire, Saumurois lui semblait-il, elle avait sans doute déjà du le croiser, à la caserne pendant son mandat de Duchesse surement. Non loin de lui, elle s’arrêta, blessé il avait l’air, et pourtant son aide à plus blessé que lui déjà il apportait.

Un sourire s’esquissa sur le visage de la Vicomtesse, ravie de constater que toujours les coudes les Angevins se serraient. Puis elle reprit son chemin à la recherche de Fitz et de Loumel.

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Rhuyzar
[Ceci fait suite au rp publié en gargotte et intitulé La Fable du Corbeau et de la Renarde.]


Craon, enfin. Terme du court périple qu'avaient entamé quelques jours auparavant les deux Licorneux sur leurs montures désormais fatiguées. Craon en crise, Craon en prise à la vengeance et à la brutalité. Craon, comme un symbole à présent, d'un peuple vengeur au caractère retrouvé. Nul doute que l'homme aux cheveux blancs, juché sur un andalou à la robe noire, aurait trouvé cela beau, avant.

Avant. Avant est le mot résumant l'ignorance, la joie et la facilité d'une vie bercée par les valeurs simples et l'absence de toute malignité. Avant est ces quelques lettres qui réchauffent le coeur du vieil homme lorsque les choix sont face à lui et qu'aucun ne lui convient. Avant est ce cri, qui s'envole entre les pierres, lorsque le poing s'abat sur la table de chêne et que le visage révulsé par la colère devient rouge. Car, avant, Rhuyzar de la Louveterie n'était pas Chevalier, encore moins Grand Escuyer de France, et lorsqu'il rencontrait, au détour d'un couloir, le Duc d'une province de France, ne lui venait alors pas à l'esprit tous les tracas possibles et les affaires à n'en plus finir qui composaient à présent son quotidien. Un avant contre un présent. Y avait-il vraiment gagné ?


Route avalée sans encombre, ponctuée d'une halte à Angers, la rousse Licorne ayant eu quelques soucis de cheval. Halte que le Vicomte avait mise à profit pour s'en aller descendre quelques verres en compagnie de deux individus peu communs. Un chiffre, un déviant, deux caractères. Mais nul esclandre. Les différents doivent se régler sur un champ de bataille, non à côté d'un comptoir où seule la bière fait force de loi.

Et les deux porteurs de cette Licorne d'Argent de se présenter au campement des assiégeants, de constater la réalité de la guerre et d'en être attristés. Le Corbeau d'adresser alors quelques mots à la Pivoine, sans joie, sans rire.



Sois les mots qui construisent, je serai la lame qui brise. Et puisses-tu me pardonner ce sang que je vais verser en Son nom.


Et Rhuyzar s'éloigne. Ils n'étaient qu'un, ils sont de nouveau deux. Ce qu'il doit faire, il doit le faire seul, car il s'est juré, après cet avant, de ne jamais guider une autre âme dans les tunnels que la sienne traverse à chaque instant.

Trouver un garde, un officiel quelconque, mettons un serviteur tiens, il doit bien y en avoir dans le coin n'est-ce pas ? Le héler avec sérieux et s'adresser à lui sans trop tourner autour du pot.



Je suis Rhuyzar de la Louveterie, Grand Escuyer de France. Je viens prendre des nouvelles de la Duchesse d'Anjou et mettre mon bras au service de son peuple. Prévenez aussi que l'ambassadrice du Maine est arrivée.


Court concis. Il n'a pas envie de broder le Chevalier.
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Aleanore
Pas un Mainois, pas un seul qui ose descendre de la mairie.. Et les cris continuent, s’élèvent, déjà Calyce la quitte pour aller s’occuper de quelqu’un d’autre, les gens passent, les ombres passent et la haine, toujours cette haine qui la ronge jusqu’au plus profond alors même qu’elle entend hurler les gens aimés, les oreilles emplies du chant des souffrances, les noisettes gorgées du sang de la décadence, l’Etincelle ne baisse pas la tête, ne pleure plus, n’a plus peur, seul reste le dégoût, ultime recours quand tout s’écroule, le dégoût et la nausée qui la retiennent alors qu’elle voudrait retenir à Son chevet, qu’elle voudrait rassurer les blessés, aider les vivants, les bien portants, et alors qu’elle retourne vers le campement, trainant l’épée derrière elle, elle se pose la question, qui est-elle ? Personne.. Qui est-elle ? Personne d’important.. Qui es-tu ?

-« Je suis Rhuyzar de la Louveterie, Grand Escuyer de France. Je viens prendre des nouvelles de la Duchesse d'Anjou et mettre mon bras au service de son peuple. Prévenez aussi que l'ambassadrice du Maine est arrivée. »

Ahem.. Mauvaise réponse. Les noisettes se relèvent et se portent sur les deux chevaliers à l’allure fière malgré l’âge, malgré les batailles, malgré .. et elle les hait. En cet instant, Aléanore hait tout le monde, pour n’avoir pas sauvé celle qu’elle aime, elle-même plus qu’eux tous, elle hait la lâcheté humaine parce que des âmes souffrent aujourd’hui. Et la voix chantante du Limousin de s’élever.

-« Nous savons qui vous êtes, Chevalier. »

Comment ignorer la licorne sur la cape ? Elle n’a pas dit bonjour ? Tiens donc, dommage.. La chevelure lâchée, non couverte parce qu’elle a d’autres priorités ce jour, les mains tâchées du sang d’une autre, l’épée de cette autre dans les mains, bien trop lourde pour elle, comme la haine qui gonfle son cœur, qui es-tu Aléanore pour changer si vite ? Rien .. Et c’est parce que pour une des premières fois de sa vie, elle comprend qu’elle n’est rien et ne peut rien, qu’elle en veut à tous. Alors, elle avance, leur faisant signe de la suivre vers la tente où sont soignés les blessés, d’où s’échappent les hurlements de douleur d’Isatan.

-« Des nouvelles de la Duchesse de l’Anjou ? Celle-là même qui a été blessé grièvement par un mainois ? C’est de celle-là que nous parlons ? Elle souffre.. Comme tant d’autres. »

Et le pan à l’entrée de la tente de s’ouvrir sous la main qui lâche la garde de l’épée, retenue de justesse par l’autre. Un regard long, trop long sur les jeunes filles qui tentent de soigner une Isatan récalcitrante, une parole.

-« Faites la boire, saoulez la.. Elle oubliera qu’elle a mal. »

Elle n’a même pas de thériaque sur elle pour procurer l’oubli à ceux qui souffrent, elle a tout laissé dans sa course effrénée pour gagner Craon. L’épée est lâchée au pied du brancard de la duchesse, et la jeune fille se laisse glisser à genoux, observant en silence le corps frémissant de douleur et de fièvre de la blonde angevine, avant de finalement poser les yeux sur les deux chevaliers.

-« Qu’êtes-vous venus chercher Chevaliers ? »

Les noisettes se posent sur la Pivoine, amères, lèvres serrées pour retenir le flot de hurlements, d’injures qu’elle voudrait cracher sur tous alors même que jusqu’à présent, il lui semblait ne même pas les connaître. Amères noisettes qui fixent la Rousse sans faillir, où étais-tu quand elle souffrait ? Où étais-tu toi et tes belles paroles de respect quand ils crachaient sur son corps blessé ? C’est dur une icône qui se brise, c’est dur..

-« Plus ne m’est rien.. »

Et si Elle meurt, elle non plus, ne sera plus rien. Les doigts fins s’enroulent dans les boucles dorées, caressant doucement la tempe moite de l’Anjou brisée. Soupir expiré, baiser déposé sur la tempe, avant de se relever pour fixer Rhuyzar.

-« Qu'espériez-vous ? »

Le ton est las, le roseau ne casse pas, mais plie.. beaucoup. Et quand il n'en pourra plus de plier, il restera au sol ou se redressera pour fouetter, à voir. Le regard se pose enfin sur la recousue et ses infirmières de fortune.

-« De l'aide ? »
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Rhuyzar
L'accueil ne tarde pas. Glacial ? Pour un peu le Vicomte en serait frigorifié. Avec quelques années de moins il aurait certainement senti le sang lui monter au visage et il aurait surement crié son innocence devant ces accusations silencieuses que lui adresse la femme. Avant, toujours avant. Mais ce n'est pas ce présent dans lequel nage le Chevalier. Criminel du Roy, il assume en son coeur le sang qu'il a fait couler, les vies qu'il a brisées et se réfugie derrière le paravent du devoir et du service pour se lever encore et ne pas s'abandonner aux bras doucereux de la mort.

Impassible est son expression lorsqu'il est conduit à cette tente où est étendue une Duchesse il y a peu si pleine encore de vie. Elle vit... Et comme Erik il sait qu'elle se battra. Il l'a senti, elle est libre et fière jusqu'au bout des ongles. Il lui faudra écrire, encore, pour ce faux Frère qui doit trembler de la tête aux pieds dans l'attente de nouvelles.

Il laisse les derniers mots franchir les lèvres de celle qui l'accueille en ce lieu. Laisser la douleur et la colère s'exprimer avant de révéler ce qui, désormais, va guider son bras et sa lame.



On me surnomme Corbeau, car partout où je vais mes sombres ailes se déploient pour se mêler à la noirceur qui règne. Et je plane au-dessus du Royaume, surveillant ces Peuples et ces Noms qui écrivent l'Histoire, pour, à chacun de leurs affrontements, fondre vers le sol et percer l'oeil de ceux qui amènent la mort.


Il cesse de parler, quelques instants, laissant le silence s'installer pour mieux reprendre, volontairement solennel.


En ce jour où le peuple d'Anjou souffre de la violence d'agresseurs rebelles, je viens me joindre à vous pour reprendre cette ville et la rendre à ses légitimes possesseurs. Je viens me battre et vous demander d'accepter que je partage votre douleur en tant que Serviteur du Peuple de France.


Et le Licorneux d'attendre, la main sur la garde de son épée. Un pas en avant pour s'enfermer dans cette solitude à laquelle il se prépare depuis le départ d'Angers.
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Assirian
Un peu plus haut, sur les remparts

- Ça fait combien de temps, qu'on est là?

- Déjà ? Tant que ça?

- Ah? T'as vu, y a le chef des licornus, le gars, là, qui nous a supplié de pas aller attaquer l'Anjou qui vient d'arriver ! Ah celui là, dans le genre, il est bien!

- Ouais, licorneux, licornus, on s'en fiche un peu... Les donneurs de leçons quoi...

- Mais non, je manque pas de respect aux chevaliers des ordres royaux. Juste qu'ils sont un peu éloignés des réalités...Enfin, de notre réalité. Enfin ça se comprend, c'est pas leur pognon qui engraisse la noblesse angevine.

- Ouais, ouais, je sais...Une grande révolte ce soir qu'ils ont dit...

- Ben de quoi tu veux que j'ai peur ? On a fait une révolte, ils sont arrivés en armée, ils ont perdu, et pas qu'un peu...Normal qu'ils essaient la manière un peu moins "forte".

- Ben ptetre bien qu'ils arriveront à reprendre la ville. Enfin, je l'espère pour eux... Après avoir joué au fiers à bras, ils en sont à appeler un peu tout le monde à l'aveuglette pour les aider à se tirer de là...Tout ça pour virer quelques paysans qui ont décidé de leur apprendre à pas trop tirer sur la corde...

- Oui, j'avoue, on est pas que des paysans. Y en a quelques un qui ont un peu d'expérience... Mais soyons sérieux, j'attendais un peu mieux d'un duché que tous les pontes du DR craignent... Enfin, effectivement, c'est pas tant l'Anjou que leurs amis, qu'ils craignent...Mais quand même. Pour que personne n'ose rien faire contre un duché qui ne vit que sur le fruit des rapines d'une partie de sa population pour s'en sortir...

- Ben ouais...Regarde leurs mines... Ils en ont pas usage. Tu m'étonnes qu'autant de monde soit prêt à aller au conseil. Y a rien à faire à part organiser des pillages. Si on marchait comme ça dans le Maine, ça ferait belle lurette qu'on aurait plus de motivés par la vie politique.

- M'en parle pas... Enfin faut dire aussi, depuis le temps que tout le monde s'en fiche que le Maine s'en prenne plein la tête... Si tu savais le nombre de courriers me disant qu'on devrait pas faire ça, au risque que les vilains du Ponan s'en servent pour mettre une dérouillée au Domaine Royal...

- Ben ouais, les armées sont en Provence et y a plus un péquin pour faire grand chose. T'as vu du monde rappliquer en Maine toi? Mais on est pas là pour comprendre, nous... On est juste de simples citoyens. C'est eux, les fins stratèges.

- Ben ouais, la stratégie, c'est de faire le dos rond et de tout accepter, pendant que nos forces sont au soleil. Comme quoi on a pas les moyens de répliquer, et il vaut mieux utiliser ses moyens pour financer les armées d'autres duchés qui viennent nous piller que de prendre le risque de nous défendre. On sait jamais, au cas où, on risquerait de les énerver.

- Ouais, ouais, mais rassure toi, y a qu'eux qui croient encore être écoutés. Et quelques autres pleutres qui ont pas envie de se compliquer la vie à organiser les forces de défense. On appelle ça de la "complicité qui s'ignore".

- Ben non, mais regarde... Si simplement, au lieu d'aller taper sur tout ceux qui l'ouvrent un peu... Ils proposaient de vraies solutions autres que de baisser nos braies et d'attendre la prochaine fournée... Ptetre qu'on les écouterait... Mais là...

-Ouais, t'as raison, c'est l'heure de la relève, on va finir la discussion à la taverne.

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Calyce.
Elle en est à la troisième piqure sur la peau de la jarretière pousse son cri. Cri qui fait sauter les deux pauvres premiers point de coutures. La gamine sursaute, piquant l'aiguille complètement à l'ouest de la blessure. Le bout de la langue qu'elle tirait en signe d'intense concentration est mordu. Oups. Revers de la menotte qui vient essuyer un front qui suinte légèrement. Les émeraudes n'osent pas croiser le regard de sa « patiente » ou son cobaye, c'est selon.

Un sourire reconnaissant offert à la rouquine. Le chiffon dans la bouche c'est bien, elle y pensera aussi la prochaine fois qu'elle voudra faire fermer son clapier à un mainois.

Isa faut pas crier comme ça tu me déconcentres !

Souffre en silence quoi, s'tu veux pas te retrouver avec la carte de France brodée dans le bide. Quoi que ça pourrait servir... Tignasse secouée pour les idées artistiques vaseuses. Un peu de sérieux. Elle penche la tête et se remet à l'ouvrage. Elle commence même à s'habituer à la vue... La petite couche jaunatre et granuleuse là sous la peau ne lui donne presque plus envie de rendre son quatre heure... L'aiguille se met presque à danser au dessus du nombril... Ah non en dessous, re-oups !
Y prendrait elle goût ? Naissance d'une vocation ? Elle remercierait Isa plus tard... Si elle s'en sort, bien évidemment.

Du coin de l'oeil elle reconnaît la cape rouge qui traine au sol : Tiss. La vicomtesse ne dit rien, ça veut dire qu'elle s'en tire bien.

La plaie est bientôt refermée. Refermer, façon de parler hein. C'était pas de la haute couture. Du rafistolage tout au plus... C'est pas très joli, c'est même plutôt moche, mais c'est mieux que rien.


J'aaaaai ! Calyce tu finis ta couture et je prends le relais ?

La brunette hoche vivement la tête alors qu'elle entoure le fil sur lui même. Une fois, puis deux, un joli petit noeud... Pas aussi esthétique que celui qu'avait fait fait la jarretière pour serrer son bustier. On fait ce qu'on peut, toujours.

Long soupire de soulagement qu'elle laisse s'échapper, léger sourire satisfait qu'elle étire. Le fil est coupé, l'aiguille jetée loin... La main se saisit d'une des deux flasques qu'elle dé bouchonne rapidement avant de la porter à ses lèvres... Première petite gorgée...


-« Faites la boire, saoulez la.. Elle oubliera qu’elle a mal. »


Humpf. Gorgée recrachée au sol. Elle allait passé pour une égoïste... Les blessés d'abord. La petite ne prend pas la peine de tourner la tête, elle reconnaît la voix de l'Alterac.
Elle cède sa place à Viktoriya...


Valà j'ai sauvé son ventre ! Faut pas faire attention aux bourrelets rouges là hein... ça va dégonfler...j'crois... Pis le petit trou là au milieu de la suture c'est... je sais pas...j'ai pas fait exprès je crois aussi... Mais c'est fermé hein...un peu !

La flasque toujours à la main, elle se rend au chevet de la dame. Le chiffon est retiré de la bouche seigneuriale et c'est le goulot de la flasque qui le remplace... La saouler pour qu'elle oublie, c'est Nore qui l'a dit...


Ca va aller Isa...ça va aller

Les mirettes se lèvent alors sur Aleanore et ses accompagnateurs. Gn'est qui ceux là ? Intriguée, curieuse, elle se met vite sur ses deux petons et trottine jusqu'aux côtés de la dame aux belles bottes. Sourcils froncés à la vue de la licorne brodés sur la cape. Ah c'est eux les gens du Roy ?! C'est maintenant qu'ils arrivent ? Après qu'on ait porté atteinte à la duchesse ? Que les blessés soient cousus par des gamins parce qu'on manque de personnes compétentes ? Ca c'est ce que la mioche pense. Elle écoute attentive les mots que débite l'homme...

La menotte encore entachée par le sang de la jarretière qui se serre en un petit poing. Petit poing qui vient se cogner contre la cuisse du licorneux bien trop grand... Outch ! Ca fait mal. Menotte secouée, nez plissé, la gamine vient se cacher derrière Nore...

Elle n'aurait peut être pas dû...

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Riche. Plus tard, elle sera intelligente.
Aleanore
Elle observe sans mot dire les dernières coutures faites à la Jarretière, la gorgée versée avec entrain dans le gosier de la blessée avant de reporter son regard sur le Chevalier, écoutant sans écouter vraiment ses mots, ne retenant que le nom « Corbeau », sourire mélancolique sur le visage de porcelaine de la pale Aléanore. Les surnoms ne veulent rien dire .. L’Etincelle est la première à la savoir, elle n’a rien de brillant, et pourtant sa sœur continue à la surnommer de la sorte. Et alors qu’elle s’apprête à répondre à Rhuyzar, Calyce la dépasse et s’approche de la Pivoine avant de frapper le Corbeau pour se réfugier derrière elle. Plus de sourire sur le visage de la jeune fille, juste une main qui vient cueillir la fillette derrière elle pour la serrer contre elle d’un bras, piètre protection, mais dans le geste de la fillette, il y a celui qu’Aléanore refreine, comme elle aimerait pouvoir le frapper pour extérioriser toute la rage qui bouillonne, comment en vouloir à une enfant de faire ce qu’elle-même voudrait faire..

Et volontairement, elle reprend du même ton solennel que lui, la tête fièrement dressée.


-« En ce jour où le peuple d'Anjou souffre de la violence d'agresseurs rebelles, je m’interroge sur les raisons qui poussent un chevalier de la Licorne à venir se battre. »

Les noisettes se posent un instant sur la Pivoine, amertume, déception, avant de revenir au Corbeau.

-« Je croyais que la voie de votre ordre était la diplomatie avant les armes.. Pourquoi vous battriez-vous à nos côtés Chevalier ? »

Linge récupéré sur le côté du brancard, avant de caresser d’une main la chevelure de Calyce pour s’approcher du chevalier. Un pas en avant pour rejoindre une solitude qu’elle connaît d’avance, le linge est posé sur la poitrine du chevalier du plat de la main.

-« Partager notre douleur ? Les connaissez-vous ces hommes et ces femmes qui souffrent ? Moi, je les connais et pourtant, je n’arrive pas à les aider en supportant leur souffrance à leur place.. La douleur, les coups sont passés, ils reviendront, en attendant, vous arrivez trop tard pour rattraper ce qui a été fait. Aidez nous à les sauver, vous verrez plus tard pour vous jeter dans la mêlée avec nous. »

Oublier si facilement qu’à sa lettre désespérée, la Pivoine a répondu que ce n’est qu’un juste retour des choses, désagréables, triste, mais juste revers de médaille, et qu’ils se poseraient en médiateurs alors qu’une vassale royale avait été blessé ? Jamais. Il y a des figures qu’on idolâtre jusqu’au jour où on comprend que l’idole est comme tous les hommes, faillible. Une énième déception.. La lettre de la Pivoine avait fini brulée et les désillusions mises de côté pour ne se concentrer que sur les blessés. Trop tard, ils arrivaient trop tard. Linge embarqué dans une main avant de rejoindre la couche d’Isatan, pour tamponner le front fiévreux de la recousue, sourire qui se veut convaincant.

-« Vois ça d’un bon côté, t’auras une bonne excuse pour pas être féconde, ton breton t’épousera peut être pas. »

Ca se veut réconfortant.. Plus d’humour, plus de joie, épuisée par les veillées, épuisée de ne pouvoir rien faire, la duchesse avait été soigné la première, ne reste qu’Isatan aux plaies béantes. Alors, elle avise.. Et enfin, ose, le regard se porte sur Viktoriya.

-« Je peux le faire si vous voulez.. »

Des années au couvent où la broderie était un de ses passe-temps à la rencontre de l’Araignée, courien assassin au corps parsemé de broderies en tout genre. La couture ? Même pas peur.. Pourvu que la Jarretière n’ait pas un deuxième rafistolage à la Calyce. Les chevaliers ? Oubliés ? Non.. Mis dans un coin de l’esprit.
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Cerridween
La Pivoine regarde…

Et entend…

Derrière Rhuyzar, en second elle est entrée derrière la grande stature. Pas de côté. Sérieusement fatiguée, la Pivoine Noire, au diapason du Chevalier qui est entré en premier.

Elle regarde l’Alterac qui pique ou qui veut piquer. Elle soupire. Elle soupire les yeux levés au ciel. On les traite de tous les noms, que ce soit les bretons, les angevins, les mainois ou la couronne. Ils sont les chieurs à la grande gueule, mais de ceux qui n’ont pas que des mots. Ils sont ceux qui se sacrifient, de ceux qui osent, de ceux qui tentent… et puis la bâtarde a trop l’habitude de la glace pour qu’elle l’atteigne maintenant. La glace c’est son élément, en devise avec le feu. Pourvu qu’il ne se réveille pas celui là. Pourvu que non… les incendies sont rares, chez la Pivoine Noire, mais elles en sont d’autant plus destructrices.

Elle ne dira rien. Quoi dire devant l’accueil ? Elle n’a pas besoin de se présenter. Elle aussi aurait hurlé dans un autre temps. Elle n’en aura cure. Elle est là par volonté d’apaisement, en ambassadeur, en avançant paix et pourparlers. Si l’Alterac est assez crétine pour ne pas le voir… sachant qu’elle connaît la Pivoine, qu’elle lui a dit l’admirer… tant pis. Ce n’est pas à elle qu’elle est venue parler. Les émeraudes soulignent le visage encore quasi enfantin avec en seconde ligne un sourire en coin. Fais donc la grande Aleanore… mais supporte en les conséquences quand elles viendront.

Puis une petite tête brune. Qui soignait et qui heurte avant de se sauver.

Soupir… à nouveau… tenu… un souffle infime…
Fatiguée oui. Fatiguée de courir les chemins, les routes, les missives. Elle regarde les soins, la petite qui cogne Rhuyzar… la main valide passe sur l’aile de son nez et le masse.

Quand elle allait enfin ouvrir la bouche, nouvelle pique…


La douleur, les coups sont passés, ils reviendront, en attendant, vous arrivez trop tard pour rattraper ce qui a été fait.

Elle ricane d’un coup à gorge déployée.
Ils sont déjà jugés, condamnés sans une explication possible sur leur venue. Que sais-tu pauvre jeunette… que sais-tu des sacrifices que nous avons fait pour venir ici. Tu penses que la souffrance est apanage. Tu penses que la douleur, elle n’est que tienne. Tu es égoïste Alterac. J’arrive la main tendue et tu colles un soufflet. Allons soit.

La Pivoine Noire ne dira donc rien… rien de tout ce qu’elle était venue dire. Rien de tout ce qu’elle était venu apporté. Rien de tout ce qu’elle était venu discuté. Le fait qu’elle condamnait la prise de Craon. Le fait qu’elle était contre le sang. Qu’il coule toujours trop. Que les tords pouvaient être mis à dos puisque de part et d’autre. Qu’une solution pouvait être apportée. On ne tue pas les ambassadeurs, mais on ne les insulte pas non plus. La silhouette passe la porte de la tente en silence.

Il n’y aura ce jour pas de pourparlers.

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Viktoriya
L'espace d'un instant Viktoriya aurait aimé qu'Estrella fasse la deuxième partie de la couture. Aussi quand cette dernière déclina la proposition la rouquine grimaça. Il fallait qu'elle prenne confiance en elle, Calyce arrivait bien à suturer -enfin presque- pourquoi pas elle ?

Pendant que la jeune fille continuait son opération, Viktoriya avait pris une écuelle qui trainait dans les parages, la lava et la remplit d'alcool avant d'y faire tremper l'aiguille et un bout de chiffon. Elle en profita également pour se laver les mains.

Calyce avait terminé et prit une des deux flasques pour se désaltérer. Viktoriya haussa un sourcil et s'apprêtait à lui dire « Mais arrête ! On en aura peut être pas assez ! » quand elle entendit une voix.


« Faites la boire, saoulez la.. Elle oubliera qu’elle a mal. »

Bonne idée. Meilleure que celle qu'elle avait eu pendant deux secondes, celle qui consistait à assommer la dame de Saint-Paul-Du-Bois. Peut être violent mais surement efficace. Aussi efficace que l'alcool en fin de compte. Sans rien dire elle laissa faire Calyce.

« Valà j'ai sauvé son ventre ! Faut pas faire attention aux bourrelets rouges là hein... ça va dégonfler...j'crois... Pis le petit trou là au milieu de la suture c'est... je sais pas...j'ai pas fait exprès je crois aussi... Mais c'est fermé hein...un peu ! »

Viktoriya approuva de la tête. Après tout si Isatan survivait elles avaient tout le temps de recommencer pour reprendre les bouts ratés. Ce qu'elle aurait aimé qu'Alatariel soit là ! Elle savait coudre elle ! Et parfaitement de surcroit. Pour l'heure il fallait faire au plus pressé.

La rousse ôta la main de Trella qui était posée sur la plaie et lui demanda à voix basse de poser un linge sur la plaie soignée par Calyce, qui de son côté avait rejoint Aleanore.

C'était donc parti pour le massacre. Fil passé dans le chas de l'aiguille, nœud effectué à l'extrémité, elle allait commencer son « œuvre ». Allait seulement. Aleanore les avait rejoint et s'adressa à Isatan avant de porter son regard sur la Ambroise.


« Je peux le faire si vous voulez.. »

Surprise dans les yeux de la rousse. Elle qui était à présent prête pour réparer la brune se voyait proposer une autre alternative. Pour Viktoriya ça n'aurait pas changé grand chose. Isa de son côté pouvait considérer cette proposition comme un miracle car cela lui éviterait de longues souffrances et une autre cicatrice grossière.

La rousse hésita. Elle avait envie d'essayer, pour pouvoir être opérationnelle pour d'autres blessures éventuelles. Mais elle avait également conscience que le soin porté à la première plaie avait été plus ou moins laborieux et que lui infliger cela une seconde fois relevait du sadisme.
Alors elle relativisa en se disant que si un Mainois venait à être blessé dans une attaque, elle se chargerait de lui pour ses leçons de médecine.

Viktoriya regarda Aleanore et lui répondit avec un ton calme et résigné


- Je pense que vous êtes beaucoup plus douée que moi, je préfère vous laisser faire en effet. Il vaut mieux pour Isa.

Elle s'écarta, déposant l'aiguille dans la petite écuelle pour qu'on prenne sa place.
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Rhuyzar
Ce linge, ce geste, si fort, ces mots, si durs. La mémoire du Vicomte se met en branle, faisant ressurgir de la brume du passé d'autres mots, prononcés en un autre lieu, qui trouvent résonance dans les évènements de ces jours derniers. Le ciel semblait pourtant s'être dégagé, l'espace d'un instant il a vu ses Chevaliers aimés, respectés, pour ce qu'ils sont, ce qu'ils font, le sang qu'ils versent et le poids qu'ils portent sur leurs épaules.


Tu apprendras en notre seing que la meute ne fera jamais rien pour toi. N'attend jamais remerciements, compliments ou louanges de la part du monde extérieur, car tu n'en auras point. N'attend jamais de l'aide de leur part, car face à l'adversité, tu seras seul. Tous, nous sommes nés pour être seuls. Eparpillés dans l'Unité et Unis dans l'Eparpillement. Voilà ce qu'est cet ordre.

Mais pourquoi Frère devons-nous être seuls aux côtés de ceux que nous sauvons ? Pourquoi ne peuvent-ils nous voir tels que nous sommes, à l'heure même où il n'y a que nous à répondre à leurs cris ? Pourquoi faut-il que notre voix se perde dans leurs clameurs de colère et de haine ? Pourquoi la paix que nous apportons n'est-elle pas conservée précieusement, au chaud, au lieu d'être rejetée et piétinée sous prétexte d'honneur ? Sommes-nous à ce point si éloignés du commun des mortels qu'il leur est impossible de nous comprendre ?

Te sens tu prêt à affronter les Hommes? Te sens tu prêt à accepter les reproches, la souffrance?

Trois années mon Frère... Trois années que je cours sur ces routes, que je me bats à n'en plus sentir mon bras, que je défends à ne plus me souvenir des noms. J'ai tout vu de ce Royaume, de ces terres, de ce peuple, et pourtant... et pourtant, trop rarement j'ai pu lire dans un regard un merci ou un pardon... A me proclamer Français, au service de tous, on me prétend de nulle part...

Si à ces réponses, ton coeur indique toujours la même voie, celle du service des faibles, celle de l'aide de ton prochain, alors sache que tu entres dès à présent en notre famille.

Suis-je encore Chevalier à les haïr ainsi ? A les mépriser pour les souffrances qu'ils infligent à leurs peuples à cause de leurs actes imbéciles et orgueilleux ? A désirer les voir bruler et souffrir pour avoir insulté mes Frères qui se sont dévoués pour leur survie ? Je t'ai vu hurler ta folie et ta vengeance, je t'ai vu renier ce Roy et ce que nous sommes, je t'ai vu réclamer le prix du sang. Me permettrai-je d'en faire de même et d'embraser ce Royaume pour prix de mes amis tombés dans l'ignorance et le mépris ? Ne pourrais-je leur montrer rien qu'une fois par les armes quelle souffrance accompagne chaque instant tous ceux de ma race ? Délivrez-moi de ce serment fait à la lumière et dans les ombres, laissez la vie mettre fin à mon devoir. Laissez-moi vous venger...



Combien de temps dura ce monologue intérieur du Corbeau face au Vieux Loup ? Si quiconque dans l'assemblée possède cette réponse sacrée qui saurait éclairer les mécanismes de l'esprit, je l'échangerai volontiers contre une poignée de lys blancs.

En attendant il se tenait là, droit, ce linge contre sa poitrine, l'image encore gravée de la gamine frappant sa cuisse. Il n'avait rien dit. Pas qu'elle lui ait fait mal, même s'il était beaucoup moins solide que par le passé. Mais lire cette colère, dans ces yeux, presque, innocents, le blessait mille fois plus que toutes les insultes qu'il avait pu recevoir en raison de la Licorne d'Argent sur son mantel.

Et s'il savait se contenir, le Grand Officier au visage marqué par le temps savait aussi ne pas plier. Il n'était pas venu chanter les louanges de la Couronne de France, mais il n'était pas non plus venu se faire insulter en silence. Et puisque la Dame avait décidé de lui faire payer sa présence...



Je ne sais pas soigner. Je sais combattre et organiser les meurtres. Et si vous pensez que je suis arrivé trop tard, c'est qu'on vous a mal renseigné sur ma personne.


Il dépose lentement le linge là où il peut, se pliant un peu pour l'occasion et se relevant tout aussi lentement, écrasé soudain par le poids des ans, de la route et des reproches.


Je m'en vais envoyer à mon filleul des nouvelles de son épouse et préparer mes armes pour le combat. Et je reviendrai en ces lieux lorsque ma présence ne sera pas source d'insulte ou de reproches. Peut-être est-ce la douleur qui vous aveugle. J'ose en tout cas l'espérer. Je n'ai pas voulu ça et ai tout fait pour l'empêcher...


Est-ce qu'un vieux peut faire volte-face dans un grand bruissement de cape avec les cheveux dans le vent ? Ca parait effectivement compliqué. Quelques pas vers la sortie donc tandis que la colère retombe peu à peu. Et le Chevalier de prononcer, dans un soupir, quelques mots, immobile.


Mais peut-être suis-je à vos yeux coupable d'avoir échoué...


La Pivoine, elle, est déjà partie. Et Rhuyzar ne la comprend que trop bien. Elle n'a pas fait une croix sur son âme, pas totalement. Garde précieusement rouquine, ces sentiments qui t'écartent des chemins noirs de la damnation. Sois fière encore, pour ce Corbeau qui a appris à ne plus être qu'une Ombre. Imperceptible Licorne...
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Aleanore
Quand le rire de la Pivoine éclate dans la tente, les sourcils de l’Etincelle se froncent, la décence ? Le respect du aux blessés ? Alors, elle s’enferme dans la contemplation de la blessure de la Jarretière, observant les lèvres de la plaie béante, comme une bouche qui rit aux éclats, elle aussi, comme une gifle, un rappel. Jusqu’à ce que la voix de Viktoriya fasse son effet, apaisante, sereine, et un sourire reconnaissant nait sur les lèvres d’Aléanore avant de fixer l’écuelle où repose l’aiguille.

Et les mots du Corbeau de la fusiller sur place au moment où elle s’apprête à se saisir de l’aiguille, la main retombe et les noisettes se posent sur le vieil homme, désemparées. Que vois-tu ? Une jeune fille à peine adulte, essayant de ramasser les débris épars que les adultes lui ont laissée.. Comme toutes celles qui l’entourent au final, et le regard de se poser sur les jeunes filles, caressant, reconnaissant parce qu’elles seules ont su garder leur sang-froid. Alors que le chevalier commence à quitter la tente et que tombent les derniers mots, l’écuelle et l’aiguille sont laissées, et la jeune fille rejoint le vieux loup. Et les noisettes accrochent l’imposante licorne sur la cape, la licorne qui a retenu sa famille loin d’elle, toujours loin d’elle. La main se glisse d’autorité dans celle du chevalier, tandis que le front se pose dans le dos de l’homme, murmure brisé qui s’échappe des lèvres sèches de la jeune fille.


-« Qui peut-être coupable de la bêtise humaine ? J’ai peur Chevalier .. Mais elles ne doivent pas le savoir.. »

Non, elles ne doivent pas être au courant de la peur qui la prend, parce qu’elle sait très bien que même si les plaies sont recousues, elles peuvent s’infecter. Elle a peur parce que sa duchesse ne se réveille pas malgré les soins, la fièvre est trop forte, mais c’est la plus vieille et si les petites sont courageuses, elle doit l’être aussi. Et enfin, la main s’échappe de celle du vieil homme en même temps qu’un soupir s’échappe des lèvres d’Aléanore, et alors qu’elle se retourne vers les autres filles, le masque de se reposer sur le visage de la poupée, plus de terreur, plus d’angoisse, la sérénité de nouveau, et même un sourire.

-« Si vous ne savez pas soigner, je peux vous montrer. Et j’aurais besoin de quelqu’un pour la tenir si jamais elle souffrait trop.. Elle a eu son compte, et je n’ai pas fini..»

La main se repose sur le bras pour l’inciter à venir, parce que tout simplement, elle a compris que d’autres peuvent faire cet accueil à sa propre mère, cette mère que certains mainois de Craon insultent sans même la connaître. Et enfin, à bout de mots, elle regagne le corps étendu, la chevelure brune est torsadée avant d’être rejetée dans son dos, les mains sont trempées abondamment dans l’écuelle d’alcool avant d’être essuyées consciencieusement avec le linge, et enfin, l’aiguille est saisie et le fil est passé dans le chas lentement.

Inspiration, expiration, et alors qu’elle s’apprête à commencer, elle sourit faiblement à Isatan.


-« Dis toi, que je fais ça pour que tu sois pas obligée de te marier. Si tu veux, hurle, ça aura au moins le mérite de faire peur aux mainois. »

Et enfin, l’aiguille commence son lent office, tandis que la deuxième main ressert de son mieux les lèvres de la plaie au fur et à mesure.
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Isatan
Ça y est l'en était sûre, ils voulaient tous la tuer !
Et vas-y que j'te r'coud, et vas-y que j'refile le truc à une autre, et v'là maintenant qu'on l'étouffe avec un chiffon, ça rentre, ça sort ...
Cette tente doit être le point de ralliement de toute l'armée, y'a qu'ça de possible.
Seule phrase qui vaille la peine d'être vraiment entendue :" Faites la boire !" .
Alors là pour un peu, elle se serait levée pour applaudir.
Mais non, c'est pas trop possible.. s'contente de jeter un regard débordant de reconnaissance vers la personne qui a dit ça - ouais c'est Nore et elle l'a connait , mais question lucidité c'est pas trop le moment là ...- son regard voilé capte pourtant l'éclat d'une chevelure rousse ...
Nan !
A tous les coups c'est ce futur mari imposé par sa suzeraine qui est venu profiter de sa faiblesse pour la forcer au mariage - en fait le mariage a été annulé, mais j'vais pas répéter qu'elle est pas trop lucide - le fourbe !
Et l'homme aux cheveux blanc, à tous les coups c'est son père, il vient prêter main fort au fiston pour la contraindre à ce mariage arrangé.
Ah mais non elle se laissera pas faire, pis l'alcool aidant l'a un peu moins mal, surtout d'puis que Calyce a finit de la charcuter.
Mais voilà que Nore aussi essaye de l'achever ...
Effort presque surhumain pour tenter de se redresser quelque peu et utiliser ses dernières forces afin d'hurler.


J'refuuuuuuuuuse !!!

Dernier cri avant de tomber dans un sommeil-l'est tombée dans les pommes pour faire clair- aussi éthylique que salvateur, la Jarretière ne sentira plus rien.
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