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[RP] Ar dimezell ar nevez-amzer

Luaine
[Sur la route entre le Limousin et le PA]

La route fut courte du Limousin au Périgord-Angoumois. A peine quelques lieues et on changeait de comté, de décor, d'ambiance.
Traversant les forêts, les sous-bois et les plaines, les trio avait galopé à bides abattues vers leur nouvelle vie.

Première halte en terre angoumoise et un pied à terre pour la brune. Profitant d'un rare moment de calme loin des villes et de l'agitation, Luaine en profita pour s'isoler du reste du groupe. Elle prit son épée et la planta dans le sol fertile. Devant elle se dévoilait une croix. Une croix formée par la garde, la fusée et la lame de l'épée.
Un genou posé à terre et les mains jointes, alors que son visage tourné vers le sol restait les yeux clos.


Mamm, j'ai trouvé un endroit à moi. Enfin. Une terre noire et riche pour cultiver et une escorte d'hommes valeureux qui me protègent. Mamm, merci de la bonne étoile qui dirige mes pas. Ne te fais pas de soucis pour moi, mon destin est dans le creux de ma main.
karout a ran ac'hanout mamm.

Christos, Dieu tout puissant, veille sur ma mère à tes côtés.


La jeune bretonne tira son épée du sol et la remit dans son fourreau puis après s'être désaltérée, remonta sur son frison noir.

Plus que quelques lieux amis limousins.

Combien de temps s'était il déroulé depuis son départ du Dauphiné et la mort de sa mère ?
Des dizaines d'années et pourtant...Cela ne faisait qu'une paire d'années tout au plus.
Les souvenirs remontèrent à la surface pendant que le paysage Angoumois défilait.

La mort de sa mère, la dague enfoncée dans la main du seigneur de ses terres, son départ précipité pour éviter la corde, son passage en limousin et la connaissance de son "escorte" ou plutôt sa famille de coeur, son voyage en Bretagne à la recherche de son père....Tant de déceptions et de rencontres. Tant de lieues parcourues et pourtant aucune terre en vue. Tels des marins solitaires, ils erraient ensemble à la recherche d'une terre d'accueil.
Aucun comté ne semblait leur plaire.
Ses amis Dionis et Khadgar, ses fidèles amis, dépérissaient en Armorique alors comment les laisser partir sans elle?
Impossible.

Luaine avait suivi ses comparses quand ils arrivèrent en P.A.
Unanimement en accord, ils déposèrent enfin leur bagage dans ce Comté.
Il fallait encore que Dionis prenne ses affaires en Limousin pendant que Khadgar les attendait.
Khadgar qui l'inquiétait. L'homme discret et secret, était devenu l'ombre de lui même. Nostalgique et morose, son pays natal lui manquait. L'Eire, ses embruns, ses tourbières et ses lacs.

Dionis et Luaine l'avait laissé pour retrouver Mick à Bourganeuf. Ancien escorteur de la brune qui pensait peut être venir les rejoindre aussi. Luaine aimait fédérer en mère louve, même si son jeune âge la mettait plus au rang de petite soeur. Ses amis étaient anciens conseillers comtaux, ancien maistre d'armes, une vraie escorte, digne d'une jeune fille de lignage noble.

Enfin la flèche de l'église se dessinait dans la brume matinale. Ils arrivaient chez eux.
Elle arrivait dans son Comté, sa ville.
Comme ces noms étaient étranges et peu familiers, elle, la sauvageonne apatride, avait maintenant une appartenance.
Pour combien de temps?
Elle espérait pour longtemps mais le temps le dira vraiment.

Bacchus fut rudoyer pour aller plus vite à coups de talons dans les flancs. La fraîcheur matinale enflammait pourtant les joues rougit de la brune.
Un sous bois, une forêt et les images de celle de Brocéliande refirent surface.

Aucune autre forêt n'avait cet aspect. Aucun coin pour se dissimuler. Il semblait que la forêt, elle même avait des yeux. Aucun bruit mais du monde partout.
Les légendes ancestrales du peuple d'Armorique avaient peuplé l'enfance de Luaine.
Farfadets et druides, lutins et fées....Personnages oniriques mais si présents et palpables.

Luaine était pieuse et croyante mais dans son coeur deux religions y avaient leur place. Celle d'Aristote et Christos mais aussi la vieille religion païenne, celle des druides et de leur philtre, la fête de samain et les feux de beltane .
Un pays où les immortelles dames du lac côtoyaient les chevaliers. Aucune dualité dans son coeur de croyante.

Ici les forêts étaient "saines" et sereines. Dangereuses sans doute comme toutes mais aucune pleuplade magique n'y avait surement élu domicile.

Ici la terre promise avait la couleur d'Angoulême. Le sang et l'or. Luaine, la plus bretonne des françoyse ou la plus françoyse des bretonnes planta enfin un drapeau d'arrivée dans ce qui allait être sa terre.
Guerrière dans l'âme, elle donnerait son bras au Comté en guise de remerciement pour l'hospitalité et son intégration, elle serait soldat. Celle qui ne s'était jamais sentie chez elle nulle part, peut être que?

La nobliaude bretonne ferait peut être sa vie ici, y élèverait ses enfants dans l'amour des deux religions et jamais au grand jamais, elle ne cracherait sur ses origines et sur l'ancienne religion enfouie dans les recoins de son coeur.
Luaine la lunaire avait un toit.

Ar dimezell ar nevez-amzer ou.....la damoiselle du printemps était arrivée à bon port.

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--Awen


Adieu Bretagne!!!!
Voilà la jeune Rohannaise sur les chemins des royaumes pour descendre plus au sud rejoindre la cousine de sa maîtresse. La blonde cousine avait fait requérir la servante pour lui intimer l'ordre de partir sur le champs chez sa brune cousine pour l'aider dans sa vie quotidienne.

Serrant les dents, la servante ne put dire son mécontentement de laisser sa terre natale, sa chère breizh, pour aller s'occuper d'une femme qu'elle avait vaguement vu une fois au château de Rohan.

Elle acquiesça et du faire un sourire bien hypocrite à la maîtresse qu'elle aimait tant. La voilà qu'elle devait plier bagages. La rousse prit cela comme une insulte alors qu'il n'en était rien. Elle pensait être la plus sotte des domestiques du château et que Blanche se débarrassait d'elle alors qu'elle était douce et serviable et c'est pour cela qu'elle la voulait auprès de Luaine.

Awen fit ses adieux au château, ses amis....et parti aux confins du Royaume, dans une province calme et loin....loin de toute mer, de cette terre fertile, de cet air iodé, de ses légendes et lutins. le chemin se fit presque en larmes d'un bout à l'autre.

La jeune servante, son cheval , sa petite malle et les écus laissés par sa maîtresse, voyagèrent de nombreux jours avant de voir enfin le comté d'arrivé. Le PA comme ils disent ici.
Aucun soucis majeur lors du voyage. Pas de troussage ou détroussage, la servante avait pris les sentiers fréquentés et avait voyagé avec des personnes comme il faut dès qu'elle le pouvait.
Une adresse retenue dans sa petite tête et un nom. Luaine de Walsh-Montfort, Angoulême.

La rousse regarda ses champs et le manque d'air iodé. Elle avait l'impression de sentir comme un poisson hors de l'eau.
Elle pesta un peu contre la brune et ce demandait ce qu'elle était venu faire ici, alors que toute la famille Walsh, une grande famille nantie bretonne, se trouvait éparpillée en Bretagne alors que la brune était seule en royaume barbare.
Luaine
Luaine était revenue du lavoir avec les mains toutes gercées de son nettoyage intensif quand elle vit une jeune femme devant la porte de sa bicoque qui payait pas de mine. La bicoque pas la jeune femme.

Vous cherchez quelqu'un?

Luaine regarda la toute jeune femme qui devait être un peu plus jeune qu'elle. Le visage aussi blafard qu'un linge immaculé, des yeux bleus limpides et une chevelure blonde vénitien. Elle avait l'air aussi joyeuse d'une porte de geôle.

Je cherche une damoiselle qui se nomme Luaine.

La brune leva les sourcils. Qu'est ce qu'on lui voulait. Peut être venait on lui annoncer que l'homme qui l'avait molesté en taverne en Anjou, croupissait dans le fond d'un cachot en devant lécher les traces d'humidité sur les murs....Non quasiment impossible car ce Finam avait prit le château du Mans et s'était enfui dans les jupons de sa duchesse. C'était donc certainement pas cette bonne nouvelle.
Le visage de la blonde, n'était pas sans rappeler les beautés froides celtiques qu'elle croisait en Armorique.
Luaine avait les cheveux noirs corbeaux comme les grandes prêtresses qui exerçaient en Bretagne et n'avait pas la blondeur des filles du pays. Seuls sa peau diaphane, ses yeux verts clairs et ses quelques tâches de son pouvaient faire penser à une fille des territoires du Nord.

Luaine c'est moi. Vous êtes bretonne?

Une visite armoricaine.... C''était fort possible.

La jeune femme tendit alors une lettre et la brune s'en saisit avec son baluchon de linge humide posé sur sa hanche.
Ses yeux s'écarquillèrent et elle releva ses prunelles sur la jeune femme puis reprit sa lecture.

Je vois....Nous allons entrer pour discuter.

Elle pénétra dans sa maison et laissa passer la blonde.

Demat Awen.
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--Awen


En la détaillant un peu, Awen constata que c'était la même brune qu'elle avait vu au château de Blanche à Rohan. La jeune bretonne avait son visage des mauvais jours et il se pourrait bien que ce soit son visage définitif.
Une main fut tendue, enserrant un pli. Sans un mot elle le lui donna.

Le temps que la brune détaille la lettre, Awen scruta la demeure....Le taudis....le cloaque. Autant dire les mots comme ils étaient, cette fille d'un grand seigneur breton devait avoir l'intelligente d'un bulot. A cause de cette folle, Awen devait maintenant être servante, non pas dans un magnifique château avec tous pleins de monde et de fastes qui vont en adéquation, mais dans une infâme maisonnette. Ca frisait le délire.
Blanche devait la détester pour l'avoir ainsi obliger à quitter tout ceci pour venir vivre LA!
Depuis des générations, sa famille servaient les grands de Bretagne et la jeune femme pensait exceller dans le domaine. Pleins de questions se bousculaient dans sa tête.

Awen sentait le regard de Luaine de temps à autre et elle la fixait avec un léger mépris pour se rendre compte que sa "presque" maîtresse avait un ballot de linge mouillée surement tout fraichement lavés.

La brune lui dit bonjour dans sa langue maternelle.

Demat Ma Dame.

La servante entra dans la petite maison. Tout était propre et bien rangé. Il n'y manquait rien. Enfin.....elle se disait que l'essentiel semblait y être.
La blonde sortit en trottinant rapidement puis revint avec sa petite malle sous le regard de Luaine. Petite et menue, elle avait une force incroyable. Le dur métier de servante lui conférait une certaine vigueur.

J'allais presque oublier ma malle. Je suppose que vous avez un endroit où me loger.

Discrètement et sans aucune autre question, Awen fureta du regard pour espérer y voir un endroit pour elle. Ce n'était pas un palais, ni même un petit manoir et Awen priait intérieurement pour qu'elle ait un endroit rien qu'à elle.
Luaine
La lettre expliquait tout et surtout le pourquoi du comment de la servante de cousine Blanche de Walsh-Serrant chez la brune.
Un cadeau.....Une présence bretonne pour s'occuper de Luaine et prendre soin d'elle. Blanche était plus jeune que Luaine mais elle avait un charisme débordant. La jeune femme était une mini tornade avec une façon de voir la vie...particulière. On aurait dit qu'elle avait vécu 10 vies.

Luaine regardait la servante et celle-ci ne laissant pas transparaitre une joie immense sur son visage. Luaine regarda si elle avait une corde dans les parages pour la cacher car vu le minois, elle devait être à deux doigt de se pendre. Fort heureusement, les femmes étaient de plein pied car elle aurait déjà tenter de sauter par la fenêtre.
Si elle pouvait lancer des poignards, la brune serait déjà transpercée de part en part comme un sanglier à la broche.

Blanche était amusante mais elle devait penser que sa cousine avait un manoir en Angoulême. Elle présumait surement du charisme de la brune qui habitait une petite bicoque. Les prunelles vertes fixaient la blonde qui, les lèvres si pincées qu'elles étaient blanches, allait et venait pour prendre ses affaires et entrer.
La lettre entre les mains, Luaine la regardait faire un peu décontenancée par cette arrivée inopinée.


Et bien....Que vous dire. Tout d'abord j'espère que votre voyage fut agréable. Je ne vais pas y aller par 4 chemins pour vous dire que je ne pourrais vous garder ici. Je vais faire un courrier à ma cousine pour la remercier mais vous devez remonter en Bretagne.

Le visage de la servante se décomposa et elle resta à regarder Luaine comme deux ronds de flan, le visage encore plus livide qu'avant.

Quoi???? J'avais cru comprendre que cette situation n'était pas ce que l'on désirait l'une et l'autre.
Je sais que ma cousine est un amour et qu'elle pensait bien faire mais......Je n'ai pas la place.....Et puis avoir une servante n'est pas dans mes habitudes, même si Blanche m'explique qu'elle vous payera.

Luaine avait été choquée de voir que dans les hauts rangs de la noblesse, ils considéraient leurs gens, comme du bétail. Ils disposaient d'eux à leur guise. Mais Luaine avait été élevée dans la simplicité d'une fermette en Dauphiné avec sa mère, sans serfs, ni valets, ni femmes de chambres. Luaine avait l'habitude de se relever les manches et de travailler. Mais elle n'avait pas jugé.
Ensuite avec le temps, il fallait avouer qu'on appréciait. Peut être pas tout mais avoir une servante était un luxe merveilleux. Jamais la brune ne manquerait de respect à une domestique. Son éducation stricte et simple était inscrite en elle malgré tout.

D'ailleurs, elle aidait comme elle pouvait les serfs du coin en les engageant pour faire son champs. Après tout cela faisait d'une pierre deux coups....Elle permettait à quelques gueux du coin de se nourrir et aussi préserver ses mains blanches et douces d'une lourde besogne comme le travail des champs.

Si seulement elle pouvait la garder...
A vrai dire autant, elle prendrait surement cette routine de ne faire la lessive au lavoir, le repas, le ménage, d'avoir une aide pour se préparer et se coiffer. Elle secoua la tête pour faire partir cette idée saugrenue.

Vous comprenez quand je vous parle!!!

Le son de sa voix avait été entendu, ce qui éviterait à la brune d'user d'ingéniosité pour se faire comprendre avec ses mains. Quelques signes auraient pu être utilisés mais dans leur grande majorité, ce n'était pas des mots de politesse, comme par exemple le majeur levé ou une grande frappe à la pliure du bras avec l'autre main....
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--Awen


Les paroles furent bues et digérées avec parcimonie. Elles n'eurent pas l'effet escompter finalement.
Sans dire un mot immédiatement, Awen se jeta sur le ballot de linge et le porta puis le déposa sur un fil suspendu surement à cet effet. Avec un calme olympien et sous les yeux ébahis de la brune, elle étira le linge d'un côté puis de l'autre, tirant sur le tissu pour le défroisser et déposa un par un, les vêtements humides sur la corde devant l'âtre.


Je suppose que vous les placez ici pour qu'ils sèchent cette nuit.

La voix fut chevrotante.
Awen prit conscience que son visage fermé la ferait retourner en Bretagne. Une jouissance indescriptible mais à quel prix?
Au prix du bannissement et du déshonneur.

Sa maitresse, Blanche, penserait qu'elle a été renvoyé par sa cousine Luaine à cause de son mauvais caractère et de son entêtement.
Awen ne pourrait supporter cette infamie sur son nom. Elle avait été élevée dans le respect des grandes servantes et gouvernantes des grandes maisons. Sa famille en était issue. Hors de question pour elle de rentrer si tôt et sans avoir fait ses preuves. Son rêve était de régenter un château plus grand encore que celui de Rohan.

En étant gentille et motivée, la Luaine serait douce comme un caramel et se laisserait enrober pour qu'elle reste.

Ne me faites pas remonter. Je ne supporterais pas cette humiliation. Vous aurez qu'à répéter que c'est la place qui vous manque mais personne ne le croira.
Ne me jetez pas!!!

Awen avait quatorze ans et sa vie devant elle. Il fallait bien faire un sacrifice pour arriver à ses fins et ses yeux bleus devinrent suppliants.
Luaine
Depuis qu'elle l'avait rencontré, Awen faisait preuve d'une certaine acariâtreté, trait de caractère qu'on trouvait chez les personnes atteintes d'amertume du à l'âge. Elle était bien jeune pour être déjà si acerbe mais soudain, Awen prit le linge et s'activa. Pour la première fois son regard fut celui d'une jeune personne de son âge.
Cette attitude toucha la brune qui la dévisagea avec affliction.

Elle comprenait ce qui animait la blonde. Il fallait être sourd, aveugle et cul de jatte par dessus le marché, pour ne pas voir qu'elle ne voulait être ici. Le dilemme pour cette jeune personne c'est qu'elle ne pouvait plus partir. Le coeur qui balance entre le devoir et l'envie. Luaine posa sa main sur l'avant bras de la blonde pour lui spécifier d'arrêter là.


Installez-vous. Je pense que nous allons devoir prendre une décision, toutes les deux, qui va avoir une influence sur nos vies. Alors posez-vous quelques instants.

Elle attendit que la blonde se calme et d'un ton rassurant Luaine parla.

Et bien...Je vous comprend. Donc je ne vous renverrais pas dans l'immédiat en Bretagne. Je vais envoyer une lettre de remerciement à la cousine Blanche et nous trouverons dans les prochains mois un subterfuge pour que vous rentriez sans déshonneur.

On va vous faire une petite place quelque part. Nous allons bien trouver.


Elle lui sourit.

Et bien vous serez là pour m'aider et je me sentirais moins seule. Vous me rappellerez mon pays. Nous ne serons pas seules. Mais.....Il y a un mais...Je vais vous demandez de faire de votre mieux pour essayer de sourire.
je vais avoir du mal avec une personne dont le visage s'allonge jusqu'au sol. Ca va me miner.

Tiens j'y pense....vous pourriez aussi m'aider à coudre. Je dois rajouter des dentelles à une robe pour lui donner un coup de fraîcheur, pour un prochain bal. Je suppose que vous savez coudre.

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--Awen


Les yeux implorants de la blonde devinrent chaleureusement remerciant. A bien y réfléchir, elle n'y était pour rien la pauvre fille. Surement pas assez de jugeote pour laisser une famille de nantie pour venir vivre dans une si modeste maison aux confins du monde, dans une ville si françoyse ou....autre option, elle était farouchement indépendante. La servante le serait bien assez vite.

Une profonde reconnaissance s'empara de la toute jeune femme. Elle baissa la tête en guise de soumission.

Je me ferais un petit endroit dites moi seulement où et je vous dérangerais pas. Je vous promets de mettre tout en oeuvre pour vous facilité la vie et dès que vous le jugerez nécessaire, je repartirais.

Laissez moi votre couture.


Luaine trouva un endroit dans un recoin de la pièce principale. Le seul soucis c'est qu'en journée, Awen devait rabattre sa couche improvisée. Mais elle promit de lui en trouver une plus confortable.
La robe fut sortie ainsi que le nécessaire de couture. Awen le ferait en douce dans la nuit, à la lueur de la chandelle. La servante était plus qu'adroite et elle ferait ainsi comprendre à Luaine combien elle appréciait le geste.

Les deux femmes prirent une soupe que la brune avait faite. Awen savoura ce repas partagé dans l'action de grâce.


Je m'occuperais demain de la robe. Elle sera prête pour le bal et je ne doute pas que vous soyez éblouissante.

La petite Awen ignorait que Luaine voulait se faufiler en douce à un bal alors qu'elle n'avait pas reçu d'invitation en nom propre.
Elle profita pour rappeler quelques souvenirs à la brune cousine.

Dame Luaine. Votre soupe est excellente. Demain je me chargerais de vous faire la cuisine mais aussi m'occuper de votre linge. Cela m'incombe et je veux être une bonne femme de chambre.

A que j'y pense.....Vous comptez fêter la fête des feux de Beltane tout de même?


Elle ne comprit pas pourquoi Luaine s'étouffa presque.
Les feux de Beltane étaient une fête très suivit en armorique. C'était la fête de la lumière, qui symbolisait le début des beaux jours. Une fête druidique.

Cette fête est aussi le jour de se rappeler la fertilité au sens large dont celui de la femme. Beaucoup d'enfants étaient conçus durant ce rituel et surtout lors d'accouplement plutôt mal perçu par l'église.
Luaine
La soupe à la grimace était enfin terminée. Awen semblait apaisée maintenant qu'elle savait que Luaine la gardait. La brune aménagea un petit coin pour sa nouvelle servante. C'était chiche mais confortable. De toute façon, il fallait qu'elle trouve une solution pour le long terme. La femme de chambre ne pouvait pas dormir comme cela des mois durant.

Le repas fut servit quand la blonde commença à parler au sujet des feux de Beltane. La soupe passa de travers et Luaine s'étouffa presque. La petite se croyait encore en breizh.


Awen. Nous ne sommes pas en Bretagne. Je m'imagine mal monter un mat dans la forêt avec un feu et tourner autour pour que la déesse de la fertilité écoute mes prières. J'irais à l'église pour les semences. Imaginez-vous une personne qui passe par là....Et moi qui court autour d'un mat habillé d'une longue chemise blanche.

Je passe direct sur un bûcher pour sorcellerie. Je pense que je vais éviter de faire ce genre de chose ici. Dans mon coeur j'honorerais l'ancien religion druidique mais je ne peux m'exposer.
Vous comprenez?

Awen sembla ne pas comprendre. Cette fête était l'une des plus importantes et la grande majorité des habitants bretons s'adonnaient à ce rite séculaire qui remontait à des temps immémoriaux.
Luaine avait envie de lui faire comprendre, que ce n'était pas l'envie qui lui manquait mais qu'elle ne pouvait pas se permettre.


De toute façon il n'y a pas de druides ni de prêtresses pour allumer le feu symbolique. Je ne vais tout de même pas le faire moi.
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--Awen


Apparemment ici la religion druidique n'avait pas pignon sur rue. Il fallait se cacher comme le faisait le brune. Ils étaient un tantinet hermétiques, les hommes d'église.
La blonde fit la moue. Jamais, elle n'avait raté une fête importante comme les feux de Beltane. Toute la Bretagne étaient en liesse. Dans chaque maison, dans chaque village, les préparatifs allaient bon train et cette année, elle en serait privée. Elle n'avait pas dit son dernier mot.
Il n'y avait peut être pas de druide mais elle ferait en sorte que les deux damoiselles filent à la faveur de la nuit dans un coin de forêt isolé.


Le druide n'est pas forcément nécessaire. Si on n'en a pas sous la main. L'important est d'être en harmonie et de fêter ces feux. Je pourrais peut être repérer un endroit dans la forêt. Un lieu calme et isolé pour que nous puissions faire une petite fête entre nous.
Vous savez comme moi combien ce rite est important.
Nous ne sommes pas obligées de prendre un mat de 2 toises.

Un sourire malicieux s'afficha sur le visage de la blonde.

On en reparlera de toute façon Beltane n'est pas là avant quelques semaines.

Elle sentait Luaine hésitante et il fallait qu'elle manoeuvre avec diplomatie, sans la brusquer ni la braquer.

La suite du repas fut calme et Luaine expliqua un peu sa vie pendant qu'elle la questionnait sur la Bretagne et sa famille restée au pays.
Ensuite, Luaine souhaita une bonne nuit et partit se coucher.

Pendant ce temps la servante, se hâta de coudre les quelques dentelles, perles et noeuds de satin sur cette jolie robe noire. Le blanc tranchera avec le reste de la robe. Awen fit un travail minutieux et parfait.
Au milieu de la nuit, le travail fut terminé.

La robe de sa maitresse fut prête à être passée pour ce fameux bal.
Awen pu dormir sur sa couche improvisée mais confortable
Luaine
[Plusieurs jours après]

L'escorte comtale ne pouvait attendre et la brune avait l'honneur d'être parmi les soldats qui seraient là pour "facultativement" protéger le Comte. Fière comme Artaban, elle avait préparé son balluchon. Voilà que le voyage à Périgueux était finie et le brune rentra dans ses pénates. Aucune consigne n'avait été donné à sa servante si ce n'est de prendre ses marques.

N'ayant jamais eu de personnel dédié à sa personne, Luaine ne savait pas trop comment faire. Elle apprendrait à être une bonne maitresse mais il lui fallait du temps. Les deux jeunes femmes n'étaient pas si lointaine en terme d'âge, ce qui rajoutait au malaise de "commander" une personne.

Le petit chemin menant à sa bicoque fut vite rallié car il lui languissait de retrouver son chez soi. Petit, modeste mais chez elle. A peine franchit elle le perron, qu'elle vit du ménage du fait....Pas le petit ménage car son logis était propret, mais le grand ménage avec un tas de chose et d'objet qui ne devaient soit disant plus servir. Luaine regarda petit tas et regarda Awen.


Bonjour Awen, contente de vous retrouver. Je vois que vous avez trouvé une activité durant mon absence. Faire des petits tas de mes affaires.

Evidement la brune comprit que les feux de Beltane était le surlendemain et que tous les objets qui ne servaient plus devaient être brûlés. C'était de coutume en Breizh.

Awen arriva tout sourire les mains jointes et un visage de porcelaine. On lui aurait donné le bon dieu sans confession avec son visage de madone. Luaine savait déjà ce qui se tramait.


OOh bonjour. J'espère que votre voyage c'est bien déroulé?

Elle regarda les yeux de la brune qui allèrent d'elle au petit tas.

Oui, je me suis dit qu'autant faire ça dans la tradition. J'ai eu aussi le temps de monter un petit mat dans la forêt dans un endroit discret et j'ai dit aux personnes qui travaillent pour vous dans les champs, de défricher vos terres et d'apporter toutes les mauvaises herbes. Nous les brûlerons avec tous ces objets qui ne servent plus.

Luaine la regarda comme un chien regarde une saucisse.

Awen, nous devions en reparler.....

Elle soupira en son for intérieur mais n'étant pas vraiment méchante, Luaine voulait faire son possible pour que Awen se sente bien en PA.

D'accord. Nous irons dans la forêt mais pour ce qui est de ce tas....Rangez moi tout où vous l'avez trouvé. Je n'ai déjà pas grand chose alors il est hors de question que vous me délestiez du peu de superflu que je possède.

Le regard de la brune fut suppliant et il était hors de question qu'elle cède sur ce sujet.

Je ne danserais pas avec un balai autour du feu....J'espère que vous n'avez pas pris mon blé pour confectionner ces fameux balais.
Tenez vous le pour dis aussi.

Je veux bien chanter et danser mais faudrait voir à pas pousser. N'oubliez pas que j'ai aussi embrassé la religion de Christos.


Promis. Merciii.

La blonde était tout sourire et elle devait tellement être sûre que Luaine n'accepterait pas qu'elle se contenta d'un petit beltane même si effectivement, deux balais étaient cachés dans les fourrés de la forêt.

Luaine se souvint en souriant de son premier beltane quelques années auparavant. Le vrai Beltane.....celui fait en Bretagne par les druides et les grandes prêtresses.
Luaine n'y avait pas pris part jusqu'au bout mais à la faveur de la nuit, après avoir bu, danser et chanter plus que de raison, les femmes prenaient souvent amant dans la forêt, cette nuit là. Ils s'unissaient. Elles étaient des déesses et eux des rois cerfs.
Quoiqu'il en soit Luaine et Awen devaient partir dans la forêt d'ici deux nuits.

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--Awen


La faible lueur du soleil annonçait l'aurore. Les derniers rayons touchaient le sol comme une caresse d'un amant en disant au revoir à son aimée. La blonde trépignait. Sa maitresse avait bien voulu accéder à sa supplique. Il fallait dire qu'elle y avait été bon train avec ses sourires bienveillant et la brune avait plié. Awen enfila juste une chemise et attendait depuis une bonne heure que la Luaine arrive pour qu'elles partent en catimini dans la forêt fêter Beltane. Un briquet d'amadou soigneusement caché, elle attendait....attendait comme soeur Anne*.

Dans son petit citron, elle gambergeait. Le mat a été planté. Les herbes sèches ont été placés en tas dans la forêt, prête à être enflammées, bon pas d'objet à jeter car l'autre avait pas voulu, une chemise pour faciliter l'enjambement de feu et la danse autour du mat.

Il ne manquait plus que la brune.

Maitresseeeeeee!!! Vous êtes prête???

Deux balais confectionnés de la récolte de blé avait été commandés à un menuisier et ces gentils objets attendaient dans la forêt aussi. La blonde espérait bien la faire changer d'avis aussi sur ce rituel.
Bien des croyants de la nouvelle religion, prenaient les personnes de l'ancienne croyance, pour des sorcières voltigeant avec leur balai. Mais il n'en était rien. Ce rituel d'être à califourchon et tournoyer autour du feu avait juste pour effet de porter chance pour la prochaine récolte et célébrer la nouvelle vie qui arrivait avec les beaux jours.




* Conte "barbe bleue"
Luaine
[Le Dit soir]

La voilà au pied du mur dans sa chemise qui lui arrivait à mi-cuisses. Elle scruta son reflet dans la psyché de sa chambre en boudant légèrement. Il fallait très peu de tissus pour éviter la combustion spontanée en sautant le feu. Elle avait déjà vu une personne raté son appui de départ et les flammes étaient venues lui lécher un peu trop près, les braies et elle s'enflamma. C'était presque amusant de la voir comme un pantin désarticulé, gesticulant dans tous les sens en courant dans la forêt. Un vrai follet en action.
La brune put en rire une fois qu'il n'eut plus de peur que de mal mais elle avait retenu la leçon des anciens qui n'aimaient pas voir trop de tissus sur le bas des jambes. Aussi ce soir là, les paroles des druides et sages lui revinrent en mémoire très facilement.

Elle secoua sa tête puis mis son mantel sur le dos quand quelqu'un frappa à la porte. Il était plutôt tard et Luaine ne pouvait décemment pas ouvrir dans un tel habillement ainsi que sa servante. Elle ferma son mantel et alla ouvrir en poussa une Awen avec un visage en décomposition. On pouvait y lire "on nous a dénoncé à l'église et ils viennent nous foutre au bûcher".
Luaine devina sans peine se qui trottait dans la tête de la blonde.

Non nous sommes civilisés....Il nous faut un procès avant. Il n'y a pas Torquemada à la porte. Encore que je doute que vous ne sachiez qui il était.

La blonde avait comme religion celle des druides et fées, elle ne savait qui était Torquemada le grand inquisiteur.
La porte s'ouvrit sur un coursier visiblement épuisé.

Un pli pour damoiselle de Walsh-Montfort.

Oui.

Elle tendit sa main libre tandis que l'autre tenait son mantel au plus près.
L'homme lui confia la missive en échange des quelques écus traditionnels.


Et bien nous allons être encore retarder.

Awen bouda comme un bébé en croisant les bras.
Luaine sourit en la voyant faire ainsi.

Ne vous inquiétez pas, je ne serais pas longue.

Elle décacheta la lettre et lut.

Citation:

Demat très chère Luaine...

Si je t'écris ce petit courrier, c'est que je souhaite te rendre une petite visite en France, ce pays que je ne connais que très peu.

Celà fait très longtemps que nous ne nous sommes pas vu, et j'avoue, bien pudiquement, que tu me manques un peu.

Notre rencontre ne fut que très furtive, et c'est avec regret que j'ai appris ton départ de Bretagne, après que tu aies échoué à revoir ton cher père.

La vie en Bretagne commence à me peser un peu, et quelques semaines de détachement me feraient le plus grand bien.

C'est donc avec humilité que je viens aujourd'hui te demander s'il était possible que tu nous reçoives, ma petite fille Lohane et moi même, durant quelque temps en ta demeure.


Je t'embrasse très fort...

Ton ami...

Goo D'Ar Sourd


Luaine resta la bouche ouverte puis releva ses yeux vers Awen.

Devinez? Il va falloir pousser les murs. Nous allons avoir des invités. Messire Goo vient avec sa fille....Ici. A l'heure des feux de Beltane, je vois ça comme un signe.

Luaine du relire la lettre pour être sûre. Goo allait venir à Angoulême. Ca c'était une nouvelle de taille. Un bref instant elle se revit en taverne à Rohan en discussion avec le Bourgmestre au sujet de son père quand elle vit un genre de baroudeur sourire et parler dans sa barbe de son ami. Elle dut aller l'interroger.
Voilà leur première rencontre.

Goo, le meilleur ami de son père venait la voir.

Pour Awen, adieu le père fouettard, bonjour saint Nicolas. C'était les rois mages et tout le toutim réunit. Elle allait fêter Beltane et un breton qu'elle connaissait, puisqu'ami de sa maitresse Blanche, venait en PA.
Luaine fit tomber la lettre sur la table. Elle espérait que cette visite ne soit pas un prétexte pour lui ramener de mauvaises nouvelles de son père.

Son père.....celui pour lequel elle avait parcouru tant de lieues. Il l'avait vu en la prenant pour feue sa mère. Il avait cru voir le fantôme de la femme qu'il avait aimé plus que tout. Elle lui annonça qu'elle était sa fille. Elle lui annonça que sa mère était enceinte d'elle quand elle quitta la Bretagne pour le dauphiné dans le but qu'il réalise son rêve de devenir chevalier. Elle lui annonça qu'elle était morte.

Depuis cette période il n'était plus le même. Il avait le regard dans le vague, il pleurait. Il ressassait sans cesse que si il avait su tout aurait été bien différent, qu'il l'aurait épousé et qu'ils auraient été heureux. Mais tout n'était pas rose dans le meilleur des mondes.

Finalement la venue de Luaine n'avait pas été une bonne chose pour son père. Cela le rendit morose et il entra au monastère peu de temps après son arrivée. Il laissa Luaine seule en Breizh.
Son coeur se mit à battre.
La brune réussit à sourire à Awen d'un sourire forcé. Maintenant elle se faisait du mauvais sang pour son père. La lettre ne laissait rien présager de grave....Il lui aurait dit si tel avait été le cas. Il fallait qu'elle chasse ces idées noires. Il venait juste dans le but d'un voyage de complaisance et puis voilà tout.

Allons-y.

La réponse avait le temps d'être formuler le lendemain.
Le mantel sur le dos, elle monta son frison noir Bacchus et aida Awen à monter derrière elle.


Accrochez-vous et guidez moi.


La clarté de la lune pleine leur montrait le chemin. Tout d'abord tout était trop sombre puis leur yeux s'habituèrent. La clairière fut vitre trouver, après seulement une lieue de là.

Je vois qu'il était très secret votre coin, il est à même pas une lieue de chez nous....J'espère que personne ne nous verra. J'en serais mortifiée voir même jusqu'à finir en cendres selon le cas.

Le briquet d'amadou en main, Awen alluma le feu pendant que la brune attacha son cheval à une basse branche. Le tas d'herbes sèches commença à prendre et bientôt un petit brasier vit le jour.
Luaine le regarda comme hypnotisée par ses flammes dansantes et chaudes. Le crépitement était un bruit qu'elle affectionnait.
Les bras le long du corps, elle resta sans bouger un court moment.

Ce soir comme ses ancêtres, elle honorerait la magie à nous reproduire dans l'amour, à l'image de la terre fertile ainsi que la puissance de l'humanité. Luaine jeta dans le feu le fagot de bois fait de chacune des neuf essences de bois.

Awen sortit deux couronnes de fleurs qu'elles mirent sur la tête.

Fagot de bois, de rubans et fleurs blanches, noué
La dame est couronnée.
Fagot de Bois à Beltane, dans son Feu
Flambe et brûle comme je le veux.


En disant ces paroles rituelles, Luaine enleva son manteau et récita encore ses paroles juste avant de sauter le feu.

Feu de Beltane, feu qui nettoie. Feu de Beltane, feu de joie. Feu de Beltane, annonciateur de l’été. Feu de Beltane, feu de Mai

Elle réussit sa réception de l'autre côté du feu et Awen aussi.

Toutes les deux accomplissant ce rituel plusieurs fois millénaire n'avaient pas le sentiment d'être parfaitement ridicule et pourtant.

Ensuite elles se mirent à danser en tournoyant autour du mat planté par la blonde.
En Armorique, au sommet de ce mat, sont attachés des rubans colorés et chaque personne s'en saisit d'un et en dansant, ces rubans se tressent autour du mat.
Ici Awen et Luaine dansèrent juste....Voulant perpétuer la vieille tradition pour faire honneur à leurs ancêtres.
A chaque tour de mat, Luaine répétait dans sa tête chaque promesse qu'elle se faisait à elle même.

Elle espérait que cette année lui donne beaucoup de blé blond et rond.

_________________
Luaine
[Le lendemain]

La nuit avait été courte dans les bois angoumoisins. Les deux jeunes femmes avaient attendu que le feu de Beltane se consomme lentement. Du feu il n'en restait plus que des braises rougeoyantes qui réchauffaient l'atmosphère.

Awen et Luaine étaient rentrées comme elles étaient arrivées...en toute discrétion. Aucun regard inquisiteur n'avait percé leur secret. Elles pourraient à leur guise recommencer l'année suivante.

Au champs du coq, par delà la rosée matinale, Luaine peina à ouvrit ses billes vertes. Les quelques heures de sommeil n'avait pas été réparateur.
Après s'être rincée plusieurs fois le visage pour émergée de son éreintement. Elle laissa le petit seau sur la margelle de son puits et entra.

Une bûche dans l'âtre et le feu crépita de nouveau. Elle poussa la crémaillère et fit chauffer de l'eau dans le petit chaudron.
Assise à la table, elle prit de l'encre, une plume et un vélin pour répondre au breton. En journée, elle irait héler un coursier pour qu'il porte le pli. Cela allait lui couter la peau des...mains. Goo devait penser aussi que la petite bretonne vivait dans un manoir. Elle embrassa la pièce principale du regard en soupirant. Le messire allait être déçu et il se demanderait surement pourquoi elle avait quitté le confort qu'elle possédait en Breizh pour venir vivre dans un certain dénuement.

Si il appréciait la jeune femme, il comprendrait et de toute façon elle ne pouvait faire autrement.
La plume fut trempée dans le petit pot et elle commença en repensant tout de même à la lettre de l'homme. Il devait venir avec sa fille mais sa femme était où?


Citation:

Très cher Goo,

C'est un plaisir immense d'avoir de tes nouvelles. Cela fait si longtemps. Depuis que tu es parti de Rohan pour Saint pol, je ne t'ai plus vu.
J'étais vraiment affligée de partir de Bretagne. Mais sans être désobligeante, tu sais combien les bretons sont sectaires. Après toutes ces années à rester là bas, ils me considéraient comme une françoyse alors que mon sang est breton.
J'ai toujours été entre deux royaumes, deux cultures, deux maisons....

En France on m'a beaucoup considérée comme une bretonne mais ici enfin, je me sens chez moi. Personne ne semble prendre mes racines comme un motif pour me heurter. Pour la première fois je me sens bien. Ni vraiment bretonne, ni vraiment françoyse mais angoumoisine.
Oh bien sûr, il existe toujours des personnes rabat-joie et dénuées d'intelligence qui me lance au visage que je n'ai pas la même façon de vivre qu'eux et me font comprendre que je n'ai pas ma place mais fort heureusement, ils ne sont qu'un petit nombre que je tente d'éviter.

Depuis peu je suis tribun et je me suis engagée dans l'armée. Tu sais combien j'aime les armes et ne suis pas mauvaise dans leur maniement aussi pourquoi ne pas utiliser ce don.

Je voudrais te dire que je serais ravie de te recevoir chez moi avec ta fille mais je tiens à te prévenir avant. Je ne vit pas dans le luxe et le confort de la Bretagne mais assez modestement. Je ne veux pas que tu sois choqué en arrivant.
Je ferais de la place et vous recevrais avec un bonheur immense.
Par contre, apparemment ta femme ne sera pas présente. J'espère que tout va bien pour vous et pour elle quand même.

Cher Goo, j'espère que tu me donneras des nouvelles de mon père. J'espère tant qu'il se porte bien.
Tu sais que depuis que nous nous sommes rencontrés, le choc fut rude pour lui et qu'il hante les monastères depuis. C'est aussi pour ça que j'ai préféré partir.
Je pense que mon image lui rappelle trop ma défunte mère. Il doit penser à la vie qu'il aurait eu si elle était restée auprès de lui et cela doit le chagriner.

Je le comprend maintenant mais je leur en ai voulu à toutes les deux. Elle ne d'avoir pas essayer de parler à mon père de sa grossesse et lui de n'avoir su être le père que j'étais venu chercher en Bretagne.

Enfin tout cela est du passé, je regarde l'avenir maintenant qui j'espère sera un peu plus radieux que ce que j'ai connu depuis toujours.

Très cher Goo, amène moi des nouvelles de mon père et de ma cousine blanche.

Je t'embrasse fort et à très bientôt.

Luaine de Walsh-Montfort.



La lettre cheminerait à travers tout le royaume jusqu'en terre armoricaine pour retrouver le destinataire de ce pli.
_________________
Luaine
[Quelques temps plus tard]

La tournée comtale n'attendait pas et la brune devait repartir vers la Capitale. Ses quelques affaires personnelles dans la petite sacoche attachée sur Bacchus et sa longue épée attachée dans le fourreau sur le flanc du cheval. En cas de problème elle n'aurait qu'à la tirer du fourreau.
Son paquetage prêt, Luaine s'apprêta à dire au revoir à Awen et lui recommander....de pas faire grand chose, quand un coursier arriva avec un missive.


Damoiselle Walsh-Montfort?

Oui. Un peu plus et je n'étais plus là.

Elle prit le pli et le décacheta.

Citation:

Ma chère Luaine...

Je suis ravi d'apprendre que ta nouvelle vie se déroule à merveille, et que tu as su trouver en France la place qui t'a fait défaut ici, en Breizh.

Pour le confort de ta demeure, ne te fait surtout aucun soucis. Je n'ai moi même jamais vécu dans le faste et le luxe, bien qu'étant relativement aisé quant à mes finances.

Ce ne sont que des détails face à ce que je cherche avant tout, la sincérité d'une amitié, le plaisir de voir des gens qui me sont chers et les plaisirs simples de la vie.

En effet feue mon épouse ne sera pas du voyage. Une maladie fulgurante tout autant qu' imprévisible l'a emporté en ce début d'année. Me voilà donc père et veuf.

Pour ton père, je n'ai malheureusement aucune nouvelle à te donner de lui. Je ne l'ai ni revu ni lu. Peut être en effet se reclus t' il dans un quelconque monastère. Son amitié m'était précieuse et je ne comprend pas son silence.

La dernière fois que j'ai vu Blanche, c'était avant mon départ de Rohan. J'ai fait sa connaissance sur le marché du village quand cette jeune femme a proposé à Lohane une balade à cheval. Je fut grandement déçu de devoir quitter mon village, car une solide amitié semblait naitre entre les deux jeunes filles.

Lohane d'ailleurs m'a souvent demandé de ses nouvelles, mais je n'ai pu lui répondre. Peut être pourras tu lui en donner.

Mon voyage passera par Rohan et, qui sait, peut être aurais je des nouvelles un peu plus fraiches à te donner.

Je fait ce jour mes ultimes préparatifs pour ce voyage et espère prendre la route dès demain accompagné jusqu' a la frontière par ma grande amie Leyah.

Je t'embrasse très fort et espère avoir bientôt de tes nouvelles.

Goo D'Ar Sourd


Ses yeux s'agrandirent soudain...La femme de Goo était donc morte. Emportée par la maladie la pauvre femme, le laissant avec leur fille. Pauvre femme.
La tristesse se lisait sur son visage. Elle qui l'avait perdu seulement quelques années auparavant et qui lui manquait encore tant. La fillette n'aurait probablement que des bribes de sa mère en grandissant.

Son père....Luaine dévorait chaque mot puis la fin retomba comme un soufflet.
Aucune nouvelle depuis son départ et il se cloitrait encore. Peu importait ses courriers, peu importait qu'il avait une fille. Il voulait vivre dans le passé alors que Luaine avait besoin de son père aujourd'hui. La brune se disait qu'un jour prochain, il regretterait d'être passer à côté de celle qu'il aimait mais aussi de sa fille.

Blanche....Sa chère cousine. Enfin une bonne nouvelle sur sa blonde. Elle espérait que celle-ci soit en pleine santé.
Elle se remémora ses instants de bonheur au château de Rohan quand sa cousine lui donnait des leçons de maintien et d'étiquette.
Toutes les deux assises dans ce grand lit à rire à gorge déployée après un court magistral sur les anguilles des messires et les grottes des femmes....

La missive fut pliée et mise dans la sacoche. Les prunelles vertes se levèrent alors sur Awen suspendue à ses lèvres.

C'est une lettre de Goo. Il va bientôt partir de Bretagne pour venir. Il confirme son arrivée.

Awen sourit jusqu'aux oreilles. Depuis qu'elle savait que le messire arrivait, elle était gaie comme un pinson, toujours fredonnant ou sifflant un air enjoué.
Aucun mot de fut prononcé sur la mort de sa femme de peur de brusquer Awen. La brune préférait partir en la laissant sur un nuage.


Awen, je ne pense pas que Goo arrive avant moi, mais si c'est le cas, reçevez-le le mieux possible quitte à m'endetter au marché. Je veux qu'il voit mon train de vie dispendieux.

Elle sourit à la jeune femme qui savait que Luaine vivait assez chichement.

Je répondrais à Goo depuis Périgueux surement. Je m'y ennuie fermement, ça me permettra de m'occuper et puis j'y trouverais un coursier plus facilement. Si il répondit ici, faites suivre mon courrier par la garnison. Ils sauront où je me trouve.
Au revoir Awen prenez soin de vous. Qu'Aristote vous garde ainsi que la grande prêtresse.


Un coup petits de talons dans les côtes du cheval et d'une main ferme, elle agita les rennes et les voilà partit.
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