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[RP] Vogue la galère.

Angelyque
Le mot Mamelue lui fit dresser l'oreille. Peu se permettaient -du moins devant elle- de la surnommer ainsi. C'était la première fois qu'elle était aussi heureuse d'entendre cet affreux sobriquet. Si elle avait été libre de le faire, elle se serait jeté au cou d'O Mordha tant elle était heureuse de le savoir à ses côtés. Ce qui en outre sous entendait que les autres étaient à l'abri. Elle croqua dans le biscuit et répondit avant d'avoir terminé de l'avaler en chuchotant.

J'aurai du reconnaître votre sale accent d'irlandais Finn!! Où se trouvent les autres? et qu'attendez vous pour me libérer? j'étouffe dans ce sac poussiéreux. Veillez à ne pas accrocher ma robe quand vous m'ôterez de ce truc informe et hideux!! Heureusement que nul autre que vous ne m'a vu si mal fagotée. Vous ne le répéterez à personne dites-moi?

Elle continua de se contorsionner en maugréant, faisant attention néanmoins à ne pas parler fort afin que les pirates ne les entendent pas.

Des pirates dites vous....cela doit être des angevins.

Finn semblait penser que des personnes pouvaient lui en vouloir à elle où à son bateau. Elle ouvrit de grands yeux candides.

M'enfin Finn, qui pourrait donc me détester tellement je suis aimable?

Un brusque accès de toux interrompit sa tirade.

Quoique....en y réfléchissant bien, un ou deux pourraient en vouloir à ma vie et à mes biens.

Mon époux tout d'abord. Crezus, pas l'autre....quoique...l'autre aussi...le premier est mort et enterré, donc pas de risque de ce côté là
.

Elle se mordit la lèvre et réfléchit plus intensément.

Il y a le Prince Charlemagne Von Frayner, il sait que je sais.

En y pensant encore un peu, il y avait d'autres noms qui lui venaient en tête.

Le Prince Actarius d'Euphor ne peut pas me sentir aussi. Il navigue actuellement en plus. Mais bon, il nous aurait coulé directement lui, et aurait ensuite plongé pour vérifier que je sois bien morte.

Croquant à nouveau dans le biscuit, elle rajouta.

Le mouton Trixolas me hait aussi, et Wolfar de Cudot. Eux voudront me faire souffrir avant je pense. Ce sont des fous.

Un grand ah sortit de ses lèvres.

C'est peut être Georges!! le Poilu!! il en veut à mon fils si gentil, Azharr vous savez...il veut lui faire subir l'ordalie. Et en profiter aussi pour s'emparer de la Bourgogne. Mais bon, si c'était lui, il aurait essayé de m'enlever. Les Berrichons aimeraient tant que je retourne là bas vous comprenez. C'est peut être un berrichon qui veut m'offrir au Poilu ceci dit. Ils sont pas toujours très cohérents les berrichons.

Son regard triomphant plongea dans celui de Finn.

Je pense avoir fait mouche. Sérieusement j'aurai du travailler dans les services secrets, dommage qu'il n'y ait que des sorciers là bas.

Si je vous donne un poignard, vous vous chargez d'aller terrasser ces sagouins?

Poussant un profond soupir elle rajouta.

Et quand vous aurez fini, vous serez bien aimable d'accrocher une lettre à la patte d'un pigeon, c'est pour mon époux, le normand hein, pas l'autre. La lettre est pour le moment coincée dans mon corsage, elle doit être toute froissée.

Néanmoins, elle trouvait Finn pas très véloce.

Vous êtes lent Finn, je devrai déjà être en train de me recoiffer et vous, occupé à vous battre. C'est dingue d'être mou à ce point!
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De retour, se met à jour, patience.
Finn
- « Oh votre secret sera bien gardé avec moi. », rassure Ó Mórdha alors qu’un sourire infâme soulève sa lèvre sur une canine étincelante.

La liste de ses ennemis s’épaissit de minute en minute et, tandis qu’elle les énumère, l’Irlandais prend des notes mentales de tout ce gratin formant un large panel d’êtres susceptibles de récompenser la capture de la Charolaise. Berrichons, Angevins, Bourguignons, haute noblesse française, le seul embarras est celui du choix.

- « Votre perspicacité est sans égale, en effet. », flatte-t-il tout en lui donnant la becquée. « Ouvrez grand. »

À la mention d’une lettre, le Gaélique ne peut réprimer un grommellement, soulevant la toile de jute juste assez pour la retirer du corsage dont elle dépasse, avant de refermer le sac. Le voilà relégué au courrier du cœur. Pour qui le prend-elle maintenant, son messager ?

- « Touchant. Je veillerai à ce qu’elle trouve son destinataire. », répond-il, laconique, en parcourant le pli des yeux : une simple lettre de rupture. « Et oui, on sera pas trop de deux pour leur régler leur compte. Je vous détache immédia… »

Soudain le barbu se redresse, comme appelé par quelque bruit provenant du couloir – de son imagination ?

- « … Vous avez entendu ça ? Bordel, j’ai bien l’impression qu’ils rappliquent par ici ! Navré, Mamelue, mais je vais devoir remettre votre libération à plus tard. Imaginez qu’ils aient ma femme ou mon fils, imaginez un peu ce qu’ils leurs feraient s’ils me trouvaient ici à vous tenir le crachoir. »

Il se lève, emportant son sac de biscuits sous le bras et la liste de ses futurs acheteurs dans un coin de sa tête.

- « Tenez bon, je reviendrai bientôt vous chercher. En attendant, je vous conseille de ne pas essayer d’ôter ce sac. C’est encore le meilleur rempart entre vos mamelles et leurs probables ardeurs. »

Sur le pas de la porte, Ó Mórdha jette un dernier regard au tableau et goûte la satisfaction malsaine qu’il éprouve à l’idée de lui susciter cette ultime frayeur. Il s’éclipse sans un mot de plus, l'enfermant à double tour.
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Angelyque
Finn commençait doucement à l'énerver tandis qu'il lui donnait à manger en bavassant.

Je pourrais manger seule si vous m'aidiez à sortir de ce foutu sac!

Une moue se dessina sur ses lèvres, bien entendu qu' elle était perspicace! Elle était sûre que la liste pouvait être rallongée de plusieurs dizaines de noms si elle y réfléchissait bien. Mais elle n'avait pas envie que Finn pense qu'elle avait beaucoup d'ennemis. Une femme de son rang se devait d'être appréciée, adulée et adorée. Surtout qu'elle pouvait parfois se montrer fort aimable.

Ne lisez pas mon courrier,animal ! C'est privé!

La Mirandole n'en revenait pas qu'il ait osé récupérer la missive et osait la lire en la tenant à bout de bras. Et il faisait des commentaires en plus. Son visage commença à s'empourprer sous la colère mais elle n'insista pas plus, il pensait enfin à la délivrer.

Votre mère n'a pas du vous nourrir au sein mais utiliser une chèvre Finn! Vous êtes vraiment un molasson! Hâtez-vous avant que ces mécréants ne parviennent jusqu'ici!

Mais.....


Au lieu de finir de la libérer, le voilà qui s'éloignait d'elle en parlant vivement. La Charolaise tendit l'oreille mais n'entendait aucun son parvenir à ses oreilles.

Comment voulez vous que j'entende, triple buse avec cette saleté de jutte contre mes oreilles. Restez ici et libérez moi que je leur règle leur compte moi aussi! Car c'est pas sur Lucien qu'il faudra ....

Elle crût rêver quand elle le vit prendre la fuite. Le fait qu'il emporte avec lui les biscuits la frustra davantage et elle se mordit la lèvre inférieure jusqu'au sang pour ne pas lui hurler dessus en le traitant de sagouin. Pour sûr ce n'était pas avec un homme comme ça qu'elle gagnerait une guerre. Elle commença à se contorsionner pour se libérer du sac, n'ayant d'autre choix que de mordre dans la toile pour dégager l'ouverture. Après reflexion, elle se dit que Finn avait sans doute raison. Il valait mieux pour elle qu'elle garde dissimulés ses atouts. Manquerait plus qu'elle se fasse aussi violer. Elle se mit à pester.

S'il m'appelle une fois encore Mamelue je le fais pendre par les pieds au mât!

Epuisée par tous ces efforts, elle sentit ses paupières devenir lourdes et elle s'endormit, rompue par la fatigue.
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De retour, se met à jour, patience.
Falco.

Lettre perdue?


A chevaucher de façon monotone on en oublie les petites mains qui vous relient au monde.
Il avait reçu courrier de la Mirandole et l'avait rangé dans ses fontes.
Ayant comme objectif le retour en terre Angevine il avait remisé cela en second ordre.
La lettre d'une femme qu'il a aimé et perdue de façon inique à ses yeux morts.
C'est à une halte au milieu de nulle part qui lui offre la mise à jours.

Et une lecture sereine.




Ma Mirandole,

Cassandre n'est jamais un rôle qu'on enfile de bon coeur.
Vos trépidations sordides me donnent raisons mais cela brise mon coeur naissant.
Que Crezus s'affirme en tyran ne date pas d'hier, que vous soyez aveuglée par l'attention portée de même.
Ainsi tout est brisé et ne laisse que ruine.
En cela je me réjouit sans façons.
Car je vous ai connue libre aventureuse, je me doute que libérée du joug vous allez replonger.
Vous êtes tellement plus belle ainsi plutot qu'enchainée aux jalousies.

Nous revenons paisiblement sur Synode Réformé tenu en ville de Nîmes.
Ceci aux coté de mon épouse douce .
Anjou réclame son sang et sa vivacité.
Malediction d'une terre qui fabrique des guerriers errants, des chasseurs en quête de gibier.
Elle se vide et fait vivre pour le pire et meilleur les terres de france.
J'escompte changer cela si Déos veut.
Cette terre mérite mieux que d'être exportatrice de talents à perte.

J'ai appris votre voyage, il me rappelle vos errances guerrières.
Tant qu'il ne vous fait pas suivre quelque seducteur ou maladrin cela me sied.
J'ose espérer que ce que je vous dois sera comblé au détour d'un chemin.

Prenez grand soin de vous, je conserve tendresse à votre égard malgrés tout.

Falco de cartel
Baron(contesté) de Cravant
Vassal de Montsoreau

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Finn
Au sortir de l’entrevue, un détour par sa cabine retarde encore un peu la reprise de la traversée. L’Irlandais rend visite à l’héritier reposant sur son duvet d’oie. Une caresse sur le crâne glabre de l’enfant, il le fait ensuite gardien de la clé de la cellule charolaise en la planquant sous le matelas du berceau ; Nolan doit commencer à apprendre à participer aux petites combines familiales.

De retour sur le pont, et à la barre du vaillant foncet, Ó Mórdha fait hisser la voile et lever l’ancre. Saumur puis Angers défilent en marge du ruban bleu qu’ils dévalent sans discontinu jusqu’à Nantes. Les petits apéros ensoleillés ayant cessé, l’épouse semble tourner en rond. Une brève escale en capitale grand ducale assure le ravitaillement en pâtisseries. De quoi la détourner de l’envie de poser des questions sur le sort de la Duchesse jusqu’à la fin du voyage. Pour lui, c’est l’occasion d’envoyer un messager à Dijon pour y porter le pli confié par cette dernière.


Angelyque a écrit:



Nostalgie

A Crezus de Montestier, Duc du Charolais & de la Ferte Langeron , baron de Cruzy le Chastel

De Nous, Angelyque de Montestier, Pair de France, Duchesse du Charolais & de la Ferte Langeron, Baronne de Cruzy le Chastel,

Salutations,

Je prends bonne note de votre décision de mettre un terme à notre vie commune. Concernant le mariage par contre, à moins que vous ne parveniez à briser ce lien et nos voeux qui nous ont unis devant le Très Haut, je crains que vous deviez supporter que nous restions mariés, du moins pour le moment. Je réfléchirai plus tard à la façon dont y mettre un terme. Je prends également note des raisons qui vous ont poussé à prendre cette décision. Je m'insurge contre ces accusations que vous portez à mon encontre. Non, je n'ai en aucun cas changé comme vous vous êtes complu à vous le laisser dicter.
Je ne méritais en aucune façon cette méchanceté gratuite qui vous a sans doute soulagé et vous a fait jubiler au moment où vous avez couché ces mots sur le vélin.

Je vous rassure, votre objectif a été atteint, vous m'avez fait très mal. Bravo à vous.

Une grande majorité de vos reproches sont tout à fait injustes, mais je ne puis plus lutter puisqu'à présent vous me voyez ainsi, avec le temps, cela s'est ancré en vous et je n'ai plus d'autre choix que de l'accepter. Je pense d'ailleurs que depuis plusieurs mois vous avez œuvré afin que je prenne moi-même cette décision, me poussant sans cesse à bout.

J'ai très maladroitement tenté de sauver notre couple, alors qu'il était déjà mort, j'y croyais, je vous aimais, et vous aimerai sans doute encore jusqu'à la fin de mes jours. Vous êtes celui avec qui je me suis unie, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur est loin derrière, mais je ne l'ai pas oublié. J'ai aimé chaque moment que nous avons passé ensemble, notre complicité, nos rires, la façon dont vous arriviez toujours à vos fins, même lorsque vous trichiez honteusement aux dés. Vous aurez beau chercher, vous ne retrouverez dans aucun autre bras cette passion qui a embrasé nos cœurs dès l'instant de notre rencontre. Le temps vous prouvera que vous vous leurrez.

Il m'était impossible de me montrer douce avec vous Crezus, au vu de votre comportement, de votre côté vous me vilipendiez sans cesse, me reprochant par exemple de changer sans cesse d'avis. Preuve que vous vous complaisiez à écouter les petites remarques des uns et des autres. ces idées se sont faites peu à peu dans votre esprit sans même que vous ne vous en rendiez compte. Nombre de vos accusations n'étaient que répétition de ce que d'autres vous soufflaient de façon insidieuse. Tellement insidieuse que vous vous êtes fait avoir comme un lapereau de six semaines. Vous m'avez reproché de ne pas avoir quitté la Bourgogne en même temps que vous pour emménager en Normandie. Je n'étais pas prête. Il y a certaines destinations, comme l'Alexandrie ou l'Angleterre qui me rendait dépendante d'autres personnes. J'ai également essayé de m'adapter à vos désirs. Cela ne fait pas de moi une personne versatile comme vous vous l'êtes laissé croire. Bien au contraire, vous ne trouverez nulle autre que moi qui a autant de suite dans les idées et qui va au bout des choses sans jamais lâcher.

Notre mariage aurait été de l'histoire ancienne sinon, depuis longtemps, vu toutes les embûches qui ont été mises sur notre route.

Aujourd'hui, je suis étrangement apaisée. Triste mais apaisée. Je sais que tout est fini entre nous et que vous avez d'autres désirs et aspirations. Il n'y a donc plus aucune raison que je me batte pour quelque chose qui est mort depuis longtemps. J'ai trop passé de temps à souffler sur des braises qui étaient éteintes.

Vous voulez courir après la pute comme vous m'en avez menacé? Allez-y mon cher ami! Allez-y! Puisque n'importe quel jupon, même fadasse vous attire.

Souffrez que je ne refuse point à présent de mon côté les propositions séduisantes qui se présenteront à moi. Je suis libre à présent de le faire.

Pendant tout le temps où j'essayais de sauver notre mariage béni par le Très Haut, vous étiez tout à fait complaisant avec toutes les sangsues qui vous rodaient autour, vous m'avez tenue à l'écart, me punissant de choses que je n'avais pourtant pas commises, de façon froide, hautaine et bien souvent méchante. Malgré tout, j'ai tenu bon, durant de longs mois, attendant et espérant que vous redeveniez l'homme que j'ai un jour rencontré sur la tombe de votre frère et qui a fait chavirer mon cœur.

Ni vous ni moi ne rencontrerons jamais plus une telle fusion, tout au plus arriverons nous à trouver un lot de consolation. Le véritable amour n'arrive qu'une fois dans une vie. Et nous nous sommes autant aimés l'un que l'autre. De cela j'en ai la certitude et Poucelina est le fruit de cette fusion de nos deux êtres. Chacun de nous a connu des déceptions, ainsi va la vie, mais l'autre n'était en aucun cas responsable.

Vous ne seriez pas tombé amoureux de moi si j'étais celle que vous désiriez que je sois, la tête penchée à coudre des tissus, et buvant chacune de vos paroles. Vous avez aimé la Mirandole, la Mirifique. Pas la nobliaude qui retourne à sa place quand on lui dit de le faire et qui tient son rang.

Tenez vous le vôtre d'ailleurs? permettez moi de sourire en écrivant ces mots. Je vous ai aimé ainsi et n'ai pas tenté de vous transformer en un seigneur gourmé.

Vous avez épousé une femme passionnée, fidèle, et emplie de principes auxquels elle n'a pas dérogé, malgré les pressions, malgré tentations extérieures.

C'est aujourd'hui un grand gâchis que tout cela, et nous avons échoué à nous rendre heureux. C'est ce que j'ai essayé de faire, mais je m'y suis mal pris, j'ai perdu confiance car je savais que vous étiez plus à l'écoute d'autres -de n'importe qui en réalité- que de moi, votre épouse, trop occupée à servir la France et son Duché qu'à voir le danger.

J'avais besoin de soutien Crezus, J'ai essayé de vous apporter le mien comme je l'ai pu. J'ai été à chaque seconde à vos côtés quand vous étiez sur le trône, à chaque fois que vous aviez besoin, telle qu'une épouse se doit de le faire.

Nos routes se séparent à présent, ne vous inquiétez pas, je n'irai pas vivre en Normandie et resterai dorénavant à l'écart de tout ce qui vous touche afin que vous puissiez vous épanouir. J'ai été très exclusive, n'ayant aucune envie de vous partager. Acceptant votre jalousie, votre exclusivité de la même façon. C'est ce qui faisait notre "Nous".

Depuis le jour en fait où notre mariage a été validé par la Hérauderie, cela est terminé, tout était acquis pour vous. J'étais heureuse à ce moment là et ne me suis pas méfiée, persuadée que vous sauriez séparer le bon grain de l'ivraie et ne pas écouter celles et ceux qui peu à peu vous ont renvoyé une image différente de moi. Je suis toujours la femme que vous avez épousée, celle qui est partie de rien, la pauvre petite paysanne qui était derrière son premier époux pour le soutenir. Votre frère.

J'ai passé mon temps à aider ceux qui débutaient afin qu'eux aussi puissent s'élever dans la société et se faire une place. Provoquant de nombreuses jalousies dont vous n'avez jamais été conscient. Tout ce que j'ai eu Crezus, c'est en me battant, en allant sur les estrades, sans jamais acheter quiconque, moi.

Nous étions un couple envié, Crezus de Montestier, et nombreux seront ravis de nous voir évoluer séparément. Il n'y avait pas de place entre nous deux, je me suis battue contre cela, mais vous n'avez rien compris. Un mariage unit deux personnes uniquement, pas trois ou cinq qui se complaisent à entrer dans l'intimité de chacun, par frustration de leur propre morne existence.

Je vais dès à présent reprendre ma vie en main, et me retrouver, moi, telle que j'étais avant, sans plus chercher à devenir quelqu'un que je ne pourrais jamais être ni chercher à vous complaire.

J'avoue m'être trompée, misérablement trompée sur vous, vous idolâtrant et vous mettant sur un piédestal, loin au dessus des autres. Vous n'êtes pas si différent en fait. Vous avez laissé faire de façon bienveillante. Je vous en veux de ne pas avoir cherché à vous battre un seul instant pour nous. Cela le méritait pourtant. Jamais je ne vous ai fait subir ce que vous avez osé faire, même si ce n'était que des regards ou quelques allusions. J'avais bien trop de respect pour vous, mon mari, le père de ma dernière née. J'espère que vous ne vous opposerez pas à ce que j'en ai la garde, je suis allée la voir avant de partir en mer. Elle est magnifique, un subtil mélange de nous deux, l'enfant de l'amour. Vous pourrez la voir si vous en exprimez le désir bien entendu.

Je vous souhaite d'être heureux loin de moi. J'espère que ces femmes que vous laisserez vous étreindre vous apporteront le bonheur. Elles seront souples et obéissantes, c'est ce à quoi vous aspirez. Mais ce ne sera pas la douceur de mes bras ni le feu qui coulait en moi -et en vous- dès que nos corps entraient en contact ou que nos regards s'accrochaient l'un à l'autre. J'attache trop d'importance à la fidélité qui est le ciment d'un couple. Je pourrai tout pardonner, mais pas cela. Le jour où vous aurez franchi le pas, si cela n'est déjà fait au vu du temps qui s'est écoulé depuis notre rupture, ce sera le point de non retour.

Amusez-vous donc mon amour. Courrez! Volez à la recherche de conquêtes comme tant d'autres hommes à l'esprit libertin le font.

N'imaginez seulement pas que je resterai sagement à vous attendre.

Avec ce qu'il me reste d'affection pour vous.






Pour une missive envoyée, une autre reçue, celle-ci signée d’une plume manchote et dont la livraison est repoussée à un moment plus opportun. Il a bien assez à faire alors que l’embarcation s’engage sur l’océan, contournant Guérande, puis Rhuys, en se livrant à un cabotage grandement facilité par les vents. Près d’une journée et demie entre Anjou et Vannes dont ils aperçoivent maintenant le grand arsenal...
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Finn
[Destination finale : Presqu’île de Quiberon, Breizh.]


Vannes ne verra pas longtemps flotter le corbeau bouillonnais sur le port de la Rabine. Sitôt les passagers débarqués, le foncet se retire avec la marée. Rhuys déroule son cordon protecteur sur le golfe, ruban de terre qu’il lui faut encore une fois contourner pour gagner la partie occidentale de Mor Braz, par cet étroit goulet jetant avec une force torrentielle le modeste navire sur la baie de Quiberon. Après quelques coups de roulis au sortir du golfe, entre Port-Navalo et Kerpenhir, où les embruns vinrent frapper le bastingage jusqu’à tremper la face sombre du Gaélique à la barre, la coque retrouve les eaux calmes de la baie. Le soir tombe sur Kiberen lorsqu’il se décide à manœuvrer le cabestan pour lâcher l’ancre face à la Pointe du Conguel, presque’île Sud-Est de la presqu’île. Le Kilkourapa y mouillera à l’abri des vents et de la houle du large, devant la plage de sable fin sur laquelle une poignée de gardes en livrée d’argent et d’azur accueille le retour de la Baronne et de son époux en leur demeure.

Ordres sont donnés de vider la cale et, tandis que les soldats se livrent au sac des entrailles du bateau, loin des regards de la population quiberonnaise probablement déjà couchée, Ó Mórdha éperonne sa monture aux côtés de Marzina. Tous deux chevauchent en direction du versant opposé de la presqu’île, là où s’étendent les falaises escarpées de la Côte Sauvage que domine le château essuyant les tempêtes du large. Le petit héritier a rejoint les bras de Mathilda, confortablement installé dans la voiture qui les suit, l’Altesse bretonne saisit alors l’occasion de bavarder.


- « J'ai invité votre amie la duchesse à passer quelques jours au château pour découvrir la côte. Savez-vous où elle est ? Je ne voudrais pas manquer l'occasion de prendre l'apéritif avec elle. », annonce-t-elle.

Seul le pas régulier des chevaux évoluant côte à côte résonne dans la campagne alentour au moment où la trogne à moitié paralysée de l’Insulaire s’afranchit d’un sourire mystérieux. De ceux qui n’augurent rien de bon.


- « Oh celle-là, je l’ai bouclée dans sa cabine. », rétorque-t-il sans ambages.

Devrait-elle s’inquiéter ? La Blonde est coutumière des frasques monumentales de son régicide d’époux ; l’Archidiaconnesse de Nantes tremble sans doute encore au souvenir de sa séquestration au château de Quiberon. La nouvelle prisonnière du couple infernal devra, elle, se contenter d’une cabine sur son propre foncet.


- « Faudrait d’ailleurs envoyer quelqu’un de confiance s’occuper de la Mamelue, qu’elle se pisse pas dessus… »

Grimace ; aurait-il oublié de lui parler de ses plans ?

- « ...Elle est saucissonnée sur son pieu depuis Tours. »

Eh bien voilà chose faite.
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Finn
[Plus tard, au château.]


Rentré pour le souper, le couple récupère de l’éprouvante traversée en faisant bonne chair dans la grande salle. La soirée est rythmée par les grands éclats de rire gras du Gaélique tandis qu’il poursuit le récit de son mauvais tour ; de la participation active de Lucien redevenu Luzerne à la méprise de la Duchesse quand il la retrouva prenant racine au milieu de ses bouquets de fleurs, en passant par sa correspondance enamourée. Autant de moments forts qui lui valent tout au plus quelques sourires polis des servantes et autres commis, quand ceux-ci ne saisissent pas l’occasion de s’emparer d’un plat vide pour s’échapper en cuisine.

Sans doute saoulée par la profusion de détails avec laquelle Ó Mórdha assomme son auditoire, la domesticité se décide à lui amener le geôlier réclamé en début de repas. Une jeune recrue de la garde quiberonnaise qui, contrairement à ses aînés, ne trahit pas ses ascendances bas vannetaises à chaque parole. Se pourléchant les babines, le Grisonnant jauge du regard le garçon qui se tient roide comme un pieu à ses côtés, avant de l’inviter à table.


- « Tu sais écrire, fiston ? »

Peu habitué au traitement de faveur, davantage à se faire rabrouer comme les autres au moindre pet de travers, le jeune homme hoche timidement la tête.

- « En barbaresque ?... »

Cette fois, le Quiberonnais hésite… Bien incapable d'expliquer la bienveillance avec laquelle le Baron l'envisage, et la redoutant d'autant plus, il en vient à se poser la question : la négative est-elle seulement une réponse ?



[À bord du Kikoulrapa.]


Une pile de rouleaux sous le bras, le jeune soldat breton se glisse dans la cabine où repose la Charolaise. Sa mission, et il l’a acceptée – il n’avait pas trop le choix : faciliter le séjour de la Bourguignonne en ces quatre murs. L’heure est venue de lui donner un peu de mou. Le garçon se penche pour lui délier les mains et libère finalement la prisonnière de son sac en grosse toile, lui faisant retrouver parole et vue.

Un homme affublé de loques amples de pirate et grotesquement coiffé d’un casque rappelant vaguement l’art maure de part la pointe qui le surmonte et le voile de mailles jaseran qui cache son visage, lui tend plusieurs feuillets que lui a dictés l'Ó Mórdha, ainsi que la lettre du Cartel.


- « Vous devez signer ça. Un mot à ajouter ? »
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Angelyque
A son réveil, la duchesse avait perdu toute notion du temps. Elle aurait été incapable de dire si elle était dans ce sac depuis des heures ou des jours. Son sommeil avait été peuplé de rêves étranges et elle ne chercha pas à les analyser. La réalité était déjà pour elle un cauchemar et l'angoisse la gagnait à nouveau en constatant que Finn n'était toujours pas de retour. Avait-il lui aussi été fait prisonnier? Il aurait tout de même pu la détacher au lieu de palabrer dans le vide. Les hommes étaient décidemment incapables de faire deux choses en même temps. Et cet homme là était aux yeux de la Charolaise particulièrement mou et décidemment pas malin. La Mirandole espérait avoir tout de même l'occasion de le revoir vivant afin de lui exprimer de façon claire sa façon de penser. Un profond soupir s'exhala de ses lèvres tandis que son inquiétude allait en direction des autres passagers du bateau. La soif commençait à lui dessécher les lèvres et elle grimaça. Elle avait aussi faim, besoin de soulager sa vessie, de prendre un bain et de se vêtir pour la cérémonie censée les accueillir en Bretagne. Elle avait beau tendre l'oreille, elle n'entendait ni roulements de tambour ni quoi que ce soit d'autre signe annonciateur de festivités. Pourtant le navire était bien arrivé à quai et les bretons devaient sans doute être impatients de voir débarquer une personne de la haute noblesse française.

J'ai toujours dit que les bretons étaient des sauvages de toutes façons! On a bien fait de leur filer leur indépendance afin qu'ils cessent de nous casser les pieds!

De la mauvaise foi? du tout. La duchesse trouvait tout bonnement ahurissant que le comité d'accueil escompté ne s'inquiète pas de ne pas voir descendre les passagers et elle ne se gênerait pas pour faire un rapport sur la question dès qu'elle serait en mesure de le faire bien sûr.

Les minutes s'égrenaient lentement et la Mirifique se contorsionna afin d'essayer de se défaire des liens, ne réussissant en réalité qu'à se retrouver dans une posture encore plus inconfortable que celle où Finn l'avait laissée, elle avait à présent du mal à trouver de l'air par la misérable ouverture qui ne se trouvait plus au même niveau que sa bouche.

Quand elle entendit la clé tourner dans la serrure, elle se figea.


C'est pas trop tôt! murmura t'elle, espérant au plus profond d'elle même que c'était bien Finn qui était de retour.

Les liens furent enfin défaits et elle frotta ses poignets endoloris avant de faire face à son geôlier, le souffle coupé par la stupeur. Un oriental dont elle ne distinguait pas le visage, supposa t-elle au vu de sa tenue. Sa fin était proche à coup sûr. Voilà le résultat des croisières démoniaques du Pape sénile! il avait attiré ces bandes de pirates prêts à embrocher et tuer pour de l'or. Elle reprit vite ses esprits et releva le menton quand l'homme prit la parole puis lui lança un regard noir tout en prenant les feuillets tendus.


Bien sûr qu'il y a autre chose!! Je meurs de soif! J'ai faim et ai bien besoin d'un bain parfumé! Je deteste la toile de jute, vous auriez au moins pu choisir un sac en soie. Preuve que vous êtes un peuple de sauvages mal dégrossis et que vous ignorez de quelle façon on traite une dame.

Son regard se posa sur les feuillets et son regard se mit à briller en reconnaissant le scel de Falco. Il avait répondu. Elle le rangea dans son corsage et déroula le second feuillet, frémissant à la lecture des quelques lignes.

Mais ça va pas bien dans votre tête? Et comment osez vous parler.....de mamelles? Vous devriez avoir honte! Je vais rajouter quelques lignes, ça va être vite réglé vous allez voir!

Maugréant d'avoir encore les pieds liés, elle se débrouilla pour prendre une plume et écrivit quelques lignes avant de signer et apposer son scel puis rendit le courrier au barbare d'un air rageur. Elle avait hâte de prendre connaissance de la réponse de Falco et agita sa main vers son geôlier pour lui signifier son congé.

Vous êtes encore là? Allez allez me quérir tout ce que je vous ai demandé! Et hâtez vous mon brave! J'ai besoin d'un peu d'intimité à présent. Zou!
_________________

De retour, se met à jour, patience.
--Le_geolier
Les yeux du jeune soldat s’écarquillent sous son heaume sarrasin. Le Quiberonnais comprend son malheur. Il sert la Baronne, alors bien sûr il a l’habitude des caractérielles, mais il n’avait encore jamais expérimenté la version française.

S’emparant des feuillets dûment remplis et scellés, le garçon ne se fait pas prier et fuit la cabine pour les transmettre aux soldats surveillant le rivage. Quelques dizaines de minutes plus tard, il revient, en prévenant cette fois son entrée de quelques coups contre la cloison.


- « Pour manger. » Le geôlier balance un sac de biscuits secs à l’intérieur ainsi qu’une gourde d’eau, avant de pousser du pied un seau. « Pour pisser. »

Légèrement confus.

- « J’ai pas trouvé de bassine… »
Finn
[Pendant ce temps-là, au château.]


Un sourire accueille le retour des feuillets.

- « Parfait, envoyez la volaille. »

Et un escadron de pigeons s'envole pour disperser l'annonce aux quatre vents.
Que nul ne puisse ignorer la terrible nouvelle.



Citation:



    À toi Peuple de France,
    À toi l’Infidèle,



      Nous sommes les hardis écumeurs des mers, les chevaucheurs de galères.
      De Tunis à Salé et de Fez à Catane s’élève au-dessus des flots notre pavillon, noir comme la peau de nos visages.
      On nous dit Pirates, Pillards, ou Assassins. Parfois même Enfants de Putain.

      Nous n’en sommes pas moins Marchands.

      Les fils de Barbarie viennent t’annoncer la capture de ta mère, ta sœur ou ta femme. La Pair de France Angélyque de la Mirandole-Montestier se baladait telle une chienne sans collier; la voici muselée.

      Si à la femme à grosses mamelles tu tiens, compte ton or et mesure la place qu’elle occupe en ton cœur.
      Sa laisse ira au plus offrant.

      Manifeste-toi vite, car le temps t'est compté.
      Tarde et la vache blanche rejoindra les sérails de nos frères d’Orient.



      Le mot de la Duchesse :

Angélyque a écrit:
Ne me laissez pas aux mains de ces sagouins!

Retenir prisonnière une femme aussi douce et charmante que moi dans des conditions aussi atroces, sans douceurs, ni bains parfumés, ni serviteurs à disposition est une honte!

Toute ma reconnaissance ira envers celui ou celle qui me libérera de cette bande de sauvages impies.








    Fait en mai de l'an 1462.















Le courrier est ouvert aux réactions. Pour plus de clarté, merci de préciser votre localisation entre crochets.

_________________
Miss.
[ Duché de Montréal – Bourgogne ]


Ce jour là, Margot se promenait dans les jardins, tenant sa fille par les mains alors que cette dernière essayait tant bien que mal de mettre un pied devant l'autre pour avancer seule sur ses deux petites jambes. Il faisait beau, plutôt chaud et Anne était partie aux cuisines chercher quelque chose à grignoter pour la petite blonde qui commençait à être grognon.

Depuis la mission maritime avec son Cousin, Niall et Margot n'avaient presque pas quittés Montréal. Des allers retours à Dijon, parfois, pas plus. Peu de personnes furent mise au courant de leur retour et personne ne savait où le couple c'était réfugié, préférant rester discret encore quelques temps …
Les ordres du Duc avaient donc été clairs, il souhaitait que les nouvelles viennent à eux dès que la Bourgogne, les membres de leur entourage ou quelconque autre annonce importante apparaissait.


Un garde s'approcha de Margot, cette dernière prit Eléanore dans les bras et regarda le garde avec curiosité, attendant de savoir ce que ce grand gaillard venait faire dans les jardins, elle comprit quand elle aperçut une lettre dans sa main. Ce dernier, en gaélique, s'exprima :

- Dia duit mo bhean, tá mé scéal duit, is cosúil go bhfuil a chuid ag caint Angélyque Mirandola.

Inutile de vous dire que Margot n'avait rien compris à part le prénom de son amie. Cela suffit à attiser sa curiosité et elle lui prit l'annonce des mains avant de la lire, ses yeux s'ouvrirent alors grands en découvrant avec stupeur que sa suzeraine avait été capturée.

- Fichtre ! Merci pour l'annonce !

Le garde remercié, Margot se précipita vers ses appartements d'un pas pressé, elle croisa Anne qui revenait avec un panier plein.

- Anne s'il vous plait, gardez moi Eléanore quelques minutes le temps qu'elle goûte... Et s'il vous plait, remettez cette annonce au Duc.

Une fois sa fille laissée aux bons soins d'Anne et l'annonce passée au Duc Margot se dirigea vers le petit salon dans lequel se trouvait un bureau et tout le nécessaire d'écriture. Elle ne perdit pas une seconde avant de tremper sa plume dans l'encre …


Citation:
A vous, vils pirates, détenteurs de ma bien aimée Suzeraine,
De Moi, Margot d'Euphor, Dame de Fontenay en Charolles et Chasseuses de pourritures dans votre espèce,

Point de salutations.

L'on vient m'informer de votre annonce concernant la capture d'Angélyque de la Mirandole, ma suzeraine bien aimée et ma grande amie.
Sachez, qui que vous soyez, que je ne laisserais personne jouer avec sa précieuse vie.
J'ai de quoi payer, mais je refuse de faire confiance à des pilleurs.
Rendez-moi Angélyque et vous serez récompensé, pas avant.
Ne m'obligez pas à venir la chercher moi-même.

PS : Tachez de lui donner au moins ce petit mouchoir, il est parfumé de lilas, je suis certaine que ça lui remontera le moral.







Une fois le mouchoir attaché à la lettre, Margot la confia à un garde pour qu'il s'occupe de la faire arriver à bon port dans les plus brefs délais.
_________________
Effelissianor
[ Dijon ]


Effélissianor se promenait dans Dijon quand elle aperçu cette affiche placardée .

Citation:



    À toi Peuple de France,
    À toi l’Infidèle,



      Nous sommes les hardis écumeurs des mers, les chevaucheurs de galères.
      De Tunis à Salé et de Fez à Catane s’élève au-dessus des flots notre pavillon, noir comme la peau de nos visages.
      On nous dit Pirates, Pillards, ou Assassins. Parfois même Enfants de Putain.

      Nous n’en sommes pas moins Marchands.

      Les fils de Barbarie viennent t’annoncer la capture de ta mère, ta sœur ou ta femme. La Pair de France Angélyque de la Mirandole-Montestier se baladait telle une chienne sans collier; la voici muselée.

      Si à la femme à grosses mamelles tu tiens, compte ton or et mesure la place qu’elle occupe en ton cœur.
      Sa laisse ira au plus offrant.

      Manifeste-toi vite, car le temps t'est compté.
      Tarde et la vache blanche rejoindra les sérails de nos frères d’Orient.



      Le mot de la Duchesse :

Angélyque a écrit:
Ne me laissez pas aux mains de ces sagouins!

Retenir prisonnière une femme aussi douce et charmante que moi dans des conditions aussi atroces, sans douceurs, ni bains parfumés, ni serviteurs à disposition est une honte!

Toute ma reconnaissance ira envers celui ou celle qui me libérera de cette bande de sauvages impies.








    Fait en mai de l'an 1462.















Elle cru d'abord à une plaisanterie , puis en lisant les mots écrits par la Duchesse Angélyque , il lui sembla reconnaître son style , notamment quand elle parla de bains parfumés.

S'interrogeant, elle se dit que cela faisait des semaines que la Duchesse ne lui avait donné de nouvelles et même si elles s'étaient quittées de façon houleuse , elle réfléchit.

Angélyque aurait été kidnappée ? et Crezus que faisait donc son époux ? Etait-il au courant ?

Autant de questions qui se bousculaient dans sa tête....

Son bateau n'était plus là depuis un bon moment , mais pour s'attaquer à Angélyque il fallait être costaud , elle savait manier la latte comme peu savent le faire.

Aussi, tout d'abord méfiante , elle prit sa plume et rédigea ces quelques mots aux soit disant ravisseurs.


Citation:


De Nous, Effélissianor de Vosne-Romanée, Duchesse de Bourgogne,
A vous inconnus qui vous dites détenir Angélyque de Montestier,


Je ne vous salue pas !

Nous venons d'apprendre que vous auriez kidnappée la Duchesse du Charolais , le mot que vous avez joint à votre annonce semblait signé de sa main, mais cela ne prouve en rien , vous avez pu le voler ainsi que son Scel.
Aussi , comme nous nous inquiétons du sort de la "mamelue" , nous exigeons des preuves , preuves qu'elle est toujours vivante et qu'elle est bien entre vos mains.

J'espère pour vous que cela n'est qu'une sinistre mascarade , si ce n'était pas le cas, je vous conseille de ne pas toucher à un seul cheveux de votre captive ou plutôt si, faites moi donc parvenir une mèche de cheveux de celle-ci ou un bijou lui appartenant.

Dans l'attente de nouvelles rapides , sachez que votre crime s'il y a crime ne restera pas impuni et que vous entendrez parler de moi.




Que le Très Haut vous punisse!



Rédigé le 22 ième jour du mois de Juin de l'an de grâce MCDLXII, en le palais des Ducs de Bourgogne parEffélissianor de Vosne-Romanée, Duchesse de Bourgogne.



_________________
Alexandre.


Citation:
Autun, le vingt-deuxième jour du mois de juin de l'an de grâce mil quatre cent soixante deux

Angélyque mon amour, où êtes-vous ma Duchesse chérie ?
Il se dit que de vils bandits séquestrent votre noble personne.
J'espère qu'ils ne vous ont pas blessée ou dans la chair, meurtrie
Demandent-ils une rançon ? Je pense bien à vous et je frissonne.

De la mer au mont d'Arrée, la Bretagne est terre celtique,
Des forêts légendaires où dansent feu-follets et jolies fées.
Je sais que ses habitants ne sont pourtant pas sataniques
Je prie pour vous ma belle pour que saine vous me reveniez.

Du fin fond de ma prison où je me meurs transpercé par l'épée
Je n'ai qu'à mon esprit votre mésaventure et votre rapt honteux.
Je demande au Très-haut de prendre ma vie et la vôtre sauver
Je n'ai pas de richesse à donner juste ma vie pour vos beaux yeux.

Qui donc ose s'en prendre à la Duchesse qui occupe mon coeur ?
Ne savez-vous pas que bien dès fois je lui ai déclaré ma flamme ?
Je tremble pour elle, je suis saisi d'effroi en pensant à son malheur,
Affreux bandits et scélérats, je vous en conjure, rendez ma Dame !

Alexandre.

_________________

blasone realizzato da Dama Puffetta in dono all'amico Alexandre. medalha oferecida por Dama Bandida Miranda Carvalho bannière réalisée et offerte par Dame
Claire_g
Niall
[ Au fin fond du bureau encombré de Duc de Montréal, Montréal , Bourgogne ]

Une fois le message transmis à Margot il tomba entre les mains du Montréalais.
Il était tiraillé entre un énorme rire et l'envie d'aller les trancher en deux juste pour le plaisir de l'action. Une petite troupe d'Irlandais et d'Ecossais assoiffés de sang et de tripes menés par sa propre personne aurait été du plus bel effet. Mais savait on réellement combien ils étaient? Et puis il arrivait des fois que solution pacifique puisse être faite.
Il décida donc de prendre a son tour la plume afin de rédiger un courrier à l'attention de ceux qui s'appelaient eux même les turbans rayés.


Citation:
De, Niall de Rivien, Intrépide et ténébreux Duc de Montréal,
A la faction de vils ravisseurs malfaisants et stupides se faisant appeler de façon saugrenue "Les Turbans Rayés",

Les salutations ne sont pas de mises autant que les mises en garde le sont,

    Je reconnais au style fleuri du courrier joint le phrasé de ma marraine. Il ne fait nul doute à mes yeux que vous la détenez entre vos griffes sales. Aussi laissez moi vous mettre en garde contre un tel comportement.
    Je vous conseille dès lors fortement de laisser partir saine et sauve la Charolaise. Il en va de votre vie et de votre santé mentale. Vous ne savez pas encore dans quel guêpier vous vous êtes fourrés malheureux !!!
    Savez vous combien il va vous en coûter en entretien de garder la Duchesse prisonnière et en assez bonne santé pour en tirer un bon prix?
    A votre place j'abandonnerais aussi sec l'idée de faire un quelconque bénéfice à la vente de la dite Duchesse, que ce soit ici ou en Orient.
    Rien que le coût en maquillage serait tellement exorbitant que n'importe quel émir ne pourrais en assumer le coût sans tourner de l'oeil en voyant la facture ! Et je ne vous parle pas des nombreuses vestures qu'il vous faudra lui enfiler afin de lui rendre allure humaine, nombre de corsets soutenant sa poitrine pour la rendre avantageuse au premier calife venu.
    Les frais de ravalement sont tels que vous n'en soupçonnez même pas l'ampleur afin de faire de votre gibier une potentielle récompense orientale.

    Allons les malandrins soyez raisonnables ! Voyez votre intérêt !

    Je vous propose dès lors un consensus qui sera je n'en doute pas acceptable pour nos deux partis.
    Voilà donc ma proposition.
    Je vous envoie au plus vite un de mes serviteurs, un aguerri, qui tiendra à votre disposition une bourse faramineuse avec ce que mérite votre forfait, moins les frais d'entretien pour tenir en bonne santé la Duchesse.
    En échange de cette bourse qui vous fera faire un énorme bénéfice , vous remettrez entre les mains de mon serviteur zélé votre proie afin qu'elle rentre saine et sauve jusqu'en ma demeure.
    Je vous offre ainsi une bénéfice non négligeable. Celui de l'écu symbolique. Mais qui vous évitera des poursuites bien pénibles de mon armée ainsi que certainement de bons nombres de chasseurs de têtes , d'armées de tout poils et ainsi de vous retrouver sans le sou, voire sans vie au détour d'un fossé misérable en contrebas d'une route de campagne.

    Faites donc le bon choix et acceptez mon offre, elle est plus qu'honnête et vous évitera bien des désagréments douloureux, de la souffrance inutile, et certainement des os brisés et autres membres tranchés.

    J'ai dit !

    J'attends donc votre réponse,


En attendant je ne vous salue point , vile racaille !


_________________
Finn
[Quiberon, Bretagne.]



Première salve, et la Bourgogne est à l’honneur. Les coupons-réponses fleurissant désormais sur les panneaux d’affichage un peu partout, des petites mains sont sur le coup pour recopier et rapporter leur contenu au château. Attablé, Ó Mórdha prend connaissance de ces copies de missives étalées devant lui en se curant les gencives du bout de l’ongle.

- « Regardez-moi ça… Tant d’amis prêts à s’indigner et pas un n’est foutu de lâcher une bourse. Quand j’vous dis que ça sert à rien de fraterniser avec l’espèce. », lance-t-il à son épouse.

    - « Y en a quand même une qui a lâché une larme sur son pli… », dédramatise un des messagers.
    - « Et un mouchoir ! », surenchérit un second.
    - « C’était pas une tache d’essence de lilas ? » , s’interroge un troisième.
    - « Sans parler du poème… », s’émeut un dernier.

Coupant court à la digression, Le Gaélique avise son scribe et lui plante son couteau dans la main.

- « Bon, écrivez. »
- « Mon doigt ! »
- « Vous en avez toujours neuf autres, pas d’excuse ! »
- « Mon doooigt !! »
- « J’en ai plus besoin que vous. Allez, pas de chichis. »


Citation:



    À toi, Peuple de France,
    À toi qui, sans distinction, ne nous salue pas,

    De nous, Turbans Rayés,
    Honnêtes négociants de viande humaine,



      Tenons tout d’abord à rappeler que la valeur marchande des mots étant ce qu’elle est, nous lui préférons celle de l’or.
      En cela, nulle parole, fût-elle au prix de l’encre et proférée par une plume aussi pleine d’entrain que la tienne, ne saurait mieux prêcher le retour de ladite Mamelue au bercail que lourd tribut d’écus.

      Rappelons également que nous ne faisons pas crédit.

      Il nous a par ailleurs été réclamé preuve de notre action. Un bijou.

      Nous espérons que l’annulaire bagué joint à la version bourguignonne de la présente annonce saura témoigner de notre bonne foi (très chers lecteurs bourguignons, nos plus plates excuses pour le sang sur la lettre !).

      Enfin, Peuple de France, nous te renvoyons au petit guide dit De la conduite à adopter en cas d’enlèvement, au chapitre IV, partie I :

        « Menacer les ravisseurs n’est pas sans danger pour le captif. »


      Les enchères s’élèvent à présent à un écu.









Et une nouvelle flopée de volatiles s’envole à destination des provinces de France. Plus chargé que ses congénères, l'un d'entre eux larguera en terre bourguignonne la copie comportant un annulaire gauche tranché et ceint de l’authentique alliance charolaise. Attention ça tache.
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