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[RP] L'amour est enfant de Bourgogne

Blanche_
Elle avait les genoux vers lui, assise presque en angle droit sur sa monture, et leur rapprochement soudain faisait que les flancs de sa bête lui enfonçaient les mollets régulièrement. Boum, aïe.
Mais la frénésie d'une course avait réveillé son art et son adoration pour la victoire, lutte, gagner et vaincre, tout ce qui faisait d'elle une figure nordique fière et insolente. Somme toute c'était la Bretagne et la France qui se querellaient une bataille, de qui serait le premier arrivé. Guerre, épopée qui allait se signer sur un tas de gravas vieux, à moitié couvert de mousse. Elle sentait l'importance du moment, et l'envie de gagner lui serrer le ventre, lui brimer la gorge. Boum, aïe.
Elle lâcha une bride, et la tête plongeante de la jument devint plus volontaire. Gagner, gagner, gagner, peu importait l'enjeu et les moyens. Gagner.

Elle arriva la première, se tenant à la selle d'une main gantée. L'autre, bienheureuse, lâcha les lanières de cuir et fit le ménage à son front, exilant dans leurs rangs quelques mèches impérieuses. L'évidence d'un cavalier ralenti et complaisant, qui l'avait laissé gagner lui arracha un triste sourire.
Boum, aïe.


Sale tricheur.

Boum, aïe.
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Aimbaud, incarné par Blanche_


Je vous assure que j'ai craint une chute..

Insistait Aimbaud en trottant sur le dernier arpent de chemin qui les conduisait tout droit au hameau dont on ne savait plus le nom. Les deux cavaliers tenaient la tête légèrement rentrée dans les épaules pour éviter le courroux des nuages bretons, épaissis au fil de la ballade, qui s'évidaient maintenant en pluie fine et grisonnante. Sous les gouttes, ils passèrent les premières bicoques délabrées, fendant sur leur route un attroupement de volailles, et s'allèrent réfugier sous le porche d'une église.

Mais quel temps de m...

Grommelait le Bourguignon, dans la barbe qu'il était loin d'avoir. Au sec, il mit pied à terre sur la paille et la gadoue qui jonchait le parvis de l'édifice. Sous l'asile des vieilles pierres, il approcha une mine soucieuse de la couverture d'eau qui s'épandait du toit, avant de se frotter les gants d'une manière empruntée. Puis réagissant brusquement au "Hem hem !" très distingué de Blanche, il s'empressa de lui prêter ses bras pour la descente de cheval.

J'ai failli attendre !

Et les mots claquèrent comme une petite tape fraîche sur l'oreille du Bourguignon, qui loin de s'en offusquer trouva cela charmant car tout, en ce jour bénit de retrouvailles, ne pouvait que le charmer. Blanche, charmante ! La pluie, charmante ! Un caillou, charmant ! Il attarda un instant ses paluches à la taille corsetée, tandis que son regard se braquait sur les gouttelettes esseulées qui dévalaient les parages de la poitrine, pour s'y rejoindre en ruisseaux minuscules.

En fait, mon amie...

Il retira vivement ses mains, remettant de la distance, en entendant la porte de la chapelle gronder sur ses gonds. Ah, personne. Le vent.

Oui donc...! Il se trouve que nul ne sait que je suis ici, hormis Cassian de Blanc-Combaz. Mon départ doit s'être remarqué, maintenant. Mais mon confrère saura bien y trouver une excuse, en cas de question... En attendant, je suis libre de rester. Tant que vous le jugerez bon...?
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Blanche_
Tant que... tant que... tant que...! balbutia-t'elle en ne voulant comprendre.

Ô fuite, ô trahison, il est venu sans permission !
Elle enrageait.
Alors, de ses deux bras frêles qui empoignaient ses épaules, alors qu'il faisait une tête de plus qu'elle, elle se mit à le secouer comme un prunier, ne faisant attention qu'il pouvait d'une cla-claque l'envoyer au sol glacé par la pluie.


N'avez-vous point songé au désarroi de vos parents, votre soeur ? Et son Altesse Armoria....!
Sa voix se perdit dans un sanglot, tandis que, perdue par ces émotions contradictoires, auxquelles le lecteur se devra d'être sensible, elle écrasa sa tête contre la porte de l'église et se mit à chouiner.

On va dire que je vous ai kidnappé !

Ô fuite. Ô trahison.
Avant lui, c'est à elle qu'elle pense, à son bonheur qu'on va lui voler s'il arrive aux oreilles de la Chantilly qu'Aimbaud de Josselinière réside à Donges. Que va t'on faire d'elle ? La juger, l'enfermer, lui tondre le crâne, lui broyer les os, lui mordre la peau d'un tison incandescent ?
Pis ! Lui ôter son amant !


S'il advient qu'on vous enlève à moi, je meurs.

Pléonasme d'une vie. Ça au moins, c'était dit.
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Aimbaud, incarné par Blanche_


Et l'Écuyer Tranchant qu'on avait vu, sur champ de bataille, fendre l'ennemi sans coup férir, le même qu'on savait régenter le duché de Corbigny avec une poigne de fer, ce jeune mais non moins redoutable Josselinière-fils, ce grand dadet éperdu d'amour, voyez-vous, il se laissait secouer comme un sac, avec tant de dévouement dans les yeux que même une pluie de gifles n'eut pas su altérer son expression.

Mais Blanche ..

Entama-t'il avec un haussement de sourcils, en voyant cette pauvre âme se cogner la tête contre le bois dur. Mais Blanche ...! Qu'elle le frappe, lui, sa tête, si le besoin s'en vient de frapper. S'il a mal agit, ma foi, qu'elle le corrige ! Mais qu'elle n'aille pas meurtrir ce clair et blond front. Non ça, c'est sacrilège.

Aussitôt il s'empresse de recueillir sa figure à deux mains, coupe de cristal qu'il craint terriblement de voir s'ébrécher.


Calmez-vous ! De grâce. Vous vous fourvoyez. Ne dites rien d'insensé... Oh, ma dame, ma Blanche, j'en porte toute la responsabilité... Faites-moi confiance, apaisez-vous. Il ne vous sera fait aucun reproche !

Les mains, il les décrispe. Les joues, il les rudoie d'embrassades. Le tout, il l'enlace et l'enferme, voilà ! Puisque c'est la panique !
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Blanche_
Dans la panique, puisqu'il nous plait de l'appeler ainsi, Blanche songeait à la mort (il fallait bien comprendre qu'elle était désespérée) et voyait sa vie défiler devant ses yeux.
C'était d'un ennui mortel.
Un examen médical approfondi aurait conclu à la lésion douloureuse du cortex frontal. Mais nous nous contenterons de décrire à quel point la situation était ridicule.

Ouais, ben si Armoria se ramène en Bretagne, on sera tous les deux dans la défection ! C'est quand même pas Dieu possible que vous n’ayez prévenu que ce trou-du-cul Combaz, à peine pubère, et dont la maturité atteint celle d'une huître adulte !

Raah !


Et, se dégageant de ses bras, elle sortit de sous leur abris de pierre, laissa-là son cheval qui sous la flotte trempait et partit, disparut sous le rideau d'eau en marchant à grands pas au milieu de la place.
Le vent, ironique, ramena une dernière phrase avant de cesser de geindre.


...éré encore que vous ne soyez pas venu ! Mais quel crétin ! Mais quel crétin ! Et moi j'l'ai laissé venir, je suis so...

Schploung. Ricochet au toit saint. La pluie devient grêle.
Bienvenue en Bretagne.

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Aimbaud, incarné par Blanche_


...

Elle le grondait comme un môme.
...

Et puérile il se sentait indéniablement, rougissant de honte de la décevoir, et de n'être pas le maître de la situation. D'ordinaire en la mesnie corbiniesque, c'était lui qui aboyait les reproches et lançait des "Crétin !" à tout va. La voyant s'éloigner de lui et préférer le déluge à son étreinte, il s'en trouvait si démuni qu'il lui sembla ses entrailles devenir froides, comme sous l'effet d'un poison violent. Quelque amertume même, apparut sur sa langue. Il déglutit, et puis les derniers mots de l'Hermine, jetés non plutôt, décochés, achevèrent de le transpercer.

Ah ! Il eut fallu qu'il ne soit pas venu. C'était... Fort bien... Fort bien.
Pars ! Gros naze ! Blanche de Walsh-Serrant n'a pas d'amour pour les imbéciles, tu l'entends par sa propre bouche. Elle ne souffre pas ta présence, tu l'agaces de tes cajôleries ! Du vent, du vent foutre dieu !
Fort bien.

La mâchoire ferrée, l'esprit rendu aussi froid et buté qu'un rocher sous cette grêle en pagaille, il serra le cuir de ses gants contre le cuir des brides. Piaffement de la bête et coup d'éperon. Ainsi il quitta la place du hameau à grand galop, la tête nue sous l'averse et sous le poids d'un grand malheur.

Les rigoles soufflaient de la brume dans la campagne. Les grêlons frappaient de tous les côtés, comme les poings froids d'un ennemi minuscule. Le cavalier chevaucha sans repère sur des routes qui semblaient toutes moins reconnaissables les unes que les autres. Mais quel diable l'avait poussé dans ce pays sans vallons, sans vin et sans affection ? Ça irait, ça irait... Il fallait raisonner. Il fallait respirer malgré le froid qui s'insinuait partout dans la glace fondue de l'été s'épandant dans ses vêtements. De plus belle, il talonna sa monture lors de la traversée d'un petit bois dont les branches lui firent rempart et toiture, arrêtant pour un temps la tempête. Cette dernière, d'autre part, ne tarda pas à faiblir.
À l'accalmie, on entendit à nouveau les piaillements des oiseaux.

La porte d'une taverne s'ouvrit sur un Aimbaud toussant de poussière et d'eau. Après une heure de ruée dans la campagne, à la fois brûlant par la course et glacé par ce temps infernal, il avait reconnu la route de Donges et n'aspirait qu'à retrouver le confort d'un endroit sec. Éreinté, il se trouva là, fiché en terre au milieu de ce bouge breton où quelques habitués au patois incompréhensible le fixèrent, laissant planer un moment d'intense solitude dont le Bourguignon ne se souciait guère. Lent, abattu même, complètement dénué de sa raison, il voulu commander du vin. Il n'y en avait pas. Il déversa donc son or sur le comptoir pour n'importe quel alcool qu'on voudrait bien lui servir.
Et on le servit. En quantité.
Il y fit honneur et se rendit malade.

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Blanche_
Une heure.
Elle rentra couverte d'eau, imbibée de l'odeur des champs jusqu'à sa première chemise. Et, poisseuse, ne s'inquiéta de rien sinon à prendre un bain pour en dégager les pestilences effluves.
Deux heures.
Frottée à son dos par les mains dociles d'une domestiques, elle regardait amusée la cambrure des cotes dans le psyché au dessus d'elle ; délectables, ces courbes de maigre, vues à l'envers, qui donnaient à son corps des allures d'étranger intrigant. Elle fit venir de quoi manger, plongea le corps entier sous un rideau d'eau. Rare fois où elle ne prenait d’ablutions vêtue d'une chemise à bain.


- Comment-ça vous n'avez pas servi à manger à Corbigny ?!
- ...
- Quoi ? S'est-il cloîtré dans sa chambre, boude t'il, fait t'il l'enfant encore ?
- ...
- Vite !
Et elle sortit de l'eau, ruisselante. Mon peignoir. Douce impudique. Fatale exhibitionniste.
En enjambant le baquet d'eau fumante, elle essuya ses pieds aux draps posés sur le sol, et se vêtit vite de deux manches avec armes anciennes de Pannezeg, à l'hermine brodée.


- Satané gamin ! Me faire ça à moi !
- ...
- Il n'est plus question qu'il quitte Donges jusqu'à sa mort !
- !
- Vos élucubrations ne m'intéressent pas, faites prévenir l'intendant, je veux qu'on ratisse mes terres, qu'on ouvre toutes les maisons, qu'on fouille la paille, qu'on remue les cuisses des vaches, et celles des catins ! Trouvez où Corbigny se cache, c'est un ooooordre !


Ouvrant la porte à la volée, elle hurla pour appeler Nemours, rattacha ses cheveux en chignon vilain, qui ne tenait que par la grâce de Dieu et d'une épingle misérable. Puis, de cette angoisse qui lui bouffait les tripes, elle retourna au dehors et rejoignit les hommes qui se préparaient.

Donges.
Ses terres, ses chaumières.
Ses tavernes et bordels réputés.
L'hobereau local, au faciès de cocotte, qui beugle une question à chaque tête croisée.
Jusqu'à ce que. Donges. Sa taverne.


- Bordel de merde, Josselinière ! Vous voulez ma mort ?

Allez en prison. Ne passez pas par la case départ. Ne recevez pas 20.000 francs.
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Aimbaud, incarné par Blanche_


Quand on a baigné depuis sa tendre enfance dans le goût du vin — qui bien que fort, sait être franc et enivre sans soudaineté — se torcher du jour au lendemain avec une vieille gnôle de pomme raclée au fond du fût, une goutte traîtresse au dernier degré, cela vous met un homme au tapis en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "cul sec". Aimbaud de Josselinière avait vérifié cette théorie. Une fulgurante mise en pratique...

Malade d'ivresse, il s'était vu supporter sous l'épaule par le tavernier — ce dernier faisait preuve de bénévolat pour un si bon client — jusqu'à un préau où il put s'évider de tout ce qu'il avait bu à contre-coeur. Piètre bonhomme qu'il faisait là, les genoux dans la gadoue, hoquetant et sanglotant. Car c'était bien des sanglots qu'il faisait entendre à la ronde, et qui ne cessèrent de le secouer jusqu'à l'instant où on lui fit retrouver son siège et où, le front sur la table, la tête prostrée dans ses bras, il se tut enfin.
Il resta là dans le coin sombre de l'établissement, figé par son repentir, évadé dans un sommeil dur, sans aucun rêve.

Blanche ne lui souriait pas.
Elle n'avait pas sourit à son arrivée. Elle n'avait pas sourit alors qu'elle gagnait la course. Avait-elle seulement déjà sourit en sa présence... Toujours à lui chercher querelle et à le rabrouer... Il n'avait pas su y faire. Cet attachement avait tout d'une grande méprise...

Oh, Bourgogne ? À combien de lieues... Quelle folie que de s'être venu enterrer si loin de sa patrie... Descendu, comme un idiot, dans ce ravin breton où il avait cru voir de l'or, quand ce n'était qu'une flaque ! Terre... Terre, amis ! Famille...! À combien de lieues encore... Y parviendrait-il seulement, à présent qu'il avait l'âme en peine, en loques, en sang ? Mais du vin, que diable ! Sonnez le retour ! Il n'est rien ici qui vaille la peine de s'attacher, si ce n'est une chimère...


Rentrons..

Fit-il les yeux fermés, quand une main salvatrice lui saisit la nuque. Bientôt, il fut empoigné par d'autres pattes et hissé sur son cheval. À moins que ce ne fut le pont d'un bateau, car il y avait une houle terrible... Après cela, il semble approprié de parler de coma éthylique.
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Blanche_
Il dort.
Il cuve. De sa respiration grasse, on sait qu'il vit. Mais c'est bien pitié, avec ses cheveux malmenés, son hypochondre réactif au moindre tact, la grosseur de son ventre qui souffre... Bien qu'elle n'y connaisse rien en anatomie, et que la science médicale qui était le fort de sa mère lui échappe totalement, Blanche imagine...
Le corps. Son corps. De mâle en mal de boisson. Elle imagine les conséquences, à interroger les organes un à un.


...

- Oui alors moi mon travail, c'est 8h 21h. Le soir y'a moins à brasser, on est tranquilles. Donc hier ben ouais, on était bien. Faut dire que tout est automatisé. Alors à 22h... My God. La boulette. Je crois que.... Fit-il en fixant d'un air apathique la liasse de documents griffonés à son bureau. Personne. Personne ne pouvait s'attendre à ça.

- Ecoutez, répondit l'un de ses collègues. Ça fait quatorze ans que je fais ce métier. 24h/24, 7j/7. Traiter. Fabriquer. Filtrer. Ça, c'est notre métier. Détoxifier, ça nous est déjà arrivé auparavant, mais ça n'est pas notre activité principale. Et même si on cherche à se diversifier, on manque de personnel. Mais hier, nous étions complèèètement dépassés. C'était la CRISE ! ajouta t'il de son regard vitreux. Y'en avait partout. A t'el point qu'on a dû prévenir Mr le Directeur !
Il en avait rien à foutre, il a renvoyé l'fax sous forme d'avion en papier. Abandonnés par la direction... Terrible.
On va pas en faire une jaunisse, mais c'était DUR !


Zoom sur deux autres travailleurs. Au badge "poumon" attaché à leur veste.

- Ouais, on va pas s'plaindre, on a un job tranquille. 90% du temps c'est pareil, pas besoin de surveiller. Perso moi j'aspire à rien d'autre.
Mais hier, le ruuush... Ça a duré 5 minutes. Soudain. Aucune idée de comment régler le problème. Aucune inspiration.
C'est entré dans tous les compartiments, impossible de le faire sortir. Là-haut ça répondait plus. Et c'matin on est encore dans l'nettoyage, voyez c'te défection, y'en a partout ! On est pas prêts d'souffler !


- Bon, pour hier trancha le directeur. Je sais pas quoi vous dire. On a eu un nouvel arrivage, j'ai demandé une analyse. Procédure habituelle... Nous n'avions rien en mémoire, donc heu...
Une sonnette mélodieuse.
Quoi, ce qu'on va faire des restes ? Mais gueulez pas si fort ! Vous savez où il peut s'les foutre les restes ? Exactement !

...
Blanche, aplatie par une nuit de veille au bord du lit d'Aimbaud, avait tombé la tête sur les couvertures. Et, attirée par son corps chaud, elle s'y était lovée et commençait à dormir.
...


- Hier soir...reprit l'estomac de sa voix pâteuse. Branle-bas de combat ! De la flotte partout, ça puait ! Moi j'ai fermé les vannes, j'ai tout fait remonter. Mais ensuite déluuuge, Titanic... Pouaaaaah !
- Il est 15h, mais tout est encore au repos, ça évacue les restes. Dans un sens ça va nous faire grossir un peu, c'est pas un mal. On était devenu mince depuis les derniers combats.

...
Elle se tourna, se rapprocha de lui, narines en colère par l'odeur alcoolique qu'il dégageait.
Ce qui ne l'empêcha pas de le serrer un peu plus fort.
...


- Outch ! On est encore un peu sensible. Non mais bon, la direction crotte quoi ! Elle a tout coupé, plus d'communication, le BROUILLARD !
Un brave type aux muscles d'acier, qu'il comprime régulièrement prend la parole.
- Wooow ! Ben hier, c'était compliquéééé. Moi z'ai pas compris. D'habitude c'est calme itou. Alors moi dans ces cas-là c'est simple.. J'y vais, et j'y vais, et j'yvais... fit-il en contractant ses muscles de plus en plus vite.
- MAIS TA GUUUEUUUULE !
- Oh oh ben heu... Pardon. Mais c'est l'aut' avec son bras, quoi, ça m'perturbe...

...
Le bras de Blanche vint confisquer le cou d'Aimbaud.
...

- J'pense on est tranquilles pour un petit moment. Le sang, reste que des petites traces, par contre les déchets... Dans la graisse, comme d'hab. Si y recommence, on va devoir faire bosser les muscles... termina t'il d'un air dépité.
- Message de la mémoire. On sait ce que c'est, apparemment ça s'appelle de l'alcohool. Et nous ce qu'on nous a envoyé s'appelle un "c'est d'la bonne".

...
Elle couine, souffle dans son cou. Ça pue. Ce tas d'homme, il pue.
M'enfin on s'en fout. Parce qu'un peu, c'est le sien.

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Aimbaud, incarné par Blanche_


Bureau de la direction.
Cortex cérébral.

Un inquiétant silence règne dans les lieux. Un petit ballotin de foin s'envole en rebondissant dans le désert. Icelieu, on a aménagé un petit jardin-zen avec une banquette confortable dans la lumière tamisée, la même que celle d'Arwen dans le Seigneur des anneaux.
Soudain, une voix...


- Aimbaaaud de la Comtééé...
- Hein ?
- Obladi Oblada, je suis ta conscience.
- Jiminy Cricket ?

- Oui ?
- Non, lui c'est ta deuxième conscience.
- Combien êtes-vous, mes amies ?
- Ben y'a Moi, Jiminy, Alf, Levan III, L'image De Mon Père, Dieu, Le Mal, Le Chevalier du Chaos, Mon Premier Poney, et... Comment il s'appelle déjà le petit nouveau ?

- Jacques.
- Non les gars, j'ai dit Jack !
- Voilà, il faut faire ce que Jack a dit.
- Aimbaud... L'heure est grave. Il faut qu'on parle d'homme à consciences...
- De Blanche.
- Je l'aime.
- C'est une pute !
- Snobbons-la.
- HiiiiHHiiii !
- Mon Premier Poney a raison !
- Messieurs, messieurs... Mon Premier Poney prend tout au sabot de la lettre. Tentons de raisonner froidement. D'un côté, Levan III, le Mal, et le Chevalier du Chaos aiment Blanche. Alf vote Blanc, comme d'habitude... De l'autre, L'image De Mon Père et Dieu ne veulent même pas en parler ! Quand à Jack a dit, Jiminy Cricket et Mon Premier Poney, leurs arguments sont extrêmement virulents... Il serait sage de s'entendre tous ensemble sur la question.
- Faisons un vote.
- Ta gueule Levan III, on voit où ça t'a mené les votes !
- Jiminy, surveille ton langage car tu es poussière et tu retourneras à la poussière.
- Dieu a raison.
- Si je puis me permettre une opinion, Blanche ne nous mérite pas.
- Jack a dit : Blanche ne nous mérite pas.
- Écoutez, mes frères, mes partisans, mes adeptes ! Blanche est une pure bonnasse, nous la voulons pour dulcinée, jusqu'à la fin des temps, et pour la gloire du Mordor !
- Arrête ta propagande, Le Mal. Blanche nous a largué comme un sac de maïs périmé.
- Elle devait avoir ses trucs de femmes, ce jour là. Elle était sur les nerfs. J'en parie mon épée à cran d'arrêt.
- Chevalier du Chaos, toujours très prosaïque... Qui pense qu'elle avait ses trucs de femme ?
- HiiiiihHHiii !
- Mon Premier Poney ne sait pas ce que sont les trucs de femme.
- Personne ne le sait, sombre crétin.
- Taisez-vous, L'image de Mon Père va parler.
- Tout ceci est bien regrettable. Cette venue en Bretagne était une sombre erreur ! C'est une terre de perdition et d'hérésie.
- Ah bon ?
- Oui, Dieu.

- Avouez que Blanche, c'est une Reine.
- Ouais ouais Levan III, et malheureusement nous on est son petit caniche-wouah-wouah.
- Jack a dit : Nous on est son petit ca...
- Nous finirons par la mater ! C'est ainsi, la place des femmes dans la société : à la broderie et au plumard.
- J'ignorais que Le Mal était Misogyne. Non mais il ne s'agit pas de la mater ! On l'aime, avec son caractère, oui ou non ?
- Tu es une enflure de bisounours de mes deux, Moi !
- Jiminy, tu es banni de cette assemblée. Quelle vulgarité !
- Banni ? Non mais tu t'es pris pour le Roy, Levan III ?
- Silence.
- Beuh... Mon Premier Poney...?
- Il sait parler...?
- Oui, ça vous la coupe. Silence dis-je. Je reviens sur ma position, Blanche est peut-être une HHIiiiHHii de HIiiiIIiii... Mais pour mon grand malheur je l'aime plus que tout en ce monde.
- Moi aussi...
- Oui... Moi aussi.
- La même, mais c'est vrai que c'est une...
- Jack a dit : moi aussi.
- Bon... Alf ne s'est pas exprimé...
- J'ai faim.
- Ah, ça doit venir de l'estomac. On peut se remettre en communication, les gars.
- Ça m'a fait plaisir qu'on discute un peu tous ensemble autour d'une table, mes frères. Je voulais justement vous exposer mon projet d'invasion de la terre du milieu qui...
- Quel relou, Le Mal... On se taille.
- Attendez, attendez... Revenez ! C'était quoi la conclusion de ce débat ? Consciences ? Qu... Il y a quelqu'un ?

...


Un petit ballotin de foin flâne dans le désert.

Aimbaud lui, ouvre un oeil.

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Blanche_
Dormir.
Vaste programme, quand on a si peu l'habitude de le faire dans des bras d'hommes. On pourrait s'attendre, considérant son manque d'expérience, à ce que Blanche soit si terrifiée à l'idée de dormir avec lui, qu'elle reste à demi réveillée, yeux entre-ouverts, à lorgner sur les premières lueurs du jour.
Mais c'est oublier la nuit passée au chevet d'Aimbaud, à voir le médecin passer d'un diagnostic à l'autre, accuser l'alcool ou tout autre amibe vilain qu'il aurait, ci attrapé en baisant un verre gras, ci à cause de son cheval. C'est oublier qu'elle croit qu'il va mourir, qu'il a le cerveau brouillé par les vapeurs alcoolique, ou qu'il va échapper des flatulences terribles, une nausée impérieuse, ou une purulente tâche verte abdominale. C'est un peu comme ça qu'était mort l'intendant du Rohannais, et si l'on entendait bien, rien ne prouvait qu'Aimbaud n'avait pas choppé maladie grave sur le chemin de la taverne. Pis, vénérienne, et l'idée germait dans la tête de Blanche, qui quoiqu'inconsciente du passage d'Aimbaud dans les bras désirés, craignait au bizutage des soldats de la régulière, ainsi qu'à la puissance des catins dans les camps d'hommes de guerre.

Fichtre ! S'il était bien malade, elle serait forcée à l'aimer quand même, un peu plus si ça se trouve, et accrochée comme elle l'était, sans doute n'aurait elle pas le cran de lui cracher au menton s'il lui soufflait une MST pré-nuptiale. Quelle pitié... Walsh réduit à l'état d'esclave consentante par un métisse d'une génération plus jeune.
Dieu avait une telle ironie...


Hum hum hum... fit Blanche en grondant un peu alors qu'Aimbaud ouvrait les yeux.
Le lecteur comprendra, que même endormie, l'idée qu'il puisse cultiver des Treponema pallidum à son insu lui était désagréable.

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Aimbaud, incarné par Blanche_


Et Aimbaud redevint conscient, loin du chaos de ses in-consciences. Il balaya faiblement les tentures de son lit, entre ses paupières qui peinaient à s'ouvrir. La lumière criante de la mie-journée lui renvoya un douloureux stimuli en plein dans son nerf optique, qui conduisit immédiatement à une décharge de grande souffrance dans l'ensemble de sa boîte crânienne : gueule de bois mon amie. Il voulu, dans un grognement, porter une main à son front, mais il lui apparut que son bras était lourd comme un âne mort. Bon peut-être pas comme un âne mort, mais au moins comme une Blanche endormie...

Blanche, endormie. Là.
Un sourcil brun décrivit un arc de cercle étonné, tandis que l'autre se fronçait en rempart face à l'illogisme. Dans l'esprit d'Aimbaud, un grand point d'interrogation se dessina, à l'encre bleue avec une enluminure de chasse au sanglier, pour donner dans l'esthétique de l'époque... Le tout fut suivit de schémas d'hypothèses et de traçage de théories, pour aboutir à la question suprême qui fut soulignée en rouge trois fois au marqueur indélébile : Non mais qu'est-ce que c'était que ce bing's ?
Il était où ?
Qu'est ce qui s'était passé ?
Pourquoi Blanche était dans son lit ? Est-ce qu'ils avaient...? Quelle heure était-il ? Quel jour c'était ? Était-ce une année bissextile ? Pourquoi yé bobo la tête, mon Dieu ?
Autant de questions qui le forcèrent à prendre une grande inspiration, à renfoncer sa coupe au bol dans l'oreiller, et à réfléchir.

*** D'abord, la paranoïa.
J'ai été assommé et jeté dans cette chambrée avec Blanche, dans un instant débarquera l'instigateur de ce complot, et fera croire devant témoins qu'il nous trouve en flagrant délit ! Traître ! Qui qui n'en veut à ma peau ? Qui est assez tordu pour imaginer de telles...! Moi, peut-être. Bon. Euqué.
*** Ensuite, le doute.
Blanche, blottie là, confiante...! Comment s'est terminé la soirée ? Est-ce que j'aurais, moi, osé, que dis-je, sacrilège, enfreindre les lois du Très-Haut...! Consommer !... Elle ! Non non, y'a maldonne... Jamais. Jamais jamais jamais, peut-être. Peut-être jamais, jamais peut-être. AAarg, vilaaaain nabooot. Non, impossible. Si tel avait été le cas, j'en aurais gardé souvenance, sur ma vie !
*** Après, la raison.
Je suis arrivé à Donges, étape 1. J'ai visité le domaine avec Blanche, étape 2. Ah oui, elle m'a pété une crise pour une broutille, étape 3. AHhh ouiii, ça me revient. Je me suis taillé, étape 4. Et puis... Ah... oui... L'eau de vie de pomme. Étape fatale. Et ensuite...?

Noir.

Respirant profondément, il garda le regard fixé vers le haut. Les derniers fragments d'alcool lui semblèrent faire tourner le lit lentement sur lui-même, comme une meule à moudre le blé. Il laissa là s'effiler un quart d'heure, soulevant calmement le poitrail contre la joue de Blanche dont, petit à petit — rancunier d'abord, apaisé par la suite — il se mit à observer les respirations. Les cheveux les plus jeunes et blonds au bord de la tempe, il les passa au peigne de ses doigts avec lenteur, pensif.

Après un moment de silence, il l'appela doucement.

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Blanche_
...Blanche ?
Gnésémoidormiiiiir ! songea-t'elle. Et c'était, à peu de choses-près, ce qu'elle pensait à chaque fois qu'on la réveillait. Depuis sa plus tendre enfance. Un murmure au coin de l'oreille par la nourrice, un coup d'oreiller dans la tronche par la grande soeur, puis le frère qui arrache les draps, les draps râpeux qui vous ôte toute envie de dormir tant ils sont sales, les poules qui caquettent à Railly, Charlemagne qui rit dans la pièce à coté...
Blanche avait été réveillée par plein de choses. Par la main d'un homme ? Jamais. Admettons qu'elle puisse confondre avec un baiser chaste et innocent, et que cette paluche bourguignonne soit en son esprit changée en paire de lèvres de bambin.
Quelle raison aurait-elle de râler ?

...Blanche ?
Mais j'ai sommeiiiiiil...! proteste-t'elle en s'enfonçant dans son oreiller. Mal est fait, la lumière vient, son coussin se barre, elle n'a plus rien, ni chaleur, ni envie.
Elle grommelle.


T'aurais pu m'laisser dormir, vu la nuit qu'on a passée !

Ouais, tu. Toi, on passe au tutoiement, parce qu'une nuit à te veiller, Josselinière, ça crée des liens !
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Aimbaud, incarné par Blanche_


ARrgniih... Ne parlez dont pas si fooort !

Geignit notre pas bien fringuant Bourguignon, quand sa tête, prisonnière du violent étau d'une soirée arrosée, réverbéra les paroles de son hôte. Ô souffrance d'un alcool frelaté ! Comme une flèche qui se fiche dans la base du crâne et se met à touiller la popote cérébrale... Allô maman bobo, aïe aïe 'sa mère la chienne.
Première vague de douleur passé, Aimbaud parvint à lier deux idées l'une à l'autre, puis à une troisième, et enfin à retrouver l'usage de son cerveau.


L.. la nuit qu'on ? Hein ?

Hein ?...
Mais hein ?...
C'était quoi ce tutoiement ?
Est-ce que ses multiples consciences lui jouaient encore un tour ? Est-ce que le sol était en train de basculer ? Est-ce que la terre était ronde ? Où suis-je, où vais-je, dans quel état j'erre ? Quel est le but de mon existence ici-bas ? Pourquoi tant de haine ? Ciel... Lumière. Il avait saisit. Tout s'expliquait. Du fait de son métissage très controversé, Aimbaud de Josselinère avait développé un dédoublement de la personnalité ô combien dangereux. Aimbon et Aimbad les frères ennemis, agissaient, l'un en lopette douillette, l'autre en chef militaire sanguinaire, l'un en Bourguignon franc et loyal, l'autre en Angevin mégalomane, l'un avec courtoisie et révérence envers l'amÛûûr de sa vie, quand l'autre assujettissait la pauvre âme comme un dépravé pendant la nuitée...! D'où la perte de mémoire, d'où les failles temporelles, d'où les sautes d'humeur de Blanche, d'où le Fight Club.

Une idée en entraînant une autre, et puis une autre, et encore une dernière pour la route, c'est ainsi qu'Aimbaud perdit complètement le fil de ses réflexions. Il rembobina donc la pelote pour revenir sur le lieu du crime. Là, il interrogea les témoins.


... Euh... Au juste... Que s'est-il passé ?
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Blanche_
Essayez un peu, pour voir, de dormir avec un môme qui vous gueule ses questions puériles à la tronche !
Im-po-ssible. Consciente de cet état de fait, Blanche, la malheureuse, se redressa et s'assit au bord du lit, en ne pensant plus à autre chose qu'à sa nuque endolorie, et la douce chaleur du lit qu'elle venait de quitter.
Mais il avait posé une question ; et au timbre de sa voix, l'on pouvait comprendre qu'il était inquiet. Des bêtises, assurément, qu'il avait commises dans cette taverne immonde sans oeil adulte pour le surveiller. WTHeck ! Aimbaud de Josselinière n'avait qu'à s'comporter comme un grand : ses erreurs, il devait les admettre. Les assumer.


- Boaaarf, rien qui ne mérite franchement qu'on en parle. Vous êtes parti grognon, vous saouler dans une taverne à Donges, je vous ai retrouvé quelques heures plus tard, et ramené au lit.

L'explosion de candeur dont elle avait fait preuve la veille en l'engueulant sous un porche saint lui sauta soudain à la figure. C'te saloperie. Crier sur un môme inconscient de ses actes !
Elle s'en dégoûtait déjà. Aussi, toute désolée, elle tenta une excuse maladroite, camouflée par une apparente indifférence.


- Et à propos, désolée de m'être un peu emportée hier.

La voix est calme, posée, presque blasée. Mais de ses doigts froids et tapote nerveusement la couverture. Il suffit de ce petit geste répétitif, pour comprendre qu'elle a sans doute plus d'impatience à admettre ses torts, que cette apparente et négligée déclaration de trêve.

- Si vous n'avez pas d'autres envies, j'aimerais que nous discutions vraiment aujourd'hui. Outre votre fugue dont il va falloir prévenir les conséquences, je suis souvent désolée de connaître aussi peu de choses de vous.

Ni toi d'elle, si nous avons tout suivi.
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