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[RP Fermé] A tire de rame

Milady
Incliner la tête lorsque le jeune homme parle de ses futures responsabilités et le laisser partir sans un mot, en le suivant juste du regard. Constance referme la porte et soupire. Elle vient de perdre une amie, une autre a été enlevée, et elle doit se battre.
Se battre pour la Provence et se battre pour vivre encore, tenir au maximum avant que ses dernières forces ne la quittent.

"Tout va bien" dit-elle à tous... je vais mourir mais pas maintenant...

Elle est seule et en profite. Dans l'âtre de la cheminée, de l'eau bout. Tranquillement et surtout par habitude maintenant, elle déverse le liquide incolore dans un bol où elle écrase des herbes. Elle ne peut se permettre la médecine officielle...
Tandis que la mixture tiédit, elle s'empare dune dague dont elle plonge la lame dans les flammes pour tuer toute vermine qui la rendrait malade un peu plus. Elle soulève le pan de sa robe et fait glisser la lame sur une cuisse. Celle-ci s'enfonce. Constance sert les dents. c'est douloureux.

Elle pose un linge autour de la cuisse qu'elle vient de couper, une fois de plus et recueille le sang qui s'écoule sur sa peau. Elle s'y ferait presque à ses saignées. Elle se rassit à son bureau en tanguant et avala la mixture.

Un soupire et c'était repartit, il fallait ignorer la douleur et écrire. Il lui restait nombre de courriers et annonces à faire à présent que l'enfant de la Marquise était prévenu.

Ainsi elle annonça l'enlèvement à l'ancien curé de Marseille, au Breton Albatrus; à l'ancien coms du Rouergue, Toni Montana et divers autres.
Elle se décidé enfin à écrire à Iskander espérant le raisonner...





Avignon, le 13 juillet de l'an 1459

Bravo !
Tu m'épates, j'avais cru ton repentir sincère lorsque tu avais mis le feu au château mais à voir ta dernière trouvaille je pense qu'on aurait finalement du se méfier. Prend soin d'elle, n'oublies pas qu'elle est mère et que son fils attend son retour.
Bravo !
Tu sais comme elle est attachée à la Provence et au Marquisat mais elle est sur un bateau et j'assure une régence contestée. Je viens de perdre une amie, la présence de mon fils, Hersende elle même que je considère être une amie manque cruellement. Crois-tu que c'est faire son bien que de laisser la gestion à une mourante ? Je ne devais assurer la régence que pour une semaine de retraite pas parce qu'un fou égoïste l'a enlevé, séquestré pour l'avoir pour lui tout seul.

Seul... elle doit se sentir seule justement loin de sa terre, et non entourée d'amis qui ne sont en fait que des traîtres.
Soyons réalistes, chaque jour pour n'alerter personne je me saigne seule, je me fais des tas d'infusions de toutes sortes pour tenir le coup, lorsque personne ne me voit. Ô en public je donne le change, on ne croirait pas que je suis en mauvaise santé. Et si je meurs ?
Si je meurs sans pouvoir rassurer son fils , sans savoir comment elle va ?

Aurais-tu l'obligeance au moins de me donner de ses nouvelles, pour lui, pour nous tous ou comptes-tu pousser l'égoïsme à son paroxysme ?

D'où te vient tant de déraison ?
Mens-lui pour moi s'il te plait. Dis-lui que tout va bien, que je m'occupe de tout. Dis-lui que j'ai vu son fils, qu'il va bien - ceci est vrai- mais qu'elle lui manque.
Il a confiance en toi et est certain que tu ne lui feras aucun mal. Je l'espère, je n'ai plus foi ni en toi ni en aucun passager de ce bateau hormis Sa Majesté et Yvain.

Encore bravo !

Constance de Champlecy

Au cas où elle voudrait des preuves voici un autre courrier, penses à jeter celui-ci.






Iskander, j'avoue ne pas comprendre ton geste mais je sais que tout ira bien. Pense à la laisser décider, c'est encore le mieux que tu puisses faire. Dis lui que son enfant va bien et que je m'occupe de tout, elle n'a pas à s'inquiéter.
Réfléchis bien à ton acte, c'est une erreur crois-moi.

Mila




Son "travail" terminé, il lui fallait régler une affaire personnelle.



Prunille,

Je ne t'écris avec aucun plaisir. Je sais que nous ne sommes pas d'accord sur tout politiquement mais jusque là nous avion su conserver notre amitié. En revanche prendre Arystote arbitrairement en vacances alors même que tu me sais seule, alors que tu te doutes qu'il est mon seul souffle je ne puis le tolérer. Cependant, sans doute les jours à venir ne seront-ils pas simple pour lui ici.

Je te laisse donc faire, il sera heureux d'être avec sa marraine.
Par ce courrier, je tiens à te rassurer sur un point: tu es et resteras sa marraine, je ne changerai rien sur là dessus bien qu'il est évident que notre amitié n'est plus.
Mon amie était cette blonde pleine de tendresse, cette jeune femme qui riait et pleurait au gré de ses humeurs pas cette nobliote parvenue froide et insensible qui ne dit pas un mot sur le décès de son frère et semble ne même pas éprouver la moindre peine envers lui. Pas cette femme vénale qui veut épouser un Baron pour s'élever.

Prunille est donc à mes yeux morte. La seule humanité que je vois encore en toi c'est ton rôle de marraine. Essaies de ne pas perdre ça tandis que tu vieillis et t'aigris avant l'heure. Les rides ne sont pas le seul signe de vieillesse. Tu aurais dû t'en souvenir ceux que tu as en toi sont bien plus ancré qu'un pli sur un visage. Il n'y a pas que la peau qui se flétrit.

Heureusement que Yueel n'est plus là pour voir ça. Le pauvre, mort seul, abandonné de sa soeur.

Constance


Elle partit ensuite vers la volière en boitant légèrement. Le pire l'attendait encore, elle le savait.
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Prunille.
De retour dans son bureau, à l'AHAO, la Blonde rédigeait un feuillet d'ordres divers et variés consistant à préparer la venue d'Arystote à Callas, du genre "préparer des gâteaux et des confitures, l'installer dans la chambre juste à côté de la mienne, aller acheter des jouets et installer une balançoire à une des branches du gros tilleul"... Pour le môme, de vraies vacances, loin de sa mère, peut-être, mais également loin des orties, et autres joyeusetés.

Puis elle débuta une autre lettre...




Mon très, très cher Mateù,

Je compte les heures qui me séparent du moment où nous nous retrouverons. Il faudra que je vous montre, j'ai cousu une nouvelle tunique toute transparente et... On frappe, je reviens.


On lui tend la lettre de Mila, elle l'ouvre, la lit. Jusqu'au bout. Chaque mot de la plume de Constance est un poignard qui lui lacère le cœur. Elle suffoque, se raccroche à sa chaise. Son frère ! Elle ne savait pas... Et il était mort, dans l'indifférence, alors que les derniers mots qu'elle avait eu pour lui n'avaient été que mépris...
Elle se rassied. Les larmes ruissèlent le long de ses joues, pluie d'orage sur le velouté d'une pêche. La peau devient rouge, les paupières toutes boursoufflées d'eau, de longs sanglots lui déchirent la poitrine.
La main tremble, l'encre se mêle aux larmes sur le vélin, et pourtant, presque illisiblement, elle termine sa lettre.




Mon très, très cher Mateù,

Je compte les heures qui me séparent du moment où nous nous retrouverons. Il faudra que je vous montre, j'ai cousu une nouvelle tunique toute transparente et... On frappe, je reviens.

Yueel est mort. Mon grand frère, dont je ne sais plus rien, sinon que je l'aimais tant... Et il est mort. Je ne le reverrai plus jamais, jamais, car je suis si mauvaise que j'irai en enfer, loin de lui, mon frère... Il était mort quand je le croyais retiré du monde, je voulais lui écrire, me réconcilier avec lui, mais il est mort, je ne pourrai jamais, plus jamais... Je veux mourir aussi, c'est pire que tout, pire encore que quand oncle Gabcha est mort, j'ai été si méchante avec lui, mon frère, il m'aimait tant...

Je ne sais plus.

Prunille


Elle tremblait, toujours. Son ventre et sa mâchoire la brûlaient, tandis que les sanglots convulsifs lui coupaient le souffle. Fébrilement, elle dénoue son corsage, desserrant l'étoffe sur sa cage thoracique oppressée, mais cela ne lui apporte aucun mieux-être. Alors elle attrape un second vélin, et écrit, encore, là où l'encre et les larmes se mêlent.



Oui, je suis un monstre... Mon frère, je l'aimais, tant, il est mort, je ne savais pas...
Je suis un monstre.
Je suis un monstre.
Je suis un monstre.
Je suis un monstre.
Je suis un monstre.
Je suis un monstre.
Je suis un monstre.
Depuis que je suis née, je suis un monstre, dix-sept ans ont fait pourrir la pomme jusqu'au trognon. Je l'ai abandonné, mon frère, mon grand frère, il souffrait et je n'ai rien vu, il est mort et je ne savais pas... Je ne voulais pas savoir... Toujours je reportais le moment de lui écrire, en espérant le croiser dans les couloirs du château... Il est mort alors qu'il méritait de vivre, je suis vivante alors que je devrais être pendue...
J'ai mal.

Mon Yu...


Puis elle se lève. Entre-ouvre la porte. Hurle "Paolo" jusqu'à ce que ledit Paolo se pointe, et embarque ses lettres.
Trois pas, afin de rejoindre son bureau... Elle n'ira pas plus loin. La nausée la submerge, les restes de son repas s'étalent sur le carrelage de la hérauderie. Ses jambes ne la portent plus, elle tombe.
La belle, l'orgueilleuse Prunille de Cianfarano, à genoux, les mains plantées dans la chaleur malodorante de sa gerbe.

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