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[RP] Église Saint-Germain-l'Auxerrois

Anaon


      Alphonse. Comment décrire Alphonse et ce qu'il lui inspire ? " Quelquefois, il y a des sympathies si réelles que, se rencontrant pour la première fois, on semble se retrouver. " Voilà une parole de Musset qui semble tout résumer. Rencontre d'une nuit de février, entre déboires et rires, ils avaient joué de masques fendus dans cette foule de crédules. Cette première impression teintée d'inconnu avait pourtant estampillée du nom de l'Intrigue toutes les futures entrevues qui devaient les réunir. Depuis cette rencontre, bien des échanges se sont succédé, des paroles délivrées, des traits d'humours échangés, et pourtant, il semble que le plus qu'elle ait appris du comptable ait été lors de cette unique et première soirée. Elle ne sait ni ses amours ni ses tourments. Elle ne sait rien de son passé ou de ses projets futurs. Si sa personnalité est une matière complexe qu'elle se plait à saisir, elle ne peut rien affirmer du Pourquoi ou du Comment qui en font la quintessence. On lui manderait de parler d'Alphonse ? Elle aurait dans les faits bien peut à dire, car d'aucun diront que dans le fond, elle ne le connait pas. Et pourtant...

    A qui lui demanderait qui il est pour elle, la sicaire aimerait pouvoir répondre avec sincérité : un intime. Ils s'étaient vus nus. Pas de vêtements, mais nus d'âme et de bandages qui voilaient leurs blessures. Cette fameuse nuit de Février. Ils n'avaient été que deux tueurs de chagrins qui se sont reconnus. Deux amputés parmi la foule d'enivrés qui se sont trouvés acolytes. Comme si l'un pouvait voir clairement le sang de l'autre lui couler sur les pieds, sans qu'ils ne puissent pour autant en comprendre la blessure. Qu'avait-il a noyer, Alphonse, ente deux choppes de bière et ses faux-sourires ? Elle ne le sait pas, tout comme lui ne saurait dire ce qui trouait les pensées d'Anaon cette nuit-là comme un vers dans le bois. Ils n'avaient plus les masques, mais ne gardaient que le maquillage coulant d'un reste taiseux de pudeur. Et elle trouve cela bien plus intime, le visage d'un comédien ayant retiré son fard, que le rose d'une cuisse offerte aux pupilles. Un menteur qui s'avoue. Un imposteur qui laisse voir son imposture. Elle avait vu l'éphèbe tenter de diluer le carmin de ses pensées dans la bière et le vin. Il l'a vu, misérable, tentant de retrouver par la poudre la saveur d'un amant. Alors un intime, oui, voilà ce qu'elle ressent. Un intime bien chaste. Mais elle a frôlé la profondeur d'une blessure. Alphonse a vu là où l'Anaon ne laisse jamais rien voir. Alors pour cela, elle lui voue un respect et une estime bien particulière que rien ne pourra jamais venir écailler.

    Elle ne pose pas plus de questions maintenant qu'elle n'a pu déjà le faire, préférant déjouer le sibyllin d'une inter-ligne que d'user d'une curiosité bien trop direct. Et elle sait que l'adonis est un joueur bien pareil. Bien que celui qui soit le plus à même de percer ses non-dits se tient ici, aussi, un petit bonhomme assis sur ses genoux.

    Les azurites glissent à nouveau sur le petit Antoine cherchant d'un simple sourire à attirer son attention avant d'offrir un regard timide du côté des Novgorods. Le « oui » résonne alors de sens entre les murs de l'église. L'Anaon se demande curieusement si la raison de ce vieux déboire d'Alphonse a pu être causé par la gitane. Elle se plait à l'imaginer. Après tout, un chagrin qui se conclut par un mariage... Une histoire qui finit bien pour une fois. Ce serait quand même pas mal. Les drames éveillent les passions, mais ce ne sont point eux qui tiennent en vie. Ceux qui s'y sont brûlés vous le diront bien.

    Instant suspendu. Silencieuse boule d'émotion. Voilà les vœux... Au peu de mots livrés par l'époux, la sicaire esquisse un léger sourire en coin. Elle-même en est tellement avare... et quand Axelle avoue l'Essentiel, le sourire se fait plus large. Amusée dans un sens... comprenant aussi qu'ils sont bien là témoins de leur mariage à Eux, sans verni ni façade. Les prunelles ne loupent rien, ni des lèvres mouvantes de la gitane, ni de sa main qui vient couronner celle de l'éphèbe. Ni même cette crispation si subreptice qu'on pourrait la croire inventée.

    Et puis ce silence... ému... mais qui dure... Un peu trop... Rien ne perturbe la mercenaire si ce n'est quand elle pose à nouveau le regard sur la main d'Alphonse, ceinte de l'anneau, pour glisser ensuite sur celle de la gitane qui est... Nooooooooon ! Il n'aurait quand même pas oublié ça ?! Petit moment d'expectative gêne. Et l'Anaon se croit alors renvoyée au mariage Katinesque ou durant un moment de panique le monde entier s'est posé la tragique question du «où sont les alliances ?! ». Par réflexe, la mercenaire pivote pour lorgner les portes de l'église qu'elle s'attend à tout moment voir voler en éclat dans un fracas infernal. Mais décidément, non, voir un troupeau de bovins défoncer les portes d'une cathédrale... il n'y a bien qu'en Anjou que l'on puisse être témoin de cela. Remarquez dans le cas présent, ça aurait fait une parfaite diversion pour l'impardonnable oubli du mari ...

    C'est soulagée malgré tout de constater que, cette fois-ci, les pierres ne leur tomberont pas sur la tête que la balafrée se tourne à nouveau vers l'autel. Pour constater qu'Alphonse n'aura bien eu droit qu'à une petite sueur froide.
    L'honneur est sauf !

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    | © Image Avatar : Eve Ventrue | © Image Signature : Cristina Otero | Anaon se prononce "Anaonne" |
Xalta
Echange des vœux, des alliances, beaucoup de regards, de silence, de recherche aussi. Elle écoute avec attention les paroles que chacun prononce. Elle ne sait rien de ce qu'ils cachent ou dévoilent et quand bien même elle saurait, cela ne la perturberait pas plus que cela. Elle avait vu, entendu, vécu bien des choses. Non pas qu'elle soit désormais blasée, bien au contraire même. Mais tout ceci lui avait permis d'ouvrir son esprit à bien des réalités qui dans un passé désormais lointain l’auraient probablement choquée ou mise mal à l'aise. Alors qu'elle était désormais très tolérante, peut-être même un peu trop: n'avait-elle pas accepter de bénir l'union de deux individus du même sexe. Certes rien d'officiel, elle n'en avait pas le droit et elle savait quels risques elle encourait si cela venait à se savoir.

L'avantage quand on est officiante, c'est que l'on est qu'un instrument dans un processus, un simple rouage. Alors si elle est bien là avec eux, elle peut aussi laisser son esprit vagabonder loin, tout comme son regard qui se pose sur les personnes présentes comme Etienne dont le souvenir de leur dernière rencontre est encore vivace. Il y a bien entendu Leandra et Sancte, qu'elle connait bien mais sans les connaître vraiment finalement. Sabaude croisé à plus d'une reprise et qui demeure un étranger et le restera surement. Et puis, les autres qui sont pour elle des inconnus.

Le silence s'installe, elle le rompt dans un bruissement de soutane, elle se rapproche des deux futurs époux, elle prend une main de chacun qu'elle joint, elle les cerne des deux siennes. Et puis elle prend son ton solennel, presque sentencieux

Axelle, Alphonse, je vous déclare mari et femme devant Dieu et devant les Hommes.

Elle leur adresse un sourire chaleureux.

Puissiez-vous toujours vous souvenir de ce qui vous unit .

Elle retire ses mains gantées ,les libérant ainsi, recule de quelques pas, elle lève les bras pour englober l'assemblée.

Si vous le souhaitez, vous pouvez vous embrasser.

Et pour une fois, elle tait une de ses répliques habituelles qui cherche à faire naître un sourire avec une petite taquinerie sur la nuit de noce. Pourquoi ? Peut-être parce que son subconscient a deviné qu'il ne s'agit pas là d'un mariage habituel.

J'invite désormais tout à chacun à venir féliciter les nouveaux époux, puis nous partagerons ensemble pains et vins autour de l'autel.

Elle s'éloigne pour se placer derrière l'autel.

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Sancte
Le Prince a toujours aimé prendre le contrepied des usages. Surprendre, interloquer, éveiller l'intérêt, c'est finalement maintenir son entourage en vie, et se placer soi-même au centre du jeu, étant entendu que pour un esprit alerte, ce qui est convenu est sans intérêt. Pourtant, et c'est là tout son paradoxe, s'il n'a jamais ressenti l'Église comme son foyer, c'est un homme respectueux du sens de la tradition, à laquelle il se plie sans la moindre ironie. L'officiant s'éloignant, il se rapproche des mariés pour les féliciter, d'abord, avant de venir placer contre Axelle ses présents.

« Mes sincères voeux de bonheur. Voici pour vous Axelle. Un surcot, un mantel fourré, et un bon drap de laine. Comme vous voyez, je n'ai pas été dévaliser un magasin général, mais c'est ce que l'on offre aux jeunes mariées, en Quercy. Je ne voulais pas déroger à la tradition. Et des Toffees-Bars, pour vous deux.

Enfin, essayez de tenir si possible Léandra hors de portée du vin, si vous voulez qu'il en reste pour tout le monde. Bien sûr, je ne vous ai rien dit. »


La chose faite, il se range sur le côté dans l'attente du sacrement de l'autel. En effet, le pain & le vin sont bien présents. Et son regard gris ne manque pas de passer dessus.
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Axelle
Soit, elle était fière de ses vœux la gitane. Et pas qu’un peu même. Elle avait parfois des éclairs de génie, mais de là à pétrifier le Chat. Non. Le mystère de l’immobilité soudaine du félin ne tenait qu’à un annulaire désespérément privé d’anneau. Loin d’en éprouver le moindre signe de colère, ce fut le rire qui lui chatouilla la bouche devant la mine contrite d’Alphonse. Cependant, bien décidée à jouer dès à présent son rôle de parfaite épouse, la zingara se mordit les joues pour feindre des traits aussi sévères qu’offusqués. Qu’il fut difficile de garder la pose devant la scénette irrésistible de gaucherie jouée sous ses mirettes entre le fiancé et son témoin ! Pourtant au grand dam de la chair tendre de l’intérieur de ses joues, elle y parvint de justesse. Mais bague au doigt, l’innocence feinte sur le visage épousé vint à bout des plus âpres efforts et le sourire fusa, lui fendant la trogne jusqu’aux oreilles à défaut de s’autoriser l’éclat d’un rire clair.

Les dernières parole d’Exaltation, tombaient unes à unes, tranquillement, sans que la Casas à présent Tabouret, ne délasse ni ses doigts, ni son regard, de ceux du Chat. Emue à sa façon, sans nul doute, quand après tant d’échecs, de déconvenues, de déceptions et d’abandons, à son annulaire étincelait enfin le refuge sans faille d’une famille. Et la certitude la tenaillait que cette famille là, rien, ni un père dédaigneux, violent et cruel, ni un regard nuageux, maladivement possessif, ne pourrait jamais détruire ni le cocon qu’ils avaient tissé à deux, jours après jours, ni la toile d’araignée qu’elle avait pu reconstruire, loin des coups de balais. La senestre brune se posa à l’épaule féline pour mieux se hisser sur la pointe des pieds, impatients d’envoyer valser leur gangue verte, et à l’oreille du jeune marié, la gitane murmura d’une voix modulée pour être pointue d’une taquinerie qui ne se cachait pas.

Monsieur mon époux, vous devez une fière chandelle au Renard, il vient d’vous sauver la vie. Lentes et douces, sous l’approbation des paupières closes, les lèvres gitanes déposèrent un long baiser à la pommette féline, signant les mots à peine prononcés d’une vérité entière et poignante. Et comme se reposant un instant, tempe contre tempe, elle souffla d’une voix sereine dans toute sa rugosité. Prends soin de lui.

Mots sibyllins pour le Chat même peut-être, dont ils reparleraient sans doute, mais pour l’heure les talons verts retrouvaient le plancher des vaches et les prunelles noires s’égarèrent un instant dans leurs jumelles avant de fondre sur Xalta. La seule à devoir être félicitée en cet instant, était bien elle, d’avoir fait tout le boulot face à ce couple habituellement taiseux se lançant en sus le défit d’en dire le moins possible. Un sourire reconnaissant lui fendit la figure avant qu’une ombre s’approchant ne vienne intriguer le coin de son œil droit. Sourire toujours fermement accroché aux lippes, la manouche observa l’avancée princière. Aux saillies de Clichy, mois après mois, la gitane s’était laissée apprivoiser, sans pourtant savoir ni les prévoir, ni même deviner dans quel sens elles tomberaient. Il savait se montrer sage quand elle l’attendait impulsif, serein et à l’écoute quand elle se gourmandait elle-même de trop d’indiscrétion. Protecteur tout aussi doué à botter les fesses, le seul qualificatif qu’elle pouvait déclamer sans craindre de se tromper était imprévisible. Pourtant, alors que la bouche nobiliaire n’était encore qu’à peine ouverte, elle savait déjà que de coups d’éclats, il n’y aurait aucun sous cette haute nef. Ni de ceux qui pouvait la faire rire jusqu’à en avoir mal au ventre, ni de ceux claquant dans l’air telle une gifle magistrale.

Hochant la tête aux félicitations, présents dans les bras, elle ne sut finalement que lâcher un
Je vous remercie votre Altesse clair et l’espérait-elle, sans bavure. Et s’en félicita. La gitane soutenait sans relâche ne pas aimer les cadeaux, et surtout ne pas en vouloir. Bien beau mensonge. Qui n’aimait pas recevoir de cadeaux ? Personne, et elle pas moins que les autres. La vérité, était qu’Axelle ne savait pas remercier. Elle se perdait immanquablement dans trop de blablas inutiles et maladroits, craignant toujours de paraître insensible à l’attention quand, pour en avoir été trop privée, elle n’en était que trop émue. A moins qu’il ne s’agisse d’un boa albinos dévorant plus de dix souris par jour sous peine de se faire dévorer soi même, mais qui aurait bien pu avoir cette idée saugrenue hors une blondinette ? Et en parlant de blondinette, le regard noir, égayé d’amusement, se posa sur la tête blonde de Leandra.

La tâche est bigrement délicate, mais je vous promets d’essayer.
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Sabaude
Un lieu non consacré et plus ouvert aux jeux des jeunes gens qui ne s’embarrassent au temps venu des convenances, et au reproche feint il aurait répliqué par une joute mâle et amicale devant mener à terre le propriétaire du sourcil haussé. Mais ne pouvant satisfaire à cette envie sauvage, il se contenta de croiser les bras l'air bravache sitôt l'anneau saisi, un sourire au coin des lèvres et un coup d’œil discret sur la mariée qui a failli attendre. Pour leur défense, ce n'est que l'attaque perfide de leur sobriété par une horde de breuvages tous plus relevés les uns que les autres ce fameux soir, qui avait eu raison de leur mémoire !

Sitôt les vœux échangés et l'invitation de la diaconesse à congratuler les désormais mari et femme faite, Renard observa pensivement l'autre témoin gorgé d’aînesse et de détermination remettre mots et présents. Éternel enfant à s'émerveiller d'une pierre offerte, d'un grelot à l'acquisition suggérée, d'une ceinture ou encore de brassards en cuir, Sabaude était de ces fortunés ingénus, dédaigneux des coffres pleins de cette richesse frappée d'effigie non par mépris insolent mais par attachement à de plus simples biens venus d'occasions particulières, de gens particuliers. La spontanéité suggérait les cadeaux qu'il faisait, tantôt un châle pour les épaules fraîches d'une favorite délaissée d'un suzerain, tantôt une flasque vidée pleine de courage, un poignard ou encore un furet, tous soumis à l'imminence du geste. Et si un instant il a hésité par farce à remettre au couple une compagne pour Septembre, c'est les mains vides qu'il s'avance à son tour, une toute autre forme de don ayant eu sa préférence.
 

Axelle, Alphonse, débute la voix claire et veloutée, à ce trait d'union que vous chérissez tous deux, à vôtre fils Antoine, j'offre mon assistance, quelle soit physique ou matérielle si le besoin devait s'en faire sentir, sans notion de temps.

Un visage chaleureux et bienveillant accompagna les paroles suivies d'une pression de la paume sur la main de la Casas et d'une caresse discrète du bout des doigts sur ceux d'Alphonse pour sceller le serment . Il allait de soit que les parents bénéficiaient déjà de cet engagement, ce qu'il se garda de préciser.
Il conviendrait plus tard de leur expliquer que ceci n'incluait pas la garde d'enfant en tant que nourrice au pied levé. S'affirmer protecteur de leur descendance était une chose, s'improviser garde garnement en était une autre, surtout quand on connaissait sa répugnance à l'égard des marmots, ne voyant en eux pour le moment que sac à bave, à morve et à cris. Nul doute qu'il changerait un jour d'avis, mais notre jeune goupil n'en n'était pas encore là.

Assez rapidement il fit comme son prédécesseur et  s'écarta pour laisser les mariés à leurs autres invités, trouvant place au côté du Prince qu'il n'a toujours pas reconnu pour être de ces inattentifs lors des grands événements. Le dessus de l'autel est également lorgné et une phrase risquée au compagnon d'attente.

A vôtre avis, aurons-nous le droit à un de ces vins de Bohême aussi chatoyant au palais que l'épousée peut l'être à la vue ?
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--Bezelius


La cérémonie se passe sans heurts, ou presque. Magnifiquement sauvé par un renard dans toute son espiègle splendeur. Les vœux sont échangés, aussi singuliers que le sont les protagonistes, les accords sont passés, on va enfin pouvoir passer aux festivités. Il était temps, car notre égyptien commençait à avoir le silence qui lui démangeait la barbiche.

Il laissa toutefois le soin à quelques uns de passer avant lui, question de rang, pour offrir leurs présents aux mariés. Puis il trouva le moyen de se faufiler, non pas comme un félin, il ne faudrait pas voler la vedette, mais plutôt comme une vipère à cornes du désert. Enchanteresse de mouvements et de couleurs. Mais non pour piquer. Ou seulement leur attention. Ces yeux noirs pétillants, après avoir détaillés de plus près la belle – non, il n'a aucune honte à se repaître des courbes d'une femme même devant son frais mari – et d'avoir chaleureusement salué l'épousé, d'un sourire un peu plus grand qu' l'accoutumé, il sortit de sa manche une petite chaîne dorée où pendait un léger médaillon de bois de rose. Une forme de roue de charrette. Ou plutôt de roulotte. Et, en guise de notice, il chuchota d'une voix ensoleillée
''Pour que tu n'oublies jamais quelle route t'as menée jusqu'ici, belle danseuse, et surtout, que tu n'oublies pas que la route est encore longue.''

Et de l'autre main, dans l'autre manche, une chaînette plus épaisse, argentée, cette fois, avec un pendentif semblant symboliser une croix mais à y regarder de plus près, l'objet semblait bien plus complexe.
''A vous, cher ami Alphonse, pardonnez mon impolitesse si vous le prenez comme tel, mais ne vous connaissant que trop peu, je ne pouvais vous offrir quelque chose de personnel sans passer par notre Axelle. C'est donc une... sorte de miniature de frein, que mon père m'a appris à faire lorsque nous étions sur les routes. Très utiles pour imprimer un rythme désiré à la roulotte qui a tendance à n'en faire qu'à sa tête. Il compète donc parfaitement la roue de votre dame, car il est du devoir du mari de remettre dans le doit chemin, avec tendresse et patience, sa moitié''
Rien de misogyne dans ce petit laïus sur le mariage, mais notre Égyptien a des racines et des coutumes familiales bien encrées au fond de lui, et, même si chacun les applique comme il l'entend, une bonne parole dite dans la maison du Divin ne devrait pas être trop mal perçue.

Après d'autres sourires aux deux tourtereaux, il laissa la place aux suivants, et, entendit déjà parler de vin un peu plus loin. C'était l'occasion rêvée de s'approcher d'un peu plus près de son employeur et bienfaiteur tout en joignant l'utile à l'agréable. Un pas chassé, une main glissée sous le pan de son mantel et un chuchot au jeune témoin en sortant à la dérobée une bouteille cachée dans ses pans :

''Puis-je vous proposer à tout deux un vin de mon pays ? Je ne me déplace jamais dans une grande occasion sans ces petits trésors, trop peureux de ne trouver aucun breuvage à mon goût...''
Sabaude
Et le duo devint trio devant l'autel du pain et du vin.Au pas chassé il s'était mis de biais pour poser l'oeil et sur l'un et sur l'autre de ses compagnons sans risquer le tour de cou. Les mirettes suivirent la main sous le mantel et le souffle fut retenu d'être venu désarmé. Une lame, un colifichet, une assignation à comparaître, une marque noire, pire une invitation pour un bal dans le Larzac ? Un profond soupir de soulagement accueillit l’apparition de la flasque.

Puis-je vous proposer à tout deux un vin de mon pays ? Je ne me déplace jamais dans une grande occasion sans ces petits trésors, trop peureux de ne trouver aucun breuvage à mon goût...''

Le regard renard se posa tour à tour sur les mariés et sur la diaconesse qui semblaient occupés. Parfait ! Ils n'auraient pas à craindre de remontrances. L'éclat de ses prunelles et le fin sourire de connivence en dirent alors long sur son acceptation.

Audacieux mais bienvenu ! Après tout ce n'est là qu'une mise en jambe.... nous ne saurions goûter le vin des lieux la langue pâteuse... Et il fait si froid dans la bâtisse....Entre chaleur du divin et chaleur du vin il n'y a qu'un I que mon palais fera facilement disparaître.

Une première main se tendit pour saluer l'homme.

Sabaude Renard, enchanté. En espérant que ce n'est point là tentative pour éliminer d'un coup les deux témoins. Pas de poison au moins ?

La senestre suivit pour prendre possession de l'objet.

Mais avant que je ne me risque à l'exotisme, à qui ai-je donc l'honneur et quel est ce pays d'où vient le breuvage?

Le ton était affable, dicté par la bonhomie du sauveur de glottes asséchées et l'intuition qu'au pire il ingérerait de la piquette.
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Alphonse_tabouret
La réflexion gitane autorisa un sourire doucement narquois à ses lèvres, étirant ces vestiges d’enfance qui ne prenaient de sens qu’au confort des êtres rares et n’était-il pas aujourd’hui, Roi en ce domaine étriqué, longtemps déserté au point ce compter si facilement ce qui n’avait pas de prix, entouré comme il ne l’avait jamais été par le regard clair d’Anaon, l’incorrigible légèreté renarde de Sabaude et la compréhension complice de sa femme ?
Être incomplet, malmené, amputé, ré-assemblé sans la moindre douceur par un père artisan sans scrupule, tout avait eu si longtemps le gout amer d’une farce dont il ne connaissait que la chute que pendant un battement de cœur, au firmament de ce ciel nouveau que Xalta venait d’ouvrir pour eux, il se sentit étonnamment serein, rassuré, comme si le poids de cet anneau n’achevait pas que le cercle auquel chat et danseuse se liaient pour toujours, mais lui offrait ce qu’il n’avait jamais eu le loisir de contempler. L’Aphrodite lui avait donné un refuge, une famille bancale et boiteuse à laquelle il donnait tout et ne prenait rien, esclave d’un rêve imbécile qu’il façonnait jour après jour loin des regards réprobateurs et des jugements hâtifs, créature minutieuse qui s’assurait maladivement de la solidité des fondations posées, mais par cette cérémonie, Axelle lui avait offert bien plus dans la somme quantifiable d’Autres pour lesquels il comptait assez jusqu’à justifier leurs présences aujourd’hui.

Aux propos de l’Altesse, il hocha la tête avec courtoisie, présent tout autant qu’absent, conscient que ce n’était que le lien nouveau rattachant les deux enfants perdus célébré en ce jour qui lui valait une quelconque attention de la part de Sancte et, délaissant brièvement sa jeune épouse à la découverte de ses cadeaux de mariage, accueillit d’un air faussement réprobateur l’avancement du Goupil se présentant mains vides devant eux.

Sabaude… , répondit-il, la pulpe des doigts conquise par l’attention délicate et imperceptible de ce Frère d’âme, … ta présence à nos côtés aujourd’hui est en soit un cadeau dont je pèse tout le poids. Antoine est un enfant chanceux, lui assura-t-il à l’obole d’un sourire tendre dont l’esquisse avait le gout d’une sincérité entière que bien peu connaissait.
Abandonnant à regret l’ami pour accueillir l’un des invités les plus chamarrés de son épouse, le comptable prit avec une attention non feinte, l’étrange bijou tendu qu’il accompagna d’un rire silencieux lorsque l’explication empoigna les tempes, jetant à la gitane un bref coup d’œil amusé quant au lien accordant leurs pendentifs.

Messire, voilà un présent qui n’aura de cesse de satisfaire le docile caractère de ma femme, répondit-il à la faveur d’un sourire doucement amusé, laissant se balancer le bijou au bout de ses doigts comme pour en défier déjà le tempérament bouillonnant d’Axelle. Je vous remercie de cette attention aussi précieuse qu’inattendue.
A l’exception d’un seul, perdu au fond de l’édifice, en retrait depuis si longtemps qu’il ne savait plus avec cette certitude jusque-là absolue s’il saurait faire le chemin jusqu’à eux, Alphonse avait quant à lui déjà reçu tout ce qu’il avait pu espérer et pourtant, comédien s’accordant à chaque mesure jouée autour de lui quand l’envie de sortir de l’église et d’emporter les siens dans un ailleurs plus ensoleillé plantait déjà ses crocs à sa chair , il restait à la place qu’on attendait encore de lui, prêt à remercier chacun de ceux s’étant déplacé pour elle quand bien même ce n’était pas pour lui, soucieux que la danseuse perçoive qu’au-delà de leur fils et de lui-même, leur famille était là.

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Axelle
A peine la stature massive du Prince eut-elle disparue du coin de œil gitan, qu’un pas joyeux s’approcha à son tour. Les mirettes noires glissèrent sur le Renard, définitivement curieuse de cette démarche souple et de ces traits réguliers. Elle qui souvent avait la langue bien pendue ne sut que cligner des yeux, brusquement touchée à l’énoncé du présent. Alphonse s’était-il déjà tant confié ou le Renard, à la hauteur de son nom, était-il rusé et pétillant de clairvoyance au point de comprendre tout, sans la moindre ombre ? Qu’importait finalement, quand émue plus qu’elle ne l’aurait voulu, elle ne sut que répondre d’un regard suivant le dos du Vicomte s’éloignant déjà, la main doucement engourdie par la pression appuyant la sincérité de la promesse.

Etait-il donc un de ses êtres rares qui donnaient l’essentiel sans rien demander en échange, juste pour le plaisir de voir fleurir les sourires sur les visages croisés ? Elle aurait put tenter de percer ses mystères encore longtemps, si son cher flutiste, à son tour ne s’était avancé. Les mirettes gitanes s’affutèrent devant ce sourire piquant tatoué aux angles de son visage. S’il semblait toujours avoir une idée derrière la tête, la Gitane avait appris depuis plusieurs mois déjà sa fiabilité, la protection qu’il lui offrait dès que leurs pas de saltimbanques s’éloignaient des ornières ordinaires. Leurs espiègleries, leur effronterie et leur complicité se répondaient avec la même évidence que les notes de flutes s’entrelaçaient aux pas de danse.


Le regard se balada au rythme du fin pendentif de bois de rose, répondant dans un écho flamboyant à cette arcane de tarot niché au fond de sa poche. Aux sages paroles, la gitane hocha doucement la tête, répondant d’une promesse muette à ne pas se perdre elle-même. Quelque soit la route. Quelques soient les épines. Bien qu’en cet instant, elle doutait que les épines puissent encore exister. Pourtant, à l’explication du pendentif masculin, la bouche brune s’arrondit et les mirettes s’ouvrirent toutes grandes. Si elle réussit à étouffer un bougonnement, le grognement inarticulé, lui, ne put que ricocher entre les murs de pierre au balancement nonchalant du bijou entre les doigts félins. Voilà bien l’embêtement d’être entourée d’êtres si intimes. Ils avaient ce pouvoir de la connaître sur le bout des doigts, et pouvait-elle s’évertuer à coder ses caractères, ils lisaient en elle comme dans un livre ouvert, résolvant ses rébus en un tour de main. L’exercice leur semblait si simple, que le grognement dérapa vers un rire clair alors que déjà, elle imaginait le bijou se balançant devant son museau à chacun de ses éclats soupe au lait.

Couvant un instant du regard les trois hommes assoiffés, la jeune épousée estima qu’il était grand temps de rendre à chacun sa liberté, bien que, altruiste modérée, ce fut en premier lieu à ses pieds qu’elle pensa. Se tournant vers Exaltation, un sourire franc aux lèvres, la voix rauque en sourdine, glissa à l’attention de l’officiante.


Merci pour tout votre Grâce. Moi qui crains souvent les cérémonies et la froideur des églises, vous y avez glissé la chaleur que j’espérais. Après s’être inclinée avec respect, Axelle se tourna vers les invités, retirant sans plus de patience les souliers verts dans un soupire de soulagement. A tous ceux qui le souhaitent, douceurs et vins nous attendent au coin de la rue. Et sans faire plus de manières, le ventre menaçant de gronder, la main brune s’entremêla à celle qui plus que jamais était lourde d’une affection indélébile et puissante, l’entrainant avec impatience jusqu’à Pernette, pour mieux prendre dans ses bras Antoine et refermer le cocon d’un dernier fil de soie. Les trois silhouettes retrouvant l’air frais du dehors, Antoine, emmitouflé dans le drap de laine, lançait un petit regard curieux au dessus de l’épaule maternelle, observant ces visages qui le verrait grandir.
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Anaon


      Les prunelles passent sur l'une et l'autre des têtes s'approchant du jeune couple. La mercenaire, elle, tient sa place. La sicaire n'est pas friande de foule et de promiscuité, au même titre qu'elle est bien peu prolixe en mots. Maladroit, trop impudique ou hypocrite, elle trouve le verbe bien dur à manier quand il se nimbe d'intime sincérité et de sentiment. Alors, ne sachant pas quoi dire, elle laisse les devants aux autres, bien plus inspirés dans les vœux et cadeaux. Les azurites restent rivées au bonheur latent qui auréole le visage des tout juste mariés, pensive, presque intriguées. Elle ne cessera de le dire, que le sentiment qui l'envahit est bien étrange. Se sentir aussi proche de ce couple quand elle ne connaît que si peu de lui. Ce constat la perturbe. Il ne lui déplaît pourtant pas. C'en est rassurant, sans doute, quelque part. La sicaire serait encore capable de ressentir la simplicité de l’altruisme. Un sourire léger émaille son visage qui préfère bien mieux exprimer par les yeux que par les lèvres. Et quand Axelle s'ébranle, la balafrée se lève doucement.

    De ce que l'autel propose, l'Anaon ne prendra rien, ne désirant pas prolonger l'outrage de sa présence, elle, « l'hérétique ». Mais à la volée, une main ira se poser sur l'épaule d'Alphonse. Un contact pesant de sens, quand elle ne dira rien, elle, préférant la pantomime aux mots en trop. La poigne se fait d'une douceur ferme, sincère, vibrante de tout ces vœux qu'elle ne dira pas, avant de se dégager dans un frôlement, comme si elle ne s'était jamais posée là.

    Un dernier regard embrasse l'église, et enfin le regard se pose sur l'officiante, réellement et sans animosité. Se fendant d'une politesse quand elle n'a pas de respect, l'Anaon la salue d'un signe de tête, offrant ensuite un sourire en coin au Renard avant de tourner casaque pour remonter la nef.

    Dans sa marche, senestre se lève à l'approche d'un être, et concédant enfin à remarquer sa présence, les doigts se perdent dans un effleurement furtif sur le bras du slave. Sans qu'elle ne s'arrête, sans qu'elle ne tourne la tête, continuant son chemin pour l'air plus pur d'un ciel sans mur au-dessus de la tête, et pour pouvoir fêter plus dignement la nouvelle vie de cette petite famille Tabouret qu'elle tient en réelle affection.

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