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[RP] " Poupée doppée , t'es ma beauté "*

Judas.
" La femme est une promesse non tenue. "
Claude Mauriac.


Nuit de débauche. Trônant sur un fauteuil rehaussé de fourrures jetées négligemment les unes sur les autres, Judas baille. Sa demeure est chaos, murmures qui serpentent, corps qui se chevauchent. Et au milieu de tout cela dégringole le rire fugace d'un homme faussement amusé, entouré de ses maitresses qui échangent des regards aussi francs que des couteaux dans le dos. Se trainant à ses pieds, se coulant dans son dos, elles forment une parure qui manque d'humilité avec leur gestes lents et leur langues fourchues, un délicieux faire valoir. On lui donnerait la becquée s'il la demandait, diantre que cette vie est belle, que cette vie est lasse. Les cheveux du Von Frayner son lâchés, les gants de cuir laissés au bon vouloir de la pagaille ambiante, là, quelque part. Les grilles sont ouvertes, les chevaux abandonnés à la hâte aux esclaves qui tentent bon gré mal gré de les rassembler sans les abîmer... Montures de prix fort, trois des leurs ne suffiraient pas à rembourser un de ces palefroi. Et chaque bouffon assujetti le sait. Les yeux se donnent du courage, les animaux piaffent de jeux.

Petit Bolchen est offert à ses hôtes pour la nuit, le meilleur, et le pire... Ambiance lourde sous les tentures obscures de la pièce principale. La cheminée haute comme deux hommes réchauffe tout ce petit monde, qui n'en a pas besoin. Echauffés, liquorés, exaltés, il règne chez Judas une atmosphère à couper au couteau. L'endroit embaume. nourriture, sexe, sueur, alcool, bienvenue au coeur des nuits dépravées du plus obscur des Frayner. Nul invitations, le domaine est LE rendez-vous des libertins, des oisifs de tout acabits. Chacun n'y entre pas pas hasard...Si ce n'est pour la chair, c'est donc pour le verre. Si ce n'est pour l'enfer, c'est pour l'éphémère. Il y a toujours des nouveaux, qui s'ébahissent devant cette désorganisation totale, entrainés par des groupuscules plus enhardis, des habitués... Le domaine, lorsque son propriétaire l'offre aux ombres des rues de la ville, n'est qu'un violon désaccordé. Car lorsque ce n'est pas le maistre qui va à la ville, c'est simplement la ville qui vient au maistre... Nuit orgiaque, on y croirait couler du sang sur les icônes religieuses qui ornent ça et là les murs aux ombres chamarrées... La cire des candélabre scelle les plis, des vélins, des corps, des esprits. Amen.

Un roi, ou une proie. Au coin des lèvres une goute pourpre, qu'une créature vient lui subtiliser habilement. Judas tressaille, les cheveux cascadent, désabusés, entre les mains d'une autre succube qui les tresse. Pas de nouvelles têtes ce soir, Judas observe sa cour étrange, jauge son degré d'envie. Il abat une carte à jouer sur le dos d'un esclave, prostré depuis un temps indicible dans une posture soumise, une table humaine. Un objet vivant.


A boire!

*by Stephen King.
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Envie de jouer?.
Anaon
    Un drame, une balafre, un putain.

    Il y a des nuits secrètes comme des boites à bijoux, celles qui calfeutrent leurs perles les plus sombres dans leurs écrins de velours. Des nuits qui font des premiers frissons du petit jour l’instant de toute les révélations. Et l’aube dévoile les affres des beuveries ou des orgies que la nuit aura sut dissimuler. Ses nuits à elle son pavées d’insomnies et à celle-ci s’ajoute un instant de déraison. De tavernes en tavernes et de verre en verre, jusqu’à ce que ses propres démons ne lui suffisent plus et que lui vienne l’envie de se nourrir de ceux des autres. C'est une envie ineffable, un procédé malsain, celui là même qui vous incite à boire encore alors que votre corps est imbibé jusqu’à la moelle, celui là même qui vous exhorte de sombrer toujours plus bas quand vous ne voyez déjà plus le soleil. Combattre le mal par le mal ou bien s’y abandonner tout simplement. A défaut de lui faire la guerre, l’Anaon le contemple chez les autres. Peut être pour se rassurer, pour se dire qu’elle vaut bien mieux ou peut être pour se sentir moins seule dans ces déboires. Qu’importe…

    On dit qu’une maison de tous les vices ouvrent ses portes cette nuit. On dit de celui qui y habite autant de chose qu’on en tait.

    Une main vague vient se raffermir sur les rênes quand les sabots ont passés les battant des lourdes grilles. Ordre vaporeux tant il est discret et l’équidé qui abdique se voit délesté de sa cavalière qui l’abandonne aux mains des esclaves déjà surmener par les autre montures.

    Un drame, une balafre, un putain.

    Le pas se fait lent et mesuré, les azurites vagues. Sans l’ombre d’une hésitation les mains poussent la porte de la demeure. La boite de Pandore s’ouvre sur ce monde à l’atmosphère impalpable. Lourde, doucereuse. Un monde dans lequel les rire alcoolisés côtoient les murmure de velours. Océan de corps qui se meut dans une houle langoureuse. Et le pas nonchalant d’une mercenaire qui évite les étreintes, enjambe les corps et esquive les contacts.

    Un drame, une balafre, un putain. C’est-ce qu’il lui aura fallut pour qu’elle puisse enfin s’accoutumer du vice des autres, elle, qui quelque temps plutôt aurait encore craché toute sa bile sur ses lieux de débauche. Un drame pour adorer la boisson, une balafre pour aimer la torture et un putain pour apprécié la luxure. Elle traverse la masse sinueuses de corps qui se confondent, foule sans visage. Elle n’a pas de réel trajectoire, pas de but, sauf atteindre peut être ce fauteuil qui trône seule là bas? Et elle n’accorde aucun regard aux êtres qui s’échauffent, ils n’ont que peut d’intérêt. Ce qui titille son esprit embrumé, c’est l’ambiance malsaine et tortueuse qui s’y dégage. Chaos. Matérialisation de ses pensée anarchiques.

    Que la folie me prenne pour qu’elle inhibe ma raison. Plus de remords, plus de rengaine . Heureux les simples, les immoraux, ceux que se défont de toutes les cages. Aucun scrupule, aucune vertu. Que leurs vies doit être enviable.

    Une voix hèle à boire et l’ordre ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde. Pas qui bifurquent sans empressement. D’une main voleuse, elle s’empare du verre prêt à être servit à l’homme. Regard fugace. A la mercenaire de continuer son chemin.

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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo III ----[Clik]
Judas.
« Toujours, l'ambition déplaît quand elle est assouvie. »
Pierre Corneille.

Le torse nu exprime un imperceptible haut le coeur, la carte est contrecarrée, la partie est Mat. La mise disparait dans l'aumonière d'un chafouin qui n'aura pas perdu sa nuit. Même le Maistre perd, et dans un soupir décontenancé il se suggère de chasser l'ennui d'une autre façon.

Les prunelles noires se font grises, tentant de percer les secret de cette lie qui lui fait la cour. Beaucoup de déjà vu ce soir, et les habitudes lui vont mal. Une mandoline timide perce l'épais rideau de brouhaha, comme un rayon de soleil vient éclairer l'obscurité d'un petit matin. Judas balaye l'air d'une main nerveuse, chassant la femme aux tresses, fixant son attention sur une brune à la coiffure singulière. Une nouvelle. Le torse nu reprend appui bien au fond du trône sans couronne, se frottant au poil étrangement tigré d'animaux fabuleux et méconnus dans les contrées Françoises. Comme un chat jaugeant une souris, il l'observe.

Mais soudain un sourcil paresseux se hausse, se gausse. Le manège le fait tiquer, le roi se fait voler sous le nez. Les lèvres déjà minces et sans consistance se plissent jusqu'à devenir un mince interstice de contrariété. Il se redresse, suivant la progression odieusement tranquille de l'inconnue qui respire son air et boit à son calice. Punaise, arriviste, étrange... Beauté froide. Que l'on dirait presque hautaine parce que ses yeux glacés peinent à se poser sur vous, à vous porter un intérêt. L'iris est clair, mais sous les lueurs des flambeaux difficile de lui coller une teinte.

Mais qui est cette petite effrontée? Seigneur qu'elle l'allume, cette petite flamme de vivacité qui peinait à s'éveiller avant son entrée. Sa démarche est une injure au sol asservi du Von Frayner, elle a le port d'épaule trop haut, et le regard trop déterminé. Le menton pointe vers cette manne impromptue, qui a su en quelques gestes lestes le tirer de son ennui léthargique. Pas maigrelette, l'homme aux cheveux long voit toutes les promesses fécondes qui glissent sur ses hanches. De la chair, et un visage...

Ecorché. Le sourire qu'elle affiche n'est que celui qu'on lui a imposé. Taillé dans chair de sa joue, en se détournant la femme lui a offert son profil dévasté, saccagé de l'entaille d'un évènement dont il ignore tout. Fascinant. Elle est presque belle. Elle a l'attrait de la nouveauté, l'Anaon.


A boire! Femme!

C'est la nouvelle que l'index mégalo pointe parmi les corps enracinés. Et le fessier de se lever de son fugace piédestal, pour mieux aller chasser l'affront en personne. Poussant sans douceur tous ceux qui se tiennent sur son chemin , il arrive à sa hauteur de femme, qu'il méprise d'un unique battement de cil. Une esclave le suit avec peine, portant bien haut une coupe pleine, qu'on eut cru identique à celle qui fut dérobée. Judas se saisit de la coupe de l'Anaon, dosant son geste, puis lui tend celle de l'esclave. Les regards se croisent enfin, il la déteste. Il la veut. Amour, folie aimable ; ambition, sottise sérieuse.*

* Chamfort
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Envie de jouer?.
Anaon
"Tous les sentiments guerriers viennent d’ambition, non de haine."
      -Emile Chartier, dit Alain-

    Ainsi je te ferais la guerre…

    Une mer de visage aussi plats et indiscernables qu’un lac sous son manteau de brume. Elle croirait serpenter entre un brouillard de chair. Douce absinthe à la main verte qui lui vrille les tempes et qui presse son crâne dans un étau de langueur. Indolence qui ne se change jamais en ivresse pourtant. Maistre de sa conscience et de ses gestes elle demeure, à son grand désarroi pour elle qui contemple l’ivresse chez les autres alors que l’alcool ne saurait tout au mieux que la rendre plus virulente. Alcoolique qui ne sombre pas, Ereintée qui ne dort plus.

    Un regard vague balaye la pièce pour effleurer les tentures, les candélabres qui s’essoufflent, la chevelure d’une rousse flamboyante. Voix ténébreuse qui teinte à ses oreilles inattentives. Dans une indifférence presque insolente, elle enjambe le dernier obstacle qui la sépare du fauteuil repéré plus tôt. Un pas qui imprime un demi tour et la voilà prête à…

    Regard.

    Il est là, devant elle, le Maistre des lieux. Torse nu offert aux caresses, droit et fière comme une tour de cathédrale. Judas Von Frayner. Visage sans nom croisé lors d’une fameuse soirée dans un lupanar parisien. Nom sans visage qui avait sut attiser son intérêt. C’est dans son antre que tout se rassemble et sur une simple description, elle peut désormais mettre un visage qui force le regard. Ainsi tu es, quand la nuit vient à tomber. Un animal de luxure.

    Il la toise et la balafrée lui décoche un regard tout aussi insistant. D’un geste d’une lenteur provocante dans laquelle elle décèle tout l’autorité qu’il veut lui imposer, il se saisit du verre lover dans sa main. Sans résistance, les doigts se délient. Avec véhémence, le regard s’anime. Une autre coupe se tend vers elle et le geste du Von Frayer reçoit une toute autre réponse. Avec la même délicatesse déterminée dont il a fait preuve, la dextre féminine s’avance vers la main qui retient le calice par deux fois dérobé. D’un pas elle s’avance plus près, puis d’une poigne prête à s’affermir s’il lui offre résistance, elle vient agripper sa main pour la lever. Alors que les azurites provocantes ne se délogent pas des pupilles anthracites, elle plonge ses lèvres dans la coupe du Maistre. Unique gorgée langoureuse qu’elle savoure plus que de raison. Impudente, elle marque le territoire du Von frayer.

    La main abandonne sa comparse tandis que la senestre vient se saisir de la coupe qui lui est destinée. D’un pas elle recule puis elle vient s’assoir calmement sur le fauteuil, regard aiguisé prêt à capter le moindre battement de cil masculin. Elle s’est scellée en lui et ne s’en défait pas. Une jambe se croise sur l’autre, un bras trouve le confort d’un accoudoir tandis que le second n’y pose que le coude, gardant la coupe près de ses lèvres.

    Ce visage sur lequel ce lit l’enfer calme, elle le contemple, elle le toise, elle le provoque. Lui qui a su briser la transparence qu’elle accorde à son monde, elle décortique ses traits sans aucune pudeur. Démon. Toi aux traits si fin, toi aux mœurs si noirs. Tu sembles si beau au dehors, mais gangréné en dedans.

    Le vin du calice vient gratifier les lèvres tailladées.

    Dis moi donc, Von Frayner, que vas-tu faire maintenant?

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Judas.
« La séduction suprême n'est pas d'exprimer ses sentiments. C'est de les faire soupçonner. »
Jules Barbey d’Aurevilly


Ainsi je t'aurai. Un jour, une nuit, qu'une année s'écoule ou que les centenaires soient passés au trépas. Désuet, cliché, n'est-ce pas? Il y a une certaine dangerosité du narcissisme dans l'obsession de la séduction. Judas l'incarne, sournoisement. Malgré lui. L'idée n'est pas qu'il la veuille pour l'avoir, mais qu'elle le désire, pour l'obtenir. Prendre une femme comme une forteresse n'est ni plus ni moins qu'un jeu d'homme. Et les hommes ne sont-ils pas de grands joueurs...

Il la regarde faire, et les pleins de ses courbes, et les déliés de ses gestes. La femme est grande, et cette hauteur lui donne une assurance presque surfaite qui ne manque pas d'interpeller ses instincts de mâle. Les lèvres qui se baignent de purpurin laissent le Von Frayner songeur, tout autant qu'agacé. Son regard se durcit comme une virilité qu'on peinerait à contrôler. Elle est offensive. Il est offensé. Elle n'a pas froid aux yeux cette reyne froide, et ça lui réchauffe les tripes comme un coup de sang, une écorchure. Tantôt jouant de l'affront, tantôt se pliant aux exigences de son hôte, l'Anaon est conciliante en dent de scie. Cette permanente oscillation frustre, comme la main enfantine qui n'atteint jamais le criquet. L'envie de se saisir de l'objet du désir n'est est que décuplée, à vif. Elle déçoit, elle ravit, pour de nouveau jouer sur le fil du protocole. Entendu, fi des convenances ma Mie.

Il la détaille comme elle le dévisage. Elle s’est scellée en lui et ne s’en défait pas. Réceptive, sa nouvelle le distrait... Judas boit après elle, sans la lâcher du regard, regard qu'elle partage sans ciller. Mais elle pousse le vice un peu plus loin, et le Von Frayner perd réellement contenance quand elle s'en va poser sa croupe sur son fauteuil, dominant ainsi la pièce d'un mouvement gracile, comme si c'était inné. Comme si c'était normal.

ça l'irrite, pourtant amateur de belles choses, l'image lui plait. Cette désinvolture personnifiée, ha! Elle lui plait. Le faciès sceptique se détend, lentement, jusqu'à esquisser une ébauche de sourire. Entendu, fi des convenances ma Mie. Judas la laisse faire et se laisse glisser sur quelques coussins face à l'Anaon qui trône, souveraine, sur l'intérêt de sa nuit. Fais donc ta belle, fais donc... Fais donc Ma belle.


Apportez-donc des victuailles, à la Reyne de la nuitée! Et que tout ce qui se porte à ses lèvres, soit porté aux miennes.


Et se pressent les esclaves, tels de fourmis au labeur naturel.
Jouer c'est expérimenter le hasard.

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Envie de jouer?.
Anaon
"Chaque homme cache en lui un enfant qui veut jouer."
      - Friedrich Nietzsche -

    Soit, je serais ton jouet, Judas. D’un jour, d’une nuit, d’une année. Le jouet qui te fuit et qui te nargue, le jouet qui t’obéit pour mieux te trahir. Je te ferais courir pour venir m’alanguir à tes pieds. Tu seras le chat et moi la sourit. Tu seras le chat et moi le loup.

    Cet homme a quelque chose de fascinant dans sa façon de se taire. Il a silence loquace et ce dernier est certainement plus poignant que ses mots. Son visage est celui des immuables, ceux sur lequel on peine à discerner une émotion. En se taisant pourtant, il lui fait tout comprendre. Son minois est une étendue glacée sous laquelle on devine le torrent qui y bouillonne. Il a la luxure qu’elle n’a pas, pourtant l’Anaon se croirait face à miroir. De l’étincelle dans son regard jusqu’à la contrariété qui l’anime, elle le comprend, mais il la surprend quand sa frustration se perce d’un sourire. Et voilà qui vient prendre place face à elle avec cet air amusé dont elle ne perd aucune miette.

    Elle le surplombe, mais il la domine. Il est le Roy et elle, le fou impromptu qui le distrait. Il est Maistre en ce lieu et il ne lui faut qu’une parole pour ébranler toute sa cour. Elle est sa Reyne de la nuitée... Décontenance. Elle, la mercenaire peut encline à la compagnie hésite entre l’indifférence et l’amusement. L’Anaon le laisse régner, pensive, portant une fois de plus le calices à ses lippes qu’elle laissent s’alanguir sur le rebord de la coupe une fois la gorgée engloutit. Songeuse Anaon.

    Il se dégage du sybarite aux cheveux sombres une telle assurance, innée, assumée. Même face contre terre, on l’imaginerait encore fier. Il a de l'allure et une belle carrure. C'est homme est un danger. Mais qu’il est plaisant de jouer avec ces mâles si sûr... Qu’il sera plaisant de jouer avec toi, Judas. Il lui apparait comme un problème, une forteresse offerte à son esprit de stratège. Une question inconnue dont elle trouvera la réponse. Alors la coupe quitte les lèvres et le rare sourire qui y nait.

    Les esclaves se sont affairés autour d’eux. Une main lui tend un bout de viande et l’Anaon la nie un instant, azurites farouchement rivés dans son comparse dont elle cherche à percer les desseins. Et voilà qu’elle se prête au jeu, venant croquer d’une nacre paresseuse le mets qu’on porte à ses lèvres. La soirée s’annonce bien surprenante.

    _ Qui est tu donc Judas….

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Judas.
« Nous sommes attirés par toute vie qui nous représente quelque chose d'inconnu, par une dernière illusion à détruire. »
Marcel Proust


Tiens, elle connait son nom. Sa réputation l'a donc précédé. Tant pis. Le vin lui plait, le maistre des lieux s'en ravit. Il l'imite, boit une gorgée douceureuse, comme s'il dégustait l'Anaon. Gouleyante à souhait. L'invitée a faim. Ripaillons... En miroir.

Le saignant de la viande est offert à sa bouche, de la main tremblotante d'un esclave que l'on aurait trop battu. Les canines rieuses ont changé de rôle, elles s'enfoncent dans la chair chaud et tendre pour mieux la déchiqueter. La carne s'écartèle entre la broche luisante de gras et les crocs de Judas puis se rompt, avalée carnassièrement.

Elle parle, et le timbre de sa voix tient ses promesses. Mieux, elle le questionne. L'inquisitrice a quelque curiosité à assouvir.

Quelle drôle de question. Qu'y répondre... Je suis un enfant incestueux qui pleure le poison d'une soeur morte par ma faute. Je suis l'élément le moins tranquille d'une famille qui veut la main mise sur le pays et qui couronnera son roi un jour prochain. Je suis l'homme, l'amant, le trafiquant, le coupable, le trublion. Je suis tout et rien à la fois, un être qu'on déteste parce qu'il ne déteste pas assez. Je suis la liberté, version mâle, version mal.


Je suis ton hôte. Je suis... Diverti. Que viens-tu faire par chez moi? Je ne t'ai jamais vue.

Je suis menteur aussi. Et j'aime ça.

La Rose Noire avait abrité un soir les deux protagonistes. Croisée, fugacement, apparition éphémère parmi les autres sous son meilleur profil. Judas avait autre chose à faire, mais il avait suffit que l'Anaon franchisse les portes de sa demeure pour qu'elle lui laisse un etrange pressentiment. Dejà vue. Il la revit dans le decor du bordel, vision en flash qui le ramena au visage qui l'observait. On se croise toujours deux fois dans la vie.

Son torse nu offrait aux présents la peau la plus pâle qu'on eut su voir, et une silhouette fine, peu dessinée. Autant dire que Judas n'était pas athlétique, bien qu'il n'en fusse pas pour autant maigre. L'homme comblait un physique commun par un esprit affuté, et quelques babioles ornant ses doigts, ses poignets et son cou. Un épais collier précieux scintillait sur sa poitrine à chaque soupir. carrure sèche, et timbre étrange d'une voix cassée. On le croirait enroué, mais pourtant la nature l'avait ainsi doté. Chassant une longue mèche brune derrière son oreille il pencha un peu la tête de coté, sérieux.

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Envie de jouer?.
Anaon
"Les hommes, un mâle nécessaire..."
    -Sophie Campiche-


    Ton visage à toi je m’en souviens. Il m’est apparut comme une réminiscence. Fantôme d’un être aimé par le passé. Même droiture, même traits. Glacial. Même charisme qui force qu’on s’y attarde. Lui avait choisit la rédemption. Toi tu sembles te complaire dans tes démons. L’enfer n’est pas un lieu, non. L’enfer est un homme.

    Les doigts féminins délaissent la coupe sur un plateau porté par une femme et d’un geste lent elle se met à l’aise, défaisant la lanière qui retient la courte cape qui lui drape les épaules. L’étoffe s’échoue dans son dos en un lourd froissement et elle vient tirer strictement sur le col de sa chemise noire qu’elle rehausse de ce geste devenu machinal. Les manches amples sont remontées jusqu’au coude, offrant aux avant-bras la chaleur luxurieuse qui envahit toute la salle. Le dos retrouve alors le moelleux du dossier tandis qu’une main vient se nicher dans les deux longues tresses qui pendent derrière son oreille, jouant avec elles de ses doigts graciles. Main fine qu’on ne croirait pas être celle d’un bourreau. Respiration profonde sous le gilet de cuir. Elle prend tout son temps l'Anaon, avant d'offrir la réponse attendue par Judas.

    Les azurites embrassent d’une brève caresse la pièce autour d’eux avant qu’elle n’hausse des épaules d’un air innocent.

    _ Je suis venu chercher ce pourquoi tous viennent…. De quoi me divertir.

    Aux dents de venir se saisir de la viande qu’on lui tend encore, puis aux lèvres de se plonger dans le vin de sa coupe qui s’amenuise. Les traits spartiates de la mercenaire se détendent. Ce soir elle veut bien se faire joueuse. L’indifférente devient intéressée. Peu loquace, l’Anaon pourrait passer la soirée à boire, se contentant de fixer le mâle qui la jauge. Le monde qui l’entoure habituellement lui est parfaitement transparent, mais aujourd’hui les prunelles s’amusent et la parole se délie.

    _ Quel distraction mon hôte a-t-il donc à m’offrir? Autre que sa seule présence…

    Elle le distrait. Il l’intéresse. Elle titille. D’appétit peu vorace, l’Anaon préfère boire, pupilles rivées dans celle de Judas. Gorgée languide. Décidément, le vin avait meilleur saveur dans la coupe du Maistre.


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Judas.
« Défendre le fruit défendu à une femme c'est l'inviter à y mordre. »
de Rodolphe Girard

Ses lèvres se pincèrent encore. Mais avec malice. Mieux valait ne pas avouer toutes les distractions qu'il pouvait lui offrir, ou faire un tri de convenance...

Expérimenter la saveur des poisons qui ne tuent pas, te délasser dans les bains d'alcool, gouter le massage maure.

Lequel était d'un gout plus qu'inattendu.

Il y a aussi des plaisirs plus simples, mais qu'il ne serait pas convenable de proposer... Puis, en général mes amis ne viennent pas chez moi pour la simplicité des nuits.

Rire franc qui dévoile une fossette au creux de la joue, comme si tout ce qui se passait au Petit Bolchen était d'une banalité sans nom. En soit, l'endroit avait avait des jours chastes, mais l'Anaon était venue en visite un jour faste. Par mimétisme, on porta viande et vin à son palais, à qui il rendit grâce pensivement.

L'ambiance fantasque qui régnait sur la pièce semblait se tamiser, et la balafrée comme une pierre sertie sur une bague la dominait d'une splendide hauteur. La fourrure féline sur laquelle elle avait posé sa croupe faisait un écrin particulier, et lorsqu'elle se découvrit un peu Judas eut le sentiment qu'elle se sentait à l'aise là où d'autres seraient partis en courant. A cet instant là, il eut envie de capturer cette vision. Helas, aucun de ses esclaves ne savait peindre, et il était bien tard pour dépêcher un maistre des palettes... Une autre fois, peut-être. Sûre que telle créature aurait trouvé le temps bien long et la pose bien trop ridicule... Elle devait être au moins capricieuse, exempte de facilité à vivre. Peut-être caractérielle?

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Envie de jouer?.
Anaon
" Ceux qui ont le péché dans le cœur, mais la parole séduisante, ressemblent à la cruche enduite de nectar, mais pleine de poison. "
    -d’un Anonyme-


    Caractérielle? Peut être. Faudrait-il encore réussir à réveiller la hargne qui se cache au fond de ses entrailles. Bien souvent la critique n’a pas d’emprise sur la balafrée et quand bien même on l’insulterait qu’elle ne répondrait probablement pas. Un jour un homme a dit: " C'est de ne pas mépriser assez certaines gens que de dire tout haut qu'on les méprise. Le silence seul est le souverain mépris."* Celui-là a tout compris. Et Anaon méprise les mots en trop, Anaon méprise le monde, Anaon se méprise, alors elle se mure dans une indifférence totale. Ceux qui ont réussit à la faire tiquer lui ont trouvé le verbe acide. Ceux qui ont essayé de la toucher lui ont trouvé le poing solide. Alors oui, sous cette armure de femme placide se cache un caractère qu’il n’est pas bon exacerber.

    Et il lui parle de plaisir simple. Le mot est porté par mille sous-entendus. Dans la bouche d’un autre, cela l’aurait glacé, mais dans la sienne l’implicite la fait sourire. Elle l’observe manger tout ce qu’elle prend. Simple partage? Ou possession symbolique? Comme s’il souhaitait laisser la dernière empreinte dans tout ce qu’elle mange, dans tout ce qu’elle veut. A lui de se l’approprier. Constatation qui la laisse songeuse et à l’esprit embrumé par les verres de la soirée de se concentrer sur les plaisirs énoncés.

    La mercenaire n’est pas femme à luxure… à moins qu’on ne sache s’y prendre avec elle. L’alcool? Elle ne connait que trop bien et encore, seule la Fée Verte arrive à lui tirer quelque instant de folie plus que d’ivresse. Alors comme plaisir, elle choisit l’ambigüité.

    _ Offres-moi donc ton plus doux poison…

    Une fois encore le calice se porte à ses lèvres et aux azurites de guetter la réaction du sybarite. Elle le repousse dans ses tranchées, ou bien l’incite à en sortir. A moins qu’il ne réagisse tout bonnement pas. Puis comme on passe du coq à l’âne, la bouche boude la viande pour quémander un fruit du plateau voisin. Les nacres viennent fendre la pomme qui a tôt fait de ravir son palais.

    "Donne-moi du poison pour mourir ou des rêves pour vivre."** Mais comme mes rêves sont crevés je vivrais de ton poison.


* Charles-Augustin Sainte-Beuve
** Gunnar Ekelöf


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Judas.
« Rien mal acquis ne profite jamais. »
Jacques Sternberg

Ainsi donc, c'est le poison. Il est intéressant d'observer comment de deux maux l'homme s'en choisit un, qui finalement n'est pas moins inoffensif. Plus profond dans ses appartements, le Von Frayner cachait ces maux avec une jalousie féroce. Les bains alcoolisées aux vapeurs dévastatrices, les massages orgiaques aux mets du jour, la cave aux poisons dont le commerce allait croissant. Marchand d'opprobre disait-on... Judas n'avait pas tant d'orgueil. On s'ennuyait beaucoup l'hiver arrivant au domaine, ainsi que dans tous les castels Françoys. Il était donc coutume d'inviter, les visites distrayaient.

Ces plaisirs - d'autres diraient vices - lui appartenaient, c'est exclusivement et égoïstement qui se plaisait à se les procurer. Un instant il ressentit le frisson de l'huile sur sa peau, des odeurs de nourriture, de la chaleur du sucre et de sa viscosité sur son visage. Les langues insolentes qui partageaient son délire boulimique venaient se darder sur ce corps recouvert comme un plateau où des doigts habiles étalaient l'opulence, l'orgie. Tradition oblige, la ripaille de décembre pour l'abattage des porcs. Tantôt des lèvres goulues, tantôt des haut-le-coeur jouissifs. Se remplir, imploser, se glisser , gras et repu pour s'achever dans la morsure des chairs. Déviances. Les bains de jouvence aux émanations enchanteresses, qui piquent les narines , qui font couler des larmes à l'eau de vie, tout cela lui appartenait et il n'était question de le partager...D'habitude.

Il croqua dans l'arrondi d'un fruit, calquant ses prunelles grises sur sa voisine. Prenant appui sur le sol jonché de coussins il s'éleva, pour arriver près d'elle à une hauteur quasi égale. Sans qu'il ne l'ai mandé, la rousse qui était restée en retrait à l'approche de la nouvelle déploya sa cape sur le dos de Judas, alors qu'une autre s'approchait avec un bliaut qu'il repoussa. Nulle cicatrice, le Von Frayner et sa courtoisie monstrueuse n'avait que rarement du prendre les armes... Petite vie de noble, toute en rondeur, tout en .. Privilèges. Le collier tinta sobrement, les gemmes à ses doigts firent les belles. Précautionneusement l'hôte vint tendre sa senestre à l'invitée pour la tirer de son piédestal, l'attirer vers son vœu.

Douceur, du contact, de l'ordre exécuté. La main de cette femme était aussi froide que ses attitudes, quoi qu'elle semblait être réceptive aux attentions du Maistre. Se frayer un chemin dans les dédales de Petit Bolchen, comme il l'appelait présomptueusement. Frôler les saouls, les exaltés, dans une bulle de détermination. Accéder au silence contrasté et à l'obscurité des pauvres. Quelques chiens aux longues pattes vinrent chahuter dans leurs jambes, l'hôte les en chassa bien vite à la porte d'une pièce qu'il ouvrit, repoussant des tentures aux nuées de poussière. Les mains s'abandonnèrent.

Il y avait là de quoi offrir le mal des ardents, des maux de tête à se l'éclater contre un mur, rendre fou ou stupide. Une multitude de petits flacons s'amoncelaient sur des étagères, se bousculaient sur des consoles. Certains menaçaient de tomber en répandant leur mal ou leur bonheur, poussés par des bocaux imposants aux contenus difficilement identifiables. Les rares contenants étiquetés l'étaient dans un latin que peu de gens pouvaient déchiffrer, entre la poussière et l'encre bavée.

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Envie de jouer?.
Anaon
" Marcher au Paradis ou dans l’Eden, O tentation : Accorde-moi une seconde pour succomber."
    - Kate Bush -


    Et ne lui répond que le silence. Puis un geste. Les perles azurées suivent la lente levée du corps avant qu’elles ne se posent sur la main qui se tend vers elle. Voilà que la cour soumise s’enquiert déjà de satisfaire quelques ordres muets. La revêche semble hésiter un instant, elle demeure encore trop prompte à cracher sur le moindre contact qui s’offre à elle. Pourtant… Les yeux se relèvent sur le visage du Maistre et la main féminine vient se lover avec précaution au milieu des bijoux

    L’Anaon se laisse guider sans qu’aucun mot ne se prononce. Le duo évolue avec la même désinvolture dont elle avait fait preuve à son arrivée et bientôt les bribes de rires et de soupirs s’estompent à la faveur du silence. Seuls. Une crispation fugace, paranoïaque elle demeure l’Anaon bien que ce soir elle soit prête à gouter au venin qu’il lui servira. L’attention s’accroche à la sensation sous ses doigts. Toucher de l’autre. Contact si dérangeant, Contact si délectable. Une main volage effleure la tête de l’un des chiens qui se pressent autour d’eux avant que Judas ne la pousse dans l’écrin de ses vices.

    La pièce qui se dévoile à ses yeux captive tout son intérêt. La balafrée s’y engage d’un pas plus que léger, comme si la moindre vibration pouvait faire tomber l’un de ces précieux bijoux. Elle se rapproche des étagères et parcoure du regard les fioles qui s’exhibent devant ses yeux. Des flacons de verres et des fioles camouflées dans du cuir, des couleurs reconnaissables et des teintes inqualifiable. La dextre survole sans oser toucher.

    _ Voilà de bien belles compagnes…

    Dames de verre qui recèlent chacune leur folie. L’échancrure d’une fiole se redessine sous la pulpe délicate de l’index qui s’y risque. Derrière la parois de cristal: tout un monde. Un paradis ou un enfer. Il y a bien des années que la balafrée s’est plongée dans les mystères de la botanique. On début on veut pouvoir soigner et ensuite on veut savoir tuer. Ses aspirations passées l’ont mené à se perfectionner dans la guérison avant qu’elle ne décide d’embrasser le poison. Et sous ses yeux scintille tout un art donc elle est bien loin de maitriser toutes les facettes.

    Le venin lui sert à torturer, jamais à s’évader. Le seul poison qu’elle laisse s’immiscer dans ses veines c’est le remord, la rancœur, surmonté du flots doucereux de la pernicieuse Fée Verte. Des autres, elle n’en a jamais fait usage. Pas dans le même objectif. Mais ce soir est un autre soir.

    Une main pensive vient se poser sur son ventre. Les doigts s’y crispent. De l’autre, elle continue ses caresses éphémères, comme si du simple toucher elle pouvait savoir laquelle sera faite pour elle. Dans sa contemplation, elle en a presque oublié le Von Frayner. La dextre s’immobilise et les azurites se tournent pour se river dans leurs glaciales comparses. Pour la peine, l’Anaon ne sait sur qu’elle pied danser.

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Judas.
« La débauche est l'illusion de ceux qui n'en ont plus. »
Etienne Rey

Judas la regarde toucher, présumer du contenu des étagères, et son plaisir est grand. Les yeux de la femme avant que de ne redevenir glacés s'irisent de malice et de curiosité. Une enfant, dans une échoppe de douceurs. La gosse qui salive silencieusement devant le sucré des riches, sur le doré des pains blancs. Le candélabre qui luit dans un coin se meurt, personne ne le veille plus depuis plusieurs heures. Le Von Frayner se presse. Les pointes de ses cheveux viennent piquer ses reins, recouverts de bonne façon afin de ne pas abuser d'indécence. Il sait ce qu'il est venu chercher, et s'enquiert de le trouver. Répugnant la poussière, il maudit la précipitation qui l'a fait laisser ses gants dans la masse. Un instant son visage vient se tourner vers celui de sa voisine, l'autre, se remet en quête.

Les plus fidèles.

Les plus silencieuses. Les moins encombrantes. Les plus enivrantes. Ha! Dieu savait qu'il aimait les femmes! Diable savait qu'il les méprisait. Etres inférieurs, bavards, dépensiers, indiscrets! Etres de perdition, qui fait tourner la tête et le coeur. Marie l'avait averti, et un homme averti en valait deux. Libertiner lui avait apporté une fausse sécurité, le sentiment d'être libre de son plaisir ou de sa souffrance. L'illusion qu'il était le seul décisionnaire de ses ressentis. Un homme blessé Judas? Peut-être. D'un geste sûr, il attrapa enfin une fiole.

Soupir inspiré, il lui montra l'objet de toutes les curiosités. Poudre d'Ipomée. L'ouverture des voies fluviales permettaient le rapatriement de nombreux trésors de la nature dans les contrées du marchand. La moitié des composants qui s'emmagasinaient dans la pièce étaient étrangers aux campagnes françoyses, ramenées des pays peuplés de sauvages qui disait-on, mangeait l'or comme du blé. Ces graines broyées possédaient des qualités hallucinogènes puissantes. Judas se rapprocha de la mercenaire, poudra son auriculaire.


Quel est ton nom?

Délicatement, il frotta du bout du doigt la lippe féminine, charnue comme un fruit bien mûr. Son regard s'attarda lentement sur le sourire de l'ange qui lui faisait cortège, cicatrice bien désagréable pour une créature si agréable. La proximité qui les réunissait la dérangerait sûrement, mais le jeu est ainsi fait. De nouveau, l'auriculaire fut plongé dans le goulot, puis porté à ses propres lèvres. Pulpe poudreuse, amère. Judas trichait peu.

Et tout ce qui fut porté à la bouche de l'Anaon, fut porté à la sienne.

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Envie de jouer?.
Anaon
" Discuter avec la tentation, c'est être sur le point d'y céder."
    - Miguel de Unamuno -


    On est maitre de rien. On croit tenir sa vie, mais c’est elle qui nous tient. L’existence, on la subit plus qu’on ne la savoure. Quant les épreuves nous gâtent et qu’après la bataille on en ressort en vie, on veut se croire grandit. Ce qui nous tue pas nous rend plus fort, dit-on. Alors après la douleur vient la rigueur. L’aigreur. La froideur. Et comme une guerre ne se fait pas sans mort, une victoire ne s’acquiert pas sans séquelle et souvent les misères nous lègue la gangrène au cœur. Rancœur. Celui qui se blesse par amour n’aimera plus que par étreinte volage. Et le martyr se croira guéri, quand il pourra afin regarder le feu qui l’a consumé sans en frémir d’effroi. On se croit insensible parce qu’on a subit. On se croit inébranlable parce qu’on a trop trembler. Jamais pourtant on ne peut se défaire de cette épée de Damoclès qui plane au dessus de nos têtes: La mémoire. Elle nous enchaine, elle nous menace, toujours prête à rouvrir les plaies qu’on pensait obsolètes. Le souvenir. Lui qui fait si mal, mais lui qui rend si fort. Quoi qu’on puisse en dire on demeure soumis, à nos démons, à notre passé parce qu’on ne sait pas oublier. La force, au final, n’est qu’une illusion.

    Les azurites s’attardent sur la fiole qui sommeille dans la main de Judas et doucement, elle se tourne pour lui faire face. Son attention ne quitte pas le doigts qui vient chercher la substance poudreuse. Et une question se pose, le visage se relève alors pour plonger son regard dans l’acier des prunelles grises.

    A elle de subir l’instant étrange qui s’en suit. Le doigt vient frôler sa lèvre dans un geste des plus évocateurs, alors que l’homme le dispense dans une désinvolture toute naturel. Une douceur presque professionnelle. Froide. Il se " contente " de lui offrir le poison. Ce geste, aussi anodin qu’il puisse être, ne la laisse pas sans réaction. Les azurites se font troublées, avant de se faire aiguisées .

    Quand le doigts l’abandonne, la balafrée n’ose bouger. Incrédule quant à la manière dont il lui a servi la poudre, les lèvres n’osent même pas se pincer sur la substance dont elle ne connait rien. Sera-t-elle le venin qui lui laissera l’écume au lèvres? Celui qui la mènera vers une allégresse insoupçonnable? Ou sera-t-il le poison du crime, celui qui viendra ronger l’expiation qui grandit dans ses entrailles….Main qui se resserre sur le gilet de cuir.

    La poudre se porte alors aux lèvres de Judas et l’Anaon contemple le geste en silence. La langue curieuse cède alors, venant happer une portion infime de la drogue qui couvre sa propre lippe. Saveur saumâtre. Le regard se détachent de la bouche voisine pour remonter lentement le visage afin de venir s’ancrer dans les prunelles masculines.

    _ Anaon…

    Les azurites font l’aller-retour entre la poudre qui couvre la lippe de Judas et son regard qui la darde. Il est proche et il est plus grand qu’elle. Cette proximité à quelque chose de provocante. Déroutante. La mercenaire relève doucement le menton, sans grande prétention, simplement porté par le désir de ne pas s’amoindrir face à lui. Poison aux lèvres, enfante impatiente, elle se retient de venir happer la promesse doucereuse qui nappe leurs bouche.

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Judas.
« Celui qui vit dans la crainte, ne sera jamais libre. »
Horace

Anaon. Son prénom lui fait penser à l'Anathème. Ainsi donc, il ne l'aimera que plus encore. Instant figé, les regards se scrutent, Judas la dévisage. L'index d'habitude aguicheur se fait timide lorsqu'il vient frôler la cicatrice qu'elle porte comme une appartenance. L'envie de la faire frémir se cache sous le geste, qu'il est bon de savoir faire tressaillir la glace... Mais aussi vite qu'il ose, le négociant abandonne son ambition et se détourne d'elle.

Le jeu avait commencé lorsqu'elle avait bu à sa coupe, il était désormais impossible de le calmer en si bon chemin. Langue poudreuses, promesses de visions enchanteresses ou cauchemardesques, à la faveur de l'esprit de chacun, l'Anaon s'était laissée faire. L'excitation de cette petite joute improvisée fit sortir le maistre des lieux de sa réserve. Au creux de l'esgourde, il murmura d'une voix très basse aux mots articulés.


Vois-tu maintenant, il nous faudra savoir qui des deux sera le plus fort... Anaon. Par ici, il y a un corridor qui donne accès après quelques bonnes enjambées au petit donjon.


La main baguée désigna la porte ouverte non loin. Les lippes vinrent se coller plus près du lobe attentif, qu'il eut furieuse envie de mordre bien qu'il n'en fit rien. La fiole fut reposée sur la première étagère qui vint à la rencontre de ses doigts.


Un peu plus profond, quelques chambrées paisibles. Si nous ne partons pas dans la minute pour trouver une couche sûre où nous étendre, nous risquons fort de rester coincés dans quelques couloirs sombres et certainement mal fréquentés... A cette heure de la nuitée. Nos sens vont marcher à contresens et nos yeux nous tromper... Nous serions bien démunis si il prenait l'envie à quelques malandrins de nous dépouiller ou pire, que sais-je...


Et ce n'était pas du boniment, lorsque les grilles de Petit Bolchen s'ouvraient, Judas n'avait aucun pouvoir sur les allées et venues des visiteurs, quelques gardes gardaient l'essentiel mais la lie de la ville pouvait bien faire ce qu'elle désirait... Dans la joie et l'allégresse. Et comme pour faire tomber les dernières hésitations qu'elle pouvait avoir à jouer le jeu jusqu'au bout, Judas s'éloigna en direction de la porte en lui lançant un:

Il nous faut courir, avant que de n'être rattrapés par notre mal. Ne sens-tu pas déjà la pointe de tes pieds fourmiller, tes mains s'étourdir...?

n'aies crainte, la crainte te perdra.
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Envie de jouer?.
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