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[RP] A Maison-Forte, "la Burgondière"

Aryanha



Cela faisait des jours et des jours, que la Vénitienne arpentait les rues de Dijon à la recherche de sa propre demeure. Son époux l’avait laissée libre d’assouvir ses préférences. Elle ne désirait pas rester plus longtemps à l’hostellerie, il fallait se décider.
Maître Colin l’aidait dans ce choix, l’invitant à visiter plusieurs maisons dignes de sa condition. Mais si l’animation des rues la ravissait, elle préférait un peu de calme pour sa demeure. Et rien, rien ne la satisfaisait, elle ne trouvait rien, à croire qu’elle était bien trop exigeante, à croire que toutes les demeures possédaient déjà son maître.
Ce fut un évènement imprévisible qui décida à sa place ou plutôt l’aiguilla dans ses décisions. Maître Colin restait dépité devant les refus présentés par Aryanha sur ses choix. Un éclair dans son esprit lui rappela un évènement survenu l’année précédente :
Une maison fortifiée, non loin des murs de Dijon, restait inhabitée depuis son pillage par une horde de routiers. Le chevalier qui y logeait, restait sans famille et s’était retiré dans un monastère pour y terminer ses vieux jours.


Ce matin là, le soleil peinait et une brume s’était installée, un combat céleste avait lieu alors que les villageois bravaient depuis un moment un autre combat, celui de la terre. Chevauchant le long de l’Ouche, Aryanha ne craignait pas l’humidité sous sa cape et son capuchon. Maître Colin l’accompagnait son bonnet enfoncé sur sa tête, en reniflant souvent et s’essuyant le nez de temps en temps avec son gant, sous le regard courroucé de la Vénitienne. Laissant la rivière, ils longèrent des coteaux et Aryanha laissa échapper un Oh de surprise en découvrant les vignes …les vignes d’Aleryk, son époux ! Celles qu’il venait d’acquérir !
Arrivés devant les murs d’enceinte de la maison forte qui contenait des bâtiments ceints de fossé en eau, ils stoppèrent les chevaux pour mieux observer de loin les alentours. La brume ne s’était toujours pas dissipée et l’on pouvait entendre au loin le cri rauque d’un ou deux corbeaux égarés. La maison fortifiée s’élevait dans les bras d’une brume blanche que l’astre de lumière perçait enfin de victoire. La matinée avançait et bientôt régnerait un jour ensoleillé, une belle journée s’annonçait !
Ils franchirent bruyamment la herse ouverte. A l'intérieur de la cour, entourée par un mur d'enceinte percé de meurtrières, se dressait le bâtiment principal, le corps de logis. Au rez-de-chaussée, se trouvaient un petit oratoire ainsi qu'une cuisine voûtée. Bien que modeste, la Maison comportait un aménagement de salles spacieuses.


Aryanha se retourna sur Maître Colin et de sa voix douce mais impétueuse, elle déclara :
C’est ici que nous vivrons !

Maître Colin eut un long soupir qui en disait long…il était temps ! Il essuya son front gras avec le revers de sa manche. Aryanha l’observa intriguée, il ne faisait pas si chaud pourtant !

Et bien Maître Colin, vous voilà satisfait, vous n’aurez plus à arpenter toutes les rues de Dijon pour moi dés l’aube ! Réglons cette affaire au plus vite, il me tarde déjà d’y emménager !

L’homme pencha sa tête sur le coté, hésitant à poser une question bien délicate et craignant se faire rabrouer par la dame. Après avoir bafouillé quelques mots indistincts, en triturant son bonnet, Maître Colin n’arrivait pas à expédier sa question. Aryanha le regardait encore plus étonnée. Décidément quel drôle de comportement ! Elle tenta de l’encourager en fronçant les sourcils.

Mais qu’est-ce … ?

Mess…Messire votre …ép…seigneur…sera-t-il aussi enthousiaste…si j’ose…que vous… ?…

D’un geste insoucieux de sa main gantée de cuir, Aryanha fronça à nouveaux ses sourcils :

Laissez là vos questions disgracieuses Maître Colin !
Mon époux sera enchanté de mon choix, soyez rassuré !
Notre affaire est conclue ! Et vous serez payé comptant !


Sur ce…elle fit résonner ses bottes sur le dallage de la grande salle avec ses allées et venues, se retournant brusquement en faisant balayer le sol de sa robe, elle s’exclama en argumentant :

Je veux du marbre de Bourgogne ici ! Pas de cette pierre grossière ! Les boiseries ont souffert du pillage et du mauvais temps ! Il me faudra embaucher de la main d’œuvre pour réparer tout cela ! Je pense bien le retenir du prix du bien.

Oui, oui…bien sûr…évidement, dame ! Bredouillait toujours Maître Colin.

Partons signer ce contrat et apposer le sceau sur l’acte, ce sera chose faite.

A grands pas, Aryanha sortit de la salle laissant là le notaire qui lui courait après pour la rejoindre. Elle empoigna la bride de sa haquenée et l’enfourcha prestement, elle donna un coup dans les flancs et la jument partit au galop suivi péniblement de la monture de Maître colin.

_________________
Aryanha

La maison-forte avait retrouvé vie sous le caractère rude de son architecture avec sa porterie flanquée de ses deux tours carrées, les bâtiments s’ouvrant sur la cour centrale. Les maçons, les charpentiers s’activaient aisément et terminaient un travail satisfaisant. Aryanha avait également commandé des meubles, de la vaisselle et attendait quelques malles de Vérone. Elle marchait délicatement sur le marbre de Bourgogne qu’elle avait fait placer comme dallage, elle restait le regard rivé au sol, l’air comblé.
Elle espérait s’installer d’un jour à l’autre à la Burgondière. En fait, elle avait hâte !
Elle avait pris soin de l’oratoire, le nettoyant elle-même, parant le petit autel d’une nappe qu’elle avait brodé chaque soir. Ses doigts longs et fins effleuraient l’ornement. Un signe de croix, et elle se retira au dehors sous ce beau soleil d’automne qui accompagnait les rénovations.


Il me faut un temps comme aujourd’hui pour emménager !

Malgré les prières d’Aryanha, ce jour là fut un jour de pluie !

Il pleuvait des cordes le jour où elle emménagea, Aryanha pestait derrière les courtines de son lit. Enfouie sous son édredon, elle se croyait maudite. Le bruit de la pluie sur les carreaux de la fenêtre ou sur la toiture lui en fournissait la preuve : il tombait un vrai déluge !
Un jour plus seule que ce jour là existait-il ? Sûrement…mais elle ressentait cette solitude ce jour là précisément. Cette solitude qui s’amplifia dehors sous cette pluie diluvienne qui vous transperce jusqu’aux os. Les cheveux collaient sur le visage sous le capuchon détrempé, la boue se faisant un festin sur tout le bas de la robe d’Aryanha, et les pieds !
Oh Dio mio, i miei piedi ! (Oh mon Dieu mes pieds !)
Ses pieds étaient transis dans les bottines de cuir embourbées. Précisons que la cour de la Maison-Forte s’était transformé en un véritable bourbier. Aryanha pleurait son beau dallage de marbre de Bourgogne dévasté par les allées et venues.
Oui…plus seule que ce jour là, il n’en existait pas !
Désemparée, Aryanha se laissa choir sur un coffre, laissant une vilaine flaque boueuse naître à ses pieds.


_________________
--Chevalier.roland.d.ars
[Au calme, dans une abbaye près de Dijon…]



Roland d’Ars avait écouté avec attention Maître Colin.
Bien…la Burgondière appartenait à présent à d’autres mains. Le vieux chevalier se leva et se posta devant la fenêtre et laissa son regard se perdre sur le jardin des simples.


Des italiens, dites-vous maître ?…
Ha ! ...Des vénitiens, est-ce mieux ?


Il soupira dans sa barbe courte et blanche. Qu’il était loin ce temps où la Burgondière lui avait été donnée ! Des regrets ? Il n’en avait point. Il était au crépuscule de sa vie, il avait vécu les batailles avec le métier des armes, et l’amour, un amour pour une seule existence qui lui avait été retiré en une seule nuit par une horde de routiers. Aujourd’hui il préférait finir en paix son hiver. Ce n’était pas la perfection qu’il cherchait à atteindre mais la quiétude dans cette sérénité.

Cette dame…a du tempérament ?
C’est bien, la Burgondière renaîtra alors.


Après le départ du notaire, Roland d’Ars resta un long moment positionné debout devant la fenêtre. La pluie ne cessait plus de tomber et le ciel restait imperturbable dans sa grisaille. Il faisait cru dans sa cellule de moine laïc…le quotidien des habitants de cette abbaye.
Les nouveaux possesseurs de la Burgondière ne connaissaient pas l‘histoire, la vraie, ni les secrets qu’elle recelait. Il sortirait de sa retraite et jugerait par lui-même s’ils en étaient honorables de les connaître.





[En route pour la Burgondière…]




Grâce à Dieu, une accalmie après ces jours de déluge.
Roland d’Ars en profita pour quitter l’abbaye sur son vieux roussin qu’il avait gardé pour les moines. Il traversa les plaines bourguignonnes, longeant les coteaux. Il portait ses armes sur son pourpoint et les villageois qu’il pouvait croiser ne pouvaient que le saluer humblement devant sa tenue hautaine. Bientôt les murs de la maison-forte s’élevaient devant lui.


Oooh !

Il arrêta son cheval un instant. Fronçant les sourcils, il remarqua la porterie ouverte. Il balaya son regard sur les alentours et resta attentif, ses sens d’homme de guerre l’alertaient. Pourtant aucun danger ne semblait résider sur place. Il approcha restant aux aguets. Il aperçut des allées et venues, et quelques volailles qui vaquaient dans la cour. Il franchit la porte béante.
Une vie des plus calmes et des plus anodines régnait sur la Burgondière. Quelques artisans semblaient terminer leur ouvrage. Une femme, les cheveux enveloppés dans un bonnet de lin, et vêtue d’une robe qui paraissait de qualité sous un tablier, courrait après une poule en pestant…il sourit mais se reprit rapidement en se rendant compte de l’inconscience de ces gens ! La Burgondière était grande ouverte, aucune sentinelle !

Le chevalier s’adressa au forgeron :


Toi, là !
Où sont les maîtres en ces lieux ?



Aryanha


[la veille, jour de l’emménagement…]

La pluie s’abattait sur la Burgondière comme les larmes qui coulaient sur le visage d’Aryanha. Le désappointement et la fatigue de cette fin de journée prenaient place sans ménagement dans tout son corps. Elle frissonnait. Ses vêtements étaient détrempés. Elle s’essuya le visage avec ses mains nues et respira fortement. Elle se leva décidée et tira une grosse bûche jusque dans la grande cheminée. Un feu…un bon feu allait la réchauffer et la sécher. Elle tira un fauteuil d’ébène et s’y installa frileusement. Recroquevillée sur elle-même, elle n’entendait déjà plus les allées et venues des manouvriers qui livraient le mobilier et d’autres affaires.

Quand elle se réveilla quelques heures plus tard, seule la faible lumière ondoyante de l’âtre régnait dans la salle vide. Aryanha se redressa d’un bond, terrifiée. Elle se retrouvait seule dans la maison-forte. Tout le monde était rentré à Dijon et la nuit était là. Elle se précipita vers la fenêtre, la pluie avait cessé mais ses yeux ne percevaient rien au dehors…les portes de la Burgondière n’étaient pas closes, et elle se retrouvait seule face à tous les dangers. Elle vérifia précipitamment que la porte d’entrée du bâtiment était bien fermée et la vérouilla à double tour.
Mais quelle idée de vouloir habiter à l’extérieur des murs de la cité !
Elle posa une main rassurante sur le fourreau en cuir qui contenait sa dague. Elle devait attendre seule, toute la nuit, affronter sa peur.
Bienvenue en Bourgogne Aryanha !



[Le lendemain…]


Un vacarme résonnait sourdement dans sa tête…Enfoncée dans le fauteuil, Aryanha souleva difficilement ses paupières. Le jour éclatait dehors et on tambourinait à la porte. La jeune femme reconnut la voix de Maître Colin. Il fut surpris en la voyant dans cet état.

Vous êtes restée seule ici ?

Aryanha ignorant sa question, le poussa pour franchir le seuil. Au dehors, un grand soleil brillait. Un instant elle exposa son visage les yeux fermés à cette douceur rayonnante…il ne pleut plus, la nuit est finie.

J’ai pris l’initiative de vous présenter Anceline. C’est ma nièce et elle n’est pas prude à la tâche, Dame. Elle vous sera de grande utilité ici.

Aryanha ouvrit les yeux. Que disait-il ?…Oui bien sûr, Anceline était la bienvenue. Aryanha n’eut pas la force de détailler la femme. Elle frissonnait encore dans ses vêtements à peine secs.

Plus tard dans la matinée, Aryanha, dans une robe sèche qu’elle protégeait d’un tablier, les cheveux enveloppés dans une toile de lin, et avec l’aide d’Anceline, se mit à l’ouvrage et il y avait de quoi ! Le plus difficile était de courir après les poules et les oies pour en attraper une, chose qu’elle n’avait jamais entreprit et la faisait maugréer.

C’est à ce moment que le chevalier traversait la porterie et s’adressait à un artisan venu avec Maître Colin.


Citation:
Toi, là !
Où sont les maîtres en ces lieux ?


Aryanha s’immobilisa en voyant l’homme, longue chevelure blanche, droit et fier comme un preux chevalier sur son destrier. Elle le détailla un moment avant d’intervenir. Une main sur sa dague pendue à sa ceinture, elle répondit fermement :

C’est moi l’occupante de ces lieux !


Elle n’aimait pas sa façon ironique de l’observer.
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--Chevalier.roland.d.ars
Le chevalier descendit de cheval et s’avança vers elle pour la saluer humblement.

Je suis Roland d’Ars, Dame.

La surprise était de taille, il ne s’attendait pas à découvrir la Vénitienne en tenue de fermière.

Veuillez pardonner ma visite impromptue. Je ne voudrais en rien déranger ni manquer de courtoisie.

Il ne voulait point lui avouer que certains préjugés l’avaient poussé jusqu’ici. Il s’attendait…mais à quoi s’attendait-il en fait ? La petite vénitienne qui se tenait devant lui, l’air fragile mais le regard téméraire en posant sa main sur sa dague, l’étonnait. Il pensait voir une femme plus âgée, plus de maturité. Il promena son regard sur les lieux, s’apercevant qu’elle venait juste d’y prendre possession, mais aucune sentinelle, aucun seigneur à ses cotés, alors qu’il savait pertinemment que la campagne n’était pas sûr, et que les rumeurs circulaient vite, on devait savoir aux alentours qu’une maison-forte n’était point gardée. Un libre accès pour les brigands. Quelques gardes suffisaient, tout au plus trois ou quatre, pour mettre rapidement la maison-forte en état de défense. Et là que voyait-il ? Quelques artisans finissant leur tâche et qui rentreraient se réfugier avant la nuit derrière les murs de Dijon, un notaire inoffensif qui les accompagnerait, une domestique et la Dame des lieux. Son regard se déplaça de bâtiments en bâtiments qui formaient la cour, il se revoyait maître des lieux, son épouse l’accueillant avec ce sourire qui restait douloureusement dans ses souvenirs.
Que lui avait confier le notaire ? Ha oui…Un seigneur rarement présent, une troupe de gens qu’elle attendait venant de très loin.
Il l’observa. La petite vénitienne armée de sa dague changea le chemin de son abnégation, même si son hardiesse était imprudente. Son jugement changeait, elle avait sûrement besoin d’aide, une aide qu’elle n’avouerait point, qu’elle ne quémanderait pas, il le lisait dans ses yeux. Les moines pouvaient bien attendre son retour, ils possédaient déjà le fruit de la vente de la Burgondière.
Sa voix de baryton déclara :

Dame Aryanha…Je vous propose ma présence comme sentinelle en attendant que vos gens arrivent.
Ce serait un grand honneur de défendre ces murs qui désormais sont les vôtres.


Aryanha


Les jours passaient…et la monotonie d’un mois de novembre aussi. la pluie restait omnie présente, un vent s’acharnait sur les dernières feuilles rescapées sur les branches des arbres, tandis que d’autres s’amassaient sur le sol formant un tapis d’or dans la cour de la Burgondière. Aryanha s’habituait à sa nouvelle vie et à ces nouveaux lieux même si son seigneur d’époux lui manquait, il était trop accaparé par ses vignes et son vin.

Pour la première de fois de sa vie, Aryanha était présente dans les cuisines. Il lui arrivait de tailler une bavette avec Anceline en plumant une oie, ou en épluchant des légumes, mais souvent Aryanha se tenait dans les écuries à prendre soin de Jolie-Brise. Le reste du temps quand le ciel ne permettait pas les sorties, elle restait devant le feu de la grande cheminée en pierre, et brodait ou lisait quelques chapitres d’un recueil précieux.

Le chevalier Roland d’Ars avait pris ses quartiers dans la tour quadrangulaire où une petite salle avait été aménagée en salle d’armes et logeait dans la chambre attenante.
Depuis ce jour où il était revenu à la Burgondière, Roland avait engagé un garde, Taillefer. Les deux hommes avaient croisé le fer dans une taverne de Dijon.
A la recherche d’une sentinelle qui pourrait le relayer, le chevalier avait fait la tournée des tavernes de Dijon et s’était arrêté devant le courage de cet homme à la haute stature trapue, à la face poilue de plusieurs jours et désagréable au regard, à tel point qu’Aryahna frémissait de crainte dés qu’elle le croisait, et elle ne savait pas si elle préférait le faire du coté où il lui manquait un œil, pour qu’il ne la voit point, ou du coté de son œil valide. Taillefer, homme sans loi, mercenaire à ses heures perdues, avait essuyé ce soir là une querelle contre quatre gaillards des plus douteux. Le chevalier remarqua sa témérité plus que sa force. Il ne se serrait pas arrêté pour lui porter main forte s’il n’avait point vu cette étincelle d’honnêteté dans le regard. Un mercenaire oui, mais point un de ces soudards sanglants.

Roland d’Ars se sentait de nouveau vivre, son intérêt dépassait les tourments qui l’habitaient. Revoir la Burgondière, ces lieux, qui l’avaient chéri, les dépendances avec l’étable et l’écurie, le logis familial d’une simplicité monastique… ces lieux lui manquaient, ils étaient toute sa vie. Aryanha n’avait pas usurpé sa place, elle l’avait gagné.

Ce jour de novembre, la pluie ne cessait plus de tomber. Aryanha entendait le vent crier. Les flammes vacillaient dans la cheminée, seul leur chant brisait le silence. La jeune femme avait hâte que Govran, son palefrenier et escorte, revienne avec ses affaires, sa dernière missive datait et elle s’inquiétait.
Le jour s’était couché tôt, et une nuit noire embrassait la maison-forte. Aryanha posa son recueil sur la petite table et se leva en s’enroulant dans une grande étole de laine. Elle s’empara de la chandelle qui l’éclairerait jusqu’à sa chambre. Derrière les courtines de son lit, elle se glisserait dans les draps tièdes, qu’Anceline aura pris soin de bassiner, et s’enfoncerait sous le duvet.
Mais avant…avant, elle regarderait une dernière fois par la fenêtre.
Peut être entendrait elle les sabots d’Etalon ?
Peut-être entendrait-elle les portes s’ouvrir…sur son époux.
Peut être que ce soir, il abandonnerait ses tonneaux de vins pour la rejoindre.

Aryanha se détourna de la fenêtre et marcha jusqu’à sa chambre. Elle posa la chandelle sur la petite table prés du lit. Le feu dans la cheminée flambait doucement et laissait une lumière hésitante danser dans la pièce. Les courtines du lit étaient tirées. Aryanha se glissa dans les draps tièdes, Anseline venait de le bassiner. Elle s’enfonça sous le duvet et ne tarda plus à s’endormir.

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Aleryk
Après avoir terminé sa première récolte de raisins qui lui avait certes prit du temps et de l’énergie et avoir discuté quelque peu en place publique avec la Duchesse et certains de ses conseillés ou alliés, Aleryk chevauchait au grand galop en direction de leur nouvelle demeure.
Il savait que pendant qu’il usait ses fonds de braies sur les bancs de l’université et s’occupait de son raisin chéri sa tendre épouse s’était chargée de leur trouver une bâtisse digne d’eux quelques peu à l’écart des fortification de la ville.

Il faisait déjà nuit noire, il pleuvait à seaux, les rafales de vent secouaient les arbres de la campagne bourguignonne mais rien n’y faisait, il avait décidé de rejoindre enfin son aimée et était impatient de découvrir le nid d’amour qu’elle leur avait préparé.
Tout en serrant les rennes de son fidèle étalon il tentait de se souvenir des explications de son épouse afin de se rendre à leur nouvelle propriété
… ce doit être par là, elle m’a dit de suivre l’Ouche jusque …. heuuu … ha tiens, un bosquet ca devait être jusqu’ici … pas loin de mes vignes elle a dit … oui ben … j’en ai beaucoup moi des vignes et il fait noir … comment a-t-elle dit que ca s’appelait encore ? … arf … je ne sais plus … une histoire de bourgeons … la bourgeonière, la beguinière, la bourgognoise … heuuuu … si seulement il y avait quelqu’un à qui demander mon chemin … Perdu dans ses réflexions géographiques son attention fut attirée par une grande silhouette qui semblait sortie de nulle part et marchait au beau milieu du chemin de terre là bas … devant lui. Il ralentit l’allure et s’arrêta à hauteur de l’homme. Ce dernier leva la tête cachée sous un vieux chapeau détrempé et tout en posant la main sur son épée fit deux pas en arrière afin se mettre hors de protée d’Aleryk. Croisant le regard de l’individu maintenant sur ses gardes, le vénitien remarqua qu’il avait perdu un œil et avait le visage plusieurs fois balafré. Un mercenaire sans doute … mais que diable pouvait-il bien faire là en pleine nuit par ce temps !
Qu’importe … il s’adressa à lui.

Holla Messire ! Ne craigniez rien je ne vous veux aucun mal.
Je cherche une bâtisse qui doit je pense se trouver non loin d’ici et ou je viens d’emménager avec mon épouse. Heuuuu … comment est-ce … La Bourgeonière ! Savez-vous par hasard ou elle se trouve ?


L’homme esquissa un sourire et tourna la tête dans la direction que poursuivait le chemin de terre. Il tendit le bras droit devant.
Ale leva les yeux et se rendit compte que quelques mètres plus loin se trouvait l’entrée d’un domaine dans lequel on pouvait apercevoir les contours d’une tour carrée.


Ha ben … je crois que je suis arrivé !
Merci mon brave !


Remettant son cheval au galop il entra sans hésitation dans la cour de la maison forte.
Il sauta de cheval et pénétra tout dégoulinant dans la bâtisse.
Il reconnu tout de suite les goûts délicieux de son épouse en découvrant la décoration des lieux, mais là n’était pour l’instant pas sa priorité, c’était surtout Elle qu’il voulait retrouver !
Ses bottes claquaient sur le sol de pierres de bourgogne et ne voyant aucunes lumière au rez de chaussée, il se dirigeât directement vers le grand escalier, sans prendre soin de se dévêtir et laissant derrière lui, flaques d’eau et mottes de terres qui se décollaient de ses semelles.
Montant l’escalier à grand bruit, il se mit à crier.


Arya mon amour ? Tu es là ?
Je suis rentré ! Ou te caches-tu ?
Aryanha

Enfouie dans ses oreillers au doux duvet, endormie dans un de ces sommeils reposants, Aryanha rêvait…

Un soleil éclatant brillait dans un ciel d’azur qu’aucun nuage ne déchirait. L’air était doux et Aryanha pouvait sentir sa tiédeur sur sa peau. Sa longue chemise vaporeuse flottait autour d’elle et ses pieds reposaient nus sur un tapis chaud de feuilles mousseuses. Elle se trouvait au milieu de la cour de la Burgondière. Au loin une voix, une voix qui faisait vibrer son cœur…
Citation:
Arya mon amour ? Tu es là ?
Je suis rentré ! Où te caches-tu ?

Aryanha se retournait encore, elle ne le voyait pas…Ale ?…Aaaale ?

Aaaale !

Aryanha se réveilla en sursaut. Avait-elle rêvait qu’elle entendait sa voix ?

Des bottes résonnaient sur les marches de l’escalier, un pas retentissait dans le couloir qui conduisait à la chambre. Le cœur battant à tout rompre, Aryanha se redressa. Elle ne rêvait point. Mais était ce lui ? Etait ce son époux qui rentrait ? ou était ce son imagination qui lui jouait des tours ?
Lestement, elle sauta du lit et ouvrit le coffre d’ébène. Elle s’empara de sa dague qu’elle retira du fourreau. Armée, elle attendit. Sa longue chemise vaporeuse flottait et ses pieds nus reposaient sur le sol en bois. Elle regardait autour d’elle, elle se trouvait au milieu de la chambre, une impression saugrenue d’avoir vécu cet instant dans son rêve. Puis au son des pas qui s'approchaient, elle garda le regard fixé sur la porte de la chambre.

_________________


Aleryk
Ale gravissait les marches de l’escalier quatre à quatre et arrivait à l’étage. Il découvrit un couloir de chaque côté duquel se trouvait 2 portes.
Etonné de n’en voir aucunes des quatre s’ouvrir sur la divine silhouette de son épouse il commençait à se demander si elle était bien là !
Les talons de ses bottes blanches maculées de boue résonnant sur le vieux plancher il prit la direction de la première des portes et l’ouvrit sans la moindre hésitation. Il faisait un noir absolu dans la pièce et il lui semblait avoir deviné les contours d’un lit grâce à la faible lueur des bougies qui brulaient dans le couloir. Une fois que le grincement de la porte cessa, Ale entendit un léger et doux ronflement en provenance de ce qu’il avait pris pour un lit.
Et bien ! Elle à le sommeil lourd en Bourgogne … voici qu’elle ronfle maintenant !
Il se dirigea vers l’origine du bruit tout en s’étonnant que son épouse n’ait pas choisi une chambre pourvue d’une cheminée. Il faisait froid et humide dans cette pièce, ca ne lui ressemblait pas. Arrivé auprès de la couche il glissa la main dans les cheveux de son épouse …
mon cœur ? tu dors ?
En prononçant ces mots il senti sous ses doigts une chevelure bien plus courte et éparse que celle de son épouse. La femme sommeillant dans le lit sursauta et dans un cri fit un bond de l’autre côté du lit se retrouvant en tenue légère face au vénitien, elle était visiblement terrifiée.

Hey ! Mais qui êtes vous vous ? Que faites-vous dans MA maison ? Où est donc passée mon épouse ?

Le ton prit par le maitre des lieux était sec et sévère.

Heuuuuuu … mais ….. heuuuu … mess .. messire … je je … je suis Anseline, la femme de chambre de Dame Aryanha. Je .. je vous en prie ne me faites pas de mal …

Ale éclata de rire en voyant la mine dépitée de la femme. C’était encore bien une chose qui ne pouvait lui arriver qu’à lui ca, même si il n’y avait eu qu’une seule chambre il aurait trouvé le moyen de se tromper !
Sans montrer son embarra, il reprit sur un ton plus clément.


Ha ! La femme de chambre, heuuu … bien bien ! Je vous cherchais justement ! J’imagine que ma chère épouse vous à laissé dormir ici le temps que les dépendances dévolues aux domestiques soient rendues un peu plus confortables, c'est bien elle ca ! Elle à bien fait ! Et puisque vous êtes là, indiquez moi donc la chambre de mon épouse je vous prie !
Aryanha

Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

Un cri !
C’était Anceline !
Morbleu ! Que se passe t-il ?

Aryanha serra plus fermement sa dague en entendant les pas lourds. Serrant les dents, comme pour se donner plus de courage, elle ouvrit de l’autre main la porte, doucement…qu’allait-elle découvrir ? Roland et Taillefer n’auraient laissé personne franchir les portes. S’il y avait eu lutte, elle aurait entendu crier les avertissements ou le croisement des fers, mais rien…dehors le calme régnait. La lumière de l’âtre répandait une faible clarté jusqu’au seuil de la chambre. Aryanha s’aventura en dehors de la pièce.

Des voix…Elle soupira et laissa retomber son bras qui tenait la dague. Elle reconnaîtrait cette voix parmi tant d’autres ! Comme elle reconnaîtrait cette silhouette au milieu de la foule ! Son cœur sous le charme, ses yeux brillaient de joie de le voir ici, il lui avait tant manqué à user ses braies sur les bancs de l’université, et à comptabiliser chaque raisins sur sa grappe et chaque grappe sur son cep de vigne qu’il en oubliait de comptabiliser qu’il n’avait qu’une seule épouse. Son regard reflétait tout l’amour qu’elle éprouvait pour lui et qui débordait de son cœur.

Aleryk… !

Et puis…et puis, sa fierté revint au grand galop ! en un éclair, son imagination se posa trop de questions et son intonation changea :

Sacrebleu Ale !
Qui diantre te pousse à entrer dans la chambre d’une servante !
Qu’elle chose aisée pour un époux de rentrer de la ville en pleine nuit et se fourvoyer dans les bras d’une gueuse avant de rejoindre sa Dame !


Aryanha pris son air hautain dans sa robe de nuit si légère que la lumière du feu dans la cheminée révélait les contours de son corps, les pieds nus qui se refroidissaient sur le sol souillé de terre par les bottes d’Aleryk, et ses cheveux dénoués qui tombaient en cascade jusqu’à la courbure de ses reins. Devant la silhouette de son époux, Aryanha plus petite, se redressa arrogante et releva son menton.

Vous vous égarez mon ami…vos pas auraient du vous mener à une seule porte !
La mienne !

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Aleryk
Sans avoir eu le temps de suivre la servante qui de toute manière était toujours pétrifiée de l’autre côté de sa couche, Ale entendit des pas arriver derrière lui. Des pas qui ne pouvaient trahir qu’une seule personne … Elle !
Il se retourna oubliant jusqu’à la présence d’Anceline et sourit à son épouse mais … pas longtemps hélas. Elle semblait courroucée … allez savoir pourquoi !
Mais bon … Ale se dit que c’était une femme et que les femmes et leurs humeurs !


Ha te voilà toi ! Il n’est point aisé de trouver notre chambre dans cette grande bâtisse !
Ne m’as-tu pas entendu t’appeler dans l’escalier ?
A vrai dire mon amour … hum … au travers de la porte, j’ai confondu les ronflements de ta servante avec les tiens. Tu ne vas tout de même pas m’en tenir rigueur ?


Ale la regarda tout en arborant son sourire le plus charmeur.
Aryanha
Elle l’écoutait outrée, et son sourire le plus charmeur ne fit qu’aggraver son humeur !
Comment ça ? Il la confondait avec une de ses suivantes, et osait même rajouter qu’elle ronflait !
Bien qu’au plus profond d’elle, elle le connaissait et savait que toute son imagination était fausse, mais son irritabilité ne voulait rien entendre. Son regard bleu profond se brisait dans celui de son époux. Elle était prête à tout lui pardonner, même sa vilaine délicatesse, elle savait qu’il n’en avait aucune et parfois se mettait à penser que c’était soit du à sa propre personnalité, soit à une réelle impertinence qui l’animait souvent. Aryanha ne voulait en aucune sorte lui céder. C’était ainsi, la petite vénitienne était butée bornée. Elle releva le menton en redressant son buste comme un coq en colère.


Et bien soit mon seigneur adoré ! Dormez où cela vous chante !
Quant à moi, je retourne ronfler dans notre chambre ! A vous de préférer le chant de mon souffle ou celui de ma servante !


Elle fit mine de repartir mais s’arrêta et ajouta d’une voix plus douce :

Arrête Ale… de me faire ton regard enjôleur !

Sur ces derniers mots, elle repartit dans sa chambre. Et au loin, elle lui cria :

Aaaaaaale !
Enlève tes bottes crottées avant d’entrer dans la chambre !

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Aleryk
Haaaaa … mais il connaissait bien ce regard et cette attitude conquérante que pouvait parfois arborer sa tendre épouse. Ce n’était certes pas la première fois qu’il y avait droit !
Mais bien au-delà de son caractère bien trempé et de sa propension naturelle à tenir tête à tout ce qui bougeait sur cette Terre, Arya était une femme d’une rare tendresse et pleine de compréhension pour son incorrigible et maladroit d’époux.
Alors bien sur, il lui souriait de son petit sourire charmeur tout en plongeant son regard dans le siens, les yeux brillants d’admiration pour cette femme merveilleuse.
Il savait pertinemment que bien qu’elle semble en colère tel un coq délogé de son tas de fumier, elle n’en restait pas moins sa douce Aryanha.

Il la laissa donc tourner les talons sans ajouter une quelconque provocation à la situation et la regarda se diriger vers la chambre sachant parfaitement qu’elle allait se retourner avant d’y arriver.


Citation:
Arrête Ale… de me faire ton regard enjôleur !

Aaaaaaale !
Enlève tes bottes crottées avant d’entrer dans la chambre !


Il la suivit donc sans hésiter, mais en oubliant d'ôter ses fameuses bottes blanches … qui ne l’étaient plus guère.

Me voici mon amour ! Attends moi donc ! Que cette fois au moins je ne me trompe pas de chambre. On ne sait jamais que tu n’aies pas engagé à ton service que des femmes … je n’ai point envie de me faire occire dans ma propre maison.

Le sourire aux lèvres et semant de la boue partout, Ale emboita le pas de son épouse tentant de lui attraper la main qui balançait énergiquement le long de sa cuisse en claquant contre le pan de sa nuisette quelque peu transparente.
Aryanha
Evidement, il la suivait avec ses bottes crottées ! Le sol de la chambre serait souillé ! Aryanha soupirait. Un gros soupir !

Cesse de dire que tu confonds mon souffle si délicat avec le ronflement si désordonné d’une autre !

Elle grimpa dans son lit où elle glissa ses pieds nus et froids en songeant au sol qu’il faudrait frotter au matin. La colère redescendait aussi rapidement qu’elle était montée. L’air penaud mais si charmant de son drôle d’époux pris le dessus et elle lui rendit un sourire.

Viens…je t’attends depuis des nuits, des nuits entières.
Tu m’as manqué…


Elle savait qu’au petit matin, elle se réveillerait comblée.
Elle savait qu’il connaissait maintenant le chemin de la Burgondière qui était sagement gardée par Roland d’Ars et Taillefer.
Elle savait que malgré ses occupations dans la vigne et ses cours à l’université de Dijon, il viendrait la rejoindre comme il l’avait toujours fait depuis ces premiers jours où ils étaient enfants à Venise. Elle savait…

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Aleryk
Un long soupir … puis un sourire ! Haaa … elle souriait ! Bien que connaissant le tempérament impulsif de sa tendre épouse, Ale était toujours heureux quand il la voyait redescendre de ses grands chevaux. D’ailleurs, il se demandait si parfois il ne la taquinait pas un peu sciemment juste pour la voir retrouver son calme après. Mais non non … finalement ce n’était du tout son style ca !

Quoi qu’il en soit, il s’empressa de lui obéir sur le champ et la suivi dans la chambre tellement empressé qu’il en oublia … d’ôter ses bottes !
Le sol de la chambre était, contrairement à celui du couloir, fait d’un parquet nouvellement ciré et parfaitement lisse. Son épouse avait sans doute pris le soin de le faire faire en premier afin que leurs pieds respectifs ne risquent pas de se trouver transpercés de multiples échardes.
Fort du sourire retrouvé sur le doux visage de son épouse et flatté par ses dernières paroles qui lui annonçaient un début de nuit particulièrement … agréable, il pénétra donc dans la pièce d’un pas décidé.
Malheureusement pour lui, le parquet ciré et la boue humide collées à ses semelles lui rappelèrent bien vite qu’il aurait du enlever ses fameuses bottes. Le sol se déroba sous ses appuis et il glissa les pieds en avant s’étalant de tout son long au pied du lit dans lequel l’attendait déjà son épouse.


Hey … arffff … oulaaaaaaaaa … aïïïïïe !

Levant les yeux vers son épouse allongée dans le lit bien au chaud et dont le visage était penché au-dessus de lui, il lui sourit un peu gêné.

Tout va bien mon amour ! Je ne me suis pas fais mal, tout va bien !
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