Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 6, 7, 8   >   >>

[RP]Sémur, ces murs, nos murs.

Walan
Ils étaient revenus depuis quelques jours à peine de la levée de ban royal. Ils ? Les membres de la Licorne rentrant à Sémur, dont Walan en l'occurrence. Retournant dans les tavernes de la cité quelques heures les soirs, le vicomte s'y installait généralement en vue de la porte et y écoutait les conversations en silence -du moins le plus souvent-. Bien souvent néanmoins, il était auprès de yeux noisettes tant aimés.

La soirée s'annonçait similaire aux précédentes, à ceci près qu'il était seul pour l'instant, lorsque son regard gris acier découvrit, non sans un haussement de sourcil, Matheline se dirigeant vers lui.

Quelques minutes plus tard, après moult œillades, explications confuses, tentatives de frôlements et autres de la part de la domestique -et autant de chose que Walan ne sembla pas remarquer le moins du monde-, le vicomte entrait à la suite de celle-ci dans la nouvelle demeure d'Anne à Sémur, puis dans la chambre de la jeune femme.

Observant la forme sous l'édredon, Sans Repos s'en approcha d'un pas calme avant de demander, perplexe.


Anne, peut-on savoir ce qui vous fait garder le lit à une telle heure ?
_________________
Anne_blanche
Anne avait toujours détesté les voyages. Le tout premier qu'elle avait fait, arrachée à sa jumelle et à son frère, cherchant, contre une Matheline qui la repoussait sans cesse, un peu de réconfort à sa terrible angoisse, l'avait marquée à tout jamais. Il y en avait eu bien d'autres, depuis : quand on est officier royal, on passe beaucoup de temps à Paris. Anne avait pris l'habitude, pour tuer le temps et oublier les cahots, de travailler. Son coche était équipé pour cela.
Cette fois, ça n'avait pas été aussi simple, surtout au retour. Le petit Philippe-Levan, que l'on ramenait à Saulieu, voulait tout savoir, tout comprendre, tout se faire expliquer. Anne avait passé trop de temps à protéger le prince des vents coulis, et pas assez à s'en garantir elle-même. Elle avait pris froid.

Elle aurait voulu rester auprès de Philippe-Levan. Elle l'avait élevé, cet enfant qui n'était pas le sien, avec plus d'amour qu'elle n'en donnerait jamais à Sylvain et Anne-Marie. Elle l'avait servi avec la même dévotion qu'elle avait eue pour le Dauphiné, puis pour la Couronne. Désormais, il n'avait plus besoin d'elle. La Couronne avait changé de tête, le Dauphiné n'entretenait plus avec elle ce lien ancestral qu'avait incarné l'enfant. Il serait désormais élevé par une mère qui ne le connaissait pas. Quand Anne était remontée dans le coche, seule, elle avait très vite fait tomber les rideaux de cuir devant les vitres.

Elle s'était mise à tousser. Elle toussait depuis Valence, en fait. Les premiers soleils sont parfois mauvais. Elle était rentrée dans cet hôtel vétuste que les ouvriers n'en finissaient pas de remettre en état, et était immédiatement montée se coucher.
Ce n'était pas la première fois qu'elle connaissait ce noir désespoir, cette sensation d'inutilité. Le vide s'installait en elle, plus vaste qu'elle, et elle ne parvenait pas à le combler de la présence du Très-haut.
Se coucher, voler un peu de chaleur à ce chat qui serait bientôt mort, et attendre. La toux lui déchirait la gorge. Elle n'avait plus envie de rien. Entre deux quintes, elle priait pour que la suivante l'étouffe.


Anne, peut-on savoir ce qui vous fait garder le lit à une telle heure ?


Oh non, pas ça, pas Messire Walan. Il allait la raisonner, lui parler de ses enfants, de l'inutilité de la démission, de l'acédie, de mille et une choses rationnelles et totalement absurdes. Pas ça. Ruser...
De dessous l'édredon, sa voix sortit, entrecoupée de toutes petites inspirations, parce qu'elle avait peur de se remettre à tousser si elle respirait trop profondément.


Tout cela... m'a épuisée... Je dors... Au revoir..., Messire Walan.
_________________
Armoria
Elle n'avait pas eu le temps de passer en personne, mais mortecouille, elle avait décidé d'écrire.

Citation:


Le bonjour, dame Anne,

J'ai ouï dire, hier au soir, lors d'un rapide passage en taverne, que vous ne croyiez plus en une chance de voir la perfide décision héraldique de l'ignoble berrichon annulée par la Pairie. Puisque j'ai la naïve et présomptueuse idée que vous accordez quelque crédit à mes paroles - voyez si l'orgueil parfois me reprend ! - et n'ayant point eu le loisir de vous rendre visite pour vous le dire en personne, que la présente le fasse à ma place : je vous confirme que vous avez bel et bien eu gain de cause.

Puisse cette nouvelle vous apporter du baume au cœur.

Cordialement,
AdM

_________________

Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Mariealice
Petite promenade pour profiter de ce début de printemps, du calme et du retour à Sémur. Bien des choses tournaient sous les boucles brunes, bien des décisions à prendre, des choses à faire. Elle finit par se retrouver non loin de la taverne dans laquelle Walan se trouvait, juste à temps pour voir Matheline entrer puis ressortir très peu de temps après, suivi du Vicomte.

Haussement de sourcils. Que se passait-il? Curieuse, parce que oui elle l'était curieuse la dame, elle ne put s'empêcher de les suivre, essayant de presser le pas pour les rattraper avant de les voir disparaitre dans ce qui devait être, d'après la description qu'Anne leur en avait faite, la nouvelle demeure de cette dernière. Une visite de Walan à Anne ne lui posait pas question, ce qui le faisait par contre c'était qu'elle toussait beaucoup et refusait de se soigner et que, de toute évidence, Matheline était venue le chercher lui.

Sur le seuil, alors que son poing se levait pour frapper à la porte, Marie eut une hésitation. Devait-elle les rejoindre également? Ne valait-il mieux pas le laisser faire d'abord? Un petit soupir avant que de finir par se décider et laisser sa main rencontrer le bois.

_________________
--Bacchus


Dans la cour déserte, Bacchus tourne en rond, à en user le pavé qui ne tient déjà pas trop à la terre. Dame Anne tousse à se cracher les poumons, et quand il lui a proposé d'aller quérir un mire, elle lui a lancé un regard à lui glacer les sangs. Elle est partie se coucher sans demander après les petits, sans râler après ces bâsins de maçons qui font un raffut de tous les démons.
Matheline est sortie en trombe, et elle est revenue en remorquant Messire Walan. Bacchus s'est fondu dans l'ombre, contre le mur. Quand Messire Walan va voir Dame Anne si mal en point, pour sûr qu'il va lui en vouloir. Mais c'est qu'elle est cabêchue, Dame Anne ! Quand c'est dans la cabêche qu'elle a son idée, c'est point dans la caille. Le vicomte le sait bien, lui qui surveille la petite depuis tant d'années.


Boudiou d'boudiou d'boudiou d'sapré sauteriot d'mes deux ! Norf de norf ! Si seulement Messire Gabriel l'avait point cané ! Pis si c'te bâsine de cardinal l'avait point envoyé chez les sauvages, aussi !


Il cause tout seul, le Bacchus, rancariné dans son coin de cour.
Quand le gone à la livrée de Saulieu passe timidement la tête dans la porte, tout juste s'il ne lui saute pas à la gorge.


Donne ta missive et décanille ! Dame Anne est borbée, e'r'pondra point. Zou ! Décanille !

Le vantail va claquant contre le mur, et Bacchus se retrouve bien embêté, avec à la main ce parchemin dont il ne sait que faire. Il lève la tête vers les fenêtres d'Anne.

Mais kék i's'passe, là-h... Quoi, encore ?!


On a frappé. Il va ouvrir, faut ben. Il arrache son bonnet en reconnaissant la dame dans la rue. Le parchemin tombe, le bonnet tombe, les bras lui en tombent et sa belle moustache, dont il est si fier, ne vaut guère mieux.

Dame... Dame ... Damarie ... Houlà ! C't'un grand malheur, Damarie ! C'est Dame Anne. C'est... norf... faites pardon si j'vous d'mande esc... norf non... Faites escuse Damarie...

Il sue à grosses gouttes. Il se penche pour ramasser le parchemin, le bonnet, se redresse, la main aux reins.


Chais pus quoi faire, Dame. Ya la Matheline qu'a quéri Messire Walan, pis ya le gone de chez Son Altesse qu'a porté ça aneu. Chais pu quoi faire...

Son gros chef branle sur son cou de taureau, ses bons yeux se mouillent, et le voilà qui regarde Dame Marie-Alice comme si Aristote en personne s'était pointé à l'hôtel dans ses plus beaux sabots roses.
Walan
Haussement de sourcil -de mauvais augure, généralement, mais Anne ne pu le voir de sa position- sur le visage du vicomte tandis qu'il entendait la voix étouffée de la jeune femme s'élever de sous l'édredon.

L'épuisement ne fait pas tousser Anne, par contre la toux épuise. Luttez donc contre la cause plutôt que contre l'effet, soyez maligne et sortez donc de là dessous, ça ne vous aide certainement pas à respirer.

S'approchant du lit, Sans Repos tira sur l'édredon pour tâcher d'en découvrir Anne, mais fut interrompu par du bruit dans la cour. Se dirigeant vers la fenêtre donnant sur celle-ci, il pu voir un Bacchus nerveux ouvrir à Marie Alice. Un léger sourire aux lèvres, Walan observa la scène -enfin, surtout en partie de celle-ci- avant de se tourner vers la maîtresse de maison.

Anne, vous avez une visiteuse de haut rang, et je doute qu'on vous ait appris à recevoir celles-ci de cette manière.

Se tournant vers Matheline, il s'adresser à celle-ci rapidement avant de reprendre son observation de la bosse sous l'édredon : Voudriez vous aller chercher ladite visiteuse je vous prie ?
_________________
Mariealice
Le sourire de Marie à la vue de Bacchus, qui comme à chaque fois qu'il la voyait perdait ses moyens, disparut aussi vite qu'il avait apparu. Cela avait l'air bigrement sérieux quand même.

Bonjour Bacchus.

Elle le suivit des yeux alors qu'il se penchait et ramassait le parchemin, peinant à saisir son patois berrichon.

Son Altesse? Armoria? Ah oui elle m'avait dit lui écrire en effet.

Bon, calmez-vous, on va bien arriver à la raisonner à nous tous. Non parce qu'elle est têtue mais moi aussi. Et Walan aussi. Et vous aussi. Et Matheline aussi. Non mais des fois!

Euh... Au fait, je peux rentrer?


Beh oui, il était toujours dans le passage hein.
_________________
--Bacchus


Bacchus boit les paroles de la Dame. C'est une grande dame, Dame Marie-Alice. Une trèèèèèèèèèèèèèèès grande dame, même. Et même que Dame Mentaïg le disait, c'est dire ! Alors quand elle parle, il écoute. Il hoche sa grosse tête, et il écoute, et ses yeux se mouillent encore plus, parce que la dame trouve toujours les mots.


Oui... Oui-da ! la raisonner, oui-da.

Euh... Au fait, je peux rentrer?


Bacchus fait un bond en arrière pour dégager le passage.

Houlà oui, Damarie ! Rentrez ! T'nez, faites point cure aux maçons, ces gens-là n'savent que bruiter et tout poussiérer. V'nez ça, Damarie. La chambre de Dame Anne l'est là-haut.

Il court presque, ses bajoues tremblotent.
D'un geste plein de dignité, il pousse la porte d'Anne, manque envoyer le vantail écraser le visage lunaire de Matheline, qui s'apprêtait à sortir. Il reprend sa voix d'huissier, celle dont il usait quand il travaillait au Castel des Ambassades de Bourges, il y a des ans et des ans, et clame :


Sa Seigneurie Marie-Alice, Grand Maître de France !

Sa voix fait trembler les vitres, si bien qu'il rentre la tête dans les épaules, tout près à recevoir sur la tête le plafond de la chambre, avant d'ajouter :

Pis ya eun' lettre de Son Altesse, aussi. 'fin Son Altesse mère, point Sa petite Altesse Philippe.
Anne_blanche
Il faisait chaud, sous l'édredon. Bien trop chaud, même. La fièvre s'ajoutait aux plumes et à Vignol pour tremper les vêtements d'Anne. Elle s'était couchée tout habillée, n'ayant pris le temps que d'arracher sa guimpe, et ses cheveux lui poissaient les tempes et la nuque.

L'épuisement ne fait pas tousser Anne, par contre la toux épuise. Luttez donc contre la cause plutôt que contre l'effet, soyez maligne et sortez donc de là dessous, ça ne vous aide certainement pas à respirer.


La voix de Messire Walan lui parvenait, calme et posée, feutrée par l'épaisseur de l'édredon et par ses bourdonnements d'oreilles. Elle ne bougerait pas, ne respirerait pas, et il finirait bien par s'en aller. Un messire ne reste pas dans la chambre d'une dame, même si sa servante se tient dans la ruelle. D'ailleurs, pourquoi Matheline ne l'entraînait-elle pas dehors ? Elle le savait, pourtant, qu'Anne ne voulait voir personne. Le visage de la servante, déformé par un rictus triomphant, se mit à danser sous ses paupières. Sur ses épaules, l'édredon se tendit. Elle s'y agrippa, sans forces, et fut étonnée de sentir le tissu lui rester dans les mains.


Anne, vous avez une visiteuse de haut rang, et je doute qu'on vous ait appris à recevoir celles-ci de cette manière.


Qu'est-ce qu'il en savait, lui, de ce qu'on lui avait appris ou pas ? Ah si, il savait. Impossible de nier, ou de tricher. Forcément, Messire Walan savait, puisqu'il l'avait vue grandir. Impitoyable ! Il ne lui passerait rien. Une visiteuse de haut rang ? Quelle importance ?

Je ne veux voir personne...

Sa voix n'avait pas franchi la barrière de calicot et de plumes. Mais l'effort lui amena une nouvelle quinte de toux, au travers de laquelle elle saisit vaguement quelques bribes, "seigneurie", "Alice", "France".
Sans s'inquiéter de son aspect - narines pincées, teint grisâtre, cernes mauves qui lui mangeaient les joues, cheveux collés en longues mèches ternes - elle repoussa l'édredon, s'appuya sur un coude.


Pis ya eun' lettre de Son Altesse, aussi. 'fin Son Altesse mère, point Sa petite Altesse Philippe.

Ils se liguaient tous contre elle.

Ne peut-on me laisser dormir ?
Mariealice
Le bond en arrière lui arracha un sourire. Décidément il la faisait sourire et elle le trouvait attachant.

Merci Bacchus.


Tout en lui emboîtant le pas, elle laissa glisser son regard sur le bâtiment et sur les maçons en question en plein travail. Inutile de répondre au berrichon qu'il était difficile de travailler sans faire de bruit et de poussière.

Par contre, à propos de bruit, elle fit un bond en l'entendant hurler son nom et son poste, grognant au passage, une fois les battements de son coeur un peu calmer.


Hum.. Merci Bacchus...


Passant devant lui, elle entra dans la chambre, saluant Matheline, offrant un sourire à Walan et un air sévère à Anne.

Bonjour jeune fille. Pourrais-je savoir ce que vous faites ainsi couchée à cette heure de la journée?
_________________
Walan
Avant même que Matheline n'ait pu sortir pour aller chercher Marie, celle-ci pénétrait en fanfare -enfin, en "bacchusare"- dans la chambre, provoquant à nouveau l'apparition d'un fin sourire sur les lèvres de Sans Repos. Échangeant un regard gris avec les noisettes, il finit par revenir à Anne qui protestait faiblement -mais avait fini par apparaître, bien qu'avec une mine affreuse-.

Dormir on peut, rester malade non.

Et vous voyez donc, je ne suis pas le seul à dire que vous ne devriez pas être couchée à cette heure,
termina-t-il tandis que Marie Alice posait une question similaire à celle qu'il avait eut en entrant.

Avisant Bacchus et le parchemin dans sa main, le vicomte lui fit un léger signe.


Bacchus, si vous donniez cette lettre à votre maîtresse ou la lui lisiez -enfin, si elle accepte cela en notre présence- ?
_________________
Anne_blanche
Bonjour jeune fille. Pourrais-je savoir ce que vous faites ainsi couchée à cette heure de la journée?

Dame Marie-Alice... Anne enveloppa Matheline et Bacchus dans un même regard ou se lisaient tous les reproches du monde.

Bacchus, si vous donniez cette lettre à votre maîtresse ou la lui lisiez -enfin, si elle accepte cela en notre présence- ?

Anne n'était pourtant plus sous l'édredon, mais les paroles des uns et des autres lui parvenaient de fort loin. Elle ne pouvait les regarder sans voir leurs silhouettes se déformer, onduler. Les tempes lui battaient. Il fallait tout de même bien répondre, poliment, ne fût-ce que par respect pour la mémoire de sa mère et l'éducation reçue.

Je...

Une quinte de toux la coupa dans son élan, et la priva de ses dernières ressources en énergie.

Fichez-moi la paix.

Il faut croire que les dernière ressources n'étaient que les avant-dernières, car ses propres paroles, à peine prononcées, l'effarèrent. Elle aurait voulu les rattraper, mais c'était trop tard, et cet état de fait ne fit qu'ajouter à son désespoir. Elle referma les yeux, complètement désorientée.

Je veux dormir.
--Bacchus


Bacchus est debout dans l'encadrement de la porte. Il tourne le parchemin de Saulieu entre ses gros doigts, et se dandine d'un pied sur l'autre. Il n'ose pas entrer. Oh ! pas à cause que c'est la chambre de Dame Anne. Il l'a connue toute bousoute, Dame Anne, même qu'il l'a torchée plus d'une fois, vu que la Matheline elle faisait déjà ren qu'à dormir toute la sainte journée.
Mais c'est qu'ya du beau monde, là-d'dans ! Un double vicomte que quand on rencontre ses yeux on a envie que la terre s'ouvre pour se mucher dedans, et la plus haute dame du Royaume après Sa Majesté. Et encore... Ça ne tiendrait qu'à lui qu'elle serait pas que la deuxième, mais ça, Dame Anne a dit qu'il fallait pas le dire tout haut, parce que Sa Majesté est ointe et sacrée.


Bacchus, si vous donniez cette lettre à votre maîtresse ou la lui lisiez -enfin, si elle accepte cela en notre présence- ?

Ça, ça vaut quitus pour entrer tout de bon. Un pas en avant, un deuxième. Un troisième ? Ah ben ouiche, pour tenter de comprendre ce que la gazoute répond à Messire Walan. C'est qu'elle n'a plus de voix, la pauvre Dame Anne, à force de tousser.

Fichez-moi la paix.

La bouche et les yeux de Bacchus s'arrondissent en trois O parfaits. Il n'est pas sûr d'avoir bien entendu. Non, c'est pas possible. C'est pas ça qu'elle a dit, Dame Anne. Le regard effaré de Bacchus virevolte de Walan à Marie-Alice, revient sur Anne.

Je veux dormir.


Le pauvre Bacchus est mort de honte.
Ah mais non ! Ah mais ça ne va pas se passer comme ça ! Il ne sera pas dit que Bacchus aura laissé une Cornedrue dans la mouise. Trouver quelque chose, vite. La lettre. Oui, voilà. La lettre. Les gros doigts de Bacchus rompent le cachet. Il déroule le parchemin. Il lit. Il sait très bien lire, Bacchus. Dame Mentaïg lui a appris, et pourtant le duc poilu disait que c'était pas bien d'apprendre à lire aux gars comme lui.


'tendez ! 'tendez ! Dormez point de suite, Dame Anne.

Il s'agite exprès, pour que les autres oublient les paroles de sa maîtresse. Il bouscule Matheline, qui a le tort de se trouver trop près de lui. Il lit dans sa tête, comme il fait toujours avant de prononcer les mots à voix haute.

Dame Anne ! Eh ! Dame Anne !

Il n'en croit pas ses yeux, le Bacchus. Il exécute un pas de gigue, éclate d'un gros rire heureux.


Dame Anne ! On a gagné !

Et sans plus barguigner, oublieux de la qualité des personnes présentes, le voilà qui pose une fesse sur le bord du lit, et secoue Anne par l'épaule.


Ecoutez ! Mais écoutez donc !

Il lit la missive de Son Altesse, la voix entrecoupée de sanglots et de petits rires. Il la tend à la GMF, en lui montrant du bout de l'index les passages intéressants, court vers Messire Walan, recommence son manège.


Messire Gabriel est sauvé ! Dame Anne, faut point dormir !
Mariealice
La lettre. Ah oui la lettre. Hochement de tête suite aux mots de Walan. Dieu que cela était difficile de savoir mais d'être tenue au silence. Sauf si déjà l'annonce avait été faite. Mais comment le savoir de cette chambre.

Haussement de sourcil cette fois en entendant Anne répondre d'une façon qui ne lui ressemblait point avant de dire qu'elle voulait dormir. Là encore, Walan intervint et elle le laissa faire, se contentant d'être là.

Et Bacchus entra enfin, s'avançant, avec cet air embarrassé qu'il arborait souvent, comme s'il ne se sentait pas à sa place. Marie lui adressa un sourire qui se voulait réconfortant et le regarda faire. Il connaissait Anne depuis toute petite, semblait avoir développé pour la jeune fille une affection touchante et à cet instant, cherchait sans doute à masquer son trouble au ton employé par la malade.

Mais ses yeux s'arrondirent lorsqu'il se mit à danser, tout en riant et en interpellant Anne puis Walan et elle, répétant qu'elle avait gagné. Avant de comprendre qu'il venait de lire la lettre, même si c'était pour lui seul et sourit, franchement, tandis que la lecture était faite à voix haute.


Je sais Bacchus. Calmez-vous, je ne suis pas certaine qu'Anne comprenne si vous vous agitez ainsi.

Regard vers la jeune fille.


Voyez, je vous avais pourtant dit que vous aviez tort de ne plus y croire. Et maintenant Matheline dépêchez-vous d'aller lui préparer une bonne tisane pour la soigner. Parce qu'il est bien entendu qu'elle va la boire cette fois n'est-ce pas Anne?
_________________
Anne_blanche
Qui donc menait cette sarabande qui lui cognait au front ? Dame Anne... Dame Anne ... Damanne... tadam tadam tadam Damanne ... damnée Anne ! L'Enfer lunaire. Elle était aux portes de la Lune, prête à sombrer. Jamais plus elle ne reverrait Gabriel. Échoué. Elle avait échoué. Les enfants. Sylvain, Anne-Marie. Messire Walan ! Dame Marie-Alice ! Il fallait leur dire. Non, inutile, ils sauraient.

Dame Anne ! Dame Anne !

Bacchus, par pitié, taisez-vous. Le cocher l'entraîna dans sa danse macabre. Elle se sentit soulevée de terre. De terre ? Non, impossible. Elle était couchée, dans son lit, à Vienne. Ou à Culan. Non. Le lit était dur, et trop chaud. Paris. Oui, voilà, Paris. Sa maison de la Rue Neuve outre Petit-Pont, qu'il suffisait de descendre pour se retrouver sur l'arrière du palais des Académies, sans avoir à franchir la Seine.

Ecoutez ! Mais écoutez donc !

Anne écouta. Pouvait-elle faire autrement ?
... l'ignoble Berrichon ... quelque crédit à mes paroles ... je vous confirme que vous avez bel et bien eu gain de cause ...
Elle tenta de se redresser, retomba, épuisée sur l'oreiller. Avait-elle le droit d'y croire ?
... bel et bien eu gain de cause ...

Je sais Bacchus. Calmez-vous, je ne suis pas certaine qu'Anne comprenne si vous vous agitez ainsi.

Etait-ce elle qui avait parlé ? Non : on ne dit pas "qu'Anne comprenne" quand on parle de soi. Donc, ce n'était pas elle qui avait tancé Bacchus. Or, ce ne pouvait être Matheline, Matheline n'avait jamais pu se débarrasser de son horrible accent berrichon. Donc, c'était Dame Marie-Alice.
De toutes ses maigres forces, Anne cherchait le fil. Avec une infinie patience, elle tentait de remonter à la surface. Il lui fallait comprendre, raisonner, remettre en route un cerveau qui se refusait à fonctionner.
"Partez d'une certitude, Anne. C'est le début de la pelote : une certitude. Ensuite, le fil se déroule tout seul." La voix du Père Comis, maintenant. Tout s'embrouillait.
Une certitude : c'était Dame Marie-Alice qui avait dit "Je sais Bacchus". Donc, elle savait la même chose que Son Altesse Armoria. C'était la raison de sa venue, forcément. Anne se mit à compter et recompter sur ses doigts. Une, deux... une, deux... Elles étaient deux à savoir que Gabriel était réhabilité. Donc, c'était vrai.


Voyez, je vous avais pourtant dit que vous aviez tort de ne plus y croire. Et maintenant Matheline dépêchez-vous d'aller lui préparer une bonne tisane pour la soigner. Parce qu'il est bien entendu qu'elle va la boire cette fois n'est-ce pas Anne?

Les larmes se mirent à ruisseler sur les joues d'Anne. Elle leva péniblement la main pour désigner sa guimpe abandonnée sur le coffre au pied du lit, le symbole de ce deuil qu'elle avait voué porter jusqu'à la réhabilitation de son frère. Oui, elle allait les boire, les infâmes tisanes de Matheline.
Il en faudrait des pintes et des pintes pour combler ce vide ancré en elle.
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 6, 7, 8   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)