Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2, 3, 4, 5   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Renovatio...

Matouminou



Tout était prêt, les malles dans la carriole, le phare fermé et les dernières directives données. Matou grimpa prestement dans la carriole aidée par Stromboli et ils se mirent en route. Elle laissait derrière elle sa ville natale, une ville qu'elle avait tant aimé et pour ne pas la détester, elle préférait s'en éloigner quelques temps.

Il firent une halte chez Kal puis à l'auberge d'Eleena, le couple avait accepté de partir avec eux.

Il n'y avait rien de véritablement organisé, tout s'était décidé très vite. la seule chose dont ils étaient sûrs, c'est qu'il qu'ils rejoignaient Honfleur pour embarquer sur un bateau. Lequel? ça restait à déterminer.
La route de Fécamp à Honfleur se passa sans encombre. la lune avait été de la partie, les guidant de sa lueur blafarde.

Eleena avait pris place à l'arrière de la carriole, à côté de Matou, les deux hommes étaient devant. Stromb tenait les rênes, Kal, sa bouée. Depuis qu'il avait failli se noyer dans un abreuvoir, il ne la quittait plus, c'était du reste un cadeau de Stromb. Il l'avait choisie avec une tête de canard. Taillée dans un bois léger, elle faisait l'admiration béate de Kal.
Le fait de savoir qu'ils allaient traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre, avait conforté Kal de ne pas se séparer de cet objet salvateur, et comme le ridicule ne tue pas...

C'est à l'heure où se lève le soleil qu'ils arrivèrent sur Honfleur. Passer la douane ne fut qu'une simple formalité. Le LP de Stromb était en règle, les trois autres n'en avaient pas besoin.

Kal commença à trépigner, demandant quand ils trouveraient une taverne. L'homme était un fervent consommateur de calva, tout comme Stromb du reste, les femmes ne crachaient pas dessus, mais on connait leur côté raisonnable.
Le voyant s'impatienter, Matou, lui lança:


- bah de toute façon, si tu veux embarquer ce soir, tu peux mettre une croix sur le calva...parce que si tu veux emprunter la passerelle en marchant droit, et sans craindre de te retrouver à la baille, ben faut être sobre!

Kal avait blêmi, Matou avait ri. Il ne changerait jamais.
La journée s'écoula doucement et c'est dans l'après midi que Stromb leur annonça qu'ils pourraient embarquer le soir même sur L'Hespérides.
Une nouvelle histoire allait s'écrire...

_________________
Matouminou


MARDI 5 JUIN 1460 EMBARQUEMENT SUR L'HESPERIDES

Tous les quatre attendaient avec impatience de pouvoir embarquer. Ils rassemblèrent donc leurs affaires, veillant à ne rien oublier et se dirigèrent vers le port de Honfleur. Outre le fait qu'il y régnait une joyeuse animation, ils purent admirer les travaux de l'arsenal qui verrait le jour très bientôt.

Matou ne lâchait pas la main de Stromb, de peur de le perdre dans cette foule composée de voyageurs, de marins, d'ouvriers.
Didier, le portier reconverti en homme à tout faire, s'occupait de son côté de faire embarquer la charrette sur laquelle se trouvaient tous leurs biens ainsi que quelques précieux tonneaux de calva.

Kal et Eleena les précédaient, tant Kal était pressé de découvrir le mess, prometteur durant la traversée, de quelques bonnes tournées accompagnés de nombreux fous rires, tout le monde l'espérait.

Ils arrivèrent enfin devant le bateau. Celui-ci, flambant neuf, avait fière allure. Sa voile déjà levée, claquait au gré de la brise marine.
Ils s'engagèrent sur la passerelle et se présentèrent au capitaine Pom qui les guida jusqu'à leur cabine, leur annonçant que le départ se ferait dans l'après midi.

Celle-ci était assez spartiate, ne comportant qu'une couche, une petite table et un coffre dans lequel ils pourraient ranger quelques affaires. Toutefois, la traversée n'était pas assez longue pour qu'ils ne considèrent cet endroit autrement que pour y dormir.

Ils se retrouvèrent tous au mess, heureux comme des gamins qui partent à l'aventure. Matou remercia en silence Aristote de leur accorder cet instant de répit. Elle savait qu'il y aurait encore des jours difficiles et que les yeux de Stromb s'assombriraient plus d'une fois. L'homme était sensible, les nerfs parfois à fleur de peau, il se confiait rarement, mais elle saurait lui apporter la sérénité nécessaire pour qu'il sourit à nouveau, apaisé.

Pour l'heure tous étaient d'humeur joyeuse et, après quelques tournées de calva, Matou demanda à Stromb de sortir la carte.
Il l'étala sur la table et Matou se pencha dessus.
La ville de Lewes, qui serait le port où ils accosteraient dans quelques jours, avaient la particularité d'accueillir une crypte.


- Il faudra la visiter, leur lança Matou.

Elle regarda de nouveau la carte:



Elle releva la tête et, en souriant, et leur demanda:

- Alors? vous voulez faire quoi? un petit tour de quelques villes? Lesquelles? on part à l'aventure?


[Cheffe Aldraien
Retrait de l'image, cf Règles d'Or. Bon jeu.]

_________________
Stromboli
Départ de Fécamp, de la Normandie, du royaume de France. Pour Stromb comme pour les autres, c'était la première fois qu'ils allaient fouler un sol qui n'était pas leur terre natale. Stromb en était ravi. Il n'avait pas tout à fait fait le tour de la France, mais son anglois manquait un peu d'expérience. Il était donc plutôt motivé pour cette traversée qui s'annoncait joyeuse et pleine de bêtises en perspective.

Les tavernes de Honfleur avaient recraché des connaissances de longues dates que le brun avait été enchanté de retrouver. Dans la soirée, l'embarquement été imminent. La charette avait été mise en cale, les valises et les malles dans la cabine, les tonnelets de calva bien planqués... tout été parré. Ils s'étaient glissés dans la foule et avaient fini par monter à bord.

Durant la soirée et les soirées suivantes, les 4 amis avaient prit leurs marques et notamment dans la mess. Un soir de vache maigre, l'alcool été venu à manquer.


Ola ! Tavernier !! Sers nous de ta meilleure cervoise ! Et gare à toi si t'y crache dedans, fot-en-cul !

L'histoire ne dira pas si le tavernier prit bien ou non cette pharse qui venait du coeur, ou plutôt du corps qui réclamait une mousse bien fraiche, mais toujours est-il qu'il n'en virrent jamais la couleur. En voyant cela, Stromb avait ouvert de grands yeux.

Quoi ?? Pas d'alcool durant toute la traversée ????? NOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!

Ni une ni deux, il avait couru, sauté par dessus le bastinguage et fait le saut de l'ange dans la mer glacée. Refaisant surface, il avait entreprit de nager en direction des côtes françaises. Peu de temps aprés, il avait vu Kal sauter à la flotte avec sa bouée en bois avec une tête de canard. S'en était suivi pendant plusieurs minutes, une bataille avec une embarcation de secours, une Matou qui avait finit à l'eau elle-aussi, une séance d'escalade pour remonter à bord, et enfin la partie "réchauffage" au coin du feu, celle que Stromb préférait évidemment.

Rapidement, Stromb s'était vu embauché comme matelo, une expérience nouvelle qui lui avait plu. Il avait trouvé un vieux chapeau de pirate troué et poussiéreux qu'il s'était vissé sur la tête. En guise de perroquet, il avait posé son pigeon déplumé sur son épaule. Posté sur le pont, un balai à la main et un pied sur le seau d'eau mousseuse qui l'attendait, il bombait son torse dénudé et regardait au loin. Drôle de spectacle...

Un jour, la capitaine Pom avait failli être la malheureuse victime de sa fougue. Pour laver plus rapidement, il jettait le contenu du seau sur le pont, prenait son élan et glissait dessus. Seulement un jour, la jeune femme sortant au même moment de sa cabine de pilotage, ils avaient bien failli se rentrer dedans. Amorçant un freinage de tous les diables, il avait réussi à l'éviter en sautant la tête la première dans un tas de cordes. Depuis ce jour, le hissage de voile et la vigie tout en haut du grand mât avaient été ses activités préférées.

Un soir dans la mess, Stromb avait sorti sa carte pour étudier le trajet à emprunter une fois débarqués. Matou avait proposé une visite de la crypte.


Une crypte ? Avec des gens qui vous sucent le sang ?? Gloups

Euh oui finallement on verra hein....

Alors? vous voulez faire quoi? un petit tour de quelques villes? Lesquelles? on part à l'aventure?

Il prit le temps de la réflexion et reprit la parole.

Hum... ben.... A mon avis, on devrait suivre toutes les villes terminant par "mousse" : Dartmousse, Plymousse... quelque chose me dit que la biere y coule à flot... T'as vu, elles sont toutes à l'ouest !
Eleena
Eléna était en pleine période de reconstruction et de rénovation de son auberge, quand kal lui a proposé de voyager avec lui en compagnie de Stromb et Matou. Elle hésita un moment, elle voulait pas arrêter les travaux alors qu'ils touchaient à leur fin, il ne restait plus que la finition, mais en même temps un voyage chez les anglois n'est pas une chose qui arrive chaque jour, alors elle accepta en confiant l'auberge à des amies...

la traversé au bateau était magnifique, les quatre amis s'amusèrent à fond...en s'approchant de Lewes Matou leur demanda ce qu'il préféraient


Alors? vous voulez faire quoi? un petit tour de quelques villes? Lesquelles? on part à l'aventure?

Elena sourit aux propos de Stromb qui voulait visiter les ville en mousse

Espèce d'ivrogne tu cherche la mousse partout
moi je dirais , on fait le maximum qu'on pourra ça serai génial si on arrive à voir tout le royaume, seulement n'oublier pas qu'on doit bosser de temps en temps...
Matouminou


Les jours s'écoulaient doucement, la traversée se déroulait bien. Matou profitait pleinement de ses amis et tout particulièrement de Stromb, qui lui apportait une sérénité qu'elle n'avait plus connue depuis des mois.

Ils passaient le plus clair de leur temps dans le mess, dès que chacun avait vaqué à ses occupations.
Pour Eleena, c'était se reposer, elle avait tant donné pour sa future auberge, qu'elle appréciait de ne rien faire.
Pour Kal c'était cuver entre deux cuites, à moins que ce ne soit le contraire, se cuiter entre deux ronflements.
Stromb, lui, avait été embauché pour faire partie de l'équipage. Matou avait levé les yeux au ciel...Le capitaine Pom savait-elle vraiment ce qu'elle faisait? Sans doute, car elle lui confia la tâche de nettoyer le pont. A priori, c'était sans danger, toutefois, il fallait se méfier, tout pouvait virer à la catastrophe avec Stromb et quand Kal s'y mettait, c'était pire.
Ainsi, n'était-il pas rare de se prendre les pieds dans une corde, ou de buter contre un balai, négligemment abandonné sur le pont pas Stromb, celui-ci ayant décidé de piquer une tête par dessus bord.
Au début, Matou avait bien cru que son cœur allait lâcher, en le voyant s'élancer ainsi. Puis, elle s'était habituée.
De son côté, ses principales occupations, quand elle n'était pas au mess, était d'admirer son matelot avec fierté, et d'écrire à ses amis fécampois, ceux qui ne l'avaient pas condamnée parce qu'elle partait.

Au cours de ce voyage, alors qu'elle regardait Stromb essayer d'apprendre à parler à son pigeon déplumé qui lui tenait lieu de perroquet, elle sursauta et blêmit. Elle s'était souvenue que Tuck avait travaillé à la fabrication de la coque du bateau.
Une frémissement parcourut son dos et elle fut prise d'une peur panique.
Le raisonnement était on ne peut plus simple!
Tuck était charpentier, il fabriquait des barques, et toutes ses barques coulaient. Un inspecteur des barques finies avaient été sollicité afin de voir ce qui n'allait pas et avait révélé au grand jour que Tuck, sans doute par fantaisie esthétique, faisait des trous dans ses barques. De là à ce qu'il en ai fait aussi à l'Hespérides, il n'y avait qu'un pas à franchir.

Affolée, et voulant en avoir le cœur net, elle décida de lui écrire. Avant, ne pouvant garder son angoisse plus longtemps, elle s'était précipitée sur Stromb, faisant peur au perropigeon, qui alla se percher sur le rebord du bastingage, avait pris un seau d'eau qu'elle avait balancé sur Kal pour le réveiller et leur avait fait part de ses doutes, mais elle avait fait en sorte de les affoler le moins possible, le dosage de l'affolement étant parfois aléatoire chez elle:


- On va couler, on va tous mourir noyer...Tuck a fabriqué la coque de ce navire...


Puis, elle avait rédigé une missive pour Tuck:

Citation:
Coucou Tuck

Je t'écris parce que je suis prise d'un gros doute depuis hier soir. Nous avons embarqué sur l'Hespérides, hier soir. Je pense que le nom te dit quelque chose puisque c'est le bateau sur lequel tu as travaillé durant 5 jours, pour fabriquer la coque. C'est à bord que tout à coup, j'ai repensé à cela et j'ai failli chanceler.

Jure moi Tuck que ce travail, tu l'as bien fait et qu'il ne t'a pas pris la fantaisie d'y ajouter quelques trous par-ci, par-là..je sais ton esprit créatif et ta volonté d'être un pionner dans ton domaine..mais là, si tu veux, c'est tout de même la vie de 7 personnes dont il s'agit...

Ou bien essaie de te souvenir si tu as fait des trous, que j'essaie discrètement de les colmater...Bref...rassure moi...

Sinon, j'espère que tu vas bien

Au fait, si on coule, je te jure que je viendrai te hanter jusqu'à ta mort...
Bises

Matou


La réponse arriva dans la soirée:

Citation:
Expéditeur : Tuck06
Date d'envoi : 07/06/2012 - 18:28:54
Titre : Re: gros doute

Bonjour Matou,
j'ai bien reçu ton message, porté par une mouette qui n' a pu s'empêcher de lacher une fiente en passant à ma verticale, du coup ma superbe toge jaune citron toute neuve est foutue.

En effet j'ai travaillé, pour un salaire indigne de mon talent, sur ce bateau. J'ai suivi scrupuleusement les plans de l'architecte naval, même lorsque ça me semblait stupide. Par exemple, pourquoi faire une porte aussi large pour l'entrée de la cabine du capitaine, et renforcer son plancher ?
Celà dit, maintenant que tu m'en parles, je me souviens que le dernier jour, juste avant de faire les essais à la mer, j'ai amélioré un peu la coque. J'ai fait un petit trou du diamètre d'un oeuf de poule environ dans la cale. Je trouve que ça améliore l'ensemble et ça donne au bateau un faux air de tucktanic. Tu devrais aller le voir , il est très propre, et j'ai mis une bague en fer autour pour que le bois ne s'effiloche pas. par contre je te rassure, je n'ai pas touché aux radeaux de sauvetage, l'architecte ne m'a pas laissé m'en approcher.
Bises et à bientôt.
Tuck


Elle avait alors entraîné les deux homme, qui avaient fait une vaine tentative pour la calmer, dans la cale, sans tarder, n'écoutant pas leurs grognements d'être ainsi arrachés à leur passe temps, vider les tonneaux du mess.
Munis de torches, ils avaient passé en revue la coque et avaient fini par trouver le fameux trou.
La surprise fut de taille, le trou se situait bien au-dessus de la ligne de flottaison, ne représentant aucun danger. Matou poussa un soupir de soulagement et sourit aux deux hommes en leur disant:


- Bon, ben voilà...quoi...fallait pas s'affoler, je savais qu'on pouvait avoir confiance en Tuck!!

Matou adorait être d'une mauvais foi désarmante, mais au regard que lui jetèrent les deux hommes, elle leur fit un sourire enjôleur:

- Ohhh..allez les hommes, pardon...mais bon...imaginez que le bateau ait coulé....arfff...allez, retournons au mess, c'est moi qui régale...


Puis, elle avait embrassé Stromb tendrement et fait une bise à Kal pour se faire pardonner. Fort heureusement, ils n'étaient pas rancuniers.

En chemin, ils apprirent de la bouche même du capitaine que la côte anglaise était en vue et qu'ils accosteraient le lendemain, après avoir reçu l'autorisation du chef de port de la ville de Lewes.
Tous accueillirent cette bonne nouvelles avec le sourire.


_________________






















Stromboli
Trois jours de traversée, trois jours de sieste. Le hammac étiré d'un poteau à l'autre sur le pont, Stromb faisait la sieste en prenant le soleil. Le chapeau enfoncé jusque sous les yeux, le seau et le balai avaient été mis au coin. De temps à autre, quand il entendait crier le capitaine, il se levait en baillant et alleait hisser la voile, ou la tomber, en fonction du vent et de la direction. Le soir, aprés une journée harassante sous le soleil, il se rendait dans la mess et étanchait sa soif.

Vint un jour où Matou débarqua, légèrement affolée. Kal et lui avaient commencé leur soirée sur un bon rythme, descendant allègrement les tonelets et les bouteilles du bord. Stromb avait écouté vaguement le problème. Tuck avait de toute évidence construit le bateau, et donc connaissant le bonhomme et son talent inné pour couler barques et bateaux, il était à peu prés certain que tous finiraient au fond de la mer. Stromb se leva donc, accompagné de Kal, et suivit Matou. Une fois dans la calle, ils avaient inspecté soigneusement la coque, une bougie à la main. Le trou avait finit par être trouvé, mais largement hors de l'eau. Stromb marmonna... se lever pour ça... pffff....

La soirée avait passé, à l'image des deux précédentes à bord. La côte était en vue et le débarquement imminent. Tard dans la soirée, alors que tous allaient se coucher, il choisit de se promener sur le pont, les mains dans les poches. Il avait rendu son tablier de matelos comme prévu, et désormais il profitait des dernières heures à bord. Accoudé au bastinguage, ses yeux bruns guettaient la côte qui se dessinait dans la nuit.

Soudain, un pigeon trés familier se posa prés de lui. Il sourit, car il savait de qui il provenait, et il aimait avoir des nouvelles de cette personne de temps à autre. Mais au moment de détacher le message de la patte du volative, son coeur se glaça dans sa poitrine. Le vélin était maculé de sang. Seigneur... se dit-il... elle a quand même pas fait ça...

Tremblant, il se pressa de détacher de message, de déplia en catastrophe et le lut. Etrange message que voici... Des dessins de sa fille, des esquisses de mots, un début de lettre "normale". Inba racontait les nouvelles, son quotidien, les bêtises que faisaient les enfants, et qu'elle faisait aussi... tout semblait normal, et même en s'améliorant. Le texte n'était pas terminé. Brusquement vers la fin, l'écriture devenait plus embrouillée, comme écrite rapidement sur un support difficile... le tout couvert de sang. Au fur et à mesure qu'il lisait, il se sentit défaillir. Un accident... elle avait glissé, elle saignait abondament, s'en était fini d'elle... Ses genous tremblèrent et il s'affaissa par terre, ne pouvant détacher ses yeux de la lettre. Il était écrit que les filles étaient en sécurité dans un orphelinat, qu'elle l'aimait de tout son coeur et qu'elle s'excusait encore. Un je t'aime brouillon, son nom à la fin à peine lisible.

Vision d'horreur... Il la voyait à l'agonie écrivant son courrier, sentant sa dernière heure venir sous peu. C'était à lui qu'elle écrivait ses mots, c'était à lui qu'elle avait pensé avant de mourir.... Il n'arrivait plus à respirer, son coeur était serré comme jamais dans sa poitrine. Impossible, elle ne pouvait pas être morte... c'était proprement inimaginable... Ses mains tremblaient comme jamais, il n'arrivait plus à penser, une sensation de panique s'empara de lui. Une de ses plus grande peur venait de se réaliser de la façon la plus cruelle qui soit. Elle s'était remise à vivre, elle allait s'en sortir. Et voila que non. Elle s'était étiente loin de tout, et surtout loin de tout ceux qui l'aiment. Les larmes se mirent à couler sur ses joues. Réalisant à peine... ne voulant pas réaliser... il se mit à hurler sa peine sur le pont. Il tapa dans le mât de toutes ses forces, maudissant tout les saints de l'avoir prise elle. Il n'avait jamais ressenti une douleur telle de toute sa vie.

Aprés plusieurs minutes, il finit par se casser la voix à force de hurler et ses mains ensanglantées s'épuisèrent également. Se laissant tomber par terre, il laissa ses larmes couler en cascade durant le reste de la nuit, recroquevillé sur lui même, le parchemin serré dans sa main...
Matouminou


LE 8 JUIN ARRIVÉE A LEWES (SUSSEX)


Régulièrement la jeune capitaine leur faisait un rapport sur l'avancée de leur voyage. Les vents étaient favorables et c'est en début de soirée, un peu avant que le soleil ne se couche, qu' ils les virent ces fameuses côtes anglaises, se découper sous leurs yeux. la capitaine annonça qu'elle avait l'autorisation d'accoster. La bonne nouvelle fut accueillie avec des applaudissements et bien entendu, ce fut un prétexte pour aller fêter cela dignement au mess, c'est à dire avec quelques tournées.

C'est tard qu'ils rejoignirent leur cabine. Stromb cependant voulait un peu profiter du calme et de la fraicheur de la nuit. Il l'avait embrassée et elle avait rejoint sa cabine.

Elle avait encore écrit quelques courriers à des amis pour leur annoncer qu'ils étaient presque arrivés, puis avait rangé ses affaires. Elle était sur le point de se déshabiller lorsqu'un long cri retentit; Son coeur se glaça, elle se figea et murmura:


- Stromb...

Elle sortit alors précipitamment de la cabine et monta sur le pont, s'attendant au pire. Elle ne fut pas longue à le trouver, prostré sur lui même, un parchemin dans la main. La lune éclairait le pont, et elle put lire le nom maladroitement écrit d'Inba. Mais ce qui lui fit comprendre que quelques chose de grave était arrivé, c'est le sang séché sur le parchemin. Elle remarqua aussi les mains de Stromb en sang et comprit que le pire était arrivé. Rien ne pouvait déclencher autant de chagrin chez cet homme que la mort d'Inba. Et quand il souffrait, il se faisait souffrir encore plus...
Elle le regarda, impuissante, il était secoué par des sanglots. Que faire? que dire? Il y a des situations où rien ni personne n'est d'un grand secours. Sa peine lui appartenait. Elle-même avait le cœur serré. Elle ignorait la cause de la mort d'Inba, priant pour qu'elle ne se soit pas suicidée. Elle ne pourrait jamais se le pardonner, consciente du rôle qu'elle avait joué si telle avait été la décision d'Inba. Elle se contenta, alors, de s'accroupir et de lui caresser le visage de sa main...geste dérisoire...qu'il ne sentit même pas, sans doute. Elle ne dit rien, les mots étaient inutiles. Elle espérait simplement qu'il arriverait à lui en parler, plus tard lorsqu'il le pourrait.

Lentement, elle se releva, regarda un instant le ciel étoilé et murmura pour elle-même:


-Pardon, Inba...

Puis, elle repartit vers la cabine, laissant l'homme pleurer et crier sa douleur. Elle avait mal pour lui, mais elle savait qu'il était inutile de lui faire entendre raison. Elle commençait un peu à le connaitre. Il lui était nécessaire de rester seul pur le moment.

Elle croisa Kal qui la regarda d'un air interrogateur. Elle lui expliqua à mi-voix, terminant sur ces quelques mots:

-....il vaut mieux le laisser seul...je crois que c'est préférable...


Elle vit Kal hocher la tête et chacun regagna sa cabine.
Matou ne ferma pas l'oeil de la nuit, se tournant et se retournant dans le lit, attentive aux moindres bruits du bateau.

Elle dut, cependant, s'endormir, car c'est en sursaut qu'elle se réveilla. Le bateau ne bougeait plus, et des voix s'interpelaient. Elle tenta de remettre de l'ordre dans ses idées et tout lui revint...Inba...le chagrin de Stromb...

Elle fit une rapide toilette, enfila une paire de braies et une chemise, bien plus pratiques sur le bateau qu'un houppelande et sortit sur le pont. Elle constata que le bateau était à quai. Il régnait une grande agitation sur le pont où les marins procédaient aux dernières manœuvres, mais aussi sur le quai.

Elle ne prêta que peu d'attention à toute cette effervescence. Seul lui importait Stromb. Il avait passé sa nuit sur le pont. Elle s'approcha d'un marin et lui demanda:


- N'auriez vous pas vu Messire Stromboli?


Il secoua la tête. Elle ajouta, anxieuse:


- Serait-il possible qu'il ait déjà débarqué?

Il fit non de la tête:

- Non, pas possible...on a pas encore mis la pass'relle...et d'façon, vous pourrez débarquer qu'demain...


Elle hocha la tête, ne songeant même pas à demander pourquoi il leur faudrait attendre le lendemain pour fouler le sol anglais.

Elle fit le tour du bateau et finalement c'est à la poupe qu'elle le trouva. Elle vint à côté de lui, lui prit la main, la serra fort et posa sa tête contre son épaule.

_________________
Stromboli
Ain't no sunshine when she's gone...*


[Le soir...]

Une nuit étoilée, claire et calme...

Soudain une porte qui s'ouvre à la volée, un gars qui vole et qui attérit avec fracas dans un tas de cordes. Puis le tavernier qui sort, brandissant son poing rageusement et montrant des chicos noirs.


C't'apprendra à v'loir faire une flambée sur l'comptoire, merdaille ! Et qu'j't'y revoye plus, ou bien t'vas tâter d'mon poing dans tes dents !

Fermeture fracassante, tout redevient silencieux. Ca bouge dans le tas de cordes... Un homme y est emmêlé dedans, passablement ivre. Les yeux bruns dans le flou, éteints complètements, il essayait de trouver un moyen de se tirer de là. Puis adressant ses meilleurs voeux au portier qui l'avait une fois de plus mis dehors...

*Hips* Gnnnn ? *hips* Non méheuh i' veu' koua l'gringral... ginga... gringalet là ?? *hips* AMENE TES GROSSES *hips* FESSES D'MEGERE SI T'ES UN *hips*...UN....*hips* UN HOMME !!

Aucune réponse de la part de l'interessé. Stromb mit bien 10 minutes à se relever, à tenir sur ses jambes sans tomber et enfin à se mettre en route. Il posa sa main sur le verrou de la porte et constata que le portier l'avait verrouillée. Sortant une salve d'injures sur le métier éventuel de la mère du gros bonhomme, le brun tourna les talons voyant qu'il n'y avait rien à faire pour ce soir.

Titubant, il progressait lentement sur le pont. Les bruits de la mess assez proche lui vinrent aux oreilles et il se mit à chanter. Bien entendu trés faux et trés fort, un petit air enjoué trés indiqué dans les cérémonies mondaines.


CELINA SI TU M'AIMAIS TU ME FERAIS DES NOUILLEUUUUUH **
ET PENDANT QU'ELLES CUIRAIENT,
TES P'TITS DOIGTS ME CHATOUILL'RAIENT,
LES C..*hips*


Il avala le dernier mot dans un hips et éclata d'un fou rire. Se tenant à la rambarde pour ne pas tomber d'une main, sa bouteille de gniole dans l'autre, il était parti pour chanter toute la chanson dans un concert de hips.

L'aprés-midi avait été épouvantable. Matou avait été à ses cotés malgré tout, la main ne lachant plus la sienne. Sa présence avait limité les dégats comme à l'accoutumée. Il avait décidé de ne parler à personne de ce décès si soudain. Seule Matou était au courant. Les mauvaises nouvelles s'enchainaient en ce moment, et il ne voulait pas d'avantage étrangler le goulot avec ses problemes. L'Angleterre s'affichait comme une terre salvatrice pleine de répit, répit précieux dont il avait trés grand besoin.

Alors pour ne pas écouter toutes les voix qui s'affollaient en lui et le torturaient sans jamais arrêter, il avait un remède : chanter trés trés fort. Ceci accompagné d'un état d'ébriété battant des records un peu plus chaque soir, il arrivait à refouler tant bien que mal toutes ces choses qui le bouffaient à petit feu. Les franches rigolades qu'il partageait avec ses amis étaient devenues vitales, ainsi que la présence de Matou à ses côtés.

Les bruits de la mess étaient derrière lui. Il tourna la tête avec difficulté pour regarder derrière, manquant de tomber à nouveau. Il poussa un soupire légèrement vexé et attrapa son ex balai. D'une voix un peu éraillée, il entreprit de lui faire la conversation, à moitié affalé sur le bastingage.


T'as d'beaux yeux tu sais...***



* : Ain't no shunshine when she's gone, par Bill Whiters
** : Les filles du Camaret (rhooo...)
*** : Réplique de Jean Gabin, j'ai oublié le film
Matouminou


LAISSEZ NOUS DÉBARQUER OU ON CASSE TOUT!!

Stromb ne décuvait pas, chantait à tue-tête, et passait du fou-rire aux larmes. Matou essayait comme elle pouvait d'être là, sans toutefois intervenir, veillant cependant à ce qu'il ne passe pas par-dessus bord, c'est ce quelle redoutait le plus. Quoiqu'elle aurait bien aimé qu'il se taise car il chantait vraiment très faux, faisant grincer des dents les marins. Même les mouettes en oubliaient de lancer leurs cris moqueurs.
Matou savait que Stromb devait en passer par là. Une façon de crier sa détresse, de commencer peut-être à faire son deuil. Elle savait que ce serait sans doute long, elle respecterait cela.

Elle se souvint alors d'une réflexion que lui avait faite le marin quand elle cherchait son volcan. Et elle fronça les sourcils. D'autant qu'en se rapprochant de l'ouverture où aurait du se trouver la passerelle, elle la vit barrée d'une chaine à laquelle était accroché un panneau. Sur ce panneau, une lettre, une seule...un "B".
Pas moyen de débarquer, pourtant le bateau était bien à quai.

Elle chercha un marin, en vit un et lui demanda:


- Dites donc matelot! pourquoi la passerelle n'a pas été installée? et ça veut dire quoi ce "B"?


Visiblement, tel l'angle, le matelot était obtus, il grommela:


- On ne descendra que sur ordre du capitaine! circulez!!


Elle le regarda et sentit une démangeaison dans sa main. Mauvais signe diraient ceux qui avaient gouté du fameux coup droit matounesque.
Ce fut Stromb qui évita le pire à ce marin en hurlant:


Citation:
CELINA SI TU M'AIMAIS TU ME FERAIS DES NOUILLEUUUUUH **
ET PENDANT QU'ELLES CUIRAIENT,
TES P'TITS DOIGTS ME CHATOUILL'RAIENT,
LES C..*hips*


Elle ne put s'empêcher de sursauter et de secouer la tête d'un air navré, c'était épouvantable ce qu'il pouvait chanter faux.
Alors, le laissant poursuivre sa chanson, elle alla en faire part à Kal. La réaction de ce dernier ne se fit pas attendre.
Il alla dire ce qu'il pensait de cette attente interminable en y mettant les formes et les manières, ce qui eu pour effet d'énerver le marin. Une bagarre s'en suivit, Kal en sortit victorieux et le marin en fut quitte pour un bon bain forcé.

A ce moment de l'histoire, Matou s'était assise sur un gros tas de corde, et avait soupiré. Entre Stromb qui maintenant parlait à son balai en titubant, Kal qui arborait un sourire satisfait de lui, elle se demandait comment allait se passer leur séjour en Angleterre.

Elle remercia Kal de son intervention aussi inutile que vaine, sourit à Eleena qui était venue aux nouvelles:


- Euh...Kal, on ne peut toujours pas descendre ceci dit...remarque, vu l'état de Stromb...Bien, je vais écrire à Aupyl, il saura nous expliquer
cette situation!


Le courrier fut vite rédigée et la réponse ne tarda point. Elle se mit à grogner en la lisant...du Aupyl tout craché!

Citation:
Expéditeur : Maitre_aupyl de la Société Navale et Commerciale F.
Date d'envoi : 08/06/2012 - 19:14:21
Titre : Re: besoin de savoir un truc!!
le "b" c'est un bottage de séant par le capitaine. Faut bien qu'on ait un petit privilège,nous les capitaines. Vous serez dans la ville demain matin.
Profitez d'aller voir la crypte dans la cathédrale.

Aupyl


Il ne restait donc plus qu'à attendre. La nuit qui suivit ne fut troublée que par les chants de Stromb entrecoupés de hipses et de rires.
Elle en profita pour rassembler leurs affaires et c'est au petit matin qu'ils purent tous débarquer. Kal ne put s'empêcher de mettre encore quelques marins à la mer, cela l'amusait beaucoup, elle laissa passer Stromb sur la passerelle, le rattrapa juste à temps, alors qu'il vacillait dangereusement.
Ils furent enfin sur le sol anglois.

Suivant les conseils d'Aupyl, leur première visite fut pour la crypte. Celle-ci était humide, ce qui n'avait rien de bien anormale pour une crypte et pour l'Angleterre. Les prières au rythme des hipses de Stromb, furent bafouillées plus que récitées. Matou n'aimait pas ce genre d'endroit, même s'il abritait un roy anglais connu, soit disant, mais qu'elle ne connaissait pas. Un courant d'air passa dans la crypte, elle frissonna.

Elle ne fut pas mécontente d'en ressortir, ne sachant pas ce qu'elle y avait gagné, mais avec la certitude qu'elle n'y remettrait plus les pieds de sa vie.

Le petit groupe cahin-caha se dirigea vers la première taverne de la ville de Lewes.
Elle se décida alors de répondre à Aupyl tout en sirotant un verre de whisky, avec le plus de détachement possible...car c'était une boisson sacrément forte, faut bien l'avouer.


Citation:
Coucou Aupyl

hum...bottage de fesses...on a balancé tous les marins à l'eau et on a enfin réussi à quitter le bateau.

Non mais...on nous la fait pas!!

Bref...notre première visite fut pour le roi truc à la crypte...bon, mis à part que c'est un tombeau glacial et plein de poussière et de toiles d'araignées, ça n'a rien de transe en dent... Même le tombe haut est bas...

Enfin, on s'est recueillis...enfin..on a tenté parce que Stromb était ivre... Nos prières se sont donc faites au rythme de ses hipses...ça donnait une certaine fantaisie à ce moment solennel.

Tout à coup on a senti un courant d'air et Stromb à hipser deux fois plus...c'est sur il a du charisme mon volcan!!...quant à moi, il paraitrait que j'ai eu des PE (on m'a dit que c'était des tas de points à moins que ce ne fusse des points des tas...) et j'ai maintenant la vérité divine...je sais tout quoi!!

Voilà, on compte faire un petit tour d'Angleterre, enfin, en restant dans le sud tout de même, plus haut il pleut trop.

Sinon, tout le monde est en forme, passe le bonjour aux fécampois, pas aux membres de l'hydre, et à bientôt par pigeon.

Bises

Matou
le 9 mai 1460

_________________






























Stromboli
Et un beau jour, le débarquement.

La gueule de bois, des cernes sous les yeux à cause du manque de sommeil, la démarche un peu aléatoire... Stromb posa la main sur la cordelette qui faisait lieu de rampe pour descendre la passerelle de bois. Il se concentra pour arriver à mettre un pied devant l'autre sans tomber à l'eau. Il plissa les yeux et se lanca. La passerelle tangua un peu, lui encore plus. Il ressera son emprise sur la corde et continua sa progression. Il finit par poser un pied sur le plancher des vaches, anglaises bien sûr. Il regarda ses pieds et sauta à pieds joints plusieurs fois pour s'assurer que ce sol là était bien stable, non parsque la mer y'a pas à dire, ben ça bouge. Or là, tout semblait en ordre... parfait !

Il regarda autour de lui et apperçut ses amis. Les yeux cernés yeux aussi à cause du manque de sommeil, mais pas pour les mêmes raisons, ils étaient en train de prendre place sur la charette. Un noble à cheval passa tout prés de lui, l'effleurant de son estrier. Avec 2 secondes de réaction, il s'accrocha à la charette pour pas tomber. Il voulu adresser sa manière de penser à l'homme, mais sa langue ne lui répondait plus. Il se contenta d'un grognement et prit place tant bien que mal à côté de Kal. Il chercha des yeux les rennes pendant un moment avant de se rendre compte que c'était son ami qui les avait...

Quelques minutes plus tard, la bande était en route. Ils avaient prit leurs quartiers dans une auberge de la ville et bien entendu s'étaient rendu en taverne. Il avait goutté à la fameuse bière anglaise mais n'y avait trouvé aucun gout. Alors forcément, il avait bu encore et encore pour chercher cette fameuse saveur qui rendait la boisson d'habitude si délicieuse. Mais sans succès. Déjà que son état laissait à désirer, il ressemblait dorénavant plus à une serpillère qu'à autre chose. Allongé dans l'abreuvoir, un verre de bière dans une main et une boutaille de whiskey dans l'autre, il discutait avec les petits lutins qui s'agitaient devant lui.


Alors Edouard, qu'est-ce tu fais dans ce bain ? C'est sale ! Tu n'as pas remarqué les algues et les crapauds ? Et puis... je ne voudrais pas t'affoler mais... je crois même que quelqu'un s'est laché... ça flotte à côté de toi, berk !

Stromb fronça les sourcils. Il chercha des yeux la chose en question mais n'eut pas le temps de la repérer que le deuxième lutin, moins sympa, prit la parole.

Allons Stromboli... regarde toi ! Tu n'es bon à rien, chaque personne que tu approche finit crevée bouffée par les vers six pieds sous terre. Tu es une éponge à alcool, et tu le sais trés bien. Hahaha, mon ami, tu es pitoyable... Que penses-tu faire allongé dans ce baquet, avec tes verres dans les mains ? Tu as remarqué que tu était risible et totalement pitoyable ? Hahaha !

Stromb grimaça. C'était exactement ce qu'il ne voulait pas entendre. Il ne se démonta pas et répondit au machin démoniaque qui s'agitait devant lui.

C'est pas vrai *hips... Tu dis n'importe quoi ! C'est pas ma faute si elle... *hips* si elle.... Elle est tombé... Je voulais pas ça *hips*.. Je veux juste dormir...

Le lutin éclata de rire, tandis que le second croisa les bras sur sa poitrine en faisant les gros yeux.

Ne l'écoute pas, il dit n'importe quoi... Bien sûr que non ce n'est pas ta faute, il faut aller de l'avant, tu n'es pas un lache ! Allons secoue toi ! Sors de là et met toi sur tes pieds !

Le mettre sur ses pieds ? Mais regarde le ! Il n'est même pas capable de parler, il ne fait que boire toute la journée ! Il finira comme son père, un alcoolique même pas capable de labourer droit son champ ! Hahaha !!

Non c'est pas vrai ! Arrête de dire ça !

Si ça l'est, tu as de la mierde dans les yeux ou quoi ? T'es aussi veule que lui !

C'est complètement faux ! Tu fais le malin, mais t'as pas vu à quoi tu ressemble avec tes cornes toutes moches là !

Tu peux parler de cornes toi ! T'as pas vu ta femme hier soir ? Normal, elle était dans mon pieux ! HAHAHAHAHA !

Il échappa ses verres et se boucha les oreilles. Il ferma les yeux et secoua sa tête, ne supportant plus le boucan. Aujourd'hui ils n'étaient que deux, signe qu'il avait assez bu. Il se laissa glisser hors de l'abreuvoir et rampa jusqu'à un arbre. S'écorchant au passage, il s'affala contre le tronc et ferma les yeux, chatonnant pour oublier les lutins qui se disputaient autour de lui.
Matouminou
Les jours passèrent assez rapidement. Ils restèrent deux jours à Lewes et décidèrent d'aller faire un tour à Arundel petite bourgade à l'ouest de Lewes.

Matou regardait Stromb s'enfoncer chaque jour un peu plus dans un état de plus en plus lamentable. Il ne dormait pratiquement pas et s'oubliait dans l'alcool, tout y passait...whiskey, bière...Il était bien souvent plus que l'ombre de lui même, les yeux cernés, le regard hagard.

Parfois, elle réussissait à avoir une conversation sensée avec lui, parfois il n'alignait que des grognements.
Elle était inquiète mais évitait de le montrer. Elle lui avait dit qu'elle était là, peut-être un jour s'en souviendrait-il.

Kal, de son côté, s'était mis en tête de prendre un château et de devenir Roy. Cela les avait fait rire. Il passait énormément de temps sur ses plans d'invasion.

Alors Matou, pour éviter de trop penser, avait ressorti son carnet de croquis. Elle l'emmenait partout avec elle, mais n'avait plus rien dessiné depuis la mort de son époux.
Il lui avait pris l'envie, soudainement de dessiner de nouveau. Elle avait marché dans Arundel et était allée se promener vers le port. Là, elle avait regardé les barques bouger au gré de la houle, et l'envie d'immortaliser cela lui avait fait sortir son carnet et un bout de fusain.

Elle avait toujours trouvé dans le dessin le réconfort et une forme de sérénité. Elle pouvait rester des heures à dessiner.
En ouvrant son carnet, elle jeta un œil sur les derniers dessin effectués. Elle sentit son cœur se serrer en les regardant. Elle avait dessiné le parc du domaine de Thorigni en fleurs, il y avait aussi des portraits...Horloger à son bureau, Guillaume, Mahaut...
Elle faillit tout refermer, mais ce fut plus fort qu'elle. Elle prit un parchemin et commença à tirer les grandes lignes de la scène qui s'offrait à elle...les barques étaient belles, certaines étaient surmontées d'une petite voile, d'autres étaient réduites à leur plus simple expression, toutes avaient une utilité.

Elle dessina longtemps, arrangeant, peaufinant, repassant sur des traits, jouant avec les ombres, les contrastes. Lorsqu'elle estima avoir fini...bien qu'elle estimait qu'aucun dessin n'était totalement inachevé...elle le regarda et sourit. Elle avait hâte de le montrer à Stromb.


[Bonjour, Bonjour,
Retrait du lien par mes soins, si vous souhaitez tout de même qu'il intègre votre RP merci de le cacher comme cela est stipulé dans les Règles d'or du coin des aRPenteurs.
Bon jeu, Bon RP,
Modo Mahelya]

_________________
Stromboli
Le matin. Enfin ! Salvateur et plein de promesses...Allongé dans le lit de l'auberge, la tête enfoncée dans un oreiller immense, ses yeux grands ouverts fixaient durement les persiennes qui laissaient filtrer les rayons du soleil sur son visage. Un nuit blanche, à l'image des précédentes, venait tout juste de se clore. Son regard se posa sur la silhouette allongée à côté de lui. Matou dormait encore profondément, l'air serein. Il s'approcha tout doucement et posa sa tête dans son cou. Il resta quelques secondes allongé sur ce corps chaud et rassurant. La journée s'annoncait à l'image des autres, et il savait que Matou encaissait l'état pitoyable dans lequel il se mettait sans jamais rien dire. Il embrassa sa peau doucement, savourant son gout et son odeur. Il y avait des jours avec et des jours sans. Mais aujourd'hui, il avait envie de chanter fort, trés fort. Les voix dans sa têtes n'auraient jamais assez de portée pour lui gacher la journée. Sans doute demain serait-il trop épuisé pour se battre à nouveau, mais cette journée serait sienne.

Alors il se leva doucement, la couverture glissant de son corps nu. Il balaya du regard la chambre et finit par trouver sa chemise perchée sur un chandellier et ses braies accrochées sur le bout du nez d'une tete de cerf empaillée. Il se rhabilla, enfila ses chausses, salua le cerf et sorti. En passant devant la chambre de Kal et Eleena, il ne put s'empêcher de coller son oreille à la porte. Ca ronflait là-dedans... Sûrement une séance de gym qui avait duré. Il sourit en coin et descendit les escaliers. En taverne, personne de si bonne heure. Il résista à la tentation de prendre une bouteille et laissa un mot sur un vélin et sortit directement.

Dehors, le soleil l'éblouit. Une belle journée s'annoncait. Il entendit le bruit des vagues non loin et le remue ménage des marins dans le port. Il prit la direction de la mer et longea le marché. Il piqua au passage une pomme et la grignotta, une main dans la poche. Lorsqu'il arriva à la "plage", il vit avec stupéfaction que des habitués étaient déjà installés. Certains pêchaient, d'autres fouillaient le sable à la recherche de quelques richesses abandonnées, d'autres encore copulaient derrière un rocher... Un sourire s'étira sur son visage. Quelle merveilleuse ambiance ! Il balanca son trognon de pomme et s'approcha d'un marchand ambulant.


Hello darling ! What are you vending là ? Ca m'a pas l'air terribeul hein... Ca vient d'où ? Where ziz it come ?

Le marchand, plutôt propre sur lui, leva un sourcil en écoutant cet étrange individu.

Messire, je parle françois... Et la marchandise que voici est de trés bonne qualité. Tenez regardez. Prenez cette lanterne, elle est magique. Il vous suffit de la frotter pour voir apparaitre un génie.

Le petit homme brandit l'objet rouillé sous les yeux perplexes de Stromb.

Un génie tu dis ? C'est quoi ça encore ? C'est tellement crasseux qu'on pourrait même pas y servir le thé avec !

Il prit l'objet et ouvrit le couverte grincant. Un oeil à l'intérieur, il renifla et grimaça. Puis posant son regard sur le bonhomme, il l'empoigna par le col.

Dis donc.. tu n'essaierais pas de m'avoir par hasard ? Et si tu la frottais cette théière ?

Le marchand acquiessa vivement et une fois posé à terre reprit sa carafe. Avec sa manche, il la frotta énergiquement. Mais rien ne se passa. Stromb posa sur lui un regard lourd. L'homme esquiva son regard et frotta de plus belle l'objet. Aprés plusieurs tentatives, il leva les yeux sur le rouergat et lacha dans un soupire.

Messire... je crois que vous êtes tombé au mauvais moment. Il ne veut pas se réveiller. Mais peut-être qu'en mettant une pièce à l'intérieur...

Le jeune marchand sourit de toutes ses dents. Stromb secoua la tête l'air dépité.

Allons allons... tu ne vendras rien en procédant ainsi. Regarde comment il faut faire.

Il lui prit la carafe cabossée et rouillée, sortit un écu de sa poche et le mit dedans. Il arpenta la plage suivit du bonhomme, se dirigea jusqu'aux quais et appercut rapidement ce qu'il cherchait. Deux jeunes nobliottes bras dessus bras dessous terriblement occupées à lorgner sur les matelos en sueur déchargeant les caisses des bateaux. Stromb s'approcha, s'inclina et secoua la carafe devant elles, faisant tinter l'écu à l'intérieur. Il ouvrit grand les yeux, comme surprit d'y entendre un sous. Les deux jeunes femmes le regardèrent perplexes. Stromb ouvrit alors le capot, toujours sans dire mot, et sortit la piece. Il la regarda en ouvrant grand la bouche et la montra à son compagnon d'infortune, l'air ahuri. Celui-ci joua le jeu et ouvra grand la bouche à s'en décrocher la machoire. Alors Stromb mit la piece dans sa poche et referma la carafe. A peine s'était-il incliné de nouveau que l'objet tinta encore une fois.

Cette fois-ci, les deux amies regardèrent l'objet avec un regard tout autre. Alors que l'homme ôtait le couvercle, deux pièces cette fois sortirent et tombèrent dans sa main. Les deux hommes se regardèrent avec des yeux comme des soucoupes. Les pieces disparurent dans la poche du brun et alors qu'ils allaient prendre congé, un nouveau bruit se fit entendre. Stromb regarda les deux jeunes filles qui retenaient leur souffle. Ôtant à nouveau le couvercle, dix écus en tombèrent. Stromb cria de joie tandis que son complice improvisait une danse de la joie à ses côtés.


Riches ! Nous sommes riches !!! Rich rich rich !!!!!

Les deux amies se regardèrent intensément et l'une d'entre elle, parlant un françois pas mauvais, attrapa le bras de Stromb.

Hey toi manant ! A combien serais-tu prêt à me laisser cet objet ?

Stromb la regarda en hésitant, prenant un air imbécile au possible.

Ben... c'est que je sais pas si je ferai bien de le vendre... Il est souvent bien plein... certes de petit écus riquiqui mais bon... J'en ai besoin pour nourrir mes 12 enfants et entretenir mes 5 femmes... et mon frère pareil...

La jeune fille fronça des sourcils. Elle sortit sa bourse et compta son argent sous le regard brillant de Stromb. Elle lui proposa tout d'abord 100 écus. Le brun fit non de la tête, trop peu. Elle fouilla et ressortit 500... Pestant, il fit mine de faire demi tour. La jeune femme le retint prestement et lui en offrit pour 1000 écus. Stromb fit mine de réfléchir, son accolyte dansant d'un pied sur l'autre. Le voyant hésiter, elle finit par monter à 3000 écus, dernière offre. Alors aprés une ultime hésitation, Stromb hocha la tête avec un sourire niais. Il échangea la carafe contre la bourse bien pleine et ils mirent les voiles.

Un peu plus loin sur la berge, les deux hommes laissèrent éclater leur joie dans un rire tonitruant. 1500 écus chacun, pas mal ! De loin, il virent les deux jeunes femmes secouer la carafe dans tout les sens et tenter veinement de la faire cracher sa richesse. Ils en pleuraient de rire. Aprés une biere partagée, ils se saluèrent et Stromb prit le chemin de l'auberge. Il s'asseya à une table et commanda un whiskey 12 ans d'âge. La fortune, ça se fête !!
Matouminou


ET L'ON DÉCIDE D'ALLER A HASTING... (CAPITALE DU SUSSEX)

Tout se déroulait normalement. Ils visitaient les villes dans lesquels ils passaient deux ou trois jours, pas plus. A Arundel, Bernie tomba malade. Ils ne voulurent pas la laisser seule, mais elle leur ordonna de poursuivre leur voyage:

- Je vous rejoindrai dès que je serai rétablie...profitez et amusez vous...


Ils prirent alors la route pour faire une étape à Lewes pour repartir immédiatement vers la capitale du Sussex: Hastings.

Elle se demandait comment Stromb faisait pour tenir le coup. Il dormait très peu et quand il passait la nuit avec elle, elle savait qu'il ne fermait pas l'oeil, passant et repassant sans doute tout ce qu'il se reprochait, tout ce qu'il regrettait, culpabilisant bien au delà de ce qu'il fallait, selon elle.

Bien souvent, le matin, elle était seule et le retrouvait en taverne, les yeux cernés, perdu dans ses pensées. Il buvait plus que de raison. Bien sur, quand il la voyait, son regard s'illuminait, il lui souriait, mais cela n'effaçait pas les cernes noires sous ses yeux ni la fatigue qui se lisait sur son visage. Cela fendait le coeur à la jeune femme.

Leur arrivée à Hastings fut des plus mouvementée. Alors qu'ils venait de se présenter dans une auberge, sans ménagement, et sortis de nulle part, deux gardes s'étaient jetés sur Kal et l'avait ligoté comme un vulgaire saucisson. Ils n'avaient pu rien faire, seulement lui crier qu'ils ne le laisseraient pas comme ça.
Après quelques recherches, ils avaient appris que Kal se trouvait dans les geôles du château de Hastings. Eleena avait été rassurée. Ce serait la première fois depuis le début du voyage qu' elle saurait où se trouvait Kal. Ce dernier avait la fâcheuse manie de partir visiter les alentours durant des heures. Plusieurs fois Matou l'avait même soupçonné de passer la nuit dans un fossé, fortement cuit.

Toutefois, il fut libéré dans la journée, la caution de un écu ayant été payée.

Loin d'être penaud de cette mésaventure, il leur expliqua qu'il avait repéré les lieux et que ce serait très simple de prendre d'assaut le château.. Matou et Eleena avaient levé les yeux au ciel, Stromb qui n'était jamais le dernier pour se mettre dans les situations les plus inextricables, avait sautillé de joie, l'épée à la main, faisant des moulinés, manquant au passage d'embrocher quelques anglois, façon "barbecue".

Leur joie, du moins celle de Matou, fut de courte durée. Stromb allait de plus en plus mal, le manque de sommeil ayant, au fur et à mesure, raison de lui, il lui fut nécessaire de prendre du repos dans une petite abbaye angloise à plusieurs miles de Hastings.
Dire que Matou fut submergée par le chagrin est encore en dessous de la vérité. C'est à ce moment là, bien qu'elle le savait depuis un moment, qu'elle avait pris pleinement conscience qu'elle ne pouvait plus se passer de lui.
Pourtant, avec courage, elle avait ravalé ses larmes. Il lui importait plus que Stromb se repose et retrouve figure humaine.
Le matin de son départ, elle avait eu la joie immense de trouver un petit parchemin. Elle grava les mots couchés sur le vélin, dans sa mémoire.
Ce furent trois jours moroses comme le temps qui avait viré à la pluie. Matou avait écrit à Stromb, tous les jours, c'était sa façon à elle de se sentir près de lui.

Et puis, il était revenu, reposé et rieur, il avait, bien entendu, fait tourner en bourrique les moines, les invitant à boire et leur racontant tous les plaisirs à côté desquels ils passaient, en s'enfermant derrière leurs murs de prières.
Matou avait ri à ses récits hauts en couleurs. les retrouvailles avaient été merveilleuses.

Ils rencontraient des anglais, ce qui, somme toute, était rassurant en Angleterre, et s'amélioraient dans cette langue curieuse toutefois.

Un jour, alors que Matou était seule avec un anglais en taverne, elle avait eu un peu de mal.
Il s'était présenté, elle n'avait pas bien compris son nom, mais avait fait comme si, Matou était très forte pour afficher sur son visage l'expression "j'ai rien compris mais je maitrise la situation, du moins je m'y emploie." Cependant la suite avait été plus complexe. Elle s'était, à son tour, présentée, ayant appris la phrase par coeur:


- Hello, I am Matouminou from Normandy, in France! Naillse toux mite iou!


Au début, elle s'était demandée ce que signifiait cette histoire de mites enrhumées, mais on lui avait expliqué qu'il s'agissait en réalité de dire qu'elle était heureuse de le rencontrer. En soi, c'était faux, ne le connaissant pas, comment pouvait-il être heureuse de le voir? Bref, cela faisait partie de cette politesse à appliquer.
Ensuite, pour faire un geste amical, elle avait sorti de sa besace une bouteille de calva et avait dit:


- Calva...mais dîne Frantz...

La prononciation était souvent approximative. Mais le sourire de l'anglais lui fit comprendre qu'il comprenait. Enhardie, Matou, après lui avoir servi un godet, trinqua avec lui.
L'anglais lança alors un tonitruant:


- Chie zzzz....du moins c'est ainsi que le comprit Matou. Un poil offusquée, quelques peu paniquée, elle lui désigna les latrines. Au regard qu'il lui lança, elle vécut, à ce moment là, un grand moment de solitude, d'autant qu'elle venait de se souvenir que cela voulait tout bonnement dire "santé".

Le rire étant une forme de protection, elle en usa, quitte à passer pour une douce sotte.
La conversation, enfin les malentendus plutôt, se poursuivirent. Il faut dire que l'anglais était aussi bavard que curieux. Le pompon fut quand elle lui demanda s'il voyageait:


- Are you travlo? euh traveling?

Et qu'il lui répondit, ce qu'elle comprit ainsi:


- Yes, and Ahmed a l'gout d'tripes!


Si Matou avait eu une gorgée de calva an bouche, nul doute qu'elle l'aurait recraché, pourtant le calva s'est sacré. Elle se contenta d'ouvrir de grands yeux et de hocher la tête, se demandant où elle était tombée.
La conversation se poursuivit encore un peu, sur la pluie et le beau temps, enfin, sur la pluie surtout, le beau temps en Angleterre n'étant pas un sujet très développé.
L'anglais se leva enfin, et cria au tavernier:


- Débile!!

Elle cligna des yeux, s'attendant à ce que le tavernier mette son poing dans la figure de l'anglais malpoli, mais il n'en fit rien, se contentant de lui dire:

- Fort et cul...


Roulement des yeux de la jeune femme, c'était au-delà de tout ce qu'elle pouvait imaginer. Toutefois, en le voyant poser quatre pièces sur la table, elle rougit, se disant qu'il fallait vraiment qu'elle prenne quelques cours d'anglois.



_________________
Stromboli
Deux yeux noirs torturés scrutaient le petit sac de toile posé sur la table. A l'intérieur, se trouvaient auparavant ses économies pour tenir tout le voyage. Mais en à peine quelques jours, ce joli petit magot était parti en fumée. Comment était-ce possible ? La raison en est simple. Les démons qui habitaient Stromb ne le quittaient plus. De plus en plus d'horreurs, de questions, de reproches apparaissaient dans sa tête. Le temps qui passait n'arrangeait rien, c'était même le contraire. Il perdait tout simplement la tête. La tare familiale dont il avait hérité n'arrangeait rien. Enfermé sur lui même, ouvert seulement le soir en taverne grâce à l'alcool et à ses amis, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Alors tout cet argent s'imposait comme une voie de secours. Les écus avaient servi à payer le whisky, les tournées, les plantes euphorisantes qu'il mettait dans le « Kalumet de la paix», l'opium achetée discrètement qu'il se réservait pour les soirs où plus rien n'allait... L'alcool, les substances pas très conseillées, le manque de sommeil cumulé depuis plusieurs jour, les angoisses et le stress qui le rendaient dingue... En très peu de temps, sa dose doubla. Tout était bon pour oublier, pour rire de tout et de rien, pour chanter encore plus fort, pour vivre dans son petit monde...

Et un beau jour, ou peut-être une nuit...

C'était une nuit oui. Dehors le temps s'était assombri et la pluie avait finit par tomber. Une cascade ininterrompue s'abattait sur la ville de Hastings. Seul en taverne, Stromb n'en avait absolument rien à faire. En réalité, il ne s'en était même pas aperçut. Il était assis à une table, concentré sur ce qu'il faisait. Les bouteilles vides alignées tout autour et les verres renversés n'étaient qu'un avant-gout de son état. Une bougie éclairait son regard flou entouré de cernes. Ses mains tremblaient depuis plusieurs jours, résultat de tout ses excès. Il se concentrait sur sa préparation. Il tenait dans une main une bougie et dans l'autre une boule d'opium piquée sur une aiguille. Il préchauffait sa préparation d'un œil torve et brillant. Quelques gouttes de sueurs avaient fait leur apparition sur son front. Il n'était pas encore dépendant, mais son corps et surtout son esprit réclamaient avec impatience la douce chaleur réconfortante que lui apporterait le mélange. Une fois la substance préchauffée, il bourra sa pipe avec. A cela, il ajouta du tabac et quelques graines de pavot. Sa poitrine se soulevait au rythme d'une respiration rauque, de plus en plus forte. Sa chemise délacée et entrouverte laissait voir la sueur perler le long de son torse. D'une main tremblante, il porta la pipe à sa bouche et l'alluma. Il tirait doucement, laissant le soin aux herbes de prendre. La fumée finit par arriver à sa bouche, inonder son palais... Il ferma les yeux et l'avala dans un soupire de plaisir. Les effets, rapides, prirent possession de son corps et de son esprit. La douce chaleur s'était enfin emparée de lui, le relaxant totalement. Il se coula dans sa chaise, posa sa nuque sur le dossier et savoura l'extase presque orgasmique qui s'était emparée de lui et contrôlait son corps. La fumée s'échappait de ses narines tandis qu'il tirait par moment une nouvelle goulée de fumée magique. Le mélange funeste crépitait dans la pipe à chaque tirée et rougeoyait dans la pénombre de la taverne. Aucun bruit, aucun trouble. Stromb se sentait porté. Enfin, il arrivait à ne penser à rien. Il ouvrit à moitié les yeux pour chercher d'un regard lent et hagard une nouvelle bouteille de whisky. Il finit par en trouver une à moitié terminée sur la table. Avec lenteur et difficulté, il étira le bras et se saisit du précieux liquide. Il porta la bouteille à sa bouche et se délecta du nectar ambré qui coulait dans sa gorge. Ses tripes déjà brûlées ne réchauffèrent pas, il tétait la bouteille comme un nouveau né suce le sein de sa mère. Une fois vide, la bouteille glissa de ses lèvres et tomba à terre, se brisant en pierres d'étoiles. Le regard toujours hagard, Stromb porta la pipe à sa bouche et s'enivra de ses bienfaits divins.

Mais après plusieurs minutes, Stromb se senti bizarre. Son délire lui fit voir des choses. Mais cette fois-ci, les choses qu'il vit s'avérèrent être tout ce qu'il cherchait à fuir. C'était les choses qui le hantaient et qu'il voulait à tout prit oublier. Sous ses yeux terrifiés, apparut Inba. Son ancien amour, celle qu'il pensait être sienne pour le reste de sa vie... Elle était là, allongée dans la taverne, baignant dans son sang. Stromb sursauta devant cette vision. Son cœur cognait dans sa poitrine, sa respiration bloquée par un étau. Inba le regardait droit dans les yeux, de ses yeux verts qu'il connaissait par cœur. Elle se tenait le ventre d'où s'échappait des litres de sang. Il en tomba de sa chaise. Les yeux grands ouverts, affolés, il essayait de parler... « non... pas ça... »...mais le son s'étrangla dans sa gorge. Il se recula, incapable de bouger son regard de cette représentation de cauchemar, et finit par s'adosser contre le mur. La sueur perlait à grosse goutte et une envie de vomir le tenait par les entrailles. Son visage était de la même couleur que celui de son amour déchu : pâle comme la mort, les cernes appuyant encore plus l'effet « zombie ». Il avait chaud, très chaud. Une impression de bouillir de l'intérieur. La voix d'Inba parvint jusqu'à lui.


- Stromb... tu ne m'as jamais aimé. Tu m'as laissé partir. Tu savais ce qui allait se passer et tu ne m'as pas retenu. Tu connais la vérité... tu m'as tuée. Je suis morte dans tes bras depuis bien longtemps...

Stromb fit non de la tête désespérément, prit d'agitation. Non.. ces paroles là le tiraillaient, le hantaient, cette vision et ce sentiment de culpabilité ne le quittaient plus désormais. Les mots s'étranglaient au fond de sa gorge, mais il arriva avec peine à en aligner quelques uns.

- Non, non.. c'est faux... je t'ai aimée... je.. j'ai pas voulu ça... pardonne moi je t'en supplie...

La peur qui le tenait empêchait les larmes de couler. Il n'avait pleuré que rarement dans sa vie, mais là... il aurait encore préféré les faire sortir, ne serait-ce que pour éponger ce désespoir gluant qui l'attirait dans les abysses de l'enfer.

Il vit le fantôme d'Inba se lever, sa plaie déversant son sang en cascade. Elle s'approchait de lui d'un air trahi, humilié, écœuré. Stromb était tout bonnement pétrifié, il n'arrivait plus à bouger ni à dire un seul mot. Elle s'accroupit devant lui et avec un effort surhumain, il détailla son visage qu'il connaissait par cœur. Seulement, ce n'était plus du tout le même. Ses traits étaient rongés par les bêtes, son regard vert avait viré au noir, son odeur n'était plus qu'un fumet de charogne pourrie... Il fut prit d'un vertige. Dehors l'orage avait éclaté, et les éclairs lumineux que l'on pouvait apercevoir par les fenêtres aveuglaient Stromb. Son cœur battait à tout rompre, ses poumons n'arrivaient plus à se gonfler d'air, sa tête tournaient. Les jambes en coton, il était incapable de se lever. La nausée était encore plus violente et son agitation décuplée. Sans parler du fantôme qui se tenait devant lui. Bien pire que tout les effets d'une surconsommation et du craquage du corps saturé. Son esprit et son corps meurtris étaient en train de lâcher dans le même élan.

Dans ce chaos, son regard ahuri se posa sur Inba. Il n'avait de cesse de répéter la même chose.


- Pardonne moi.. je t'en supplie... pardonne moi..

Mais le pardon est une chose précieuse, qui vaut son pesant d'or. Le fantôme grimaça un sourire glacial. Sa main décharnée rongée par les vers s'approcha de son coup. Pétrifié, il n'osa plus bouger, suivant du regard la main. D'une voix rauque qui semblait venir des enfers, le fantôme de son ex fiancée répondit à sa requête.

- Je te pardonne, Stromb. Le pardon est si peu de chose en comparaison de l'enfer que tu vivras parmi les vivants. Tu as ma mort sur la conscience, et pas que la mienne. Bon courage pour la suite mon amour...

La main l'agrippa à la gorge, glaciale et dotée d'une poigne extraordinaire. Tandis qu'un hurlement de terreur sortait de sa gorge, un rire qui n'avait rien de celui d'Inba raisonna dans ses oreilles, de plus en plus fort, jusqu'à même couvrir son cri.

Et puis soudain, le vide. Le noir. Plus rien.




[Le lendemain matin]


Les ténèbres s'estompaient peu à peu. Le brouillard opaque dans lequel avait baigné son cerveau n'était plus. Il ouvrit un œil.

Le soleil levant jetait de faibles rayons dans la taverne crasseuse. Les yeux du brun papillonnèrent doucement, s'éveillant à la vie. Il tenta vainement de rassembler ses esprits. Son corps était courbaturé par la dureté du sol... Il se redressa doucement. Une douleur lancinante se fit sentir dans son crâne. Il porta sa main à son front, serrant les dents et s'appuyant sur un coude pour ne pas retomber allongé. La lumière poignardait ses yeux rougis et sa tête pesait une tonne. Il balaya du regard la pièce dans laquelle il se trouvait. Le cimetière de bouteilles sur la table, des morceaux de verre brisés par terre non loin de lui, une chaise renversée et sa pipe renversée un peu plus loin. Alors il se souvint. Le whisky, la drogue, Inba... Il déglutit difficilement à ce souvenir, fermant les yeux un instant. Il comprit alors qu'il était passé très prés de la nuit sans fin... Une voix quelque part dans sa tête lui adressa un : « bien fait, tu serais mort comme elle. Tout seul et loin de tout. Un juste retour des choses. » Ignorant cette voix si accueillante au réveil, il entreprit de se lever. La chose s'avéra difficile, et il eu bien du mal à se tenir sur ses deux pieds sans vaciller. Il releva la chaise et s'assit face à la table. Il avait conscience que cette fois, il avait était trop loin. Son regard se posa sur sa bourse. Il la prit et l'ouvra. Cinq malheureux écus trainaient au fond. Voilà. Il était parti avec plus d'une centaine de pièces, et tout était passé dans l'alcool et la drogue. Il ne s'était nourri que de trognons de pain qui trainaient et de sandwichs sans queues ni têtes à base d'huile et d'olives.

Il poussa un soupire. Il prit conscience tout d'un coup que s'il ne déviait pas très vite la trajectoire, il irait dans le mur. Il avait besoin de repos, et surtout il avait besoin d'éviter les tentations qui le plongerait dans une dépendance malsaine et destructrice. Tout n'était pas perdu. Ses filles n'avaient plus que lui désormais, et Matou comptait sur lui. En pensant à elle, il réalisa que cette femme l'avait sauvé plus d'une fois d'une mort certaine qu'il se serrait donné. Les « amants terribles », comme disait une certaine personne, auraient fini par dormir côte à côte pour l'éternité, enfin calmés. Mais Stromb ne voulait plus ça désormais. Il avait devant lui un rayon de soleil qui avait réchauffé son corps et son âme meurtris. Il se refusait tout net de lui faire du mal. Alors les choses devinrent claires dans son esprit. Le chemin serait long, peut-être même sans fin. Mais il voulait tenir bon, ne serait-ce que pour la femme qui habitait sa vie désormais.

Un couinement dans sa besace posée sur la table le fit revenir à la réalité. Il vit Ernest le rat en sortir, les moustaches encore froissées par le sommeil. Un sourire s'étira malgré lui sur son visage. Ce rat était celui de sa fille. Il l'avait aidée et accompagnée dans les moments difficiles. Peu après la séparation, Inba lui avait envoyé pour pas qu'il ne se sente seul, pars-qu'elle savait que la vision de cet animal et tout ce qui s'y rattache l'aiderait à surmonter son chagrin. Son cœur se serra. Il était à côté de ses chausses... complètement.... La fantôme de la veille n'était sûrement pas Inba, elle qui n'avait jamais voulu que son bonheur malgré tout les malentendus. Alors il respira un grand coup. Il fallait aller de l'avant. Il est facile de tomber dans les méandres de l'enfer mais beaucoup moins d'en ressortir.

Il se saisit du rat, lui donna à manger et se leva. La besace sur son épaule, la bourse quasi vide à l'intérieur, il quitta la taverne pour quelques jours direction un endroit qu'il espérait salvateur : le monastère.
Matouminou


"Et un jour une femme
dont le regard vous frôle
Vous porte sur ses épaules
Comme elle porte le monde
Et jusqu'à bout de force
Recouvre de son écorce
Vos plaies les plus profondes..."
*

Ce voyage en Angleterre n'était pas anodin. Ils l'avaient choisi, Stromb et elle, pour s'éloigner d'un duché, d'une ville où ils ne se sentaient plus bien. Pour Matou, il ne s'agissait pas de renier sa ville natale, ni ses amis, non...simplement s'éloigner de ceux avec lesquels elle était en désaccord, dont elle ne comprenait plus le fonctionnement. Il était nécessaire de partir un temps de ce duché où l'on se débattait pour obtenir une aide dérisoire et dont les dirigeants passaient leur temps sur des dossiers dont l'importance restait variable, mais bien moindre par rapport à la menace de l'Hydre, entre autres menaces.

Pour Stromb, elle savait que c'était un mélange de déception, d'incompréhension, d’écœurement et de colère face aux accusations dont il avait fait les frais. Personne n'avait pris la pleine mesure de ce qu'il avait donné à Fécamp, se battant pour une ville alors qu'il n'était même pas normand. Certains avaient ri, moqueurs, d'autres n'avaient pas hésité à le soupçonner d'être aux côtés de l'Hydre. Et puis, il y avait eu les rumeurs, les paris stupides sur leur compte. Nul n'avait compris que ça faisait bien l'affaire des hydeux hydreux.

En Angleterre, elle avait réussi à ne plus penser à tout cela , toute à son bonheur d'etre avec Stromb, Kal et Eleena. Toutefois, cela n'avait été que de courte durée et, une sourde inquiétude ne la quittait plus, depuis ce jour où la nouvelle leur était parvenue, horrible et sans appel: Inba, l'ancienne compagne de Stromb, était morte.

Elle l'avait vu vaciller et la lente descente aux enfers avait commencé. Elle l'avait vu dégringoler chaque jour un peu plus et elle était impuissante et malheureuse de le voir se mettre dans un tel état.
Pourtant, elle n'avait pas failli, elle avait fait face, l'aidant comme elle pouvait en étant près de lui, présence aussi rassurante que possible. Parfois, elle réussissait à le faire parler un peu. mais, elle avait compris qu'on ne peut raconter l'indescriptible et qu'il lui était impossible d'exprimer ce qu'il ressentait avec des mots; pire, il pensait ne pas pouvoir partager cette douleur avec personne.
Or la mort d'Inba avait aussi ébranlé Matou. La peine l'avait submergée. Elle ne l'avait pas connue longtemps, mais elle avait apprécié sa gentillesse et sa vivacité. Elle avait aimé leurs balades aux falaises et les moments au phare. Lorsqu'Inba avait décidé de partir, elles s'étaient écrit.
C'est pourquoi cette terrible nouvelle l'avait plongée dans un profond sentiment de culpabilité car elle savait sa part de responsabilité dans la mort d'Inba. Il lui faudrait vivre aussi avec ça, désormais.

Cependant, il était dans la nature de Matou d'être résolument optimiste, du moins pour les autres. Pour elle, elle ne savait pas faire, plus habituée à donner qu'à recevoir. Cela la plongeait parfois dans des moments de profonde mélancolie, dont elle sortait hagarde et épuisée.

Pour Stromb, il lui fallait être forte et attendre que le temps fasse son œuvre. Pourtant, le voir s'enfoncer de plus en plus dans l'alcool lui lui brisait le coeur. Elle savait aussi qu'il usait d'autres substances afin de tenter de faire taire la douleur qui le broyait. Elle désapprouvait la façon dont il se détruisait, cela lui vrillait le coeur, et souvent au cours de ce séjour en Angleterre, pour évacuer le trop plein, elle était allée sur la plage. Le regard fixé sur l'horizon, elle laissait couler les larmes sur son visage. le bruit des vagues l'apaisait, et le ballet des mouettes au-dessus de l'eau, réussissait parfois à lui arracher un sourire.

Enfin, elle repartait vers la ville, les yeux rouges, le coeur pourtant un peu moins lourd, mais toujours avec cette même peur au ventre, peur de le perdre, peur que dans ce combat auquel il se livrait, , ce soit ses démons qui remportent la victoire. Mais lorsqu'elle le voyait, elle retrouvait assez de force pour lui sourire, et quand leurs bouches s'effleuraient, il ignorait sans doute à quel point elle y puisait du réconfort.

Elle ne disait rien de l'image détruite qu'il lui offrait, et profondément amoureuse, elle voyait au delà, elle espérait un avenir pour eux.
Mais pour cela, il fallait qu'il accepte de passer cette épreuve

(...)

Après son séjour chez les moines, il avait semblé à Matou, qu'il était plus apaisé. Les cernes noires sous ses yeux avaient disparu, preuve qu'il avait réussi à dormir. Et même si de temps à autre, elle le voyait se perdre dans ses pensées, elle savait que doucement le ciel s'éclaircissait.
Certains gestes...un collier, une bague avaient scellé leur destin.
le temps était un allié.

Sur le pont de l'Héméra qui les avait ramenés en France, tandis que la nuit tombait, elle avait levé les yeux vers les étoiles. Portant la main à son cou, elle avait serré le pendentif et avait mumuré:


- je te rendrai heureux...je le sais...Demain est un autre jour, demain nous appartient...




* Extrait 'Et un jour une femme" F.Pagny

_________________
See the RP information <<   1, 2, 3, 4, 5   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)