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[RP] Baptème de Margaut, Eamon et Tugdual

Azzera
Si on pouvait quantifier le bonheur, ce moment serait sans doute placé en très bonne place !
Que le Très Haut soit loué, Eamon et Margaut étaient baptisés, cela signifiait, bien sur, qu’ils faisaient maintenant partie de la grande famille aristotélicienne, mais cela induisait aussi qu’ils pouvaient se marier dès cet instant !

Elle n’allait pas perdre un fils, mais gagner une fille ! Elle en était maintenant certaine ! Bien sur que la blanche avait douté, bien sur qu’Azz avait considéré Margaut comme celle qui lui prenait son fils, mais l’épisode du château lui avait remis les idées en place !

Ne plus jamais douter de l’amour de son fils !
Bien !
Respirer plus fort en se souvenant de son géniteur… que penserait Aengus de tout ceci, lui qui avait embrassé la religion d’Azzera juste pour l’épouser ? Juste par Amour
Il était mort maintenant (ou du moins, le croyait-elle) mais de là haut, il les voyait, comment considérerait-il cette cérémonie ? Eamon était ici par amour lui aussi. Bon sang ne saurait mentir.

Amour de son papounet (il serait fière de le voir ici)
Amour de sa princesse (il avait donc la même réaction que son géniteur)
Amour du Très Haut
Amour tout court !

Quel sentiment merveilleux n’est-il pas ? La mimizannaise s’efforçait, devant Gil, de ne rien montrer, mais lorsqu’elle était seule (en mission, dans une église quelconque, en foret… cela arrivait souvent) elle pensait à lui, parfois même elle sentait sa présence, son odeur, ou elle entendait sa voix.

Aengus…
Impossible de l’oublier, alors elle le gardait dans un coin de son cerveau ! Eamon avait arrêté de lui dire qu’il l’avait rencontré lors des noces d’Azzera et Gil.
Ne pas penser à lui en cet instant, son Ange verrait tout de suite dans les yeux de la blanche à qui elle songeait.
Le refouler dans le coin de son esprit, là ou était sa place depuis longtemps. Depuis plus de 14 ans !

Petit pressement des doigts sur son trisquel, puis regarder son fils l’air de dire : « voila mon Ange, tout va bien, je suis là »

Arrivés sur le parvis, l’heure était à la liesse, aux félicitations, aux remerciements… aux retrouvailles… celle d’une mère avec son enfant, car même s’il avait grandit comme une mauvaise herbe, il restait son tout petit ! Celle d’une amie avec le trio.

Baile… tu es venue ?! Non non c’était un hologramme qui était devant elle… c’te question !

Je me demandais vraiment si Eamon allait voir sa marraine ce jour… oh, je ne parle pas de moi, hein, ce fut une surprise qu'il m'appelle.
Non non, je parle de celle qui compte vraiment beaucoup pour lui !

La blanche ne quittait pas du regard la princesse et son crapal, leur laissant l’occasion de parler avec Tugdual, Victoire et d’autres personnes qu’elle connaissait de vue (ou pas)
Elle, pendant ce temps, était occupée à parler avec sa capitaine. Cela lui faisait énormément plaisir de la voir ici, non seulement pour son Ange, mais aussi pour elle-même, très égoïstement, Azzera avait Baile pour elle seule, un instant, elle l’enlaça et lui murmura à l’oreille :
merci !

Heureuse, tout simplement.

_________________
Eamon_de_treviere


- BAILE !!

Ce cri jaillit de ma poitrine sans que je puisse en aucune manière le contrôler !

- Par le Très Haut... je suis comblé... n'était-ce l'absence de Papounet, mon bonheur est parfait ! Les trois femmes que je respecte, admire et aime le plus au monde sont là !..; j'en crois pas mes yeux !

Sans plus de façons, nonobstant le fait que Baile ne prisait guère les effusions, je la pris dans mes bras avec chaleur et lui murmurai :


- Ma Marraine-Guerrière... mon Amazone préférée... mais avant tout MA Bailounette... Je sais que t'aime pas ça, mais cette fois, tu n'y coupes pas !

Et je l'embrassai chaleureusement sur la joue sans cesser de l'étreindre. Dieu du Ciel oui j'avais grandi ! Certes Baile était robuste, mais de petite taille, quoique plus grande que Maman, et j'avais poussé comme une mauvaise herbe si bien que je n'eus guère de peine à la serrer contre mon coeur.
Je m’écartai d'elle enfin, mettant ainsi fin à son supplice non sans pouffer devant sa mine ahurie et ses yeux roulants et j'ajoutai à haute voix en riant :

- Ce sera l'avant dernière fois que je te fais subir ce traitement, rassures toi... La prochaine fois, ce sera à notre mariage !...

Et je m'écartai d'elle en riant pour rejoindre Maman et Margaut non sans avoir chopé Baile par la main pour l'amener auprès de notre trio.

- Baile… tu es venue ?! Déjà Maman s'empressait auprès de ma marraine de Coeur.

- Je me demandais vraiment si Eamon allait voir sa marraine ce jour… oh, je ne parle pas de moi, hein, ce fut une surprise qu'il m'appelle.
Non non, je parle de celle qui compte vraiment beaucoup pour lui !


C'était tellement vrai ! Pourtant, Baile n'était pas une femme encline à des effusions, au point d'en paraître parfois revêche, mais, allez savoir pourquoi, elle m'avait attiré dès mon plus jeune âge... Prestance, courage, loyauté et fidélité étaient, j'en jurerais, ses plus belles qualités et je savais que derrière ce masque austère se dissimulait mal une femme généreuse et tendre. Et de plus je savais qu'elle avait un faible pour moi. Personne n'eut osé l'enlacer comme je l'avais fait.

Le trio se transforme donc en quatuor.

Bien sur, au passage, un petit mot pour les uns et les autres, mais ces formalités accomplies je n'avais eu de cesse que de retrouver ces trois merveilleuses femmes qui, chacune à leur manière, forgèrent mon caractère, me façonnèrent. J'étais si fier d'être leur fierté !


Mon regard allait de l'une à l'autre avec admiration, tendresse et joie. C'était, je crois le plus beau jour de ma vie et un peu étourdi de tant de bonheur, j'imaginais déjà notre mariage baignant dans la même sérénité, la même béatitude.

Mon regard faisait le tour du parvis dans le même temps, histoire de bien imprégner ma rétine de cette atmosphère merveilleuse lorsque mes yeux se portèrent vers le haut des marches.


Et soudain... Je LE vis !

Je dus devenir livide car, Margaut et Maman qui tournaient le dos à la direction que prenait mon regard me dévisagèrent curieusement.


- Mère... Margaut... C'est LUI... IL est là... Il est venu !!

_________________
Oengus_le_noir


Devenu une créature de l'ombre par choix autant que par nécessité, j'avais un peu de mal avec la lumière éclatante de cette splendide journée d'été. Je me sentais gauche, pas à ma place, et pourtant. J'avais parcouru des lieues et des lieues en ectte terre de France pour retrouver la chair de ma chair, le sang de mon sang : mon fils Eamon !
Ce n'était pas si près du but que j'allais une fois de plus reculer.
Une épreuve de plus.
Mais après tout, n'avais je pas eu ma part de malheurs pour que le bonheur d'enfin serrer mon fils dans mes bras au grand jour sous le regard de tous me soit ôté ?

En passant devant moi, Baile avait eu un léger mouvement de tête m'invitant à la - les - suivre. Je ne me fis guère prié et, après avoir pris une grande inspiration, je me retrouvai donc en pleine lumière.
Et là, je fis une chose que jamais je n'aurais cru possible la minute d'avant : Je laissai tomber ma large capuche sur mes épaules !

Une saute de vent soudaine s'engouffra dans ma vaste cape et fit flotter mes longs cheveux à la brise chaude qui se coulait doucement sur mon visage marqué.

Je restai un moment immobile prenant mes repères - machinalement - observant la foule souriante et grave qui se dispersait peu à peu.

Un peu en contrebas, Baile avait rejoint les enfants et Azzera et je ne pus m'empêcher de fixer le regard sur le petit groupe ainsi formé.

Baile, comme à l'accoutumée fière et sanglée dans une tenue qui ne pouvait cacher sa position de guerrière et de Capitaine des Dames Blanches. Quelle belle femme. Quel tempérament aussi... mais quel fichu caractère ! Pourtant, j'eus aimé m'en faire une amie, une alliée en tous cas. Car, en effet, je ne voulais de mal à personne. Le temps des drames était pour moi révolu. Je ne songeais alors qu'à des retrouvailles.

La jolie Princesse, promise à Eamon se tenait aux côtés d'Eamon, la main glissée dans la sienne, fière et droite, elle aussi. Le port altier et noble, elle était devenu une merveilleuse jeune femme. Elle gardait encore ce regard d'enfant qui jamais, je l'espérais, ne la quitterait. Il avait bien de la chance le petit O'Sullivan.

Ce dernier, quant à lui, après des effusions touchantes avec celle que je savais être sa marraine, avait repris place au milieu d'elles.
Je ne pouvais qu'être fier de lui. Par Eithne... qu'il avait grandi ! Il dominait ses compagnes d'une bonne tête, ses longs cheveux blonds flottaient à la brise d'été.
Il était vêtu sobrement mais avec élégance. Son mantel rouge se voyait de loin et je ne pus m'empêcher de sourire en constatant qu'en jeune coq heureux de sa jeunesse et de son bonheur, insouciant et un brin excentrique, il avait dû sciemment choisir ce vêtement un peu voyant par malicieuse fanfaronnade.

Mon regard se porta enfin sur la gracieuse silhouette de sa mère.

Par tous les Dieux elle était plus belle encore que dans mes souvenirs les plus fous !
Et, alors qu'il me fallait enfin franchir le Rubicon, j'eus l’irrésistible envie de tourner les talons, enfourcher le rouan et m'enfuir au grand galop. Je serrai les poings à m'enfoncer les ongles dans la paume et me fis violence : "Non Aengus, cette fois, tu ne fuiras pas et au diable les conséquences !"

Je n'avais pas fait tout ce chemin depuis la Bourgogne pour, une fois de plus, fuir mon Destin.

Azzera me tournait le dos, l'émotion qui naissait en moi était grande, et c'est peu dire : à quelques mètres des êtres que mon coeur chérissait le plus au monde, je me sentais paralysé, comme si la peur de rompre ce charme me clouait au sol.

Mais, me secouant de cette torpeur, je pris une profonde inspiration et déplaçai ma grande carcasse lentement vers le quatuor formé par les baptisés, la Capitaine et Azzera.

C'est alors que mon regard rencontra celui d'Eamon : Il m'avait vu !

Le sort en était désormais jeté... Que Eithne me vienne en aide !
Azzera
- Mère... Margaut... C'est LUI... IL est là... Il est venu !!

Azzera ne comprit pas de suite, mais voir son enfant devenir aussi blanc que la neige fraichement tombée du ciel lui glaça le sang en un instant. Était-ce du à la brise qui venait faire tournoyer les jupons ? Non, il y avait autre chose, elle ne tarda pas à savoir de quoi il s’agissait.

Elle lança un regard à Margaut, les yeux voulant lui demander ce qu’il se passait, mais après une fraction de seconde, elle se retourna pour suivre les prunelles de son fils.

Regard arrêté sur la silhouette d’un homme… Elle ne pouvait y croire, malgré les années passées, la différence physique, elle n’avait aucun doute sur le nom de celui qui se tenait là.

Cœur battant la chamade, sang s’accumulant dans les tempes, jambes flageolantes.
Là, sur les marches de l’église, à quelques pas du petit groupe, se tenait un être qu’elle reconnu tout de suite. Comment l’ignorer ? Comment douter que c’était bien de lui dont il s’agissait ? Quel comportement adopter ? Pourquoi était-il venu ? Comment savait-il ? Tant de questions s’imposaient à elle. Aucune réponse… rien !

Agir, oui, mais comment ?
Bras ballants, corps figé, mirettes ne le quittant pas du regard, observation efficace,
Il avait tellement changé, et pourtant, il était toujours le même.
Fierté digne, allure noble, de caractère incontrôlable (preuve était sa venue icelieu)

Eamon avait donc raison, tout ce temps qu’elle avait mis à nier les dires de son fils… et maintenant, il était là, à portée de voix.

Foutre cul elle avait tant espéré cet instant ? Combien de fois la blanche l’avait-elle ardemment souhaité ? Morte couille de bave de crapaud enrhumé (pardon pour l’expression) son corps ne répondait pas à ses ordres ! Elle commandait de se retourner vers son fils pour faire semblant de ne pas l’avoir reconnu, et, au contraire, elle se senti aller vers lui. Comme attirée par un aimant.

Azzera avait très chaud, ses joues devaient être en feu, mais, maintenant son pas était sûr ! Pas un mot pour son fils, ni pour Margaut ni pour sa Capitaine.
Elle avançait lentement vers lui, sans penser aux conséquences de ses actes, elle voulait lui parler, le toucher, le respirer…
Serrer son pendentif d’une main moite mais ferme !
Avancer encore un peu. Soulever ses jupons, juste assez pour lui permettre de monter les marches sans se prendre les pieds dans le tissu

Visage rempli de diverses émotions, mains croisées devant elle, comme pour se protéger inconsciemment, voix douce, posée mais ferme.

Aengus… vous … je… non, ne pas bafouiller, il va se rendre compte de son trouble.

Le bon jour messire O’Sullivan.
Voila, mettre une distance verbale entre eux, le regarder intensément, il pouvait lire en elle, elle en était certaine, alors, il fallait bien faire quelque chose pour qu’il doute… si tant faire se peut !

Je vous pensais mort !

Là, c’est dit, elle n’a exprimé aucune question, pourtant, elle attend des réponses.

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Oengus_le_noir


[Mémoires d’Outre Tombe - parce qu'il faut que la lumière se fasse]

Non, je n'allais pas reculer, je n'allais plus fuir.
Mais je ne voulais pas me précipiter, ne pas effaroucher mon fils, sa promise et sa mère... ne pas m'attirer les foudres de la Capitaine des Blanches.
C'est pourquoi je marchais lentement.
Non pas que je veuille reculer le moment de cette rencontre, juste qu'il me fallait reprendre contenance, masquer ce trop plein d'émotions qui nouait mon ventre et ma gorge.

Eamon m'avait vu, mais sa mère me tournait encore le dos. Visiblement il lui avait parlé et son teint devint livide. Dame, je pouvais ressentir son émotion à travers la mienne. Pour le coup, je m'en voulus un peu, mais il était désormais trop tard : les dés étaient jetés.
Je marquai cependant un temps d'arrêt et tout alors se passa très vite... Trop vite ?

Azzera se retourna soudain, suivant le regard d'Eamon et nos regards se croisèrent. Par tous les Dieux d'Irlande ! Plus belle que jamais elle se tenait fière et droite malgré le tumulte des émotions contradictoires qui devait l'envahir - je n'en menais pas large moi non plus.
Et, alors que j'allais reprendre ma progression vers leur groupe, ce fut elle qui s'en détacha, venant crânement à ma rencontre.

Depuis quatorze ans, j'avais imaginé tous les scénarios possibles régissant d'éventuelles retrouvailles avec celle qui fut et restera à jamais l'être le plus sacré à mes yeux. Celle qui fut à mes côtés trop peu de temps, mais avec quelle intensité ! Avec quelle passion silencieuse mais ardente !
Mais jamais je n'eus imaginé que cette rencontre se déroulerait de cette manière, ma foi banale, contrastant avec l'intensité de l'événement.

Azzera ne fut jamais bavarde. Nous nous comprenions d'un regard. Et là encore, lorsque nos regards se croisèrent, il me sembla que, si le temps nous avait marqués, parfois cruellement, jamais cette complicité ne s'était effritée car nous lisions l'un en l'autre comme au premier jour.
Je pouvais palper l'ouragan qui se déchaînait en elle comme elle dut lire l'intensité de mon propre trouble.

Mais nous restions dignes, volontairement placides.Il me semblait clairement que n'eussent été les circonstances, nous nous serions jetés dans les bras l'un de l'autre, éperdument émus par ces retrouvailles inattendues... improbables même.

Elle s'arrêta à deux pas de moi. J'eus pu aisément faire un pas en avant et l'étreindre, mais je n'en fis rien. Je la savais mariée et, sans doute, heureuse. Je n'étais pas là pour elle à vrai dire. Même si j'avais espéré sa présence.
Ce fut elle qui, la première rompit ler silence de sa douce voix subtilement altérée par l'émotion :

- Aengus… vous … je…

Regards brillants, frissons, jambes à la limite de la dérobade. Par Lug.. que nous fallut-il de contrôle sur nous mêmes pour ne pas défaillir, paraitre dignes, courtois, sans affectation mais étonnés, apeurés et ravis à la fois de se retrouver.
Elle tenta de se reprendre. Mais c'était trop tard. Déjà je savais le trouble qui l'avait envahie depuis notre premier regard.


- Le bon jour messire O’Sullivan.


Merveilleuse Azzera... pareille à elle-même ! Ne rien - ou si peu - laisser paraître. Être forte.
Eamon avait de la chance d'avoir une mère comme cette femme remarquable.
Elle se voulait distante - oh, juste ce qu'il faut - pour respecter les convenances mais je savais que, tout comme moi, elle se consumait d'impatience de savoir.

- Je vous pensais mort !

Et voilà ! En quelques mots, elle avait tout dit. Et, avec cette subtilité bien féminine, avec douceur, mais intensité, avec fermeté mais compassion, elle me te,dait la plus belle perche que je pouvais imaginer.
Je m’éclaircis la voix d'un léger toussotement et, d'une voix que je voulus ferme, solennelle mais aimable :


- Le bon jour, Azzera... Je le pensais aussi... jusqu'à ce jour !


Ô, prononcer ce nom à haute voix !... Moi qui l'avais murmuré tant de fois, qui l'avais hurlé à mon retour d'enfer ! Ce nom pe parut une coulée de miel au fond de ma gorge..; Azzera...
Quatorze années lumières de séparation. L'enfer aristotélicien n'est rien en regard de celui qui fut le mien durant toutes ces années.
Mais il me fallait à présent parler. Lui dire la Vérité. Elle l'attendait depuis ces mêmes années. Et j'enchaînai, comme soudain libéré :


- Mais, la faucheuse n'a pas voulu de moi. C'est une curieuse histoire. Avec le recul, je la trouverais presque... belle, puisqu'elle me permet de retrouver aujourd'hui des êtres chers.

Je la voyais me dévisager, semblant ne manifester aucune aversion à mon endroit nonobstant les traces cruelles de la tragédie qui se déroula en Bourgogne. Il me fallait à présent lui relater ces événements douloureux. Force me fut de constater qu'ile me laissaient, malgré tout un goût amer dans la bouche.
Mais, on ne refait pas l'histoire... on se contente de la narrer. Je pris alors une longue respiration et, d'un ton dans lequel je m'efforçai de ne point laisser poindre d'émotion mélodramatique, je lui contai en termes simples et concis les circonstances de ma "mort" :


- Je vous épargnerai le rappel de notre dernière rencontre. Je pense que, vous et moi en avons été assez affectés.


Regards plus intenses soudain, respirations haletantes... si légèrement opressées à cette évocation, mais il me fallait enchainer, ne pas alourdir cet instant. Je repris d'une voix assurée sur le ton de la narration... Comme si cela concernait une tierce personne. Et, après tout, n'était-ce pas le cas ?


- Je pensais alors ma fin proche et dès que vous fûtes repartis, Pluie et vous, je me résignai à demander au moine médecin que tout fut mis en oeuvre pour des funérailles telles que je les avais toujours souhaitées selon une vieille tradition irlandaise... Un hommage rendu aux guerriers, en quelque sorte.
Je demandai donc que mon corps fut déposé sur une barque transformée en bûcher que l'on enverrait au larghe après l'avoir enflammée. Mes cendres seraient ainsi dispersée dans l'eau créatrice et retourneraient vers leur origine.


Courte pause, puis :


- Comment vous expliquer la suite ?... Les moines durent exaucer mon voeu, mais tout ne se déroula point ainsi que la logique l'eût voulu.
Je me réveillai brutalement au beau milieu des flammes, le corps dévoré par un feu ardent, une folle douleur me faisant sursauter et me démener comme un beau diable - l'image est presque amusante - tant et si bien que je fis chavirer la barque et manquai de me noyer.


Une grimace involontaire déforma uninstant mon visage. Dieu que ce souvenir reste douloureux :


- Je ne sais comment j'ai survécu. Je me suis retrouvé étendu sur la berge du lac loin du débarcadère. Tout était silencieux, une loudre brume flottait à la surface de l'eau. Nul ne me vit et je ne vis personne. Combien de temps suis-je resté inconscient ? ... Je ne sais.
Lorsque je me réveillai, j'avais perdu le souvenir des événements qui m'avaient menés là. J'ignorais jusqu' à mon nom.
Le corps taraudé de vives douleurs, les souffrances me firent perdre la raison et je vécus trois années comme un ermite au fond des bois, me nourrissant de racines, de baies et de petit gibier capturé souvent par chance.
Lorsque je vis mon visage dans la surface du lac, je crus défaillir... ma peau lacérée par les flammes se gonflait en cloques immondes, purulentes, suintantes... Horribles.


Je ne pus m'empêcher de frissonner à cette évocation.

- Mais, allez savoir pourquoi, peu à peu, je repris courage. Oh, pas celui que vous me connaissiez autrefois. Non. Une espèce de rage de vivre, un défi lancé à la face de la Faucheuse, presque une jouissance ! Je recouvrais peu à peu la mémoire. Je retrouvais les gestes qui soignent me permettant ainsi de préparer remèdes et onguents qui me permirent d'atténuer les effets de mes brûlures sans toutefois parvenir à les effacer complètement.
Partagé entre rage et désespoir, entre honte et bravoure, je mis donc trois longues années avant d'oser sortir de ces bois protecteurs. Pratiquement nu - je ne supportais le contact d'aucun vêtement - je finis par pouvoir me vêtir en volant des oripeaux à un épouvantail.
Et c'est ainsi que je fis ma réapparition au monde... une re-naissance en quelque sorte.


Il me fallut faire une pause... Je fermai douloureusement les yeux un instant. Par Eithne, que de chemin parcouru depuis ce temps !


- Mes errances me conduisirent en Bretagne où j'élus domicile. Puis un jour, mû par je ne sais quel impératif besoin, je repris la route et descendis en Gascogne... Là où tout avait commencé.
Je me souvins que vous attendiez un enfant et je ne sais quelle folie me prit alors de vouloir le voir... même de loin.
Ce fut là ma première "apparition".
Et mz folie fut récompensée de curieuse manière puisque je LE vis... Mais, hélas, je VOUS vis aussi. Je vous vis dire "OUI" à ce brave Gil. Et, curieusement, j'en fus apaisé. D'une part, mon fils aurait un père - ô combien digne de confiance - et, d'autre part, ce mariage vous aiderait certainement, selon moi, à ranger soigneusement des souvenirs à la fois pénibles et merveilleux.
Oh, bien sur, j'en souffris. Je faillis même m'opposer à cette union en dévoilant ma présence et les liens que nous unissaient par notre mariage sur mon grabat d'agonie. Mais je ne pus m'y résoudre. Vous aviez droit à ce bonheur et, je n'étais plus qu'un fantôme. Je n'avais plus rien de commun avec celui que vous aimâtes autrefois. Je me voyais tel un être repoussant amoindri et je n'eus supporté la pitié ou même la compassion avec laquelle vous eussiez pu alors m'accueillir.


Je dévisageai intensément celle que je continuais, en mon for intérieur, à appeler ma Sirène. Je pouvais lire les émotions qui se peignaient sur son merveilleux visage et j'en eus de la peine. Mais, à présent que le contact se renouait, il me fallait aller jusqu'au bout . Je terminai donc :


- Ensuite ?... Ma foi, je me sauvai littéralement de Mimizan, pensant avoir définitivement tourné une page. Làs... c'était sans compter ce demon qui me taraudait les entrailles chaque fois que le hasard me donnait des nouvelles de mon fils. Dès lors, je n'eus de cesse de le retrouver. Il s'en fallut souvent de bien peu pour que je le rencontre, mais à chaque fois un événement s'interposait qui empêchait ces retrouvailles.
Je m'installai donc à Murat, ayant appris qu'il y avait élu domicile et j'attendis avec grande anxiété son retour de la guerre.
J'avais noué quelques liens avec des habitants de Murat qui me confirmèrent sa présence et son retour imminent. J'attendis donc encore.
Jusqu'au jour où un pigeon inconnu se posa sur le rebord de la fenêtre de ma chambre à l'auberge. Eamon, sans savoir si son invitation me parviendrait, me conviait à son baptême.
Et me voici.


Je repris mon souffle car je m'étais un peu animé - bien involontairement durant cette narration et laissai mon récit faire son chemin dans l'esprit d'Azzera sans cesser de la regarder intensément. Je savais que mille questions lui brulaient encore les lèvres. Je sentais que ma présence jetait un grand trouble en elle et, un instant, je m'en voulus. Mais il était désormais trop tard pour faire marche arrière.
Le Rubicon avait été franchi... J'en fus soulagé bien que je sache mes révélations douloureuses pour Elle.

Je lui souris enfin, gentiment. Et d'un ton plus léger j'ajoutai, désignant du menton le groupe formé par Margaut Baile et Eamon :


- Pensez-vous que le moment soit opportun pour des présentations en bonnes et dues formes ?
Azzera


Voila qu’il se tenait devant elle, prononçant son prénom avec toute la douceur qu’il pouvait mettre dans le ton de sa voix, en un instant, elle se revit sirène, se baignant nue à Mimizan, observée à l’insu de son plein gré par celui qui allait devenir la passion de sa vie !
Qu’il était doux d’entendre son premier amour l’appeler ainsi.

Une belle histoire disait-il ?
Mais comment pouvait-il prétendre qu’une vie sans Lui, pouvait être bénéfique ?
Sans un mot, Azzera l’écouta, en le regardant intensément, sans laisser paraître le trouble qui l’envahissait.

Au fur et à mesure du récit de l’Irlandais, elle fut tour à tour anéantie par la douleur qu’il avait du ressentir, par le chagrin qu’elle avait vécu, par le stress de son accouchement, par la vision de leur fils, né en excellente santé et adopté dès le premier jour par un Gil comblé d’amour, par le souvenir de la passion faisant place à l’amour simple mais ô combien salvateur, par la souffrance qu’il avait vécue dans son âme et dans sa chair…

Sa raison perdue, il n’avait pu revenir à elle à ce moment là.

Vu de près, il avait beaucoup changé, peut être pas dans son Moi profond, mais dans sa chair, bon sang qu’il avait du souffrir.
Elle l’écouta relater sa vie depuis qu’ils s’étaient quittés il y a de cela 14 ans, et là, la tristesse s’empara d’elle. Ainsi, il pensait qu’elle n’aurait pas été capable d’assumer son nouveau « look » ? Mais la connaissait donc si peu ? Comment avait-il pu douter d’elle à ce point ?
Les larmes lui montaient aux yeux, elle serra les poings jusqu’à entrer les ongles dans ses paumes, mais la douleur ne retint pas la perle qui coulait maintenant sur sa joue. Ne rien montrer, se contenir, comme on lui avait appris, elle fit de son mieux, mais ce n'était pas facile!

Il était hors de question qu’elle lui explique sa vie alors que c’était le jour de Margaut et de son… leur fils, alors lorsqu’il lui demanda son avis sur d’éventuelles présentation, elle se fit mutine, en un instant son visage changea d’expression et elle déclara, d’une voir posée et douce en lui prenant la main, comme s’ils s’étaient quittés la veille !

Bien sur que c’est le moment, Eamon, joli prénom, n’est-il pas ?
Elle souriait en le regardant
Eamon disais-je sera ravi, fier et heureux de vous présenter sa douce et ses amis

Déjà elle l’entraina à sa suite, dévalant les marches en hélant son fils

EAMOOOOOOOOOOON, mon Ange….

Margaut se retourna, et fut stupéfaite de voir Azzera tenir la main d’un autre homme que son tonton Gil, elle chuchota un mot à son crapal…

_________________
Margaut_de_roanne


C’est quand tout est prévu que ce présente innocemment l’imprévisible.

Ne me dites pas que la vie est un long fleuve tranquille. Car elle est plutôt digne d’un rapide au bout duquel se trouverait une grandiose chute d’eau. J’en faisais encore l’expérience, car une fois de plus et ce comme à chaque fois, un évènement simple mais important de ma vie se transformait en histoire abracadabrantesque (Comment ça, ça n’existe pas ? Taisez-vous, c’est moi qui raconte).

Un baptême, il y a avait-il chose plus commune qu’un baptême ? Un simple baptême comme des centaines d’Aristotéliciens en avaient vécus et le notre, car ce n’était pas un mais trois baptême, se transformait en une véritable histoire sans fin. Une histoire dans laquelle nous connaissons les protagonistes de départ mais dont on ne sait jamais si elle finira.

Nous étions donc Tug, Eamon et moi-même baptisés et ce devant témoins, bien plus que je ne l’avais imaginé. Dès lors tout s’était enchainé à une cadence folle tant et si bien que, si ce n’eut était la main de mon tendre promis savamment glissé dans la mienne, je n’aurais surement pu assister à cette scène.

En effet, mon tendre venait de pâlir sous mon regard inquiet après avoir prononcé une phrase que je ne saisis pas tout de suite. Alors avec une infini douceur, je serrai sa mimine un peu plus fort. Derrière moi, sur le parvis menant à la porte de l’église, ma tante s’égosillait a appeler Eamon qui toujours aussi pâle réagissait avec une lenteur déconcertante. Je pris donc sur moi pour laisser mes émeraudes plonger sur le duo qui s’avançait vers nous alors que je venais de me retourner vers Azzera.

Par tous les saints du royaume de France sous mon regard horrifié, Azzera serrait tel un trésor la main d’un homme qui n’avait rien de ressemblant avec mon tonton Gil. Aberration que cela et ici en plus, à proximité de la maison du Très Haut. Si cela, parvenait aux oreilles de mon oncle, il ne s’en remettrait jamais. Je me signai à cette pensée puis fronçai les sourcils en fixant intensément Azzera.

J’en avais vu pourtant des vertes et des pas mures mais jamais je n’aurais cru ma tante capable d’un tel péché. Péché sur lequel je lorgnais légèrement avant d’être accaparée par cette vision. Etonnement l’homme me rappelait vaguement quelque chose bien que j’étais incapable de savoir de qui il s’agissait. Sa carrure me projeta quelque temps en arrière alors que perdue dans la forêt de Murat, j’y avais rencontré un homme dont la silhouette ressemblait à s’y méprendre à celle que je voyais tenant la main de ma tante.

Court instant de réflexion et la pression que j’exerçais sur la main d’Eamon s’accentua. J’avais cherché une autre image et j’étais remontée à mon enfance et au mariage d’Azzera et de Gil. Se pouvait-il que ce soit LUI? L’ami imaginaire de mon ange ? je ne l’avais qu’aperçu mais son aspect était si peu commun que je m’en souviendrais toujours.

Je me penchai alors sur Eamon.


- Mon ange, tu dis le connaitre, mais qui est-il ? Se peut-il qu’il soit, ton fameux ami imaginaire ? Celui lorsque nous étions petit ?? De qui donc parlais-tu ??

Puis je me surpris à avancer vers Azzera tel un pantin. Si elle s’égosillait ainsi c’est qu’elle avait chose importante à nous faire savoir, et ma curiosité piquée au vif se devait d’être assouvie.

- Nous voilà, nous voilà, nous arrivons …

Puis en moins de temps qu’il ne faut pour le dire j’étais à deux coudées de l’homme dont le visage me fit m’arrêter net. J’eus un haut le cœur, et me surpris à reculer aussitôt en secouant la tête de droite à gauche et ce en ayant lâché la main d’Eamon. Que faisait-il ici ?

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Eamon_de_treviere


- Mon ange, tu dis le connaitre, mais qui est-il ? Se peut-il qu’il soit, ton fameux ami imaginaire ? Celui lorsque nous étions petit ?? De qui donc parlais-tu ??

Margaut, comme toujours, posait mille questions à la fois. Mais cette fois, la réponse était unique, ou presque :

- Oui... murmurai-je dans un souffle. Oui, c'est lui, mon "ami caché"... J'ai toujours su qu'il n'était pas imaginaire... mais, en grandissant, je m'étais résigné à penser que je l'avais inventé de toute pièce. Et si c'est bien lui... il s'agit de ...

Je me tus soudain, ébloui par une révélation que je n'osais encore croire réelle. Mais aujourd'hui, je savais que la Vérité me serait révélée.

Maman s'était brutalement détachée de notre groupe sans un mot et s'était approchée de lui.
Je les vis se parler. A deux pas l'un de l'autre. Je pouvais lire sur leurs visage mille émotions diverses. Passant de la courtoisie à un trouble que je ne pouvais définir.
Mère semblait subjuguée et émue par ses paroles. Dieu seul savait ce qu'ils pouvaient se raconter, mais j'imaginais sans peine que si cet Homme était bien mon père, lui et maman devaient avoir des tas de choses à se dire. Parfois il posait le regard sur moi de façon fugace. Moi, je ne le quittais point des yeux tant cette présence me fascinait.
Se pouvait-il qu'en ce jour remarquable la Vérité sur mon passé et mes origines me fût enfin révélée ?


- Cet Homme est bien celui que nous vîmes à Mimizan lors du mariage de Maman et de Gil, ma douce... Et c'est aussi celui que nous croisâmes dans les bois de Murat à notre retour de guerre.
Quant à te dire qui il est exactement, nous n'allons pas tarder à le savoir, je pense.


Je finissais à peine ma phrase que je vis ma mère prendre l'homme par la main en un geste qui me parut à la fois déplacé et familier, naturel... comme si ce geste, entre eux, était normal. J'en fus ému, troublé aussi. Maman ne se serait jamais permise de telles familiarités avec un sinistre inconnu. Ce qui me permit de penser que cet homme ne lui était pas inconnu, à mon grand désarroi, et que, en aucune façon il ne pourrait lui nuire.
L'instant d'après, je fus conforté dans cette idée car, déjà, entraînant l'homme à sa suite, Maman dévalait les escaliers avecv un large sourire aux lèvres, prononçant d'une voix claire et joyeuse :


- EAMOOOOOOOOOOON, mon Ange….


Mais déjà, une fois de plus Margaut avait réagi plus promptement que moi, toujours cloué sur place :

- Nous voilà, nous voilà, nous arrivons …

En quelques enjambées, presque involontaires, pour ma part, nous nous trouvions tous réunis... Je n'avais pas eu, puisse-t-elle me le pardonner, un regard pour Baile, trop perdu dans une tourmente de pensées toutes plus contradictoires les unes que les autres pour me préoccuper de son sort.

A deux pas de Maman et cet homme, Il me paraissait impossible de détacher mon regard du sien, je pus à loisir le dévisager.

Visage énergique, yeux sombres et brillants, menton volontaire assombri d'une barbe de deux jours et front haut, intelligent, sous une masse désordonnée de longs cheveux bruns clairs... châtains fonce dirais-je plutôt où se mélangeaient des mèches grisonnantes lui conférant un charme et un charisme étrange.
Mais ce qui me frappa le plus ce furent ces traces brunâtres sur les côtés de son visage. Elles lui donnaient un aspect... inquiétant. Non pas répugnant car cette apparente laideur était largement tempérée par la clarté paradoxale de ses yeux et la franchise de son regard. Cet homme respirait la loyauté, j'en aurais mis ma main au feu.
Le regard qu'il posa alors sur moi me fit frissonner et je détournai enfin les yeux pour dévisager ma Mère. Puis d'une voix éteinte :


- Nous voici Mère... que se passe-t-il ?

Je me sentis soudain très idiot et très petit... je redevenais un petit garçon timide et farouche.

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Oengus_le_noir


Elle m'avait écouté sans m'interrompre. Sans un mot. Mais à travers ses yeux je pouvais encore lire en elle comme à livre ouvert.
Ma souffrance fut la sienne en ce moment... Mes tourments furent les siens. Je pouvais ressentir son émotion... tout comme il y a quatorze ans. En cela, rien ne semblait avoir changé entre nous.
Un moment, lorsque je vis une larme perler à ses paupières, j'eus l'irrésistible envie de lui caresser la joue d'une main apaisante car je pouvais lire en elle une tristesse ineffable. Ô par Eithne, que j'eus alors voulu la prendre dans mes bras et la bercer pour la consoler de ces années de malheur !
Lui dire combien elle m'avait manqué. Lui dire la honte qui me torturait lorsque je voyais mon visage au hasard d'une vitre ou d'un miroir indiscret. Lui dire que jamais ne n'avais cessé de croire en elle, de l'aimer comme au premier jour. Lui dire que l'enfer est de vivre sans elle ! Lui dire enfin qu'en ce jour même la puissance de mon amour n'avait jamais été prise en défaut !
Mais ce n'était ni le lieu ni l'instant pour s'abandonner à de telles effusions. Je parvins donc, au prix d'un effort surhumain à me contenir et, arrivé au terme de mon récit, nous restâmes un moment silencieux, puis, elle répondit à ma question :


- Bien sur que c’est le moment, Eamon, joli prénom, n’est-il pas ?
Eamon disais-je sera ravi, fier et heureux de vous présenter sa douce et ses amis


- Eamon, murmurai-je, oui... ce prénom lui va bien. Je vous suis reconnaissant de le lui avoir donné.
Saviez vous ce qu'il signifie lorsque vous l'avez choisi ?... Richesse et Protection ! Mais vous le saviez, j'en suis sûr. Vous ne pouviez mieux choisir... je vous reconnais bien là. Merci pour cette attention.

Mais déjà, je sentais sa main douce et tiède se glisser dans la mienne, rugueuse et abîmée, en un geste qui me propulsa brutalement quatorze années en arrière !
Bon sang ! Que d'émotion et de souvenirs dans ce simple contact si anodin en apparence pour tout autre que nous. Je ne pus m'empêcher de la serrer doucement, geste discrètement complice, témoin d'un passé heureux... si proche et tellement éloigné pourtant !


La petite Roanne me regardait intensément. Elle n'avait pu manquer de remarquer le geste d'Azzera et, à son regard stupéfait, je pus constater qu'elle en était troublée, voire offusquée.
Adorable brunette, j'en gardais un double souvenir attendri. La première fois lorsque je l'aperçus au mariage à Mimizan et la suivante lorsque, onze ans plus tard, perdue dans les bois de Murat je pus la ramener au village alors qu'elle s'était égarée.
Eamon ne pouvait avoir eu plus de chance que de trouver sur son chemin jeune fille si adorable et belle. Elle avait, autant que je puisse en juger, un sacré caractère aussi. Ils allaient bien ensemble ces deux-là !

Eamon, quant à lui s'était figé. Les yeux rivés aux miens, il semblait tétanisé. Nulle crainte dans son regard cependant... de la curiosité... une lueur d'espoir peut-être ? Que sais-je.
Ce jour particulier déjà allait devenir pour lui inoubliable, j'en étais certain. Et pas que pour lui du reste.

Margaut et lui, main dans la main, s'étaient cependant approchés.

Eamon ne cessait de me regarder durant tout ce temps. Puis, enfin, comme à regret, il détourna lentement le regard pour s'adresser de façon faussement anodine à Azzera :


- Nous voici Mère... que se passe-t-il ?

Voix bien timbrée, un peu hésitante cependant. Ma foi, il était visiblement en proie à une vive émotion et cela se traduisait par des mots banals prononcés d'une voix paradoxalement terne.

Certes, Azzera menait la danse, mais, fort courtoisement, je prononçai en souriant :


- Le bon jour Damoiselle de Roanne, le bon jour Messire Eamon O'Sullivan... belle journée pour un double, triple baptême même, n'est-il pas ?
Azzera
Azzera ne comprit pas ce que son fils et Margaut disait à propos d’Aengus, ils étaient encore trop loin, mais elle ne manqua pas de surprendre les yeux ronds comme des billes de la petite Roanne.

Ils s’approchaient maintenant, la blanche sourit à son Ange
Elle resserra la pression de ses doigts, personne ne pourrait lui faire lâcher prise à l’heure actuelle. Elle le tenait, elle n’allait pas le laisser filer de si tôt. Bien qu’emprisonner l’Irlandais, fut-ce dans un cocoon bienveillant, lui avait toujours semblé impossible.

- Eamon, oui... ce prénom lui va bien. Je vous suis reconnaissant de le lui avoir donné.
Saviez vous ce qu'il signifie lorsque vous l'avez choisi ?... Richesse et Protection !

Il n’empêche … encore une question qui aurait eu vite fait de lui glacer le sang si elle avait eu lieu en d’autres circonstances… comment pouvait-il douter qu’elle ne connaissait pas l’origine et la signification du prénom qu’elle avait choisi avec Gil ?

Mais vous le saviez, j'en suis sûr.
Non peut être! avait-elle marmonné entre ses dents, mais elle s'était contentée de lui décocher un sourire à la pepsodent!
Vous ne pouviez mieux choisir...
Gil et moi l’avons choisi en votre… hum… mémoire ce n'était pas le mot juste, mais c'est le seul qu'elle trouva
je vous reconnais bien là. Merci pour cette attention.

Elle ne pu cacher le regard plein d’amour qu’elle lui accorda à cet instant.
Tant pis ! Ce qu’elle voulait maintenant, c’est offrir à son enfant la rencontre avec son géniteur, son père, son sang.

La mimizannaise n’avait jamais surpris un tel regard dans les yeux d’Eamon, elle tourna alors un peu la tête vers Aengus et vit sa peau marquée… sans aucun trouble apparent, elle effleura machinalement, presque automatiquement le visage brûlé et murmura à Aengus :

Je viens de comprendre… je suis là maintenant


Oui, oui, elle avait bien dit cela, attention, qu’on ne se méprenne pas, elle voulait juste apporter la douceur d’une vie tranquille à Mimizan, juste pour qu’il reprenne ses marques, juste pour qu’ils passent du temps, elle, lui, lizia et Gil.

Lorsque son fils lui demanda ce qu’il se passait, il connaissait la réponse, elle le couva du regard comme elle le faisait lorsqu’il était enfant mais elle n’eut pas le temps de lui répondre. L’Irlandais avait repris les rennes, fidèle à lui-même.
Était-ce la première fois qu’il parlait à son enfant ?
Tout ce qu’avait raconté Eamon à propos de son ami Angélus prenait maintenant tout son sens aux yeux de la blanche.


Eamon, mon Ange, voici… voici Aengus O’Sullivan.
Ce n'était pas à elle de lui dire le principal.

Margaut ? Je pense que tu vas devoir fermer la bouche de ton crapal.Sourires

Hum… quelqu’un a vu ma cap’ ?
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Margaut_de_roanne


Je reculais toujours en balançant ma tête de droite à gauche. J’étais obnubilée par cette vision et je ne parvenais pas à me détacher de ce visage ravagé. Comment se pouvait-il que cet homme soit là ? Comment se pouvait-il que je n’aie même pas remarqué son visage avant ? Comment se pouvait-il que je ne parvienne même pas à discerner les voix qui m’entouraient ?

Si l’on m’avait parlé, j’étais bien incapable de répondre, je n’avais rien entendu, rien compris. Je continuais à reculer…

Je n’avais rien à faire ici, et cet homme me rappelait de bien trop mauvais souvenirs pour que je puisse demeurer céans.


- Eamon, viens, partons, il ne faut pas rester ici, il ne faut pas !!!!
- Laissez nous tranquilles, nous ne vous avons rien fait, laissez nous tranquilles.


Pourquoi ? Pourquoi s’acharnait-il à nous suivre ?

Murat, la forêt, le noir, la peur, je me remémorais cette mésaventure comme si elle s’était déroulée hier. Il était bien là, il nous avait suivi, comme aujourd’hui. Ce jour là, dans les bois, rien n’expliquait sa présence, rien n’expliquait pourquoi il était parvenu jusqu’à moi, ni ce qu’il me voulait. Rien, non plus, n’expliquait sa présence ici. Ma tante Azz, s’avérait être complice, nous sommes surveillés partout où nous allons. Qu’importe où nous irons, nous serons toujours surveillés.


- Je ne veux pas vous voir, je ne veux pas, laissez nous tranquilles. Nous ne voulons plus être surveillés, nous voulons vivre normalement. Cessez de nous harceler et de nous suivre ou bien, j’en avertirai la maréchaussée.

Je lançai un regard vers Eamon le sommant de me suivre, plus vite nous serons partis, plus vite cet homme défiguré sortira de ma vie à jamais.

- Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, dites à ceux qui vous envoient, que je suis libre désormais et que je n’ai aucun compte à leur rendre. Que je ne fais rien de mal et que toutes les personnes que je croise me trouvent agréable et digne de confiance. Dites leur bien que ça suffit, que je n’en peux plus.

Je regardai Azerra, sans jamais avoir cessé de reculer. J’avais toujours eu confiance en elle, toujours cru qu’elle me faisait, nous faisait, confiance malgré tout. Or, elle était de connivence avec le Duc à n’en point douter. J’aurais du savoir, qu’on ne peut se fier à un vassal du Duc. Long soupir.

- Je croyais que tu m’aimais comme ta fille, alors pourquoi tu nous fais ça, n’as-tu pas confiance ???

Je me retournai alors, attrapai un pan de ma robe et me mis à marcher rapidement, en faisant signe à Eamon de me suivre.

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Eamon_de_treviere


Où l'on découvre qu'un baptême somme toute banal, se transforme en imbroglio insensé...

- Eamon, mon Ange, voici… voici Aengus O’Sullivan.

J'ai toujours su ma Mère capable de dissimuler habilement ses sentiments et ses émotions les plus profondes derrière un sourire décent et aimable... Hiératique, comme si rien ou presque ne la touchait réellement.
Je savais cependant qu'en son for intérieur bouillonnait une ardeur intense... quelles que fussent les circonstances, pour autant que son affectivité soit touchée.
Mais, elle ne pouvait me tromper longtemps, moi, la chair de sa chair, le sang de son sang.

En ce moment précis, j'étais déchiré, écartelé.

D'une part, Mère approchait au bras d'un homme dont elle venait de me révéler le nom : Aengus O'Sullivan !!

Aucun doute pour moi n'était désormais possible. Cet homme au visage ravagé était mon père... Je le sus avant même d'en avoir confirmation. Sa voix, son regard me fascinaient. Je reconnaissais en lui cet ami caché si longtemps resté mystérieux pour moi et qui me valut bien des remontrances de ma douce Mère... Comment aurait-elle pu savoir ?..; Moi-même, je ne savais rien de ces visions oniriques, excepté qu'elles me paraissaient tellement réelles que, secrètement, j'avais toujours su que mon Père était vivant.

Mais, d'autre part, ma Douce Promise, ma Grenouille adorée ne cessait de reculer, comme effrayée. Me lâchant la main, elle fixait sur Aengus un regard chargé de suspicion, presque de haine.


- Eamon, viens, partons, il ne faut pas rester ici, il ne faut pas !!!!

Mais pourquoi tenait elle de tels propos ? Je tentai un timide :

- Mais Margaut... non... je.... Mais déjà, s'adressant à Aengus, elle ajoutait d'un ton farouche :

- Laissez nous tranquilles, nous ne vous avons rien fait, laissez nous tranquilles. Je ne veux pas vous voir, je ne veux pas, laissez nous tranquilles. Nous ne voulons plus être surveillés, nous voulons vivre normalement. Cessez de nous harceler et de nous suivre ou bien, j’en avertirai la maréchaussée.

- Mais Amour... Que dis-tu ?...

Elle me regardait intensément, m'imporant presque de la suivre. Mon désarroi était profond... Elle se méprenait assurément... Que savait-elle au juste de mon Père, excepté que je le croyais vivant ?
Il me revenait soudain, à la vitesse de l'éclair des passages de notre vie où l'apparition de celui que je nommais "l'Homme en Noir" et que j'identifiais peut-être à tort comme étant mon ami caché, avait semé le trouble dans nos esprits.
Le mariage de mère et Gil... la forêt de Murat... Tout concordait pour nous faire douter de tout et de croire à n'importe quoi.
Je ne comprenais ses propos qu'à moitié... Surveiller ?... mais de quoi parlait-elle ?

Ses deux répliques suivantes finirent par m'ouvrir les yeux :


- Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, dites à ceux qui vous envoient, que je suis libre désormais et que je n’ai aucun compte à leur rendre. Que je ne fais rien de mal et que toutes les personnes que je croise me trouvent agréable et digne de confiance. Dites leur bien que ça suffit, que je n’en peux plus.

- Margaut... Je t'en supplie... je...

Mais déjà ma Douce s'adressait à Maman :

- Je croyais que tu m’aimais comme ta fille, alors pourquoi tu nous fais ça, n’as-tu pas confiance ???

Je regardai désespérément Mère et Aengus... Il fallait que cesse ce quiproquo absurde. Cette scène ne pouvait entacher ce qui se passait en ce moment, il fallait que Margaut revienne à la raison... que ses soupçons se dissippent rapidement. Déjà, Margaut tournait les talons et m'appelait du regard. Je lâchai vivement :

- Pardonnez moi, il faut que ce malentendu s'efface...

Sans un mot de plus, je rejoignis Margaut en deux enjambées et la retins fermement mais doucement par le bras :

- Margaut... Margaut, s'il te plait... regardes-moi... écoutes-moi, je t'en supplie... tu fais une monumentale erreur... Cet Homme n'est envoyé par personne... C'est mon Père... Tu entends ?... Aengus O'Sullivan... mon Père naturel !!

Je la sentis un peu déstabilisée et en profitai pour ajouter :

- C'est mon "Ami Caché"... tu sais ... celui dont je rêvais à Mimizan ... il était là... au mariage de Maman... et c'est lui qui nous a sauvés dans la forêt de Murat... Je t'en supplie, ne pars pas... viens... Tu dois me faire confiance... Jamais je ne te mentirais... Tu le sais ça ? Je te demande de me faire confiance... Mon ange, je t'en supplie !

Ce disant, je mis un genou en terre et lui pris les mains que je baisai passionnément.

Plus rien n'existait que la douceur de ses mains, son parfum délicat..; Cette femme en devenir me rendait littéralement fou d'amour et je crois que si elle avait insisté, je m'en serais allé avec elle sans me retourner. Je sus à cet instant qu'elle représentait toute ma vie. Mais, je ne supportais pas l'idée que ces retrouvailles fussent gâchées par un malentendu aussi stupide.

Certes, nous nous sentions épiés, surveillés... et tant que nous ne serions pas mariés il en serait sans doute ainsi... Les Roanne avaient semé une graine d'ivraie dans notre vie et il était difficile de s'en débarrasser. Il fallait à tout prix que Margaut comprenne que Aengus n'était là que pour me retrouver... retrouver son fils, retrouver une vie, une raison de vivre...

Tant bien que mal, je tentai de l'expliquer à Margaut... Essayant de chasser ces fantômes d'un passé encore trop proche... Le visage noyé de larmes, les lèvres soudées à ses menottes, je me fis alors l'avocat du diable... Usant de toute ma persuasion, de tout mon amour, de ma passion pour Elle
.

- Margaut... je t'en supplies, reviens avec moi... et si, après cela tu es encore convaincue de tes dires, je te suivrai sans réticences... C'est une promesse !

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Azzera
Pourquoi la vision du visage d’Aengus ne lui inspirait-il pas de dégout ?
Avait-elle vu tant de choses sur les champs de batailles qu’il lui en fallait plus pour etre sensible à une attaque physique ?
Peut-etre, mais serait-il possible qu’il s’agisse, simplement, du regard qu’elle portait sur lui ?
La vision de l’amour… Peu importait l’apparence, c’était son premier Amour, elle n’avait jamais cessé de l’aimer…
Heu… oui, mais non hein !

Se reprendre, secouer la tête et enfuir cette idée au plus profond d’elle !

Son fils et Margaut n’en revenaient pas, était-ce possible ?
Puis, la jeune Roanne perdit les pédales, vraiment cette enfant n’en manquait pas une !
Elle n’avait plus toutes ses frites dans le même sachet, ça c’est sûr !

Faire ce qui semble la meilleur solution : laisser son Ange régler la situation !

Oui, mais cela ne semblait pas présenter l’effet escompté.
Qu’à cela ne tienne.
Elle lâcha le précieux trésor qu’elle tenait si fort dans sa main et s’avança vers Margaut.

La blanche ne prit pas attention à son fils qui tentait de rassurer sa belle de douce façon.
Non, si elle devait intervenir, c’était par la manière forte, Margaut devait reprendre ses esprits, ne pas perdre raison, et pour ce faire, la mimizannaise ne voyait qu’une seule solution !
Elle prit l’enfant fermement par le bras, puis, de l’autre main, la gifla violement.
La tête de la Roanne bascula vers l’arrière, la marque de la main rougissait à vue d’œil !
Sans lui laisser le temps de se reprendre, Azzera prit sa « fille » dans les bras et la berça doucement…

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