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[RP] Montre donc combien tu l'aimes.

Judas
          ["- Quel age avez-vous?
          - 24 ans.
          - Vous êtes mariée?
          - De temps en temps."]

          Le Client.





    A Judas Von Frayner,

    Vous serez sans doute surpris de me lire, pourtant ce n'est pas Moran qui me prie de vous écrire. Bien trop fier pour vous demander ce que je m'apprête à vous demander moi-même, il lui viendrait encore moins à l'esprit de m'envoyer le faire à sa place.

    Mais, soucieuse du bonheur de mon frère, je sais, même s'il n'en dit rien, que la perte de sa place de Sénéchal, mais aussi surement la perte d'un ami, l'atteint beaucoup.
    Cette lettre pour vous demander de bien vouloir le reprendre auprès de vous et de lui laisser une seconde chance, quoi qu'il ait pu faire.

    Dites-moi s'il y a quelque chose que je puisse faire pour vous convaincre, j'aimerais vraiment faire cela pour lui.

    Si jamais vous trouvez ma démarche déplacée, je vous prie de ne pas aller vous en plaindre à Moran qui, face à vous, aurait surement honte de mon comportement. Je ne voudrais surtout pas le discréditer vis-à-vis de vous, car il vous tient en haute estime.

    Ne voyez là que la démarche d'une soeur qui aime son frère.

    Respectueusement,

    Zoé Lisreux


Dubitatif. Frayner du fond de son siège n'avait pas eu à relire la missive pour en assimiler le contenu, bien surprenant. Moran avait été congédié au même tire que Rose pour avoir dépassé des limites respectables... Des limites qui protégeaient la réputation de Judas. Etre au service d'un noble requiert une certaine tenue, un sang froid sans faille du moins en public. C'est la perte de ce sang froid qui entraina la perte de sa place de Sénéchal à Moran. Une place grassement payée. Depuis ce soir où Judas avait du intervenir entre les relations dégradées de son sénéchal et de son limier, cette dernière avait su finement revenir en les bonnes grâces du seigneur de Courceriers. Nul besoin d'ajouter que la complicité dépassant jadis le cadre d'une camaraderie entre l'Ibère et Rosalinde avait été un argument supplémentaire à la mesure radicale qu'avait pris le maistre de Petit Bolchen. Possessif, Judas n'acceptait et n'accepterai sans doute jamais que l'on empiète sur ses plates bandes... Et ce même s'il s'agissait d'une catin. Rancunier, l'homme n'était absolument pas près de rendre au Lisreux l'affection qui les avait un jour liés, a moins que...



    Zoé Lisreux,

    ainsi donc Moran le fier souffre de ne plus hanter les couloirs de Petit Bolchen. Mafoy, je crains de ne pouvoir apaiser son tourment et d'accéder à ta requête. Vois-tu je l'ai croisé par hasard en Berry voilà de cela quelques jours et réciproquement nous nous sommes purement et simplement ignorés. Je n'ai pas vu là la démonstration de son immense regret. La haute estime s'entretient... Sache donc que ta démarche est vaine bien que touchante, ma soeur en aurait sans doute fait autant pour ma personne. Je ne saurais aller parler de notre affaire à l'intéressé, je crains que nous n'ayons plus rien à nous dire. Plus le temps passe et plus ce qui fut dénoué est difficile à renouer, apprends-le. A moins que. Si tu penses que tu as le pouvoir de rétablir l'âge d'or de ton frère, je n'attends que de voir.

    Judas Gabryel Von Frayner.


Conclure un marché avec le seigneur de Courceriers n'était jamais légère affaire. Quoi que.
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Vive le Roy !
Shirine
Shirine assemble son puzzle et avance ses pions sur l'échiquier. Doucement, mais surement, au gré des évènements...
Elle savait que Moran tenait à sa place de Sénéchal, même s'il ne voulait l'avouer, elle savait que les deux étaient plus amis que maître et employé. Si elle réussissait à faire plier Judas, elle espérait bien prouver à Moran ce qu'elle était prête à faire pour lui. Il se fâcherait surement, au delà de toutes les colères dont elle avait pu être le déclencheur, mais elle espérait bien, une fois la tempête passée, qu'il reconnaisse qu'elle s'était démenée pour lui.
Dans la tête de la rousse, ce ne pouvait qu'être positif pour elle.

La réponse du Von Frayner n'était pas aussi prometteuse qu'elle l'avait espéré. Même s'il laissait une ouverture, il semblait particulièrement remonté contre le géant.
Shirine reste longtemps pensive, le vélin entre les mains. Que sait-elle de Judas ? Qu'il est plus riche qu'elle, aucune chance donc de le soudoyer; qu'il aime les femmes, Rosalinde l'a bien mise en garde; et qu'il est intelligent et surement fin manipulateur. C'est si peu.

Comment le convaincre ? Elle savait que le limier avait gardé ou récupéré sa place, puisqu'elle lui avait écrit qu'elle était avec Judas et qu'elle devait aller surveiller un nouvel intendant... Elle risquait de le vexer en mettant en avant l'injustice d'avoir gardé l'un et pas l'autre.
Ecrire à Rosalinde pour lui demander comment obtenir quelque chose de Judas, elle qui semblait si bien savoir y faire... ? Trop risqué de la mêler à ça, elle ruinerait surement définitivement sa chance si elle jouait les curieuses sur le pourquoi de cette demande.
Il parle de sa soeur, au passé. Doit-elle jouer un peu plus la carte de la sensibilité ?

Elle se laisse une journée de réflexion, et finalement, elle songe qu'elle n'a rien à perdre. Il n'ira jamais tout répéter à Moran, et l'espoir est si infime qu'il accède à sa requête qu'elle décide d'être elle-même, tout simplement.
Directe, aller droit au but.


Citation:
    Judas Gabriel Von Frayner,

    Je vous sais homme intelligent et je ne tenterai pas de vous manipuler, ni même d'essayer de vous apitoyer.

    Je suis actuellement à Bourges. Dites-moi où et quand je peux vous rencontrer afin de vous convaincre de reprendre mon frère. J'ai d'excellentes raisons de vouloir le voir redevenir votre Sénéchal, et je suis sure que nous pouvons y trouver chacun notre compte.

    Je suis prête à aller très loin, et commencez déjà à réfléchir à ce que vous aimeriez obtenir de moi en échange de ma requête.

    Dans l'impatience de vous relire,

    Zoé Lisreux


Le ton est bien différent, et risque de surprendre d'autant plus. Les dés sont jetés, il est temps de négocier sans ambages ou de cesser tout de suite.
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Judas
Voilà un ton qui paraissait déjà moins obscur et plus plaisant au Frayner. Moins de détours, moins de politesses inutiles, plus de concret. Pourtant l'homme émettait une sérieuse réserve quant à ce que la soeur Lisreux pourrait lui apporter. De son rang, de ses richesses, et surtout des rumeurs qui courraient sur ses choix religieux Zoé n'avait rien qui pouvait réellement satisfaire le seigneur de Courceriers, du moins comme elle le sous entendait dans un échange de bons procédés. Jusque là il n'avait pas tenté de l'approcher plus chaleureusement, l'avait même dispensée d'assister à ses épousailles contrairement à ce qu'exigeait Moran. Le fait était que lorsqu'il l'observait encore comme la soeur de son sénéchal , ami au demeurant, Judas avait gardé ses distance presque sans se forcer. Mais désormais tout était bien différent, l'Ibère ne faisant plus parti de la maison et sa jeune soeur prenant elle même le parti de faire un pas déterminé vers lui... Il n'était plus question de respecter des principes désuets.

Celle qui avait passé tant de temps enfermée par son frère avec l'aval de Judas à Petit Bolchen semblait avoir pris le parti de la liberté et de tout ce qu'elle pouvait offrir. De sa dernière missive le satrape apprit qu'elle était également à Bourges au moment où il y avait croisé son frère. Judas ne s'y était pas attardé, lien de cause à effet peut-être... De retour en Bourgogne il évita de rentrer chez lui soucieux de fuir la présence maritale. Il prit une chambre à Dijon, comme il se plaisait à le faire lorsqu'il était encore célibataire. D'icelle émana une lettre scellée portée par messager.




    Auberge des quatre matins à Dijon, j'ai grand hâte de connaitre vos façons de convaincre. Mais autant dire que ce n'est pas gagné d'avance... Il est bien téméraire de m'accorder le droit de choisir ce que je désire de vous, et comme je vous aime bien, je vais vous laisser le choix des armes.

    J.G.V.F

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Vive le Roy !
Shirine
Et il avait fallut convaincre Moran de repartir pour la Bourgogne, elle qui n'avait cessé de demander à la quitter. Exaspéré des caprices de sa frangine, ces temps-ci, il avait pourtant tendance à y céder un peu plus facilement que d'habitude. Sans doute parce qu'il n'avait plus d'obligation, et qu'après lui avoir imposé Nevers pendant plus d'un mois, il avait envie de lui faire plaisir...

Après avoir calculé les jours de voyage, elle avait répondu au Von Frayner en lui précisant la date et le moment approximatif de la journée où elle serait présente à cette auberge.
Cela lui avait laissé du temps pour réfléchir à ce qu'elle allait lui proposer, car elle n'en avait vraiment aucune idée. De quoi pourrait-il avoir besoin, lui qui pouvait surement tout avoir ? Elle avait fini par se dire qu'elle se présenterait à lui une dague à la main et le menacerait simplement de l'égorger s'il ne lui donnait ce qu'elle voulait... Ce qui lui avait finalement donné une idée un peu plus raisonnable. La seule qu'elle avait...

La journée, le frère et la soeur vaquaient chacun à leurs occupations, et ne se retrouvaient que le soir. Shirine avait profité de la mâtiné pour faire le marché de Dijon et s'acheter une robe émeraude, simple, mais bien plus élégante que sa jupe, ainsi qu'un petit poignard, avec l'argent que lui donnait Moran. Elle n'avait plus d'armes depuis que le géant lui avait confisqué celles qu'elle avait ramené de Genève. Comme elle se sentait nue sans elles...

C'est donc en début d'après-midi, habillée en femme, ses cheveux roux cascadant sur ses épaules, qu'elle entre aux quatre matins. L'arme est fixée par une lanière de cuir sous son jupon, au dessus du genou contre sa cuisse intérieure gauche. Plus facile ainsi à attraper de la main droite. Et si jamais quelqu'un décidait de la fouiller rapidement avant son entrevue, sans doute n'oserait-il pas trop passer sa main dans cet endroit intime... Au pire, elle lui mettrait une main justifiée en pleine figure, évitant ainsi de se faire désarmer.

Cette lame était surement inutile. Elle savait qu'elle ne retirerait rien à menacer Judas avec, pourtant, elle se sentait plus sereine.

Sa silhouette se détache dans l'encadrement de la porte, et elle parcoure la salle des yeux au cas où elle verrait le Seigneur de Courceriers. Auront-ils rendez-vous ici ? Ou a-t-il pris une chambre, l'obligeant ainsi à demander à l'aubergiste de la diriger ?

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Judas
[Trois quarts d'heure plus tard.]

Les bras chargés de paquets emballés de ficelle Judas pousse de l'épaule la porte de l'auberge où il a pris ses quartiers voilà deux jours. Combien de temps y restera t-il? Autant de temps qu'il le faudra, du moins tant que son excuse de semaine de chasse chez ses divers amis seigneurs le protègera des foudres de son épouse. Les hommes n'aiment-ils pas se retrouver pour leurs occupations, entre ripailles et longues nuits à festoyer leur tribut? Non, sans aucune doute, le mensonge tient debout. Il faudrait juste qu'il écrive au Sarzay ou au Mirandole qu'il n'a pas vu depuis fort longtemps d'ailleurs pour parachever son alibi. Il avait réussi à envoyer enfin Rosalinde vers Courceriers pour officiellement surveiller Mortimer, le sénéchal mainois, et officieusement pour avoir la paix et ne pas risquer de la laisser prendre connaissance de son rendez-vous avec la soeur de Moran. Tout allait ainsi pour le mieux.

En traversant la grand pièce Judas fait un signe de tête au taulier et jette un bref regard circulaire aux personnes attablées. Les prunelles corbeaux se heurtent au visage familier de la Lisreux qui l'attend a priori depuis quelques temps vu qu'elle est attablée. Fort de constater qu'elle est à l'heure, ou plutot, au jour, Judas lui fait signe du menton de lui emboiter le pas tandis qu'il monte les marches pour se rendre à sa chambrée. Ni plus, ni moins. Loin d'être un homme d'effusion le Frayner atteint l'étage en s'assurant qu'elle le suit. Se tournant vers elle il s'immobilise.


Bonjour Zoé.

Sur quoi il dépose tous ses paquets dans ses bras, afin de chercher dans sa poche la clef de la petite pièce qu'il ouvre sans se soucier de l'équilibre assez discutable de l'empilement de ses effets les uns sur les autres entre les mains de la Lisreux. D'un naturel désarmant il récupère le fardeau dont émane une odeur délectable de pain chaud et de charcuterie. Oui, même si Judas n'est pas gourmand, il aime les bonnes choses. Et l'on ne s'offre pas une garçonnière sans acheter à l'artisan du coin ces bonnes choses. On peut même deviner la silhouette d'une bouteille brinquebalant doucement par le goulot ceint de corde, pas de bon repas sans bon vin. De Dijon!

Les quatre saisons est une auberge de moyenne classe, on n'y trouve pas de punaise dans les paillasses des couches mais la tranquillité qu'on y peut trouver est toute relative. Le mobilier qui accueille le maitre temporaire des lieux est sans être cossu assez confortable pour compter en sus d'un lit deux fauteuils sculptés, un coffre et un prie dieu. Sur celui ci un livre des vertus, rapporté de Petit Bolchen par le satrape qui l'envoie valser sur sa couche afin de le remplacer par ses victuailles précieusement emmaillotées. Tournant un peu le faciès vers la rousse il lui fait signe d'entrer.


Ferme la porte derrière toi.

Le tutoiement de Judas envers la jeune femme revenait à sa roture, il ne fallait pas en déduire pour autant qu'elle et lui étaient plus proches que cela.

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Vive le Roy !
Shirine
Assise à une table, face à la porte d'entrée, devant un verre, shirine s'amuse depuis quarante-cinq minutes à imaginer différents scénarios de son entretien avec Judas. Convaincre par les mots n'est pas son truc, elle n'est pas diplomate. Elle dit les choses telle qu'elle les pense, au moment où elle les pense... Elle apprend à mentir un minimum depuis qu'elle est avec Moran, mais bien souvent leurs discussions finissent en dispute parce que la rousse ne sait pas tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler.

Elle se redresse en apercevant le Von Frayner et se lève lorsqu'il lui fait signe de le suivre. Elle ne tient plus et a hâte d'arriver au dénouement. Coincer un peu plus le grand frère dans ses filets...
Quand il se tourne vers elle pour la saluer, elle prend le temps de détailler les traits de son visage, qu'elle n'a jamais eu l'occasion de voir d'aussi près.


Bon...

Le mot est coupé par la charge qu'il lui fourre dans les bras.

    Léviathan : « A ta place je laisserai tout tomber par terre. Nan mais, pour qui il se prend... ? »


Judas semble aussi détendu qu'elle est anxieuse.


...jour.

Elle fronce le nez mais ne dit rien pendant qu'il ouvre la porte, reprend son fatras et entre dans la chambre. Elle passe la porte et la ferme, comme il le lui demande. Puis son regard parcoure la pièce et en étudie les issues, les meubles et objets qui la composent... par réflexe. Et pour justifier ce tour d'horizon, elle lâche :

C'est charmant ici.
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Judas
Mhh, moui.

Bof.

Zoé est donc mal à l'aise. Judas la détaille en s'asseyant sur le lit et en tirant le prie dieu vers lui. On ne meuble pas lorsque l'on est totalement détendu, à priori la rousse ne prend pas ses aises ni ne rentre dans le vif du sujet, Frayner ne manque pas de le remarquer. Mais soit, il le fera pour elle. Le timbre éraillé s'élève paisiblement au travers de la pièce pour aller cueillir l'attention que la jeune femme semble offrir au mobilier plus qu'à son hôte.


Alors zoé, ainsi tu veux que Moran reviennent à mon service.

Il déballe soigneusement jambon et pain, déshabille la bouteille de son habit de fortune.

A vrai dire au vu de la façon dont tu es arrivée chez moi je n'aurai jamais imaginé que tu préserves les intérêts de ton frère.


Séquestrée dans une petite chambrine de Petit Bolchen, on a toujours connu mieux comme preuve d'amour fraternelle après tout... Mais l'amour a ses raisons parait-il, Judas est bien placé pour le savoir.


Tes missives ont été - quoi qu'éloquentes - un tantinet surprenantes je dois l'avouer. Entre donc, viens prendre place.

La senestre roule, aguicheuse, vers les fauteuils faisant face au lit. La bouteille est déchapeautée tandis que sans autre forme de procès les lèvres inconsistantes du seigneurs s'y posent et s'y abreuvent. L'homme public avait des manières moins gracieuses que l'autre, celui que Judas était entre quatre murs et porte close. Et les yeux de ce dernier de se faire attentifs derrière leurs rideaux de crins bruns, Zoé avait revêtu une robe verte qui ne manquait pas de l'interpeller, l'avait-il déjà vue dans des atours aussi féminins auparavant? Rien n'était moins sûr. Elle avait ce nous ne savons quoi de relâché habituellement dans ses atours de femme, quoi que sans être dépenaillée, mais la Lisreux n'était pas assez coquette pour que Judas Von Frayner ne l'ai déjà noté. Pas garçonne, mais le charme de celles qui ne s'encombrent pas trop de fards et d'affutiaux. Fleur sauvage, dont la poésie pouvait se trouver si l'on prenait la peine d'y mieux regarder dans le négligé d'une mèche de cheveux indisciplinée... Autant le dire tout net, Judas n'avait pas pris cette peine jusqu'à ce jour où elle se tenait là, droite en ses chausses devant lui. Il essuya d'un léger revers de manche sa bouche en revenant au vif du sujet.

Et raconte-moi donc.

Raconter quoi...? Sans doute ce que les mots couchés avec application sur un vélin n'avaient su dire, sans détours.

Oui Zoé, raconte-moi combien tu l'aimes... Et ce que tu imagines offrir en échange de ma clémence.
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Vive le Roy !
Shirine
Shirine ne détache pas ses yeux de Judas. En l'observant, elle songe à Rosalinde et à son discours sur comment obtenir ce que l'on veut des hommes. Le Limier avait des besoins matériels qui dépassaient la genevoise, qui avait toujours vécu modestement. Tout ce qu'elle avait toujours voulu obtenir des hommes, c'était de se faire offrir un verre et/ou de passer une nuit avec eux. Et elle n'avait eu besoin que d'être elle-même : spontanée. Ce qui marchait plutôt bien... Rosa pouvait donc se garder ses conseils... Sans tout dévoiler au Von Frayner, elle avait décidé de lui parler avec la franchise qui la caractérisait.

La rouquine s'avance quand il l'invite à s’asseoir. Préférant rester debout, elle se poste face à lui, une main sur le dos du fauteuil. Elle reste impassible, pas de sourire, déterminée. Sa seule crainte est d'entendre son refus, et qu'elle ait fait tout cela pour rien...


Les choses ont changé avec mon frère.

Elle ne se lance pas dans un long discours sur l'amour fraternel. Parce qu'il s'en fout surement comme de sa première chausse, et parce qu'il risquerait d'en déceler l'hypocrisie profonde.

    Maintenant Shirine, entre en scène.


Avant que vous ne le remerciez, mon frère vous a peut-être dit d'où je venais. J'ai été pendant deux ans membre active de la secte du Lion de Juda.

Oui, elle le dit franchement, sans crainte. Elle ne l'a jamais caché. Ce n'est pas pour rien qu'elle est dans la liste noire de tous les duchés du Royaume de France...
Elle compte sur la notoriété du groupuscule pour que le Seigneur de Courceriers comprenne qui elle peut être vraiment.


Le sang, les cris, les larmes : c'est mon domaine. Je suis très habile avec les armes, je n'ai pas peur de me salir les mains. J'aime tuer et torturer. Je suis sure qu'un homme comme vous a parfois besoin de payer quelqu'un pour persuader un débiteur de rendre ce qu'il vous doit, ou pour vous débarrasser d'un gêneur...

Elle déglutit, accordant quelques secondes à Judas pour bien comprendre où elle voulait en venir. Mais il n'avait surement pas besoin qu'elle lui laisse ce furtif silence.

Je vous propose mes services gratuitement, vous faisant ainsi économiser le salaire de celui que vous payez surement déjà à ma place. Tout ce que je vous demande en échange, c'est de rendre à Moran sa place de Sénéchal, et tous les bénéfices qu'il en retirait, de me laisser loger avec lui à Petit Bolchen, de brûler nos échanges de courriers, de lui dire que JE vous ai demandé de le reprendre et que vous avez accepté parce que je vous rappelais votre soeur et bien sur, que tout cela reste entre nous...

Elle sourit enfin, satisfaite de sa tirade.

Cela vous parait clair ou vous avez des questions ?
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Judas
Judas avait commencé à manger. L'appétit ouvert par l'idée que son hôte puisse lui proposer un marché des plus plaisant. Helas, il ccru d'abord qu'elle escomptait le menacer en étalant le chapelet de ses activités passées et de ses passions des plus... Glauques. L'homme se redressa au fil du discours de la rousse, son visage se ferma et il déglutit ses dernières bouchées avec raideur. Finalement point d'intimidation... Mais peut-être pire? Elle avait évoqué de sa soeur. Sans doute parcequ'il l'avait lui même fait dans une des lettres. Mais le sujet étant des plus sensible il la trouva extrêmement culottée de s'en servir de bouclier et rugit un flot de remontrances avec une telle colère qu'il en renversa sa bouteille.

Ma soeur? Tu parles de ma soeur? Que sais-tu donc de ma soeur, toi? Tu as été Lion de Juda, grand bien t'en fasse, voilà une raison de ne pas te fréquenter en public, pourtant ça ne t'apporte pas le droit de parler à tort et à travers de choses dont tu ne soupçonne pas la moindre parcelle d'histoire. N'abordes plus jamais le sujet de ma soeur. Jamais, jamais, jamais.


Il ramassa le contenant par le goulot, exaspéré d'avoir perdu la moitié de son précieux liquide. L'égo de Judas était immense, fort de faire ce qu'il voulait il n'acceptait que rarement de laisser cette liberté aux autres. Un long soupir s'en suivit, puis l'index du Frayner vint s'élever en direction de la jeune femme.


Laisse moi te dire une bonne chose Zoé Lisreux. Ton frère est un petit impertinent qui n'a rien trouvé de mieux que de s'épancher entre les cuisses de mon limier plutot que de garder sa tenue et de faire honneur à mon nom. Je l'ai laissé faire, mais sais tu, j'ai été trop laxiste, ça l'a poussé à aller plus loin et à faire esclandre de ses histoires de lit sous mon nez comme si je n'étais pas là. Ton frère? Grande taille mais petit respect, désinvolture, audace. Je n'en ai retiré que l'humiliation d'avoir des gens qui ne savent pas garder la tête haute et qui se sont battus entre eux comme des chiens!

L'image de la chaise lancée contre Rose lui revint puis toutes les manoeuvres qu'elle avait entreprises afin de retrouver sa place originelle, celle à la droite de Judas. Et à contrario le silence de Moran, ce silence évocateur. Judas chassa trois miettes de ses genoux et attrapa sur le prie dieu un bout de viande séchée qu'il mordit avec hargne. Sans prendre la peine de l'avaler en entier il grogna.

Tu veux que je reprenne Moran? Et tu veux en récolter les lauriers en me donnant comme un os ta misérable contribution? Mais si ce n'est ton frère c'est donc toi, tu lui ressemble tellement... N'es-tu après tout pas son sang? Je suis déçu. Je m'attendais à mieux de ta part.

Des personnes à son service le seigneur en avait à foison, ce n'était pas ce genre de proposition qui arriverait à attiser son intérêt.

Voilà le marché, et je n'en accepterai aucun autre. Je rendrai à Moran sa place de Sénéchal et tous les bénéfices qu'il en retirait à la condition expresse qu'il ne touche plus à aucune des femmes de mon entourage, en particulier à Rosalinde. Je te laisserai loger avec lui à Petit Bolchen et s'il te plait brûlerai nos échanges de courriers. Pour ce qui est de lui dire que tu m'a supplié de le reprendre ça m'est bien égal.

Il lui tendit la bouteille. Autant dire que toutes les femmes de son entourage, c'était bien vaste.
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Vive le Roy !
Shirine


Elle essaye de garder son sourire. Le garder pour ne pas montrer la colère qui l'envahit au fur et à mesure des mots de Judas. Ses ongles s'enfoncent dans le dossier du fauteuil qu'elle n'a pas lâché.
Shirine ne supporte pas que les situations lui échappent. Et à cet instant précis, c'est ce qui est en train de se passer. Vexée qu'il n'ait pas trouvé son idée brillante, elle s'imagine lui couper la langue pour qu'il se taise, puis le doigt qu'il pointe vers elle.
Ses lèvres finissent par s’affaisser. Elle serre les dents et le fixe d'un regard sombre et dédaigneux.

Si ses derniers mots ne semblent pas souffrir de négociation, elle ne tient pas à en rester là. Tourner les talons et accepter la défaite, ne pas avoir le dernier mot... Elle s'en sentirait terriblement humiliée, même s'il n'y a pas de spectateurs.
Dans son esprit, Gabriel lui demande d'abandonner et de rentrer, tandis que Léviathan hurle vengeance.

La bouteille qu'il tend achève de la mettre en rogne. Elle boue littéralement de l'intérieur, en tremble presque.
Elle s'avance et passe à côté du prie dieu. D'un revers de la sénestre, elle fait valser la bouteille tout en posant son genoux gauche sur le lit, contre la cuisse de Judas. Dans le même temps, sa main droite passe sous son jupon pour attraper son arme. Avec des mouvements vifs et précis, elle pousse le Von Frayner pour le faire basculer sur le lit et glisse la lame sous son menton.

Léviathan jubile. Elle ne sourit pas. Le démon scande "Tue-le ! Tue-le !".

A cheval sur le Seigneur de Courceriers, les doigts de sa main libre glissent dans la chevelure brune avant de tirer fermement pour découvrir un peu plus la peau fragile de son cou, à la merci de son arme. Elle qui pensait ne pas s'en servir...


Je m'en fous que tu sois déçu, siffle-t-elle entre ses dents.

Le "tu" est de rigueur dans ce genre de situation. Elle est impatiente et exaspérée. Piquée dans son orgueil. Elle sent qu'elle va repartir bredouille. Et cette idée lui est insupportable.
Elle se passe la langue sur les lèvres et réfléchit à ce qu'elle a envie de dire. Il n'est plus tellement question d'essayer de trouver ce qui pourrait lui convenir, mais plus de lui expulser sa colère au visage. En exutoire.


Que veux-tu Judas que tu n'as pas déjà ? Faut-il être hypocrite et te lécher les bottes pour te plaire ? As-tu besoin de susciter la peur pour te sentir puissant ? Aimes-tu être entouré de cupides ? Aurait-il fallut que je me comporte en coureuse de remparts ?

    Comme ton Limier ?

Jalouse, Shirine ? Oui, terriblement jalouse de Rosa qui a réussit, alors qu'elle est en train d'échouer.


Pour avoir ce que je veux, faut-il finalement que je te menace de te prendre la vie, ou celle de l'une de tes "choses" ? Iris, Eleonore, Rosalinde... ? Dis-moi ! MAIS DIS-MOI !

C'est le désespoir qui agit pour elle. Si elle avait un autre caractère, elle se serait jetée à genoux et l'aurait supplié d'accepter sa demande.
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Judas
Surpris, Judas est surpris et ses yeux l'expriment quand sa bouche reste close d'effroi. L'attaque n'appartient plus à un regard de mépris mais à des gestes qui l'entravent comme une vulgaire beste de somme. Zoé se fait bât, Frayner en reste coi. La rousse se fait vipère, elle lui persiffle de l'affront en murmure et la morsure de la lame sur son cou est une menace de mort.

La tête a trouvé le plan de la couche, elle a osé. Serrer les dents, rester un homme dévoré de fierté et écrasé d'égo, Judas ne lui donnera jamais le plaisir de se laisser démonter comme un vulgaire impuissant. Ses yeux restent grands mais si durs, bouger n'est pas l'instinct de survie qui point en premier, non. Avant de risquer de se trancher seul la gorge sur la seule arme avec laquelle une femme telle que Zoé peut le menacer Judas lui promet par son simple regard qu'il lui fera payer son acte. Le nez fin souffle comme un boeuf, ses narines dilatées trahissent la fureur qu'elle lui inspire.

Je te tuerai. Tôt ou tard tu devras régler cette dette là.

Voilà tout ce que son corps exprime alors qu'il commence déjà à trembler de rage. L'ignare pendrait sans doute cela pour de la peur, mais si un "Lion de Juda" honore sa réputation... Il comprendra les signes avant coureurs d'une cause définitivement perdue.

Tu as perdu Zoé. Maintenant tout est terminé. Affaire close, jusqu'à ce que je te fasse abjurer. Je t'écraserai.

Il la méprise de toute son âme, et si on la croit bien légère on s'y méprend. Judas n'est pas homme à avoir la mémoire courte. Iris noirs contre cils roux, il la dévisage, ce visage un jour il le lui arrachera. Buté, il gardera le silence, ce n'est qu'ainsi qu'on discerne les paroliers des écorcheurs: ceux qui restent pris de courts ne sont que des lâches qui aboient mais ne savent pas mordre. Cette femme là n'est pas encore classée dans l'une ou l'autre des deux cases, de par ses actes il en a déduit que Zoé Lisreux est trop impulsive pour avoir du bon sens. Où elle est folle.
Les zygomatiques du seigneur se crispent en battant la mesure d'un palpitant qui s'est emballé malgré lui, la tension est montée d'un cran.

Fais la belle... Lisreux. Tu viens de me montrer que tu n'aimais que toi. Maintenant voyons comment tu te sors d'une si mauvaise passe.

Car la mauvaise posture n'incombe pas toujours à celui que l'on croit.

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Vive le Roy !
Shirine
Le silence est long. Pendant qu'elle attend que Judas dise quelque chose, dans sa tête c'est la cacophonie. Un lui hurle de faire couler le sang et l'autre la supplie de se raisonner et de faire demi tour pendant qu'elle le peut encore. Elle s'est déjà suffisamment faite remarquer à Dijon, inutile de faire empirer les choses.
Elle n'a pas encore bien l'habitude de ces deux voix, en plus de la sienne, qui encombrent son cerveau. Elle se mord la langue pour ne pas leur hurler de se taire. Il est là, entre ses mains, cloué au lit.

Elle voudrait le tuer pour assouvir son besoin de vengeance contre Moran. Il la ralentit dans ses plans et ça la met hors d'elle. C'est un pion cloué au plateau de jeu et qu'elle ne peut pas bouger. Pourquoi ne pas l'écraser alors ? Puisqu'il ne sert à rien...
La rouquine est complètement obsédée par le châtiment qu'elle réserve à son frère et en a perdu tout contrôle d'elle-même ainsi que tout bon sens. Si elle en a eu un jour.

Il ne dira rien... Pour l'énerver davantage ?
Alors ses lèvres se retroussent en un sourire, qui se transforme en rire. Un rire nerveux peut-être, un rire qui jure un peu, vu les circonstances.
Sans lui lacher les cheveux, Shirine se penche un peu plus et embrasse le Von Frayner sur la joue.


Tu ne veux pas me répondre. Soit.

Elle lève la main droite et abat son arme dans l'épaule gauche de son captif. Elle se lève et saute du lit, laissant la lame dans son écrin de chaire.
Elle se rue à la porte et pose la main sur la poignée.


J'te la laisse en souvenir !

Elle sourit avec malice, comme une gamine excitée par l'aventure qu'elle vit. La porte s'ouvre à la volée et claque derrière elle. Elle dévale les escaliers et se perd dans les rues de Dijon. Il est temps de faire les valises.

Shirine, cinglée ? Cela ne fait plus aucun doute...

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Judas
Zoé Lisreux: Parolière.

Mais lorsqu'elle brandit son coutelas, la seule chose qui lui confère un sentiment de puissance et de domination elle oublie qu'elle n'est que femme face à un homme. Seules les femmes battues, violées, captives savent combien leur nature est frêle face à la force naturelle du sexe fort. Une femme sans moyen de défense autre que sa seule force ne tient pas tête une seconde à la colère d'un homme. Un coup de main, un geste brusque et il peut la briser, la maitriser, lui ôter la vie avec une désarmante facilité. Judas a regardé le cou gracile, ce cou qu'il pourrait tordre d'un mouvement. Ha Zoé! si seulement tu savais ce qu'est d'affronter à armes égales ton adversaire! Tu ferais moins la mariole... Et un jour viendrait bien où elle serait confrontée à la situation afin de solder les comptes.

Il la brisera. Et bien que ce ne sera pas de ses mains, il la brisera. Pour l'heure la femelle fanfaronne, gonflée d'un étrange besoin de surpasser elle nargue. Judas tente de comprendre le but de la manoeuvre car il a compris que la raison de Zoé n'est pas tout à fait centrée sur Moran. Une soeur aimante ne se compromettrait pas ainsi et n'écarterai pas toute chance d'arriver à ses fins. Et si ce n'est pour le bien de son frère, pour quoi est-ce? Qu'importe, elle coupe court à toute tergiversation d'un coup de surin mal placé. Judas pousse un cri bref et se cambre, mais la parolière est déjà à la porte, fuyant comme la misérable chienne qu'elle est.

Le gaucher vient crisper sa main autour de l'objet qui lui cause une si vive douleur en réalisant qu'elle vient de le planter et de prendre ses jambes à son cou. Frayner est blessé, dans sa chair et dans son orgueil, c'est est fini des Lisreux. Se tordant de douleur sur son lit il scande, grogne et hurle de façon saccadée, encore halluciné de la folie qui a porté le coup fatidique. L'épaule meurtrie restera l'écrin du tranchant encore longtemps, jusqu'à Petit Bolchen où le palefrenier de l'auberge ramènera le seigneur a demi courbé sur sa monture. De peur d'une mort lente, de peur de se vider de son sang, Frayner n'autorisera personne avant de regagner sa demeure à lui retirer l'écharde de fer de la même épaule qui quelques mois auparavant avait été démise par l'armée Tourangelle. Il maudira tout haut la rousse pour avoir enlaidit de ce qui sera sans doute une balafre l'immaculé de sa peau, jurant que pour lui avoir gâté l'épaule, il lui gâterai la vie.

En voilà des parties de chasse qui se terminent bien mal...

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Vive le Roy !
Judas
Couché sur son lit de souffrant Judas serre les dents. Sa fierté a fait disposer toute la valetaille hors de la chambre et congédier tout malheureux voulant observer de trop près sa blessure. Sa femme se vit servir une banale excuse de chute, quant à la lame en son épaule? La pointe de la lance d'un ami se tenant là, par coup du sort, au moment où le fier chasseur chût... On mésestime souvent cet art dangereux, n'est-il pas?

Au bout d'une heure et après une profonde réflexion quant à l'avenir de l'insidieux corps étranger niché en sa chair, Judas pris le parti de revoir à la baisse son égo de mâle intouchable et à l'épreuve des coups de surin. Au diable la Lisreux, dès qu'il serait remis de sa perfidie il ne manquerait pas de la lui rendre au centuple. Le seigneur hurla qu'on lui amène un messager, qui d'un gratte papier à la patience immense se vit remettre... Un message. Frayner mandait un médecin, prestement, et sur le papelard adressé au maire de la ville la plus proche on put lire en caractère plus grand et plus fort que le reste du contenu ceci:

Citation:

Et surtout, faites moi parvenir n'importe quel homme de science qui ne soit pas cet incapable de Alfred Edwards Casaviecchi Von Saxe-Norbourg-Hamilton !


C'est que le bougre lui avait laissé un mauvais souvenir lorsqu'il l'avait reçu pour la jeune suivante et ses pertes de connaissances mystérieuses. Curieux, et en tout point mal apprécié par le maitre des lieux... Judas avait décidé de ne plus jamais l'appeler, dusse-t-il se soigner seul et avec les dents. Le pli parti pour la ville, et Petit Bolchen resta suspendu aux humeurs de son maitre.

Maintenant, une attente désagréable commençait, et ce jusqu'à sans doute la faveur de la nuit avec laquelle quelqu'un de diligent et d'un tant soit peu doué viendrait lui ôter la trace de l'affront d'une Lion de Juda.

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Vive le Roy !
Shirine
[Autun, Bourgogne]


Après l'épisode de Dijon, Shirine est rentrée à son Auberge. Elle a brûlé sa robe, souillée de quelques taches de sang du Von Frayner. Moran s'en serait rendu compte et l'aurait questionnée. Puis, elle a pris un bain. Comme pour se débarrasser totalement du contact qu'elle a eu avec Judas et passer à autre chose. Le soir même, l'affaire était oubliée. Ce plan n'avait pas fonctionné, elle trouverait autre chose. Inutile de s'apitoyer sur un échec.

Quelques jours plus tard, le frère et la soeur sont à Autun, où Moran a une petite demeure. Leur relation s'affine, leur complicité est plus évidente. Et même s'il refuse encore d'entendre parler de Genève, la rousse sent qu'elle prend de plus en plus le pouvoir sur lui.

Comme d'habitude, le Lisreux vaque à ses occupations. Shirine ne sait pas ce qu'il fait et elle ne lui pose aucune question, il lui répondrait surement que cela ne la regarde pas.
Alors, comme souvent, ce jour là, après un bon déjeuner, elle décide d'aller digérer à l'extérieur. La jeune femme, vêtue d'une chemise, de braies et de bottes, met dans son balluchon une bouteille de vin de Bourgogne et "La Divine Comédie", prêtée par Rosalinde, puis se rend à la lisière de la petite foret, non loin d'Autun.

Elle n'a pas racheté d'arme depuis Dijon. Elle est prudente vis à vis de Moran. D'une part, très tactile, il pourrait facilement la trouver sur elle. D'autre part, il pourrait aussi lui prendre l'envie, un jour, de fouiller sa chambre... S'il tombait sur une lame, il se mettrait dans une colère noire. Et elle ne veut pas risquer de lui faire penser qu'elle souhaite l'éliminer.

Elle s'enfonce entre les arbres et réussi à trouver un châtaignier. Elle s'assoit contre le tronc et pose la bouteille près d'elle avant d'ouvrir le livre.
La journée est belle pour être passée dehors, ce qu'elle ne sait pas, c'est que son ciel va s'assombrir...

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