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[RP] Oustau de Château-Thierry - Demeure des Blackney

Gabrielle_montbray
HRP : merci de ne plus poster à l’Oustau tant que ce RP est en cours, sauf JD Enzo bien sûr – et si de chastes yeux trainent par là, ils peuvent sauter les prochains posts.


« Laisse-moi être ta croix,
Laisse-moi essayer...
Laisse-moi être juste toi,
Laisse-moi être comme toi... »

- Indochine -

- Je suis ton Seigneur et Maître - Un autre soir... -

Et une brune qui rentre chez elle, et une porte qui claque, et un coup de pied donné dans la chaise qui a le malheur de se trouver là, et une injure en anglois. A cet instant précis, Gabrielle maudit l’humanité entière dans la langue d’outre Manche. Elle maudit les tavernes, la confiture, l’encre, la mairie, les petites filles et son mari. Tous ceci dans un langage fort peu châtié que nous ne pouvons décemment pas répéter ici. Elle n’en revient toujours pas de ce qui vient de se passer.

Elle était venue tranquillement en taverne pour écrire un courrier destiné aux cultivateurs de blé et de maïs de la ville. Enzo et Maelysa la gamine discutaient confitures, la jeune Ella a débarqué. Tout se passait bien et d’un coup, les choses qui vrillent, on ne sait trop comment, un cri, un dérapage, une pelle qui cogne, une morsure, du sang, une gosse dans les pommes, une arcade sourcilière explosée et une Gabrielle qui regarde tout ceci ébahie sans vraiment réaliser ce qui se passe. Mais après la bataille, une fois assurée que tout le monde va bien, le ras le bol, une envie de les planter tous, eux, et leurs disputes imbéciles, leur violence qui claque, leurs mots idiots, leurs insultes, leurs incapacité à se parler comme des êtres humains civilisés. Un trop plein, Gabrielle renonce, Gabrielle ne veut pas comprendre, ne veut pas écouter, elle veut juste fuir.
Alors elle les a planté là tous les trois. Planté sans explication juste un « et puis m*erde » symbolique.

Mais elle fulmine la brune. Surtout après Enzo. Un gamin, voilà ce qu’elle a épousé. Elle voulait un homme, et elle se retrouve avec un gosse boudeur et orgueilleux. Alors c’est la chaise qui prend.
Elle prend pour les amours enfantines qui la renvoient à ses propres questionnements, elle prend pour les amitiés si importantes mais si fragiles, elle prend pour les pères qui abandonnent leurs fils, elle prend pour les enfants à venir et dont on n’est pas sûr de vouloir. Elle prend surtout pour les angoisses d’Enzo qui refuse de lui parler. Ce coup de pied dans ce meuble qui traine au mauvais endroit, c’est toute l’impuissance de Gabrielle à rendre son mari heureux, à lui rendre le sourire, il part à la dérive, se perd dans d’éphémères jupons blonds, se bat avec des gamines, hausse les épaules et soupire devant les mains tendues. Alors Gabrielle frappe cette chaise qui traine parce qu’elle ne peut rien faire d’autre. Elle ne sait plus bien si elle est en colère ou triste, ou les deux. En colère et triste après cet homme qui partage sa vie mais qui refuse d’être deux, qui ne sait pas être deux. Elle porterait sa peine et ses peurs si elle le pouvait, mais c’est impossible alors elle tempête et elle balance une botte rageuse dans la chaise.


- Bloody hell !*

Et de marcher de long en large dans l’immense pièce du rez de chaussée de leur maison. Et d’envoyer valser une botte à travers la salle, suivie très vite de sa jumelle. Gabrielle ne se risquera plus à envoyer un des objets de la maison s’écraser contre un mur, le dernier lui a coûté cher. Bien trop pour le plaisir éphémère que procure le geste.
La brune s’arrête enfin et soupire. Un petit rire lui échappe. Elle ne va pas quand même pas se mettre à tout casser, il y a déjà assez du Grand pour transformer les chaises en petits bois pour l’hiver. Gabrielle sourit et se dit qu’elle va aller se coucher et que demain tout ira mieux et qu'elle y verra plus clair, elle fait un pas en direction de l’escalier en pierre quand la porte s’ouvre avec fracas et se referme avec la même délicatesse.

- Gabrielle de Montbazon-Navailles !


Gabrielle se fige dans son mouvement. Le Seigneur et Maitre des lieux est rentré, et son humeur ne semble pas des plus riantes.
La jeune femme ferme les yeux un instant. L’air va trembler de la fureur d’Enzo, la colère va s’abattre. La question est de savoir la forme qu’elle prendra.


* Bordel de m*erde (vous devriez le savoir depuis le temps)

_________________
Enzo
    « What if I wanted to break
    Laugh it all off in your face
    What would you do? (Oh, oh)
    What if I fell to the floor
    Couldn't take all this anymore
    What would you do, do, do? [...] »

    The Kill - Thirty second to mars.


    - Un autre soir, avant le mutisme.


- « M*rde »

C’était le mot. Il n’avait pas assez de la dernière dispute, de son angoisse qui semblait accentuer chaque jour, de tout ce qu’il devait faire face. Non, Ella devait se ramener, mettre la pagaille et surtout créer un nouveau froid entre Enzo et Gabrielle. Tout ça pour quelques mots mal placés dans une phrase. Une façon de s’exprimer un peu particulière, et une jeune fille un peu trop rancunière, qui semblait d’ailleurs ne rien comprendre. Sale gosses. Définitivement. Ça n’était pas la journée. Entre Luisa, les quelques paroles de Ludwig qui avait fini par rendre maussade le jeune homme, mais animé par une ambition sans bornes, Enzo avait l’humeur fragile. Et il n’y comprenait jamais rien. La rouquine allait et venait, le regardait souriante et d’autres jours avec méfiance, voir autre chose qu’il n’arrivait pas très bien à identifier. Il s’était fait littéralement attaquer par deux impudentes gamines, et c’est lui qui devait ramasser les morceaux avec sa femme. Encore. Un soupire et puis deux. Il en avait marre. Des gosses. D’Elle. De leurs disputes, de cette vie qui semblait s’acharner sur lui, de ces angoisses de tout. Les poings fermés, la mâchoire crispée, Enzo tendait de calmer ses colères qui se mélangeaient à son stress. Il fallait qu’il puisse garder le contrôler. Il ne fallait pas qu’il dérape. Pas maintenant. Son mariage était encore trop précaire pour débordée de cette façon. Alors le jeune Seigneur avait tournée en rond, dehors, dans la nuit. Tournée, tournée et encore tournée. Piétinant le sol avec rage, cherchant à se calmer par toutes les façons, coup de poings dans les murs compris. S’il ne la méritait pas, elle ne le méritait pas non plus ! Qu’elle sale caractère quand même qu’elle avait celle là. Sauf que les angoisses s’intensifiaient, et la colère ne diminuait pas. Les murs se rapprochaient, les images se déformaient, Enzo rentrait dans un état second, cet état qu’il détestait. Ou il était mené par ses craintes et ses angoisses. Il devait rentrer à l’Oustau. Il ne pouvait rester dehors à tourner en rond dans la ville au risque de blesser quelqu’un par accident. La raison existait encore. Il allait rentrée. Lui parler et tout irait pour le mieux ensuite. Tout à fait. C’était comment ça que le tout devait se passer point final. Alors Enzo déambula dans les rues direction l’Oustau, le pas trop rapide, les cheveux défaits, le regard dur et la mâchoire toujours crispée. Parler et arranger tout. Parler. Discuter. Calmement... Et une porte qui s’ouvre avec fracas.

- « Gabrielle de Montbazon-Navailles ! »


Colère et angoisse ne fait jamais bon ménage. Alors Enzo s’avance vers elle. Trop rapidement. Les yeux sombres, et un peu ailleurs. Agités et en colère. Bref, il n’est pas dans un état pour aller prendre le thé calmement. Il s’avance donc vers Gabrielle, faisant des grands gestes, excessif. Sale femme ! Son malheur. Ses soucis, cette espèce de brune là qui veut monter les escaliers ne le méritait pas ! Non. Elle méritait rien de lui, sauf quelques baffes. Elle ne méritait pas tout ce qu’il subissait, tout se mal qui le rongeait, toute ses angoisses qui se multipliaient. Elle ne méritait pas ses bouleversements quand elle partait laissant la chambre en désordre. Elle ne méritait rien. Pas un écu. Pas un baiser. Pas la moindre attention. Enzo la fixait donc, avec une envie particulière. Cette envie sombre qui lui tient les tripes et le font succomber à des violences qu’il se refuse. Il dérape, ne contrôle plus son état d’esprit. Il menace de son regard, de ses pas trop lourd, de cette tension qui se propage autour de lui, autour d’eux. Et sa main se lève. Impérieuse. Elle claque le vent pour venir créer la peur. Un sourire narquois sur le visage du Blackney déchu. Un peu trop ailleurs. Un peu trop malsain.

- « Déguerpissez ! Tous ! Sauf vous. Gabrielle ! Vous restez et ne bougez plus. Sinon c’est ma main contre vostre joue. Compris ! »


Et il s’éloigne de Gabrielle. Faisant des ronds dans la pièce. Des cercles plus ou moins ronds, variant entre l’ovale et quelques choses d’assez déformés. Il tourne et s’agite, grommelle, regarde le sol quelques fois, entremêle ses doigts avec ses cheveux dans un geste nerveux, comme pour les arracher. De gauche, à droite. De cercle à rectangle. Il marche dans toute la salle. Une des plus grande l’Oustau. Cette pièce d’entrée trop vide, faisant écho partout dans la demeure. Cette salle grande où il marche avec frénésie. Enzo fait peur. Les yeux rougis, les mains nerveuses Enzo s’arrête un instant, avant d’enfoncer son poings dans le mur.

- « Je ne te supporte plus ! Je nous supporte plus ! Vous…! Rha ! »


Et de recommencer son petit manège. Frappant ici, envoyant des chaises virevolter. Des insultes en occitan se fracassent avec sonorité sur les murs de la pièce, et des grognements sortent de sa bouche. Il regarde Gabrielle un instant. Ça n’est pas la blonde. Il ne peut pas lui faire ça. Pas à elle. Sauf qu’il s’approche tout de même de nouveau. L’esprit embrouillé, ça tangue de nouveau autour de lui, la réalité s’effondre peu à peu, et ses repères s’amenuise pour laisser place à un espace beaucoup sombre, mais entièrement enivrant. Et si j’avais envie de te frapper Gabrielle ? De rompre tes os et de tuer ce que tu portes en toi ? Et si la violence faisait de moi un être tout autre ? Que ferais-tu ? Que ferais-tu contre moi Gab ? Que voudrais que je fasse ? Tu es là, et je n’ai rien d’autre sur la main pour calmer mes angoisses noires. Mes sombres lubies s’installent, et des envies de pouvoir, des envies de te faire mal, de te faire tomber à mes genoux me passent par la tête. Oh Gabrielle. As-tu peur de moi ? As-tu peur de ses yeux vert sombre qui te regard, avec mépris, de se sourire narquois et presque un peu pervers sur mon visage. Je m’approche, le cœur battant, fiévreux.

- « Je te déteste. Oh que je te déteste Gabrielle de Montbazon-Navaille. Je déteste plus que tout.

Et de soupirer un instant, passant sa main dans ses cheveux à lui.

T’es qu’une petite…! J’en ai marre ! De tout. De nos disputes, de vous ! De ce cet enfant que je ne veux pas ! De cet enfer dans lequel vous m’enfermer. Je ne veux rien de tout ça ! RIEN. La paix. JUSTE la paix… Vous n'êtes qu'une gamine ! Une impudente ! Une... »

Et le Blackney de se détourner, et cogner sur le mur le plus proche. Ça aurait pu être Gabrielle, mais non. Ses paroles ne sont pas vraiment vrai, dites sous l’effet de la colère, la déraison totale. Une perte de contrôle entière. Ce qu’il s’était promis de ne jamais perde devant Gabrielle.Pardonne-moi, Gab. Pardonne-moi tout ce que je pourrais te fais ce soir.


Trad : Et si j'avais envie de rompre
Rire de tout cela dans ta face
Qu'est-ce que tu ferais ? (Oh, oh)
Et si je tombais par terre
Ne pouvant plus supporter cela
Qu'est-ce que tu ferais, ferais, ferais ?

_________________

©JD Marin
Gabrielle_montbray
« La cruauté est le remède de l’orgueil blessé »
- Friedrich Nietzsche -

Gabrielle reste là, figée. Attendre. Ne pas bouger, ne rien dire, juste attendre*. Comme la dernière fois, comme souvent. Elle le fixe, parce que regarder le sol, ça serait se soumettre, et fermer les yeux, ça serait montrer sa peur. Alors elle le fixe quand il s’approche agité, trop agité, nerveux, trop nerveux. Ca n’est pas un regard glacial qui la toise, non, c’est un regard fou et c’est peut-être bien plus terrifiant. La main part. Les yeux de Gabrielle se ferment par réflexe, son corps se tend et rien ne tombe, rien ne claque. Elle ouvre les paupières pour le voir lui sourire. Un sourire narquois. Ca l’amuse de lui faire peur. Ca l’amuse d’avoir du pouvoir. Ca l’amuse et Gabrielle sent son estomac se nouer, et son cœur battre bien trop fort, elle sent le sang qui pulse dans ses tempes. Gabrielle a peur. Comme la dernière fois.

- Déguerpissez ! Tous ! Sauf vous. Gabrielle ! Vous restez et ne bougez plus. Sinon c’est ma main contre vostre joue. Compris !


Impuissante, la brune voit Margue filer sans demander son reste, pas sûr qu’elle ait vraiment compris, la servante flamande qui ne parle pas leur langue - une idée d’Enzo pour être sûr qu’elle ne répète rien de ce qui se passe dans cette maison peut-être bien, Gabrielle n’en sait rien et peu lui importe - , mais surtout elle voit Nortimer et Audoin partir. Plus lentement que la bonne, d’un pas plus lourd, Audoin semble même hésiter, juste un instant, et il jette un dernier regard à Gabrielle avant de disparaître à la suite de l’autre garde. Gabrielle se demande s’ils vont rester derrière la porte, à écouter ce qui se passe, à rire peut-être même de la situation, ou alors ils iront en cuisine boire du mauvais alcool et oublieront, fermeront les yeux sur son sort et s’en foutront. Elle se demande aussi ce qui se serait passé si Isleen avait été là, son seul soutien dans cette maison, sa seule amie dans ces murs. Aurait-elle tenu tête à son maitre au risque de subir elle aussi sa colère ? Aurait-elle suivi les autres ? Ca n’a guère d’importance. Isleen n’est pas là. Plus personne n’est là. Ils ne sont plus que deux.

Elle face à Lui.

Lui contre Elle.

Elle repose ses yeux bleus sombres sur Enzo et le regarde tourner et virer à grandes enjambées nerveuses dans cette pièce. Elle attend quelque chose, mais elle ne sait pas quoi. Alors elle le regarde. Elle ne sursaute pas quand le poing vient taper le mur, elle frémit, et lâche un petit soupir de soulagement, mieux vaut le mur qu’elle. Mais ça ne le calme pas alors il crache son venin. Et elle écoute.


Déteste-moi si ça te fait du bien. Convaincs-toi que je suis la source de tes ennuis, de tes peurs, de ton abandon, de tes angoisses. Maudis-moi à la place de ton père. Comdamne-moi pour la perte de ton héritage, pour la perte de ton nom, pour tes errances folles entre les cuisses d’une autre, pour ta violence non maitrisée. Accuse-moi de tout ce que tu veux, ce ne sont que des mots, je sais que tu ne les penses pas. Ils sont violents, mais ils glissent. Ils ne sont rien. Et pourtant. Pourtant ils me touchent. Parce que non ça n’est rien, mais c’est injuste. Tu es incapable de sortir des mots tendres et doux. Et ça me révolte, alors malgré moi, les mots jaillissent, je ne voulais pas te le dire, je m’entends les prononcer malgré moi.

- Tu ne sais que me cracher ta haine, là tes sentiments ne te font plus peur et ça sort, tu les vomis comme un mauvais vin. Tu me détestes ? Moi, en cet instant, je te méprise ! Frappe-moi comme tu frappes ton mur si c’est tout ce que tu sais faire… Je ne suis pas ton problème, mais c’est tellement plus simple. Alors hurle et frappe ! Tu ne me fais pas peur, Enzo, non, vraiment pas !

Oui, hurle et frappe. Tu ne me fais pas peur. Plus vraiment. Et je ne méprise pas. Pas du tout. Je t’aime, toujours, et je serais ton exutoire, ton calmant. Frappe-moi, brise-moi, peu m’importe, demain je me relèverai, je te regarderai et c’est toi qui sera en miettes parce que tu auras honte. Regarde moi, plonge ton regard fou dans le bleu de mes yeux. Rappelle-toi qui je suis, Enzo. Rappelle-toi qui je suis avant d'aller trop loin et de regretter.

- Enzo, tu avais promis de ne jamais me faire de mal...


Oui. Tu avais promis. Et moi, je te pensais homme de paroles.


* Je m’autocite, RP de la page d’avant.

_________________
Enzo
    I used to write,
    I used to write letters I used to sign my name
    I used to sleep at night
    Before the flashing lights settled deep in my brain

    We used to wait - Arcade Fire


    J’avais l’habitude de fermer les yeux calmement.
    D’espérer que le demain effacerais mes douleurs.
    J’avais l’habitude d’essayer de penser à rien.
    De me vider l’esprit et vaquer à des occupations.
    J’avais l’habitude de fermer les yeux et d’oublier.
    De joindre mes mains et prier le très-haut.
    J’avais l’habitude de tout haïr et tenter d’aimer.
    De me protéger de ses sentiments illégaux.
    J’écrivais. Je signais. Je tamponnais.
    Mon prénom et mon nom.
    Mon rang épiscopal.
    Mon lien de sang.


    But by the time we met
    By the time we met the times had already changed


Oui. Les temps avaient changé. Je n’étais plus le jeune garçon qui errait à ne pas savoir où s’en aller. Je cherchais des repères dans un amour qui n’en n’était pas un. J’apprenais à garder pour moi tout ce qui me semblait – et me semble encore – être une faiblesse. Les temps avaient changés. Et quand les lumières se fermaient, je ne dormais plus. Je regardais passer le monde un soupire au lèvres. Je passais mes nuits sur les remparts, à jouer avec les risques, à boire plus que de raison. J’espérais éteindre en mois les brûlures de la perte. J’espérais recréer le lien pur que j’avais avec ma mère. Je fonçais tête première dans tout, ravageant les chaises et les murs, criant, et tapant à souhait. J’étais un fils. Un héritier. Un frère. Et je me sentais rien. Vivant que dans l’ivresse des batailles et de l’alcool. Ma violence se reportait ici et là, en paroles comme en coups. J’alternais ma vie entre angoisses et colère. Entre contrôle et impuissance.

    Now our lives are changing fast
    Now our lives are changing fast


Et ta voix s’éclate sur mes tympans tandis que mes yeux verts te fixe et mon corps entier se crispe. Je ne suis pas entièrement libre de mes émotions et toi tu oses. Tu oses me dire que tu n’as pas peur. Nos vies ont changés, Gabrielle. Alors oui. Je hurlerais et je frapperais. Toi ou les murs, ça m’importe peu maintenant. Misérable. Oui, ma haine est plus fluide, je te la crache au visage avec mépris plus facilement. Peut-être parce que mes sentiments amoureux ne sont qu’un paquet de problèmes. Une injure à ma vie. Une injustice dans ce monde. Peut-être aurions-nous du rester coucher sur sol des tavernes à tenter de l’oublier ce monde. Au lieu de nous marier comme des con. Alors oui, Gabrielle tu es mon problème. Depuis toujours. Depuis le jour où tu as prononcé le nom Blackney. Depuis que mon regard méprisant s’est posé sur toi. Depuis que tu m’as regardé. Depuis que nos orgueils se sont rejoins sur la couche de cette auberge minable que tu fréquentais. Depuis que vous avez fait rompt mes fiançailles. Car c’est de vostre faute si j’ai envoyé cette lettre qui fait que nous sommes aujourd’hui ici. Toi ma femme, moi ton époux. Gabrielle. Si tu n’avais pas été là tout ça, ça ne serrait jamais arrivé. Jamais.

    Alors je te maudis.
    Toi ma folie.

    Parce que je suis assez fou pour t’aimer.


Enzo la fixe donc sa femme. Une grimace méprisante sur le visage. Alors comme ça, il ne lui fait pas peur ! Le jeune homme de s’approcher, tandis qu’elle lui lance cette phrase qu’il lui avait dit. Était-ce vraiment ça d’ailleurs qu’il lui avait dit ? Enzo semblait se souvenir qu’il ne voulait pas lui faire de mal. Pas qu’il avait promis. Mais ça n’avait aucune importance en ce moment. Alors le jeune homme s’avance et empoigne le menton de Gabrielle entre ses mains, les yeux vert allant croiser les bleus, son regard se faisant fou, violent. Femme impure. Comme toute les autres. Les femmes ça n’existent que pour faire tomber bien bas les hommes. Ça devrait servir qu’à satisfaire son époux et rester dans les demeures. Jamais en sortir. Et Enzo de repousser le visage de sa femme avec brutalité. Qu’elle tombe. Qu’elle se cogne dans les escaliers, ou pas. Il s’en fiche. Le jeune homme de continuer à marcher avec rage dans la salle. S’énervant contre lui-même autant que contre Gabrielle. Contre le monde. Les images défilent. Elle. Elizabelle. Hélène. Son père. Une taverne. Le voyage. La Bretagne. Avant. La mort de sa mère. Paris. Elisabeth. Sa déchéance. Son mariage. Tout. Tout se cogne et s’entremêle, et le Blackney déchu de se prendre la tête entre les mains et se secouer brutalement. Ne pas la frapper. Ne pas la frapper. Ne pas la frapper. Et il s’agite, va jusqu’à foncer dans le mur dans un cri de rage. Il relâche sa tête, le regard qui retourne se planter sur Gabrielle, les pas qui se rapprochent de nouveau, les lèvres qui se mordent, une main qui vient prendre rudement celle de sa femme. Le vert contre le bleu. T’ai-je vraiment promis de ne jamais te frapper, Gabrielle ? Ma parole n’est-elle déjà plus d’actualité. Es-tu sur de ne pas avoir peur de moi ? Un sourire malicieux de s’installer sur le visage d’Enzo, tandis qu’il se penche un peu vers Gabrielle, serrant avec force le poignet de la jeune femme. Je peux te briser. Je te briserais. Il n’y a que nous. Toi et moi. Stilton n’est pas là pour calmer mes colères, mes ardeurs et ma folie. Tu paierais, Gabrielle. Tu paieras pour tout. Pour nous et pour satanée blonde qui me fait perdre tout contrôle. Je te hais. Je te détruirais, comme tu me détruis. Comme cette famille me détruit !


- « Tu n’as pas peur de moi… »

Un ricanement, alors que la main se crispe encore plus fortement sur le poignet de sa femme. Les yeux sombre, un sourire représentant toute les idées sombres qui se passent dans la tête du jeune homme. Et on souffle rauque d’aller se déposer dans le cou de sa femme, un instant avant de la secouer un peu, laissant aller un nouveau ricanement.

- « N’as tu toujours pas peur de moi, Gabrielle ? Es-tu toujours aussi confiante ? Ne tremble tu pas quand je m’approche de toi avec ma colère. Restes-tu insensible à cette main qui broie ton poignet sans aucun remords ? Oserais-tu défier ton mari, Gabrielle ? Oserais-tu !? Dis-le moi ! Dis-moi que tu as peur ! »

Enzo se colle alors à Gabrielle quelque instant, faisant claquer sa langue sur son palais, la repoussant vers le vide de la pièce. Ça serait si bête si elle tentait de fuir dans les escaliers… et tellement moins amusant !

Les deux autres parties en anglais, c'est la même chanson.
Trad :J'avais l'habitude d'écrire,
J'avais l'habitude d'écrire des lettres J'avais l'habitude de signer mon nom
J'avais l'habitude de dormir la nuit
Avant que les lumières clignotantes s'installent au fond de mon cerveau

Mais au moment où on s'est rencontré
Au moment où on s'est rencontré les temps avaient déjà changé

et

Maintenant, nos vies changent rapidement x2

_________________

©JD Marin
Gabrielle_montbray
I used to write,
I used to write letters I used to sign my name
I used to sleep at night
Before the flashing lights settled deep in my brain


J’avais l’habitude de boire trop. Je riais trop. Ma vie était simple et légère, elle se dissolvait dans les vapeurs d’alcool, dans des draps froissés, dans des chants de marin anglois, je n’avais plus de famille, que des amis. De ceux qui vous soutiennent et vous font grandir. Ma vie était simple et légère, j’avais oublié mon passé, changé de nom, je riais trop, je buvais trop, je devenais une adulte loin de mes racines, loin de mon pays, loin de mon enfance. Mais je gardais en moi les bocages normands, le goût des pommes trop aigres qu’on croque avant qu’elles ne soient mûres, le sourire de ma mère, mes fugues nocturnes. J’ai eu une enfance heureuse je crois bien, il ne m’en restait pas grand chose, que des souvenirs, des odeurs et le piquant du Calvados sur la langue.

But by the time we met
By the time we met the times had already changed


Les temps avaient changé oui. J’étais perdue et sans but dans cette ville du sud où je n’avais rien à faire. Dans ce pays qui m’était devenu étranger. J’étais encore jeune pourtant mais déjà usée. Usée par les nuits sans sommeil, usée par les réveils douloureux sous le soleil froid des après-midi londoniens, usée par l’illusion d’un amour de gamine, usée par la solitude, usée par le manque d’identité, je n’étais rien et je n’allais nul part. J’étais perdue et tu m’as trouvée.


Now our lives are changing fast
Now our lives are changing fast


Je n’étais rien et tu as débarqué. Toi, ton sourire narquois, ton arrogance, tes mots acides, tes yeux verts. Et nos vies ont changé oui. Et vite, bien trop vite. Moi j’ai compris trés tôt que tu serais mon poison et ma folie, toi tu m’as rejetée pour ça et tu continues. Enzo, tu ne sais pas vivre sans moi. Tu ne peux pas vivre sans moi. Je suis ton complément d’âme, ta part manquante, celle qui te sort de l’ombre et du sombre pour t’éclabousser de lumière. Mais tu ne le supportes pas. Alors sans cesse, tu m’accuses, tu me craches tes mots haineux. Tu me dis que je ne suis rien, que tu me détestes, que tu pourrais me détruire. Et ta langue se fait ennemie quand elle se fait si douce parfois. Je t’ai bousculé, je t’ai retourné l’esprit et l’âme comme tu retournes les jupons de ta blonde. Je t’ai fait sortir des chemins balisés et ennuyeux de ta vie d’avant. Je t’ai forcé à faire des choix. Malgré moi et malgré toi. Alors…

Maudis-moi.
Déteste-moi.
Frappe-moi.

Mais surtout, surtout, aime-moi.
Même si tu ne sais pas faire, même mal.

Et Gabrielle soutient le regard vert qui la fixe. La toise. La détaille. L’envisage. S’il la frappe, elle répliquera. S’il l’insulte, elle répondra. S’il… Et voilà qu’il s’approche et qu’il lui empoigne le menton, plongeant son regard de désespéré dans le sien. Des yeux fous. Et si c’était ça sa part sombre, sa folie, celle qu’il va assouvir avec l’autre, celle qu’il avait dit ne surtout pas vouloir lui faire subir à elle, sa femme. Et il la repousse. Gabrielle manque de tomber mais elle résiste, elle ne tombera pas. Elle le regarde, toujours, ne pas baisser les yeux, ne pas le fuir, ne pas avoir peur, Gabrielle est une chasseuse, elle a déjà vu la peur dans les yeux d’un animal traqué. Mais elle ne lui donnera pas ce plaisir et puis… elle n’a pas vraiment peur pour elle, elle a peur pour lui. Cette folie qui semble l’habiter, cette violence qui le dirige, cette fureur interne qui semble agiter son esprit et son corps, c’est ça qui fait peur. Pas la main qui pourrait s’abattre sur sa joue, pas le poing qui pourrait s’écraser sur son ventre, pas les horreurs qu’il lui dit.
Elle frémit malgré tout quand il lui saisit le poignet. Elle se force à le regarder dans les yeux. Non, Enzo, je n’ai pas peur de toi. J’ai peur pour toi.
Il va lui briser les os à serrer comme ça, il lui fait mal, elle tente de se dégager tout en sachant que c’est inutile. Il la tient et il ne la lâchera que quand lui l’aura décidé. Et la poigne se fait plus dure.
Il se penche, un instant seulement, elle sent son souffle rauque sur son cou. Et un instant seulement, elle se détend. Elle sait qu’il ne l’embrassera pas, elle sait que la main violente ne se fera pas caressante, elle sait que les mots haineux ne se transformeront pas en mots doux. Mais pour un instant seulement, elle peut faire semblant d’y croire, alors elle ferme les yeux, juste un instant. Une seconde de trouble, une seconde d’abandon.


- N’as-tu toujours pas peur de moi, Gabrielle ? Es-tu toujours aussi confiante ? Ne trembles-tu pas quand je m’approche de toi avec ma colère. Restes-tu insensible à cette main qui broie ton poignet sans aucun remords ? Oserais-tu défier ton mari, Gabrielle ? Oserais-tu !? Dis-le moi ! Dis-moi que tu as peur !

Et il se colle à elle. Un instant seulement, juste un instant, toujours. Quelques secondes de trouble, quelques secondes d’abandon. Gabrielle ne sent plus les doigts qui semblent vouloir lui entailler les chairs, elle ne sent plus la haine ni la colère qui font vibrer l’air autour d’elle. Non, pour un moment, ce qui lui vrille le ventre ça n’est plus la peur c’est…

Oh non, Enzo, Pas question. Tu ne m’auras pas. Je sais ce que tu me fais. Toi tu ne le sais pas, mais moi je le sais. Je l’ai déjà ressenti en d’autres lieux, d’autres moments. Mais tu ne m’auras pas. Je ne céderais pas. Je ne te veux pas. Je ne te désire pas. Non. Vraiment pas.

Et Gabrielle de fixer Enzo qui l’envoie valser au milieu de la pièce.

- Je….

Lutte, Gabrielle. C’est un sale type, il veut te frapper, il veut te faire mal, il ne t’aime pas, il ne te mérite pas, c’est un salaud.

Et Gabrielle de soupirer, légèrement.

Oui, c’est un sale type. Oui c’est un salaud. Oui c’est un petit con. Mais moi, il me rend complètement folle. Je lutte pourtant, je lutte contre mes sens qui s’affolent, je ne veux pas. Sale type. Je ne te veux pas. Et pourtant, je donnerais beaucoup pour que tu reprennes mon poignet, que tu le serres, même trop fort. Viens Enzo, replaque ton corps sur le mien, approche tes lèvres de mon cou.

Sale type ! Fais de moi ce que tu veux. Je te déteste tellement de me faire ça. Mais viens…

- Oui, Enzo. J’ai peur.

Crédit et traduction : tout pareil que le post ci-dessus. Emprunt fait avec l'accord de JD Enzo.
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Enzo
    Did we create a modern myth
    Did we imagine half of it
    Would happen in a thought from now

    A Modern Myth - 30 Seconds To Mars


Je vous fixe attendant une réponse de ta part alors qu’une main se dépose, un peu tremblante, sur la tête de départ de la rampe d’escalier. Vous êtes là. Debout, malgré que vous avez vacillé. J’aurais envie de vous briser De briser toute personne qui se trouverait devant moi. De vous marteler de coups à vous entendre geindre d’arrêter. De voir votre peau se coller de rouge et s’imbiber de votre propre sang. Défouler ma haine et mes émotions sur un corps dans un rire rauque. Tâcher mes vêtements de ce sang impur. D’y mélanger mes mains pour y sentir la chaleur et peut-être même y voir la fin d’une vie. La votre. Ou celle de n’importe qui d’autre. Je n’en sais trop rien. Tout se bouscule, tout s’éclate dans ma tête et je n’ai qu’une envie, répondre à ses envies troublantes, me cogner contre les murs, m’exploser contre je ne sais quoi pour que tout s’arrête. Ne comprenez-vous pas ma douleur, Gabrielle ! Je tangue, je souffre, je hurle dans ma tête et les images s’entrechoquent pour former une peinture inadaptée. Je me sens prisonnier de ma tête et mes émotions. Une prison où je vois tout, je ressent tout, mais où je suis incapable de décider de mes actions, de réfléchir et de dire non. Alors je vous regard avec cet air méchant, cette mesquinerie gratuite. Je vous regarde comme victime. MA victime. J’aurais envie de glisser ma main sur votre cou et sentir votre frisson de peur. Prendre tout de vous, épuiser mes neurones, épuiser mon corps. Que tout s’éteigne, que ça s’arrête. Tout, tout, TOUT ! Mes bottes claquent le sol dans un pas empresser, alors que mes mains viennent se plaquer de nouveau sur mes tempes, et un léger crie de sortir de ma bouche. Le corps crisper, je me souviens. Je me souviens de vous avoir promis de vous éviter cet état de moi. Cette folie que je ne retiens pas. Vous étiez mon contrôle. Avec vous, je pouvais me laisser un peu plus aller sans crainte de me réveiller et vous retrouver rempli de bleu, ou de vous avoir pris avec colère et brutalité, vous laissant plus victime que femme. Qu’avez-vous fait Gabrielle pour que je tienne plus, pour que je veuille hurler et tabasser tout ce qui me passe devant. Je ris. Je ris, parce que vous avez peur. Je ris parce que vous l’avez dit alors que moi je souffre. Alors mes yeux retournent de nouveau sur vous, et mes pas m’amène à me rapprocher, plus lentement. Hésitant tout de même. Je m’approche et vous regarde dédaigneux malgré moi.

Je vous aime et je vous hais. Je vous ferais l’amour autant que je vous bâterais. Je vous cracherais au visage autant que je vous embrasserais. Ma folie. Ma déraison. Ma main se glisse dans ma chevelure tandis que mes pas raisonnent de plus en plus près de vous, et mon sourire de s’élargir. Oh Gabrielle, je ne tiendrais pas parole. Je vous briserais ce soir, à ma manière. Peut m’importe si cela vous plait ou non. Vous êtes ma rédemption, l’antidote à mon mal. Alors je m’approche, je me penche vers vous et viole vos lèvres d’un baiser fou, d’une morsure brutale, y cherchant un peu de cette chaleur sanguine. Crier, Gabrielle, crier que ça vous fait mal. Je veux sentir surprise, décontenancé. Puis je recule, vous repoussant jusqu’à ce vous atteignez un mur. Mes yeux dans les votre. Je vous veux écrouler. Je vous veux à mes pieds. Je vous veux suppliante Gabrielle. Observez ma folie. Observez cette pulsion qui m’anime, sentez la, craignez la. Ayez peur de moi. Tremblez sous moi. Dites mon nom encore une fois, Gabrielle. Les yeux du Blackney déchu se plantent alors dans ceux de Gabrielle. Il ne se souvient pas bien pourquoi il est en colère, pourquoi soudainement son corps s’est agité, et pourquoi sa mâchoire est crispée. Il la toise, cette femme, sa femme et il ne sait pas bien ce qu’il fait là. Et pourtant il ne recule pas, attrapant le poignet gauche de Gabrielle pour le serrer. Du bout des doigts de l’autre main, il frôle les tissus de la robe qu’il fait remonter lentement mais sans réelle douceur. Comme si la lenteur était une exigence. Une envie qu’elle tremble sous ses doigts, qu’elle craigne ce qu’il va lui infliger. Sauf qu’il s’arrête et ricane. Tout se bascule de nouveau. La manie embarque, les gestes se font nerveux mais minutieux. Brutaux et impérieux. Il veux et hésite. Un combat interne entre ses émotions et son délire. Son amour et sa haine. Alors Enzo, repousse de nouveau Gabrielle vers le centre de la pièce avant d’aller rattraper son poignet et de la tirer pour qu’elle le suive.

Elle subira. Elle succombera. Comme l’autre. Elle n’aura pas le choix. De toute manière, c’est une évidence, elle doit subir. Il doit se calmer. Il doit aller chercher sa rédemption. Et elle est là, Gabrielle. Même s’il avait promit, même s’il ne veut pas vraiment. Alors c’est un regard perdu quelques instant qui la regarde quand il pousse sa femme vers la table, de manière à ce qu’elle soit face a lui, et dos à la table. Un regard perdu, et des pas déterminer qui s’avance. Ambivalence. Et la main se lève gratuitement pour aller claquer sur la joue de Gabrielle, avant de fondre sur elle pour l’embrasser avec fougue, la forçant à se plaquer contre la table. Il se fout bien de son confort, les deux mains allant attraper les poignets pour les enserrer, tandis qu’il fait courir son souffle rauque dans le cou de sa femme. Un sourire narquois se dessine de nouveau sur le visage du jeune homme, ne lâchant un poignet pour refaire glisser sa main sur le tissus qu’il relève brusquement tandis que les doigts glisse sur la cuisse et le mollet dans un petit rire tout aussi narquois.


- « Vous avez peur. C’est parfait, Gabrielle. Continuez d’avoir peur. Vous ne pouvez rien contre moi… »


Et la main qui tient le poignet de se serrer encore plus, tandis que la seconde main continue de son escapade sur le mollet et la cuisse. De haut en bas. De bas en haut. Ressentez-vous ma colère, Gabrielle. Ressentez-vous cette pulsion, cette envie de vous sentir toute petite, soumise complètement à mes moindres désirs ? Vous allez succombez. Vous n’allez pas avoir le choix. Pour mon bien-être. Je déverserais tout en vous. Je vous ferais hurler. Mes mains claqueront, mon corps s’agitera pour que mon esprit s’apaise. Alors ma main quitte ton poignet un instant pour se glisser dans ton cou qu’il enserre un instant, alors que je souris. Ça aurait dû être une blonde à votre place. Le savez-vous ? Le comprenez-vous ? Mais elle n’est pas là pour calmer mes ardeurs et mes pulsions. Alors ça sera vous. Même si je vous avais promis, même si dans le fond de moi, je n’ai pas réellement envie.Et la main du Seigneur de Falmignoul de quitter le cou qu’il enserrait pour aller plaquer sa main contre la hanche de Gabrielle. La seconde main remontant pour rencontrer… des mini-braies. Un excès de rage et Enzo de jeter un regard sombre à sa femme, tandis qu’il prend l’initiative de les enlever vite fait, bien fait. Il n’a pas le temps de jouer avec ces tissus superflus, et d’une main tente de les arracher, tandis qu’il va plaquer de nouveau, durement, sans aucune douceur, répondant plus à un besoin qu’une envie, sur les lèvres de Gabrielle. Il ne prolongea toutefois pas le baisé, tentant de retirer le moindre tissus de trop qu’il y avait sous la robe de femme, avec colère et amertume. Le regard dans le sien, sourire mesquin.

- « Soumettez-vous Gabrielle…»


Trad.Avons-nous créé un mythe moderne
Avons-nous imaginé la moitié de ce
qui se passerait dans une pensée à partir de maintenant

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©JD Marin
Gabrielle_montbray
« C’est ainsi que les esclaves vivent : elles sont les seules à détenir les clefs des caves sombres et humides où les fantasmes des maîtres les hissent au rang de divinités »
- Vanessa Duriès –

Je te dis que j’ai peur et toi tu ris. Ris donc si c’est si drôle, moque toi. Je frémis de l’entendre ce rire. Ton rire, le claquement de tes bottes sur le sol de pierre, ton regard, tout me terrifie en fait. Je me répète que je n’ai pas peur. Je me répète que je dois te faire confiance. Je me répète que tu ne me ferais pas de mal, pas vraiment. Mais je crève de trouille si tu savais, parce que je vois bien que tu n’es plus toi, plus vraiment. Ou un autre toi. Un toi que je ne connais pas. Un toi que je n’avais jamais vu. Un toi que je ne sais pas jusqu’à quel point tu maitrises et contrôles. Je ne sais pas ce que tu penses, ni ce que tu vois quand tu me regardes avec tes yeux froids et fous. Alors oui, j’ai peur. Tu me tournes autour. Tu es le chasseur et je suis ta proie. Tu es le bourreau et je suis ta victime. Enzo, regarde-moi et souviens-toi de moi. Quelque part au fond de ta folie doit bien subsister une lueur de raison, tu ne peux pas me faire de mal, tu avais promis et puis je suis moi. Tu ne veux pas, souviens-toi. C’est pour ça que tu vas la voir cette autre, cette blonde. Enzo, ne laisse pas la bête en toi te contrôler, pas totalement.

Tu t’approches et malgré moi j’ai un mouvement de recul. Je crois bien que ça n’était jamais arrivé. Jamais. Je te sens hésitant pourtant. Mais pas longtemps. Tu t’approches avec ce terrifiant sourire, et le baiser qui suit est le baiser du diable, un pacte funeste entre toi et moi. Un pacte que je n’ai pas choisi de signer. Mais un pacte que je vais accepter, je ne fuirai pas. Toi, tu ne te contrôleras pas et moi je subirai. Ma bouche se remplit du goût métallique de mon sang et je lâche un gémissement malgré moi. Tu me fais toujours gémir, ton corps a toujours su faire réagir le mien, mais je ne pensais pas qu’un jour, je gémirais de douleur et de peur. Mais je te regarde pourtant. Il paraît qu’il faut affronter ses ennemis. Alors je te regarde, et j’espère plus que tout que tu ne lis pas la crainte dans mes yeux, que tu n’entends pas mon cœur qui bat trop vite, que tu ne remarques pas ma respiration trop rapide, oui, j’espère plus que tout que tu ne sais pas à quel point en cet instant, tu me terrifies.
Et tu me plaques contre ce mur, comme d’autres fois avant, mais tes intentions sont bien différentes. Je crois du moins. Nous nous regardons, comme deux combattants avant l’assaut final. Tu me toises. Je te regarde. J’aimerais tant pouvoir t’apaiser, te calmer. Je voudrais t’enrouler de mes bras, je voudrais t’embrasser et te dire des paroles rassurantes, te dire que je serai là quoi qu’il advienne, te dire que j’ai confiance en toi et que je t’aime.

Alors un trouble nait dans mon esprit. Quelque chose de puissant, quelque chose d’à la fois angoissant et rassurant. Puisque je ne peux pas te dire tout ça, je vais te le montrer. Je ne sais pas ce que tu veux de moi, mais quoi que ce soit, je dirais oui. Puisque je dois être ta victime, je serais ta victime consentante. J’accepterais tes coups, j’accepterais ton mépris, j’accepterais tout ce que tu voudras bien me donner. Je serais le réceptacle de ta folie, je serais ta femme autant que ta putain, je serais la brune autant que la blonde, je serais celle que tu aimes autant que celle que tu abhorres.

Viens, Enzo.

Et je frémis quand tu prends mon poignet. Tu y verras de la peur sans doute, et il y en a, mais pas que ça.
Et je frémis quand tu relèves ma robe lentement. Je n’ai pas envie de toi. Pas après tout ça. Mais le don de soi fait des miracles. Tu me croiras faible et soumise, mais je serais forte et libre. Ma soumission je te l’offre si tel est ton désir. Et je vais aimer ça. Parce que tu ne m’en laisses pas le choix. Ta folie doit s’éteindre, ton esprit doit s’apaiser, ton âme doit se laver. Calme toi dans mes cris et mon sang puisque c’est ainsi que les choses doivent être.
Alors oui, j’ai peur. Mais j’ai peur de l’inconnu plus que de toi. J’ai peur et je tremble, oscillant entre curiosité et crainte, entre désir de rebellion et besoin de soumission.
Et mon corps suit le tien, que je le veuille ou non n’a plus vraiment d’importance, je suis poussée au milieu de la pièce, tirée par le poignet, manipulée comme un objet et je te laisse faire parce que c’est ce qu’il te faut pour te calmer.
Et cette gifle. Je ne sais pas ce que j’ai fait pour la mériter. Rien sans doute, trop peut-être, ou pas assez. Les larmes me montent aux yeux sous la violence du coup et je me mords la lèvre. Mais tu ne le vois pas, et c’est tant mieux, je ne veux pas que tu me penses faible.
Et ce baiser. Je ne sais pas ce que j’ai fait pour le mériter. Rien sans doute. Je pourrais choisir la passivité, je pourrais ne pas répondre mais c’est bien tout ce que tu m’accorderas d’un peu tendre cette nuit, je le crains, alors que tournent ta langue et la mienne dans une ronde folle. Tu m’offres ta rage, je t’offre mon amour et nous nous retrouvons là dans ce mélange intime. Un moment de trève. Un moment de trouble intense. Un moment de plaisir. Et tu le prolonges. Tu ne dois même pas t’en rendre compte que ton souffle sur mon cou et ta main qui se balade sur ma jambe me retournent les sens.

Non, Enzo, je ne peux rien contre toi. Mais je veux bien tout ce que tu veux. Je m’offre à toi entièrement pour te combler et t’honorer. Même ta main sur mon cou ne me fait pas si peur, elle imprime juste la marque des esclaves sur ma gorge, comme elle l’a fait sur mes poignets avant. Tu ne serreras pas trop fort, j’ai confiance en toi, et si une main doit me tuer, que ce soit la tienne dans une dernière étreinte et un dernier soupir. Mais avant ça…
Avant ça je frémis sous tes mains qui se posent sur mon corps. Je ne sais pas ce que tu veux me faire, Enzo, et je trouve ça… excitant je crois. Je suis dans l’attente. Je ne sais pas bien si ta main va frapper ou caresser, si elle se fera dure ou douce. Mais peu m’importe, je prendrais ce que tu me donnes avec une égale satisfaction et je te donnerais ce que tu attends avec une égale ferveur.

Si le moment était différent, moins grave, plus léger, je pourrais sourire. Tu n’a jamais aimé mes braies. Et voilà qu’alors que je me mets à porter des jupons pour te faire plaisir, j’ai trouvé le moyen d’y cacher des mini-braies qui comme leurs consoeurs plus longues tiennent avec cette multitude de petits lacets que tu excècres et sur lesquels tu t’es souvent agacé. Là ça n’est pas de l’agacement, c’est de la colère. Tu me fais mal en essayant de les arracher, alors je geins, malgré moi toujours.
Tes lèvres brûlent les miennes quand elles s’y plaquent trop violemment et pour un moment bien trop court. Tu ne me donneras rien cette nuit, je suis ta chose, ton objet, ta poupée soumise. Ca aurait du être une autre mais c’est moi. Tu ne me donneras rien mais je prendrais quand-même. Je saurais trouver l’extase et le sublime dans la douleur et les larmes. Je saurais trouver de l’amour dans ta haine. Je saurais voir que tu n’aimes que moi, même si tu dis le contraire.

- Soumettez-vous Gabrielle…

Toi penché, presque plaqué, sur moi – allongée sur cette table en bois dont nous avions testé la solidité une autre nuit, il n’y a pas si longtemps - , une main sur ma hanche, l’autre s’escrimant sur un bout de tissu de rien. Et cette phrase. Alors je fais glisser mes mains là où la tienne s’agite en vain, je défais les lacets qui t’énervent tant, je fais glisser le tissu le long de mes jambes jusqu’à mes genoux.
Tu me veux soumise. Je serais soumise et offerte, pour ton bon plaisir. Je fixe tes yeux verts qui me toisent, je plonge mon regard dans le tien avant de plonger dans ta folie
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-Enzo...Vous êtes mon Seigneur et Maitre...
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Enzo
    « [...]The fabric of your flesh, pure as a wedding dress
    Until I wrap myself inside your arms I cannot rest
    The saints can't help me now, the ropes have been unbound
    I hunt for you with bloody feet across the hallowed ground[...] »

    Howl – Florence in the machine


Alors que mes mots traverses la barrière de mes lèvres, voilà que vous vous agitez et que vos mains vont vers la mienne. Je me crispe d’un coup, alors que vous défaites les lacets à ma place et faites glisser ce vêtement ridicule jusqu’à vos genoux. Agacé je vous observe, alors que vos yeux se plantent dans les miens à en faire vibrer mes entrailles. Un instant. Juste un instant. Alors que vos paroles s’évanouissent contre mes tympans et que mes mains tremblent un instant, je vous regarde. Hésitant. Gabrielle. Je pourrais vous aimez, là maintenant. Je pourrais vous embrassez avec ardeur, ouvrir les lèvres doucement pour m’amener à glisser ma langue vers la votre. J’aurais envie. Mais le combat reste levé. La bataille est commencée, bien malgré mes envies premières, bien avant ce que je pourrais penser. J’aimerais me retenir. Retenir ce sourire plus ou moins mesquin qui reste sur mon visage, j’aimerais retenir mes gestes plus brusques que la normale. C’est flippant, Gabrielle. Flippant parce que je ne me contrôle pas, parce qu’il y a une part de moi qui refuse ce que je vous fait, une part de moi sans doute un peu tendre. Aussi étrange que cela puisse paraître. C’est flippant parce que je n’y peux rien, alors je vous observe pendant ces secondes que j’espère des minutes, mais qui ne le sont pas.

Hésitant, tremblant, me détournant même de vous, comme un rejet. Oui, je serais votre seigneur et maitre, Gabrielle. Vous succomberez à mes assauts, et je chercherais qu’à vous attendre me supplier, à vous entendre gémir, à vous entendre hurler mon nom. À calmer cette folie qui m’habite, je me perds un peu, et je décharge sur vous toute ma colère, ma haine, mes désespoirs. Je cherche en vous la rédemption de mes pêchés, de ces pulsions qui me brûlent, de cet animal qui me ronge, cet orage qui percute dans ma tête et s’agite. Je recule un instant – mais juste d’un pas - , vous regardant, les mains plaquées contre mes tempes, à la fois énervé et désespéré. Ça ne doit pas être vous. Ça ne peut pas être vous. Non, Gabrielle. Pas vous. Pas vous. Pas vous. Les dents se serrent, mes doigts retourne sur votre peau maltraitent la chair. J’aurais envie de hurler, là… maintenant. Hurler que je refuse, et pourtant ce n’est pas ce qui se passe. Ma main, mes doigts, cherche à faire mal, cherche à trouver une solution dans la violence et la maltraitance. Alors que tout se cogne dans ma tête. Un oui contre un non. Un refus contre une envie de déverser ma haine, de punir quelqu’un de ma souffrance intérieure. Une angoisse grandissante qui se répand dans le sang, le viol et l’amertume. Mais vous, vous vous donnez à ma folie. C’est différent de la Stilton qui subit, me provoque et aime ça, bien malgré moi, alors que je déteste. Après. Non. Je vois dans votre regard ce que je vous ai demandé. La soumission. Et c’est étrange. Mes dents vont mordre ma lèvre inférieure, alors que mon autre main va reprendre le poignet qu’il avait quitté plus tôt. Un mélange de hargne et de passion. Peut-être un peu d’amour. Je n’en suis pas sur. Mais ça vous regarde, ce regard fou, à travers mes mèches rebelles rendu bien trop longues. Votre peau va rougir de cette main qui entaille avec les ongles, pétrit avec brusquerie, mais mon regard ne dévie pas du votre.

Gabrielle. Ma main remonte sur votre ventre. Un peu plus bas, peut-être. Est-ce une liberté que de laisser mes démons me ronger, et que vous subissez mon mépris, ma haine et mes pulsions ? Sentez-vous un honneur dans ce que vous donnez ? Mon regard sombre ne se détache plus du votre, même s’il a perdu de cette hésitation, et que ma main descend encore un peu. Oui. Je serais votre seigneur et maitre. Et ma main de quitter l’endroit interdit pour se déposer sur mon épée. Je ne vous touche plus. Je vous regarde juste. Démuni, peut-être. Je ne sais guère. Et si j’avais encore – il y a quelques instants – un peu de refus, de rébellion caché contre cet état dévastateur qui me détruit, ça n’est plus le cas. Alors je vous regarde juste alors que mon épée sort de son fourreau, et ma main gauche de venir tapoter le métal un instant. Je vous regarde toujours, allant plaquer l’arme côté plat contre votre ventre, remontant vers votre poitrine un instant, quelques secondes à peine. Puis un rire coule entre mes lèvres, tandis que l’arme se glisse entre les tissus pour les mettre en lambeau. Oui, Gabrielle. Je vous mettrai à nu à ma façon. Vous serez vide. Vous serez à mes pieds, nu, sans rien. Sans honneur. Tout du moins, c’est ce que j’espère. Je veux tout vous prendre pour qu’il ne reste plus rien. J’y perdrais mes souvenirs de cette nuit, ma folie se mélangeant à mon sang, ce besoin impérieux de vous geindre et de voir perlé votre sang. Non je ne vous tuerais pas, même si l’envie d’entailler vos chars me prend. Peut-être le ferais-je. Par accident. Ou pas. Alors mon épée fait son travail et déchire, brise met en ruine cette robe qui vous allait bien. Une de Morphée peut-être ? Je m’en fiche. Ma main gauche tant qu’à elle retire avec violence tout ses vêtements inutiles que je lance dans la pièce avec rage et passion.


- « Nu. Je vous veux nu. Alors vous serez nu. »

Un autre rire, puis j’envoie mon épée valser plus loin, dans un bruit qui raisonne dans cette pièce trop vide. Je me penche de nouveau vers vous pour mordre votre peau, marquer de mains votre corps, serrant trop fort, me crispant à vous, cherchant un chemin, une dévotion sans pareil, un esprit un peu plus pur pour calmer l’impureté qui ronge mon âme. Je vous embrasse alors, mordant vos lèvres, cherchant ensuite à mélanger ma langue avec la votre, une main se glissant dans tes cheveux, tirant, les doigts se mêlant créant des nœuds. Je vous veux, et je me fous bien que ça ne soit pas le cas pour vous. Provoquez-moi, que je vous rendrais au centuple l’affront. À mon tour de faire tomber mes braies. À mon tour d’affronter et de succomber à mes pulsions. Vous n’allez rien avoir de plus de moi. Non, je n’attendrais pas de vous sentir frémissante, que vous me suppliez de venir. Non. Je vais y aller sans autorisation, sans que je sente si vous voulez vraiment de moi. Mes lèvres quittent alors les votre avec violence et je m’insurge contre vous. Contre ma haine. Contre tout. De ce premier coup de bassin, alors que mes mains sont allées prendre vos poignets, et mon corps de se plaquer au votre. Sentez- vous, Gabrielle. Sentez-vous ? Et moi je brûle, je brûle et je continue. Je me révolte, en vous. Une urgence a comblé. Des gestes brusque. Je prends. Je n’ai aucune idée si cela vous fait mal, et je m’en fiche. Carrément. Mes lèvres ne touchent plus les votre, mon souffle va brûlé à peine votre peau, mes mains brisent juste vos poignet tandis que je vous brûle de l’intérieur. Ou peut-être est-ce moi qui me brûle. Mais ça n’a aucune importance. Je me penche un peu plus, mon regard sur vous, toujours.

- « Criez. »


Oui. Criez. Et assurez-vous que ça ne sonne pas faux. Et je continue. Plus violemment. Plus fortement. Plus loin. Je ne retiens plus rien, et pourtant j’aimerais arrêter. Soumise. Vous êtes soumise. Et ça ne semble pas du tout m’assouvir. Ne sentant qu’une frustration me gagner à chaque coup de rein, et mon corps se crisper. Ça n’est pas le lien malsain entre Stilton et moi. Vous êtes ma femme. Et ça ne me comble pas. Alors je cherche contre ton corps l’exutoire nécessaire à mon calme, avec brusque et violence. J’ai envie de te répandre dans des cries et des pleurs. J’ai envie que vous vous me suppliez, et moi je m’exerce dans le vide, et mes mains de serrer plus fort vos poignets, et mon corps de se presser, de ne contenir aucune violence, aucun rythme. Je hurle, je veux vous trouvez, vous torturez, vous brûlez de l’intérieur, je veux votre mort, vous arracher de vos illusions. Alors je me penche sur vous, tandis que mon bassin continue avec dureté. J’enfonce mes dents dans votre chair, non loin de la poitrine. Gouté le sang, entendre votre cri de douleur. Oui, criez Gabrielle.

- « Faites-moi de l’effet Ventre-Dieu ! »
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©JD Marin
Gabrielle_montbray
« Once I ran to you
Now I'll run from you
This tainted love you've given
I give you all a girl could give you
Take my tears and that's not nearly all
Tainted love... Tainted love »

- Soft Cell -

Juste avant, je trouvais tes yeux les plus beaux du monde, tes yeux couleur des forêts denses et des lacs irlandais, j’avais envie de m’y noyer souvent, j’avais envie d’y plonger pour m’y purifier et renaitre nouvelle et plus belle que jamais.
En cet instant, je n’y vois plus rien, que mépris et haine pour moi, pour ce que je suis, pour ce que je représente.

Juste avant, tes mains étaient ma protection et mon refuge, tu ne me les offraient pas souvent mais elles étaient douces et accueillantes si j’en avais besoin et je ne tremblais jamais de peur quand elles se posaient sur moi.
En cet instant, ce ne sont que des armes, aussi affutées et tranchantes que la lame de ton épée.

Juste avant, tes lèvres et ta langue étaient comme le Calvados que tu aimes tant, brûlantes et piquantes de prime abord mais elles me laissait toujours un arrière-goût aussi sucré que les pommes des vergers normands.
En cet instant, elles goûtent mon sang et mes larmes et semblent s’y repaitre avec délectation.

Juste avant, je t’aimais plus que tout.
En cet instant, je ne sais plus vraiment.

Tes yeux sur moi, toujours, tu ne m’as jamais autant regardé. Je ne sais pas bien ce que tu vois. Me reconnais-tu seulement ? Je crois parfois voir une hésitation, mais ta folie semble prendre le dessus, te submerger et t’envahir. Je crois même sentir un peu du toi de juste avant dans cette main qui saisit mon poignet, un geste fait cent fois, mais cette nuit, tes doigts s’enfoncent dans ma peau et me torturent, mais malgré tout, je veux y voir autre chose que le plaisir carnassier que tu sembles éprouver à ma douleur. Je n’ai pas le choix, je dois y trouver autre chose au risque de me perdre.
Pourtant quand ta main vient glisser là où tu ne l’égares jamais, je ne sens rien, juste une main, rien de plus. Je suis presque soulagée quand elle me quitte cette main trop froide et trop rude, une main qui s’est posée juste pour dire « tu es à moi », pour marquer sa possession et son autorité.
Oui, je préfère l’épée. Malgré moi, je frémis et frissonne au contact froid de la lame sur ma peau nue. Je ferme les yeux, une seconde seulement, dernier refuge à ma peur, je ne veux pas mourir, je ne veux pas que tu me tues, mais je ne peux rien faire contre ta volonté alors je ne bouge pas. Je tremble quand l’épée vient me déshabiller, elle coupe et tranche ce qui fait barrière à tes envies, ta main arrache les tissus en de grands gestes rageurs. Je me mets nue devant toi tous les jours mais jamais je ne me suis sentie fragile ni impudique. Là, oui, je me trouve indécente à te laisser faire, je me trouve indécente dans cette passivité, je me trouve indécente et j’ai honte. Mais je ne bouge pas, j’ai peur, je voudrais me laisser aller, sombrer dans le néant, fermer les yeux et ne le rouvrir que plus tard et me persuader que rien n’est arrivé, que ça n’est qu’un mauvais rêve. Mais je ne peux pas, je ne dois pas.
Parce que, juste avant, je t’aimais plus que tout.
Je sursaute quand tu envoies ton épée au loin, le son métallique claque comme un coup de tonnerre dans le silence de cette pièce trop grande et trop vide. Et ce rire. Ton rire. Pas ce rire qui me désarme et me touche, pas ce rire de juste avant, non, ce rire fou qui me glace les entrailles et m’arrête le cœur.

J’ai toujours trouvé que tu embrassais merveilleusement et même en ce funeste et tragique moment, j’aime que tu m’embrasses, j’aime même la violence de ce baiser, j’aime la morsure sur mes lèvres, j’aime ta langue impérieuse qui cherche la mienne, j’aime ta main qui vient se perdre dans mes cheveux sans douceur aucune. J’ose même une main dans les tiens de cheveux. Je suspends le temps et la laideur du moment dans ce baiser que je veux presque normal. Mais tu t’en fous bien de tout ça toi, tu me plaques les mains sur le bois de la table et tu t’insinues en moi avec brutalité et sauvagerie.
Un cri. Le mien. Autant de surprise que de douleur. Un cri de rage surtout je crois. Je t’en veux tellement de me faire ça. Je dois forcer mon esprit, je dois salir mon âme pour me dire que tout va bien. Viole-moi Enzo, je te donne mon consentement, je me dirais que j’étais d’accord, je me dirais que j’en avais envie, je me dirais peut-être même que c’était bien. Tes coups de rein me déchirent le cœur plus que les entrailles. Mon corps se soumet facilement, mais mon esprit résiste, je veux aimer ça, je veux t’aimer toi, mais en cet instant je te déteste, je te méprise, j’ai envie de mourir plutôt que de subir ça. En cet instant, je souffre, Enzo, et tu t’en fous. Alors je me détache de mon corps, pas comme quand nous faisons l’amour et que c’est bon, non, je me détache pour survivre. Tu me craches ta folie au fond du corps, tu m’ordonnes de crier, je veux me soumettre, je veux t’obéir, mais je ne peux pas, je n’y arrive pas, alors j’envoie mon esprit ailleurs, je regarde cette scène pathétique de loin, je me vois allongée, subissant tes assauts, je te vois toi t’escrimant sur mon corps passif et mort.

Enzo, comment en sommes nous arrivés là ?
Je voudrais te prendre la main, je voudrais te sourire, je voudrais qu’on s’aime comme juste avant. Je me dis que ça n’est pas si grave. Je me dis que ça n’est qu’un mauvais moment à passer.
Alors, je reviens vers toi, je reviens dans ce combat, je tente de trouver ce qui pourrait me plaire dans tout ça, je tente de frémir sous tes ardeurs, je tente de trouver du plaisir dans cette morsure qui m’arrache la peau, je tente d’aimer tes mains qui meurtrissent mes poignets, je tente de me dire que c’est bon, que tu aimes ça et moi aussi. J’aurais peut-être pu y arriver, me persuader de mon plein consentement, j’aurais peut-être même pu crier pour te faire plaisir, j’aurais pu… peut-être…


- Faites-moi de l’effet Ventre-Dieu !


Mais ta phrase me fait l’effet d’une gifle et je m’écroule, littéralement, mon corps te rejette, il se rebelle, je te donne un coup de pied dans le torse pour que tout s’arrête, je frappe du plus fort que je peux pour te faire sortir de moi, que tout s’arrête, je ne peux plus. Les larmes montent, je ne veux pas pleurer, je ne veux pas que tu vois ça… Je ne veux pas que tu me regardes, je suis laide et monstrueuse, je ne ressemble à rien, je m’avachis sur cette table, je ne suis plus rien, je ne me supporte plus, je déteste cette image de moi. Je déteste cette image de toi.
Je t’aimais tellement Enzo. A travers mes larmes, je te regarde malgré tout. Je m’en veux d’être aussi inutile, je ne peux même pas t’aider, tu ne me désires même plus, tu ne m’aimes plus, même pas un peu. Je ne t’apporte rien, je ne te sers à rien.
Alors je pleure des larmes brûlantes, des larmes de frustration, des larmes d’amertume. Et les mots sortent tout seuls, ma voix tremble peut-être un peu, je ne sais pas bien.


- Vous ne me voulez pas comme votre femme et je ne sais pas être votre catin. Tuez-moi, abandonnez-moi, oubliez-moi, frappez-moi, je m’en fiche! Mais je vous en supplie, Enzo… S’il vous plait… Ne me dites pas que je ne suis rien…


Ayez un dernier geste et libérez-moi. Mais non, ne me dites pas que je ne suis rien. S’il vous plait. Pas ça. Dites-moi que vous tenez encore un peu à moi. Dites-moi que je compte plus que vos putains. Dites-moi que je suis votre femme. Dites-moi qu’au fond de vous, quelque part, subsiste quelque chose. Dites-moi que je vous touche encore un peu, que vous n’êtes pas indifférent. Je vous en supplie.

Enzo, aime-moi, ou laisse-moi mourir.


Traduction :
Avant je te courais après
Maintenant je cours pour échapper à toi
Cet amour malsain que tu m'as donné
Je t'ai donné tout ce qu'une fille pouvait te donner
Prends mes larmes et tout ce qui va avec
Amour malsain… Amour malsain
(j’ai changé boy/garçon pour girl/fille)

_________________
Audoin
    Juliet the dice were loaded from the start
    And I bet and you exploded in his heart
    And he forgets he forgets the movie song
    When you gonna realise it was just that the time was wrong Juliet?

    [Dire Straits]


Audoin ?
Il vit ici.
Enfin, quand il n'est pas sur les routes, à suivre son maître, religieusement.
Dévotion ? Peut être, un peu. Sûrement. Sinon, pourquoi rester auprès de lui quand la folie semble être de plus en plus … prégnante ?
Parce que.
Parce que son maître, il le connaît depuis tout petit.
Il le rattrapait après ses premières fugues.
Il l'a suivi dans sa fuite énamourée.
Dans les questionnements insensés.
Dans les mariages imprévus.
Dans la répudiation par la famille.
Il le suivra donc partout.
Il est le dernier gardien. Le dernier protecteur. Le dernier veilleur.

Audoin, comme tout domestique, sait tout ce qu'il se passe dans la maison.
Probablement même plus que tout le monde.
Il sait aussi ce qu'il se passe hors de ces murs.
Là où va son maître.
Le cercle infernal où il sait si bien s'enliser.

Il le connaît.
Trop, peut être.

Et elle ?
Elle, il ne l'aime pas.
Elle est celle par qui le mal est arrivé.
Pour qui il a fui.
Pour qui il a été renié.
Pour qui il est devenu ce rien. Cet homme diminué par le manque d'entendement.
Mais cet homme, aussi, au lieu du puceau introverti qu'il avait su être si longtemps.


La maison bruisse souvent de leurs cris. De leurs disputes et de leurs réconciliations.
La chambrine d'Audoin n'a jamais été celle de son maître.
Il savait donc tout d'eux.

Il les connaissait trop.
Il se devait de garder l'oreille tendue, toujours, à l’affût.
Qu'elle le blesse et elle...

Mais l'inverse ?

Se disputer avant d'atteindre la chambre à coucher n'était pas rare.
Se réconcilier de même, par contre...
Et se réconcilier en se disputant, alors là...

Certains réflexes sont idiots. Vraiment.
Attraper son patron par sa chemise et son fond de culotte pour l'envoyer valser loin, par exemple.
C'était probablement une très, très mauvaise idée. La chose à ne pas faire. Ce qui allait lui valoir un renvoi.
Mais que voulez vous, quand on n'a été formé que pour savoir réagir vite et protéger...
Enzo est envoyé paître, donc.
Et immédiatement, il tourne le dos à son épouse. Il ne peut pas la regarder, elle est nue. Et c'est l'épouse de son maître. Et d'une manière générale le corps des femmes ne l'attire que peu.
Il ne la regarde pas, donc, pas un seul instant. Si elle est trop blessée pour se mouvoir, il sera toujours temps de la couvrir et de la transporter.
Quand il aura réussi à calmer le jeune seigneur de sa folie meurtrière.
Il le regarde. Il lui fait face.
Les traits d'Audoin sont figés. Figés de colère. Il n'a pas éduqué Enzo comme ça. Et il l'a pratiquement élevé depuis l'âge de huit ans, précepteur et gouvernante mis à part.
Il ne l'a pas regardé devenir un homme pour le voir ensuite devenir... ça.


Non, monseigneur.

Non, on ne fait pas ça. Non, on ne fait pas de mal aux dames. Encore moins à son épouse. C'est mal.
Brut de pomme, cartésien, et pragmatique : un mercenaire.
Les femmes, on les paie ou on les respecte.
On s'y déverse pour se détendre, et quand on a besoin de frapper, on descend à la cour d’entraînement cogner un camarade musclé ayant du répondant. Ou on se saoule et on se bât dans la rue comme un vulgaire soldat de la garde.
Mais pas ça.
Et il saura bien le rugir à la face de l'Enzo s'il essaie ne serait-ce que de frapper son garde du corps...


[Avec quelques adaptation pour passer de la première à la troisième personne : ]
Juliette les dés étaient jetés depuis le début
Et j'ai parié et tu as explosé dans son coeur
Et il oublie il oublie la chanson du film
Quand vas tu réaliser que le moment n'était pas le bon Juliette ?

_________________
Enzo
    « [...] My heart swells like a water and waves
    Can't stop myself before it's too late
    Hold on to your heart
    'Cause I'm coming to take it
    Hold on to your heart
    'Cause I'm coming to break it [...] »

    Hardest Of Hearts – Florence and the Machine.


    Hold on hold on hold on hold on hold on
    Hold on hold on hold on hold on hold on

Accrochez-vous Gabrielle. Il n’y a plus rien à faire. Mes mains ne savent que maltraités, mes mots ne savent que blessés, mes yeux ne savent plus vous regarder. Et j’en souffre. Quelque part dans ma tête. Quelque part dans mon âme. Quelque chose se déchire. Et ça fait mal. Ça se déchire de haut en bas, ça fait hurler ma tête. Ça fait saccadé ma respiration, et ça fait trembler tout mon être. J’ai déchiré quelque chose. Comme un muscle. Comme un quelque chose indispensable. J’ai mal. Je ne sais pas bien ce que c’est. Une douleur fulgurante, mais en absente physiquement. J’ai l’impression qu’on me tire vers les enfers. Vers le fonds, dans les profondeurs d’une vie sans lumière. Et pourtant tu n’as rien dit encore. Ma phrase a dépassé les limites. Et je te sens tomber. Me rejeter peut-être. Je ne sais pas très bien. Ça m’aspire l’âme et ça laisse un vide. Une souffrance inouïe que je sais pas bien expliquer. Puis vient ton pied qui me repousse, comme un coup de poignard en plein cœur. Comme le poison le plus mortel qui vient t’éteindre en douleur et lentement. Ça chauffe, ça brûle comme un fer rouge qui vient pénétrer les chairs pour les rendre en lambeaux. Je souffre. J’ai envie de hurler. Je suis fou. Ça m’envahit le corps et l’esprit. Je sens en moi seulement cette envie de dominer. De faire mal. De m’éteindre dans un ultime coup. Une chaleur étouffante qui m’étreint, me met des chaine aux poignets et aux chevilles. Je suis emprisonné de l’intérieur et ça me consume.

Gabrielle. Sauve-moi ! Je ne veux pas. Je ne voulais pas. Tu m’as rejeté. J’ai mal. Je sens toutefois mon corps se crispé, et une main rattraper mes braies aux passages. Pudique même dans la violence. Je déteste l’image que je vois. Je me déteste de t’avoir fait ça. Je vois. Je comprends. Je ressens. Et pourtant je me sens loin de tout ça. Absent. Gabrielle

    Help me believe it's not the real me
    Somebody help me tame this animal*

Tu pleures. Tu parles. Mes yeux sombres te fixe. Je résiste à la colère. Quelques secondes. Un instant ou j'essaie de reprendre le contrôle. Ou j’essaie de dominer l’animal. Mes pulsions. Quelques secondes où je me demande ce que j’ai fait. Je ne voulais pas. Gabrielle. Je vous aime. Je ne voulais pas. Mais je ne peux pas vous le dire. Je suis si loin. Trop loin. Alors je me bats à l’intérieur de moi pour me libérer de mes chaînes alors que mes mains viennent se crisper dans mes cheveux et ma voix de venir hurler un cri de colère et de désespoir. J’essaie. J’essaie. Ma main se tend, puis retombe. Fonçant vers toi de nouveau. Je ne sais pas bien pourquoi. Ça me dévore, c’est pulsionnel, ravageur, destructeur. Je ne veux pas. Tu vas me haïr. Je ne veux pas.

    There is love in my body but I can't get it out
    It gets stuck in my head, won't come out of my mouth
    Sticks to my tongue and shows on my face
    That the sweetest of words have the bitterest taste


Et pourtant je m’en vais abattre mes poings sur vous, de nouveau hors contrôle, quand quelque chose me tire vers l’arrière et m’envoie paître au sol. Le cœur se propulse dans ma poitrine, mes mains s’agitent et mon regard d’aller se fixer sur l’explication de débandade. Dans tout les sens du terme. Audoin. Mon corps se crispe et mon regard s’assombrit de nouveau. Que fais t-il ici ? Depuis quand ce mêle t-il des problèmes de ménage du jeune homme ? Depuis quand intervient-il pour Gabrielle ? Un petit rire glacial de sortir de la bouche du Blackney déchu. Un rire nerveux, un rire fou. J’ai encore de la rage. J’ai encore le sang qui bouille. Cette envie meurtrière. Ce besoin impérieux. Cette pulsion envahissante.

    Tenderest touch leaves the darkest of marks
    And the kindest of kisses break the hardest of hearts


Je me relève, jetant un regard sombre à mon garde. Je me relève et je m’agite. Gabrielle. Fuyez. Partez pendant qu’Audoin vous en laisse la chance. J’entends ce non qu’il m’envoie. Depuis quand me donne t-il des ordres ce dernier ? Serais-je devenu si laxiste depuis quelques temps ? Croyez-vous réellement pouvoir m’empêcher de faire ce que j’ai envie. Je vous toise, amer. Frustré, envahi par cette enveloppe de folie qui m’étouffe de l’intérieur. Toi. Elle. Vous m’empêchez tout les deux d’atteindre ma rédemption ! Et Enzo, s’il ne peut pas foncer sur Gabrielle, fonce toutefois vers Audoin. Tête première, comme quand il était petit. Comme un vulgaire mauvais escrimeur. De toute manière, Enzo n’a jamais été bien doué pour diriger les coups quand il était en colère. Trop impulsif. Pas assez réfléchi. C’est bien pour ça qu’il est meilleur stratège derrière. Avec sa dévotion des machines infernales qui font un bruit d’enfer et terrorise les paysans sur sa Seigneurie. Trébuchets, canons, arquebuses, couillard, mangonneau et autres. Alors il a foncé sans réfléchir. Sous la colère, sous le désespoir, sous la folie. Sur Audoin. Il frappe, il hurle. Un peu comme un gamin, mais avec la force d’un homme. Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que tout se déchire d’un coup ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que tout dérape ? Qu-est-ce qui a bien pu se passer pour qu’Enzo outre passe les limites ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour qu’il se retrouve dans cet état. Gabrielle. Je vous aime. Et pourtant j’ai foncé vers vous comme un imbécile. Audoin. L’homme le plus présent dans ma vie. Plus que mon propre père qui m’a déshérité. Je vais verser ma haine sur vous. Je cherche un réconfort. Le calment à cette violence qui m’habite. Alors je frappe et je hurle. Je m’époumone, j’ai le cœur qui veut exploser, mes tripes qui veulent vider leur contenu. Hors contrôle.


- « Depuis quand ! Depuis quand intervenez-vous ! Depuis quand me dites-vous non ? Depuis quand prenez vous pour Elle ? Depuis quand la protégez-vous ! Dégagez ! Vous ne l’aimez pas ! Vous ne l’avez jamais aimez ! Vous n’avez jamais compris d’ailleurs nostre histoire ! Mais je m’en fiche ! Laissez-moi ! Ne me touchez plus ! Je vous hais Audoin ! Je vous hais ! Allez-vous en ! »

Non. Il ne hait pas Audoin. Tout comme il ne déteste pas Gabrielle. Non, il n’aura pas de non. C’est lui qui décide. Il fait ce qu’il veut. Il n’est qu’un Garde. Il va le renvoyer, le faire torturer par il ne sait pas qui. Et le jeune homme de respirer rapidement, agités. Dans sa tête c’est une autre guerre. Lui contre lui. Le Ça contre le Surmoi. Et ça cherche un équilibre, mais le Moi est bien meurtri au fond de la cervelle. Alors c’est la catastrophe. Une guerre mondiale. Il n’y a qu’un champ de batailles, et dans ce combat Enzo cherche le calme. Cherche à se retrouver. Cherche à éteindre la douleur mentale qui le prend. Cherche à mourir. Cherche à s’éteindre pour qu’il ne ressente plus cette brulure interne. Ce déchirement d’âme. L’évidence s’installer, et Enzo en souffre. Dans cette folie, il ressent le hurlement plaintif de son amour déchiré.

Audoin. Calmez-moi. Dites-moi que je n’ai pas violé ma femme.


Trad. En ordre.
Mon cœur s'enfle comme de l'eau et des vagues
Je ne peux pas m'arrêter avant qu'il ne soit trop tard
Accroche-toi à ton cœur
Parce que je viens te le prendre
Accroche-toi à ton cœur
Parce que je viens te le briser

Accroche-toi, accroche-toi, accroche-toi, accroche-toi, accroche-toi
Accroche-toi, accroche-toi, accroche-toi, accroche-toi, accroche-toi

*Aide-moi à croire que ce n’est pas le vrai moi
Que quelqu’un m’aide à apprivoiser cet animal
Animal I have become - Three days grace.

Il y a de l'amour dans mon corps mais je ne peux pas le faire sortir
Il se coince dans ma tête, refuse de sortir de ma bouche
S'accroche à ma langue et montre sur mon visage
Que les plus doux des mots ont le goût le plus amer
- Quelques pronoms changé des paroles initiales -

Le toucher le plus tendre laisse la marque la plus sombre
Et le plus doux des baisers brise le plus dur des cœurs

Venant de la même chanson du début. Sauf une partie.

_________________

©JD Marin
Gabrielle_montbray
« Sweet dreams are made of this
Who am I to disagree?
Travel the world and the seven seas
Everybody's looking for something

Some of them want to use you
Some of them want to get used by you
Some of them want to abuse you
Some of them want to be abused

Hold your head up, movin' on
Keep your head up, movin' on »

- Eurythmics -

Fixée. Par des yeux qui ne sont plus vraiment les siens. Traquée. Comme un animal lors d’une partie de chasse. Gabrielle tente de ne pas baisser les yeux. De planter le bleu de son regard dans le vert de celui d’Enzo. Ou de la bête qui se cache en lui. Son autre lui. Il lui semble bien le voir, Enzo. Celui de juste avant. Celui qui lui voulait du bien. Celui qui l’aimait. Même maladroitement, même mal. Et cette main qui se tend vers elle. Gabrielle crève d’envie de la prendre. Elle veut y croire. Elle bouge un peu sa main vers lui, juste un peu, avec un début de sourire. Un sourire timide et pas bien assuré. Mais un sourire tout de même. Alors qu'il y a quelques minutes, elle avait bien cru qu’elle ne sourirait plus jamais.
Et puis, l’instant de grâce s’affondre, s’effrite, s’explose dans la violence qu’il est incapable de contenir. Elle papillonne des paupières malgré elle, les poings vont s’abattre, il va la tuer. Adieu Enzo. Je t’ai aimé plus que tout. Et je crois bien que je ne méritais pas tout ce mal que tu m’as fait cette nuit.

Rien.
Il ne se passe rien.
Pas de coups qui la brisent et la réduisent en poussière.
Rien.
Juste…

… Audoin.
Audoin qui envoie balader Enzo. Audoin qui ne lui adresse pas un regard, pas un seul. Audoin qui lui tourne le dos et s’installe en rempart entre elle et lui. Une muraille. C’est tout à fait l’impression que lui donne le garde. Un instant, elle croit qu’il est venu le défendre lui, contre elle. C’est évidemment complètement idiot. Mais Audoin défend, Enzo, toujours. Et elle sait très bien qu’il ne l’aime pas. Alors quoi d’autre ? Et pourtant… Il s’oppose. Il dit non à son maître.

Gabrielle est troublée. Elle fronce les sourcils. Audoin la déteste. Elle ne sait pas bien pourquoi au demeurant. Elle a toujours essayé d’être cordiale avec lui. Il est le seul de la mesnie qu’elle vouvoie. Il a une place à part pour Enzo. Elle le sait, elle le comprend et l’accepte. Mais peu importe les verres offerts, les sourires, les amabilités, le garde ne l’aime pas. Elle en a pris son parti. Il ne l’aime pas mais il la traite avec les égards dus à son rang et ça lui suffit. Elle s’est habituée à sa présence silencieuse et discrète. La sienne et celle des autres. Elle n’a de toute façon pas le choix. Elle est toujours étonnée de la facilité avec laquelle Enzo semble ne plus les voir, tous. Il va et vient, discute, l’engueule, l’embrasse, tout ceci devant la mesnie sans qu’il semble y accorder de l’importance. C’est qu’il ne connaît que ça depuis tout petit. Gabrielle déteste ça, elle. Elle essaie d’oublier que le garde – plus que les autres - voit tout, entend tout, sait tout. Un manque d’intimité dont la haute noblesse semble coutumière mais qui reste pénible à la brune.

Elle regarde le dos du garde. Elle a envie de lui crier de la regarder. Qu’elle n’est pas un objet. Qu’il peut la regarder. Qu’elle n’est pas si méprisable. Qu’elle n’est pas si misérable. Qu’elle n’est pas si honteuse. Mais il ne la regarde pas. Elle n’existe pas. Peut-être bien qu’il lui a sauvé la vie. Il l’a au moins sauvé d’un tabassage en règle. Elle s’en rendra compte plus tard. Mais là, en l’instant, elle se sent humiliée par la présence de cet homme. Elle a envie qu’il parte, qu’il n’ait rien vu, ni entendu. Qu’il ne sache rien de ce moment. Et puis, elle lui en veut. C’est totalement injuste trés certainement, parce qu’il est arrivé pour l’aider, la protéger. Mais il est arrivé bien tard.
Elle l’imagine derrière la porte, écoutant, tendant l’oreille, assistant à son calvaire, laissant Enzo la maltraiter, la frapper, l’humilier, la... enfin faire ce qu'il a fait. Et lui derrière, entendant tout mais ne bougeant pas. Peut-être bien qu’il a même attendu l’ultime moment, le point de retour avant d’entrer. Peut-être bien qu’il a pensé que c’était bien fait pour elle tout ce qui s’est passé avant, qu’elle l’avait bien mérité.

Alors Gabrielle regarde Audoin et elle a envie de lui cracher sa douleur et sa haine au visage. Elle aurait envie de le frapper. De sortir toute la violence qu’Enzo lui a envoyé et qu’elle a reçu. Elle aurait envie de s’abattre sur lui. Parce qu’il est un homme, comme Enzo. Parce que c’est dégueulasse. Parce que la vie est injuste. Elle voudrait s’écrouler dans les bras du garde, éclater en sanglots et se laisser aller.
Mais ça n’est pas le moment. Et il n’est pas la bonne personne. Alors Gabrielle fait la seule chose qu’elle a à faire. Elle fuit. Elle descend de la table. Elle ne regarde ni Audoin, ni Enzo. Elle ne veut pas savoir ce qui va arriver entre les deux hommes. Elle fuit la violence de la nuit. Elle fuit la violence des mâles. Sans hâte. Sans courir. Elle tente de rester aussi droite et aussi digne que lui permettent sa nudité, ses griffures, ses morsures. Elle se dirige vers l’escalier de pierre, indifférente aux hommes. Est-ce qu’ils la regardent ? Est-ce qu’ils l’ignorent ? Peu importe.

Et puisqu’il semble que tout le monde se planque derrière les portes, à écouter son malheur, à écouter son humiliation, à écouter la folie de son mari, elle crie à l’attention de la servante flamande.

- Margue ? Prépare-moi un bain ! Maintenant ! Je crois que… j’ai besoin de me laver…

Il est le Seigneur et Maitre. Elle est la Dame et Maitresse. Et elle entend bien le rappeler aux membres de la mesnie. Et si elle voit la moindre lueur de pitié ou de mépris dans les yeux d’un des gens de la maison, il sera renvoyé sur le champ. En attendant, oui, elle doit se laver. Enlever toute trace de ce qui n’aurait jamais du arriver.

Et après, elle pourra de nouveau le regarder dans les yeux. Reste à savoir ce qu'elle y verra.

Traduction :
Les beaux rêves sont faits de ça
Qui suis-je pour ne pas être d'accord?
Voyager autour du monde, voir les sept mers
Tout le monde cherche quelque chose

Certains veulent t'utiliser
D’autres veulent que tu les utilises
Certains veulent abuser de toi
D’autres veulent que tu abuses d'eux

Tiens ta tête haute, passe à autre chose
Garde ta tête haute, passe à autre chose

_________________
Audoin
    It doesn't hurt me.
    Do you want to feel how it feels?
    Do you want to know, know that it doesn't hurt me?
    Do you want to hear about the deal that I'm making?
    You, It's you and she.

    [Kate Bush]


Il encaisse.
Que peut-il faire d'autre ?
Il ne peut pas frapper son patron.
Alors il encaisse la rage de son patron.
Si Audoin était une femme, il l'enfermerait au creux de ses bras pour lui faire un câlin.
Mais Audoin n'est pas une femme. Les câlins, il ne connaît pas. Il n'a jamais connu.
Il encaisse.
Il encaisse.
Enzo frappe comme un enfant. Ses coups le heurtent à peine. Facile d'encaisser et d'attendre que ça passe.

Il sent dans son dos la haine de l'épouse.
Comment pourrait-il en être autrement ?
Il se hait aussi. De ne pas avoir compris plus tôt que cette dispute là ne finirait pas sur l'oreiller.
Il ne l'aime pas.
Mais il la respecte.
Il n'aime qu'une personne.
Celle qu'il côtoie depuis toujours.
Enzo.
Et Enzo n'est plus Enzo depuis maintenant trop longtemps.

Un. Deux. Trois.


Depuis quand ? Vous osez demander depuis quand, Monsieur ?

Bin voilà. Audoin était énervé.
Enzo avait fait une bêtise. A la hauteur de sa force d'homme.
Audoin allait donc le gronder.
A la mesure de la bêtise commise. De ce mot que personne ne prononcera.


Depuis que vous n'êtes plus un homme.

Car un homme, un vrai, ne maltraite pas les faibles femmes. Les femmes ne sont utiles qu'à une chose, on ne le dira jamais assez, dans la vie d'un homme : lui créer une descendance. Une épouse mérite donc respect. Au moins autant qu'une catin qui passe cinq minutes à détendre un homme.
C'est le paradoxe d'Audoin. Les femmes ne l'intéressent pas, ou peu. Mais il ne les méprise pas.


Regardez vous ! Regardez vous Monsieur ! Et regardez la!

Un geste derrière lui, où pourtant elle ne se trouve plus.
Il ne l'a pas vu partir. Trop occupé à concentrer sur lui la haine de son patron.
Il aurait voulu aller s'assurer que l'épouse allait bien. Et que l'enfant qu'elle portait était toujours en place.
Mais il aurait été inutile. Ses femmes – qu'elles soient suivantes, chambrières ou servantes – sauraient s'occuper de ça bien mieux que lui.
Lui, il ne pouvait être utile qu'à Enzo. Ou que par Enzo. En concentrant sur lui toute la haine de son jeune maître. Pour l'empêcher de retourner blesser sa femme.

Il le repoussa, à nouveau.


Traduction légèrement adaptée :
Ca ne me blesse pas
Tu veux savoir comment on le ressent
Tu veux savoir que ça ne me blesse pas
Tu veux entendre parler du marché que je pourrais faire
Toi, c’est toi et elle.

_________________
Enzo
    « [...]And now you're dead inside
    Still you wonder why
    It's all over
    And now you're dead inside
    Still you wonder why
    It's all over [...] »

    It’s all over – Three days grace.

Il frappe, mais ça ne sert à rien. Ça va dans le vide. Ça n’éteint pas sa rage. Il est comme ce jeune garçon de 10 ans qui disait non. Ce bout d’homme qui défiait à tout va pour attirer l’attention. Ce jeune garçon déjà bien impudent, sauvage, et qui refusait d’aller aux cours qu’on lui donnait au Collège Saint-Louis de France. Il frappe comme l’enfant qu’il n’est plus. Il frappe pour renouer avec sa perte. Cet Enzo qui courrait dans les couloirs de la demeure au Mont Saint-Michel et énervait tout le monde. Cet Enzo qui se bataillait avec son frère aîné dans l’espoir qu’on le remarque. Cet Enzo qui cherchait les jupons de sa mère et se cachait dans des paroles d’insouciances. Cet Enzo à qui on avait collé un garde bien trop jeune. Cet Enzo qu’on voulait qu’il devienne militaire, car c’était dans les valeurs gasconnes que le fils cadet devienne un grand militaire. Pour protéger les terres de son père. Pour protéger les terres qui reviendrait à l’ainé. Pour protéger le dit aîné. Alors il frappe comme un con. Comme le gamin frustré qu’il avait été souvent, qui balançait ses affaires quand ça n’allait pas. Qui hurlait et réclamait sa mère quand il ne voulait pas faire ce qu’on exigeait de lui.

Mais il avait fallu un jour qu’il comprenne que son père lui accorderait pas plus d’attention que ça, avec les guerres et ses histoires de politiques. Que son père le verra toujours comme le second fils. Il lui en avait fallu du temps pour comprendre qu’il était plus ou moins seul. Avec Audoin. Qu’il ne pouvait pas exiger une présence consente de sa mère, entre l’Hostel-Dieu qu’elle dirigeait et son poste de Rectrice au Collège Saint-Louis de France. Il avait alors tenté qu’on soit fier de lui, et ce sentiment de peur d’être seul c’était logé au plus profond de lui à peine les 11 ans entamé. Il n’y avait qu’Audoin. Sa nounou, son précepteur, sa protection. Présent malgré le tempérament impudent du jeune garçon – à l’époque – qui n’avait guère évolué de ce côté. Et là, ça remonte, cette phobie d’être seul. Ces angoisses, ses disputes, son enfance, la mort de Nennya. Tout se bouscule et créer un énorme désordre. Ça n’est jamais été contre Gabrielle qu’il en voulait. Contre lui, peut-être. D’être né second. De ne pas avoir été un bon fils. De ne pas avoir été un bon frère. De ne pas avoir été un bon patron, peut-être, mais surtout de ne pas être un bon mari. Alors il frappe, reste contre Audoin, et frappe de ses poings qui faiblissent. Le souffle saccadé. Ça ne sert à rien de frapper. Ça n’a jamais servi à quelque chose, mais Audoin est énervé et parle. Il dit ce que personne ne dit. Ce que peut ose cracher au visage du Blackney déchu. On ne l’aime pas beaucoup, le jeune homme, mais rare sont ceux qui osent lui dire quoi ce soit. Peut-être parce que souvent ça fini en insulte basses voir en bataille générale, mais peu importe.

Me regarder. La regarder, je ne saurais le faire. D’ailleurs elle est partie sans que je m’en rende compte. C’est mieux ainsi. Tout est fini. Je me sens blessé. Je me sens absent. Tout est fini, et je me demande ce qui c’est réellement passé. Je me demande pourquoi ça c’est passé. Je me demande si tout cela est vrai. Je suis alors repoussé et je me laisse choir au sol. Je ne hurle plus. Je n’ai plus envie de frapper. Je regarde Audoin de mes yeux vert. Je ne suis plus un homme ? Je pourrais l’engueuler de m’avoir repoussé. Je pourrais l’engueuler de nouveau d’être intervenu. Je pourrais le renvoyer, lui dire toutes les bêtises du monde. Je pourrais, mais je n’en fais rien. Je sens en mois la colère se calmer, les angoisses créer des tremblements dans mes membres, mais il ne reste plus qu’un mal de tête atroce après l’hystérie. Le souffle toujours saccadé, je le fixe. Je ne sais pas bien si j’ai encore de la fureur en moi. Je me rends simplement compte de l’état des choses. De la limite que j’ai dépassé. Tout est fini. Je me sens inerte. Des images des minutes précédentes me frappent de plein fouet, et je dirige une main vers ma tête dans un léger gémissement. Gabrielle allait-elle bien ? Et l’enfant ? Le sien. Le leurs. C’était de sa faute à lui. C’était de la faute à Audoin aussi. Qui aurait dû revenir plus tôt ! Enzo était secoué, perdu.


- « Audoin…»

Puis il secoue la tête et bouge avec frénésie les bras, comme pour repousser on ne sait trop quoi. Il a peur. Il a peur de lui. Il a peur de ce qu’il a fait à sa femme. Il a peur de ce qu’il a pu faire à l’enfant qu’elle porte. Il a peur qu’on le laisse là, dans sa phobie. Qu’on l’abandonne comme un vulgaire gueux. Qu’on l’abandonne comme tous auparavant. Et l’angoisse prend de l’espace, et Enzo de se prendre la tête à deux mains.


- « Non, non, non, NON ! »

Un cri. Un hurlement. Un besoin. Une envie de reprendre le contrôle sur lui-même, de ne pas se laisser dominer. Frapper n’a donné rien. La colère est plus ou moins passée. Il faut maintenant reprendre le contrôle sur ses peurs et tenter de retrouver un calme sain. Et il reste au sol, renvoyant son regard vers Audoin. Un homme. Il n’est pas un homme. C’est ce qu’il lui avait dit.


- « Pas un homme ! Pas un HOMME ! Je n’ai pas voulu ça ! Je n’ai pas voulu lui faire de mal. Je n’ai pas voulu ! Comprenez-vous ! Je… Je ne cherche pas à lui faire du mal. Et pourtant…pourtant. Pourquoi, Audoin ? Han ! Pourquoi ? Si étiez intervenu avant aussi ! »


Il aurait pu sangloter, mais il ne le fera pas. Une faiblesse. Sauf que là, sur le sol, Enzo s’en veux. Il s’en veut de ce qu’il a fait. Il s’en veut qu’Audoin ai dû intervenir. Il s’en veut d’être là, au sol devant son garde comme un minable. Un minable qui a battu et violé sa femme, alors qu’il aurait pu tout avoir sans abuser de la force.

Trad.Et maintenant tu es mort à l'intérieur
Tu te demande encore pourquoi
Tout est fini
Et tu es mort à l'intérieur
Tu te demande encore pourquoi
Tout est fini

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©JD Marin
Audoin
    She want your love, and you want your revenge
    You and she could write a bad romance
    She wants your love, and all your love is revenge
    You and she could write a bad romance

    [Lady Gaga - aménagé]


Las. Il se sent bien las.
Non pas des coups reçus, non. Certes, Enzo est grand et fort, mais il a frappé de manière si anarchique que peu ont touché leur but. Audoin en aura bien quelques bleus, quelques muscles froissés peut être, mais guère plus.
Il est las de devoir expliquer à son maître comment se comporter.
Il hait ses ex employeurs. Les parents de l'enfant qu'il était. Qui ont fait de lui le monstre d'incohérence qu'il est devenu.
Comment peut on aimer une femme et la rouer ainsi de coups ?
Comment peut on aimer une femme, déjà ?
Un bon mariage de raison, avec une jeune femme représentant une bonne alliance pour sa maison, voilà ce qu'il lui aurait fallu.

Audoin a toujours pensé qu'un homme, un vrai, ça contrôle ses passions. Ses pulsions. Le calme et la mesure. La capacité d'analyse.
Et un défouloir à la bonne mesure. Une guerre. Un duel. Un ennemi mortel.


Cessez de faire l'enfant et soyez un homme. Ça changera.

Il redressa son patron, l'empoignant par le col.
Et s'occupa de lui donner vaguement l'apparence qu'il aurait du avoir, devant les membres de la maisnie.


Je ne suis pas intervenu plus tôt parce que vous ne m'aviez pas prévenu que vous prévoyiez de tabasser votre épouse comme un vulgaire soldat de la garde.

Un soupir.

Et que Monsieur et Madame commencent régulièrement leurs parties de jambes en l'air par une engueulade.

Il était très las.
Et il s'attendait à une nouvelle crise de coups désordonnée.



Elle veut ton amour et tu veux ta vengeance
Elle et toi pourriez écrire une sale romance
Elle veut ton amour et ton amour n'est que vengeance
Elle et toi pourriez écrire une sale romance
[Oui, j'ai osé. ]

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