Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>

[RP] Oustau de Château-Thierry - Demeure des Blackney

Enzo
Il est redressé.
Et Enzo de regarder Audoin.
Le toiser serait même plus adéquat.

Soyez un homme. Un ordre. Et dit comme s’il en était jamais un. Alors oui, Enzo toise Audoin. S’il est plus calme, il se sent frustré. Frustré des propos de son garde, frustré contre lui, et frustré physiquement. Le cœur battant, tentant de calmer tout ce chaos interne, les yeux verts se fixent sur son garde, tout simplement. Gabrielle est sans doute en sécurité et c’est l’important. Maintenant ça se passe entre lui et Audoin. Un échange d’homme. Mais Enzo n’a plus envie de frapper. Il est las, lui aussi. Fatigué du combat qu’il vient de mener. Angoissé, toujours, mais il n’a plus cette « folie meurtrière. » Elle s’est dissipée avec Audoin. Elle s’est calmé et a laissé un Enzo désorienté. Une tête qui tambourine et crée une douleur fulgurante et un estomac qui n’a qu’une envie c’est de vider son contenu dans une marre malodorante. Il aurait bien envie de s’asseoir le jeune homme, et pourtant il reste debout. Même quand il pâlit à cause de la tempête dans l’estomac et parce qu’il prends de plus en plus conscience du mal qu’il a fait.

N’est-il pas déjà un peu homme après tout ce qu’il a traversé ? En décidant d’épouser sa Gabrielle. En décidant de combattre sa famille malgré tout. De ne pas se ranger malgré son déshéritage. D’être allée devant des religieux et sa sœur pour combattre le fait qu’on voulait détruire son mariage. N’avait-il pas prouvé qu’il était bien plus qu’un jeune homme pédant auprès de certaines personnes ? N’était il pas toujours présent lorsqu’il était temps de s’organiser pour la défense du Languedoc et de Montpellier ? N’était-il un jeune homme qui préférait parler et être détesté plutôt que d’être un hypocrite ? Avec des idées, des projets et en se laissant pas marcher sur la tête n’importe comment. Il était plus ou moins détaché et absent ces temps-ci, est-ce une raison pour ne plus être un homme ? Qu’est-ce que c’était être un homme après tout ? Et de le regarder silencieusement. Que pouvait-il dire de toute façon. Il aurait pu être un fils parfait. Il aurait pu se marier avec celle à qui il était promis. Il aurait pu continuer à suivre tout ce qu’il devait faire. Il aurait pu vivre une vie ennuyeuse à sortir tout les soirs à boire et magouiller pour oublier le mal de vivre et surtout ses souvenirs angoissants. Est-ce que ça aurait fait de lui un homme de vivre ainsi ? À 17 ans il est déjà beaucoup. Seigneur, ex-Major de la garde Épiscopale, Homme d’armes de l’OST Languedocien, marié, futur père. Il a même des écuyers à son service. Deux. Tout en attendant des réponses de certaines institutions royales. Et il a réussit à lancer une petite entreprise de créance qui lui apporte pas mal. Il compte même se lancer en politique, officiellement dans les prochains mois.


- « Et qu’est-ce que c’est un homme pour vous Audoin ? »

Faute de n’avoir de réponse, Enzo pose la question. Il se demande aussi ce que comprends Audoin de la situation. Le jeune Blackney déchu a toujours été un enfant agité d’angoisses diverses, et fuir ses problèmes, ou se frustré sur des choses qui n’en valait pas la peine. Et cela à augmenté avec la mort de sa mère. Et il s’est mis en quête de se trouver dans ce monde qui ne lui semblait pas être le sien. Né cadet il s’était retrouvé héritier, avec une sœur capricieuse et embêtant qu’il avait véritablement aimé, comme un frère aime sa sœur. Puis des obligations, des besoins qui sont loin du vivre noblement. Boire et se battre. Il avait beaucoup de dispute avec sa promise à cette époque aussi. Il voulait tellement y croire. De trouver la stabilité. Il était quand même allé à Paris pour arriver à être un « bon amant » tout du moins, de ne pas effrayer Elizabelle. Mais c’était du passé maintenant.Il regrette ce qu’il s’est passé. Il ne sait pas bien ce qui lui a prit et il reste là, pas réellement droit dans ses bottes, mais tentant de garder un peu de contenance et de calmer le reste de chaos dans son esprit. Ça ne donne plus rien de frapper Audoin et de crier. Il a mal à la tête. Il a envie de vomir. Et surtout envie de s’assurer que Gab n’a rien de grave… et de montrer qu’il se sent mal.

- « On ne se dispute pas constamment. Et ça ne finit pas toujours ainsi. Je pars aussi, parfois. Puis elle va dormir avec Isleen, parfois aussi. Ça n’est pas toujours violent, Audoin. Pas toujours… Mais ça n’est pas important de vous le dire. N’est-ce pas ? Je n’ai plus envie de frapper, si ça peut vous faire arrêter d’être sur la défense…»


Et de soupirer. Toujours aussi blême. Toujours aussi mal. La colère est retombée, et il n’y a plus que la culpabilité. La crainte et une source inépuisable de mal être.
_________________

©JD Marin
Gabrielle_montbray
« Mon amour m'a baisé
Mon cœur est brisé
Mon air triste
Mon âme sœur
(…)
Mais j'ai mal au ventre
Et j'entends vos voix
Mon passé me tourmente
De futur j'en veux pas »

- Benjamin Biolay -

Gabrielle monte l’escalier de pierre, mais elle n’atteint pas les dernières marches. Ses forces l’abandonnent, elle sent ses jambes se dérober alors elle s’asseoit sur la pierre froide. Là où elle est, elle ne voit pas ce qui se passe dans la grande salle qu’elle vient de quitter mais elle entend tout. Elle entend, mais elle reste indifférente aux mots de son mari. Indifférente aussi à Margue, terrifiée, qui la voit prostrée et nue dans l’escalier. Elle n’arrive même pas à la remercier quand la brave femme revient avec un drap en lin pour la couvrir. Elle ne veut pas croiser son regard. La servante s’éclipse pour préparer le bain. Et Gabrielle attend. Elle écoute. Les mots glissent sur elle, elle se fout bien de ce qu’il n’a pas voulu faire, il l’a fait. Et il n’aurait pas dû. Et elle ne comprend pas pourquoi. C’est sûrement ça le plus douloureux, ne pas comprendre.

Non, Enzo, tu n’es pas un homme. Il a raison ton garde. Tu es un minable. Un homme, ça se bat avec son égal. Un homme, ça se contrôle. Et peut-être bien qu’il ne m’aime pas Audoin, mais lui il me respecte. Alors que toi. C’était quoi ces mots ? Ces gestes ? Ce geste ? Oui, tu es plus fort que moi. Et tu peux me tuer. Ca t’excite ? Ca te plait ? Ca te donne du pouvoir ? Tu es minable et méprisable. Et tu es mon mari. Et je t’aime. Et ça me rend aussi minable et méprisable que toi.

Mon amour m’a baisée.
Mais je ne crois pas que mon cœur soit brisé.
Et je trouve ça terrifiant.
J’ai peur de moi maintenant.

Gabrielle reste là, immobile, à écouter le Seigneur et son garde. Elle tente de fixer son esprit sur les mots échangés, de se concentrer sur la sensation de la pierre froide sous ses pieds, sur les bruits indiquant que la servante prépare le baquet. Fixer son esprit sur le présent et le rien, pour ne pas revoir la funeste sarabande qui s’est jouée cette nuit. Ne pas voir les yeux froids qui la détaillent, ne pas voir ce sourire méprisant, ne pas entendre ce rire glacé, ni ces phrases qui résonnent dans sa tête. Oublier. Il faut oublier. Se persuader que ça n’est pas arrivé.

Gabrielle sent la présence de Margue debout sur le palier juste derrière elle. Elle se lève, drapée dans le tissu d’un blanc virginal sur lequel ses poignets, sa gorge, ses lèvres, ont laissé quelques sanglantes traces, symbole d’une innocence perdue, d’une déchirure bien plus douloureuse que celle d’un hymen. Une limite a été franchie. Oublier. Il faut oublier. Se persuader que ça n’est pas arrivé.

Mon amour m’a baisée.
Mais je ne crois pas que mon cœur soit brisé.
Et je trouve ça terrifiant.
J’ai peur de toi maintenant.

Gabrielle suit la servante flamande dans la chambre Elle la regarde de son air hautain, son air de maitresse des lieux, elle lui ferait bien ravaler ses coups d’œil en coin à la bonne. « Oui, mon mari, ton maitre, vient de me démolir le corps, le cœur et l’âme. Et alors ? », voilà ce qu’elle lui dirait bien à Margue. Mais elle n’y comprendrait rien. Et puis ça ne servirait à rien. Gabrielle se crispe quand la servante fait mine de vouloir lui enlever le drap, inutile rempart entre les yeux de la flamande et la misère de la brune. Elle la congédie d’un geste agacé.
Elle n’a pas besoin qu’on contemple son drame et son malheur. Elle veut être seule. Une fois Margue disparue, Gabrielle fait tomber le tissu et se glisse dans l’eau brûlante. Elle reste là, les yeux fixés sur la porte. Viendra ou pas ? Osera ou pas ?

Mon amour m’a baisée.
Mais je ne crois pas que mon cœur soit brisé.
Et le tien ?

J’ai peur de nous maintenant.

_________________
Audoin
Un homme ? Le contraire de vous, Monsieur.

Il est las. Vraiment.
Il est las de lutter, de devoir éduquer cet homme qui est son patron.
Alors il tourne les talons. Il a fini son travail. A Enzo de réfléchir. De grandir. Et d'agir en conséquences.

Il se tourne donc vers les escaliers. Il va l'abandonner seul avec ses pensées.


Je ne sais pas, Monsieur. Je vous laisse décider. Si vous avez besoin de moi, vous me trouverez dans ma chambre.

Celle mitoyenne à celle du couple, oui. Près de là où Madame avait du se réfugier, et prêt à intervenir s'il le fallait.

Il monte d'un pas lourd. Et prend bien soin de laisser la porte de sa chambre entrebâillée.

_________________
Enzo
Enzo reste là, toujours blême, les jambes molles. Il reste là à regarder Audoin s’en aller. Audoin qui ne lui explique rien et laisse le jeune homme à ses pensées. Audoin qui comme Enzo parle pas tant. Il a plus d’humour ceci dit. Pourtant, le garde lui a appris des choses, quand il était petit. Il s’en souvient, Enzo, des « secrets » raconter quand il n’avait pas encore la majorité. Des choses et d’autres expliquer loin des oreilles parce que ça n’était pas le boulot d’un garde d’expliquer ce genre de chose au gamin d’un Duc. Toutefois, avec un père absent, qui avait donner toujours d’attention à Hervald qu’à lui. Puis ensuite à Hélène. C’était mal de naitre au milieu. On s’occupe de toi que pour le strict nécessaire, il y en a toujours un avec toi qui a fait tel exploit, et toujours un après toi qu’on protège un peu trop. Lui, il n’était que le cadet. Le fils facilement oublié. Le fils renié, parce qu’il avait décidé de faire des choix différent. Un peu bouleversé par ses histoires de familles et du fait que malgré tout, on le voyait toujours comme le cadet qui ne fait pas grand chose de son existence et qui ne rend pas fier le papa. Tandis que sa cadette, était tout.

Enzo soupira donc en regardant Audoin monter les escaliers, le laissant plus que perdu. Il n’avait toujours aucune réponse à ses questions, et il ne savait pas bien comment il devait réagir. Il n’était pas un homme. Et être un homme c’était le contraire de lui. Définitivement. Audoin aurait dû continuer dans sa lancer. Après avoir poussé son maitre et lui avoir dit qu’il n’était pas un homme, il aurait du continuer. Tant qu’à faire. Enzo aurait rien dit de toute façon. Il aurait râlé à la limite, mais il était bien loin d’avoir la moindre idée de le renvoyer. Trop perdu. Il aurait bien aimé avec Gabrielle là, en ce moment. Sauf qu’elle était… Il ne savait pas où elle était. Et puis, c’était de faute si elle n’était plus là. Tout comme c’était de sa faute s’il était dans cet état là. Soupire. Enzo va se prendre le premier fauteuil disponible pour s’y choir avant de tomber sur le sol.

Allait-elle partir ? Allait-elle le quitter ? Allait-il se retrouver seul ? Que devais t-il faire ? Comment devait-il agir ? Enzo avait cette névrose qui ouvrait les vannes parfois et laissait aller une folie qu’il ne comprenait pas et ne contrôlait pas. Ce petit quelque chose trop sombre, trop abstrait qui l’effrayait lui-même. Qui le rendait nerveux et lui créait des angoisses absurdes dans l’espoir de « contrôlé » sa vie et ses humeurs. Humeurs qui étaient bien loin d’être stable, qui selon Enzo lui donnait cette fragilité qu’il détestait. Un homme ça ne doit pas avoir peur de la nudité, un homme ne doit pas avoir peur d’être boueux, un homme ne doit pas être fragile, ne doit pas se laisser aller à ses humeurs déviantes tel la colère et la tristesse. Un homme se doit d’être droit, fort et présent pour sa femme. S’il n’était pas interdit de les frapper, il était mieux d’avoir une relation de confiance entre l’époux et la femme. Tout du moins, c’est ce qu’il avait apprit au Mont, quand on lui avait expliquer les notions du mariage arrangé. Il devait avoir treize ans à cette époque. Et c’était une question par rapport au respect que la femme se doit d’avoir pour l’homme. L’homme se devait d’aimer sa femme – même si c’était un mariage arrangé – et la femme d’être soumise à son époux, selon ses souvenirs. Et si ça n’était pas le cas, il pouvait alors frapper. Mais avec modération. Il pouvait lire et lui dire ce qu’il voulait aussi. Dépendant du rang de madame, sachant qu’il ne fallait jamais faire où dire quelque chose qui risquait de créer des tensions entre les deux familles maintenant associer par le mariage.

Enzo soupira. Ça lui avait toujours paru bien compliquer tout ça. Et il n’était pas certain de la véracité de certains dires. Puis, la différence c’est qu’il aimait Gabrielle. Il l’avait choisit, elle et pas une autre. Il savait qu’elle n’était pas du genre à se soumettre au moindre de ses désirs, ni à lui laisser faire tout ce qu’il voulait. Qu’elle risquait de partir s’il déconnait trop, et que même si elle lui pardonnait beaucoup, il y avait de forte chance qu’un jour elle le laisse. Parce qu’elle avait dit oui par choix, et non par obligation. Il se rendait bien compte de la fragilité de son mariage. Il n’avait pas vu tout le mal qu’il faisait à Gabrielle avec le fait qu’il allait parfois voir ailleurs, avec ses paroles violentes, ses coups et ses crises par moment. Il n’avait même remarqué qu’elle avait parfois peur de lui. Vraiment. Que cette histoire de bébé ne lui plaisait vraiment pas, même s’il savait qu’elle tentait de cacher sa présence et évitait d’en parler. Qu’il agissait avec elle comme si elle n’était rien. Comme s’il ne l’aimait pas. Comme si elle était plus esclave que femme. Il avait grandi dans une éducation de noble, mais sa tête déconnait tellement par moment, qu’il en oubliait ce qu’il était vraiment. Enzo eut un léger sourire, se rappelant des moments pas du tout nobles qu’il avait eus avec Gabrielle. À oublier le monde dans les tavernes d’Orthez. À la lancer dans la neige, à monter sur les toits pour voir les étoiles. Le genre de chose qu’un noble ne devrait pas faire. Enzo se lève doucement et se dirige finalement vers les escaliers pour les monter une à une. Il ne peut pas rester là, alors il monte tranquillement jusqu’à la chambre, se demandant si elle y est…Il pousse juste un peu la porte. Incertain. Après tout ce qu’il vient de faire…


- « Gabrielle…? »

_________________

©JD Marin
Gabrielle_montbray
« Yesterday
Love was such an easy game to play
Now I need a place to hide away
Oh I believe in yesterday »

- The Beatles -

Allait-elle partir ? Bien sûr que non.
Allait-elle le quitter ? Elle devrait certainement.
Allait-il se retrouver seul ? C’est bien tout ce qu’il mériterait.
Que devait-il faire ? Ce qu’il ne savait pas faire, ou s’interdisait, laisser parler un peu ses sentiments.
Comment devait-il agir ? Humblement, honnêtement… tendrement ?

Voilà peut-être ce qu’aurait Gabrielle à Enzo si elle avait su les interrogations qui agitaient son esprit . Ou peut-être qu’elle n’aurait pas su répondre car le sien, d’esprit, est encore choqué et troublé.
Contrairement à Enzo, Gabrielle ne savait pas bien ce qu’était un mariage, ou du moins ce que ça devait être, ce qu’en disait les livres et les gens. Elle n’avait guère eu d’exemples autour d’elle, on ne lui en avait pas parlé. Enzo avait dit « épouse-moi » et au moment où le murmure rauque avait franchit les lèvres masculines, Gabrielle savait qu’elle n’avait pas le choix et qu’elle capitulerait. Elle n’y avait jamais songé à vrai dire. Elle l’aurait suivi au bout du monde alors pourquoi pas dans le mariage. Mais Gabrielle s’était retrouvée mariée sans avoir le temps de s’interroger, un « oui, je le veux », leur nom à tous les deux sur un parchemin et l’affaire était faite. Rien n’avait vraiment changé pensait-elle après le placage en rêgle contre le mur délabré de la chapelle. Enzo restait Enzo. Elle restait Gabrielle. Elle l’aimait, elle devenait sa femme, aussi simple que dans les contes.
Sauf que dans les histoires, le prince est toujours charmant et la princesse blonde et délicate. Et ils sont heureux. Ceci dit personne ne raconte ce qui se passe quand le prince et la princesse se retrouvent tous les deux. Peut-être bien qu’il la plaque contre les murs, peut-être bien qu’il lui colle des gifles, peut-être bien qu’il l’emmène voir les étoiles, peut-être bien qu’elle grimpe aux arbres pour lui cueillir des cerises, peut-être bien qu’elle le fait rire plus que les autres, peut-être bien qu’ils restent comme deux cons à se regarder sans oser se dire qu’ils s’aiment.

Comme elle qui restait à fixer cette porte. Est-ce le mariage qui l’avait changé ? Elle repense à cette soirée, tente de comprendre le moment où ça a dérapé, ce qu’elle a fait, ce qu’elle n’a pas fait, ce qu’elle aurait du faire. Elle le revoit lui et sa colère. A la fois superbe et terrifiant. Etait-ce cette folie là qu’il allait assouvir entre les cuisses de la blonde ? Est-ce qu’elle aimait vraiment ça ? Et lui, est-ce qu’il y prenait vraiment du plaisir ? Est-ce qu’elle, la maitresse, lui faisait l’effet qu’elle, l’épouse, n’avait pas réussi à lui procurer ? Est-ce qu’elle n’avait pas raison finalement l’autre ? Est-ce que finalement ça n’était pas ça qu’il aimait et qu’elle était bien incapable de lui donner ?

Pourtant…

Pourtant il l’avait choisi elle, il lui souriait d’un sourire qu’il n’accordait à personne d’autre, il la regardait d’un regard qu’il ne posait sur aucun autre, il lui prenait la main, les hanches et le corps, il lui prenait son cœur et son âme, il avait perdu son héritage et son nom pour elle, il avait affronté son père, sa sœur et elle était certaine qu’il affronterait le monde si besoin était. Pour elle. Pourtant jamais il ne lui avait dit qu’il l’aimait. Jamais. Et il ne lui dirait pas. Et ça n’avait pas vraiment d’importance. Ou si peu.
Elle le savait. Ou elle s’en doutait. Ou elle voulait y croire. Ou elle espérait. Oui elle espérait et elle voulait encore espérer.

Si son esprit était encore troublé, l’eau chaude apaisait les maux du corps. Gabrielle s’immergea un instant entièrement dans le baquet. Elle ressortait juste la tête que la porte s’ouvrait légèrement, doucement.


- Gabrielle… ?


La brune fixe la porte et devine la silhouette derrière. Elle pourrait hurler, insulter, frapper. Mais il est Lui et elle est elle. Et elle veut y croire. Et sa capacité de pardon est immense. Un amour inconditionnel, passionnel et dangereux. Enzo sera peut-être sa perte un jour, en attendant, il est sa faiblesse, il est son tout. Elle lui tend les bras parce que c’est tout ce qu’il y a à faire. Le prendre contre elle, sentir ses cheveux contre le corps qu’il vient de malmener, enlacer ses bras qui viennent de la maltraiter, embrasser cet homme qui s’est perdu dans sa folie.
Elle lui tend les bras en espérant qu’il viendra s’y réfugier.

Le temps de l'apaisement doit commencer.

- Viens…

Traduction :
Hier
L’amour était un jeu si facile à jouer
Aujourd’hui j’ai besoin d’un lieu pour me cacher
Oh je crois en hier

_________________
Enzo
    [- Plusieurs années auparavant]


Les sinoples regardent à travers les mèches folles et brunes qui tombent sur le visage. Et c’est que ça frise un peu, de surcroit, mais pas beaucoup. Des petites boucles d’un jeune enfant à qui ont n’a encore jamais coupé les cheveux. Cheveux qui se font long, d’ailleurs. Un petit nez humide des reniflements qu’il a subit après quelques larmes et la bouille d’un petit garçon qui s’en veut terriblement des bêtises qu’il a commis. Les deux mains tiennent la poignée de la porte qui reste entrebâillé, alors que le garçon reste là, silencieux et incertain de ce qu’il doit faire. Il se sent mal, et il est triste de ce qu’il a fait. Sa petite taille et sa petite robe courte qui lui arrive aux genoux et serrer à la taille montre qu’il doit avoir moins de sept ans. Il pousse un peu plus la porte pour passer sa tête au complet, frissonnant au grincement dû au mouvement. Il n’aime pas les portes qui grincent le jeune garçon. Il a l’impression que c’est le Très-haut qui lui hurle un « attention bonhomme, tu n’as pas le droit d’aller là. » C’est qu’on lui raconte pas mal de chose sur le Très-haut, et il n’est sur de rien. D’ailleurs, il pense que le précepteur lui raconte des conneries parce qu’il fait trop de bêtises. Sauf que même s’il est un peu froussard, bien il n’est pas con, le gamin alors il prends un peu ce qu’il veux de l’information, et se dit que le Très-haut ne doit pas être si méchant que ça, sinon ça serait la bête sans nom. Tsé. C’est logique quoi. Han, et dans les dents le précepteur. Mais peu importe, là, il n’était pas question de précepteur. Et le jeune garçon d’entrée complètement de pousser encore un peu plus la porte en faisant patiner un peu ses chausses sur le sol.

- « Mère…»


Et elle le regarde. Elle est assise dans un fauteuil. Il sait qu’il n’a pas vraiment le droit de venir la voir sans permission. Se sont les parents qui vont vers les enfants, et non l’inverse. Alors il est encore plus miteux le garçonnet. Il se mort l’intérieur de la joue et les sinoples observe sa génitrice. Elle sourit. Est-ce qu’elle est encore triste ? Il ne sait pas bien. Il sourit un peu lui aussi, du coup. Quand même. Parce que faire la moue à sa mère ça ne se fait pas. Et elle tend les bras, et il sourit encore plus, lâchant la poignée de porte pour aller rejoindre sa mère. Puisqu’elle tend les bras et qu’elle lui dit ce petit venez qui le rend toujours heureux, il y court et va s’installer la tête sur le ventre de sa mère. Il ne renifle plus. Il ne pleurniche plus. Oui, elle lui pardonnera du mal qu’il lui a fait. Ce petit garçon. C’est Enzo a 6 ans. Et il avait envoyé valser un vase sur sa mère, mécontent des reproches qu’elle lui lançait. Mécontent du fait qu’elle ne s’occuper pas assez de lui, jeune garçon capricieux qu’il était. Impudent, tout du moins. Il avait dit quelques violents mots aussi. Ses mots qu’il apprenait des bourrin de la mesnie et en courant dans les cuisines…

    [ - De nouveau dans la réalité…]

Alors Enzo il regarde Gabrielle. Troublé. Le souvenir a refait surface. Il se souvient aussi des paroles de sa mère. Du pardon. Un amour inconditionnel peut-être. Il n’a jamais vraiment su, puisque beaucoup absente, mais il y croyait. Qu’elle l’aimait. Puisqu’elle lui pardonnait tout. Puisqu’elle l’avait trainé dans ses jupons. Puisqu’il était resté près d’elle plus longtemps qu’Hervald. Après il y avait eu Hélène, mais ça n’était pas pareil. C’était une fille. Et même s’il s’était lâchement senti abandonné quand sa petite sœur était née, il lui avait tout pardonné. Tout sauf sa mort. Alors oui, il regarde Gabrielle avec cet air qui montre bien qu’il vient de vivre une émotion qui n’aime pas. Un regard qui explique une grande détresse, mais qu’il évite de laisser aller, disant que c’est une faiblesse. Ce geste de sa mère. Ce geste de Gabrielle. Il a le cœur qui se sert et il se sent minable. Il n’a plus sa petite robe verte avec la ceinture à la taille. Il n’a plus ses cheveux longs fous et un peu bouclés. Il n’a plus cette petite bouille de l’enfant qui a pleuré. Il n’a plus 6 ans. Il a 11 ans de plus. Sauf qu’il se rappelle. Et quand elle dit ce viens, qui en tant normal veux dire autre chose… le cœur d’Enzo se fend. Il se laisserait bien tombé là, sur le sol. En de larmes inutiles et excuses platoniques, mais ça ne serait pas être lui. Alors il s’avance doucement, l’âme bouleverser. Gabrielle est sa moitié. Cette partie d’âme qui lui manquait. Qui le bouleverse et tente de l’équilibrer. Il le sait. Et pourtant, il est aller arracher quelque chose cette nuit…

Mais tu me tends les bras. Comme un mère pour son fils. Comme la nourrice pour l’enfant qu’elle a nourrit, comme la femme pour son amant qui doit délaissé cet amour interdit pour partir à la guerre. Tu me tends les bras et ça me scie en deux. Ça fait mal. C’est beau. C’est… Gabrielle,tu ne devrais pas. Pas après ce que je t’ai fait. Et pourtant. Je ne te vouvoie même pas en pensée. Tu es là. Tu m’invites à te rejoindre. Me pardonnes-tu ? Je ne sais pas. Je m’en veux tellement. Alors je m’avance, le pas incertain. Je vais rejoindre tes bras, ton odeur, tes cheveux. Toi. Ma femme. Celle que j’aime et pourtant que je détruis. Me pardonneras-tu un jour d’être odieux ? D’être fou ? De ne pas dire les mots que tu voudrais peut-être entendre parfois ? De te détruire plus que de te chérir. Mon âme sœur. Mon besoin. Ma vie. Je t’aime. Je suis navré et je me sens con. Con d’avoir déverser sur tout ma colère, ma folie, cette déraison qui me pousse vers le gouffre, qui me brule les entrailles et s’expulse en actions irréfléchis. Gabrielle. Sens-tu comme je me sens mal ? Sens-tu ce mal qui me ronge ? Comprends-tu cette folie dévastatrice ? Ces pulsions que j’essayais de t’expliquer. Je ne me rappelle pas de tout. Du nécessairement seulement. Ce qui est bien assez pour comprendre le mal que je t’ai fait. Et Audoin, qui m’a ramener à la réalité. Mais je sens cette folie encore présente. Cette envie de faire souffrir, ce feu qui consume et me tord de douleur mentale à chaque fois. Je ne veux pas que ça revienne sur toi. Plus jamais. J’ai peur de moi. Peur de nous. De ce que nous allons devenir maintenant. De ce que nous allons faire après cet évènement. J’ai peur que tu es vraiment peur de moi…


- « Je suis désolé, Gabrielle…Je ne voulais pas ça...»


Je t’ai détruite comme une vulgaire catin. Tu ne méritais pas ça, mais c’est tout ce que je suis capable de te dire. Alors je reste là, silencieux, cherchant l’apaisement et le pardon. Cherchant le calme de mes tourments, et cherchant aussi à te montrer que je me sens minable. Que ça n’est pas une « désolé » comme les autres. Mais qu’il est honnête. Parce que tu es ma folie, mon âme sœur, celle que j’ai épousé. Celle que j’aime. La seule pour qui je crèverais.
_________________

©JD Marin
Enzo
    « […] Sur le fond de mes nuits Dieu de son doigt savant
    Dessine un cauchemar multiforme et sans trêve. […] »

    Le gouffre – Charles Baudelaire – Les fleurs du mal


    [- Une nuit, dans la chambre du Seigneur et sa dame]

    J'ai peur du sommeil comme on a peur d'un grand trou,
    Tout plein de vague horreur, menant on ne sait où ;*


Tout est noir. Sombre et humide. Enzo est là, au milieu de rien. C’est vide et ça fait écho. D’une main il touche le mur qui est à sa droite. Un mur qui n’est pas araser. Il fronce les sourcils et avance. Aucune lumière. Juste des cliquetis. Des épées qui se rencontre. Des bruits assourdissants de bombardes, les bruits des engins de sièges. Des hurlements. Ça s’agite, mais pourtant le jeune homme, lui, reste calme. Il avance à tâtons, comme pour rejoindre le champ de bataille. Sauf qu’il ne voit pas les feux, il ne voit pas les nuages de flèches. Il entend que les bruits au loin. Qui s’éloignent et s’effacent. Pas de bougie. Pas de lanterne. Le jeune homme ne voit rien. Que du sombre. Que du noir. Il avance, et malgré les yeux ouverts tout est vide et absent. Un vertige le prend soudainement. Une main sur la tête. Du sang ? Il ne sait pas bien. C’est chaud et liquide. Il s’agite et commence à s’énerver, cherchant la sortie de ce qui lui semble un couloir. Une grotte. Il ne sait pas bien. Rien n’est très clair. Alors il se met à courir. Et les images s’entrechoquent. La bataille. Le feu. Une explosion. L’Hotel-Dieu. Sa mère. Morte. L’errance. Cette nuit funeste dans le fond d’une taverne de Franche-Comté. Où Audoin n’était pas. Audoin qui ne sait rien de cette aventure. Enzo, qui est seul avec ce secret. Le secret de cette nuit là.

Il court, mais il ne sait pas où il va. Des nus. Des explosions. La perte. Des morts. Et ça s’entremêle, ça se déforme, ça se culbute. Des corps empalés, enflammés, des tripes qui sortent des corps. Une odeur de charogne. Ça prend dans l’estomac et Enzo a envie de vomir. Ça pue le sang mélanger à la terre, les intestins découpés. Ça pue la sueur. Ça pue la mort. Puis il bute sur quelque chose. Il tombe à la renverse, la tête contre la terre humide. Il n’y a plus de grotte. Que le champ de bataille. Dévaster. Vide de vie. Il se redresse péniblement et les sinoples observent autour de lui. Rien. Définitivement. Il voit un corbeau au loin en train de picorer le corps d’un pauvre homme, et Enzo de se détourner pour regarder ce qui l’a fait échouer là. Un corps. Fronçant les sourcils à la vue des couleurs et des vêtements, le jeune Seigneur s’avance vers le cadavre et le pousse un peu, pour le retourner. Voir son visage. Horreur. Actarius. Des asticots commencent déjà à prendre le corps d’assaut, et Enzo de reculer d’effroi. Pas que la mort lui fasse réellement peur, mais ce visage, pétrifier dans le dernier souffle, se faisant bouffer par des bestioles… Il se lève, nerveux, et il regarde autour de lui avec plus d’attention. Tous. Il les connait tous. Ses corps. Ses gens. Isleen. Cebyss. Morphée. Audoin, Ludwig, Liz… Il y a même le petit corps d’Ella mou et froid. Sa chevelure rousse qui tombe devant ses yeux ouvert vert le ciel. Vide de vie. Le sang à couler de se con ventre et à fait un grand cercle sous elle. Une marre dans laquelle Enzo a mit les pieds. Ses bottes sont souillées du sang de ceux qu’il apprécie. Ce champ de batailles d’où il était loin. Une bataille contre qui ? Contre quoi ? Il ne voit rien pourtant. Et le jeune homme se crispe, recule, angoissé, tremblant au moindre son. Il n’a pas vu le corps de Gabrielle. Peut-être est-elle en vie ?

Ça ne semble pas finir. Les cadavres s’entassent. Ses anciens amours. Ses amis d’enfances. Celles et ceux à qui il a détruit un peu l’existence. Qu’il à fait du mal. Ceux qui ont attendu des nouvelles qui ne sont jamais vu. Asphodelle. Agnesia, Elizabelle. Gantra. Le corps d’Adrian et de Louis Arthur. Puis, Nortimer. Il bouge. Il a les yeux injectés de sang et le corps froid. Enzo s’approche. Son souffre douleur. L’homme à tout faire que le jeune homme avait trouvé un peu idiot était en vie ! Il se laisse alors tomber à genoux devant le corps de l’homme.


- « Nortimer ! »
- « Mon…si..»
- « Je… je vais vous sortir de là ! »
- « Je…»
- « Fermez-là...Qu'...qu'est-ce qui c'est passé... ici ?»
- « C’e…vous. »
- « Mmm…oi ? »


Et le corps de Nortimer n’a plus de tremblement. La tête qui s’était redressé retombe lourdement sur le sol devant Enzo. Pétrifié. Lui ? C’est qui a fait ça ? Il ne comprends pas, et s’éloigne du corps. Gabrielle. Il faut qu’il trouve sa femme. C’est de la folie. Comment aurait-il pu tuer autant de gens ? De plus, ça n’est pas ses ennemis ! Alors il se relève. Et les images changes encore. Une forêt. Des cris. Des mains qui tiennent une épée. Épée qui s’introduit dans l’abdomen d’une femme. Enzo. Gabrielle. Il a tué sa femme. Et de tomber à genoux, les mains tâchés du sang qui coule autour. De regarder les yeux bleu sombre qui perdent la vie…Les scènes s’accélèrent. Le viol. Le nombre de fois qu’il a levé la main sur elle. Sa colère. Sa folie. Les mains d’Enzo se dépose sur le ventre de Gabrielle, tentant d’arrêter le sang qui coule, mais il est trop tard…

- « Non, non, non… »

Il hurle. Il s’agite. Les yeux bougent sous les paupières. Les images défilent de nouveau. Encore le feu. Encore l’explosion. Encore cette nuit en Franche-Comté. Ses batailles. Les claques reçus enfant. Le mépris de son frère. Le décès de sa mère. Il les a tués. Tous. Même elle. Il est fou. Il a tué dans une rage, dans sa folie. Il a fait exploser les réserves de poudre. Il à décocher des pierres sur eux. Les as tabassés de son épée pendant la nuit. Enzo est fou. Une folie meurtrière. Et il hurle. Il bouge, le cœur battant un rythme indécent. Le fond change. Les murs craquent autour de lui. Il est là, au centre d’une pièce. Il entend le cri des paysans. Hérétique ! Hérétique ! Il se brulé eu centre de la ville. Enzo est fou. Il y a dans les cauchemars toutes sortes de blessures non fermé. Et Enzo bouge de plus en plus dans son sommeil. Il s’agite et son corps devient chaud, la sueur perlant son front et mouillant les quelques mèches qui s’y trouvent. Tout est toujours noir. Ça varie. Ça créer des flashs. Un ensemble. Du sang. Et le reste.

-« Non, non non ! »

Encore. On va venir cogner à sa porte. On va la défoncer. On le trainera de force dans la boue. On l’attachera à un bucher et on le brulera vif. Il sent déjà le feu qui monte sur ses jambes. Viennent bruler les chairs, empuantir l’atmosphère. Et d’un coup, Gabrielle est repoussé, et Enzo se met à gigoter comme un fou. Dans le lit. Il hurle un nom. Celui de Gab. Il hurle à répétition ses non, non, non. Et son corps devient trempés et ses braies aussi. Pourtant il ne s’est pas pisser dessus. Il tourne à gauche, à droite, il panique. On va le bruler vif. Il va mourir dans d’atroce souffrance. Et il a tué tout le monde… Il est seul. Il est fou.

- « Non ! Je ne veux pas mourir, lâcher moi ! Ça n’est pas moi. Non, non, non ! Gabrielle ! »

*Idem.
_________________

©JD Marin
Gabrielle_montbray
« Say nighty-night and kiss me
Just hold me tight and tell me you'll miss me
While I'm alone and blue as can be
Dream a little dream of me »

- Gus Kahn -

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Gabrielle n’avait presque jamais dormi seule. D’abord avec son frère, son jumeau. Celui que son père lui avait arraché alors qu’elle n’était pas bien vieille. Cinq ans peut-être. Un peu plus, un peu moins. La fin des nuits tranquilles, douces et sereines. Le début des cauchemars et des insomnies. La nuit était devenue hostile, peuplée d’effrayantes créatures, de monstres imaginaires prêts à fondre sur l’enfant qu’elle était. Elle s’était donc réfugiée dans le lit de sa mère. Mais elle ne dormait plus guère, et plus elle grandissait, plus elle apprivoisait la nuit, elle s’y promenait, transformant les monstres de son enfance en amis bienveillants. Elle fuguait presque toutes les nuits, désertant le lit maternel pour errer dans les rues désertes de la petite ville normande, avec cette impression d’avoir le monde entre ses mains, puis rejoignait le corps chaud et endormi de sa mère pour quelques courtes heures.

Puis sa mère était morte. Gabrielle avait douze ans. Elle avait vendu l’échoppe au chef d’atelier de sa mère, vendu les meubles, vendu les tissus, tout vendu. Et elle était partie sur les chemins, libre comme l’air, des écus plein les poches et la vie devant elle. Plus tout à fait noble, pas vraiment vagabonde.

Et elle avait rencontré un homme, il l’avait protégé et rassuré. Et la gamine qu’elle était encore un peu l’avait suivi. Elle n’avait de tout façon pas grand chose d’autre à faire. L’homme était marin, anglois et extrêmement beau. Largement suffisant quand on a pas tout à fait treize ans. Et de nouveau, elle avait connu le sommeil partagé. Un sommeil lourd et brouillé par l’alcool. Une sorte de trou noir sans rêves ni cauchemars.

Et elle s’était lassée.

Direction Londres, son agitation, sa puanteur et ses catins. Gabrielle avait trouvé du travail comme tavernière dans un bordel. Travailler la nuit et dormir le jour, un rythme idéal pour la jeune fille, et elle trouvait refuge dans les lits désertés par les clients mais toujours occupé par une fille ou deux. Des corps volupteux et accueillants contre lesquels se pelotonner pour quelques heures d’oubli.

La bateau. La mer. La France. Le béarn. La solitude.

Terminé les lits partagés à deux ou trois. Plus personne. Juste Gabrielle et le vide. Et l’angoisse. Et les cauchemars. Et ca avait duré… des mois… Parce que même si elle avait rencontré Enzo, même s’il lui faisait grâce de quelques coups de rein bien placés, il ne restait pas, jamais. Parce qu’il ne voulait pas, parce qu’il ne pouvait pas, parce qu’il ne fallait pas.
Et puis un jour, il était resté. Enfin, elle, puisque c’est elle qui le rejoignait dans sa chambre.
Bref, un jour, il y avait eu un après. Et puis un autre. Et encore un autre. Et de nouveau quelqu’un contre qui dormir. Quelqu’un qui rassurait par sa seule présence, qui aidait à lutter contre les cauchemars, un bras qui l’enlaçait quand elle se réveillait dans un cri.
Gabrielle détestait dormir seule. Et quand Enzo n’était pas là, le sommeil redevenait hostile et agité. Les monstres d’autrefois se repointaient et une sourde angoisse tenaillait la jeune femme au moment du coucher. La rousse irlandaise avait d’ailleurs vu débarquer la brune en quête d’une présence nocturne.

Mais cette nuit là, Gabrielle dormait, collée à Enzo. Trop au goût du jeune homme certainement. Et plus pour longtemps puisqu’en plein sommeil, elle est envoyée valser à l’autre bout du lit.
Gabrielle déteste être réveillée. Un instant de flottement, la première pensée qui lui traverse l’esprit est de savoir où elle a mis son épée. La deuxième est interrompue par un poing masculin qui vient presque l’assommer. Heureusement qu’il reste à la brune quelques bons réflexes. Et les cris d’Enzo achèvent de la réveiller totalement. Ils sont seuls. Personne ne l’attaque.
Un soupir. Un cauchemar. Ca n’est pas le premier qu’elle vit à ses côtés. Toujours spectaculaires. Toujours violents. Et toujours cette même question, « que faire ? ». C’est qu’Enzo est beaucoup plus grand et beaucoup plus fort qu’elle, elle ne peut pas le contenir au risque de se faire démonter un bras.
Elle le regarde qui s’agite, pas tout à fait endormi, pas vraiment réveillé, entre deux monde certainement. Elle tend une main vers lui. Une main qui vient se poser dans les cheveux trempés.

- Enzo. Je suis là. Et tu ne vas pas mourir…

Traduction :
Dis bonne nuit et embrasse moi
Tiens moi juste serrée (contre toi) et dis moi que je te manquerai
Pendant que je suis seule et aussi déprimée qu'on peut l'être
Rêve un petit rêve de moi

_________________
Kaelig
[Dans la soirée - Chambre des écuyers, Château de l’Ousteau, demeure des Blackney]

Kaëlig était assis en tailleur sur son lit. Il rêvassait. Une décision avait été prise, peut être n'était-ce pas la bonne, mais il était déjà trop tard. Ses affaires avaient secrètement été rassemblées. Pas grand chose, finalement. Quelques habits que lui avaient acheté Gabrielle et Enzo, des bibelots qu'il avait trouvé, acheté, voir même volé - même si maintenant il ne volait plus. Il avait enfilés des vêtements dans lesquels il se sentait bien, libre mais tout de même élégant. Un chevalier se doit de rester élégant, peu importe la situation dans laquelle il se trouve. Tout cela avait été rassemblé. Ses affaires les plus importantes mises dans une besace qu'il garderait sur lui, le reste dans un petit coffre, moins grand qu'une malle et assez léger pour qu'il puisse le porter seul. Tout cela avait soigneusement été caché sous le lit pour les quelques heures précédant le départ, afin que les éventuels yeux curieux qui se promèneraient dans la chambre ne voient pas ce qui se préparait.

Maintenant, l'heure décisive approchait. Une boule avait grandi dans le ventre du petit être, qui n'avait rien mangé au dîner, et son estomac était tout retourné. La peur... Ce sentiment si étrange et qui le tenaillait si rarement, lui, trop insouciant pour se méfier de quoi que ce soit. Mais les questions se bousculaient dans sa tête. Il se revoyait dans la cathédrale en flamme, à se poser un tas de question sur la vie et sur la mort. Sur l'avenir. Sur ce qui pouvait l'attendre. Il en était au même stade. Mais cette fois, il n'y pouvait rien et rien ni personne ne pourrait le faire changer d'avis. Il avait fait trop de promesses. Celle à Enzo et Gabrielle d'être leur écuyer, fidèle à sa fonction. Et celle à Luisa von Frayner d'être son chevalier dans le futur, et de la suivre jusqu'au bout du monde. L'idée que ces deux éléments ne soient pas conciliables n'avaient même pas effleuré l'esprit du gosse. L'évidence était apparu que plus tard, lorsque Luisa avait du partir avec son père faire le tour du comté. Enzo avait besoin de Kaëlig, et ce-dernier s'était retrouvé tiraillé entre deux fronts. Contraint de faire le choix, c'était Luisa, et la famille von Frayner, qui étaient passés les premiers.

Les évènements s'étaient enchaînés. La retraite, où il avait saisi à quel point la vie monastique n'était pas faite pour lui, où on lui avait expliqué qu'être chevalier c'était être intelligent, où il avait compris que devenir intelligent n'était pas chose facile et que devenir chevalier était donc une tâche dure et préoccupante. Les quelques lettres échangées avec sa princesse, qui l'avaient convaincu de s'enfuir de la prison dans laquelle il résidait. Son retour à Montpellier, la tristesse de ne plus voir Ella, la joie que Liz et de Luisa avaient témoigné. Et l'ignorance caractéristique de Gabrielle et d'Enzo. Une question restait pourtant sans réponse : la façon dont le couple avait fait semblant de ne pas s’apercevoir de leur écuyer était elle voulue, artificielle pour ne pas montrer au gamin que son absence les avait affecté, ou était-ce simplement de la pure vérité et qu'ils ne lui avaient prêté aucune attention car ils estimaient qu'il n'en méritait pas ?
On lui avait alors mis face à un choix. Le même que celui qui avait précédé, mais avec une envergure beaucoup plus fortes. Ce n'était pas une promenade. Il s'agissait d'un véritable voyage, qui avait un début, le Languedoc, et une fin, la Lorraine. La question avait affecté le sommeil du jeune homme pendant plusieurs jours. Et puis la décision était tombée. Ella partie sans qu'il ait pu lui dire un simple au revoir, Liz, Ludwig, Lorenz et Luisa partant pour la Lorraine, ne lui restait ici plus que les Blackney. Qui continueraient à le traiter comme un fantôme, du moins c'est ce dont Kaëlig était persuadé. Alors plus rien ne le retenait.

Il se leva, puis passa sa tête sous le lit pour récupérer son coffret et sa besace qu'il passa autour de son cou et sous son bras droit. Il était fin prêt. Oh, non ! Il avait oublié un détail. Il attrapa un parchemin, une plume et un peu d'encre. Il s'appliqua à bien écrire, devant pour certaines lettres se rappeler des coups de Bible derrière sa tête des moines qui lui hurlaient de s'appliquer plus.




Chère Gabrielle, cher Enzo (je sais pas qui lira la lettre en premier)

Je voulais vous dire avant tout que j'ai été très content de vous rencontrer, et de devenir votre écuyer, et de porter le machin pendant les joutes, et de pouvoir faire dodo ici, et de pouvoir bien rigoler avec vous. C'était chouette !

Mais Luisa, c'est Luisa. C'est ma pierre précieuse, ma princesse, mon amoureuse. Et je peux pas la laisser s'en aller, parce que sinon je serais tout triste, et je pleurerai tout le temps. Et les chevaliers ne doivent pas pleurer. Et ensuite, je serais tellement triste que vous voudriez plus de moi parce que je serais trop triste. Alors j'ai choisi de partir avec les von Frayner pour aller découvrir la Lorraine. Vous savez, j'ai promis de la suivre partout partout. Je peux pas la laisser.

J'espère que vous comprendrez. Si vous êtes fâchés, je comprends, mais j'espère que vous resterez pas fâchés trop longtemps parce que j'ai quand même envie de vous écrire. Avec Luisa, on a dit que quand on sera plus grands on reviendra. Si vous boudez pas, on pourra vous dire coucou et rigoler comme avant. On pourra aussi rencontrer le bébé, et ça moi j'ai hâte !
Surtout, écrivez moi, et surtout surtout écrivez à Luisa. Parce que c'est pas de sa faute, et qu'elle m'a pas obligé à la suivre, donc il faut pas lui en vouloir.

J'vous aime bien, quand même. Et même si je pense que les chevaliers doivent pas trop dire ça parce qu'Enzo le dit jamais, je suis sûr que vous allez beaucoup me manquer.

Kaëlig.


Il relut rapidement son écrit, acquiesça et le déposa sur son oreiller. Il ne fallait pas passer par la porte, Gabrielle ou Enzo pourraient le voir, ou entendre la grande porte d'en bas. Il ouvrit donc sa fenêtre. La chambre était haute... Il passa une jambe de l'autre côté de la balustrade, eut un regard à l'intérieur de la chambre. Zut ! Il avait encore oublié quelque chose. Il rentra, se précipita dans la chambre et attrapa la dague qui se trouvait près de son lit. Il noua le fourreau à sa ceinture, y rangea le précieux cadeau de son amoureuse et se reprit son commencement de fuite. Il balança le coffret par terre sans qu'il s'ouvre, la clé bien conservée autour du cou du petit futur chevalier. Il serra les poings et sauta. Bien sûr, il ne retomba pas sur ses pieds et son dos en prit un coup. Mais il ne pouvait pas s'arrêter maintenant. Il sortit de sa besace une sorte de bonnet sans forme qu'il plaqua sur ses bouclettes, il ne fallait pas tomber malade à quelques instants du départ, prit à deux mains ses affaires et marcha d'un pas rapide vers les remparts. Au fur et à mesure que son coeur battait, ses foulées s'accéléraient jusqu'à ce qu'il court.


Il tourna la tête dans un dernier regard vers l'Oustau. Cette période de sa vie était révolue. Quand, une fois chevalier, il rédigerait ses mémoires, il serait bien obligé de mentionner ce long séjour à Montpellier, capitale du Languedoc. De toutes ces rencontres, de toutes ces amitiés qui furent les premières de sa vie. Montpellier, capitale des premières fois pour Kaëlig. Ses premières rencontres, son premier amour, ses premières disputes, sa première vision d'un brasier, sa première blessure, ses premiers sourires sincères, ses premiers exploits de chevalier, ses premières bribes d'éducation. A n'en pas douter, ce lieu et cette époque resterait gravé dans son coeur et dans son esprit.



Maintenant, il devait continuer, tourner une page du livre sans pourtant l'oublier et entamer l'écriture d'une suite à l'histoire. Une suite qu'il n'écrirait pas seul. Car malgré son jeune âge, Kaëlig était épris, totalement et démesurément épris.

_________________
Gamin de dix ans
Futur chevalier
Kaëlig parle en rouge foncé, parce qu'il le vaut bien.
Enzo, incarné par Gabrielle_blackney


    « Un jour je me suis réveillé en sueur, les braies trempées. J’avais pissé au lit. Ce jour j’ai su que mon pire cauchemar, le plus fondamental, celui qui me tiendrait les tripes toute ma vie, me pourrirait l’existence jusqu’à la damnation totale de mon âme : C’était moi. »
    Enzo – 13 ans


    [Une nuit - Avant la lettre de Kaëlig - dans la chambre maritale ]


- Enzo. Je suis là. Et tu ne vas pas mourir…

Une main qui vient se poser dans ses cheveux, la respiration saccadée qui cherche un échappatoire à la violence des cauchemars. Il est fou. Tous échoués sur le champ de bataille qui est le sien. Inertes. Il a tué de sang froid et lui sera amené aux bucher. Il sentira cette brûlure comme quand il s’était retrouvé dans la cathédrale avec le jeune Kaëlig. S’il lui avait sauvé la vie, Isleen avait aidé Enzo à ne pas sombrer et à ne pas y rester aussi, dans ces flammes. Le feu. Peut-être devait-il mourir ainsi pour purifier son âme de cette folie meurtrière. Ils les avaient tués et il allait en payer le prix de sa propre condamnation. Et pourtant cette voix, celle de Gabrielle, cette main dans ses cheveux, ralentissent la cadence du rythme cardiaque et calment les bras qui s’agitent. Le souffle reprend un rythme plus normal et les yeux s’ouvrent sur le plafond de leur chambre. S’il respire fortement, reste néanmoins que le calme revient. Légèrement. Le plafond. Il n’est pas en train de mourir, et la tête de se tourner vers sa femme. Il la fixe et se redresse un peu. Troublé. Revenant doucement de la violence cauchemardesque qu’il vient de vivre. Les réveils n’ont jamais été faciles. Une pleine conscience de ses peurs, de ses fragilités, du monde et de sa folie. Et Enzo de déglutir, tentant de respirer calmement.

- « Je vais mourir. Dans les flammes. On va me consumer comme un porc embroché. Et je vais souffrir. Je vais sentir mes chairs brûlées sans pouvoir rien faire. Je serais spectateur de ma propre mort. »

Et Enzo se tait et se laisse retomber sur le lit, agité mentalement. Les yeux verts fixent le plafond tandis qu’une main cherche celle de Gabrielle. Le symbole réconfortant. Il aurait envie de se coller contre elle, de l’embrasser et tenter d’oublier dans ses bras chaud ce cauchemar incessant. Ses violences nocturnes. Sa crainte de devenir fou. Il l’est déjà, avec ses angoisses chroniques et ses cauchemars répétitifs ici et là. Il frissonne légèrement, tentant de retrouver le calme. Ne serais-ce que l’illusion du calme. Il regarde de nouveau Gabrielle, toujours aussi troublé, fermant les yeux au souvenir de cette épée qui la transperce et de ce sang qui coule de son ventre. Un sang chaud et rougeâtre. Un sang qui tâche ses mains et démolit son âme. Un tremblement vient l’agiter, et dans un geste enfantin, Enzo tire le drap sur sa tête. Se séparer de ce cauchemar. Oublier. Ne pas revoir les images. Ne pas ressentir cette honte de cette nuit immonde en Franche-Comté. Il devrait lui dire à Gabrielle. Il devrait lui expliquer, mais il ne sent pas capable. Et c’est un murmure qui sort de ses lèvres, toujours troublé. Égocentrique sans doute, ne faisant guère attention à sa femme, cherchant juste le réconfort nécessaire à calmer ses angoisses.

- « Vous étiez en train de saigner. Il y en avait partout. Du sang. Parce que je vous avais tué. De mon épée. Et j’ai tenté de vous sauver, mais vous étiez déjà sans vie. Ce sang qui imbibait mes vêtements et tâchait mes mains. J’ai senti mon âme se scinder en deux. Comme cette nuit là, où j’ai… »

La nuit dont il ne faut pas parler. Alors il se tait de nouveau et déglutit. Gabrielle je t’aime. Je ne veux pas mourir, et je ne veux pas te tuer. Et pourtant je me suis vu te transpercer le ventre de mon épée alors que venais vers toi. Je me souviens de tout ces corps inertes. Tout ceux que j’ai apprécié un peu. Beaucoup peut-être. J’aurais peut-être dû mourir dans les flammes de la cathédrale finalement. Je ne sais pas bien et mon esprit est encore embrumé. Je devine la réalité, mais je me sens encore ailleurs. J’ai peur de moi. De ce que je peux faire. De ce que je peux te faire. Tu ne le comprends peut-être pas. Je ne t’en parle pas vraiment. Je ne te dis pas grand chose en fait. Je tais tous ces noirs souvenirs. Toutes ces blessures qui ne sont jamais fermées. Toutes ces craintes qui m’habitent constamment et me tourmentent. Je suis faible. Je le sais. Mais je ne veux pas le montrer. Je veux être un homme. Un vrai. Qui n’a pas peur. Qui n’a pas besoin de sa femme pour réussir. Et pourtant, j’ai besoin de toi. Je le sais aussi, mais je ne veux pas trop l’admettre. Et cette nuit, dans mon cauchemar, j’étais seul. De nouveau. Et tous étaient morts. Même toi, tu laissais aller ton dernier soupir entre mes mains ensanglantées. Et Enzo de se détourner, perturbé à souhait.

- « Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas que vous mourriez non plus… Je veux devenir vieux avec vous… Je ne veux pas vous tuer. Je ne veux pas vous faire du mal…Je ne veux pas…»

Et de rester là, se balançant un peu de droite à gauche, le dos offert à Gabrielle, lui laissant aller ses sinoples dans le vide espace entre le mur et son lit.

________________
Gabrielle_montbray
« J'ai vu passer dans mon rêve
- Tel l'ouragan sur la grève, -
D'une main tenant un glaive
Et de l'autre un sablier,
Ce cavalier »

- Paul Verlaine -

- La même nuit, au même moment, au même endroit -

Gabrielle regarde Enzo, tranquillement, doucement, la main caresse les cheveux, elle sent le corps qui se décrispe, la respiration qui ralentit un peu, l’agitation qui s’arrête. L’aider à reprendre pied avec la réalité, c’est tout ce qu’elle peut faire. Enzo la regarde, un regard troublé, un peu perdu, un peu ailleurs.
La main de Gabrielle continue à apaiser. Elle ne dit rien et écoute. Sent-il le frémissement qui la traverse quand il raconte la vision de sa propre mort ? Probablement pas. La jeune femme tente de ne rien laisser paraître de ses angoisses et de ses peurs. Ca n’est pas le moment. Mais elle revoit Enzo sortant de la cathédrale en feu, les minutes à l’attendre et à prier qu’il ne meurt pas. Elle repense à sa disparition, quand elle le pensait mort mais l’espérait vivant. L’image d’Enzo sans connaissance, ensanglanté, une épée sous la gorge l’assaille. Elle le revoit inerte et empoisonné sur ce fauteuil. Gabrielle ferme les yeux un instant pour tâcher de chasser ces images et ces pensées qui rejaillissent.

Une main qui vient saisir la sienne. Une main qu’elle serre entre ses doigts.Une main tremblante.

Et Enzo qui parle encore.

Nouveau frémissement, nouvelle angoisse, nouvelle peur. Celle de sa propre mort. Celle de son propre cauchemar. Celui où elle voit son ventre s’ouvrir dans un jaillissement de sang et de viscères, celui où une main minuscule et sanglante sort de la plaie béante. Gabrielle tremble et regarde Enzo. Elle voudrait lui parler, le rassurer, trouver les mots mais rien ne sort. Et le souvenir de cette fameuse nuit qui revient, la nuit interdite, la nuit à oublier. Un souvenir violent et vivace. Un souvenir dont elle ne veut pas. Chasser le souvenir de la douleur, chasser le souvenir des yeux glacés, chasser le souvenir de la peur, chasser le souvenir de l’infamie. Et se rappeler qu’elle a choisi de rester, choisi de pardonner, choisi d’aimer.

Enzo ne la regarde plus, il se retourne. Indifférence à son égard à elle ? Besoin d’être seul ? Simple pudeur ? Gabrielle n’en sait rien…
Et une dernière phrase. Et des derniers mots. Gabrielle lui sourit, même s’il ne peut pas la voir. Elle se rapproche, remontre l’édredon sur eux deux. Elle s’allonge contre lui, collée, son corps venant épouser le sien, un double parfait, juste plus petit et plus fin. Un bras vient enlacer le torse masculin, une main se perdre de nouveau dans les cheveux. Gabrielle embrasse l’épaule, le cou. Et un murmure :

- Je sais, Enzo… Tu ne mourras pas, moi non plus. Pas maintenant. Et pas comme ça. Tu me protégeras et je te protégerai. Nous deux… jusqu’à la fin... toujours...

_________________
Charlyelle
« Nul doute, j’ai mérité mes ennemis, mais je ne pense pas avoir mérité mes amis. »
Walt Whitman

Une soirée comme une autre. Quoique non. Elle n'était pas allée en taverne de la journée. Elle n'en avait pas envie. Il faut dire qu'elle commençait à être gavée des murmures qu'elle pouvait entendre.

- Vous avez des yeux magnifiques Madame.

- Je suis un libertin, bla, bla, bla...

Et elle en passe. Elle en a marre d'être prise à chaque fois pour cible. Alors elle a décidé que ce jour, elle n'y mettrait pas les pieds. Elle était au coin du feu, sous la garde silencieuse mais opportune d'Ilug près de sa roulotte. Elle n'avait nullement sommeil et les sens bien en éveil.

"- Je vais sur les remparts cette nuit Ilug. Tu peux dormir au chaud dans la roulotte si tu veux."

Elle savait pertinemment qu'il n'en ferait rien. Jamais il ne l'avait fait. Il aurait considéré cela comme sacrilège. Lui qui veillait sur elle depuis toutes ces années. Mais c'était comme un rituel chez la jeune femme qui à chaque fois qu'elle s'absentait pour la nuit, et elle aimait les passer à veiller sur les remparts la plupart du temps, intimait l'ordre au vieil homme de prendre repos dans la chaleur toute relative de la roulotte.

"- Faites attention à vous Ma Demoiselle. Vous ne devriez pas Pallikari. Vous feriez mieux de rester ici".

"- Je n'ai pas sommeil Ilug."

Sur ces paroles, la jeune femme s'enfonce dans la nuit. Elle a revêtu long mantel et la large capuche cache ses boucles brunes. Les bottes à revers ont été enfilées. Pour une fois, elle ne vogue pas nu pieds. De simples braies grises moulent les longues jambes. Que rehausse une longue tunique qui tombe à mi-cuisses. La dague, l'âme de la jeune femme est bien engoncée dans son fourreau et la bastârde à la hanche aurait tôt fait d'être délesté par une poigne fine mais leste et habituée aux armes depuis sa plus tendre enfance.

Si elle dirige ses pas vers les remparts, ses pensées elles, se tournent vers ce comte qui semble devenu sourd aux missives polies qu'elle a pu adresser. Le sourire se fait légèrement narquois. Il a peur. Voilà. Très certainement qu'il aurait peur et honte de se montrer en sa compagnie.
Haussement d'épaules puis le pas ralentit, l'esprit visualisant alors le visage et les éclats de rire de Gabryelle aux étuves. La conversation avait été édifiante. Elles avaient un homme en commun. Jamais la Celtique n'aurait pu imaginer telle chose. Mais surtout, elle savait ce que la noble avait fait pour elle il y a quelques jours. Charlyelle savait aussi qu'elle se trouvait seule en ce moment.
Les pas ralentissent pour stopper un instant. Puis la silhouette encapuchonnée reprend sa route. Mais au lieu de se diriger vers sa destination principale, elle part dans la direction opposée aux remparts et se dirige vers la demeure des Blackney.

Devant la herse de l'Oustau

Ses empreintes bottées ne tardent point à l'emmener devant la herse de l'Oustau. Celle-ci est déserte. Le garde semble avoir cessé sa faction. Ou bien alors il n'est plus de quart. Ou tout simplement a t'il outrepassé les ordres et s'est il rendu au chaud, se disant que personne à cette heure-ci noterait son absence. Puis des ronflements se font alors entendre. Et la brune écarquille les yeux, retenant un gloussement outré. Il pionce le sagouin!! Voilà donc à quoi sont formés leur garde laissé à elle-même: à roupiller au lieu de faire leur devoir. De l'extérieur, on voyait un crâne chauve dépasser, collé sur un buste dépourvu de cou. Le visage semblait paisible mais la taille de l'homme amenait une question crucial. Comment un engin pareil pouvait-il rentrer dans une si petite pièce ?

-"Grr.... Groaaaaaar.... mrrrr..... Ach.."

Les brumes se lèvent, regardent au-delà de la grille. Il est tard. Et elle ne voit aucunes lumières d'allumées. Pas de lueur de bougie tremblotante nulle part. Le silence. Gabryelle doit dormir.
Un semblant d'hésitation. Et la Dentellière reste campée devant la herse. Surveillance discrète. La Dame des lieux n'en saura rien. Personne n'en saura rien. Mais elle va passer la nuit à veiller.

Remerciement silencieux.

_________________
Isleen
Quelques jours plus tard

L’espérance est une garce, sauve toi tant que tu peux.*

Et l’irlandaise s’était sauvée pour tuer dans l’œuf l’espoir, petite flamme qui s’alimente de quelques brindilles de mots laissés au fil d’une conversation. Si elle avait été à Mende, c’était dans l’espoir qu’en le voyant, ses sentiments s’éclaireraient tous seuls de sa présence. On espère en peu de chose parfois et l’espérance est une garce qui vous reçoit d’une grande claque en pleine figure. Voir Louis n’avait en rien éclairé la situation, elle ressentait bien des sentiments pour deux hommes, totalement différents, assurément il y a chez elle quelque chose qui débloque.

L’espérance est une garce, sauve toi tant que tu peux.

Et l’irlandaise s’était sauvée, avait fuit celui pour lequel elle avait parcouru tant de lieux. Elle s’était ouverte à lui, et lui avait fait un peu de même, jusqu’à quel point elle ne le saura jamais, et surement qu’il le vaut mieux. Ce qui est sorti de tout cela ? Qu’il ne peut oublier une femme, s’inquiète pour elle, elle dont la flamme fragile de la vie oscille entre deux mondes. La vie, la mort, un deuil. Tuer dans l’œuf tout espoir que ses sentiments changent, qu’un jour il puisse l’aimer plus, s’accrocher à l’amitié qu’il a pour elle. Voilà ce qu’elle a fait le temps d’une soirée passée en sa compagnie, donner le change, dire que tout va bien, que ça va alors que non. Ils ne seront qu’amis, celle qu’il aime guérira, peut être auront-ils une nouvelle chance, elle ne lui souhaite que cela. Elle n’est pas mesquine au point de vouloir la mort de l’autre, pas alors qu’elle est attirée elle aussi par un autre. La prochaine fois qu’ils se reverront il n’aura devant lui qu’une amie. Elle se le promet. Et ça sera, lorsque l’irlandaise décide, elle va jusqu’au bout de sa démarche.

L’espérance est une garce, sauve toi tant que tu peux.


Et Isleen s’est sauvée, car pour une fois la solution était dans la fuite, le retour au bercaille, elle a fuit Mende à la vitesse du vent, autant qu’elle puisse, sans décoincer un mot de trop à quiconque, le strict minimum. Elle a tenté de réfléchir, d’analyser la situation, et ses sentiments surtout. Tu parles d’un voyage elle se sent presque aussi perdue à l’aller qu’au retour. Le rejet n’est jamais agréable à subir, et bang la voici la claque reçue par cette garce d'espérance, même si s'est fait avec délicatesse et prévenance, ça n'en fait pas moins mal.

Et la voici de retour, une soirée en taverne, à tenter de faire semblant que tout va bien, et non ça ne marche pas, elle ne se sent pas si bien que cela. Elle sort, erre dans les rues de la capitale et ses pas la mènent sans qu’elle le veuille vraiment, droit devant l’Ostau.

Soupire.

Pourquoi est-elle là ?

Peut être un besoin de parler avec Gab, encore que celle ci est surement encore en taverne, elle ferrait mieux de partir.

Peut être tout simplement l’envie, le besoin de le voir lui.

Elle est pathétique, pour lui aussi, elle n’est qu’une amie, même s’ils se sont rapprochés, il n’y a qu’une amitié, lui aussi n’éprouvera jamais rien de plus. Pour autant, elle sait qu’elle ne veut plus s’éloigner de lui, il lui a manqué durant le voyage, dès le début même, plus qu’un simple ami, et cela elle le sait avec certitude. Pour autant, elle se contentera là encore de n’être que son amie. Autant s’habituer pour lui aussi à cette idée, puisqu’il faut croire qu’elle n’est pas douée avec les sentiments.


L’espérance est une garce, sauve toi tant que tu peux.….Trop tard.


*vampires diaries, Damon
_________________
Charlyelle
« Si vous voulez connaître la valeur d’un
homme, mettez-le à l’épreuve, et s’il ne vous rend pas
le son du sacrifice, quelle que soit la pourpre qui le
couvre, détournez la tête et passez. »
-Lacordaire-

La veille, dans la Taverne de la Rue de Traverse.


C'était devenu son antre. Son lieu de tranquillité. L'endroit où elle évitait les quelques pécores qui peuplaient cette ville.Car il y a des tavernes qui puent. Certaines portent des noms angéliques et pourtant, elle peut vous assurer l'Ecossaise que la tavernière en chef n'a rien d'angélique. Une malpolie comme elle en a rarement vu. C'est que jamais encore elle ne s'était vue éjecter d'une taverne. Et croyez-là si elle vous dit qu'elle en a écookiesé. Encore l'aurait-elle mérité mais non ! Elle n'avait strictement rien fait ni rien dit qui mérite tel traitement. Mais l'Ecossaise saurait sans nul doute mettre en garde contre cet établissement. Une honte. N'allez pas "Aux vents d'Ange" la tavernière vire les minois qui ne lui reviennent pas uniquement pour son plaisir personnel. Et dire qu'elle lui achetait son pain de temps en temps. Terminé. Listée dans la caboche écossaise est-elle la pécore. Et quand la Dentellière liste, mieux vaut ne pas se trouver face à elle.
C'est donc dans une taverne bien plus accueillante qu'elle s'en était passé la soirée, en compagnie d'une angloyse et d'une irlandaise. Comme un vent des îles du Nord qui soufflait dans les lieux. Comme à son habitude, elle picolait sobrement dans son coin, laissant les deux amies papoter lorsque LA question lui avait été posé.
Alors oui, elle avait déjà fait promesse d'être là pour l'évènement. Car nul doute que ce jour là sera à marquer d'une pierre blanche. Puis la Brune, quand elle donne sa parole, elle n'est pas du genre à la reprendre. Sauf quelquefois avec son Princier père, mais entre les deux, c'est à qui je t'aime moi non plus. Pauvre Ilug qui s'en arrache les cheveux, quand ce n'est pas les poils de sa longue barbe.
Mais entre être présente momentanément et s'engager à entrer de manière officielle dans une Mesnie, il y a tout un monde. Monde que l'Ecossaise Balkanique a franchi allègrement la veille au soir. Un simple "Yep" aux accents rauques a suffit.
Isleen lui a conseillé de laisser sa roulotte là où elle se trouvait. Sait-on jamais ! En bonne place. Entre mer et lavande. Bien planquée. Isolée et riante qui regarde la mer à travers ses beaux arbres, et sourit à son jardin par-dessus une rangée d'oliviers. Sous la garde d'Ilug, Charlyelle ne se tracasse pas des masses. Là voila donc engagée de nouveau ailleurs. Différemment.


La Herse de l'Oustau - et oui encore ! bis repetita-


Elle s'était tout de même bien gardé d'en parler en détail à Ilug. C'est qu'elle le connaissait. Une esgourde paternelle aurait eu tôt fait d'être au courant. Il faudra tout de même au demeurant, lorsque l'occasion se présentera, qu'elle demande au paternel de quel stratagème ou chantage il peut user pour le faire parler le vieil homme.
Barbier-Chirurgien , Maître-herboriste, Ovate. Ouai, elle a la classe l'Ecossaise. Dentellière d'un genre très rare. Certains s'y trompent mais ça la fait sourire. Fallait marquer le coup tout de même. Pas tous les jours qu'on fait son entrée dans une Mesnie. C'est un peu comme la cour de son père. En moins grandiose. Et surtout en moins chiant.
Elle portait une robe de mousseline blanche, et le vent du soir jouait dans ses beaux cheveux bruns flottants. Ses yeux de ces beaux lacs qu’aucun souffle n’a ternis, scrutaient les lieux. Toujours sur la défensive. Médecin de la Mesnie lui avait dit l'épouse du Seigneur. La vache ! Aujourd'hui c'est son art ancestral qu'elle mettait en avant et non ses autres dons. Comme ceux de savoir manier une arme ou d'arpenter les remparts et connaitre les vieilles pierres comme personne.
Mais c'est surtout et encore une occasion de faire enrager son père. Jusqu'où peut aller la jouissance de la haine tout de même. Refuser tout héritage paternel mais accepter d'aller oeuvrer dans une Mesnie étrangère.
Avec le coup de l'amant cela nous fait Charlyelle 2- Son Altesse Vladimissime 1.5 !! Un vrai jubilée Dentelliesque. Elle a pris l'avantage ça y est !
Que la campagne est belle ! quelle tranquillité ! quelle paix profonde ! et quelle musique dans ces vagues rumeurs de la nuit ! On a ici des habitudes bien différentes de chez elle. Cette relative tranquillité qu'elle s'octroye n'a pourtant rien d'un efficace sursum corda.

Les gardes ont du recevoir les ordres, car ils s'écartent pour la laisser entrer...

_________________
Enzo
    « On dit que je suis fort malade,
    Ami ; j'ai déjà l'oeil terni ;
    Je sens la sinistre accolade
    Du squelette de l'infini. »

    Pendant une maladie – Victor Hugo

    [- Dans la nuit du 21 octobre 1460, Oustau d’Enzo et Gabrielle]


À peine revenue de l’armée, que le jeune homme se sentait épuisé, comme s’il avait parcouru des lieux et des lieux et à combattre jour et nuit. Et pourtant, ça n’était pas comme s’il s’était épuisé à marcher et attaquer les brigands. Un seul homme avait été touché, et vu leurs forces ils n’avaient pas eu besoin de combattre férocement. Il n’y avait donc aucune raison valable du pourquoi le jeune homme n’était si épuisée. Les frissonnements s’accentuait de plus en plus, et le jeune homme commençait à avoir constamment chaud et froid. Un mal profond qui venait mouillé ses vêtements et le faire greloter par la suite. Tous le croyaient malade, mais Enzo refusait de voir que son état ne s’améliorait pas. La fièvre persistait et prenait de l’ampleur, la fatigue et une impression de faiblesse le prenait souvent. Sauf qu’il n’était pas malade. Il ne pouvait pas être malade. Enzo n’avait été que très peu malade dans sa vie, et c’était très bien ainsi. Malgré les soins apporter à certaines personnes lorsqu’il aidait aux prieurés, jamais il avait attraper quoi ce soit. Il avait eu une petite toux sur le bateau, lors de son voyage vers la Bretagne, mais rien de très grave. Ainsi, le jeune homme s’entêtait à dire que cela passerait, qu’il n’avait qu’attraper un peu froid durant les nuits qui se rafraichissait lorsqu’il prenait ses gardes. Ni plus, ni moins. Pas besoin de s’inquiéter pour rien, ni de le punir de quoi ce soit.

Il n’était pas malade. Il allait très bien. Malgré la petite toux persistante qui arrivait parfois avec violence et créait une certaine douleur dans la poitrine. C’est donc en pleine nuit, agité par la fièvre qu’Enzo se réveilla, bouillant. Sa femme l’avait finalement rejoint parce qu’il avait boudé le fait qu’elle ai installé un couchage d’appoint. Les sinoples se déposèrent sur le corps de Gabrielle, puis le jeune homme de se détacher doucement pour se redresser, passant une main dans ses cheveux trempés, une envie soudaine faisant surface. Confus par la fièvre, Enzo se jeta plus ou moins sur Gabrielle, glissant une main sur le poignet droit pour la tenir. Dans ses braies l’envie faisait déjà surface, et c’est les joues rougis et les yeux brillants à cause de la fièvre que le jeune homme entreprit d’embrasser sa femme, odieusement impérieux. Il n’était pas malade, il allait très bien et il allait se faire sa femme maintenant. Un réveil brutal, sans doute. Sauf que dans la confusion, Enzo ne se rend pas bien compte de l’impudence de ses actes et l’impulsion de son exigence. Il exige donc de ses lèvres qui vont sur celle de sa femme, de ses mains qui la retienne sur le lit, de ses braies qui se tendent...


- « Je vous veux. Maintenant. »

Et il a chaud, s’essouffle, se fatigue avant même d’avoir commencé. Et alors qu’Enzo s’apprête à baisser ses braies et à mélanger sa langue avec celle de Gabrielle il recule brusquement, toujours fiévreux se mettant à tousser bruyamment sa main gauche allant se plaquer à droite, sur ses côtes et le jeune homme de grimacer et ce contorsionner quelque peu. Puis, le jeune homme de se laisser tomber sur le lit, ayant un peu de mal à respirer convenablement. Non, mais... elle ne pouvait pas attendre un cette vilaine toux qu’il fasse sa petite affaire tranquillement ? Parce que franchement ça n’était pas le moment, mais vraiment. Il allait se la faire impulsivement sa femme, se serait endormi comme un bien heureux et ça aurait calmer sa fièvre, ça c’était certain. Quoi de mieux qu’une partie de jambe en l’air pour se soigner après tout. En tout cas, ça met de bonne humeur. C’est déjà pas mal, non ? Sauf que bon voilà, la quinte de toux lui a un peu refroidit l’entre jambe qui n’est guère en pleine forme comparé à quelques instant plutôt. Et Enzo de regarder Gabrielle grimaçant lorsqu’il prend une respiration profonde.

- « Attendez... et de tousser un peu de nouveau Ça va revenir... de reprendre sa respiration Nous allons pouvoir reprendre... »

Et le jeune homme de se contorsionner de nouveau dans une quinte de toux, mais moins violente que la première, le visage bien rouge et des gouttes de sueurs perlant sur son front. Mais ça n’est pas un petit froid qui va l’empêcher de prendre sa femme. Non. Et le jeune homme de tenter de se relever, mais de finalement rester couché, essouffler.

- « Deux minutes...»
_________________

©JD Marin
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)