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[RP] Oustau de Château-Thierry - Demeure des Blackney

Charlyelle
Dans cette même nuit du 21 octobre1460-Oustau des Blackney.

La Brune avait passé ses deux dernières journées, confinée dans sa roulotte, bien à l'abri des regards, à composer moult et moult recettes et ouvrages dont elle seule à le secret. Bon Ilug aussi puisque c'est lui qui lui a tout appris. Enfin presque. N'empêche qu'elle avait pourtant bel et bien prévu de passer sa nuit dans la roulotte.
Oui mais voila, la soirée avait été un capharnaüm d'envolées de goélands. Et ceux qu'elle recevait de son père, bizarrement, n'avaient pas du tout une allure Balkanique. Ils portaient les embruns des Mers du Nord mais légèrement mélangés à d'autres qu'elle n'arrivait pas à définir. Et si le ton s'était fait grivois et plaisantin au début des échanges de missive, celui-ci n'avait pas tardé à monter. Pensez donc, quelle idée avait-elle eu d'aller le provoquer le Généralissime Princier Paternel."GPP" tel était le nouveau sobriquet dont elle l'avait affublé. Mais c'est surtout le fait qu'elle lui ait annoncé qu'elle avait un Amant Personnel Seigneurial qui avait semble t'il mis le feu à la poudrière. Et les plumes goélanesques avaient commencées à voler de part et d'autre. Bien sûr, Charlyelle, en digne fille qu'elle est, s'était bien gardé de lui spécifier que l'Amant en question vivait à de lointaines lieux de l'endroit où elle se trouvait. Forcément, la Dentellière ne voulait déjà pas lui dire au GPP où elle se trouvait. Mais la dernière envolée goélanesque s'était soudainement faite plus virulente. D'une telle virulence que Charlyelle, qui commençait à sentir comme une espèce de piège sadiquement et savamment orchestré par celui dont elle fuyait la folie manifeste, venait de prendre la décision d'aller passer la nuit dans la chambrée mise à sa disposition à l'Oustau. Son amant était bien trop loin pour qu'elle prenne le parti d'aller se cacher derrière son aura rassurante. Si, si. Il la rassure, elle vous le dit !
A moindre maux, choisir le plus pratique.

Prudence est mère de tous les vices. Mieux valait qu'elle aille se mettre quelques jours à l'abri dans un lieu où nul ne pouvait entrer sans montrer patte blanche. Enfin presque. Quand cet idiot de garde chauve ne ronfle pas dans sa cahutte au lieu de garder la herse.
La jeune femme avait donc préparé une besace dans laquelle elle avait glissé quelques affaires. De toute manière, elle en amenait chaque jour un peu à l'Oustau. De sa senestre elle portait une lourde sacoche de cuir, soigneusement fermée. L'une des suivantes de la Mesnie, il y a deux jours, lui avait montré dans quelle chambrée elle pouvait désormais passer ses nuits.
La Dentellière savait que le Seigneur était revenu. Elle parlait peu mais observait beaucoup la Brune. Et bien qu'elle ne s'inquiète pas dans l'immédiat de l'avancée de la grossesse de la Dame des lieux, ce soir elle passerait la nuit au sein de la Mesnie.

Pour rien au monde, elle n'aurait avoué que c'est parce que son "GPP" lui avait flanqué une frousse d'enfer ce soir. Et l'humeur de l'Ecossaise n'était pas au beau fixe.
Néanmoins, dans sa nouvelle chambrée, après quelques rituels du soir, car oui, Charlyelle a quelques petites manies -sans intérêt dans le contexte actuel de la narration-la voilà qui se glisse entre les draps frais de la couche. Ou plutôt, qu'elle s'y recroqueville, tâchant de trouver le sommeil.

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Gabrielle_montbray
« Je suis malade complètement malade
Je verse mon sang dans ton corps
Et je suis comme un oiseau mort quand toi tu dors »

- Serge Lama -


- Même nuit, chambre de Gabrielle et Enzo -


Bien dormir enfin. Loin des cauchemars, loin du vide créé par l’absence, de nouveau pouvoir se coller contre le corps aimé et oublier le reste.
Oui mais. Enzo était revenu, sans prévenir, de son petit périple avec l’armée et c’était tout à fait merveilleux. Mais la première nuit avait été agitée. Non pas des ébats amoureux célébrant les retrouvailles, mais par la fièvre d’Enzo. Il avait chaud, puis froid, puis de nouveau chaud, il s’enroulait dans l’edredon pour le rejeter au pied du lit, il se tournait à droite à gauche sans égards aucun pour celle qui était allongée à ses côtés. Gabrielle n’avait donc pas fermé l’œil et l’état d’Enzo ayant empiré dans la journée, elle avait décidé de se faire installer un couchage d’appoint dans la chambre. Il avait bien évidemment ronchonné et boudé et Gabrielle était venue le rejoindre. La nuit blanche de la veille avait fait son office et la fatigue l’avait emportée. Elle dormait donc. Elle dormait quand une main s’abattit sur elle, la maintenant fermement contre le matelas, réveil en sursaut et léger moment de panique. Gabrielle tente de se relever mais des lèvres viennent se visser aux siennes, un corps se coller au sien et la voix rauque, plus rauque que d’habitude, qui lui signifie une envie qui semble pressante et sans discussion possible, achève de la réveiller totalement.

Un baillement et pas le temps de répondre que la toux grasse résonne dans la chambre. Les yeux bleu sombre vont se fixer sur Enzo qui souffre. Il dira le contraire, niera et balayera tous les arguments possibles d’un « je vais très bien » mais il est malade. Malade et têu. Gabrielle lève les yeux au ciel au « nous allons pouvoir reprendre ». C’est cela oui. Ca lui rappelle quand il a trop bu et qu’il s’endort la main dans son décolleté, persuadé qu’il est que, même avec une bouteille de Calvados dans les veines, il pourra l’envoyer au septième ciel.
Gabrielle fronce les sourcils en l’entendant tousser de nouveau. Ca lui rappelle de mauvais souvenirs. Très mauvais. Elle reste les yeux fixés sur Enzo, deux minutes comme il lui a demandé. Cinq. Dix même peut-être bien. Suffisamment en tout cas pour confirmer si besoin était qu’elle a raison et qu’il a tort. Non cette nuit Enzo ne se fera pas sa femme. Ladite femme embrasse rapidement son mari, quitte donc le lit, enfile vite fait braies, chemise et chausses et quitte la chambre une bougie à la main.

- Je reviens tout de suite...

Gabrielle longe le large couloir, descend l’escalier et va secouer le garde qui fait le planton devant la cheminée de la grande salle puisqu’Audoin a été relegué à l’entrée de l’oustau. Comment s’appelle-t-il celui ci ? La brune a un truc. Enfin, peu importe c’est un garde.

- Toi. Trouve-moi Charlyelle ! Je ne sais pas si elle dort ici ou dans sa roulotte mais trouve-là et vite ! Dis lui que le Seigneur est malade. Demande à Margue, elle doit savoir où elle est.

Du moins Gabrielle l’espérait. Et elle espérait surtout que l’écossaise se trouvait dans l’oustau parce que l’emplacement de la roulotte lui demeurait inconnu « près de la mer, au milieu de la lavande » c’est un peu léger comme indication et la brune n’était pas d’humeur pour jouer à cache-cache.
Elle regarde le garde déguerpir et soupire légèrement.
Ne pas penser à la Savoie. Ne pas penser à cette toux. Ne pas penser à ce corps glacé entouré de bougies. Enzo est de bonne constitution, tout ira bien. C’est du moins ce qu’elle veut croire en remontant vers la chambre.

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Charlyelle
Chambrée de Charlyelle - Oustau

Plongée dans ses sombres pensées, elle avait fini par s'endormir. Un sommeil lourd. Peuplés de visions cauchemardesques. Des chauve-souris partout. Elle ne les supporte pas. Elle est terrifiée face à elles. Prises dans des cheveux. L'horreur. Elles sont hideuses avec leurs griffes au bout des ailes. De vrais petits monstres.
Les chauve-souris avaient toujours suscité sa terreur,depuis qu'Ilug, lorsqu'elle était enfant, lui avait raconté une histoire où l'une de ces bêtes s'était prise dans les cheveux d'une femme et s'y était emmêlée, tant et si bien qu'on avait du les couper. Dès lors, la vue, les cris ou même l'évocation de ces petits animaux l'emplissaient d'une terreur irrépressible. Puis comme un pas traînant. Un bruit étrange qui se rapprochait. Le son s'intensifiait. Oh my God ! Les pays voisins étaient en train de les envahir. Et le Vladimissime qui avait fait le voyage sans ses armes qu'il avait laissées au château. L'ennemi se montrait habile en s'introduisant discrètement dans la vallée déserte de Mispa. Il n'aurait ensuite qu'à prendre position, installer hommes et canons et les terres seraient envahies avant de s'être rendu compte de quoi que ce fût.
Le bruit augmentait. Charlyelle devait être la seule à se douter du danger qui guettait le pays paternel car tout le monde semblait dormir paisiblement.

Ma Demoiselle. Ma Demoiselle ! Réveillez-vous !

Che chuis désolée ch'ai pas pu l'empêcher d'entrer, il allait démolir la porte.

Deux embrumées se posent éberluées, sur la scène fantômatique, alors que d'instinct la Brune s'est assise dans la couche, draps ramenés autour d'elle. Pas tout à fait réveillée encore la Dentellière. Non, plongée dans son rêve cauchemardesque.

"- Il..il y a des gens... Je suis sûre que ce sont..des ennemis...au-dessus de ma chambre...Je les entends marcher..ils ont l'air très très nombreux !"

Mais non Ma Demoiselle ! Il n'y pas d'ennemi, mais nous avons le Seigneur qui est malade. Et Madame a dit qu'il fallait vous trouver, vous chercher et vous mener à lui.

Cette fois, l'esprit écossais semble sortir des limbes dans lesquelles il était plongé. Très certainement que les dernières missives reçues de son père n'y étaient pas étrangères. Menaces et chantage en règle. Mesquineries en utilisant les failles Charlyellesque.
Puis soudain la panique. Elle se rend compte de la situation et s'agite sous le drap. Elle dort nue l'Ecossaise. Toujours. Alors se trouver deux étrangers qui viennent de plus la réveiller, elle a beau être enroulée dans sa dignité, le drap bien moulé autour de son corps, il y a des limites.


"- Mais qu'est-ce que.. Vous le garde. DEHORS ! Margue ! Foutez-me le dehors que je puisse me rendre présentable !

La suivante ne se le fit pas dire deux fois et il leur fallut moins de temps qu'il n'en faut pour libérer la place, permettant ainsi à Charlyelle de passer braies, tunique à même la peau, pas le temps pour autre chose et de nouer un simple cordon de cuir dans ses cheveux les remontant sur sa nuque.

"- Le Seigneur est malade...le seigneur est malade.. Comme si c'était une nouveauté, cela fait deux jours que je le lui dis qu'il est malade !"

La veille en taverne, c'est un combat de longue haleine qui s'était déroulé entre le Seigneur et la Dentellière. L'un qui refuse de reconnaitre qu'il va mal. L'autre qui n'attaque pas de front mais qui a décidé de biaiser. Frapper là où il y a le plus de chance que ça fasse mal. Le stratagème de Charlyelle ne s'était pas révélé infructueux. Puis l'air de rien, elle avait pu établir un semblant de faits, indicateurs du mal auquel il était en proie. Elle avait même réussi à le faire cracher dans l'âtre, histoire de passer derrière accréditer l'idée qu'elle avait. Mais elle allait enfin pouvoir s'assurer qu'elle a vu juste.
Sacoche de cuir est attrappée à la volée. Dextre se saisit d'une petite fiole préparée la veille. Elle savait que ce ne serait pas négligeable.

Porte qui claque dans la nuit. De nouveau, le garde et Margue qui l'attendent. Et de les suivre en silence jusqu'à ce qu'une autre porte s'ouvre sur la chambrée seigneuriale.

"- Vous m'avez fait mander ?"

"Ce n'est pas trop tôt !" semblent rajouter les houles sereinement calmes de l'Ecossaise. Avoir la tête froide pour faire son oeuvre. Toujours.

Instant de grâce à savourer. Reddition Seigneuriale.

Premier round de gagné pour l'Ecossaise.

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Enzo
    [ - Chambre d'Enzo et Gab, toujours.]


Deux minutes. Le temps de reprendre son souffle. Le temps de reprendre le contrôle de cette toux qui lui fait mal dans les côtes. Le temps que la douleur s’estompe dans sa poitrine et lui laisse reprendre le cours des choses. Deux petites minutes qui s’éternisent en de plus longue, et le jeune homme de se redresser en grimaçant parcouru d’une nouvelle quinte de toux et de grelotement. Définitivement, il fallait que ça arrive à ce moment là. Ça n’aurait pas pu attendre. Enzo aurait presque envie de soupirer, car même si son corps n’arrive plus très bien à exprimer ses envies, elles sont là encore, et il ne peut rien faire. Pas avec cette toux du moins et cette douleur dans les côtes quand elle le secoue. Encore moins avec la faiblesse que ça lui procure et les frissons qui le parcourent. Sauf que le jeune homme est têtu, et ne compte pas se laisser abattre parce qu’il a prit un petit froid. Il est donc redressé et tente d’oublier la sensation de brulure que ça lui fait quand il respire profondément et les quintes de toux qui se pointent de façon impulsive. Mais Gabrielle semble en avoir décidé autrement, et le jeune homme de la fixer quand elle se lève et... s’habille. Han ? Comment ? Pourquoi ? Il fronce lui-même les sourcils. Dans la confusion fiévreuse il n’arrive pas très bien à tout associer ce qui se passe et réagir convenablement. Alors il passe une main dans les cheveux qui se trempent...

- « Qu’est-ce qu...»

Et elle prend une bougie, et elle lui dit qu’elle revient. Où va t’elle ? Non, mais il faut qu’elle revienne, il n’a pas fini ! Merdà ! Qu’est-ce qu’elle va faire ? Lui préparer une tisane peut-être. Comme si c’était le moment. Il ne veut pas de tisane, il veut sa femme. Rien d’autre. Et Enzo de s’agiter un peu dans l’optique de la suivre, mais finalement, mauvais idée. La toux reprends de nouveau possession de lui et le désarme sans même qu’il ai plus commencé le combat. Elle ne peut pas le laisser tranquille un peu.


- « Gab...mais...revenez ! »


Mais elle s’en va et ne se préoccupe pas du tout d’Enzo. Ou tout du moins, pas de la façon dont le jeune homme aimerait. Soupire, et de donner un coup dans le vide avant de se laisser tomber de nouveau sur le lit. Vexer. Un peu. Beaucoup peut-être même. C’est qu’il en avait envie lui, et n’y arrive pas parce qu’il semblerait qu’il soit malade. Rien de grave. Il n’avait que prit froid, mais tout le monde semblait s’inquiéter de son état de santé. De l’eau chaude, du thym et du miel et tout irait mieux. Il n’a pas lieux de se ronger les ongles pour une pauvre petite toux de rien du tout. Et le jeune homme de se tordre de nouveau sous la douleur des quintes de toux. Désagréable à n’en point douter. Enzo ferme les yeux un instant, écoutant sa respiration difficile. Grelotant de nouveau, il tire l’édredon sur lui dans un soupire lorsque Gabrielle revient finalement dans la chambre. Les sinoples s’ouvrent et observe sa femme. Un instant. Quelques minutes peut-être, il ne sait pas très bien. C’est que la confusion revient doucement et la fatigue enlace le jeune corps seigneurial. Pas du tout malade non. Il va parfaitement bien. Très bien même.


- « Où étiez-vous Toux grasse ... passez ? »

Argh ! Faites que ça s’arrête. Enzo grimace et crache dans un tissu qui se trouvait non loin. Il ferme de nouveau les yeux. Définitivement, il n’arrivera à rien. Pourtant la nuit semblait un peu moins agitée que la veille, mais son état progressait négativement. C’était si vite. Des frissons, il était passé à la grosse fièvre, et maintenant la toux incendiaire venait lui bruler la poitrine. Elle allait s’inquiéter encore de le voir dans cet état. Il n’était que très rarement malade, mais il semblerait que cette fois ça insistait, et le jeune Seigneur s’entêtait à dire que ça n’était pas grave et que cela passerait. Léger sourire – forcé – en direction de Gabrielle.

- « Je vais mieux. Venez donc... »

Gros mensonge. Peut-être. Après tout, Enzo en était persuadé. Une forme de déni. Elle, c’était sa grossesse, lui le fait qu’il était malade. Une crainte peut-être. Sa peur de devenir fou empiétait sur des terrains inconnus et complètement ridicules. Il associait les soins et notamment les saignées et les ventouses au traitement de la folie. Delà venait la crainte. Des associations biaisé par une peur insensée. Il n’avait pas envie de finir ses jours dans un prieuré à devoir soutenir des prières constantes, des saignées, des mélanges dégueulasses de plantes, être vu comme un hérétique, peut-être. Non. En pensant à ses choses, Enzo se rappelaient ses cauchemars où il brulait sous les cris, les encouragements et où les mots « hérétiques » et « brule » étaient envoyer en sa direction tandis qu’il criait en sentant ses chairs bruler et le consumer. Ou encore se retrouver enfermer, observer et qu’on utilise son corps pour tester des soins sur son mal que personne ne comprendrait. Son déni face à la maladie qui semblait ronger puisait ses sources dans la peur d’être atteint de la folie et considérer comme un possédé. Son statut de Seigneur lui accorderait la paix pour l’instant, mais combien de temps ? Puis, c’est la voix de Charlyelle – qu’il reconnu à cause de l’accent écossais – vient interrompre ses quintes de toux et ses pensées quelque peu noires. Les yeux verts de s’ouvrir de nouveau et regarder le médecin qui vient de pénétrer dans sa chambre, et Enzo d’être heureux de ne pas dormir nu. Et il y a même Margue qui reste à l’entrée. Au moins Ramulf - le garde – est reparti et n’est pas resté. Ça va jaser dans l’Oustau que le jeune Seigneur est malade. Si ça se trouve il va avoir un petit monde qui va se regrouper autour de lui au plus grand déplaisir d’Enzo.

- « Que fait... retient une toux et s’essuie le front ... elle là ! »

Je sais très bien ce qu’elle fait là. Gabrielle s’est débrouillée pour qu’elle vienne. Pour qu’elle vienne me saignée en disant que c’est pour me soigner. Elle me fera boire des choses aussi pire niveau gout que ce que vous m’avez fait boire lorsque j’ai avalé des baies de belladone. Je ne suis pas malade. Ça passera. Foutez-moi la paix tous. Sauf que la toux vient de nouveau faire agiter mon corps et je crache de nouveau dans le tissu. Mon regard se dépose sur les femmes. Gabrielle. Charlyelle. Margue.

Merdà.

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©JD Marin
Charlyelle
Dans la chambre Seigneuriale


"Ô Fièvre, avec ton frère la Consomption, avec ta sœur la Toux, va-t-en frapper les gens d’en-dessous"
Maxime des Indes.

***

- « Que fait... elle là ! »


"- Elle vient pour vous soigner, pas pour vous faire la conversation !"

Le ton est donné. La Brune n'est point venue pour rien et ne se laissera pas démonter par un jeune Seigneur bourru et terrifié. Elle s'interrompit une seconde, se rapproche auprès de lui et passe un petit mouchoir sur son front blême. Elle entend, dans le silence, la respiration courte de ses poumons rongés, comparable au froissement d'un papier de soie.

Pas un cil ne frémit chez la Celtique dont le diagnostic lui apparait pourtant comme une évidence. La Dentellière n'est pas de ceux qui se prétendent médicastres et ne sont que charlatans.

La jeune héritière a reçu les meilleurs enseignements qui soient. Et auprès d'Ilug, depuis les longues années de sa prime enfance, elle a reçu formation ancestrale. Herbes, dentelle de chairs sans aucun secret pour elle, pierres précieuses, jusqu'aux contre-poisons qu'elle sait distiller en toute discrétion.
Et la perle. Cette fameuse, rare et si précieuse perle qui est l'un des emblèmes de la richesse familiale. Aux si nombreuses vertus pourtant. Et ce soir, voilà qu'elle a encore un rôle à jouer. Triple symbolisme, Lune-Eau-Femme, propriétés de la perle : médicinales, gynécologiques et funéraires. la perle, la véritable panacée de la Dentellière. La marque de fabrique de la Pearly Gate écossaise comme la surnomme son père.

Assise auprès d'Enzo, elle verse dans un godet le contenu poudré d'une petite fiole, qu'elle mélange à un peu d'eau.


"- C'est de la poudre de perle. Très efficace contre les hémorragies, les fièvres, la jaunisse, la folie, l’empoisonnement, les maladies d’yeux, la phtisie, et elle est aussi utilisée pour traiter la mélancolie, l’épilepsie et la démence."

Combien de fois Ilug le lui a t'il dit. "la connaissance ne doit pas être livrée inconsidérément à ceux qui en sont indignes. Le symbole est la perle du langage, cachée sous la coquille des mots."

La druidesse qu'elle est ne peut s'empêcher de s'exprimer.

"-L’Atharva-Veda dit que la perle est la fille de Sôma, qui est la lune, ainsi qu'un breuvage d’immortalité. Elle protège la vie."

Instant où elle rassure. Où elle tente du moins. Non. Elle ne le laissera pas mourir.

Un temps de pause durant laquelle elle en profite pour prendre un pouls faible, mol et ondoyant, d'une dextre précise, et aviser des symptômes qui ne viennent que confirmer un état qu'elle connaissait déjà. Puis son regard se porte sur Gabrielle, avant de glisser sur lui de nouveau.


"- Vous avez contracté une forme de Phtisie. Elle n'est pas anodine, mais j'ai déjà vu plus virulent. Prise à temps, il y a espoir de vous tirer de là. A condition de prendre en compte ce que je vous dis et de cesser de n'en faire qu'à vostre tête. Ce qui est rassurant, c'est que vous ne vomissez pas. Et heureusement ce n'est pas une phtisie dorsale que vous avez, celle des bordels."


Allez y Enzo piquez là votre crise maintenant. Vous qui depuis deux jours refusez tout soin et vous pavanez fièrement en clamant que vous n'êtes pas malade. Elle jubile en silence.

Elle attend, méfiante et secoue avec précaution la fiole tout en s'efforçant d'expliquer. De rassurer. De ne pas être trop abrupte, sauvageonne comme elle est , il est des moments où elle ne se rend pas forcément compte qu'elle peut choquer, ou créer un instant de panique. Brut de coffre est-elle l'hydrique hyvresse à qui ça colle à la peau.


"- Ayez confiance. C'est redoutable comme traitement. Le Roy lui même vous jalouserait s'il savait que vous avez droit à médication de telle fortune et ampleur. Trois godets dans la journée. Pas plus. Ni moins."

Un sourire qui se veut réconfortant. Et ils se font rares les sourires de la Dentellière. Elle connait son oeuvre l'Ecossaise. Ainsi que l'héritage de ses ancêtres et de sa mixité de culture.

"- Outre cela, d'autres soins sont nécessaires. Plusieurs perspectives au choix. La première, une bonne saignée. Néanmoins, vu votre affaiblissement actuel, je ne la préconise pas d'emblée.
La seconde, c'est la pose de ventouses. Je vous préviens, je n'utilise pas de sangsues. Je procède par une autre méthode.Il existe aussi une alternative : le lait de femme. Cela rend la toux plus supportable. Mais pour cela il aurait fallu une nourrice."


Les brumes se posent sur Gabrielle, tout à fait sérieuses.

"- Mais vous avez déjà du mal à en trouver pour l'enfant à venir alors en trouver une pour votre espoux. Si vous veniez d'enfanter nous aurions pu nous servir du vôstre Gabrielle. Ceci n'étant pas, inutile de nous attarder sur ce traitement-ci. La nourrice, ou une jeune fille bien fraîche et saine évidemment se glisse dans la couche auprès du malade. L'émanation du corps de la demoiselle s'insinue dans les pores du patient épuisé et lui redonne de l'énergie, au détriment de la jeune personne qui dépérit insensiblement*. Ah et je rajouterais, qu'il est formellement interdit de cracher par terre et de parler breton. Je vous laisse le choix : saignées ou ventouses. Sachant néanmoins que le traitement avec les ventouses est plus douloureux que la saignée. Plus long aussi."

La Dentellière possède cette aura qui fait qu'elle n'impose jamais rien à ses patients. Elle leur laisse toujours le choix. Même lorsque par la suite, elle doit prendre décision contraire à la leur, et ce pour leur bien. Mais sa conception et l'éducation qu'elle a reçue font d'elle l'être quelque peu à part qu'elle est déjà du fait des origines de sa naissance. Dont elle ne dévoile rien ou si peu.

Elle s'éloigne quelque peu de la couche, leur laissant un brin d'intimité et se dirige vers la suivante, toujours présente dans la pièce. L'Ecossaise lui murmure quelques mots. Lui demandant de bien vouloir prévenir le mestre-queue dans les cuisines de sa visite dès le lendemain.




* La tuberculose au cours des âges, livre de Charles Coury, 1972. Ed. Lepetit à Suresnes
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Gabrielle_montbray
« Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies. »
- Molière -

Gabrielle entend la toux avant même de pénétrer à nouveau dans la chambre. Cette toux qui semble venir de loin et qui laisse la respiration d’Enzo en suspend quelques instants à chaque fois. Quelques instants pendant lesquels le cœur de Gabrielle semble, lui, cesser ses battements réguliers, attendant avec angoisse que le souffle reparte, même trop court, même trop sifflant.
Gabrielle prend une profonde inspiration avant de rentrer dans la chambre. Ne pas s’inquiéter. Surtout ne pas s’inquiéter . Tout ira bien.
Elle sourit à Enzo tout en se dirigeant vers le lit et ne répond pas à la question. Il va faire la gueule dès que Charlyelle ramènera ses fesses dans cette pièce, inutile de prendre de l’avance.
Et non, il ne va pas mieux, mais oui, elle va vers lui, grimpe sur la couche, envoie valser ses chausses, et s’asseoit à côté de lui, contre lui, lui prenant une main brûlante entre les siennes.
Elle l’embrasse même. Un baiser léger entre deux quintes de toux. Il veut plus, mais il ne peut pas plus, alors il devra faire avec.

Gabrielle avait laissé la porte ouverte et ça débarque. Le garde – dont le nom lui échappe encore – a conduit Margue et Charlyelle jusqu’à la chambre. Margue reste pudiquement à la porte, attendant très certainement de savoir si on a besoin d’elle mais Charlyelle prend possession de l’espace. Elle est médecin. Le médecin de la mesnie. Ca lui donne un statut à part. Et elle semble maitriser son affaire à merveille. Et avoir bien cerné le caractère du maitre des lieux.
Gabrielle retient un petit rire à la phrase d’introduction de l’écossaise. Mais elle se contient, Enzo le prendre mal très certainement. Elle s’éloigne un peu pour laisser à Charlyelle toute latitude d’examiner Enzo. Et avec un peu de chance personne ne la voit blêmir quand la dentellière dit « il y a espoir de vous tirer de là ». Ca n’est donc pas certain. Enzo peut mourir. Elle le savait évidemment, mais de l’entendre énoncer, c’est tout simplement terrifiant.
Phtisie. Sa mère a eu ça. Elle ne s’en est pas sortie, elle. Gabrielle chasse les images atroces qui envahissent son esprit, elle reste à écouter, une boule d’angoisse au creux du ventre.

Les saignées ou les ventouses. Que du classique. Enzo refusera les saignées, elle le sait déjà. Et elle a promis qu’elle ne ferait rien pour le forcer et qu’elle interdirait toute tentative de quiconque de passer outre cette interdiction. Pas de saignées donc.
Passons à la suite. Le… lait de femme. Voilà autre chose. Et pourquoi est-ce que Charlyelle la regarde comme ça ? Elle est folle. Cette femme est folle. Parce que même si Gabrielle étant en état de… heu… fournir la matière première, elle ne le ferait pas. Et puis comment fait-on d’abord ? Le malade se sert à la source ? Ou la femme se fait traire comme une vulgaire vache ? Et si la brune envisage sans souci aucun qu’Enzo pose ses lèvres à cet endroit précis de son corps, ça n’est certainement pas pour qu’il la tête comme un bébé. Gabrielle frémit rien que d’imaginer la chose.
Gabrielle ouvre de grands yeux. Qu’est-ce que c’est encore que ça ? Charlyelle croit vraiment qu’elle va laisser une jeune pucelle dormir à côté de son mari ? Pas forcément pucelle ceci dit puisqu’une nourrice peut faire l’affaire. Gabrielle fait une petite moue et en conclut qu’elle-même n’est plus ni fraiche ni saine puisque sa présence nocturne au côté d’Enzo ne semble pas améliorer son état.

Un soupir.
Si on pouvait en rester aux saignées et aux ventouses, et à la poudre de perle-qui-rendrait-le-Roy-jaloux-s’-il-savait, ça ne serait pas plus mal.

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Enzo
Les sinoples observent Charlyelle. Dentelière de l’hydre. Anciennement. Celle en qui il n’avait que très peu confiance. Celle avec qui il avait eu une discussion très sérieuse à propos de la liste instaurée depuis peu dans le Languedoc. Sévère. Qui disait le nécessaire. Une certaine menace. Puis l’esprit d’Enzo s’était dissipé de cette méfiance et cette colère pour laisser un peu de place à l’écossaise. Gabrielle arrivait à communiquer tellement mieux que lui, que ça le mettait parfois face à des gens qui autrement il aurait méprisés, mais qu’à force il arrivait à accepter autour de lui, ne serais-ce que pour boire un verre ou pour gueuler contre ses déboires conjugaux. Alors il la détaille comme il peut, le regard un peu floué par la fièvre et les quintes de toux le forçant à fermer les yeux. Elle est là. Dans son intimité. Dans sa chambre. Et Enzo de n’être qu’en braies – et une chance qu’il ne dort pas nu ! – soupire. Il a une angoisse latente quand Gabrielle se détache et que la dentelière se rapproche et passe un linge sur son front. Elle le touche. Le corps tout entier se raidit sans même que le jeune Seigneur puisse dire quoi ce soit. Le cœur se serre dans sa poitrine et les sinoples fuient le regard de la dentelière cherchant la main de Gabrielle. Il déteste la promiscuité. Et s’il est habitué à tout ses gens dans sa demeure qui vont et viennes qui savent tout de sa vie dans l’Oustau ou presque, entendent les conversations et autres, la présence de Charlyelle là, qui le touche angoisse Enzo. Trouvant la main de sa femme, le jeune homme tousse de nouveau, fuyant toujours le regard. Elle est assise sur son lit. Puis, d’un coup le regard enzesque retourne sur Charlyelle.

- « Je ne suis pas fou ! »

Quinte de toux. C’est sorti tout seul. Elle venait de dire les mauvais mots la dentelière. Et Enzo de s’imaginer qu’elle veut le soigner de ses folies, ses colères et ses humeurs impulsives. Gabrielle lui aurait-elle parlé de cette fameuse nuit dont-il-faut-taire-l’existence ? Et le jeune Seigneur de Falmignoul de devenir quelque peu paranoïaque. La fièvre n’aidant pas et favorisant ses délires psychologiques. Et qu’est-ce qu’elle dit là ? Protéger la vie ? Quoi, il va mourir ? Et le diagnostique de tomber comme une pierre dans le fond d’un lac. Lourdement. Phtisie. Comment a t-il pu contracter ça lui ? Enzo de déglutir. Il sait ce que c’est. Il connait même quelques risques de cette maladie. Il n’en connait pas vraiment le traitement, ni tout les symptômes, mais assez pour comprendre qu’il n’a pas « seulement prit froid », comme il le rabatte depuis quelques jours déjà. Et lui aussi à comprit le « Il a espoir de vous tirer de là ». Le reste ? Il n’a pas vraiment écouté. Le Très-haut devait lui en vouloir pour le rendre malade cette façon. Il n’y avait pas d’autre explication. Une punition divine pour ses pêchers, car les séquelles d’une phtisie pourrait ruiner ses chances d’entrer un jour dans l’armée du Roy ou de faire de grandes campagnes. Ne serait-ce que l’Amirauté pourrait lui être interdite. Définitivement, le Très-haut lui en voulait et avait décider de punir son enfant qui se dissipait dans l’égoïsme, l’arrogance, la colère, l’orgueil. Sans parlé qu’il avait eu quelques rapport avec le pêché de luxure auparavant, et que le jeune Seigneur était relativement arriviste. Puis la voix de la dentelière de revenir percuté à ses oreilles. Non, Enzo ne fit pas de crise, pas comme on aurait pu le croire. C’était un semblant de silence entre la toux. Une crise silencieuse.

- « Qui traite la folie oui... »

Et de se taire serrant la main de Gabrielle, la peur au ventre. Pourtant sa mère n’était pas un charlatan. Il s’y connaissait en médecine, mais ses angoisses personnelles venaient rentrer en conflits avec les propos de Charlyelle.

- « Je refuse la saignée. Et... du lait de femme ? »


Enzo suit le regard de l’écossaise, et ses yeux s’arrondissent d’un coup. Et les paroles. Elle pense vraiment que ? C’est que même si c’était le meilleur traitement du monde, Enzo n’accepterais jamais. Tirer, peut-être, mais s’il devait mettre sa bouche sur... Même celui de Gabrielle. La pudeur du jeune Seigneur et sa crainte de la nudité de lui ne permettraient pas de faire tel chose. Oui c’était impensable d’être aussi casse-pied à son époque, mais les angoisses du jeune homme était réels, et ça il ne pouvait rien y faire. Contre-nature. Contre époque. Sans doute, mais c’était comme ça. Alors oui, c’est un visage quelque peu effrayé qui regarde la dentelière, puis Gabrielle et de nouveau l’écossaise.

- « Vous avez bu... ? »


Question bête, mais c’est que ça lui parait quelque peu inconcevable qu’il dorme à côté d’une « jeune fille bien fraîche et bien saine » ou qu’il boive du lait de femme. Pourtant il sait bien que ce dernier à de bonne vertu, mais tout de même. Les sinoples de regarder le godet que Charlyelle a préparé, tandis qu’elle se lève pour aller voir Margue. Une violente quinte de toux le prenant soudainement et martyrise quelque peu Enzo qui se tient les côtes et grimace. Phtisie. Il peut mourir. Il doit se soigner. Sauf que... Oui, il doit. Un peu. Puisque que c’est une punition divine, il doit racheter ses pêchers. La prière, le confiteor. Tous les jours. Se remettre dans le chemin de la prière quotidienne. Retourner à la messe, mais ailleurs qu’à la cathédrale de Montpellier, dans lequel il serait bien incapable de rentrer. D’ailleurs à ce souvenir, le jeune homme jeta un œil à la cicatrice de brulure qui se trouvait sur son épaule gauche. Rien d’aussi impressionnant que ses deux cicatrices sur le torse. Une sur le flanc gauche et se courbe avant l’aine et l’autre sur le ventre, mais plus vers la droite. Nette. Mais tout de même. Elle lui rappelait un mauvais souvenir. Et Kaëlig aussi. Qui était parti avec les Von Frayner. Le jeune homme se dissipait dans ses souvenirs. La crainte de mourir peut-être. Pourtant il n’avait pas peur de mourir, mais n’avait pas spécialement envie que ça arrive si rapidement. Pas maintenant. Il avait Gabrielle. Il voulait voir grandir son fils. Peut-être que Dieu voulait le punir d'avoir abandonné cette femme et son bébé dans la cathédrale ?

- « Un sceau sera installé. Et je déteste la Bretagne, je ne parlerais donc pas breton. Et comme dit, je refuse la saignée. Faites les ventouses si c’est nécessaire... N’avez-vous toutefois rien pour cette toux. C’est douloureux. Et la fièvre aussi... »


On arrête de dire qu’il n’est pas malade. Enzo tente de faire confiance un peu à l’écossaise. Un peu. Et de s’agiter de nouveau dans une quinte de toux et fermer les yeux un instant. La fatigue le prenant de nouveau ainsi qu’une faiblesse évidente. Enzo se tait donc et décide de garder les yeux tenant toujours la main de Gabrielle dans la sienne. Demain serait un autre jour, et tout irait mieux. Si ça se trouve, Charlyelle s’était trompé et Enzo avait réellement prit froid. Un froid qui prenait un trop d’ampleur mais qui serait vite rétablie. Tandis que si c’était la phtisie, le jeune Seigneur était certain qu’il en avait pour quelques mois de traitement, même si la plupart des symptômes pourraient disparaitre après quelques semaines. Doucement. Ou au moins être moins fort. Il ne fallait surtout pas que son suzerain apprenne ça. Car il se retrouvait tout de même invalide en cas d’attaque de Dinant, ou une levée de ban dans le SRING. Oui... Valait mieux qu’il ne sache pas et s’endormir avant que l’angoisse ne le fatigue encore plus et donne la chance à la maladie de se propager plus rapidement et ailleurs que dans les poumons. Déjà que des maux tête commençaient doucement et venait augmenter la liste des symptômes. Enzo était malade. Vraiment malade. C'est un état de fait.


- « Confiteor Deo omnipotenti, Et omnes Sanctis et vobis, fratres, quia peccavi nimis cogitatione, verbo, opere et omissione, mea culpa, mea culpa,mea maxima culpa.Ideo precor omnes Sanctos, et vos, fratres,orare pro me ad Dominum Deum nostrum.Misereátur nostri omnípotens Deus et, dimíssis peccátis nostris, perdúcat nos ad vitam aetérnam. Amen. »

Trad.
Je confesse à Dieu Tout-Puissant, à tous les Saints, et à vous aussi, mes frères, parce que j'ai beaucoup péché, en pensée, en parole, en action.
C'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute.
C'est pourquoi je supplie tous les Saints, et vous, mes frères, de prier pour moi le Créateur notre Dieu. Que le Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde, qu'il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle.
Amen.

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©JD Marin
Charlyelle
Les hommes ne savent ni être entièrement bons, ni entièrement mauvais.
L'homme sensé s'adapte au monde, l'homme insensé s'obstine à essayer d'adapter le monde à lui-même. Enzo est un Dieu malade. A sick god.

-Made in JD Charlyelle-

***

Qu'est-ce qu'il a à la mater ainsi ? Non j'vais pas vous manger, ni vous mordre, et encore moins vous violer ou vous sauter dessus ! Elle n'aime pas ce regard qu'il pose sur elle. Puis elle le sent se raidir totalement -enfin presque-alors qu'elle lui éponge le front. Et bam. Il soupire. Et il prend la main de Gabrielle. Alors elle lâche aussi un soupir pour toute réponse sans pour autant cesser son oeuvre.

- « Je ne suis pas fou ! »

"- Personne ici n'a dit que vous l'êtes."

Ah bien voila elle lui a coupé la chique en lui annonçant son mal.

- « Je refuse la saignée. Et... du lait de femme ? »

"- Nous allons nous servir des ventouses alors. Et le lait de femme on s'en passera, nous n'avons de toute évidence pas ce qu'il faut sous la main."

Le drap est légèrement abaissé, alors qu'elle prend acte des plaques rouges qui ornent le torse du Seigneur. Un regard sur Gabrielle.

"- Appuies du bout de ton index sur ses plaques. Plusieurs fois, que je puisse me rendre compte."

Et non, elle ne le fera pas elle-même. D'abord parce qu'elle a froid aux mains. Et puis parce que Gabrielle est là. Autant qu'elle le fasse.

"- Quelques frictions, mais seulement quand sa fièvre aura baissé, avec un baume à base de camphre et de girofle et les plaques disparaitront. Si tu n'as pas ça dans l'apothicairerie de l'Oustau, j'en ferais un".

- « Un sceau sera installé. Et je déteste la Bretagne, je ne parlerais donc pas breton. Et comme dit, je refuse la saignée. Faites les ventouses si c’est nécessaire... N’avez-vous toutefois rien pour cette toux. C’est douloureux. Et la fièvre aussi... »

"- Pour la fièvre, je vais voir ça avec votre mestre-queue, qu'il vous concocte ce que je vais lui demander. Et pour la toux, commencez déjà par avaler votre poudre de perle comme je vous l'ai demandé et arrêter de les cacher à droite à gauche, ça prend pas, on les retrouve et Margue a un flair certain pour la chose. Puis si vous êtes sage, je vous porterais un vin épicé qui se fait chez moi et qui n'a pas son pareil pour vous calmer la gorge".

Et les mains de plonger dans sa sacoches de cuir et en ressortir garnies de ventouses en corne. Avec une ouverture à la base, et une autre, bien plus petite sur le sommet. Charlyelle les applique simplement sur la peau, et se penchant au-dessus de la minime ouverture du sommet, elle vient y coller ses lèvres afin d'aspirer l'air, avec sa bouche. Puis se munissant d'un petite plaque de cire qu'elle tenait en main, elle se redresse et vient clore l'ouverture, afin que la ventouse demeure adhérente. En silence, elle répète l'opération avec autant de ventouses que nécessaires, qu'elle a disposées sur le torse du jeune seigneur. C'est maintenant sa lancette qu'elle prend en main, et de manière précise mais légère, elle effectue quelques scarifications sur la peau, recueillant ainsi du sang. Moins violent que la saignée, l'application des ventouses est sans danger. Néanmoins le traitement est plus long, car moins efficace que la saignée pure sur le moment.

- « Vous avez bu... ? »

Léger sourire de la Brune.

"- Pas plus que d'habitude".

Sachant pertinemment qu'il n'a aucune idée de ce que cela signifie, elle jette un regard serein sur lui.

"- Vous avez le droit à une promenade en litière au port chaque jour. Vous pourrez en profiter pour surveiller les navires et me prévenir si jamais vous en voyez débarquer un battant pavillon étranger. Mais c'est surtout que la gestation au port ne fera que du bien à votre organisme. Par contre..J'ai dit le port et pas les tavernes ! Si je vous attrappe en taverne c'est moi-même qui vous raccompagne dans votre lit. J'vous garantis pas que ce sera une partie de plaisir. Vous n'avez qu'à demander à votre garde et à Isleen de venir vous tenir compagnie. Ils auront sans doute nombre de choses à vous raconter. Ils vous feront la conversation, ça vous occupera et le temps passera plus vite. Puis surtout vous serez dans votre lit !"

Les océans houleux s'écarquillent alors lorsqu'elle l'entend se mettre à psalmodier.

- « Confiteor Deo omnipotenti, Et omnes Sanctis et vobis, fratres, quia peccavi nimis cogitatione, verbo, opere et omissione, mea culpa, mea culpa,mea maxima culpa.Ideo precor omnes Sanctos, et vos, fratres,orare pro me ad Dominum Deum nostrum.Misereátur nostri omnípotens Deus et, dimíssis peccátis nostris, perdúcat nos ad vitam aetérnam. Amen. »

"- Quand revient le temps nouveau, il revient aussi vers nous, quand les bleuets naissent dans les prés et que l'avoine fleurit dans les champs,
Quand chantent les pinsons et les linots, Il revient avec les fêtes, il revient à nos pardons".


Charlyelle le regarde et sourit, un tantinet provocante, à cet homme qui est resté un grand enfant. Ce Seigneur qui cache moult faiblesses dont elle a commencé à entrevoir les entrelacs. Et c'est justement là où il est mal barré avec elle le Seigneur de Falmignoul. Pas prête de le craindre. Même avec toutes les menaces qu'il a pu lui faire. Si vous me cherchez, vous allez me trouver. Il y a vraiment des baffes qui se perdent.


"-Yep. Vous voyez. Moi aussi je sais faire".
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Enzo
- « N’essayez pas d’être provocante sur ce sujet, ici. Je peux me montrer beaucoup moins tolérant entre mes murs. »

Et reste néanmoins que c’est lui qui l’embauche. Après, ça n’est pas vraiment le bon moment pour renvoyer son médecin – et il n’y pense pas vraiment – mais le jeune homme ne va pas laisser passer les provocations parce qu’elle a réussi à avoir un pas pire statut ici. Surtout qu’Enzo ne sait pas que Charlyelle est noble, ce qui ne la rend pour lui, guère plus signifiante que les autres membres de la mesnie. Ils travaillent tous pour lui, après tout. Et c’est lui le seigneur et maitre. Même malade. Il va se soigner. Il l’a promis. Il va donc prendre tout ce que lui donne Charlyelle. Elle pourrait bien l’empoisonner. Mais le ferait-elle ? Enfin, peu importe. Enzo avait d’autres soucis. Et les ventouses ça n’est pas le traitement le plus agréable. Il a grimacé. C’est certain. Il n’a rien dit, mais il a grimacé. Mais rien n’est pire que cette fameuse fois où on l’a opéré au flanc pour éviter que le pue se propage dans son organisme. Une cicatrice mal refermée. Un boulot bâclé qui avait failli lui valoir la vie. Mais on l’avait ouvert et le médecin du Béarn s’était débrouiller pour que ça ne se propage pas et surtout pour enlever tout le purulent avant de refermer la blessure correctement. Un traitement pour s’assurer que la guérison se passerait sans dommage et que ça ne recommence pas lui avait été donné ensuite. Mais honnêtement, Enzo n’avait encore jamais vécu pire douleur que de se faire ouvrir et son seul anesthésiant avait été une bouteille d’Armagnac entamée quelques heures avant. Il avait cru que ses dents allaient casser sur le bout de bois qu’il avait dans la bouche pour le retenir de crier et surtout pour qu’il puisse mordre dans quelque chose. Mais peu importait. L’important c’est qu’il avait survécu,. Et il survivrait encore cette fois.

Enzo de tousser bruyamment, avant de toiser de nouveau Charlyelle. Épuisé. Réveil brutal, envie soudaine qui ne sera pas assouvie, toux consécutives et la fièvre venaient le fatiguer. Sans oublier le traitement. Il tenait toujours la main de Gabrielle dans la sienne. Un besoin. Un lien. Un symbole. Cette main signifiait la présence de Gabrielle mais pas juste. C’était une forme de demande. Un « reste » silencieux. Il était homme, oui, mais parfois il était facile d’oublier qu’il n’avait pas encore la vingtaine. Celle où l’homme est considéré à sa juste valeur et plus en apprentissage. Et en ce sens, il avait besoin de sa femme. De toute manière, il avait toujours besoin de quelqu’un près de lui. La peur de l’abandon étant une crainte qui l’envahissait si facilement depuis la mort de sa mère. Mais ça n’avait pas d’importance. Enzo se mis à se demander si elle était là, Nennya. À le regarder. À s’assurer qu’il guérisse. Ou peut-être n’aimait-elle plus son fils pour ce qu’il avait fait. Marier Gabrielle. Enzo se perdait encore dans ses réflexions, soumis à la volonté de sa fièvre et de ses quintes de toux. Peut-être voulait-elle qu’il la rejoigne. Et qui choisirait-il entre sa mère et Gabrielle. Enfin... Ça n’avait pas d’importance pour l’instant et les sinoples de se déposer sur sa femme, un instant.


- « Vous voyez bien que ça n’est rien de grave... »


Léger sourire. Pas plus. Il allait être confiné au lit maintenant. Chouette. Bien sûr qu’il tentera de contourner la règle, mais ça c’était autre chose. Il s’ennuierait surtout. Et même si on venait lui faire la discussion dans sa chambre ça serait bien différent. D’ailleurs sa chambre c’est son intimité. C’est lui et Gabrielle. Il n’a pas spécialement envie d’y voir débarquer pleins de gens, mais ça c’est autre chose encore.

- « Je suis fatigué... »

Normal après tel traitement. Et Enzo de fermer les yeux, en espérant qu’on va le laisser tranquille pour dormir un peu. Au moins jusqu’à ce que la fièvre ou les quintes de toux le réveillent de nouveau avec brutalité.

[HRP : Et hop, changement de jour, ça serait l’idéal.]
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©JD Marin
Charlyelle
Dans les cuisines de l'Oustau, dans l'Antre de Samson.

Elle avait laissé Enzo se reposer auprès de Gabrielle. La maladie avait été diagnostiquée, les soins promulgués, du moins pour le moment et c'est en direction d'une prochaine bataille qu'elle se dirigeait. C'est que Margue lui avait fait comprendre que le maître-queux n'était pas commode. Le Seigneur quant à lui l'avait prévenu qu'il était terrible. La brune avait haussé des épaules. Et là voila qui déambule dans les couloirs de l'immense bâtisse. Apparemment pas assez grande, elle a ouï dire qu'il allait falloir agrandir, car la Mesnie prenait de l'ampleur.
Mouai, ferait déjà bien de rembaucher Isleen. Elle est bien placée Charlyelle pour savoir qu'une Mesnie sans intendante c'est un peu comme un homme sans..maîtresse. Kac'heri* Charlye !! Même jusque dans les profondeurs des cuisines faut qu'il vienne s'incruster dans ton esprit ce Mainois-là ! - et oui, c'est qu'elle est toujours persuadée qu'il est du Maine son Maître-Amant-.

C'est moi, la Dentellière, j'débarque. Et avec l'autorisation des maîtres des lieux encore. Yep ! C'est mentionné dans l'contrat de base, de qualité, toussa toussa. Juste un p'tit point à discuter qui la chiffonne mais pour le reste, il n'y a rien à dire.

Porte de gauche, lui avait dit Gabrielle. Enfin gauche si on regarde depuis la cour ce qui impliquait qu'en fait il s'agit de la porte de droite. Et bingo ! Elle est dans la place. Et la tactique est déjà bien rôdé. On commence par quoi ou par qui ? Par l'échanson** qui se trouve sur les lieux.

"- Hep mon brave, ne t'éclipses pas, je vais avoir besoin de toi ! Pour commencer peux-tu m'indiquer qui parmi vos troupes se trouve être le maître-queux Samson ?"

Un index qui se pointe vers la masse qui semble s'activer près des fourneaux géants là-bas dans le fond. D'un oeil expert, elle jauge la distance et le temps de l'effectuer, le plan de bataille est déjà dressé.

Samson, à nous deux.


*bordel
**Un échanson était un officier chargé de servir à boire à un roi, un prince ou à tout autre personnage de haut rang. En raison de la crainte permanente d'intrigues et de complots, la charge revenait à une personne en qui le souverain plaçait une confiance totale. L'échanson devait en particulier veiller à écarter tout risque d'empoisonnement et parfois même goûter le vin avant de le servir.

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--Samson
[Dans MA cuisine]

Moi c'est Samson.

Je suis le Mestre-queux de la Mesnie, le cuisinier en chef. Et la cuisine c'est MON domaine. A moi. Rien qu'à moi. Aucun intrus n'est toléré dans les lieux. J'ai bien dit AUCUN. A part le Seigneur et sa Dame.
Ici tout marche non pas à la baguette ,mais au fouet ! Echansons, commis, apprentis faut que tout le monde soit au pas. C'est comme ça et ce n'est pas autrement.

Oui je suis Samson.

Le plus grand, le plus beau, le plus costaud, le plus machiavélique de tous les Mestre-queux. Mais le plus expérimenté aussi. Et le plus doué. - Assurément, il possède une vision très caricaturée de sa personne-.



Je mettais ma première fournée de pain au four lorsque je l'ai vu entrer. ELLE. L'intruse. Qui touche à mes marmites. Qui soulève des couvercles. Qui se croit en terrain conquis. C'EST CHEZ MOI ICE LIEU !!
J'ai donc pris en main le plus gros poêllon que j'avais à portée. A la guerre comme à la guerre.

Et je l'attends de pied ferme, en lui assénant mon plus mauvais regard.
Charlyelle
Cuisines de l'Oustau..et oui toujours..

Impressionnée par l'arme en main ? Pas même. D'un geste amusé, elle caresse sa dague qui dort en son fourreau et s'avance, nonchalante, soulevant couvercle de marmite par çi, par là. Elle hume les fumets qui s'en échappent et s'avance vers le maître des cuisines.

"- Bonjour Samson. Je suis Charlyelle, chargée de soigner votre Seigneur qui est un brin malade. Je trouve que vous avez une manière bien à vous de tenir votre cuisine. C'est propre et efficace, on sent l'homme d'expérience".

Et hop. Emballé c'est pesé, on complimente un brin pour en arriver à ce que l'on souhaite.

"- Je m'en viens vous rendre une petite visite, car j'ai quelques petites choses à vous demander. En fait, j'aimerais que vous m'aidiez à soigner votre Seigneur. Vous aussi, vous le pouvez ! Il vous suffit pour cela de mettre tout votre talent en pratique. Si vous vouliez bien lui concocter quelques petits plats."

On s'interrompt, on fait une pause. Légère. Et on observe la face qui semble trouver intérêt à ce qu'elle lui dit. Oui, la main a déposé le poêlon sur le plan de travail. Elle progresse l'Ecossaise, elle progresse.
Préambule terminé, passons maintenant à l'attaque générale.

"- Donc. Si de vos mains expertes vous pouviez travailler quelques aliments de bons sucs, de ceux qui résistent à la corruption et sont quelque peu influents sur les humeurs aussi. Mais je voudrais aussi que lui fassiez des plats à base de nourriture adoucissante. C'est bon pour sa phtisie. Quelques crèmes faites avec l'orge mondé, la fromentée ou l'amidon, auxquels on ajoute du lait. Je voudrais aussi que vous me fassiez cuire de la farine avec de la graisse de brebis. Par contre vous m'agrémentez ça à votre sauce parce que je crois que pour le lui faire avaler ça va être laborieux cette histoire. Il a le droit au gibier et à la volaille. Privilégiez la volaille. Le poisson très peu mais le loup marin et les mulles je n'y vois pas d'inconvénients. Et puis la citrouille, les œufs mollets, le pourpier, les colimaçons, les dattes, les fruits qui ni sont ni acerbes ni acides, le vin doux ou léger, le vin de raisins scellés au soleil, le vin cuit, les olives conservées dans l'une ou l'autre de ces liqueurs; les matrices, le groin, les pieds de cochon ; toute chair grasse et gélatineuse, et tous les foies d'animaux."

Elle le regarde, espérant qu'il aura réussi à mémoriser au moins la moitié de ce qu'elle vient de lui dire. La Brune lui aurait bien fait une liste mais elle se doute que le mestre-queux n'est pas forcément un érudit et que sa liste partirait plutôt au feu ou servirait à torcher on ne sait trop quoi.

"- Et bien voila Samson. Je vous ai exposé la situation vous n'avez plus qu'à maintenant. Puis je suppose que Margue se fera un plaisir que de servir les plats à votre seigneur et de lui dire combien vous les avez préparés avec talent et dextérité ! Par contre si je puis vous conseiller une chose, c'est que Margue fasse suivre l'échanson avec elle, pour qu'il goûte à tout avant que le Seigneur n'ouvre le bec. Histoire qu'il voit que tout est potable et que l'on ne tente pas de l'empoisonner".

C'est qu'elle commence à le connaitre la Dentellière. Et d'un pas cadencé la voila repartie. Il y a un bal qui l'attend. Pas qu'elle soit pressé d'y aller, mais ça la foutrait mal d'arriver quand tout est terminé.

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Charlyelle
Dans sa chambre au sein de l'Oustau

Elle aurait du y dormir la veille parce que l'orage tonnait et que Gabrielle le lui avait proposé. Sauf que c'était avant que Charlyelle ne quitte la taverne, en pleine nuit. Peinée sûrement, quelque peu énervée aussi, fatalement.

Autant la conversation avait paisiblement débutée autant elle avait commencé la brune à se raidir lorsque Gabrielle avait parlé de son futur mariage. Et en était venu à lui proposer de trouver une "solution". Sauf que la solution n'emballait pas du tout l'Ecossaise. Déjà elle aimait pas la manière dont cet homme là l'avait reluqué les deux seules fois qu'elle l'avait vu. Mais en plus. Un angloys et une écossaise ça n'a jamais fait bon ménage. Même si c'est pour amuser la galerie. Son père pourrait peut-être éventuellement se faire avoir sur ce coup là mais la grand-mère, qui était elle de pure souche écossaise ne se laisserait jamais avoir par ce stratagème là, surtout avec un angloys.
Puis la brune se disait qu'elle avait déjà assez de souçis comme cela sur le paletot sans en plus entrer dans ce genre de machination.

Faire semblant d'être mariée devant son père c'était une chose. Après tout, elle n'en était pas à son premier mensonge et c'était même devenu comme un jeu entre eux. Elle tentait de trouver toutes les excuses possibles et imaginables pour refuser cet étranger qu'il lui imposait et lui prenait un malin plaisir à la défier, encore et encore. Sauf que depuis quelques jours, elle baissait les armes.

Devant la grand-mère ce serait toute une autre sinécure. Mais ça Gabrielle n'en avait pas conscience.

Tout comme la jeune noble n'avait pas non plus eu conscience du supplice qu'elle avait infligé à Charlyelle lorsqu'elle avait commencé à lui parler du Nordique. Aucunes des deux jeunes femmes n'avaient remarqué qu'Enzo était entré et se tenait sur le pas de la porte.
Depuis quand était-il là, elle ne le savait pas. Mais la conversation entre les deux brunes avait du lui paraitre captivante très certainement pour qu'il ne se fasse pas remarquer.

Charlyelle avait eu l'impression que Gabrielle lui arrachait les tripes. Mais...elle n'en avait rien montré. Et avait encaissé. Si bien qu'elle n'avait retenu qu'une seule phrase mais pas des moindres.

" La plus belle chose que tu puisses faire pour lui, c'est de respecter ça !"...

Vas y Gabrielle. Achèves moi pour ce qu'il en reste de toute manière ça ne sera plus bien long désormais.

Car non, Charlyelle ne partageait pas l'avis de Gabrielle sur la question. Et Gabrielle ne connaissant pas son passé, ne s'était pas aperçue de ce qu'elle faisait. Elle ignorait que Charlyelle avait été abandonné par son père quelques mois après sa naissance, suite à la mort de sa mère. Une femme qu'il adulait tellement qu'il n'avait pu supporter la présence de sa fille et qu'elle avait donc été confiée à Ilug.
Par contre, elle avait surpris quelques gestes d'agacement de la part de Gabrielle, alors qu'elle se pelotonnait dans la cape que lui avait prêté le Nordique. Et qu'elle en humait les effluves. Pas les effluves du loup non. Mais ses effluves à lui.
Et ça aussi voila que Charlyelle et bien ça lui avait fait monter la moutarde au nez. Car elle semblait lui signifier qu'elle ne respectait pas. C'est à ce moment là qu'elles s'étaient aperçues de la présence d'Enzo auprès d'elle. Gabrielle en avait bégayé de surprise et Charlyelle pour sa part, avait soigneusement enlevé la cape et l'avait déposée sur l'accoudoir de son siège. Mais c'était sans compter la note humoristique de Gabrielle qui avait alors dit qu'elle était jolie et s'était proposée de la lui rendre si elle le voulait.
Et forcément. Une Charlyelle écoeurée qui avait juste répondu qu'elle pouvait le faire. Une Ecossaise qui ne ressentait plus rien et qui depuis quelques jours vit avec le froid sur la couenne. Sans vraiment comprendre pourquoi. Mais Gabrielle a su effleurer du pourtour du doigt ce qui dérange et ce qui fait mal. Ce qu'elle refuse de s'avouer. Ce coeur qui est resté vide de toute sensation deux années durant, semblait sortir d'une longue torpeur et lui glaçait son âme. A la réflexion envoyée par Gabrielle, elle avait failli lui répondre que les coups de foudre ça n'existait pas. Puis elle s'était tu, préférant n'en rien dire et ne pas envenimer la situation.

Et sans attendre son reste, la jeune femme s'était sauvée et était allée se réfugier sur la plage. Y passant la nuit sous l'orage, regrettant amèrement la cape dans laquelle elle se sentait si bien. Elle n'avait eu aucune envie de rentrer à l'Oustau, et encore moins celle d'aller dans sa roulotte.

Finalement, c'est sur un coin de plage qu'elle avait passé la nuit, seule, loin des arbres afin de ne pas se prendre la foudre et même si elle était terrifiée, elle n'avait pu s'empêcher de trouver un charme démoniaque à ces éclairs qui pourfendaient les flots.

Il ne faisait pas orage ce soir. Mais elle avait passé une journée qui l'avait contrariée. Et entendre Gabrielle clamer en taverne qu'elle avait abandonné la cape du Nordique lui avait tordu les tripes parce que ce n'était pas du tout ce qui s'était passé. Elle aurait pu expliquer. Mais non. Surtout qu'il était là. Présent. Et qu'après tout, il pouvait bien penser ce qu'il voulait. Il lui avait assenné en privé qu'il ne pouvait pas lui faire confiance. Il l'aurait giflé que ça lui aurait fait le même effet.
C'est seule qu'elle avait passé la soirée avec la simple visite de Mae qui était un peu venu l'égayer de sa présence. Forcément, la gamine avait posé la question qui tue, à savoir si le Nordique lui faisait la tronche. Charlyelle se voyait mal expliquer à l'enfant que par respect désormais elle allait se tenir loin, très loin de lui. Puisqu'il parait que c'est ce qu'elle devait faire. Et pour elle, il n'y avait pas d'autre solution que celle là.

Et la brune avait décidé de partir en ballade. Mae tenait à l'accompagner. Ce n'était peut être pas une mauvaise idée. Cela éviterait à la Celtique de reprendre quelques vieilles habitudes. Elle n'en dirait rien à personne. De toute manière, elle se trouvait inutile en ce moment. Enzo allait mieux, Gabrielle avait des douleurs mais ne voulait pas se laisser approcher, elle n'allait tout de même pas l'attacher et la forcer.
Et puis ce fichu froid qui s'en donnait à coeur joie et qui avait même décidé aujourd'hui de passer en mode givrage.
Il fallait qu'elle se bouge. Elle demanderait à Isleen de garder un oeil sur le port pour elle.

Et puis surtout, surtout, elle serait loin d'Osfrid. Et ainsi, elle respecterait "ça" comme avait su si bien lui dire Gabrielle.

Et question "respect", la Celtique sait y faire.

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Enzo
    [Dans la nuit du 14 novembre 1460, rues de Montpellier. ]


- « Saleté *hips* de femme *hips*! Ça ne sait *hips* même pas *hips* respecter son mari *hips*...»


Et Enzo de chanceler dans les rues de Montpellier avec le fond de la bouteille de whisky qui s’est avaler tout seul en rageant contre Gabrielle. Saleté de femme oui. Elle n’avait qu’à dire oui, et ils auraient pu passer une agréable soirée, mais non, Gabrielle avait décidé de faire sa rebelle et aller contre la demande d’Enzo. Une demande qui avait été fait de façon fort polie. Avec un s’il te plaît à la fin même ! Sauf qu’elle avait dit non. Plusieurs fois. Têtue. Et Enzo n’aime pas quand on lui dit non. Rarement. Surtout pas si ça viens de sa propre femme. Après tout, elle doit pouvoir satisfaire son mari de toutes les façons possibles, et s’il demande qu’elle aille lui faire de la colle, elle doit y aller, un point c’est tout. Il ne pouvait pas demander à personne d’autres puisqu’ils étaient en taverne. C’était de l’irrespect. Et ça avait agacé le jeune seigneur qui s’était alors énervé pour un simple caprice. Au souvenir de sa femme qui osait lui dire non, Enzo eut un petite ricanement et fini la bouteille qu’il envoya ensuite avec violence contre un mur. Dans un bruit de verre qui explose.

- « Elle va *hips* le regretter... »

Crevez. Qu’elle crève. Que je meurs aussi. Vous avez raison, je creuse votre tombe. Je la creuse profonde pour être que vous vous y enfoncer complètement. Je vous étouffe sous le poids de la terre que je mets sur vos poumons. Sur votre petit corps. Sur vos seins parfaits. Sur vos hanches que j’aime prendre entre mes mains. Crevez, Gabrielle. Avec violence. Comme dans mes cauchemars. Que je sente glisser entre mes doigts le sang chaud de votre mort avant la rigidité et la froideur. Je vous tue. C’est ce que vous avez écrit. À chaque jours. Un peu. Je pourrais vous donner la rédemption. En finir avec vous. Définitivement. Je vais mourir avec vous. Le savez-vous ça ? J’aurais dû me pendre ce jour au lieu de tester la belladone. J’aurais du prendre de la corde, me faire un solide nœud, la mettre autour de mon cou et me laisser tomber du haut d’une chaise, la corde attacher à une poutre. J’aurais peut-être senti la mort venir. La corde enserrer mon cou. J’aurais peut-être eu mal. Une derrière souffrance. L’ultime. Physique elle. Seriez-vous morte avec moi, Gabrielle ? Si vous crevez déjà, c’est que ma mort est imminente. Alors je devrais peut-être vous tuer vraiment. Ou vous tuer à travers-moi. Que feriez-vous si vous me retrouvez ballotant au bout d’une corde ? Crevez, crevez, crevez. Qu’on en finisse tout les deux de notre histoire. De notre interdit. De cet amour impossible. Nous sommes mariés contre tout le monde. Contre les lois. Peut-être même contre le Très-haut. Ça nous retombera forcément sur la tête. Au bout d’une corde ? Sur un buché ? Je n’en sais rien. Mais crevons ensemble. Je suis un peu mort cette nuit là aussi, mais vous en savez rien. Ça n’a pas d’importance. Succombez. Gabrielle. Mon épouse. Mon double d’âme. Ma folie.

- « Ouvre la grille imbécile ! »

Le Seigneur et maitre est dans la place. Arrivé à l’Oustau en marchant de travers, il ouvre la porte avec violence, jetant un regard flou et vert dans la pièce principale du logis. Ça se réveille dans la maisonnée. Il n’a aucune idée si Gabrielle est là. Il s’en fiche. En faite non, mais il essai de se faire croire qu’il s’en fiche. Enzo s’avance dans la pièce retirant son pourpoint qu’il laisse tomber sur le sol avant de se mettre à faire un tapage monstre. Un coup de pied dans une chaise, le jeune noble bourrer n’en a rien à faire de ce petit monde qui commence à s’activer et quelques peu nerveux. C’est que la réputation du jeune seigneur lorsqu’il est bourrer n’est pas des plus jolie et si la mesnie redoute les colères d’Enzo ceux quand il a un peu trop bu sont toujours plus orageuses. Et il saccage, renversant avec violence des vases et tout ce qui est plus ou moins à porter de mains. Injures par ci et par là.

- « Je la * hips* déteste ! * hips * Je la déteste... * hips *Ventre-Dieu ! *hips Et... Putain, que je l’aime... *hips * »

Un silence. Bref. Très bref, avant qu’Enzo prenne la chaise qui était là entre ses mains et l’envoie valser dans la pièce sous les yeux de quelques personnes qui se sont approchés. Donc Agnès qui ose même un pas, voir deux vers le jeune homme. Impudemment. Elle croit peut-être qu’elle va calmer le seigneur en s’approchant. Qu’elle idée ! Et Enzo de lui jeter un regard vert sombre. Ce regard qui fait trembler, souvent. Qui fait frémir, mais pas de plaisir.

- « Donne-moi *hips* à boi- *hips*- re ! »
- « Monsieur...»
- « Ferme *hips*-là ! »


Et une main qui s’élève dans les airs et vient claquer sur la joue de la jeune fille. Un revers bien exécuté malgré tout l’alcool qu’il a pu boire. Suivit du cri strident de cette dernière. Enzo ose même l’empoigner par le bras ensuite, soutenir le regard effrayé avant de le repousser au loin et de se détourner. Aucun intérêt. Qu’elle pleurniche dans son coin, il en a rien à faire. Un autre objet est envoyer valser dans la pièce et va casser les carreaux d’une fenêtre. Puis le poing droit d’Enzo va se fracasser sur un mur. Douleur vive. Celle des phalanges qui viennent s’écraser contre le mur trop dur. Celle qui entailles les chairs et vient faire couler le sang. Qui fait gonflé et bleuir la main.


- « Argh... ! »

Et de regarder sa main avant de reculer, chancelant toujours. Et dans une démarche d’ivrogne, le jeune noble passe à travers la pièce, saccageant tout ce qu’il peut avant d’entamer la monter des escaliers. Difficilement Ses tripes on qu’une envie c’est de rendre le trop pleins de contenu qu’ils ont avalé. L’énervement et l’alcool ne font rarement très bon ménage, et encore moins chez Enzo. Et alors que ce dernier commence à vouloir monter un peu trop rapidement, voilà qu’un pied glisse et fait chancelier le jeune homme dans les escaliers. Un bruit sourd, l’avalanche du corps seigneuriale qui fini bien au sol, sonné. Un cri. Ou peut-être deux semblent être entendu, avec un « Oh monsieur ! ». Mais rien n’est vraiment très clair, et le jeune homme de passe une main sur sa tête, alors qu’il tente de se relever dans le flou totalement, même pas certain de ce qui vient de se passer, lui-même.

- « M*rde ! »
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©JD Marin
Ilug
Nuitée du 18 Novembre 1460-Oustau-

Elle avait écrit une simple missive et chargé Ilug de la déposer. Personne dans la mesnie ne s'était outragé de le voir. N'était-il pas celui qui veillait sur l'Ecossaise qu'ils avaient embauchés.

Le billet est glissé sous la porte du bureau du Seigneur. La Pallikare lui a demandé de le faire ainsi, et il en sera donc fait ainsi.



Citation:


De Moi, Charlyelle, Iléana McAlayg de Pallikare,
A Vous, Enzo Blackney, Seigneur de Falmignoul.


Je pars.

Peu importe le pourquoi du comment. Je m'en vais. Vous pouvez émietter ce contrat sur lequel je n'ai de toute manière pas apposé de signature officielle. La faute ne vous en incombe pas à vous, c'est tout ce que j'ai à dire et je n'en dirais pas davantage. Quoique. Vous n'y êtes pas étranger non plus.

Cette missive sera signée par contre. On ne pourra pas me prêter de mauvaise intention cette fois-ci.

Longue vie à vous Seigneur Enzo.




La Brune est déjà loin de la ville, et lui a simplement fait ce qu'elle lui a ordonné. Il ne cherche pas à comprendre, mais il connait l'Ecossaise comme personne, et il sait que si elle agit ainsi, c'est que ses raisons ne sont pas vaines.
Le billet pourra être vu, pas vu, déchiré, piétiné, pris en compte ou pas, lui, il a fait ce qui lui a été demandé.

Et le vieil homme s'en retourne dans la roulotte. Qui elle n'a pas bougé. Lui sait pourquoi. Il a reçu les ordres. Il accomplira. Mais il s'en reviendra quelques heures après l'avoir rejointe. Elle lui a laissé des instructions. Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'il s'y soumet mais elle a dit, alors il fait. Et la laisse seule, à sa demande, sur ces chemins.

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