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[RP] Allez vient sonner le tocsin !

Victorine
Vic essuyait d'un doigt ganté la lame ensanglantée, recto, verso, lentement. Telle son arme, elle avait deux facettes. Depuis son enfance, elle endossait l'une ou l'autre des faces au gré de ses envies. L'auditoire devait suivre... ou mourir. "Vic et Versa" avait été sa première devise. De quoi se perdre, me direz-vous. Mais c'était les autres les paumés ; elle, étrangement, savait toujours où elle en était.

Chaque travestissement sonnait le glas d'un séjour. Alors mouraient dans sa mémoire ceux qu'elle avait côtoyés. Seuls les lieux et quelques visages demeuraient, souvent associés à un objet ou à un tatouage, et le reste se perdait dans le flou. L'essentiel était déjà encombrant. Inconstance ou refus de l'attachement, folie latente ou âme vagabonde, noble ou coquillarde, homme ou femme, insaisissable en tous les cas.

Ses yeux verts se calèrent dans les azurs de Dalmau. Toute préoccupée à la contemplation de sa victime, elle n'avait pas entendu le début de la phrase mais la question qui ponctuait ses propos semblait lui tenir à cœur. Elle lui octroya un sourire indéchiffrable.


Ce que je vous cache ? Un certain talent. Pour la vie... regard sur l'ennemi agonisant ... et pour la mort aussi, faut croire. Pas fait exprès.

Elle regarda Dalmau et porta un doigt à sa bouche, de manière enfantine, pour cacher son méfait sous un air bien peiné.
C'était le doigt qui avait essuyé l'épée, et ça lui coulait sur le menton en gouttes épaisses et sombres, sans qu'elle paraisse s'en apercevoir.

Intervint Sésé. La blonde rangea bien vite sa main dans sa poche pour annoncer :


Réjouissons-nous qu'il soit en vie. J'ai failli le prendre pour un ennemi, avec sa quincaillerie.
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*C'est à la gorge que l'Ysengrin mord.
Elea_themis
L’ennui .. l’ennui et encore l’ennui.. Eléa passait ses journées à tester les ricochets sur la rivière trop calme avec des cailloux trop plats qui laissaient inlassablement de vulgaires ronds dans l’eau. Non décidemment ce jeu ne l’amusait plus.

Elea !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! L’appel de sa mère avait eu un air de trompette au réveil.
Lever de ban ! Tu suis ???

Encore ?? avait laconiquement répondu la jeune fille dont le cœur commençait à frétiller légèrement, mais qui ne voulait rien en laisser paraitre.

Mais .. je n’ai rien à me mettre .. Un sourire avait paru sur son visage diaphane qui soudainement s’était coloré.

Ton père y pourvoira !

Baluchon au bout de la selle, elle avait suivi ses ainés dans ce qui était une troisième bataille pour elle. La route avait été plutôt plaisante, entre coupée de passage dans des villes où la gueusaille entrainait les troupes à coup de chants paillards à souhait. Elea tentait d’en retenir les paroles, sinon l’air histoire de choquer un futur public, voire effrayer un éventuel ennemi.

Toulouse la rose. Le soleil laissa à d’autres les promesses d’un embrasement et masqua pudiquement son coucher pour ne laisser place qu’à une pluie collante et moite.
Ca commence bien, commença t elle. Elle n’avait pu croiser ses parents de tout le chemin et était d’une humeur massacrante. Veille de combat morne en taverne .. puis un message


Citation:
Tenez-vous prêt. Nous marcherons droit devant nous.


La monture avait tenu les promesses de sa taille et n’avait pas failli aux talonnades de la charge. Kory avait plusieurs fois vérifié du regard sa progéniture et Elea se sentait ragaillardie par le regard de sa mère. Les fers jouaient un fa dièse mortel et la jeune fille tentait d’esquiver la parade sanglante qui s’offrait à ses yeux. Les cris de plaintes criblaient l’air et les nombreux blessés commençaient à jalonner le sol en geignant.
Serrant les mâchoires, la jeune Marigny ne quitta pas sa mère du regard jusqu’au signal de fin des combats.

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Guy_de_dampierre
[Auch, dans la nuit du 17 au 18 juin 1461]

Ayant fait l'amour à sa femme, ce qu'il appréciait par dessus tout, Guy sortit d'excellente humeur de sa tente.

Il raccompagna Cerise à la section qu'elle commandait en l'embrassant sur les lèvres avec douceur et passion tout à la fois en lui caressant tendrement le visage.


Bonne chance mon amour...

C'est qu'on attendait les forces royales dès l'aube, le tocsin de Muret avait sonné et la cible était connue de longue date: Auch et son château. Chacun devait rejoindre son poste, et celui du Capitaine n'était pas, pour l'heure, auprès de son épouse.

[Devant Auch, sur la route de Toulouse]

En prévision de la bataille à venir, les armées saintes et navarraises s'étaient placés quelque 4 kilomètres à l'est de la capitale de l'Armagnac.

La ligne de bataille s'étendait entre les deux collines de Saint-Crisq et de Montégut dont les deux castels avaient été chacun pourvu d'une petite garnison rendant vaine toute tentative de contournement du dispositif défensif.

Bien qu'elle fut étendue, les croisés et leurs alliés avaient eu le loisir de consolider leur position et ils avaient l'avantage du terrain. Seule la masse pouvait les empêcher de l'emporter, et cela était la principale source d'inquiétude de l'Etat-Major des défenseurs.

Finalement, la seule voie de contournement des attaquants était d'enfoncer un point en particulier. Le Capitaine ne craignait pas trop pour les flancs protégés par les deux castels de Saint-Crisq et Montégut, bien campés sur leur colline respective, mais un peu plus pour son centre. C'était la raison pour laquelle il s'était ménagé une petite réserve mobile au milieu, un peu derrière la première ligne, prête à intervenir là où la ligne s'affaiblirait.

Les coalisés représentaient une ligne assez bigarrée tant de par l'identité des combattants que par leur équipement. Entre l'écu et la grande épée d'un teutonique et le bâton d'une gardienne d'oie.

Alors que le soleil se levait, le silence se fit dans les rangs croisés et navarrais... la poussière et le bruit commençaient à se laisser percevoir. Les étendards claquaient au vent alors que les soldats attendaient flegmatiquement le choc avec l'ennemi.

Que se passait-il dans la tête de ces vétérans croisés qui avaient affronté ces mêmes bannières en Bourgogne? Qui pouvait douter de la vaillance de ces hommes de foi, en regardant leur attitude inébranlable devant un danger qui leur était plus que connu?

Le premier officier de l'ost d'Armagnac et Comminges sortit de cette pensée et se plaça sur un point haut pour observer le déploiement choisi par la Reine et ses deux capitaines, Enzo et Flavien. C'est qu'à force de renseignements, les commandants coalisés n'ignoraient plus grand chose de leurs homologues royalistes.

Il fut presque soulagé en les regardant s'étendre à leur tour dans l'interstice entre les deux collines. Et enfin, il s'avancèrent.

Près de ses archers, cachés derrières sa première ligne, Guy attendit de voir le blanc des yeux de ses adversaires pour ordonner;


Bandez!.... Laaaaaachez!

Et la volée de flèches partit par dessus les piquiers et allèrent se planter dans la masse des armées royales... en tuant probablement assez peu, mais en affaiblissant de façon satisfaisante.

Sentant le danger, les royalistes foncèrent en courant vers les Armagnacais.


Tenez la ligne! Tenez la ligne!

Rappela le Capitaine à ses troupes alors qu'il tirait son épée de son fourreau.

Le choc eut lieu à peu près en même temps tout le long de la ligne de bataille dans un fracas épouvantable de cris, de bois et d'acier.

Le Capitaine courrait d'un point à l'autre, encourageant ses soldats, commandant à la manœuvre.

Mais sentant qu'ils ne passeraient pas, laissant nombre de blessés et de morts sur le champ, les commandants royaux sonnèrent la retraite, et les soldats à la fleur de lys entamèrent une retraite en bon ordre, limitant les dégâts de la contre-attaque qui fut elle aussi bien brève.


[Auch, après la bataille.]

Alors que le soleil était au zénith, Guy félicita ses soldats pour leur vaillance. Ses lignes n'avaient pas reculés d'un pouce. Aucun point n'avait cédé de ce côté-ci... et bientôt, il sut que cette situation était la même partout.

Il sut aussi assez vite que les dégâts étaient minces dans leur camp. C'est en faisant le tour de chaque section qu'il constata qu'Alexandre avait été touché.

Entouré de ses hommes, il était étendu juste derrière la barricade de fortune. Le Capitaine se mit sur un genou aux côtés du Grand Maître de l'Ordre du Saint-Esprit et posa sa main doucement sa main sur son épaule.


Et bien, mon pauvre ami... décidemment, ce n'est pas votre campagne.

C'est vrai qu'après sa rencontre avec Yugan alors qu'ils étaient sans défense, il pouvait espérer avoir plus de chance cette fois ci.

Guy se retourna vers son ordonnance.


Joris? Peux-tu appeler Ludger pour Messire de Demessy?

Puis, de nouveau à Alexandre.

Mon barbier va venir s'occuper de vous. M'en voudrez-vous de vous abandonner pour ma part? Je dois continuer ma tournée.

Il se releva et se dirigea vers la section la plus à gauche de sa ligne, celle de sa femme. Un sourire se dessina quand il vit sa femme en pleine forme se diriger vers lui.

Personne ne t'as retenu, cette fois, j'espère.

Lui dit-il en la prenant tout sourire dans ses bras.
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Jonhatan27
[Une nuit de plus, celle du 17 au 18]
La tranquillité de la nuit fut troublée, au petit matin par le son des cloches.
Levé rapide et en rang derrière son Grand Maitre.

Les positions furent prises.
Les armées ayant étendard le lys et surtout celle du Bourbonnais étaient présente et visible.

Le bruit strident des flèches fondant l'air se fit entendre.
Et la charge fut donnée par le Lys.

Le combat rapide s'engagea, la blanche colombe tena sa position, enfin presque.

La fin de la bataille rapide comme une éclaire se fit.

Jonhatan n'eut point le temps de donner coup d'épée que déjà l'ennemi se repliait.
Mais alors qu'il allait ranger dans son fourreau son épée, il vit le frère Alexandre s'écrouler.
Le capitaine était le premier sur lui.
Jonhatan s'approcha et vit son frère touché.

Puis en regardant le capitaine.


Une fois de plus, en bon père de famille qu'il est pour l'ordre, il nous a protégé, il a prit pour nous les coups.

Puis en le voyant, il su qu'il ne fut que touché.

Alors pour lui redonner du courage.


Merci grand maitre, je vais prendre la suite, je vais porter haut nos couleurs, allez donc vous reposer .
Puis avec un sourire.
Quand nous reviendrons en notre domaine, je vous ferez reprendre des cours d'arme, car je crois que vous manquez d'entrainement.
Le capitaine allait partir.
Je reprends le flambeau pour l'ordre Capitaine, comptez sur nous. Pour le prochain combat je serai là.
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Sofja
[Début juin]


La Limousine avait répondu automatiquement à la levée de ban du Roy. Bien évidement elle n'avait pas attendu que la Comtesse régnante face son travail correctement. Oh c'est vrai qu'elle avait fait une annonce très discrète sur la place publique pour réunir 18 représentants à rejoindre la bannière des troupes royales. Voyant que l'appel n'avait donné que 3 bénévols, elle ne poussa pas à levé le ban auprès des nobles prétextant qu'elle avait besoin d'homme en Limousin.

Puis les nobles aimaient bien se cacher devant cette phrase : "Le vassal de mon vassal n'est pas mon vassal". Il est vrai qu'en tant que noble limousine, elle avait juré à la Comtesse et non au Roy. Mais dans son raisonnement, la Comtesse Limousine avait également prêter serment d'allégeances auprès du Roy, elle était la voix des nobles également. Il était triste de voir que les nobles avaient tendance à oublier leurs devoirs, et non leurs droits ça on leur fait confiance, dont celle de procurer une aide armée, à raison de quarante jours gratuit par an.

Tandis que beaucoup de nobles Limousins se cachaient derrière cette phrase pour accroitre leur fortune mais également profiter des élections comtales pour obtenir de nouveaux titres, trois nobles du Limousin s'étaient démarqués autres que ceux qui étaient sous les Ordres Royaux, le Seigneur de Laroche l'Abeille, Infirmier de Miluite, son époux le Seigneur des Billanges, Boskdeportkar et elle mesme, Sofja Jagellon, Vicomtesse de Bellegarde en Marche.

Cela faisait un mois qu'elle avait accouché et son époux n'avait pas voulu la laisser partir seule. Il voulait la surveiller afin de s'assurer que le bébé aurait bien une mère à la fin de cette guerre. Sofja avait été ravie, trouvant qu'ils se soutiendraient dans cette nouvelle épreuve qui n'était que leur devoir. Ils avaient quitté Bourganeuf, leur village, sur leurs chevaux, parés de leurs armures, épées et boucliers. En chemin, à Ventadour, ils avaient récupéré le Sieur Infirmier et c'est ainsi qu'ils arrivèrent le 04 juin à Murat.

Une fois sur place, le Maréchal de France les avait dispatché dans les lances ouvertes. Ce fut à contre coeur qu'ils se séparèrent mais ils se promirent de se tenir au courant quoiqu'il arrive. Quelques jours plus tard, les lances prirent la route vers le Sud, vers l'inconnu.



[Dans la nuit du 17 juin au 18 juin]


Alors qu'ils avaient quitté Toulouse, la ville rose, pour Muret, la tension se fit ressentir dans son armée. Les éclaireurs étaient revenus vers eux pour les prévenir de présences ennemies. Tous le monde était sur le qui-vive, la nuit promettait d'être agitée. Elle pensait à ses frères Limousins, priant que pour tous se passe bien pour eux. A quelques lieux, ils entendirent des bruits, des cris, le sifflement des flèches, l'acier se confronter. Le stress lui fit tenir les yeux ouverts tout le long de la nuit. Mais au final, ce fut effectivement long mais tranquille.


[Le lendemain]


Au petit matin, elle demanda à sa chef si elle pouvait se renseigner sur son époux, le Sieur Boskdeportkar. Quelques heures plus tard, c'est la boule au ventre qu'elle apprit que son mari avait été gravement blessé, qu'il se retrouvait entre les mains des infirmiers du camps à Muret.

La jeune femme s'isola pour pleurer, pour prier, pour demander à Aristote de le sauver, que le petit Galaad avait besoin de son père, qu'elle avait besoin de lui encore et ce jusqu'à la fin de sa vie. Les minutes passèrent, trop lentement. Elle retrouva les rangs de l'armée et ils reprirent la route. A sa grande surprise, ils faisaient demi tour pour rejoindre Muret. Tous le long du chemin, elle se promit de retrouver celui qui avait blessé son homme, elle l'égorgerait tel qu'un cochon.
On ne touchait pas à sa famille !

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Fabien74
Ils avaient des projets, oui ça ils en avaient, et des beaux même! Après leur épopée en bateau, les époux de la Fléchère Marigny projetaient de s'adonner au commerce de produits de luxe. Une femme d'armes prometteuse, Seviasa, fût engagée et toutes les dispositions allaient être prises.

Malheureusement l'euphorie du vicomte fût de courte durée puisqu'à peine rentrés en Bourbonnais-Auvergne, il leur fallait prendre la route, et pis: les armes. en effet, le roy menait la guerre au Sud, dans les terres d'Armagnac et Comminges, et pour cela avait levé le ban des provinces vassales. Lesquelles avaient levé le leur, impliquant les nobles du duché de facto. Le ban d'hérisson fût levé et rassembla Xelia, Jonas et Seviasa; tandis que Nata et Bern faisaient leur part du travail en BA.

Les hommes étaient rassemblés et les oriflammes flottaient au vent, le groupe rallia à Murat le gros des armées royales, et direction fût donnée au cortège armé: Muret! Fabien menait ses hommes, Noeline les accompagnait. L'épouse du vicomte avait pris les armes avec quelque appréhension, que partageait largement son époux. En effet, plus habituée aux salons qu'aux champs de batailles, fabien craignait pour la vie de son amie de toujours. Il fallait néanmoins répondre pour leurs fiefs, ainsi Noeline avait quitté ses pierreries et ses dentelles pour les mailles et le cuir des armures.

Un assaut fût donné, au cours duquel ils perdirent quelques-uns de leurs soldats; heureusement aucun du clan Hérisson. Un deuxième combat avait été engagé, sans conséquence pour les siens lui aussi, même si certains autres avaient été blessés, ou même était morts des suites de leurs blessures... Le troisième affrontement aurait cours pendant la nuit, on serait fixé à nouveau dès le lendemain matin: qui sera encore debout?

En attendant l'assaut, le vicomte était assis devant sa tente, à nettoyer son armure.

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Boskdeportkar
Sale journée que voilà. Une bataille, forcément des morts, des mourants, des blessés, des estropiés. Des vainqueurs, des perdants.

Au loin, Auch, et ses défenseurs. Autour de moi, les armées royales.
Effervescence, branle bas de combat. Les lignes s'étirent, et l'attaque est donnée.
Chacun se prépare, son arme comme fidèle alliée au creux de la main. Ca se pousse, ca se bouscule, confusion, fumée, melées.
Je n'ai pas de place pour manier ma hache, un homme devant moi, me gène, mais plus pour longtemps, une fleche vient se planter dans sa tete, il bascule, me bouscule au passage, sa dague portée à la ceinture venant se figer dans le bas de mon ecu, me voilà en première ligne, dans une sorte de brouillard, sans bouclier
Je soulève ma hache comme pour frapper dès la première menace.
Je ne m'entends pas crier. Trop de bruit autour.


Quelque chose de froid vient de s'immiscer en moi. Je ne distingue même pas le bout d'une épée qui s'est invitée en mon ventre. Dernier regard croisé . Vision d'une femme.
Fin de la bataille pour moi !

Citation:
Victorine vous a porté un coup d'épée. Vous êtes mort au combat.

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L' époux de ma Dame de Coeur, Sofja JAGELLON
Dalmau
[Aube du 18 Juin, Auch:Défense]

Ses pupilles se dilatèrent d'autant qu'il la regardait, qu'il suivait du regard la course enivrante de ce doigt espiègle. Cette badine de chair ensanglantée et négligemment déposée sur ses lèvres, sa lippe... Le pourpre qui s'en détachait et venait mourir sur son menton... Sa mine faussement peinée... Dal chancelait, hypnotisé, devant cette amazone aux allures de gamine. Il serra fermement le poing faisant grincer son gantelet. Il résisterait, il lutterait contre cette envie dévorante de la retourner au milieu des cadavres et des armures déchirées gisant sur le sol. Pulsion détestable... Il ferma les yeux et tenta de faire le vide pour refouler ce désir malsain qui lui rongeait les veines en cet instant.

Té! Vous v'là, vous deux... Et ben celui là aura plus mal aux dents... J'ai vu Vickette lui retirer son épée du corps, mais l'est où le vot'e, le Dal?

Le supplice prit fin, Sephoria venait involontairement à son secours. Il l'aurait presque béni s'il avait eu en sa possession un truc machin qu'on agite quand on est curé et qui éclabousse.

L'mien? Hum... Quelqu'part par là-bas l'oiseuse, mentit-il en pointant un index indécis dans les alizés. Il n'aurait su reconnaître publiquement son inutilité dans cette bataille face à la petite gardienne d'oie, sa fierté ne pouvait le supporter. Par contr', j'vais vous laisser mes dam'... L'est temps d'aller s'vider deux ou trois mouss'en ville en espérant qu'ils aient fait l'plein. J'ai une d'ces soifs, je n'saurai vous dir'pourquoi. Puis faut qu'j'aille voir si l'vioc s'en est tiré, j'crois qu'il a eu quelqu'soucis contr'un royalo... Fin une royalo et p'tite en plus d'ça... Sans "quincaillerie"... Il dédia un petit sourire narquois à la blondinette tout en prononçant ce mot....avec une fleur d'cocu dans l'chevelure... L'adversaire idéal en quelqu'sorte.

Le montagnard tourna les talons en ricanant après les avoir saluer. Une chopine lui permettrait peut-être d'oublier ses fâcheuses pensées, il l'espérait en tout cas.
Morphey_de_valmonte
La nouvelle était tombée alors qu'avec sa mesnie le Vicomte et sa femme étaient en route pour l'Italie : Sa Majesté Eusaias levait le ban contre la croisade lancée par le pape Innocentius.
Ce roy valait bien le report d'un voyage. Et quand bien même ! La question de leur adhésion ne se posait pas : ils étaient nobles et de quelle engeance auraient-ils été de n'en prendre que le titre et les terres ?

Le retour à Moulins après seulement trois jours de voyage au lieu des trois mois escomptés, reçut les quolibets de leurs amis moulinois.

- Alors ? C'était bien l'Italie ?
- Mets tonneau en perce avant que je ne te botte le séant, maroufle !


Nouveaux adieux, nouveau départ cette fois pour Murat, point de ralliement des pays d'Oil bien que le Vicomte réponde à ce ban pour ses terres sises en Rouergue en pays d'Oc.
Montpensier, Clermont... les villages traversés à la hâte pour rejoindre diligemment Murat où l'Impétueux devait remettre au maréchal de France Flavien la caissette d'or qui servirait à lever une armée et que le Baron avait confiée à sa garde.
Murat n'avait pas la réputation d'une ville particulièrement animée. Pourtant, ils avaient eu l'espoir que les arrivées massives la transforme en une ruche bourdonnante. Force fut de constater qu'il n'en fut rien.
Ca et là, aux alentours du village, des campements se montaient sur lesquels flottaient les couleurs de quelques grands noms du Royaume, mais les tavernes de la ville restaient désespérément vides et rien dans les ruelles et places n'aurait pu laisser supposer que la ville avait vu doubler sa population.
Quel étrange mal soufflait donc sur le Royaume ? L'annonce d'une épidémie poussait-elle les gens à se barricader dans leur chaumière et à éviter toute forme de regroupement ?
Quelques nouvelles sporadiques leur parvenaient parfois et déjà l'on entendait parler de négociations. A Toulouse, le roy s'était enfermé dans un monastère afin de prier pour attirer la manne divine sur ses armées et s'allier la victoire.
Carmin, auprès duquel il avait combattu à Dijon, menait les Saintes Armées ce qui en faisait cette fois pour le Vicomte, l'homme à abattre. Ainsi en était-il de ces alliances où l'on s'aliénait au plus offrant.
Pour l'Impétueux, les choses étaient simples, le Royaume avait un roy, sans nul doute le meilleur qu'il n'eût jamais eu, un roy que le peuple s'était choisi et pour autant qu'il respecte l'Eglise, elle n'avait pas à décider qui devait ou non régner sur le royaume.
Un seul de ses hommes avait choisi de ne pas intervenir dans ce conflit qui opposait l'Eglise de Rome au Roy de France, tous les autres s'étaient regroupés sous l'oriflamme du Phoenix et l'azur et or d'Escorailles.
Les tentes avaient été dressées sur un terrain gorgé d'eau qu'il avait fallu assainir de paille et depuis leur arrivée la pluie n'avait cessé plongeant hommes et bêtes dans un état d'abattement que les maigres feux de camp ne parvenaient à chasser.
Même Sofio, d'ordinaire d'humeur joyeuse semblait plongée dans des pensées moroses dont le visage taciturne témoignait et que sa grossesse ne pouvait seule expliquer.
Le vicomte reçut donc l’ordre du départ pour Toulouse avec soulagement. Ayant rejoint la lance de commandement, Sofio et lui chevauchaient en tête. Le Baron de Talleyrand avait confié à l’un la charge d’intendant et à l’autre celui de trésorier ce qui leur donnait une raison supplémentaire pour rester de longues heures enfermés dans leur tente. Certains prétendront qu’ils s’y afféraient à consigner les affaires militaires…

Ils partirent 500 et par un vent trop fort
Se trouvèrent 200 en arrivant au fort *


Les uns entravés par un encombrement trop important, d’autres retenus par quelque affaire amoureuse, ou n’ayant tout simplement pas entendu retentir le tambour essaimèrent la trajet au grand dam du commandant dont le visage s’allongeait à mesure que la colonne s’étrécissait.

Enfin le clocher de la basilique Saint Sernin se découpa dans le lointain. A nouveau les tentes furent dressées. Le soir, ils avaient plaisir à se retrouver dans l’une des nombreuses tavernes de la capitale des Comtes de Toulouse. Ils y trompaient l’attente, buvant beaucoup et riant fort. Se nouèrent des liens d’amitié que le Vicomte espérait pérenne notamment avec Constance qui se révéla une jeune fille pleine d’esprit et à la simplicité rafraichissante. Les Valmonte en ourdirent même le projet de l’enfermer dans une malle pour l’entrainer avec eux dans l’une de leurs prochaines aventures tant ils avaient plaisir en sa compagnie.

Après quelques jours durant lesquels moults volontaires virent se présenter sous les tentes de commandement, l’ordre de marche tomba.
Il n’était plus question de palabres inutiles. Chacun savait ce qu’il avait à faire.
Ils quittèrent Toulouse en ordre de marche en direction de l’Armagnac. D’abord venaient les cavaliers, puis les fantassins, lanciers ou archers. Les voilà donc en route regroupés autour de la bannière royale.
Avait-il peur ?
Un regard à dextre se pose sur sa femme.
Oui.
Oui, il avait peur. Non pas de la mort qui était une fidèle compagne apprivoisée depuis longtemps déjà.
Mais il craignait pour elle. La perdre serait plus que la mort.
Ils avalent les lieues de bel appétit : Muret se profile. L’étape sera de courte durée que déjà de bouche à oreille, tel un vent étésien que l’on voit coucher les blés, une rumeur se propage : c’est pour ce soir…


Auch…

Ils se sont déployés dans la plaine auscitaine montant à l’assaut de la colline que dominent les remparts. Les cavaliers sont restés en retrait.
De sa position l’Impétueux a suivi la charge des fantassins qui ont percé les premières défenses. Il est temps.
Le cor sonna l’assaut des cavaliers. Épée au clair il lance son destrier harnaché aux couleurs familiales. Ses cuisses enserrent les flancs de l’animal pour assurer son assise. De coups d’estoc à coups de taille il pénètre la défense ennemie. Leurs adversaires ne sont pas des enfants de chœur et ils savent se battre. Surpris par leur nombre l’Impétueux peine à avancer. Il saute bas, frappant la croupe de son cheval qui se rue dans la défense. Cela lui laisse le temps de chercher Sofio du regard et s’assurer qu’elle n’est pas assaillie. Rassuré, il fonce en avant dans les traces des fantassins cherchant à faire reculer cette fantastique machine de guerre. Mais bientôt il se retrouve encerclé. Il sent la sueur ruisseler sur son visage et obscurcir son champ de vision.
Une fois encore son épée frappe.
Une fois encore son bouclier se lève pour parer à la riposte.
Un sinistre craquement. L’écu est fendu et le fer mord sa chair…


* Librement inspiré par Monsieur Corneille
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Dict l'Impétueux
Victorine
Sur le coup, Vic s'était dit que Dalmau avait, comme elle, ressenti la jouissance du combat, le goût du fer, le sentiment de toute-puissance au sortir de l'affrontement surréaliste que constituait le mélange de deux armées ennemies. Se sentir vivant après la tempête. Ce n'est que plus tard, au détour de conversations de taverne, qu'elle apprit qu'il n'avait tué personne ce jour-là, et se demanda ce qui avait bien pu lui faire frémir la rétine et la pupille, lui dilater. La rage de n'avoir point occis, ptêtre bien.

Elle ne creusa pas trop de ce côté-là, de peur de tomber, dans son raisonnement, sur des conclusions douteuses. Se suffire des contours de l'idée et laisser la pensée voguer. Voguer vers d'autres préoccupations, comme préparer le combat du lendemain, par exemple.


[Nuit du 18 au 19 juin - Auch - défense]

D'habitude, c'était elle qui attaquait les châteaux. Finalement, c'était drôle aussi de défendre. Dans le fond, ce n'était pas bien différent, si ce n'était la position de force. Descendre, taper, remonter se mettre à l'abri. Pour les attaquants, l'avantage de la surprise n'existait plus dans ce bas monde.
Ça la changeait, de ne pas se prendre un coup de bâton derrière la nuque dès les premières luttes.

Cette fois, elle laissa Hireo aller au front, et se tint un peu en retrait, avec Sésé. Elles s'étaient dévouées pour laisser un peu de part du gâteau aux autres, et ainsi éviter les reproches plaintifs, le soir, de retour au bercail. Mais la rencontre ne se déroula pas comme la veille. On voyait bien les étendards ennemis au loin, mais un groupe se baladait entre les armées. Quelqu'un gueula :


_ Des éclaireurs ! Fendons-leur le crâne !
_ Ça s'peut pas, sergent, ils sont déjà en vue, les royalos.
_ Des parlementaires ! Arrachons-leur les tripes ! Puis parlementons.
_ Ca s'peut pas sergent, ils sont en train de s'taper déjà, là-bas, regardez.
Bon, on les éclate, ou bien ?


C'était vrai que sur la droite, on croisait déjà le fer. Si la tergiversation continuait, il n'y aurait rien à se mettre sous la dent. Vic leva son épée et courut vers la première qui passait. C'était une pauvrette en haillons. L'épée s'abattit sur son épaule et la faucha comme une herbe folle.
Hey, Dalmau, j'ai ce qu'il vous faut pour l'étude des viscères !
L'épée vola à nouveau pour trancher le cou dans un glouglou particulièrement affolant.
Si avec ça elle ressuscite, j'me fais nonne !

Tandis qu'elle se félicitait intérieurement d'avoir trouvé corps si jeune et en si bon état pour le médicastre, elle entendit dans son dos un rugissement de bûcheron. Était-ce Ferdinand qui défendait sa ferme, était-ce le fantôme de sa victime d'hier, ou bien une nouvelle arme de destruction massive inventée par Paris ? Tel un lanceur de poids, l'agresseur lui envoyait, en une belle et magistrale courbe, une bûche. Vic recula d'un pas pour l'éviter, buta contre le cadavre encore tiède de la donneuse d'organes, et se retrouva le cul dans la boue du champ de bataille. Par réflexe, elle avait mis les bras en arrière pour atténuer la chute. A son poing, son épée encore dressée vers le ciel.

A suivre...



Citation:
19/06/1461 04:28 : En vous promenant, vous avez trouvé une bonne planche de bois. Peut-être est-elle utilisable ?
19/06/1461 04:20 : Vous avez frappé Lampegie. Ce coup l'a probablement tué.
19/06/1461 04:20 : Vous avez frappé Lampegie. Ce coup l'a probablement tué.
19/06/1461 04:20 : Vous avez frappé Philippe_sanche. Ce coup l'a probablement tué.

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*C'est à la gorge que l'Ysengrin mord.
Selena_d_alaric
{Nuit du 18 au 19 ....Sous les remparts d'Auch....}

La rouquine n'était plus elle même depuis deux jours.

A croire que le Ciel essayait de lui dire quelque chose puisqu'il se donnait même la peine de lui envoyer des visiteurs angéliques..

Personne ne la croyait et pourtant!!
La veille...Oui messires et dames......La veille de ce combat mémorable elle avait vu...De ses yeux vu......L'ange Gabriel.......

Elle somnolait assise contre les pierres du rempart de la ville,on pouvait même pas dire qu'elle avait bu...Ce qui aurait pu expliquer ce qui lui arriva aux premières heures d'une nuit qui allait s'annoncer mouvementée..
Elle somnolait donc lorsqu'elle cru entendre une voix.....

Une voix ou le vent?

Bref.....Elle ouvrit grand les yeux (qu'elle avait du plus beau vert vous le savez peut être déjà si vous l'avez croisé) et vit......Une échelle.....
Ben oui une échelle ......ET non c'était pas une échelle normale posée là par un soldat pour grimper aux murs de la ville....
Non!!!!!
A l'autre bout de l'échelle y'avait......Y'avait....

C'est là que vous allez pas la croire......Y'avait l'Ange Gabriel!!!!

Parfaitement...L'ange lui même,avec ses jolies ailes déployées,son aura à rendre jalouse la lune elle même.....
Sa longue tunique blanche....
Tout c'qui fait la splendeur d'un ange Gabriel quoi..
Avec en plus.....la fameuse échelle..

Citation:
19/06/1461 04:28 : Vous voyez l'ange Gabriel en songe. Il vous tend une échelle en vous disant : "Ceci est mon corps." Puis il s'envole en criant : "Vive le Québec libre !" Qu'est-ce que tout cela signifie ?


Y'avait bien des troupes qui se pointaient là maint'nant....Mais Sélé était plongée dans un abîme de réflexions déclenchées par cette apparition magnifique....Céleste....
Incompréhensible en fait...

D'habitude cet ange là n'apparaissait il pas pour annoncer des naissances?

Pourquoi une échelle?
Et qu'est ce que c'était que le Québec?
Un homme à libérer?Dans quelles geoles?
"Oh!!! l'ange!!!! revient!!!!
Explique un peu là...J'ai pas tout compris!!!!!"


Mais comme tout apparition céleste qui se respecte il était déjà parti...Disparu...Envolé.....
Ne restait que l'échelle dont la rouquine n'avait que faire...
C'était bien le moment franchement....


La bataille faisait déjà rage à quelques pas de là et tout ce qu'elle eut comme résultat de cette aventure la rousse ....C'est de réaliser qu'il fallait y'aller lorsque les cris devinrent plus forts et surtout plus proches de l'endroit du miracle.
Bref elle arriva juste à temps pour voir tomber le corps de son époux sous les coups redoublés de deux sauvages complètement déjantés.

Et ça se disait royalistes.....Et ben elle était belle la royauté cette année tiens.....
Des abrutis assoiffés de sang sous les ordres d'un Fol à l'agonie.....
Pauvre France...Pauvre Armagnac surtout....

Anéantie la spadassinne réalisa alors que son "annonciation" n'était pas celle d'une naissance mais celle du deuil dans lequel elle allait devoir s'enfermer si elle ne se hâtait pas de prodiguer les soins nécessaires à son pas tendre mais néanmoins cher mari avant qu'il ne se vide de ce sang qui faisait la fierté des d'Alaric.

D'ailleurs un coup d’œil alentours la rassura sur les réactions des hommes et des femmes qui les suivaient...Il serait vengé..
Tous frappaient dans le tas avec une mine réjouie qui laissait bien deviner le manque dans lequel l'attente de l'affrontement les avait tous mis.

Bon.....Allez fallait se remonter les manches....Et recoudre.....

GABRIEL!!!!!! DU FIL!!!! UNE AIGUILLE!!!!! FISSA!!!!!
_________________
Etienne_lahire
[Auch, le 20 juin, parmi les armées du Roy]

Les soldats refluent lentement. La fatigue ses batailles pèse comme du plomb, mais bien plus lourde encore est celle des défaites.
L'armée du Roy recule et revient sur ses pas. Pour la deuxième fois.




Lia,

Le sort a de ces ironies...
Il y a de cela un mois, à peu près, j'écrivais une lettre d'ici même à une amie de Nevers.
Me revoici à Saint-Martin et j'écris à nouveau une nouvelle lettre. C'est à toi que je parle, pourtant tu ne la liras sans doute pas : je ne sais où t'écrire ni où tu es allée.
Peu importe, je t'écris.

Comme il y a un mois, nous sommes venus vers Auch. Mais cette fois nous avons enfin pris les Papistes d'assaut. Par deux fois.
J'ai perdu mon bouclier la première et ce soir, lorsque l'attaque a été lancée un peu avant la tombée de la nuit, je me sentais léger et vulnérable. C'était mon porte-chance, celle qui me l'a fabriqué y avait peint une bougie.
Le coup l'a fendu en deux comme une coquille de noix, j'ai cru que mon bras se brisait mais non, c'était mon porte chance.

A peu de lieues des murs de la vieille cité qu'il faut reconquérir, les armées sont venues. La marée qui vient et reflue. Elle monte à l'assaut des rangs ennemis. On s'élance sous la pluie dure des flèches et des carreaux d'acier. Il faut tenter de prendre pied au bas de la colline pour s'emparer des hauteurs bien défendues. La lutte est sauvage, primaire, primordiale. Tuer ou mourir, hacher pour ne pas être abattu. Tout ce qui compte moins que l'absolu d'une vie, d'une image, d'un rêve, d'une promesse, tout ce qui compte moins est oublié. Le bras manie la hache et l'épée. On pare les coups, on tranche. On taille. On enrage, on survit à la mesure des cris qui vous arrachent la gorge.

La sueur ruisselle sur mon corps qui se refait fontaine. Elle coule en torrents entre mes omoplates. Elle colle à ma peau le tissu rêche de la chemise. Et la broigne qui me protège semble de cuir bouillant. Le soleil couchant cogne comme une hache. Mon épée brasse une grande fournaise.

J'avais un homme face à moi, puis un éclair d'acier. Le cri que j'ai poussé me brûle encore le torse. J'ai vu monter la pluie du sang.
J'étais en haut avec d'autres, nous avons charcuté.

Le cor sombre de la retraite a sonné.
J'ai paré un nouveau coup. Ma chance, mon bouclier brisé.
Avec les autres, j'ai reculé.
Je pissais bien le sang mais ce n'était pas le mien. C'était celui de Jean Rocher. Un homme de Montauban, je crois,. Nous avions un peu bu ensemble hier.
La flèche lui traversait la gorge et elle palpitait. J'ai cru qu'elle prenait vie en se couvrant de son sang.
Il m'est tombé dessus en gargouillant. Il a mis un quart d'heure à mourir, le Jean.

La nuit presque venue, je suis me suis extrait du tas de corps pas encore frais qui avaient chu autour de moi.
Adieu amis, soldats, feuilles mortes, épis bien mal fauchés.
J'ai laissé derrière moi un reste de charnier.
Il y avait des bras sans maître, des torses défoncés, des membres étrangement disloqués. A deux pas, un jeune gars gémissait. Je lui ai parlé mais il roulait des yeux aveugles en direction des cieux. Le ciel était un peu orange comme s'il avait trop fait l'amour.
Le gars souffrait comme un chien, pourtant seule la bave franchissait l'écume blême de ses lèvres. Ses jambes ne tremblaient plus.
Pour l'aider à passer, j'ai creusé dans son coeur le baiser d'une épée.

J'ai vu le sang monter contre ma lame comme une vague étrange et pourpre.
J'ai lu merci dans le regard soudain vitreux.

De rien l'ami, de rien....
A charge de revanche. Personne n'aime les agonies.

Je suis rentré au camp ou l'on soignait les blessés. Les hommes avaient le regard froid, l'une des armées qui devaient suivre s'était perdue en route.
Ses épées nous avaient bien manqué.

Certains parlent de trahison mais je sais que c'est la fatigue, l'inévitable rancoeur qui suit toujours les défaites.

J'ignore où tu t'es enfuie, rossignolle.
Je t'ai cherchée en vain.
Mais ce soir, je suis content que tu ne sois pas là : ce n'était pas une bien belle bataille.

A bientôt Sebelia,
Un jour peut-être, si on m'en donne la chance, je ferai d'autres mondes pour toi.

Saint-Martin, ce 20 juin 1461,
Etienne

Le Nivernais circule entre les tentes. Les torches brûlent ce soir plus rouge qu'à l'habitude. Il a entendu la rumeur et c'est comme un poing froid qui lui prend la poitrine.

- La Princesse, blessée ?
- Oui da, parait même qu'on l'opère.
- Qui est le chirurgien ?
- Un docteur de Montpellier je crois bien ? On va peut-être lui couper...


Etienne n'a pas écouté la suite. Les rumeurs courent vite, presque aussi vite que le sang.
La Princesse, il la suit depuis... quand ? L'automne dernier ? Des mois ! Des saisons qui lui paraissent des années.

Il aurait bien voulu la courtiser. Elle est belle, elle a un regard qui inspire. Elle est Princesse aussi et cela fait toujours rêver.

Mais elle était lointaine, et puis un peu trop haut.
Puis il en a croisée une autre. A sa portée. Dans sa peau.

Mais ce soir, la Corbelette est tombée et c'est comme si on l'avait blessé, lui.

Il enrage.

Il n'y a pas de garde devant la tente princière cette fois. Seul avantage des défaites : les formalités se disloquent.

Etienne écarte le rideau lourd, barré du bandeau noir du deuil.
La Princesse est blessée, le Roy est mort, les ennemis debout. Dans le camp les cris montent : on opère, on ampute.

On enterre. C'est la guerre.
Etienne fait un pas en dedans.

- Princesse, es-tu là ?

Il guette ce que dévoile l'ombre qui lui répond.
_________________
Etienne LaHire, dit Herode
Manoleta
[ Bis répétita ]

Les jours se suivent et se ressemblent. Dans les sifflotements joyeux, tout a été dit, tout à été fait.
Les épées affûtées, les dagues aiguisées, les piques avinées et le vin très piqué.
Ou l'inverse.
Çà chantonnait, chantait et même ça priait.
Et les mots, les grands mots étaient dits.
Ceux que l'on glisse gravement comme s'ils étaient les derniers.

Depuis le miracle bourguignon, celui où Manoleta a su qu'elle était devenue immortelle, les mots sont dits sans grande conviction.
Et c'est terrible, en fait...
Faire ses adieux en sachant pertinemment qu'on ne mourra pas, c'est un brin énervant !

Premier soir et trois armées de face.

Un rictus amusé éclaire son visage. Elle a mis par coquetterie sa grosse armure qui grince un peu depuis qu'elle a pris la pluie.
Sans elle, pour sûr, elle virevolterait au nez de l'ennemi.
Sous les braillements, les épées qui se croisent.
Rien, pas le plus petit navarillonnais, ni même un gros papiste à se mettre sous le fer.
Au petit matin exténuée d'avoir gigoté en vain, le sommeil l'emporte pour un repos réparateur.
Il faut savoir que les miraculés dorment. Aussi.

Second soir et trois armées de face.

Un rictus...


Petit, petit, petit...

appelle t-elle pour amadouer l'interlocuteur décidément peu loquace.
Rien.

Elle en vient à se dire que c'est lassant d'être immortelle. Que va t-elle pouvoir raconter à ses multiples arrière-arrière.... petits enfants ?

Et la foudre tombe à côté. Sur Celui qui compte bien plus que sa propre vie.
Cruauté qui trouve là son talon d'Achille...



Dalmau
Faiblesse éphémère perdue sur les champs dolents, croyait-il...

[Nuit du 18 au 19 juin, Auch:défense]

Hey, Dalmau, j'ai ce qu'il vous faut pour l'étude des viscères ! Si avec ça elle ressuscite, j'me fais nonne !

La songerie semblait finie, les propos de Victorine l'extirpèrent de sa torpeur passagère. Il secoua brièvement la tête comme pour chasser une idée obstinément accrochée lui. Il devait se reprendre... Depuis les prémices de cette escarmouche son épée ballottait aux quatre vent sans but... La bataille? Il n'en avait rien vu et pourtant il y en avait à voir. Au moins cinq pécores paumés dans les blés s'étaient jetés sur eux.

Dal s'avisa de la pauvrette baignant dans son jus que sa camarade avait terrassé par deux fois, lui tranchant une épaule et la gorge. Une moue sceptique s'installa sur sa figure. Ce corps ainsi découpé lui inspirait un inexplicable dégoût... Le Très-Haut aurait-il la force de ramener une âme dans un tel brouillon de corps? Et s'il en avait la force, aurait-il le fil et les aiguilles nécessaires?


Pouarf! Vous d'vriez vous concentrer plutôt qu'de m'parler de méd'cine en plein sur un champ d'bataille dam'Victorine. Par ailleurs, si vous vous faites nonne...

Le montagnard n'eut pas le temps de finir sa réplique qu'une bûche vrombit dans les airs manquant de peu de s'écraser sur la volubile. Il ne put que constater sa chute tandis qu'un lourdot se jetait sur elle.

Hola bandit, tu crois qu'j'vais t'laisser faire! Pas touch'!

Il se fit violence, il devait agir et vite sans quoi elle pourrait y passer... Chose qu'il se refusait. Il releva prestement la jambe oubliant le poids de ses cuissards de fer blanc et abattit la semelle de sa botte sur les fesses de l'importun... Sa lame se joignit à son pied et s'envola jusqu'à l'épaule du malheureux bourguignon. Ce dernier, assailli par l'infortune, vint malencontreusement s'empaler sur l'épée, dressée vers les nues, de la blondinette qu'il avait tenté d'estourbir.

Pas touch'que j'avais dit. Et j'suis homm'de parole.

Un sourire vint s'ancrer à la commissure de ses lèvres. Loin d'être une expression de joie dénuée d'humanité au coeur de ce drame, il se sentait juste soulagé... Il ôta son espadon de fer de la clavicule du malchanceux et le rengaina. Sa main se tendit vers celle qui gisait là, un moribond sur sa pique.

Donc j'allais dire. Par ailleurs, si vous vous faites nonne, il ne me viendrait pas à l'idée de vous... Hum... sauver la vie, lui dit-il sans lacérer son langage bien que la conclusion ne pouvait être plus incertaine. Excès de pudeur ou semblance de crime, la raison de son indécision lui échappait pour le moment.

Citation:
19/06/1461 04:20 : Vous avez frappé Philippe_sanche. Ce coup l'a probablement tué.
Maya_bzzz
Maya venue pour taper un peu, faut bien s'occuper ,avait suivi les Ravis sur les champs de bataille.
L’excitation de la nouveauté avait vite laisser place à l'angoisse, pas pour elle non.
Responsable d'une petite lance , la gueuse avait couru avec quelques personnes pour rattraper leur retard qu'ils avaient pris en route.
La petite troupe avaient rattraper les armées à Toulouse.

Le premier soir, sa section s'était tenu en retrait , aucun coup porter, mais le second, elle y était , enfin !
Sentiments mêlés , peur, adrénaline, puis les odeurs, le sang , la peur, et la rage de l'un et l'autre des deux camps.
Sentiments étranges que la gueuse ressentait, le bruit du fer des épées, les cris , les ordres hurlés.
Quand un ennemis fonça sur elle.
Ses jambes ne semblaient plus vouloir bougées, soudain, la guerre devenait une réalité,elle dû se ressaisir et repoussa l'assaillant, un coup d'épée, et sa lame venait de faire couler pour la première fois le sang d'un homme.Là encore, les sentiments se bousculent .
Mais elle n'a pas le temps d'analyser ce qu'elle ressent, qu'il faut continuer.
Puis son sang à elle se met à couler, le sien.
La leçon, se souvenir de la leçon que So lui avait apprise, "mourir avec classe en 5 leçons" .
Un instant plus tard, elle jouait encore de son épée qui semblait agir seule.
Le calme s’abattit soudain, la tente des blessés, le médicastre lui noue un bandage autour du bras , blessure légère.
Demain, elle devra restée sagement au repos.

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