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Je savoure un tailleur et je rencontre un gâteau

Eliance
Toutes les routes mènent pas à Belley ?
C'est nouveau, ça...


Le rire ménudiérien est interrompu par la question du petit tailleur qui manque bien d'imagination, sur ce coup. Et puis... vrai qu'il en pose, des questions, mais que la Ménudière commence à trouver que ses réponses à lui sont bien trop approximatives. Elle songe à l'interroger de manière plus poussée. Le harcèlement, ça paie toujours, non ?

Moitié, oui...
Un frère entier, t'as un père et un mère en commun avec lui.
Une moitié de frère, t'as que la moitié du sang. Tu vois ?


Elle le regarde en penchant un peu la tête sur le côté.

T'as pas cru que j'ai un frère cul-de-jatte, quand même...
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Elias_romanov
Il fallait avouer qu'Elias s'intéressait peu aux familles. Ce qu'il restait de la sienne ne l'invitait pas à ce genre de curiosité. Ainsi, il conçut qu'il devait bien avoir des moitiés de frères et soeurs quelque part en Moscovie.
Il acquiesça ainsi à l'interrogation d'Eliance.


Je vois.

La jeune femme décida alors de le prendre pour un parfait idiot, et il hésita brièvement sur la réplique à opposer. Elias répondit alors d'un ton tout à fait pince-sans-rire à la journaliste :

Non j'ai cru qu'il lui manquait la tête. Cela semblait aller avec la famille.

Il y avait des chances pour qu'il ait un autre coup d'oreiller, avec cette réplique. Et il concevait qu'il l'avait bien un peu cherché.
Un peu beaucoup.

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Tailleur indépendant, à (re)vendre - Galerie
Eliance

D'abord elle rit. Croyez pas que c'est une habitude. Même si ça tend à le devenir devant l'humour dévastateur du tailleur. Elle rit beaucoup, même d'ordinaire. Elle est pas Meringue pour rien. Légère et aérée. Croyez pas non plus que le proverbe bien connu à base de rire et de lit peut s'appliquer à elle. Si elle était passé sous tous les gens qui l'ont faite marrer, disons que ce serait dramatique.
Bref, elle rit. Encore.

Elle rit pas seulement parce qu'il est drôle. Elle rit parce qu'il ose. Parce qu'il lance des piques l'air de rien, avec toujours cette tronche sérieuse qui paie pas de mine. N'empêche, d'un point de vie totalement ménudiérien, il réclame son coussin, quand même. Il le mérite. Il le cherche. Et comme Eliance est généreuse, elle ne met pas longtemps à accéder à sa requête. Le coin du coussin qui dort dans sa main est resseré et la main jetée dans un grand élan sur le russe pour un éclatage de coussin dans les règles de l'art.

Sauf que – il faut toujours un sauf – Eliance n'est pas réputée pour son adresse. Encore moins pour la précision de ses gestes. Le malheureux tailleur se prend un avant-goût mémorable de ça dans le front. Parce que c'est pas le coussin qui rebondit en premier sur son visage, mais bien le poing serré d'Eliance qui est cencé seulement donner l'impulsion à l'arme. Quand les os tutoient le front du russe, le coussin est laché manu militari, la roussi-blonde se jette à plat ventre vers le russe et prend le front dans ses deux mains.


Oh merde... pardon... pardon... pardon...


Elle a pas l'habitude de cogner, la Meringue. C'est même la première fois que son poing vient s'applatir sur quelque chose. Alors le choc est rude, même pour elle. Elle ne rit plus du tout. Sa mine s'est déconfite. Elle souffre pour lui. Même si le coup n'était pas fort, elle a l'impression de lui avoir décalqué la tête. Alors, étalée à plat ventre sur les couvertures, surplombant un brin le tailleur, elle tient doucement ce front qu'elle croit avoir défiguré en laissant traîner ses pouces doucement sur la peau blanche de l'homme.

P'tain... j'suis désolée... pardon...

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Elias_romanov
La contre-attaque vint comme prévu, et parce qu'il ne s'attendait qu'à un coussin, Elias ne prit pas le soin de tenter d'esquiver celui-ci, et il fut content d'avoir disposé des couvertures et des coussins pour amortir son retour assez violent à l'horizontalité grâce au poing d'Eliance.

Elias s'était déjà pris des beignes dans le passé, mais généralement il veillait à éviter ce genre de situation, ne s'estimant pas de taille (ah ah, jeu de mots) à affronter des armoires à glace. Et il ne maitrisait aucun art martial obscur moscovite, ainsi ses compétences étaient quasi nulles en matière de combat rapproché.

Allongé de nouveau, l'oeil gauche voyant de petites étoiles, Elias porta la main à sa tempe. Il était probable qu'il aurait un bleu le lendemain d'ailleurs.
Enfin il pourrait improviser une histoire pour les clients curieux, qui ne seraient pas dupes, mais qui riraient d'imaginer un tailleur au visage sérieux vivre de folles aventures de conte russe.

La jeune femme prit alors son front entre ses mains, s'excusant tout ce qu'elle pouvait pour l'avoir frappé, et cela perturba presque plus le tailleur que de s’être pris son poing dans la tête.
Elias aurait pu jouer la comédie de l'homme blessé ayant besoin d'un bisou-qui-guérit". Mais ce n'était pas vraiment l'éducation qu'il avait reçu plus jeune. Probablement qu'il s'en morigènerait le lendemain.

Ainsi il leva les yeux vers Eliance, simplement. C'était un regard un peu surpris, un peu tendre aussi. Il sut que parler, lui dire un compliment ou ce genre de choses, briserait l'instant. Ainsi il se contenta d'observer les lueurs oranges du feu dans les yeux d'Eliance et il ne put s'empêcher de lever son autre main vers le visage de la jeune femme, pour la poser sur sa joue en un geste délicat.

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Eliance
Pour sûr, ce coup de poing va traumatiser Eliance pendant des jours. Elle va sans doute cauchemarder, se voir égorger des innocents, commettre les pires atrocités, prendre la place de bourreaux, dès qu'elle fermera un oeil. Juste à cause de ce malheureux incident. Mais pour l'heure, elle est toute chamboulée, les idées en vrac, aussi dérangées que si elle avait reçu elle-même le coup sur la caboche.

Et lui qui ne bronche pas. C'est assez inhabituel pour retourner la Meringue un peu plus. Elle attend que la bouche russe s'ouvre et prononce quelque ânerie. Elle guette la moindre râlerie. Elle s'attend à ce qu'il se dise étonné que le coup vienne de la femme et pas du mari. Qu'il vienne si tôt. Qu'elle a une sacrée poignée de main. Mais rien. Rien ne vient. Un silence lourd et à la fois léger les englobe. Elias ne réagit pas. Du moins, pas comme Eliance s'y attend. Il porte simplement une main sur son visage à elle. Lentement, mais sûrement. Comme si son geste était guidé, réfléchi. Pourtant, le regard qu'il lui lance, ce regard qui fond dans le sien, semble sortir de nul part, hésitant et profond. Ces yeux gris happent la Ménudière d'une façon étrange. Elle sent son souffle se coincer dans sa gorge. Ses tempes cogner violemment. Rien ne va plus.

Il lui semble impossible de décrocher ses pupilles qui semblent aimantées à celles du russe. Le temps s'est suspendu. Quelques minutes, peut-être, ou simplement quelques secondes, s'écoulent, s'égrainent. Comme possédée, elle voit son visage se rapprocher millimètres après millimètres du sien. Comme si la main qu'il a posé sur sa joue était là pour l'attirer à lui. Quand elle cligne des yeux, c'est pour se rendre compte qu'elle sent son souffle, qu'elle perçoit son odeur. Elle est tellement proche de lui, de son visage, de sa peau, qu'elle voit les détails de ses yeux. Elle voit le gris, les petites tâches plus foncées, les rayures plus claires. Elle ne sent plus ses propres mains qui se sont figées sur la peau blanche du russe. Elle ne sent que son souffle qui vient se confronter à celui de l'homme.

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Elias_romanov
Elias aurait pu hésiter, alors que le visage de la journaliste se rapprochait du sien. Il aurait pu se remémorer les histoires de meringues, de jonquilles et de dracs, pour conclure que ce n'était pas l'idée du siècle.
Mais le tailleur était plutôt du genre à ne pas se poser de questions. Il ne se qualifiait pas vraiment d'épicurien, mais il vivait comme si il pressentait que tout pouvait s'interrompre d'un jour à l'autre.

La seule chose qu'il se dit à cet instant précis, ses yeux gris plongés dans ceux marrons d'Eliance, c'était qu'il avait imaginé cette scène bien des fois. A l'adolescence, on pouvait avoir l'imaginaire fertile concernant une jeune fille à la chevelure flamboyante cernée de fleurs en tissu, qu'on voyait à une lucarne.
Il lui confierait peut-être cet aveu, plus tard.

Ce fut lui qui happa les lèvres de la jeune femme, mettant fin à cette attente presque insoutenable. Cela lui fit oublier la douleur à la tempe, au passage, ce qui n'était pas plus mal. Une part de lui fit remarquer qu'il était rare de se prendre la beigne avant ce genre de choses.

Un baiser doux et tendre, et qui pour lui, paraissait être la conclusion évidente de tout cela. Il abandonna les lèvres d'Eliance après un instant, rouvrant les yeux pour l'observer, sa main toujours posée sur la joue de la jeune femme. Comme attendant qu'elle décide de la suite de la nuit.

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Eliance
Elle non plus ne réfléchit pas vraiment à la chose. Si elle l'avait fait, Eliance aurait entendu la grosse voix de Torvar lui conseiller de vivre sa vie, de suivre ses instincts, ses envies. Elle aurait visualiser la mini-Teigne euphorique en train de sauter partout pour l'encourager, à la manière d'une pompom-girl hystérique. Elle aurait perçu le regard noir, déçu, si lourd de sens d'un Diego nageant dans le sens contraire du courant, pour une fois. Elle aurait imaginé tout ça et aurait paniqué. C'est certain.

Mais Eliance ne réfléchit pas. Étrangement, rien ne se passe dans ses neurones. Elle a laissé leurs souffles se mêler jusqu'à ne plus distinguer le sien. Elle a laissé les lèvres du russe venir saisir les siennes. Sous ce contact, ses paupières se sont closes, machinalement, pour se rouvrir quand l'air frais s'est engouffré à nouveau sur cette peau baisée. Alors, leurs yeux se sont enchevêtrés avec la même intensité qu'auparavant. Alors, ses mains n'ont pas bougé et c'est elle qui est venu à nouveau souder ses lèvres à celles de l'homme, sans fermer les yeux, préférant s'y noyer plutôt que d'interrompre cet échange profond. Une série de baisers s'en est suivi. Doux, délicats, timides. Et quand elle a éloigné son visage du sien, le regard toujours figé dans les gris, sa lèvre inférieure est rentrée à l'intérieure de sa bouche, venant se faire suçoter comme pour laver l'affront infligé à l'époux, comme pour conserver encore le goût de ce rapprochement incertain et interdit.

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Elias_romanov
Le crépitement des braises était la seule chose rompant le silence qui régnait dans la pièce.
Une pensée traversa le jeune tailleur : autrefois, ils ne s'étaient pas parlé, devant se contenter uniquement de se regarder à travers une lucarne, et ce soir ils poursuivaient ce qui avait été impossible à l'époque.

Mais il ne s'attarda pas très longtemps sur ce genre de choses, le présent le rappela bien vite à la réalité. Il lui ne voyait désormais que les baisers rendus et ce regard plongé dans le sien. Les cheveux d'Eliance, retombés autour de leurs deux visages, créaient une alcôve intimiste, et le reste du monde ne sembla plus si important.

La main d'Elias, posée sur sa propre tempe au départ, rejoignit la nuque d'Eliance, peut-être pour éviter qu'elle ne s'échappe au gré d'un courant d'air. Il essaya de lire dans les yeux sombres de la jeune femme ce qui pouvait bien lui traverser l'esprit, alors qu'elle mâchouillait sa lèvre inférieure.
Finalement, il céda à l'impulsion et l'embrassa de nouveau. Si les premiers baisers avaient été timides, celui là ne le fut pas.

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Eliance
    "Je ne te mangerai pas."

Elias avait raison. Ce n'est pas lui qui la mangerait. C'est bien Eliance qui se laisse dévorer, là, offrant ses lèvres en pâture, s'oubliant contre le russe. Le pire ? Le pire, c'est qu'elle apprécie. Elle, qui n'a jamais compris comment son mari pouvait se laisser aller auprès d'autant de femmes, est en train de comprendre, sans trop s'en rendre compte. Elle ressent, du moins, des choses étranges en elle. Des choses réveillées quelques fois par Diego. Quelques rares fois. Pour abréger les baisers qui commencent à s'emballer plus que de raison, pour tenter de reprendre le contrôle inespéré d'une situation qui la dépasse, elle vient poser son front, son bout de nez, contre ceux du russe et doucement soupire.

Eliance hésite. Eliance a peur. Eliance ne se reconnaît pas, soudain, dans ses actes. Ses mains n'ont pas bougé, fixées aux tempes du tailleur, comme obligées de rester immobiles. Eliance ferme les yeux. Eliance est perdue. Eliance se perd trop dans le regard gris. Eliance trouve ça tellement dangereux, d'un coup. Eliance rompt le silence, au bout d'un moment.


Elias...
...
... j'sais pas...


Elle veut lui dire. Elle veut qu'il sache. Mais les mots sortent au compte-goutte, hésitants, si peu sûrs d'eux. Peut-être comprendra-t-il. Peut-être pas. Alors elle en rajoute quelques-uns, sans doute tout aussi obscurs pour le jeune russe, accompagnés d'un regard qui, peut-être, parlera pour elle. Les yeux brillent de gêne. Pourtant, elle soutient son regard. Elle ose lui dire qu'elle n'y connaît rien en choses de l'amour. Qu'elle est coincée au même stade depuis des années. Qu'elle ne fait que décevoir qui la touche.

... j'sais pas faire...

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Elias_romanov
Les baisers se firent plus enflammés, avant qu'Eliance ne réclame une pause. Le coeur du tailleur battait la chamade, mais manqua un battement lorsqu'elle parla à voix basse.

Le jeune tailleur dut prendre sur lui et réflechir à ce qu'elle venait de lui dire. Il attribua cela au mariage d'Eliance, l'hésitation à franchir le pas, à être infidèle. Il pouvait parfaitement comprendre cela, et il ne lui en aurait pas trop voulu si elle avait décidé de faire machine arrière.

Il lut alors dans ses yeux que ce n'était pas que cela, et elle confirma ce sentiment, quelques mots ajoutés. Une brève surprise passa dans les yeux du tailleur, mais cela fut vite remplacé par de la tendresse.
Elias observait les corps, de par son métier. Leurs formes, mais aussi la façon dont ils bougeaient. Parfois il adaptait un modèle à la personnalité du client qu'il avait ressenti, par quelques détails, suivant un instinct aiguisé par ses années d'apprentissage. Plusieurs choses furent ainsi remises en perspective, des paroles qu'elle avait eu, les positions qu'elle prenait sur la margelle de la cheminée. Une femme qui détestait les robes et refusait de se mettre en valeur, n'aimant pas que des hommes lui fassent la cour. Et qui avouait ne pas s'y connaitre en choses de l'amour. Il avait attribué cela au départ à de la timidité, mais il comprit que cela allait plus loin.

Plusieurs réponses passèrent dans la tête d'Elias, mais il murmura d'abord simplement :

N'ais pas peur.

Il ne s'était pas vraiment imaginé à donner une leçon de choses à la jeune femme, qui en était à son second mariage.
Il ajouta, comme pour l'aider à calmer son angoisse :


Suis simplement ton instinct.

Et la meilleure méthode pour qu'elle ne réfléchisse pas, c'était de l'embrasser à nouveau, ce dont il ne se priva pas. Il veilla tout de même à ne pas être trop entreprenant, pour ne pas la brusquer.
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Eliance
Suivre son instinct... Il en a de bien bonnes, lui. Quand elle suit son instinct, Eliance se prend un cheval en pleine face. Quand elle suit son instinct, elle se fait rembarrer violemment en se confessant sur les sujets qui la troublent. Quand elle suit son instinct, elle épouse un mari volage et ferme les yeux à ses douleurs. Alors non, l'histoire de l'instinct, c'est un conseil à chier. Son instinct est mort environ à l'âge de cinq ans. Reconstuire ça n'est pas une mince affaire. Elle s'y attèle, tente, essaie, teste des choses, mais rien ne vient. L'instinct est coincé. Manque de bol, c'est lui qui enseigne la détente, le plaisir. C'est lui qui apprend à être une vraie femme et pas une serpillère.

Du coup, l'évocation de l'instinct dans cet instant magique et tout aussi complexe la panique. Le russe a beau prendre un ton rassurant, a beau vouloir dire des choses rassurantes, il ne fait que la paniquer encore plus. Dire à une angoissée de ne pas avoir peur revient à dire à un phobique des araignées qu'il en a une énorme sur l'épaule. Carnage assuré. Alors quand il l'embrasse – et Dieu sait qu'il fait pas ça à la légère –, elle tente de suivre ses conseils. Pas avoir peur... Suivre son instinct... Pas avoir peur... Suivre son...

Échec ! Elle se tend. Elle se crispe. Elle en pète. Elle transpire. Elle a le souffle qui s'agite. Le coeur qui s'envole et rebondit sur les rebords de sa cage thoracique. Ses lèvres se mettent à trembler sous les baisers du russe. Elle n'y tient plus. La panique est là. Elle la sent monter en elle. Alors ses mains abandonnent le visage de Elias. Ses lèvres s'en éloignent. Elle s'assied. Ses jambes sont repliées contre son ventre pour essayer de minimiser les tremblements.


File-moi un truc de fort... vite...


La voix qui est sortie de sa gorge ne laisse aucune place à l'hésitation. Elle sait ce qui lui arrive. Elle sait que si elle ne boit rien de très fortement alcoolisé, elle sera possédée d'ici peu. La peur n'est plus seulement dans sa caboche. Elle habite son corps entier.
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Elias_romanov
A voir la tête d'Eliance, le tailleur comprit qu'il était tombé à côté de la plaque concernant ce qu'il fallait dire. Comme quoi il n'était pas parfait, ce prince-pas-charmant. Elle se mit à trembler de partout, à s'éloigner de lui, et à réclamer quelque chose de fort.
Si Eliance tremblait, Elias manifestait lui un calme visiblement à toute épreuve, alors qu'il se levait.


Je te trouve ça.


Et non, pas de vodka voyons, ça coutait trop cher à l'importation. Et c'était cliché. Le jeune homme se dirigea vers une porte, dissimulée derrière un pan de tissu, et disparut un bref instant, revenant avec deux timbales, et une bouteille sombre contenant un liquide pour l'instant non identifiable. Il dit presque d'un ton d'excuse :

C'est un ancien client qui me l'a donné, il m'a dit que ça venait des mirabelles.

Elle avait demandé quelque chose de fort, alors un alcool dans les 55° devait probablement correspondre à la description. Il remplit une des deux timbales à moitié et la donna à Eliance, un peu inquiet tout de même de la réaction de la jeune femme.
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Eliance
Le temps peut sembler une éternité quand il file en merveilleuse compagnie. Mais il en est de même quand le cauchemar est là. La vie d'Eliance se résume à ça. Tantôt du paradis, tantôt de l'enfer, mais toujours lentement. Les deux se cotoient allègrement, l'un chassant l'autre, sans aucune règle de priorité ni de dominance. Si le rapprochement avec Elias lui a procuré une sensation de plénitude, la frayeur et ses démons ont pris le relais à cet instant. Tout ça à cause d'une fichue angoisse qu'elle se traîne comme un boulet.

La Meringue tremblante regarde le russe partir à la recherche du breuvage salvateur. S'il se dépêche, tout se passera bien. S'il se dépêche... Le jeune tailleur ne semble pas mesurer l'urgence réelle de la demande. Il est calme. Trop calme. Bien trop calme. Il aurait dû courir, se précipiter, diriger le goulot vers les lèvres ménudiériennes pour qu'elle boive vite. Peut-être Eliance n'a pas assez bien exprimé la chose. Pendant qu'il s'évapore dans la pièce voisine, Eliance tente de contrôler les tremblements qui montent, toujours plus puissants en elle. Elle sait que quand tous ses membres trembleront à l'unisson, il sera trop tard pour stopper la machine. Alors elle tient ses jambes serrées contre elle, les bras bien figés aussi, forçant les tressautements des muscles à se contenir le plus possible. Les pieds sont atteints. Les mollets aussi. Les cuisses. Le bras droit intégralement, de l'épaule jusqu'au poignet. Mais le gauche n'est pas totalement envahi.

Alors quand Elias revient avec la bouteille, prend le temps d'en expliquer la provenance, fait couler le liquide dans une timbale, ce n'est pas la chose tendue dont Eliance s'empare précipitemment, mais bel et bien la bouteille elle-même qui est arrachée de la main russe sans ménagement. Le geste est sûr, précis, pourtant, le bras tremble tout ce qu'il sait et il faut l'aide de sa seconde main pour que le goulot se porte à peu près sur ses lèvres et que Eliance boive, goulûment. La bouteille vibre au rythme des deux menottes qui semblent chacune se chamailler l'objet, faisant valser l'alcool de mirabelles dans un sens, puis dans l'autre. Mais la Meringue parvient à s'imbiber, plusieurs gorgées, alors que le trop-plein coule du coin de sa bouche par gouttelettes.

Quatre gorgées. Quatre bonnes gorgées, puis Eliance se laisse tomber sans retenue en arrière, dans les couvertures et les coussins. Son corps tremble encore, mais elle le laisse faire à présent. Elle le laisse la malmener avec violence. En général, l'alcool interrompt la crise. En général, il n'en faut pas plus. Elle a posé la bouteille sur le sol et se laisse aller à ce corps qui n'en fait qu'à sa tête (si on peut dire...). Parfois, un tremblement plus fort fait se soulever son buste dans une tension extrême. Mais elle sait que la grosse crise ne viendra pas. Et peu à peu, le calme reprend le dessus, alors qu'un soupire annonce la fin du cauchemar.

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Elias_romanov
Non, Elias n'avait pas compris, car tout cela lui échappait un peu.

Eliance lui arracha la bouteille des mains, surprenant le tailleur, qui la vit s'engloutir plusieurs gorgées d'alcool avant d'abandonner la bouteille, et de se mettre à trembler.
La précipitation des choses avait pris de cours le jeune russe, en effet, il avait déjà vu des gens pris de folies et convulser, et bien souvent on lui avait dit qu'ils étaient malades, ou fatigués. Ainsi ce qui produisit le laissa brièvement interdit, avant qu'il ne décide de se rasseoir auprès d'Eliance, et au profit d'un instant moins turbulent, de la prendre dans ses bras.

La chose ne fut pas aisée, les convulsions rendirent l'opération délicate, mais il réussit à prendre une position pas trop inconfortable et à caler la jeune femme contre lui, contenant les mouvements violents.

Il ignorait si c'était la chose à faire, ou non, mais il se dit que si il avait été dans ce genre de cas, il aurait probablement apprécié qu'on prenne soin de lui.

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Tailleur indépendant, à (re)vendre - Galerie
Eliance
Ce type est épatant...
C'est en substance la phrase qui traverse l'esprit ménudiérien venant de redescendre à la surface de la pièce. Là, éreintée par les spasmes maintenant disparus, bercée par les bras du tailleur, Eliance se rend compte que pas une seconde l'homme n'a paniqué. Pas un mot. Pas un geste brusque. Pas une lueur de peur n'a traversé son visage. C'est assez inhabituel pour être signalé. D'ordinaire, les gens assistant à ça crient au diable, courent en tout sens, jettent des seaux d'eau sur la tronche de la malmenée... Lui n'a rien fait de stupide. Il a conservé son calme olympien – par on ne sait quel miracle – et a simplement fait en sorte de la tenir contre lui. Simplement.

Alors quand le soupire annonciateur de l'achèvement de la crise intervient, il est poussé par une Meringue rassurée. Elle sait qu'elle n'aura pas besoin de rassurer Elias. Ni de lui expliquer. Pas de suite, en tout cas. Elle peut prendre le temps de respirer calmement, de reprendre possession de son corps. D'ailleurs, elle fait ça petit à petit, en essayant d'ignorer les muscles endoloris par cette agitation soudaine. Elle remue d'abord ses orteils, dans ses bottes. Et puis ses bras se déplient pour venir entourer le tailleur et se serrer plus fort encore contre lui, ses doigts agrippant le tissu de sa chemise.

Le silence est réellement une évidence, entre eux. Il est là, toujours. Mais pas pesant comme parfois. Il les enveloppe pour mieux les protéger. Pour mieux les réunir. Tout de même, au bout d'un moment, Eliance le rompt. D'un murmure.


Pardon...

Le regret qu'elle a n'est pas dû à sa présence cette nuit-là dans l'atelier du tailleur. De ça, elle ne regrette rien. Elle regrette le jour et l'heure de la rencontre. Elle regrette d'être marié, à cet instant donné. Elle regrette de ne pas savoir être une femme comme les autres. Elle regrette d'être elle.
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