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[RP] Pèlerinage - Chacun pour soi et Dieu pour tous!

Ellya
Marseille.
La première et dernière fois que la religieuse y avait mis les pieds, elle était jeune. Terriblement jeune. Elle venait de quitter sa Gasconha natale avec son fiancé d'alors et, surtout, avec une candeur à toute épreuve. Il avait voulu lui montrer l'autre mer, l'amoureux qu'il était ne souhaitant que faire briller ses yeux clairs. Mais son regard à elle ne voyait à ce moment-là que l'horrible choix à faire entre se marier à ce soldat pataud, qu'elle appréciait au demeurant, et prononcer ses voeux majeurs dans sa chère abbaye de Noirlac.
Le destin étant ce qu'il est, elle se retrouva à épouser un autre homme, quinquagénaire misogyne et spinoziste de surcroît, pour une cause soi-disant juste, mais s'étant révélée être un calvaire de plusieurs années.

L'innocente et aimable Ellya était devenue, au fil de son mariage, une femme meurtrie, abusée et désabusée, une mère exclue et distante malgré elle, une épouse meurtrière et une veuve lasse et rongée par le péché.

C'est pourquoi elle avait décidé d'entreprendre ce pèlerinage vers le bout du monde. Alexandrie. Deux raisons principales l'y poussaient.
La première, qui avait suscité l'envie, résidait dans une relation de longue date et pourtant mal entretenue. Uriel. Il l'ignorait, mais avait eu tant d'importance et tant d'écho dans les actions de la Duranxie qu'il serait difficile de toutes les nommer. Il était le seul à qui elle n'avait jamais voulu se confesser. Elle avait essayé un jour, mais sa lettre n'avait pas trouvé le bon destinataire. Puis elle avait appris sa mort, abruptement. En avait pleuré, assurément. Elle s'était même rendue jusqu'en Lorraine en espérant y trouver une sépulture qui aurait honoré sa mémoire, n'ignorant pas que son corps n'y avait pas été rapporté, et avait eu l'intense déception de voir qu'aucun souvenir de lui n'y était. Alexandrie, donc. Comme dernier espoir de se confesser auprès d'un mort.
La seconde enfin, qui avait généré le besoin. Elle avait entendu, au détour d'une taverne, que non loin se trouvait une falaise. Si l'on y sautait, l'on pouvait avoir la chance d'avoir une rencontre exclusive avec le Créateur. Et comme elle avait besoin d'être jugée... Quitte à ce qu'Il lui refuse la résurrection.

Un pèlerinage donc, qu'elle aurait souhaité accomplir seule. Et pourtant elle se retrouvait accompagnée de sept personnes qui faisaient de ce voyage un véritable chemin de croix!
Il y avait son fils, revenu au bercail après une quinzaine d'année d'éloignement voulu par son défunt époux, pour lequel elle n'arrivait à n'éprouver aucun amour maternel. Sa pupille qui se rapprochait dangereusement de sa progéniture. Une amie poétesse et un idiot d'écrivain qui avaient décidé, durant le pèlerinage, de tester chacun des péchés sous le regard horrifié d'Ellya. Un maistre d'arme qui ne lui inspirait que du mépris - et c'était réciproque. Une jeune femme qu'elle ne connaissait pas encore. Et, cerise sur le pudding à l'arsenic, une vieille folle qui se disait voyante.

Il y avait aussi Antoynette qui ne manquait pas de lui reprocher sa froideur vis à vis des autres. Antoynette et sa jeune enfant. Jeune enfant qu'elle lui avait confiée et qui s'était chopée une maladie, à cause d'elle assurément. Même si la Cistercienne n'avait plus la chaleur de sa jeunesse, elle culpabilisait toutefois de l'état d'Olympe.


Nous voilà arrivés. Pause de... Plusieurs jours.
On se sépare! Sashah et Juste, vous cherchez une auberge. Sibylle et Gerei, un bateau. Antoynette et Paondora, de quoi nous nourrir convenablement avant le départ.
Amen.


Laissant son âne Onyme aux bons soins de sa pupille, Ellya partit en direction du marché, espérant y trouver un remède pour la petite et, surtout, afin de s'éloigner de ce groupe farfelu qui excédait sa patience.
Vêtue de sa bure blanche (enfin, blanc-sale maintenant), les pieds nus, sa médaille aristotélicienne battant contre sa poitrine au rythme de ses pas, son épaisse chevelure blonde tressée et reposant sur son épaule gauche, quelques rides au coin des yeux, toujours trop chétive, elle se fraya un chemin parmi les commerçants, se laissant séduire par ceux qui tentaient d'alpaguer les clients à grands cris.


Un liiiiiivre des vertuuuuus, exemplaiiiire uniiiiique écrit par Chriiiistooos lui-même! C'est une affaiiiiire!
Non?!
Siiii, ma bonne dame! Regardez!
Waw!
500 écus! Une affaiiiire je vous dis!
Waw!

Elle les avait, ces écus. Prise de fièvre acheteuse, elle était prête à se faire duper. C'est qu'il était beau, ce livre de contrefaçon, en plus!
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Ava_francesca
Cela faisait déjà plusieurs jours que la jeune fille était arrivée à Marseille. Elle y attendait sa mère. Elle ne savait pas quand celle-ci devait arriver, sous peu avait vaguement affirmé son père, sans vraiment en être sur, pressé de retourner à ses taches cléricales. Sous peu ... C'était trop long lorsque l'on avait treize ans.

Elle avait donc laissé son père à Arles pour rejoindre seule Marseille. Seule, elle l'était, totalement. Un soir où l'ennui la rongeait plus que d'habitude, elle se permit d'entrer dans une taverne. Elle savait que ni les Sœurs, ni son père n'auraient vu cela d'un bon œil, surtout à une heure aussi tardive. Mais, elle n'avait couru aucun risque. Une dame très aimable était venue presque aussitot, puis quelques hommes qui visiblement étaient connus de la dame et ne présentaient vraisemblablement aucun danger.
Elle s'ennuyait tant qu'elle avait même renoncer à aller voir la mer, cela la rendait trop mélancolique de le faire seule. Elle en entendait le bruit et laissait son imagination vagabonder, assise sur le petit muret qui ceignait l'auberge.

Sous peu ... Elle espérait quand même avant la fin de l'été ! Et puis pourquoi avait-elle accepté ? Simplement pour chasser l'ennui ? Parce que l'opportunité d'un tel voyage à son âge ne lui serait surement pas offerte deux fois ? Ou peut-être pour être avec sa mère, mère qu'elle rejetait bien sur, mais dont secrètement elle voulait connaitre la vie. Les raisons à cela ne regardaient qu'elle.

Il faisait beau et l'envie était grande d'aller faire un tour, ce fut le marché qui une nouvelle fois fut sa cible. Elle le connaissait par cœur ce marché, mais souvent elle faisait semblant de découvrir de nouvelles choses sur les étals, elle observait les gens et s'imaginait la vie qu'ils pouvaient avoir suivant leurs achats, parfois même elle se laissait tenter à acheter quelque chose. Son père lui avait confié une petite cassette avec un millier d'écus, trop heureux de la retrouver après toutes ces années, et surement trop heureux de s'en débarrasser à nouveau. Pour Ava, il ne faisait aucun doute qu'aucun de ses parents ne l'aimait assez pour s'occuper d'elle à plein temps.

Finalement ce sont des vêtements qu'elle avait acheté. Une petite folie, une tenue qui ne seyait certainement pas à une jeune fille noble, mais elle s'en fichait, sur le bateau elle voulait être libre de ses mouvements et non entravée dans des froufrous et des dentelles. Et puis, si sa mère lui faisait une seule remarque, elle n'aurait qu'à menacer de sauter par dessus bord.

Son petit nez se plissa sous ses pensées tempétueuses, mais son attention fut vite détournée par des cris. Tiens ! Il n'était pas là la dernière fois, ce vendeur à la sauvette ! Elle s'approcha jusqu'à se placer à coté de la dame qui semblait intéressée par un livre.

Oh ... Le Livre des Vertus ... Combien de fois avait-elle du le lire et le relire, l'apprenant presque par cœur. Presque ... Jamais de la vie, elle ne dépenserait cinq cents écus pour un livre !


Il est vraiment très beau, dame. Mais tout de même, je trouve cela un peu cher non ?

Ava avait parlé suffisamment bas pour ne pas vexer le vendeur. Enfin elle l'espérait.
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Sashah
Nous voilà arrivés. Pause de... Plusieurs jours.
On se sépare! Sashah et Juste, vous cherchez une auberge. Sibylle et Gerei, un bateau. Antoynette et Paondora, de quoi nous nourrir convenablement avant le départ.
Amen.


Les ordres fusaient, quand ce n'étaient pas les ordres c'étaient les chants ou les inepties "ellyesque" qu'elle sortait à chaque étape où presque. Sashah était fatiguée, ce n'était un pèlerinage c'était une course qu'ils étaient en train de faire avec des handicaps en plus. Bientôt elle pourrait requalifié ce voyage en course d'obstacles ! Et Gerei ronflait la nuit, ce qui entrecoupait son sommeil et moins elle avait de sommeil plus elle cogitait. Et ce n'était pas ce qu'il lui fallait ça cogiter. Car plus elle réfléchissait plus elle se perdait...

Résultat elle avait mandé du repos. Oh ce ne fut pas pris très très bien dans un premier temps mais n'ayant trouvé aucun bateau pour Alexandrie, l'étape provençale devint primordiale. De toute façon il lui fallait retrouvée sa fille et rencontrer son père. A cette idée ses mains tremblèrent, elle se remémora l'histoire des affiches quelques semaines plus tôt et elle sentit son cœur s'affoler.

Elle sortit de ses pensées et regarda le jeune Juste qui comme elle semblait fatiguée des lubies de sa mère. Du moins c'est ce qu'elle pensait, si elle avait eu une mère comme ça, elle se serait sauvée à toutes jambes. Mais la fuite était une seconde nature chez Sashah et visiblement Ava Francesca en avait hérité.


- Allons y trouver une auberge, pour une fois nous dormirons dans des lits confortables et mangerons des spécialités provençales.


Puis elle murmura tout bas à l'attention du jeune Watelse, s'éloignant des oreilles de soeur Ellya.

- Et ce soir rendez vous tous sur la plage, bain de minuit obligatoire... Nous irons au marché en ville pour trouver un remède contre les insomnies et nous en collerons dans les chopes de la Guig... euh à votre chaperon, ainsi qu'à votre mère. Ce serait dommage de ne pas profiter des belles plages qui s'offrent à nous.
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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Watelse
De mauvaise grâce, Juste suivait sa mère et toute la troupe vers le marché. Une auberge? Il s'en chargerait. Sans Sybille, qui évidemment, était envoyée par sa mère à l'opposé de la ville. Décidément, les séparer devenait une obsession pour sa mère. Bref, il n'aurait pas le plaisir de converser. Avec quiconque d'ailleurs. Il n'avait pas réussi ces derniers jours de marche à tisser le moindre lien avec l'un des voyageurs. Seul lui restait son père déguisé en poule rousse, dont les discussions tournaient toujours autour d'un même thème : comment nuire à Ellya. Le jeune Watelse s'en passerait cette fois.

Pris de surprise, Juste Watelse mit un moment à écouter les murmures de Dame Sashah. Des bains de minuit? Droguer ses parents? Un peu mal à l'aise - l'adolescent était encore dans l'âge où la nudité reste un mystère et génère une grande gêne - il chercha un de ses comparses du regard. Devrait-il fuir le plus vite possible afin de sauver ses gonades d'une mise en scène nocturne traumatisante?

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Fils du feu Maitre orfèvre Georges L. Watelse et de la nonne Ellya de la Duranxie
Antoynette
Enfin une pause! Et comme d'habitude, Ellya dictait ses ordres. Ellya, qu'Antoynette avait de moins en moins envie d'appeler soeur, et encore moins mère. S'il paraissait normal à la brune de participer à l'organisation, elle déplorait la façon dont ça se déroulait. Que se passait-il dans la tête de la religieuse pour qu'elle répartisse les groupes comme bon lui semblait? Chacun ne pouvait-il se porter volontaire? C'était ça aussi, l'esprit d'équipe. Mais y en avait-il vraiment une dans cette troupe plus qu’atypique?

Lors du départ, la jeune femme s'était réjoui de passer du temps avec sa nouvelle amie. Mais la jeune Sibylle n'avait d'yeux que pour le jeune Juste, et sa promesse de lui conter les mythes et légendes des Saints durant le voyage semblait s'être envolée. Antoynette s'en attristait davantage chaque soir.

Elle aurait pu aussi accompagner Sashah, avec qui elle avait déjà commencé à faire connaissance. Mais la poétesse semblait préférer la compagnie de l'écrivain. Logique, après tout: ils savaient tous deux manier la plume, et qui se ressemble s'assemble. Au fond, Antoynette était heureuse pour eux.

Le jeune Juste lui semblait bien renfermé. Aller au marché avec lui aurait pu permettre de briser un peu la tension qu'elle ressentait chez lui, surtout depuis la nuit de camping. Lui en voulait-il d'avoir laisser sa fille à Ellya? Pensait-il qu'elle cherchait à l'éloigner de son fils? Tellement de doutes envahissait la jeune maman depuis cette nuit là. Elle aurait tant aimer les dissoudre.

Mais non, c'est avec Paondora qu'elle allait devoir faire les courses. Après tout, pourquoi pas? C'est la personne qu'elle connaissait le moins, pour ne pas dire pas du tout. Et plus vite fait, plus vite quitte, alors pas question de traîner. Là ou Willyam la qualifiait de fragile, elle passait, aux yeux de la troupe, pour une petite nature, qualificatif qu'elle détestait. Il était temps de leur prouver le contraire. Elle proposa donc à celle qui serait son binôme:


On y va? A moins que vous ne préfériez que je vous laisse les ânes et que je me débrouille seule?

Aucune animosité dans ses paroles, mais plutôt un désir de bien faire en proposant du repos à cette femme qui geignait davantage qu'elle toute la journée.
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Maximin
[L'éternité, c'est la mer mêlée au soleil]
*Arthur Rimbaud ; Une saison en enfer (1873)


Voilà ce qui qualifiait excessivement bien la cité phocéenne, qui affaichait déjà près de deux mille années.
A n'en point douter, au début ce n'était qu'un petit port de pêche dans la baie du Lacydon, et bien vite un comptoir commercial, ensuite Massilia et enfin Marseille, où les cinq sens étaient dans un émerveillement permanent ...

Pour une des rares fois depuis si longtemps, l'homme décida d'aller au marché, mû par une intuition certaine. D'aucuns auraient pu prétendre qu'il était sorcier, mais en vérité, c'était pire encore, aux yeux de tous, car il était une impossibilité.
Sortant de sa masure située non loin du port, il perçut rapidement l'air marin, néanmoins poussé vers le large par le Mistral et le chant des cigales, omniprésent, se rappela à lui ; sa peau qui était autrefois hâlée et abîmée par le sel et les embruns était aujourd'hui pâle comme celle de la neige. Lui qui avait tant voyagé par le passé, de Lorraine, jusqu'en Bretagne, de Gemlik à Novgorod, en passant par Alexandrie et le Sanctuaire Taurin ... de tout cela, il ne lui restait plus que des souvenirs, voire des souvenirs de souvenirs ... tout était si compliqué.

Plissant les yeux pour les protéger contre la clarté, son regard se porta au loin, vers la Mare Nostrum : "Méditerranée, aux îles d'or ensoleillées, aux rivages sans nuages"**, là où le ciel rencontrait la mer, dans une étreinte éternelle et pourtant inaccessible.

Il y avait tant à dire, tant à faire, et pourtant ... Dieu l'avait-il puni en l'obligeant à vivre tout cela ? A subir encore plus de pertes que son coeur ne pouvait en supporter ? Certes non, car le Très-Haut ne punissait pas dans ce monde, Il n'était que bonté et Amour ; nulle autre que l'Ombre ne mettait les humains à l'épreuve. Quant à l'Eglise, quelle qu'elle fut, elle n'était que l'instrumentalisation du pouvoir tout relatif que l'on pouvait avoir sur les foules, même si ces dernières n'étaient en aucun cas dupes et préféraient de loin donner l'impression d'être un paisible troupeau bien décidé à manger l'herbe la plus verte, qu'elle prit la forme de privilèges, de titres de noblesse ou encore d'excuse pour commettre des actes qui étaient bien à l'opposé de ce que souhaitait réellement le Créateur.

Déambulant sur le marché, il ne porta pas attention aux habitants ni aux étrangers, étant devenu lui-même l'un d'entre eux. Ce fut une simple phrase qui le fit sortir de sa rêverie.

... Un liiiiiivre des vertuuuuus, exemplaiiiire uniiiiique écrit par Chriiiistooos lui-même! C'est une affaiiiiire! ...

Depuis longtemps, il ne jugeait plus les gens, laissant l'espère humaine se tailler un chemin, ... ou plutôt une large voie, vers l'Enfer. Il avait baissé les bras après avoir passé des années à enseigner la Vertu et à montrer la voie à tant de gens qui, sciemment, s'en étaient détournés, avaient menti et trompé ... seuls quelques uns pouvaient encore s'en sortir ... tout cela, tout ce temps, tous ces efforts pour si peu de résultat. Il était las.

Ses yeux fatigués se portèrent sur une personne vêtue d'une bure blanc-sale, une voyageuse, probablement prête à se faire plumer par le mécréant. Puis, enfin, il détailla son visage.
Et dans sa mémoire, dans ses souvenirs qui étaient les siens, ceux "d'avant", il la reconnût : éprouvée, viellie, à la recherche d'elle-même. Oh certes, l'âge avait prit son tribut, mais elle restait belle femme ; non qu'il éprouva un quelconque désir charnel, mais il savait juger l'esthétique, bien que cette dernière fut des plus subjectives. La "nonette" avait conservé sa candeur et sa ... naïveté qu'il avait connu à Noirlac, elle qui fut la première à l'accueillir en ces lieux, lui fournissant cellule et couverture : Ellya.

Maximin réfréna un élan de la serrer dans ses bras car elle n'aurait pu reconnaître celui qu'il avait été ; il opta donc pour une approche plus distante, dans un premier temps, on verrait par la suite ce qu'il adviendrait.
Il se tourna vers le marchand, sans rancoeur ni colère :

« Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquérait à prix d’argent ! »***

N'as-tu point de honte, vil mécréant de vouloir vendre tel prétendu objet ? ... bien que tes mensonges, tu les donnes gratuitement ... cela ne fait aucun doute. Saches que la Foi ne se vend pas, elle s'offre sans compter.

Souhaites-tu donc que je saisisse l'Inquisition, car ainsi donc te voilà à faire du trafic de reliques, de la Simonie pour être précis. A mon sens, cela ira bien chercher quelques années d'emprisonnement, une main coupée, voire pire ... le bûcher, où tout cet argent ne te servira plus à rien mais te promettra, à coup sûr, une place auprès de l'un des sept princes-démons, probablement Belzébuth qui révérrait l’avarice au plus haut point.

Ne laissant pas l'homme reprendre son souffle, le blond inspira, se donnant un air de vrai-faux-méchant et poursuivit.

Mais libre à toi d'échapper à cette condamnation, en offrant cet objet de foi, ce livre, à qui il revient de droit, une femme de Dieu. Tu as de la chance, en voice une ... je gage qu'elle aura une prière pour le salut de ton âme.
Et comme je ne suis pas un mauvais homme, je t'offre 50 écus - et c'est bien payé, pour ta peine.

Tu vois, dans la vie, on a toujours "le choix" ... ta pitance ou la potence.


**Tino Rossi, Méditerranée
***Bible, Actes 8:20 - Paroles de Pierre
Ellya
La Cistercienne tourna la tête vers la jeune femme qui venait de s'adresser à elle. Elle s'apprêtait à lui répondre, sur le même ton de connivence, que tout avait un prix, quand approcha un autre badaud qui ne s'embarrassa pas pour donner son avis au marchand médusé.
Évidemment qu'elle fut impressionnée par ce blond qui récitait mieux les Saints Ecrits qu'elle-même n'aurait pu le faire! Toutefois, en voyant le visage du vendeur se décomposer, elle ne put s'empêcher de le trouver bien dur. Sur l'échelle des péchés, elle-même était grimpée bien plus haut que celui de Simonie, ce qui pouvait la rendre parfois bien compatissante ou idiotement compréhensive.
Le pompon fut quand le marchand, loin de choisir entre les maigres options offertes, choisit de se faire la malle en prenant dans ses bras le Livre et les quelques autres objets qu'il vendait avant de courir comme un dératé à travers les étals.


Mais. Mais. Mais!

Elle regarda Ava puis Maximin puis de nouveau Ava avant de s'arrêter finalement sur son frère d'autrefois qu'elle ne reconnut en rien.

Non mais dites donc! Vous l'avez fait fuir! Avec mon Livre!

Elle se projetait vite, c'est vrai.

Vous avez vu les illustrations? De toute beauté! Je ne l'avais pas dans ma collection! Quel fichu rabat-joie vous faites! Qu'est-ce que vous attendez par Dieu?

Elle le considéra, le nez retroussé, comme une enfant courroucée.

Rattrapez-le!

La journée n'allait pas en s'arrangeant, songea-t-elle. A croire que le Créateur avait décidé de lui gâcher le peu de plaisir qu'elle trouvait à la vie.
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Maximin
Evidemment, le balourd qui ne l'était pas tant que cela choisit la troisième option : la partance. On ne le reverrait plus de si tôt en ces lieux à vendre n'importe quoi.

En d'autres temps il aurait très certainement pu courir après ce livre ou plutôt son porteur, mais son manque d'exercice luis ferait ressembler à un vieux canasson essoufflé après quelques mètres.

Maximin oublia néanmoins bien vite l'incident qui lui fut tôt rappelé par la nonnette.

Hum ... techniquement parlant, il ne s'agit pas de "votre" livre, mais de celui que vous projetiez d'acheter.

A sa vieille habitude, il choisir de reprendre la soeur, mi-sérieux mi-moqueur et sans vraiment lui laisser le temps de rétorquer et tel le chat si leste, il avait souvent une opportunité pour retomber sur ses pattes - et du bon côté s'il vous plaît, pas comme la tartine qui, forcément, retombe sur le côté où le beurre est étalé ...

Mais qu'à cela ne tienne, vous, femme de "Dieu", une Soeur sans doute, à en constater votre bure et vos pieds nus - la tenue d'humilité par excellence - ainsi que la médaille d'une couleur quelque peu différente de l'habituelle cyan portée par les fidèles. Voilà ce qui m'a donné l'impression de votre appartenance.

... et aussi prête à dépenser cinq cents écus pour un Livre des Vertus, alors qu'elle est vêtue comme une loqueteuse ... mais soit, toute vérité n'était pas toujours bonne à dire ou à entendre ...

Ainsi donc vous êtes collectionneuse d'Objets de Foi ou de Livres des Vertus ?

Pour me faire "pardonner" de vous avoir fait manquer cette "affaire", j'ai bien mieux à vous proposer : il se trouve qu'au cours de mes nombreux voyages et pérégrinations, je suis entré en possession du Livre des Vertus de Sa Majesté Impériale Raboude Ier, qui fut à l'époque cistercien, avant de devenir Empereur.

Outre sa valeur pécuniaire inestimable car orné de joyeux, sa beauté surpasse en tout point la ruine que vous vous apprêtiez à acquérir.


Voilà qui devrait triplement attirer l'attention de la religieuse.

Il s'inclina avec un sourire.


Ma Soeur, damoiselle, enchanté, je me nomme ... U ... Maximin D'Arcadie.
Ravi de vous rencontrer.
Ellya
Oh!

Sa contrariété retombée, et habituée au demeurant à ce que personne ne suive véritablement ses directives, elle se rappela vaguement d'un Raboude quand elle était chargée, des siècles plus tôt avait-elle l'impression, d'archiver tout ce qui concernant les Novices Cisterciens. De là à savoir si elle pensait au même, n'ayant cure de l'Empire et de ses Empereurs et ne s'étant jamais intéressée à ce qu'elle considérait comme des terres hostiles et inaccueillantes, il y avait un large fossé.
Toutefois, comme l'homme l'avait si bien imaginé, cela suffit à détourner l'attention de la religieuse qui oublia aussitôt le Livre de contrefaçon.


Grec? Vous êtes Grec? Comme mon Abbé! C'est merveilleux. Vous savez qu'il m'a appris lui-même cette langue!

Elle n'en était pas peu fière, même si elle avait encore du mal à prononcer certaines lettres.

Il faut absolument que vous me le montriez! Qui fut le copiste, vous savez? On raconte que le plus beau Livre des Vertus a été copié par un Grégorien et qu'il est serti d'une petite fortune en pierres précieuses de toutes sortes.

C'est son propre époux qui, un jour, lui avait raconté cette anecdote, ajoutant au passage que lui-même ne gâcherait jamais son talent à sertir un foutu livre empli d'inepties.

Il aurait appartenu à un Prince. Je ne me rappelle plus du nom. Où se trouve-t-il? Le vôtre. Vous le vendez? Comme il me tarde. Et les illustrations? Sont-elles fidèles?

Plongée dans son propre enthousiasme, elle s'était déjà écartée des étals et ne manquait d'assortir ses propos de gestes débordant d'excitation. Elle avait tendance, quand un sujet la passionnait (c'est-à-dire un sujet concernant la religion, puisque le reste la laissait de marbre), à en oublier ce qui l'entourait, surtout les gens. En l'occurrence, ici, Ava. Sûr qu'elle se confondrait en excuses plus tard, quand elle se rendrait compte que la jeune femme serait une de ses compagnons de voyage. Mais sur l'instant n'existaient plus que l'homme blond et, surtout, son Livre qu'Ellya imaginait déjà sous tous les angles.

Pèse-t-il lourd? Lourd comment? Et la couverture, racontez-moi ce qu'il y a sur la couverture! Je suis la Soeur Ellya. C'est par où, le Livre? Pour aller le voir? Je ne connais pas Marseille. Je suis de passage. Pèlerinage. J'espère que ce n'est pas trop loin. Ça l'est? Remarquez, je n'avais rien à faire. Les autres faisaient tout à sa place, alors... Pourquoi était-elle venue sur le marché, d'ailleurs? Marde. Olympe. Les herbes! Attendez. Il me faut des herbes, d'abord. Dîtes-moi où je peux en trouver, vous me devez bien cela!
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Maximin
L'homme hocha quelque peu négativement la tête.

En vérité, non, je ne suis pas grec, je ne suis qu'un humble voyageur. J'ai choisi ce patronyme en rapport avec la locution "Et in Arcadia Ego" qui à peu de chose près signifie que même la mort se rend en Arcadie, le Pays des Délices. Cela rappelle ainsi à chacun, à l'instar de la maxime "Sic Transit Gloria Mundi", que chacun est mortel. Et c'est donc en toute humilité qu'il convient d'aborder le Monde.

Bien qu'il fut trop tôt encore pour parler d’anagrammes, voici ainsi dévoilé un premier indice quant à cette phrase qui orna un jour son blason, mais qui s'en rappelait encore aujourd'hui ... cela n'avait plus réellement d'importance.

Un abbé grec ? J'imagine que vous parlez du Père Bardieu, de Noirlac ... un homme fort avenant et humble.
Et donc j'en conclus
- sans aucun mérite - que vous êtes cistercienne puisque vous devez venir du Prieuré Sainte Illinda ; dès lors, enchanté, Soeur Ellya.

Le grec est une langue fort intéressante pour qui s'intéresse aux écrits d'Aristote et de Platon, tant de choses découlent de tous ces philosophes !


Maximin ignorait d'où venait le livre, à l'origine, ainsi il ne se lancerait pas dans une explication fumeuse qui ne manquerait pas d'attirer tant l'attention que la convoitise et qui, au demeurant, ne serait qu'un vil mensonge.

Je ne pourrais vous conter son histoire, mais oui ... il est bien orné de pierreries de toute sorte et pour le moins intact - aucune n'en a été enlevée, ni remplacée par une quelconque pâte de verre coloré.

Le mien se trouve chez moi, et je réside non loin du port, si il vous plaît de venir le voir, je vous accueillerai en mon humble demeure, avec le respect dû à votre rang ... et si du moins vous ne craignez un inconnu.

Quant aux illustrations et aux textes, si fait, elles sont fidèles et enluminées à l'or fin. Son poids est tel qu'on ne peut le glisser dans une besace et qu'il faut un âne ou un coffre pour le transporter. En vérité, je vous le dis, sa simple vision vaut le détour.

Et si vous voulez des herbes, dites-moi, simplement, je possède un jardin de simples ... sans chanvre indien, fort heureusement.


Souriant, il se remémora cette serre à Noirlac, ou poussait cette plante ... stupéfiante.

Il l'invita à la suivre, longeant le port, ils y furent très rapidement.
Maximin s'arrêta devant un navire qui n'avait plus navigué depuis longtemps. Le Vent du Soulèu était amarré depuis des mois et ne semblait avoir aucune avarie, c'était parfait. Il ne savait un jour si il reprendrait la mer, mais la caraque marchande se devait d'avoir une solide escorte, car les turcs rodaient encore non loin des frontières maritimes ...


Ainsi donc vous êtes en pèlerinage ? Sans indiscrétion, où vous rendez-vous ?
Ellya
Qui s'en rappelait, du blason d'Uriel? Certainement pas Ellya qui suivit cet inconnu qu'elle qualifia aussitôt, en son for intérieur, d'érudit puisqu'il n'avait rien du religieux. Peut-être même possédait-il d'autres trésors? Elle trépignait d'impatience, se laissant guider et oubliant la défiance que l'on est censé réserver à ceux qu'on ne connait pas et surtout à ceux qui, d'un coup d'oeil, en devinent beaucoup de vous. Ellya croyait trop en Dieu, de toute façon, pour avoir peur, tant des brigands de grands chemins que des rencontres inopinées dans des terres aussi hostiles que celles de l'Empire. S'il devait lui arriver du mal, cela arriverait. Certains la qualifiaient de défaitiste quand elle-même assumait tout simplement d'être soumise à la volonté divine.

Alexandrie.

Elle s'était arrêtée elle aussi devant la caraque mais ne voyait que l'horizon, au loin, porteuse d'espoir et de sérénité. Elle finit par détourner son regard. Ce n'était pas encore l'heure.

Je suis montée sur un foncet une fois. L'Espérance. Franchement, la seule espérance qu'on avait à bord était d'accoster! Le capitàn l'était pour la première fois et Dieu que c'était horrible. Imaginez que l'on vous enferme dans un tonneau et que l'on vous fasse rouler, rouler, rouler...

Elle parlait trop. Depuis toujours!

Vous êtes déjà monté sur un de ceux-là, vous? ajouta-t-elle tandis qu'ils arrivaient enfin près de la dite maison et que, sur sa volonté, Maximin la conduisit d'abord vers la plantation de simples.

Elle tortilla du nez devant le choix qui s'offrait à elle.

J'ai pourtant eu mon diplôme d'herboristerie un jour... J'ai même commencé à suivre des cours de médecine auprès des Lescuriens, il y a longtemps. Je n'ai retenu qu'à quel point toutes ces petites bestioles qui sucent le sang étaient dégoutantes.
Mmh. Il me faudrait quelque chose qui soigne la toux et le rhume chez les enfants.


Encore une histoire qui ne faisait pas la fierté de la Duranxie. A ne pas vouloir se retrouver seule en tête à tête avec son fils, le soir, près du campement, elle avait proposé à Antoynette, qui se retirait pour la nuit, de garder sa petite Olympe. Elle aurait mieux fait d'aller dormir, elle aussi...
Au lieu de cela, elle qui ne supportait plus, maintenant, aucun contact physique, s'était retrouvée à regarder le petit bout de chair gémir et pleurer, incapable de réagir. Son fils avait pris les devants, attrapant la petite par un bout de linge, la trempant dans la rivière avant de la reposer près du feu, comme un vulgaire objet. A croire que le non-instinct maternel d'Ellya se retrouvait chez Juste...


Vous avez cela?
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Maximin
Alexandrie ?

Où tout commence et tout fini ? Pour moi ce fut plutôt l'inverse, tout s'est terminé là-bas et une nouvelle vie commença.
J'y suis allé quelques fois, lors de mes voyages ... si la cité est belle, il vous faut savoir qu'il n'y a plus guère grand chose à cet endroit. La bibliothèque nous demeure interdite, bien que j'eus la chance de pouvoir y pénétrer une fois. Les tavernes sont vides et le souk ne délivre que des dattes et des barracudas. C'est à peu près tout. Ne comptez pas faire d'échanges, ce n'est pas possible.

Mais ... vous me parlez d'un pèlerinage ... il n'y a là-bas aucun site, ni relique aristotéliciens ... au contraire, ils sont vigoureusement détruits par les averroïstes.

Il repensa à ces trois voyages, dont le premier fut réellement le plus captivant, lorsqu'ils partirent à la recherche du testament d'Aristote. Une course contre la montre, une pure folie mais ... ô combien excitante ... jusque Novgorod, du moins. La suite fut moins amusante. C'est d'ailleurs dans la Cité du Désert là qu'il apprit l'arabe.

Naviguer ne s'improvise pas ... il faut avoir longuement étudié pour manœuvrer de telles embarcations. Vous pourriez sans doute y arriver en foncet, mais il faudrait faire du cabotage ; hélas, une fois là-bas, les pirates turcs vous couleraient, car ils sont légion et sautent sur tout ce qui flotte.

Sinon ... oui
- dit-il avec nostalgie - je suis déjà monté sur l'un de ces bateaux ... d'ailleurs, en toute humilité, je suis l'un des deux Capitaines du "Vent du Soulèu", la caraque marchande que vous voyez là ; si cette dernière est utile pour transporter des marchandises en quantité, sa piètre force de combat en fait une proie facile à couler.

Et c'était vrai ... ladite caraque était - à peu près - deux fois moins résistante qu'un vrai navire de guerre. Mais déambulant sur le reste du port, ils arrivèrent bien vite au jardin des simples et Maximin le dévoila à la jeune nonnette. Quelques parcelles, en carré, où la vie sauvait la vie ... ou du moins, la prolongeait.


Ah la médecine ... la théorie des humeurs d'Hippocrate et les remèdes d'Hildegarde de Bingen ... la diététique et les saignées ... tout un programme, en vérité. Tout comme vous, j'avais un jour suivi des cours chez les lescuriens avec les regrettés Monseigneur Hardouin et le Cardinal Thomas d'Azayes, qui à l'époque, n'était encore qu'évêque. Pour quelqu'un comme vous, c'est encore plus important, car vous soignez déjà l'âme ... alors, si vous pouvez en plus soigner les corps, imaginez le réconfort que l'on peut apporter à ses proches.

Mais il faut pratiquer, car certaines choses s'oublient vite.

Il passa sur le fait d'avoir lui-même été professeur et se mit à récolter ce qu'il convenait.

Voici déjà du Thym et de la Sauge, qui libéreront les voies respiratoires ... on peut y adjoindre éventuellement un clou de girofle ... mais il faut aimer, bien que cela soit très prompt à éloigner les maux. Donnez-lui également du miel, mais directement et point dans l'eau chaude - à moins que cette dernière soit moins chaude que le corps.

Voici également un peu de mauve qui protégera également.

L'enfant a-t-il de la fièvre persistante ?


Ainsi donc ils déambulaient autour de la masure, une demeure plus que "correcte" d'ailleurs, un peu grande pour un homme qui semblait vivre seul, mais à priori, il ne manquait de rien ...
Ellya
Et bien...?

Elle qui avait écouté non sans admiration les explications de cet homme qui semblait avoir tout lu, tout vu, tout fait, prit alors un air penaud. Elle n'avait même pas demandé à la mère d'Olympe si la situation de sa fille était aussi grave que cela.


Je l'ignore.

Elle ne douta pas un seul instant que l'érudit tirerait de son chapeau, ou plutôt de son jardin, les simples contrecarrant la fièvre si jamais l'enfant en avait. En vérité, il l'impressionnait par l'étendu de son savoir. Et pour quelqu'un d'aussi curieux qu'Ellya, tant intellectuellement que plus prosaïquement, c'était un délice de l'écouter.
Quand il avait parlé d'Alexandrie, mille questions s'étaient bousculées aux lèvres de la religieuse, qu'elle avait refoulées et qui mouraient d'envie de resurgir. Pour aller là où elle le désirait, elle savait, qu'à terme, elle devrait questionner des gens. Le souci, c'est que les rares fois où elle avait évoqué ses projets, des yeux emplis d'incompréhension s'étaient levés vers elle. Ellya n'avait, de plus, aucune réponse satisfaisante à offrir à leurs questions. Ils n'auraient pas compris.

Maximin était peut-être donc sa chance d'arriver à bon port, mais elle hésitait. A défaut de pouvoir jouer sa décision à pile ou face, elle réfléchit à la chose la plus étrange qu'il lui avait été donné de voir. Si l'Arcadien qui n'en était pas un savait de quoi elle parlait, elle lui demanderait. Et tandis qu'il l'entrainait vers un autre parterre de plantes, elle fit dérouler dans son esprit la longue liste des curiosités rencontrées dans sa vie.
Elle finit donc par demander, à brûle-pourpoint:


Connaissez-vous la recette du haggis?


Le truc le plus immonde qu'il lui ait été donné de manger, dans un autre temps, un autre lieu. S'il sait, il saura tout, songeait-elle tout en guettant sa réaction, loin de s'imaginer qu'elle lui facilitait l'étape.
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Maximin
Le but du blond était d'aider, comme il l'avait fait toute sa vie, en vérité. Aucunement il ne souhaitait étaler ses connaissances ou sa culture, car si cette dernière était parfois comme la confiture, encore fallait-il savoir si elle avait un goût de fraise ou de sureau.

A la mention d'Alexandrie, il vit le regard de la religieuse s'allumer puis ce fut comme si l'on avait masqué cette lumière mais celle-ci restait par dela le cache. Soit ... si elle voulait savoir certaines choses, c'était le moment où jamais. Tout venait à point à qui savait attendre, après tout.

A la question posée, il leva un sourcil, car il fut assez surpris, en vérité. Il les fronça même.


Quoi le haggis ? La panse de brebis farcie ?? Cette horreur sans nom !!
Je préfère de loin boire le whisky que de manger cela ... il me semble qu'ils mettent à cuire des abats à l'intérieur de la panse de la bête, probablement accompagné d'herbes aromatiques, d'oignons et que sais-je encore. Bref, c'est ignoble.

Je ne suis pas grand cuisinier, mais si vous me demander de vous préparer cela, vous m'excuserez de décliner ...


Au moins, c'était dit !
Ellya
Ellya partit d'un grand éclat de rire, léger et innocent.

Dieu mercé! Je n'aurais pas osé refuser et c'eut été un drame.

Ce Maximin, il était encore mieux qu'elle ne l'imaginait. Du genre à vous dessiner une carte quand vous demandez simplement votre chemin. De ces gens que vous rencontrez par hasard, au détour d'une route, qui marquent votre esprit, mais que vous ne revoyez plus jamais ensuite. La Duranxie chérissait ce genre de surprises. Ça lui faisait des gens pour qui prier, même si, le temps allant, elle avait tendance à oublier des noms.
Elle reprit son sérieux, non sans se départir d'un petit sourire ravi.


Nourrissez plutôt mes yeux de votre merveilleux ouvrage! Je suis là pour cela, après tout.

Elle croisa ses mains dans son dos avant de reprendre, tout en le suivant.

Tout à l'heure, vous disiez qu'il n'y avait plus de relique à Alexandrie et cela semblait vous étonner que nous y allions, de fait. Un homme aussi cultivé que vous devrait pouvoir concevoir qu'un pèlerinage ait d'autres vocations que s'approcher des restes d'un Saint ou d'un Martyr, non?

Elle ajouta, perplexe.


Que vouliez-vous dire, d'ailleurs, à propos de ce qui commence et ce qui finit?
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