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[RP ouvert] Itinéraire d'une famille éclatée...

Argawaen
Le soldat était sur sa monture, le carrosse et une civière avait été préparés, il ne restait plus qu'à se mettre en route. Evil était à ses côtés et le voyant tourner en rond l'homme s'impatienter tout autant que lui.

Tout est prêt ? Allez en route !

Evil partit comme un dératé devant eux, le vétéran talonna sa monture, signe du départ donc et suivit le loup comme son ombre. Du moins il essayait, Evil était encore rapide et agile malgré son état, et les chevaux étant plus imposants avaient plus de mal à garder un rythme soutenu dans certains endroits. Son regard observait derrière lui de temps en temps afin de voir si le carrosse parvenait à suivre, mais malgré tout le loup parvenait à prendre de la distance dans un chemin sinueux et caillouteux. Le vieil homme descendit de sa monture et s'approcha du carrosse.

Je pense qu'il faudra continuer à pieds... Et...

Il n'eut le temps de finir sa phrase qu'il entendit des jappements, le Dehuit de Malemort ouvrit la porte du carrosse afin d'aider son épouse à sortir et attrapa la civière qu'il cala sur son épaule. Les jappements d'Evil se faisaient plus pressants, et le vieil homme pressait le pas suivit de la rousse. Une grotte faisait son apparition, le coeur d'Argawaen se mit à battre de plus en plus fort, au pas de course il entra dans les lieux et vit le corps de sa fille étalé sur le sol. Il lâcha la civière et couru jusqu'à Plume.
Sa main gauche lui souleva la tête, et son autre main vint se poser sur le ventre de la brune.


Plume... Ma fille... Que s'est-il passé ?...

Il regardait son épouse, totalement impuissant, il avait besoin qu'elle s'approche et qu'elle examine leur fille...
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Jade.de.valdesti
Jade et Saka avaient dormi au manoir après l'anniversaire de l'ours, ils avaient très bien dormi mais Jade est toujours matinale aussi elle se réveilla de bonne heure et regarda un peu par la fenêtre... Ce manoir était splendide et les jardins qui l'entouraient étaient entretenus avec grand soin.

Elle eut envie d'aller se promener un peu dans ce parc et d'en visiter tous les recoins. Son mari avait l'habitude qu'elle aille se promener en attendant son réveil , il ne serait pas surpris... Elle glissa quand même une missive sur son oreiller avec quelques doux baisers comme elle faisait chaque matin.

Arrivée dans la grande cour du manoir, elle aperçut sa belle-mère qui semblait faire des cent pas... Elle avait l'air nerveuse comme si quelque chose n'allait vraiment pas...

Bonjour Pattricia, vous êtes matinale vous aussi... Vous avez l'air inquiète, j'espère qu'il n'y a rien d'arrivé à mon père ?

Se tournant de tous côtés espérant voir arriver l'Ours, Jade n'aperçut âme qui vive et se demanda vraiment ce qui se passait...
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Pattricia
Le garde mettait des plombes à revenir et la rousse sentait monter le stress seconde après seconde "bordel Plume que se passe t-il ?" Toute à ses pensées fleuries, elle ne fait pas attention de prime à abord à l'approche de Jade -l'adulte hein ! Pas la chouchoute de la famille qui est haute comme trois pommes, faut pas confondre- qu'elle manque de percuter s'arrêtant juste à temps.

Bonjour Jade...

Il allait lui falloir du temps, pas la faute de sa "nouvelle" fille, c'est juste que faute de ne pouvoir donner d'enfant à l'ours sous peine d'y laisser la vie, elle avait toujours du mal à digérer l'arrivée d'un nouveau membre dans la progéniture fort nombreuse de son époux. "Surtout qu'il ne m'en a même pas parlé ! Franchement, je suis quoi moi ? Un bibelot ?" Les sourcils toujours froncés par l'inquiétude, la rousse finit tout de même par répondre.

Je suis inquiète en effet...
Le loup de notre fille ainée, Plumenoire, est arrivé au manoir dans un état proche de la mort tellement il était maigre. Je trouvais bizarre qu'elle ne soit pas venue hier pour l'anniversaire de son père mais elle est tellement indépendante et imprévisible que je ne m'en suis pas formalisée plus que ça. J'aurais dû...


C'est à ce moment là que le garde revient au bord de la syncope tellement il a couru. Ne lui laissant pas le temps de se poser, elle se saisi d'une gourde accrochée à sa jument et la lui balance.

Montez en tête et conduisez-nous !

Puis se tournant vers Jade.

Si vous voulez nous suivre, grimpez dans le carrosse !

Accrochant sa jument au coche, elle grimpe dedans sans se préoccuper si Jade suit ou pas. D'ordinaire elle aurait enfourché sa monture mais puisque sa nouvelle fille était là, ça serait l'occasion de se parler "tout pour que je ne pense pas à Plume sinon je vais devenir folle !"

Allez on se dépêche !!!
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Jade.de.valdesti
Jade comprit de suite la panique qui régnait en sa belle-mère... Leur fille, Plume, ne donnait plus signe de vie... le loup arrivé tout amaigri au manoir... ça ne lui disait rien de bon tout cela...

Jade grimpa dans le carrosse à la suite de Pattricia, ne sachant pas comment la rassurer...


Peut-être vous faites-vous des idées, Pattricia, ce n'est peut être que le loup qui a fait une fugue et votre fille est peut être en train de le chercher ? Vous le dites vous-même, c'est une femme indépendante et imprévisible, vous vous faites sûrement du souci inutilement...

Elle se tourna vers Pattricia et lui sourit pour essayer de la détendre un peu...
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Pattricia
Le convoi se mit en branle, Jade se met en tête de tenter de la rassurer et, en d'autres circonstances, la rousse lui aurait répondu vertement. La vindicative avait un sens aiguisé des catastrophes quand il s'agissait de la tribu et là une était en cours. La rassurer était donc vain, mais elle se retient à temps de laisser cours à son naturel explosif, se rappelant à temps que Jade ne les connaissait pas et qu'elle ne pouvait pas prendre la mesure de à qui elle avait à faire.

C'est gentil de votre part de vouloir me rassurer, mais comme je pense que votre... père... n'a pas eu le temps de vous présenter vraiment la tribu, je vais essayer de le faire. Enfin, surtout notre mode de fonctionnement. Soit nous sommes très diserts et les conversations se déroulent à bâtons rompus, soit nous nous murons dans le silence. Il n'y a pas de juste milieu chez nous. Je sais que pour certains c'est difficile à vivre mais ce n'est pas maintenant que nous allons changer.

Patt marque une pause avant de continuer

Par exemple le loup... J'ai eu un loup, votre père en a eu un, c'était nos compagnons de jeunesse. Quand je dis que nous en avons eu un, ne vous méprenez pas, l'expression la plus juste serait de dire que nous avons eu la chance d'avoir comme compagnon de route un loup. Cela n'est pas un chien, c'est un animal sauvage, indépendant, avec ses propres désirs et ses propres choix. Mais nous avons eu l'honneur qu'ils nous choisissent...
Alors Evil, le loup de notre fille Plumenoire, c'est la même chose. Pour qu'il soit maigre au point d'avoir sa vie en suspens, cela veut dire qu'il s'est laissé mourir de faim plutôt que de quitter Plume pour aller chasser. Cela veut donc dire que Plume va mal...


Le convoi avait contourné la ville pour se rendre du côté des grottes et cavernes en tous genres. Le cœur de la vindicative se serra, cela voulait dire que ce qu'elle venait d'expliquer à Jade était forcément vrai puisque Plume habitait une grotte à flanc de colline. Une fois à l'arrêt, Patt ouvre la porte du coche et saute au sol, ne laissant pas le temps au cocher de mettre le marchepied. Elle est déjà loin, secouant les puces des gardes.

Le brancard vite !
Vous suivez votre collègue qui va nous montrer le sentier à prendre.


La rousse se tourne vers Jade

Vous vous sentez prête à un peu de grimpette ?
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Jade.de.valdesti
Jade écoutait attentivement la rousse lui parler de ses convictions et des loups, animal fétiche de la famille... Donc il serait réellement arrivé quelque chose à Plume, cette demi sœur qu'elle ne connaissait pas encore ! Elle espérait arriver à temps et pouvoir la sauver avec la rousse...

Jade n'eut pas le temps de répondre à Patt qu'elle sautait déjà du coche. Jade l'imita prestement et la suivit...

Citation:
Vous vous sentez prête à un peu de grimpette ?


Bien entendu, allons-y vite ! J'espère sincèrement que nous pourrons la sauver...

Jade et Patt s'élancèrent à la suite du brancard et des porteurs sur le chemin pentu qui devaient les mener auprès de Plume...
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Plumenoire
[Lorsque la lueur danse …]

Plume, dans son demi coma, entendit à peine son père appeler son nom. Elle sentit à peine son étreinte ferme autour de son corps meurtri. Autour d'elle, il n'y avait que l'obscurité, l'obscurité et cette douce chaleur qui semblait l'emporter au loin, là où son esprit dérivait …

Un faible souffle d'air s'échappait des lèvres mi closes de l'évanouie. La capuche de sa pèlerine tomba en arrière, révélant un visage ravagé par la fatigue et la maladie. Les démangeaisons avaient été tellement fortes que plusieurs croûtes s'étaient formées aux endroits que la jeune femme avait gratté de ses ongles sales.

Evil, percevant le souffle rauque de son alter ego bipède s'approcha en couinant, cherchant à écarter Argawaen. Il devait réchauffer le corps qui se glaçait, réanimer le souffle qui vacillait. Un grand coup de langue sur le visage abîmé de la jeune femme amena la réaction escomptée par le loup : un grognement. A peine audible, mais pourtant preuve de vie dans cette grotte sombre et humide ...

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Pattricia
Tendue comme un arc, elle avance sur le chemin escarpé "fichue chieuse qui ne pouvait pas rester au manoir !" Derrière elle, elle entend les pas de Jade, devant elle, l'éclaireur et les porteurs de brancard. Quand elle aperçoit enfin l'ouverture dans la roche, elle se précipite, bouscule les gardes et fonce dans la caverne.

La première chose est la puanteur qui vous prend les narines, ensuite la pénombre en opposition à l'éclat du soleil extérieur, puis ensuite vient le son d'une respiration difficile, d'une autre hachée par la peur et les sanglots proches et enfin les gémissements devenus imperceptibles d'un jeune loup lui aussi dans l'angoisse.

C'est à peine si les jades croisent le regard de l'ours, autant dire qu'ils l'évitent même, leur propriétaire a reconnu les stigmates, elle sait qu'il est trop tard, que la seule solution va être de nettoyer au mieux, soulager les démangeaisons et droguer sa fille pour qu'elle souffre le moins possible.

A l'intérieur, la glace prend le pas sur la chaleur humaine, elle doit être là pour Plume et surtout ne pas être la mère mais la barbière un peu médicastre à ses heures sous le manteau. Elle ne doit pas penser "c'est ma fille !", elle ne doit pas flancher pendant qu'elle œuvre, rien ne dois transparaitre que le sourire tranquille qui rassure et ne laisse rien entrevoir.

Plus tard, quand tout serait fini et qu'il n'y aurait plus de public, elle laisserait cours à sa douleur, mais ce n'était ni le moment, ni l'endroit. Elle finit donc par relever la tête vers Argawen et la secourant imperceptiblement, elle lui signifie qu'il n'y a aucun espoir.


Gaaaarde !
Mettez Mademoiselle Plumenoire sur le brancard et portez la dans ses appartements au manoir, le loup suivra évidemment.


Mais ce dernier évidemment ne l'entend pas de cette oreille, il commence à montrer les crocs, la rousse doit intervenir.

Evil la paix !!!

Si il y a une chose qu'elle sait faire, c'est gérer un loup protecteur. Après tout n'avait-elle pas vécu quelques années au sein d'une meute. L'animal ne s'y trompa pas, les oreilles se couchent et la queue se glisse entre ses pattes arrière. Il va au fond de la caverne, allant et venant en poussant des gémissements.
Quand Plume est enfin sur le brancard, les jades se posent sur l'animal en proie à l'angoisse.


Va !

Patt arrête l'éclaireur qui allait donnerle départ.

Que l'on laisse le loup entrer dans le manoir, qu'on lui mette une gamelle d'eau dans un coin de la chambre de Mademoiselle mais surtout opposé au lit. C'est moi qui le nourrirai et c'est moi qui soignerai ma fille. Le ménage ne sera fait qu'en ma présence, inutile de tenter le molosse...

La vindicative va enfin se serrer contre son époux.

Je suis désolée, il est trop tard pour la sauver...

Elle étouffe un sanglot sachant très bien que l'ours ne voudrait rien entendre.
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Plumenoire
[Chambre de la demoiselle … ]

Elle percevait des sons … Peut-être des couleurs aussi … Elle n'en savait trop rien. Ces mots avaient-ils seulement un sens ? Qu'est-ce qui avait du sens dans ce monde où elle errait en continu, se mouvant comme une ombre parmi les ombres ?

Parfois, elle percevait des gémissements. Étaient-ce les siens ? où bien ceux de l'animal qui venait s'allonger contre elle dès qu'il le pouvait ? Parfois elle parvenait à sentir sa chaleur émaner de son pelage. Parfois elle entendait des voix, connues, inconnues… d'où venaient-elles ? de la réalité ? de ses délires ? de son passé ? de son futur ?

Toutes ces questions assaillaient la jeune femme. Elle ne parvenait pas le moins du monde à remettre de l'ordre dans ses pensées. Elle avait vaguement senti qu'on la transportait d'un endroit à un autre. Parfois elle entendait sa mère à son chevet, sans être certaine que ce fut bien elle.

Elle aurait aimé réussir à ouvrir les yeux un peu plus que quelques secondes. Elle aurait aimé réussir à se redresser, à parler. Elle aurait voulu leur dire qu'elle allait bien, que tout allait s'arranger. Elle aurait voulu les serrer contre elle … mais la force lui manquait …
Alors, lorsque la lumière n'était pas trop aveuglante, elle ouvrait les yeux dans la pénombre et restait immobile à contempler le plafond. Incapable de tourner la tête, incapable de reconnaître l'endroit où elle gisait, ni les personnes qui la veillaient.

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Pattricia
Ténèbres...


Dès qu'elle avait reconnu les stigmates de la syphilis sur le corps de son ainée, Patt avait espéré au moins la sauver à défaut de lui épargner la dégénérescence de sa peau par endroit. Cela ne se savait pas encore à l'époque mais cette maladie ne pouvait s'attraper que si l'on avait couché avec quelqu'un ou mêler du sang contaminé à une plaie, ce qui était forcément plus complexe que de s'envoyer en l'air. Le stade de la maladie étant dans sa dernière phase d'évolution, plusieurs choses pouvaient encore empirer, le cœur, le cerveau, la mobilité... Malgré ses connaissances succinctes en matière de maladie, son domaine étant la chirurgie, inconsciemment elle se doutait qu'une fréquentation peu saine était à l'origine du drame.

Cette mère, bien qu'adoptive, refusait de voir souffrir pendant des mois, voire des années cette brune qu'elle considérait comme de son sang. Elle s'était donc penchée sur des grimoires peu recommandables afin de trouver une solution définitive à l'agonie et aux souffrance de Plume. Personne n'en saurait rien et sa fille pourrait aller retrouver ses oncles, sa génitrice et peut-être rencontrerait-elle lors d'une ballade son petit frère mort-né. A la pensée de son enfant qu'elle n'avait pu voir étant entre la vie et la mort, elle laisse échapper un gémissement étouffé. "Pourquoi encore ! Ma naissance était-elle si affreuse pour ce monde que je doivent payer encore et encore en perdant des êtres chers en pleine jeunesse !!!" Il est vrai que l'addition commençait à être lourde : Armand et Maria ses parents alors qu'elle n'avait que 8 ans, ses deux frères qu'elle venait à peine de retrouver, idem pour une de ses demi-sœurs, son bébé alors que les triplés n'avaient qu'une huitaine d'années, ses deux meilleurs amis Doudou d'Amour et Henry et maintenant sa fille ainée...

Il fallait juste que Plume reprenne connaissance, elle ne pouvait décider l'ultime geste sans son accord. Évidemment personne dans la famille ne saura, l'ours ne la laisserait jamais faire et pourtant c'était ce qu'il y aurait de mieux pour la brune. Déjà que leur couple irait sans doute mal après cette tragédie, il était inutile qu'elle lise dans les saphirs de son époux la haine et le reproche. Par contre, elle devrait vivre dans la culpabilité jusqu'à la fin de ses jours et rendre des comptes à Ari quand elle se retrouverait fasse à lui.

Comme à chaque fois, les larmes ne coulent pas pendant qu'elle rafraichit à l'aide d'un linge humide le visage de sa fille. Puis elle tire le drap du dessus et commence à apposer un onguent sur les parties déjà bien abimées de son corps. Quelques minutes plus tôt, elle avait appelé les servantes afin qu'elles l'aident à rouler Plume sur le côté pendant que l'on changeait ses draps de l'autre et vice-versa. Le manoir avait dévalisé la capitale de tout les draps en lin disponibles, malgré ses grandes réserves, le domaine ne pouvait faire face au remplacement toutes les deux heures imposé par la maitresse de maison.

Une fois le tissu rabattu sur la nudité de la jeune femme, Patt pose un tapis sur le lit aux côtés de Plume et regarde vers un coin de la pièce.


C'est bon tu peux venir.

C'est seulement à cet instant que l'on peu remarquer une masse dégingandée mais non moins imposante qui se déplie et s'avance vers le lit, y saute et s'allonge à l'emplacement qui lui est alloué. Le loup pose son museau sur le bras sortie de sa maitresse, il a bien compris qu'il ne doit pas le mettre ailleurs -plaies obligent- et les ors vont du visage exsangue à celui non moins pâle de la rousse à qui il obéit désormais.

Il avait bien essayé de n'en faire qu'à sa tête mais sans trop savoir pourquoi le ton et le regard sévère de la femme lui en avait imposé. Abandonné à lui-même, affamé, amaigri et crocs en avant, il était à la limite de la folie tant il s'était senti impuissant face au drame qui se jouait. Alors quand la "chef" lui avait permis de suivre son âme sœur jusque derrière les hauts murs du manoir, il n'avait pas demandé son reste. La suite avait été étrange pour lui, elle l'avait obligé à se mettre dans l'eau et l'avait nettoyé comme un bébé qu'il n'était plus. Ensuite elle lui avait mis de force de la nourriture dans la gueule afin qu'il mange enfin, il n'avait rien avalé depuis des jours. Du coup il avait bu aussi et c'est avec à la fois reconnaissance et curiosité qu'il l'avait observée pendant qu'elle lui aménageait un coin confortable. Trois fois par jour elle l'obligeait à sortir pour qu'il fasse ses besoins. C'était toujours un moment délicat car, si le reste était acceptable car cela se passait dans la chambre, là Evil devait perdre de vue Plume le temps qu'il fasse ses affaires. Une sorte d'affrontement silencieux les opposait à chaque fois la rousse et lui mais il finissait toujours par céder craignant qu'elle ne l'éloigne définitivement.

C'est ainsi que chacun avait pris ses marques, quand Patt entrait dans la pièce, il descendait du lit, allait s'installer dans son coin et observait chaque geste, attendant le moment où elle poserait le tapis sur les draps et l'appellerait. Quand la nuée de servantes entrait à son tour, il s'impatientait et parfois même grognait. Il faut dire que déplacer Plume pour lui changer sa parure de lit n'était pas une mince affaire et la brune gémissait dans son délire rendant le loup très nerveux du coin où il était relégué.
Mais là, c'est le moment de la journée où il est déjà sorti, le personnel déjà passé et les soins enfin donnés. Il sait qu'elle va chanter, elle le fait toujours quand elle est sûre qu'ils resteront seuls. Il ne comprends pas ce qu'elle dit mais il se sent plus apaisé à chaque fois.


Puisque l'ombre gagne
Puisqu'il n'est pas de montagne
Au-delà des vents plus haute que les marches de l'oubli
Puisqu'il faut apprendre
A défaut de le comprendre
A rêver nos désirs et vivre des "ainsi-soit-il"
Et puisque tu penses
Comme une intime évidence
Que parfois même tout donner n'est pas forcément suffire
Puisque c'est ailleurs
Qu'ira mieux battre ton cœur
Et puisque nous t'aimons trop pour te retenir
Puisque tu pars
Que les vents te mènent où d'autres âmes plus belles
Sauront t'aimer mieux que nous puisque
L'on ne peut t'aimer plus
Que la vie t'apprenne
Mais que tu restes la même
Si tu te trahissais nous t'aurions tout à fait perdu
Garde cette chance

Que nous t'envions en silence
Cette force de penser que le plus beau reste à venir
Et loin de nos villes
Comme octobre l'est d'avril
Sache qu'ici reste de toi comme une empreinte Indélébile
Sans drame, sans larme
Pauvres et dérisoires armes
Parce qu'il est des douleurs qui ne pleurent qu'à l'intérieur
Puisque ta maison
Aujourd'hui c'est l'horizon
Dans ton exil essaie d'apprendre à revenir
Mais pas trop tard
Dans ton histoire
Garde en mémoire
Notre au revoir
Puisque tu pars
Dans ton histoire
Garde en mémoire
Notre au revoir
Puisque tu pars
J'aurais pu fermer, oublier toutes ces portes
Tout quitter sur un simple geste mais tu ne l'as pas fait
J'aurais pu donner tant d'amour et tant de force
Mais tout ce que je pouvais ça n'était pas encore assez
Pas assez, pas assez, pas assez
Dans ton histoire
Garde en mémoire
Notre au revoir
Puisque tu pars...





Puisque tu pars de J.J. Goldman

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Plumenoire
[Une voix dans les ténèbres … ]

La présence chaude et rassurante qu'elle sentait contre son bras, la voix douce qu'elle entendait. Était-ce une seule et même personne ? Elle n'en savait rien. Plume inspirait et expirait silencieusement. Du fond de son état comateux et de ses angoisses, cette voix l'apaisait, cette présence également. Elle ne souhaitait qu'une chose, ouvrir les yeux, malgré l'éclat trop brillant de l'astre solaire, et manifester sa présence. Montrer à celui ou celle qui la veillait qu'elle était vivante, lui dire qu'elle allait bien, lui crier sa reconnaissance. Pour cette voix, elle trouverait la force.

Au prix d'un effort surhumain pour son corps et son esprit épuisés, elle parvint à entr'ouvrir un œil, puis un second. Ses lèvres tressaillirent tandis qu'un souffle un peu plus rauque sortait de ses lèvres. Cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas articulé un son.

La forme, allongée contre elle, dressa les oreilles, penchant la tête sur le côté. Un gémissement incertain jaillit de sa gorge. Reprenait-elle conscience ? Allait-elle de nouveau pouvoir vivre auprès de lui, comme avant ?

Plume posa son regard sur l'animal. Ses commissures s'étirèrent légèrement, se figeant en une grimace de douleur. Puis ses iris se dirigèrent vers la silhouette assise à ses côtés.


m...an....
_________________
Pattricia
Infanticide...



D'ordinaire après qu'elle ait cessé de chanter le silence s'installait et l'esprit errait parmi les nombreux souvenirs qu'elle partageait avec sa fille. Le passé mouvementé de ces deux là aurait dû donner lieu à un duel ou du moins une malédiction jusqu'à la 3ème génération mais nan, l'une avait adopté l'autre et l'autre avait dit "maman". "C'est comme si c'était hier cette première fois où elle m'a appelée ainsi, j'ai l'impression de l'entendre encore".

m...an....

C'est l'attitude d'Evil qui la fait réagir, Plume venait de prononcer ses premières paroles intelligible depuis des jours.

Je suis là ma chérie.

Patt lui caresse la joue, remet en place une mèche rebelle, tire un peu le drap pour que la brune n'ait pas trop chaud et lui prend la main.

Plume j'ai besoin que tu émerges, c'est très important, je dois te parler, s'il te plait...

Sa voix s'étrangle, comment dire à sa fille tu es perdue, le mieux que je puisse faire pour toi c'est t'aider à partir. Comment juste pouvoir prononcer ces paroles qui disent en résumé "je dois te tuer". Existe t-il chose plus difficile que perdre un enfant ? Oui, devoir lui ôter la vie pour son bien. Elle aura vécu les deux, elle devra survire avec cette douleur jusqu'à la fin de ses jours. Seul péché qu'elle ne pourrait jamais confesser...

La mère et la barbière repoussent au fond de son esprit sa mauvaise conscience pour reprendre leur rôle. D'un linge propre trempé dans l'eau d'une carafe elle humidifie les lèvres de la brune et le presse pour en faire couler quelques goutes au fond de sa gorge.

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Plumenoire
Un regain de force …


Je suis là ma chérie.
 

Une main qui étreint la sienne, une voix plus que connue retenti.

Plume j'ai besoin que tu émerges, c'est très important, je dois te parler, s'il te plait... 

Son nom. Son nom résonne à ses oreilles, murmuré par une voix suppliante. Lentement, elle inspire, avalant avec joie les quelques gouttes d'eau qui perlent du linge. Les onyx de ses yeux s'adaptent à la lumière, un peu plus à chaque seconde, tandis que son esprit lutte pour regagner la surface.

A ses côtés, le loup s'agite quelque peu … Elle revient, il le sent. Un jappement de bienvenue s'échappe de son poitrail tandis qu'il se frotte contre son bras.

Le regard de la jeune femme se désembue, il reprend peu à peu un éclat plus vivant tandis que Plume se focalise sur sa mère. Elle la reconnaît. Un sourire, emprunt de douleur, étire difficilement ses lèvres.


M...man … ?

Elle reprend son souffle un instant, hésite, puis articuler la suite de la phrase …

Je … t'é...coute …
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Pattricia
Le gout amer des mots...


L'estomac se sert quand Evil jappe avec espoir à la reprise de conscience de sa maitresse. Les cils voilent les jades embués par la douleur de ce qui va suivre. La mère n'arrive pas encore à rencontrer le regard de sa fille. "Donne moi la force Ari, tu me dois bien ça !" Elle sent la boule jouer au yoyo dans sa gorge. Il lui faut toute sa volonté de fer pour arriver à maitriser ce corps qui menace de l'affaiblir face à la tâche qui l'attend. Elle ne peut se permettre de céder, elle le doit à Plume, elle le doit à tout ce qu'elle a déjà traversé. Après s'être raclé la gorge, le regard rencontre enfin celui de la malade et les doigts serrent un peu plus la main si faible.

Tu es atteinte de syphilis ma douce et tu ne peux guérir. Il est possible que tu survives encore des années mais malheureusement à ce stade de la maladie ce qui t'attend c'est l'enfer. Je vais faire court, tu peux... mourir d'un arrêt du cœur, tes membres inférieurs risquent de se paralyser et d'être ronger par la maladie. Il est possible également que le mal monte jusqu'à ton esprit et que tu deviennes folle. Pour terminer, ton corps va continuer à se couvrir de traces presque lépreuses un peu partout.
Si les rôles étaient inversés, je demanderais à ce que l'on m'aide à quitter se monde dans la dignité et le secret.


Patt s'arrête, incapable de continuer, elle halete légèrement à la recherche d'un peu d'air. Les larmes coulent enfin après tant de jours de hurlement intérieur. Elle ne bouge pas, terrorisée à l'idée que Plume puisse à nouveau s'enfoncer dans une inconscience délirante si elle lâche sa main. Elle ne croyait pas possible de se glacer encore plus de l'intérieur. Elle espère juste que sa fille a saisi la portée de ce qu'elle vient de suggérer.
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Argawaen
Le destin, si funeste soit-il, continuait de s'acharner sur leur famille, et sur lui... Il avait déjà perdu un fils à la naissance, un autre avec le temps, une fille qui lui avait été enlevé, et maintenant voilà que sa fille adoptive décidait de rendre l'âme...
Lorsque son épouse vint contre lui, lui disant que tout espoir était terminé, le vieil homme fut prit d'un violent sanglot, tous ses membres se crispèrent et il ne voulait pas admettre la vérité.

Le brancard fut amené et sa fille fut rapidement conduite au domaine afin que l'on puisse lui offrir des soins. Ou du moins atténuer les souffrances et les douleurs inutiles.
Le Dehuit de Malemort avait déjà connu cette situation, c'était il y a bien longtemps en Limousin, Mirka, la mère de son fils aîné Alistaïr, elle était rongée par la maladie, il lui avait offert un dernier cadeau... La mort par sa propre dague...

L'histoire se répétait, et pourtant il était toujours aussi sensible malgré les apparences qu'il pouvait donner. Lui qui se montrer un côté dur, et sans sentiments, il était en train de se dissoudre intérieurement...
Avec hésitation il entra dans la pièce où se trouvait sa fille, et son épouse, son regard rouge de larmes, ses traits tirés de fatigue, son désarroi complet...


Je... Je... Je vous... aime...

Le vétéran s'approcha des deux femmes, sa main droite venant se glisser dans celle de son épouse, et l'autre dans celle de sa fille. Son regard vint fixer celui de la rousse et sans pause il prit la parole d'une traite.

Nous avons côtoyé la mort la plupart de notre vie, et cela m'est insupportable et impensable de la voir dans notre propre maison. Il est tellement plus facile de la donner à des inconnus plutôt qu'à ceux que l'on aime. Mon amour, ne peut-on vraiment rien faire pour aider notre fille ?

Il s'essuya la joue sur sa chemise et son regard fixait ensuite sa fille.

Ne nous abandonne pas...
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