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[RP ouvert] Itinéraire d'une famille éclatée...

Plumenoire
Les paroles de sa mère firent frémir la jeune femme. Un long déclin … Une paralysie … la folie … un enfer qui ne la quitterait pas, un enfer dans lequel elle s'enfoncerait toujours plus. Les images de ce que serait sa vie se mirent à tournoyer dans ses prunelles. Elle qui souffrait déjà, la douleur empirerait … Elle deviendrait un poids pour sa tribu …

Ses onyx se posèrent sur le visage larmoyant de sa mère. Supporterait-elle de voir cette douleur sur son visage à chaque fois qu'elle ouvrirait les yeux ? Supporterait-elle de vivre l'enfer et de le faire subir à ceux qu'elle aimait ?

Les paroles tournoyaient encore, toujours et encore. Devait-elle partir ? Devait-elle les laisser ? La douleur lui rappelait à chaque instant qu'elle était vivante, que son cœur battait, que son sang courrait dans ses veines. Si elle partait, que resterait-il ? Elle le savait, elle ne supporterait pas de vivre dans l'enfer qui serait son quotidien … mais … Si elle partait … Bien sûr, elle avait déjà songé à la mort, lorsqu'elle errait dans les bois, avant de gagner Sarlat, lorsque son compagnon était mort, lorsqu'elle avait apprit la mort de son oncle, lorsqu'elle avait du se battre, lorsqu'elle avait été traquée comme une bête … elle avait songé à la mort, à chaque fois qu'elle avait tué une bête, qu'elle avait tué un homme … Elle avait déjà imaginé sa propre mort, au combat, à la chasse … Mais jamais elle ne s'était pensée mourante dans un lit, livrée au dur choix qu'est celui de tout laisser, de tout abandonner, de disparaître ….

Plume s'étrangla en avalant sa salive, toussant légèrement. Dans ses yeux, la crainte, la peur, la douleur. Pourquoi devait-elle affronter cela ? Pourquoi devait-elle faire ce choix ? Arrêter de souffrir, d'être un poids, retrouver ceux qui l'avaient quittés … mais aussi abandonner ceux qu'elle aimait, sans jamais aucun espoir de retour en arrière …
Ses larmes se mirent à rouler tandis que son regard allait de sa mère à Evil.

La porte s'ouvrit, laissant entrer son père. Argawaen. Leurs relations avaient été tellement conflictuelles à leurs débuts … Et pourtant, et pourtant il était devenu son père. Il lui avait offert une famille, il lui avait offert son amour, il lui avait offert une place. Avec Patt', ils avaient fait tellement pour elle … Ses larmes redoublèrent lorsque l'homme ouvrit la bouche.
Faiblement, elle serra les mains de ceux qui l'entouraient tandis qu'Evil se frottait un peu plus contre elle, hésitant sur la conduite à tenir.


Ne nous abandonne pas...


Son cœur se serra violemment, lui coupant le souffle. La douleur se fit un peu plus présente, son esprit cherchant à s'échapper, à s'enfuir, loin de ces interrogations, loin de ces sentiments contraires et coupables qui l’étreignaient, loin de ces pensées torturées. Sa vue se brouilla un instant tandis qu'elle essayait de garder pied, tandis qu'elle s'accrochait à la vue de ses parents. Elle devait rester, elle devait être avec eux, encore un peu …

Passant sa langue sur ses lèvres sèches, Plume ouvrit la bouche. Elle était restée silencieuse trop longtemps.


Je … vous aime … murmura-t-elle dans un premier effort.

Elle inspira, reprenant son souffle, cherchant à reprendre le fil de ses idées, à les ordonner.

Je … Je ne veux pas … Je … j'ai mal … j'vous d'mande pardon … je …

Ses lèvres se tordirent de douleur et ses joues s'humidifièrent de larmes.

J'ai mal … Je ne veux pas être un poids … je ne veux pas … pardon …

Dans son esprit, la chose était claire : elle devait partir. Mais elle avait peur. Peur de l'après, peur de la mort, peur de ne plus être … Sa peur se reflétait dans son regard qui errait d'une personne à l'autre, perdu.
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Pattricia
Quand elle entend la porte s'ouvrir, elle va pour rembarrer l'importun, furieuse que qui que ce soit puisse venir les déranger dans un moment aussi crucial et cruel. C'est le pas lourd qu'elle reconnait et la déclaration qui se fait entendre lui confirme qu'il s'agit de son époux. Sur le moment, elle lui en veut d'être là, pour Plume la décision à prendre n'en serait que plus difficile. Il n'y a pas de logique là dedans, juste l'instinct de la louve qui sommeille encore au plus profond d'elle-même.

Même si leur fille a peur, même si elle sait que la décision qu'elle va prendre est la pire de toute, le faire face à face avec sa mère adoptive aurait été plus facile pour la brune. Aussi différentes peuvent-elles être de caractère, elles sont aussi fortes l'une que l'autre. Plus fortes que n'importe quel homme de la famille parce qu'elles sont justement des louves et qu'elles se sont construites toutes seules. Avec la présence de l'ours, tout allait devenir plus tendre, plus déchirant, plus difficile...

La rousse sait qu'elle est injuste car si il y en avait bien un qui avait le droit d'être là c'est son époux. Il avait choisi Plume à une époque où cela aurait pu briser leur couple, il lui avait donné un nom, une famille et un endroit où se poser quand elle aurait terminé ses pérégrinations incessantes. Il l'avait sortie de l'enfer de la Cour des Miracles et lui avait pardonné assez rapidement -bien plus que ne l'aurait fait Patt- toutes les âneries dont son imagination juvénile débordait.

"Comment avoir le courage si il est là..." Entre tous, Argawaen est sa faille, son talon d'Achille, celui qui peut l'affaiblir. Son sang est, soit sa force, soit sa folie mais l'ours sans aucun doute sa faiblesse. Alors commettre un infanticide en sa présence, en plus sur la fille qu'il s'était choisie, c'était juste inimaginable. "Nooooon !!!!" C'est ce que son esprit hurle lorsqu'il lui prend la main et pose sa question.


Je... je t'ai déjà expliqué... dans la caverne...

Le reste manque de la faire chavirer. Demander à sa fille de ne pas les abandonner, alors qu'elle venait d'essayer de faire comprendre à Plume que pour son bien à elle, il vaudrait mieux s'abandonner, lui donne envie de le frapper. Elle lui en veut à cet instant, c'est injuste, surement incohérent mais c'est plus fort qu'elle. Pour leur fille, elle ne montre rien mais, même si elle ne retire pas sa main, les doigts ont desserrer leur étreinte sur ceux de son époux. Elle se disloque intérieurement un peu plus -à supposer que cela soit encore possible- quand la brune exsangue se met à parler.

Chuuut ma douce... ne te fatigue pas... Nous savons que tu nous aimes et tu n'as à demander pardon de rien. Tu n'as jamais été un poids. Une emmerdeuse, chieuse, provocatrice et rebelle oui mais un poids, jamais !
Je peux te soulager, rien d'abrutissant n'aies crainte, juste un apaisement des douleurs et des démangeaisons.


Quelle que soit la décision que prendrait leur fille, il était hors de question qu'en attendant elle souffre. Patt était devenue une pro des drogues en tous genres après plus de quinze années sur les champs de batailles à tuer, blesser, réparer... Elle se libère des deux mains qui la tiennent, se lève et se dirige du côté de la table improvisée sur laquelle se trouve tout les mélanges possibles de drogues. Elle entreprend d'en composer une qui gardera Plume consciente mais insensible à la douleur.
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Plumenoire
Partir … rester … partir … rester …
Ces mots font des allers-retours dans l'esprit de la jeune femme. Ses yeux humides glissent de l'un à l'autre. Elle savait que rien ne l'attendait d'autre que la mort, la folie … Alors pourquoi s'accrocher ainsi ? Pourquoi essayer de rester encore ? Qu'espérait-elle … ? un miracle ? Peut-être … Mais devait-elle leur imposer sa lente agonie ? Supporterait-elle de voir la douleur dans leurs yeux encore et encore a chaque fois qu'ils entreraient dans la chambre ?
Un soupir s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle secouait doucement la tête
.

Je vous aime ... Je n'peux pas vous imposer ça … J'dois partir, p'pa …

La jeune femme posa sa main sur la nuque d'Evil, toujours lové à ses côtés. Elle leva le regard vers lui, plongeant un instant dans l'immensité de son regard. Il devait comprendre … Elle ne pouvait pas rester, elle ne pouvait plus … Puis, abandonnant son père du regard, elle se tourna vers Patt', espérant qu'elle aurait compris son message …
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Pattricia
Elle a le dos tourné à la scène qui se joue, au bout de la pièce elle prépare une décoction pour apaiser démangeaisons et délires. Lorsque Plume s'adresse à son père, les mains s'immobilisent, les épaules s'affaissent et les jades se voilent "donne-moi la force..." c'est plus une supplique qu'un ordre qu'elle adresse à Ari qui l'avait déjà tant éprouvée. Le visage halé par le grand air, ravagé par le chagrin, les joues humides des larmes silencieuses qui coulent.

La vindicative a l'impression d'être happée dans un précipice sans fin, ses jambes la tiennent debout plus par habitude qu'autre chose, les muscles rompus aux entrainements sans fin sont raidis par la tension qui la maintient encore assez lucide pour poser ce qu'elle tient et mettre ses mains à plat sur le bord de la table. "Me pardonneras-tu un jour ce que je vais faire mon amour ?..." Les jointures des mains crispées sur le bois blanchissent, les épaules se redressent "c'est la dernière fois, le pardon c'est fini Ari !". La rage, le désespoir, le besoin de se venger d'une manière ou d'une autre "un jour tu verras !", ce n'est pas dans le Très Haut qu'elle puisse ses dernières forces non, c'est dans la Mère "la seule qui ne m'ait jamais trahie !".

Elle essuie avec hargne ses yeux du dos de ses mains, renifle discrètement et écarte la décoction qu'elle était en train de préparer précédemment. Ses doigt se posent sur un sachet sombre, volontairement différent des autres et la préparation létale commence... Tuer, c'était malheureusement souvent son devoir, elle n'avait pas le choix mais occire son propre enfant, c'était le pire que l'on puisse imaginer pour un parent et même si Plume n'était pas sortie de son ventre, cela ne faisait aucune différence pour elle "non aucune !!!".

Perdue entre ses souvenirs et sa concentration, Patt ne fait pas attention au temps qui s'écoule et à ce qui se passe dans son dos. "C'est prêt"
Elle sait qu'elle doit se retourner et porter la tisane à Plume pour qu'elle la prenne mais toujours dos au lit, elle manque de courage.

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Argawaen
L'homme ne pouvait pas tolérer de perdre sa fille, mais pourtant au fond de lui il savait qu'il devait se faire une raison.
Le Dehuit de Malemort ne pouvait cependant pas l'accepter, le regard perdu, flouté par la tristesse, il regardait sa fille totalement, impuissant.


Je t'ai détesté... Je t'ai maudit... J'ai souhaité ta mort... Et j'ai appris à t'aimer, je t'ai adopté, je t'ai sauvé... Et aujourd'hui... Aujourd'hui tu décides de nous abandonner... Sauve moi de ta perte en te battant... Sauve moi de ne pas voir un autre de mes enfants m'abandonner... Plume... Bats-toi...

A la vue du regard de sa fille il savait ce qu'elle voulait, il reconnaissait le même regard que celui de Mirka à l'époque et savait déjà la fin de cette histoire. Seulement il ne pouvait pas s'y résoudre... Lentement sa main relâcha celle de sa fille et il s'asseyait contre la couche, son regard fixait maintenant celui de son épouse et il espérait que cela irait vite...

Sauve notre fille...
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Keyfeya
"Devant l'amour et devant la mort, il ne sert à rien d'être fort."*


Plumenoire
Les paroles de son père raisonnaient à ses oreilles. Bats-toi … Bats-toi … Elle ne demandait que ça, se battre. Rester avec eux … mais à quel prix ? Lentement elle secouait la tête négativement. Lorsque l'ours demanda à Patt' de la sauver, elle resserra son étreinte sur sa main, secouant plus fortement le visage.

P'pa … c'est plus possible …

La porte s'ouvre, coupant la jeune femme dans sa phrase. En silence, elle observa la comtesse se mouvoir avec calme dans cette chambre où seule la douleur semblait avoir sa place.

Bonjour …

L'ombre d'un sourire étira les lèvres de la jeune femme, les larmes embuèrent son regard. Elle secoua doucement la tête.

J'dois partir … C'est mieux …

Partir … oui … partir … avant de changer d'avis, de se raviser … Avant que la douleur ne la submerge de nouveau, avant de les faire souffrir plus encore …
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Pattricia
On ne tue bien que ce qu'on aime*



Toujours prostrée sur la table face au mur, elle écoute les paroles de l'ours suppliant sa fille de se battre. Au fond d'elle-même elle hurle "Ça suffit !!!!", "Cesse de ne pas vouloir comprendre !!!", elle ne souhaite qu'une chose, qu'il sorte. Peu importe que ce soit dur, cruel tout ce qu'elle ressent à cet instant c'est l'envie de le voir partir hors de la pièce. "Ne peut-il juste l'aimer pour ses derniers instants plutôt que de la torturer par des suppliques vaines !" Elle sait qu'elle doit se redresser, se retourner, porter le masque froid du médecin qui ne fait que son travail mais elle ne trouve pas la force. C'est un remue ménage à l'étage qui la tire vers la conscience de ce qui l'entoure, la porte qui s'ouvre, un échange de paroles inintelligibles, une porte qui se ferme. Elle sent une présence insolite, elle sent la rose "Key ????"

Étrange cet instant, la rousse ne bouge pas d'un cil, la silhouette est à ses côtés plus vite qu'il ne faut pour le penser et la main qu'elle connait si bien pour l'avoir serrée souvent se pose sur elle. Est-ce le contact ou la question posée qui lui redonne conscience de ce qui l'entoure, de ce qu'elle doit faire ? Les deux peut-être... Elle secoue doucement la tête et murmure
Il voudrait te tuer ! C'est à moi de le faire... Le temps que la brune s'écarte pour rejoindre Plume et lui rafraichir le visage, Patt s'est enfin retournée pour rencontrer le regard de celui dont elle vient de parler et serre les mâchoires quand il la supplie à nouveau. Les jades sont durs et froids quand ils affrontent les saphirs emplis de terreur.

Elle n'a pas le choix, soit elle soulage Plume soit elle console son époux mais faire les deux de concert lui est psychologiquement impossible. Elle s'approche de l'homme abattu et lui tend la main qui ne tient pas la décoction létale pour lui intimer l'ordre silencieux de se relever. Dire que deux années auparavant c'était lui qui la berçait quand elle s'enfonçait dans la folie à la mort de son plus jeune frère. Quand il s'est enfin levé, elle s'écarte et fait signe à Evil de se pousser afin qu'elle puisse s'installer de l'autre côté du corps étendu. Les paroles de Plume lui déchirent ce qui reste encore de son cœur meurtri. Elle veut lui dire que non ce n'est pas mieux, que rien n'est pire que sa perte, que son absence n'est juste pas concevable et qu'elle donnerait n'importe quoi pour ne pas être l'infanticide.

Alors la main libre se tend vers son époux afin qu'il se rapproche et surtout qu'ils se donnent la force. Les jades se tournent vers la brune et les lèvres articulent un merci silencieux. Ensuite vient l'éternel baiser sur le front et le dernier murmure à sa fille rebelle
Je t'aime... La fiole est posée sur le bord des lèvres de Plume et la main la soulève afin que le liquide coule doucement entre les lèvres exsangues. Elle a rajouté du miel dans le mélange afin que le gout soit acceptable. Puis les mots s'envolent sans même qu'elle y pense.

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seule, inconnue, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant dans la chaleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. **


Imperceptiblement un souffle se raréfie et disparait...
La mère se glace et le loup hurle sa douleur, leur douleur...





* Jean Giraudoux
** Inspiré de "Demain, dès l'aube" de Victor Hugo

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Argawaen
Sa fille ne semblait plus avoir le courage de se battre, elle était une Dehuit, il savait qu'elle en avait dans l'estomac, elle ne pouvait pas partir, elle n'en avait pas le droit, il refusait cela...
Le Dehuit de Malemort eut le regard attiré en direction de Key lorsqu'elle fit son entrée et il ne dit mots, restant proche de Plume avant qu'elle ne rende l'âme et que tout cela soit terminé...
Key s'approcha de sa fille, lui parlant un peu, puis se fut au tour de son épouse d'approcher et de lui tendre la main, il lui prit, silencieux, et se releva.

Le vieil homme observait la scène, proche de son épouse et de Key, tandis qu'une décoction était en train de couler dans la gorge de sa fille, le dernier soupir ne manquerait pas de se faire sentir, avant de laisser un grand vide...
Bien que fier, bien que fort, bien que déterminé à réussir ce qu'il entreprenait, il était en larmes, totalement perdu, le regard vide, désorienté, il ne reconnaissait plus ni rien, ni personne..


Non... Non non... Plume...

Devant l'impuissance de ce qui venait de se produire, Argawaen totalement choqué regarda en direction du ciel, les poings se serrant, les larmes ne cessant de couler...

Pourquoi... Pourquoi encore un de mes enfants?... Qu'ais-je fait?...

Evil criait à la mort face à la perte de Plume, ce qui intensifiait le tout, il regarda son épouse, puis Key, puis le loup, et enfin de nouveau son épouse...

Je... Je... Funérailles... Convenables.... Cosnac... N'importe... Où...

Lentement il se recula, la panique le prenant, il en trébucha mais se rattrapa, il vint s'asseoir contre le premier meuble à sa portée et regardait droit devant lui, le regard vide...
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Keyfeya
Le plus dur ce n'est pas pour celui qui s'en va mais pour ceux qui restent.

Elle avait levé imperceptiblement les épaules à la réponse de Patt, qu'importe qu'Argawaen reporte sa colère sur elle, au fond elle se sentait là pour ça mais elle connaissait Patt et savait que la fin de la phrase était plus importante que le début, elle comprit. Elle caressait doucement le visage de la jeune femme, essayant de lui donner un peu de réconfort et de douceur avant qu'elle ne parte. Elle lui souriait avec tendresse de façon à lui apporter un peu d'apaisement quand le couple vint les rejoindre.

Bien sur qu'elle avait discerné sur les lèvres de la rousse ce mot de remerciement, elle l'avait regardé et lui avait sourit, hochant la tête. Les mots étaient devenues superflus et elle lui fit comprendre que les remerciements aussi. Elle était là de son plein gré mais elle était surtout là de manière naturelle, comme si tout était dans l'ordre des choses. Chacune avait participé à la vie de l'autre depuis qu'elles s'étaient connues devant cette lettre publique que la brune avait un jour écrite. Chacune avait répondu à l'appel de l'autre. Elles avaient connu ensemble, les affres de la politique, le sang de la guerre, les mêmes révoltes intérieures, les joies et les peines de l'autre. Et dans la différence de leurs caractères, elles avaient forgé leur amitié.

Elle aida Patt à soulever sa fille pour qu'elle puisse boire correctement le philtre qui lui apporterait la fin de ses douleurs de vivante. Les deux femmes étaient têtues mais elle ne pouvait supporter de laisser à son amie le poids de porter la mort de sa fille seule.

Chacun d'entre eux accompagna les derniers mouvements respiratoires de la jeune Plume et alors que sa mère lui disait ses mots d'adieux, la Comtesse rajouta les siens au creux de l'oreille de la petite, qu'elle avait connu.


On t'aime tous....On t'aime tous.

Il était important que son âme s'en aille dans ce cocon de douceur et d'amour, loin de la douleur qui disparaissait. Il ne devait plus rester que la force de l'affection qui lui était portée.

Jusqu'à son dernier soupir, au son des mots de la mère, elle lui caressa les cheveux puis doucement elle passa sa main sur son visage pour finir de lui fermer les yeux avant de glisser ses doigts entre ceux de Patt, respectant son silence dans les hurlements du loup. Elle sait que les femmes sont plus silencieuses que les hommes dans ce genre de cas, mais elle mesure pleinement la douleur de son amie, elle la partage, elle sent son coeur brisé, ce sentiment que plus rien ne sera comme avant, ce sentiment de colère et d'injustice qui n'est que l'expression de la douleur sur fond d'une profonde tristesse.

Les doigts affirment leur étreinte, alors qu'après un long moment, le loup finit par se taire. Si tu vacilles, je serais là pour te tenir debout. Si tu as trop de peine, tu trouveras mon épaule.

Puis ses yeux croisent ceux de l'ours qui ne l'est plus vraiment aujourd'hui. Il n'est qu'un père, qu'un homme qui a perdu son enfant, un homme qui vacille sous la douleur du monde.

Doucement les doigts glissent, lâchant la main de Patt, venant lui étreindre l'épaule, la brune se lève. Elle cherche puis trouve un verre et la bouteille d'alcool de prune avant de se rapprocher du bélier. Elle lui prend la main pour y déposer le verre plein, son regard fixant le sien, il doit retrouver ses esprits pour qu'elle puisse faire ce qui doit être fait.


Elle les aura. C'est un promesse. Tu les veux à Cosnac ? Un regard vers Patt. Vous devez décider de ce que vous voulez pour elle, je m'occuperais de prendre les dispositions nécessaires. Sa main se pose sur la cuisse de l'ours alors que son regard ne lâche pas la rousse. Il faut lui trouver de jolis vêtements, la préparer.

Elle ne sait si la rousse voudra le faire avec elle mais doucement elle ramène les réalités de la vie dans cet instant où tout l'en éloigne.
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