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[RP] Le tour de la Foi

Ain


Le compliment fit sourire la petite fille qui s’empressa de demander à la jeune femme où étaient les « quatre vents ».
Oui, parce que comprenez bien qu’à sept ans, on ne connait pas forcément très bien toutes les expressions. En plus, la gamine pensait chevaucher jusqu’à Genève. Alors lorsque Rayanha lui avait dit cela, elle avait semblé un peu perdu, ne comprenant pas trop où ils iraient finalement.
Et puis on s’en fout… On s’en fout parce qu’Aïn irait là où serait Rayanha… A Genève ou aux quatre vents, ça n’avait aucune importance pour la fillette tant qu’elles restaient ensemble…

Trente ans ? Répéta-t-elle, un peu triste. Pour Aïn, Rayanha était terriblement vieille et elle eut soudain peur de voir sa sauveuse emportée par la vieillesse. Sa gorge se noua et ses yeux se remplirent de larmes. Mais tu vas pas mourir, hein ? Ouais, la gamine avait terriblement peur de se retrouver seule une fois encore même si elle avait su trouver les mots pour la rassurer. Et à cette promesse que venait de lui faire la jeune femme, Aïn souffla un « merci », passant ses petits bras autour de sa taille pour se serrer contre elle. Mais si Rayanha venait à disparaître, aucun doute que Mad n’hésiterait pas à l’envoyer chez le cureton du coin, histoire de s’en débarrasser – HEIN MAD ?!
D’ailleurs, Aïn ne sembla pas très rassurée lorsque la jeune femme proposa de la laisser avec son amie. Elle réfléchit un peu, tortillant la bouche dans tous les sens et regardant la brune. Très honnêtement, elle n’avait pas envie de rester seule avec Mad. En plus, elle avait peur que Rayanha ne revienne pas – oui parce qu’à l’Eglise, ils sont tous hyper méchants. Et surtout, il y avait Jeannot… Elle avait peur qu’il lui arrive quelque chose par sa faute et peur de décevoir Rayanha.
Cependant, l’envie de découvrir le comment du pourquoi fut plus forte que ses craintes et elle hocha doucement la tête. Aïn prit le lapin.

Oui, d’accord…

Allez... Va donc questionner le curé… Et bonne chance pour lui expliquer – mouahahahaha !


Rayanha
C'est où les quatre vents ... Ok. A sept ans on sait pas tout. Finalement, elle se dit qu'elle va avoir besoin d'aide rapidement pour comprendre comment ça se passe dans la tête d'une mioche de cet âge. Va vite falloir qu'elle trouve quelqu'un pour ... Le visage de la brune s'illumine d'un coup. Elle vient de trouver qui pourra lui parler d'enfant. Mais après. D'abord il faut qu'elle dise à Aïn, dans un petit rire, que ,

Non. J'vais pas mourir de suite. Un jour surement, on y passe tous ... Mais je vais faire en sorte de pas rejoindre Déos dans l'immédiat. J'ai des tas de choses à t'apprendre avant.


Puis Déos voulait pas d'elle, elle a essayé bien des fois pourtant mais non. Toujours quelqu'un ou quelque chose pour la sauver. Il a surement jugé qu'elle lui était plus utile sur terre. Ou alors il est pas totalement débile (c'est Déos en même temps) et il se sait peinard tant qu'elle est en bas ... possible.
Une étreinte plus tard, la laisse en cuir tressée est passée au cou de Jeannot et confié à Aïn, le tout refourgué dans les pattes de Mad' qui va se faire une joie de les surveiller. Mais oui! Elle adore ça les animaux.


Je fais vite.Promis. En attendant, commande toi ce que tu veux à manger et à boire, Aïn. ... Et Mad, soit sage.

La ville est de nouveau traversée, direction l'église où tout à commencé.
La brune inspire profondément avant de pousser la grosse porte, normalement cette fois. Le curé blêmi en la voyant revenir. Alors en essayant de lui sourire gentiment , elle décroche son fourreau et pose Raphaëlle (c'est comme ça que son épée s'appelle, c'est expliqué sur la page d'avant. ) à l'entrée.
Bon elle est qu'à moitié sincère dans son signe de paix, elle a gardé sa sica. Sait-on jamais, c'est la maison du Sans-nom quand même. Puis autant il a fait appeler la garde épiscopale suite à leur rencontre et elle sera bientôt encerclée. Allez pas croire qu'elle a peur hein! Surtout pas! Au contraire. Rien ne lui ferait plus de bien que de se taper un groupe d'hérétique à elle seule. "Chic chic des romains!" , voyez le genre. Sans les braies à rayures et le gros bide en moins ... Sans les moustaches aussi.

Elle embrasse discrètement sa croix poissonnée et son médaillon de sicaire avant de les ranger dessous sa chemise et s'approcher le plus silencieusement possible du curé.


Excuse moi de t'importuner à nouveau curé .... j'en ai pas pour longtemps normalement. J'aurais juste quelques questions à te poser au sujet de la gosse de tout à l'heure.

Le curé pâlit encore d'un cran en se raclant la gorge.

C'est que si tu veux pas me dire ce que tu sais, je vais être dans l'obligation de me fâcher tout rouge tu vois ... Et le rouge ça va pas avec mes yeux, ça serait fâcheux...

Elle attrape fermement les mains du curé dans les sienne et lui sourit.

Si tu veux bien que je te suive, on peut aller en parler à l'abris des oreilles indiscrètes de tes zouailles.

Et allez savoir pourquoi, il s’exécute et la guide jusqu'à une petite pièce sur le côté avec une table et quatre chaise pour seul mobilier.

Soyez brève. Que voulez vous savoir et pouquoi?
Est ce que son père est toujours en vie?
Non.
Et sa mère?
Non plus.
Pour quelle raison l'inquisition a embarqué le paternel?
...

Il commençait presque à reprendre une teinte normal mais à cette question il redevient presque livide.

Son père s'addonnait à un des péché ... impardonnable ...
... Un péché?! Son père est mort parce qu'il a péché?! Tu fou ma gueule toi ?
... hum ... Non. Du tout.

Elle s'est dit qu'elle ne s'énerverait pas. Alors elle inspire, expire, inspire , expire et sourit au curé qui ne dé blêmit pas d'un poil.

Et quel genre de péché a-t-il commis?
Il a ... il est ... hum ...
Le cureton se triture le col de sa soutane , visiblement très mal à l'aise.
Il a quoi? Allez crache bordel!
Il était ... ... ... ... sodomite

Et pendant qu'il attrape sa croix d'Aristote pour prier brièvement, la sicaire est déjà parti. Récupérant Raphaëlle au passage, elle sort de cette église dans laquelle elle se jure de ne jamais remettre un pied. Demain elles quitteront cette ville en se faisant la même promesse.
Mais là, il va falloir expliquer à Aïn que son père est mort pour une histoire de ... Nom d'une vache mauve! ça va pas être simple ... Tu m'étonnes ...

De retour à l'auberge, la mine déconfite, les sourcils froncés, elle s'accroupie devant la petite châtaigne en soupirant. Elle croise ses bras sur les genoux de la gamine et pose lourdement sa tête dedans.
A ce moment là, elle ne sait absolument pas ce qu'elle va lui dire ... Alors elle cherche la force en elle, pour être suffisamment dur et froide et qu'Aïn ne pose pas de questions.
Elle se redresse d'un bond et montre l’escalier qui monte à leur chambre du menton.


C'est l'heure du dodo jeune fille. Pipi et au lit. Zou!
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Ain


Aïn regarda donc Rayanha s’éloigner, la laisse du lapin entre les mains. Elle regarda l’animal et soupira. Puis elle regarda Mad et soupira encore plus.
La première rencontre entre Mad et elle s’était mal passée et la gamine s’en méfiait. Après tout, elle avait voulu s’en débarrasser et Aïn, du haut de ses sept ans, était un peu rancunière. Du coup, elle surveillait l’amie de Rayanha du coin de l’œil, prête à s’enfuir si elle voulait l’emmener on ne sait où.
Le repas se passa sans qu’Aïn ne pipe mot. Elle refila quelques restes au lapin, attendant patiemment et sagement Rayanha. Mais c’est qu’elle en mettait du temps ! Oui, je sais, il lui fallait le temps d’aller à l’Eglise et de parler au prêtre. Puis fallait qu’elle revienne. Et ça ne prit pas plus de temps que cela. Mais pour Aïn, ce fut très, très long ! Un peu comme un enfant qui devait attendre toute une nuit avant de déballer ses cadeaux de noël. Du coup, vous pouvez aisément imaginer à quel point le temps lui semblait long.

La porte de la taverne s’ouvrit sur une brune à la mine défaite. Aïn ne se leva pas et la regarda s’approcher. Elle sentait bien qu’un truc clochait. Est-ce que le curé lui avait dit quelque chose sur son père ? Allait-elle ENFIN savoir le pourquoi du comment ? Pendant une seconde, elle le crut. Elle plongea ses yeux dans ceux de Rayanha, la suppliant presque de lui dire…
Et ce fut le drame ! La brune l’envoya se coucher. La gamine prit un air boudeur mais ne râla pas. Elle se leva de sa chaise, rendit le lapin à sa propriétaire et monta se coucher. Elle n’eut aucun mal à trouver le sommeil tant les événements de la journée l’avait épuisée. Elle ne cauchemarda même pas et dormit comme un bébé.
Le matin suivant, elle se réveilla en même temps que le soleil se leva. Et la première chose qu’elle fit fut de réveiller Rayanha.

Raya ! Raya ! Lève-toi ! Allez ! J’ai faim !

Ah… Les enfants le matin… Quel bonheur…



Rayanha
Le couché s'était plutôt bien déroulé. Pas de questions, une petite fille vite endormi et une sicaire qui a pu aller chercher l'inspiration pour trouver les mots au fond de quelques chopes de bières.
Et si Aïn a bien dormi et se réveille en pleine forme, c'est pas le cas de tout le monde.
A l'attaque matinale, la brune répond par un grognement d'ours des cavernes. Mais ça ne dissuade pas la gamine. Evidemment.
Elle a faim.
Avec tout ce qu'elle a mangé hier?
Ouais.
'tain mais c't'un gouffre!
Bin elle est en pleine croissance ... allez lève toi feignasse!
Ouais ouais ... c'est bon ...


Un œil s'ouvre difficilement. La seconde paupière se lève et le regard s'ajuste sur une frimousse souriante. La sicaire se racle un peu la gorge la salue de sa voix matinale très rauque.

Salvé p'tite châtaigne ... T'es d'jà debout?

Dur dur ... Il va falloir qu'elle revoit sa consommation de bière à la baisse maintenant qu'elle a un réveil matin.
C't'arnaque ...
Le soleil est encore bas, généralement elle le voit à cette hauteur en allant se coucher, là c'est au levé. Dur.
Elle s'étire de tout son corps et se redresse presque en souplesse.

Allez! Enfile tes habits , on descend manger un bout, je bois un bon litre de tisane bien corsée et on prépare nos affaires pour prendre la route dans la foulée. ça te vas?

A-t-elle vraiment le choix? Non, évidemment. Plus vite ils seront parti de cette ville, mieux ce sera.
Et la sicaire saute dans ses vêtements de façon très machinale. C'est l'été, on s'habille léger. Une chemise, une paires de braies vite enfilées et le tour est joué.
Depuis quelque temps elle ne met même plus ses bottes d'ailleurs. A défaut de trouver chaussure à son pied, elle a décidé de marcher pieds nu. Economie de temps, d'écus et de sentiments.

Les escaliers de l'auberge sont descendu quelques minutes plus tard, toujours la tête dans le fondement.


Salvé l'Aubergiste! Un p'tit dej pour la mini ogresse, un grand, très grand, bol de tisane pour moi, une carotte pour mon poilu et tu m'feras la note steuplé.

Elles s'installent à une table, l'auberge est encore calme, les rues s'éveillent juste. Il est décidément trop tôt.

Bon ... Au programme d'aujourd'hui : chevauchée sans arrêt jusqu'à la tombée de la nuit. Seront tolérées les pauses petites et grosses commissions mais dans la limite du raisonnable.
Tu auras la charge de Jeannot pendant que je guiderais la troupe et tiendrais les rennes. Quand on s'ra à G'nève, je t'apprendrais à monter. Je connais quelqu'un qui aura un bon canasson pour toi.


C'est pratique d'avoir des gens qui vous doivent des services. Sauver la vie d' un éleveur par deux fois à la guerre ça vaut bien un cheval gratis.

La première tisane est servie et bu presque en une fois. La seconde arrive et la sicaire la relève d'un soupçon ... épais le soupçon ... de gnôle à Pépé.
Même le lapin a du mal devant sa carotte.


Dis moi, tu voudrais qu'on passe par ta maison avant de partir d'ici? T'as p't'être des trucs que tu voudrais garder avec toi ...

C'est qu'elle pense des fois la brune. Même aux aurores!
Et ouais!

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Ain


Bawi je suis déjà levée hein… Dit-elle comme si c’était une évidence. Faut dire que la gamine avait toujours été très matinale. Son père s’en était souvent plaint d’ailleurs parfois. Et oui, lorsque le soleil pointait le bout de ses rayons, elle, c’est sa trogne qu’elle ramenait.
La gamine hocha la tête et sauta du lit, enfilant ses vêtements un peu n’importe comment. Elle se tourna vers Rayanha et la regarda en souriant. ‘Rôs’ment pour elle qu’elle était déjà levée, sinon, Aïn l’aurait secouée plus fort encore pour la pousser du lit. Cependant, son petit sourire disparut bien vite à l’idée de quitter Rennes. Bien sûr, elle n’avait pas spécialement envie d’y rester si son père ne revenait pas mais elle ne connaissait que Rennes et ses bretons. « L’ailleurs » lui faisait peur. Elle ne situait pas bien Genève. Elle ne la situait pas du tout même. Et il lui semblait qu’on allait l’emmener aux confins de l’univers… Rien que Nantes, pour elle, c’était le bout de l’autre bout du monde. Alors l’Helvétie… Je vous laisse imaginer !
Et à cela, Aïn ne répondit qu’un petit « d’accord » et se précipita hors de la chambre alors que Rayanha était prête. Elle dévala les escaliers et s’installa sur la première table qu’elle vit. Une fois le commande passée, la gamine héla le tavernier alors qu’il avait déjà tourné les talons :

Hé môsieur ! Tu te dépêches, hein ?

Et elle le laissa aller, se tournant vers Rayanha qu’elle écouta avec attention. Elle fronça un peu les sourcils. Ne pas s’arrêter sauf pour faire pipi, d’accord. Fastoche ! La charge de Jeannot… ouais, admettons. Mais ce que la gamine ne saisissait pas, c’était là où elle serait. Du coup, elle lâcha tout innocemment :

Et moi alors ? Je vais devoir marcher derrière toi ?

Aïn se gratta le menton avant de commencer à engloutir ce qu’elle avait dans son assiette. L’idée d’avoir un cheval l’enjoua… Celle de le monter, un peu moins. Oui, parce que voyez-vous, un cheval, c’est quand même assez grand et assez imposant. Et c’est surtout très haut lorsque l’on a sept ans… Et la hauteur et elle, ça faisait quinze.

Oui mais chi che tompe ?

On ne mange pas la bouche pleine, je sais… Et Aïn le sait aussi. C’est pour cela qu’elle avala vite ce qu’elle avait dans la bouche avant de poser LA question à Rayanha :

Raya… Mon papa, il va revenir ? Et il a dit quoi le curé ?

Puis elle secoua négativement la tête. Elle ne voulait plus revoir cette maison... Sa maison. Il n'y avait plus rien là-bas pour elle et rien qu'elle aurait voulu garder avec elle...


Rayanha
Au fil des gorgées de tisane gnôlée, le cerveau de la brune se désembue et se met en route. C'est un vieux diesel, on y va doucement.
Aïn mange, mange, mange ... Et la sicaire se demande où elle peut bien mettre tout ce qu'elle engloutie. Elle est aussi épaisse qu'une planche à pain et pourtant elle mange comme dix.
A la question technique sur le voyage , elle ne peut que rire un bon coup.


Non tu vas pas marcher derrière! Genève c'est bien trop loin pour y aller en marchant!

Consciente que la géographie de la petite ne doit pas être bien élaborée , elle sort sa carte et l'étale sur un coin de la table.

R'garde. Nous on est .... Là. Et on va ....

Un index se pose sur Rennes et glisse jusqu'à Genève en passant par l'Anjou, la Touraine, le Berry, la Bourgogne et la Franche Comté.

... Jusqu'ici!


Elle sourit devant les petits yeux qui découvrent que bordel! On va vach'ment loin quand même!

Donc, comme c'est très loin, on a des chevaux et une charrette pour porter nos affaires. Toi bin je te prendrais devant moi, sur mon cheval. Et puis quand tu voudras te reposer, tu pourras te mettre dans la charrette. T'en fais pas, tu tomberas pas ... si tu écoute bien tout ce que je te dis.

Et évidemment , THE question tombe.
Par où commencer?


Alors ... Hum ...

Elle prend une grande inspiration pour se donner du courage et une bonne grosse gorgée de tisagnôle. Elle replie sa carte et la range avant de plonger ses yeux dans ceux d'Aïn en soupirant.


Tu te rappelle quand je t'ai dis qu'il y a des gens méchant qui croient faire le bien pour le Très Haut? Bin ces gens là, ils sont venu prendre ton papa parce que, pour eux, il a fait une ... bêtise. Et pour le ... punir ... Bin ils l'ont ... envoyé au ciel. Pour que le Très Haut le punisse. Tu sais, comme des miliciens qui envoient les gens en geôle en attendant qu'ils passent devant le juge. Bin les inquiquineurs, ils se prennent pour les miliciens du juge Très Haut.

Hop, le temps qu'elle capte tout ça, elle s'enfile une autre gorgée.

... Ton papa ne pourras pas revenir ... Maintenant son âme est à côté de Déos. Et il veille sur toi de la haut. Et comme Déos Il voulait pas te laisser seule bin Il a fait en sorte qu'on se rencontre.
... Tu sais, pour les inquiquineurs, moi aussi je mériterais une punition. Juste parce que je dis qu'ils sont méchants. Ils punissent tous ceux qui ne veulent pas vivre, penser et croire comme eux. Et ton papa ... bin il était amoureux de quelqu'un et les méchants bin ils pensent qu'il avait pas le droit d'aimer cette personne là. Parce qu'ils sont tellement persuadés qu'ils ont raison et que c'est le Trés Haut qui leurs dit de faire tout ce qu'ils font, qu'ils pensent même pouvoir décider si on a le droit d'aimer quelqu'un ou pas.

Elle était pas certaine d'avoir bien expliqué le truc ... C'est que les enfants c'est pas son domaine de prédilection et en terme de pédagogie, on fait surement mieux.

Mais tu vois, quand je suis arrivé devant cette église, je savais même pas pourquoi j'étais là. Ya quelque chose en moi qui m'a dit qu'il fallait que j'y aille. Bin ce quelque chose, c'est Déos. Il nous guide sans qu'on s'en rende compte. Et si il m'a envoyé pile là où tu étais, c'est justement parce que pour lui, ton papa est innocent. J'en suis certaine. Mais comme les méchants l'ont envoyé là haut, bin il a fallut qu'il trouve quelqu'un pour s'occuper de toi. Parce que les méchants sont tellement méchants qu'ils t'auraient laissé sur ta marche d'église jusqu'à ... Enrober?pas enrober? Merde hein! Jusqu'à ce que tu sois morte de faim, de soif et de froid. Parce qu'ils sont tellement aveuglés par leurs méchanceté qu'ils réfléchissent même pas de ce que vont devenir les familles des gens qu'ils envoient à Déos. Si ils étaient pas méchant et que c'est vraiment le Trés Haut qui leur a dit de faire ça, bin le curé il t'aurait fait rentrer dans l'église. Il t'aurais donné à manger et il t'aurais emmené au couvent pour que les nonne prennent soin de toi. Mais au lieu de ça c'est moi qu'Il a envoyé pour prendre soin de toi. Et ...

La bouche se sèche à trop parler. Elle reprend son souffle et un gorgée.

Tu sais ce que c'est mon travail dans la vie?

Peut-on appeler ça un travail?
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Ain


Genève était bien à l’autre bout du monde. Et la gamine écarquilla les yeux, poussant un « ouaaah ». Ils allaient mettre une éternité à arriver ! Même peut-être plus !
Cela dit, Aïn était rassurée de ne pas avoir à marcher derrière. Elle était même plutôt contente de monter avec Rayanha sur un cheval, même si elle avait quelques appréhensions. Elle savait que la jeune femme ne la lâcherait pas. Mais pour être encore plus sûre, elle posa tout de même la question :

Mais tu me lâcheras pas, hein ?

A la question qu’elle se posait depuis la disparition de son père, elle eut enfin une réponse. Une réponse hésitante. Rayanha n’avait pas trop l’air de savoir comment expliquer le pourquoi du comment et Aïn n’en comprenait pas trop la raison. Mais lorsqu’elle serait plus grande et en âge de comprendre le véritable problème alors elle comprendrait l’hésitation et la maladresse de Rayanha dans cette situation.
L’enfant l’écouta attentivement. Elle savait à peu près ce qu’était une milice et ce qu’elle faisait. Cependant, elle ne comprenait pas très bien en quoi les hommes d’Eglise étaient un peu les miliciens du Très-Haut. Et puis il y avait cette histoire de l’envoyer en ciel pour le juger et pour le punir. Et ça non plus, elle ne comprenait pas très bien. Son paternel avait toujours été l’exemple parfait de l’aristotélicien. Il allait à la messe tous les dimanches, embarquant avec lui sa fille. Il lui apprenait les vertus, les péchés. Il parlait du très-Haut avec elle et lui disait qu’il était amour. Alors là, franchement, la gamine était perdue. Pourquoi le punir alors qu’il était gentil, généreux et qu’il aimait son prochain ?

Mais c’est pas juste… Dit-elle alors que la brune s’enfilait une bonne rasade de tisane. Ouais, ce n’était pas juste. Ce n’était pas juste parce qu’il y a une chose dont elle était sûre : son père n’était pas un monstre.

Ensuite, il y eut Déos. Oui, certes, on avait envoyé son père vers le Très-Haut pour qu’il soit puni mais s’il était puni, pourquoi était-il vers Déos ? Et Déos, c’était qui au final ? C’était le Très-Haut ou pas le Très-Haut ? Et si Déos ne voulait pas la laisser alors il n’aurait pas pris son père… Si ?
La gamine secoua la tête, regardant Rayanha, les idées un peu embrouillées.

Mais, Rayanha, pourquoi il a pris mon père s’il voulait pas me laisser seule ? Et pourquoi il est au côté de Déos si le Très-Haut l’a puni ? Et c’est qui Déos si c’est pas le Très-Haut ? Déos, il est méchant et le très-haut l’a envoyé vers lui ?

Notons tout de même que la gamine avait eu une explication la veille !

Mais mon papa, il aimait ma maman. Il me le disait tout le temps alors c’est mal d’aimer quelqu’un qui est mort ?

Tout dépend de comment on l’aime – hinhin

Toi aussi, ils vont te punir et t’envoyer vers le Très-Haut ?

Cette idée fit peur à la gamine. Rayanha, c’était sa sauveuse et, au fil des années, pour sûr qu’elle l’aimerait comme une fille aime sa mère.
La môme ne voulait plus perdre personne. Elle ne souffrait pas trop de la disparition de sa mère étant donné qu’elle ne l’avait jamais connu mais son père, lui, il lui manquait et elle avait mal à en crever. Elle ne s’en rendait juste pas encore compte, c’est tout…

Alors en fait, à l’Eglise, ils sont tous méchants ?

Conclusion logique…

Non, c’est quoi ton travail ?


Rayanha
Ce qu'il faut savoir avec les enfants c'est qu'une réponse à une question emmène à une ou plusieurs autres questions. Mais ça, la sicaire elle le sait pas. Parce que jusqu'à Aïn, son expériences avec les mômes était proche de zéro voire - 1 .

Hum ... Le début d'abord. Déos, le Trés-Haut, l'Unique, le Tout-Puissant ... C'est la même "chose" . Peu importe le nom qu'on Lui donne, Il est le Père de toute chose. Tu peux aussi l'appeler George si tu veux, je suis d'avis qu'il s'en tape son Divin coquillard, du moment que tu as la Foi.

George? Vraiment? ...

Les méchants donc, les gens de l'églises Aristotélicienne, ils ont décidé que ton papa avait péché en aimant quelqu'un qui fallait pas. Ils l'ont emmené et ils l'ont puni en étant persuadés que son âme rejoindrait le Sans-nom une fois qu'ils l'auraient ...

Peut-on employer des mots brut et cru ou doit-on imager la chose avec une gamine de sept piges? Bonne question ... Aux latrines les images. On va appeler un chat un chat, ça sera plus simple pour la brune.

... tué. Sauf que les méchants, bin c'est des méchants.Et les méchants ils ont toujours tort. Donc ton papa est mort ... pour rien ... Il est maintenant aux côtés de l'Unique et moi je suis avec toi. Je sais, c'est pas juste et peut-être que Déos aurait pu trouver mieux que moi pour prendre soin de toi , je suis d'accord.

Petit regard noir et sourcils froncé en l'air. Le jour de son jugement dernier, Déos se prendra une ronflé, c'est certain.

Mais c'est ainsi.
Ton papa a aimé ta maman, je n'en doute pas une seconde. Mais ta maman est morte il y a bien longtemps et , un coeur est fait pour aimer et être aimer au présent.


Tu le sens le poids des mots là?

Et c'est naturellement que ton papa a aimé quelqu'un d'autre, sans oublier ta maman pour autant, ce qui lui a coûté sa vie ... Ne me demande pas qui il aimait, j'en sais rien du tout.

Plus tard, dans quelques années peut-être, elle lui expliquera que son père aimait bien les hommes et pas forcement avec son coeur ... Plus tard.

Ce qu'il faut retenir dans cette histoire, c'est que l'Eglise n'est pas au service du Trés-Haut, contrairement à ce qu'ils essayent de faire croire. Cette institution est à la botte du Sans-nom et qu'ils tuent, brûlent et bâillonnent qui ne pense pas comme eux. Moi je ne pense pas comme eux. Je ne fais pas parti de cette église du Sans-nom. Mais il y a peu de chance pour qu'ils me punissent. Parce que mon travail à moi c'est de les empêcher de faire leur loi. Parce que j'ai la Foi et que je refuse qu'on me dise comment la vivre, je m'efforce de rétablir la vérité. Et en ouvrant les yeux aux gens sur le fonctionnement de l'Eglise, ils perdront de leur pouvoir et ils ne feront plus ni de veuve ni d'orpheline.

Bon, on passera sur le fait que souvent, c'est en prenant les armes et qu'elle risque sa vie à chaque mission; D'ailleurs ce dernier point va être sérieusement remis en cause maintenant qu'elle a une gamine à s'occuper ...

Je t'expliquerais mieux tout ça en route. Il est temps de rentrer chez nous! Tu es prête pour le grand voyage?
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Ain


Comme d’habitude, la gamine écoutait Rayanha avec attention. Elle la fixait de ses grands yeux et hochait la tête par moment.
Aïn pensait comprendre le truc. Si on simplifiait tout : l’Eglise était méchante ; Rayanha était gentille et donc, par extension, Déos aussi. Et si avant elle croyait en Aristote (le méchant), maintenant, elle avait bien l’intention de se rattraper et de prier Déos, George, Gossuin ou peu importe son nom.
Et peut-être bien qu’au fil des années, elle apprendrait à haïr cette église qui lui avait pris ce qu’elle avait de plus cher…

Aïn encaissa une nouvelle fois lorsque Rayanha sortit le mot « tuer ». Elle plissa à peine les yeux. Même si elle savait son père mort, elle avait du mal à l’entendre. C’était affreux. Même si Raya était là, elle se sentit terriblement seule. Jamais elle n’aurait pu imaginer la vie sans son père. Non parce qu’il n’aurait pas dû mourir. Pas maintenant. Pas comme ça. Et encore moins pour cette raison.
Aïn ne comprenait pas vraiment qu’on ait tué son père pour une question d’amour. Dans sa tête, à l’église, on n’avait pas le droit d’aimer sous peine d’être tué. Pourtant, son père et sa mère s’étaient mariés, ils l’avaient eue et personne n’avait condamné son géniteur à mort. Pas jusqu’à aujourd’hui, du moins.
Des questions, la gamine en avait des tonnes. Et elle aurait pu passer des heures à les poser et à écouter les réponses. Tout n’était pas encore très clair dans sa petite tête et elle espérait qu’un jour, tout le deviendrait.

Dis Raya ? Est-ce que je peux faire le même travail que toi ? Demanda-t-elle tout timidement, espérant que la jeune femme lui réponde un oui. Aïn avait envie de dire aux gens que l’église représentait le mal parce qu’on tuait des gens sous prétexte qu’ils étaient amoureux. Ouais, elle aussi, elle devait se battre et éviter aux autres enfants de subir ce qu’elle avait elle-même subi le jour d’avant. Bon, d’accord, elle ne s’imaginait pas un instant que Rayanha se battait arme à la main. Et elle n’imaginait pas se battre de cette façon. Aïn était encore innocente…

La gamine se leva et hocha la tête. Elle était prête pour le grand voyage. Elle était prête pour les confins de la terre ! Elle dit à Rayanha qu’elles pouvaient se mettre en route et qu’elle n’avait rien à récupérer dans ce qui avait été chez elle.
Valà, valà… Aïn était prête pour changer de vie !


Rayanha
Le départ est imminent. La petite troupe rassemblée, les chevaux sellés , la charrette chargée. Tout le monde est prêt pour rentrer enfin à la maison.

Aïn est calée devant la brune, Noa (son cheval) ne bronche pas sous le poids supplémentaire que sa maitresse lui impose (bon en même temps c'est pas bien lourd une Aïn . ) et le premier coup de talon est donné.


En route mauvaise troupe!

La brune sourit. En très peu de temps, elle s'est attachée à cette gamine. Elle a tellement de chose à lui apprendre, tellement de lieux à lui faire découvrir. Jamais elle n'a envisagé d'avoir un enfant, au contraire même. Ceux des autres vite fait, de loin, pas trop longtemps et pas trop souvent et en faire, elle! .... c'est juste impensable. Puis Déos doit être d'accord avec ça parce qu'elle a jamais, mais vraiment jamais, fait gaffe à ça et, des amants ... elle en a eu plus qu'il n'en faut. Jamais une graine ne s'est nichée au creux de son bas ventre. Elle en a conclu que, pour une fois, L'Unique et elle sont sur la même longueur d'onde : Raya ne DOIT pas se reproduire.
Non c'est vrai quoi, déjà une c'est compliqué à gérer alors imaginez un peu si elle avait cloqué des minis elle ... impensable.

Mais Aïn, c'est différent. Elle n'est pas d'elle, déjà. Elle a pas eu à se farcir les longs mois à être grosse (les années même hein parce que yen a qui s'en remette jamais physiquement parlant) et mine de rien, sa ligne archi fine et son ventre parfait, elle y tient. Ni le changement de langes dégueu et ça, bin c'est pas rien parce que rien que de vider son propre pot de chambre des fois c'est coton alors la bouse fraîche d'un nouveau né merci bien ...
Non là, c'est plutôt chouette ce qui lui arrive. La brunette sait marcher, parler, manger seule et elle dort la nuit. Et franchement, ça c'est carrément cool.

Elle profite du calme du début du voyage pour répondre à la question qui lui a été posée. Maintenant qu'elle est bien réveillée, c'est faisable.



Faire le même travail que moi ... Bin ... oui, bien sur, c'est possible mais ... C'est un peu compliqué si tu veux ... Et en même temps, c'est assez simple en soi...


Là dessus lui reviennent les image de l’empalement d'Innocentus à Mende et elle grimace. C'est un de ses plus beaux souvenirs mais elle doute qu'à sept ans on trouve ça excitant ...

Bon en fait , mon travail ya plein de façon de le faire. Ce qui compte c'est le résultat. Le but donc, c'est que les gens cessent de croire que l'Eglise Romaine est toute puissante. Qu'ils renoncent à être guidés et muselés dans leurs Foi.
Et pour arriver à ça , bin ... des fois suffit de parler avec les gens et des fois ... faut leurs cogner un peu sur la tête ... Parce que des fois les gens ils ont la tête dure et ils ont tellement été longtemps dans le faux qu'il faut les secouer un peu fort pour qu'ils ouvrent les yeux ... Et des fois ... bin même en secouant fort ça rentre pas, alors là faut vraiment cogner pour de vrai ... Pi des fois bin on laisse tomber parce que même en cognant de toutes nos forces bien l'idée elle veut pas rentrer dans le crâne ... Dans ces cas là, on prie pour cette personne, pour que Déos le pardonne de mal croire et qu'avec un peu de chance, Il veuille bien l'accueillir quand même au Jardin des Délices.


Les rennes en mains, la gamine entre ses bras, elle raconte ça en essayant d'employer des mots simples et pas paraître trop fanatique dans ses propos. Faudrait pas que la gosse flippe et qu'elle saute du convoie en route ...

Et puis des fois ... souvent ... bin l'église romaine envoie ses troupes de méchant là où ya un peu trop de gens qui pensent pas comme eux pour leurs faire la guerre. Parce que tu comprends bien que si on arrive à ouvrir les yeux de plein plein plein de gens, bin eux ils auront plus autant de pouvoir. Et ça les méchant ils aiment pas.
A Genève , là où on habite donc, ya quasiment que des gens qui croient plus en l'église romaine. C'est un peu le bureau principal de mon travail ... Alors comme ils savent qu'on est installé là bas, bin régulièrement, ils viennent nous faire la guerre. On appelle ça des croisades. Et eux, bin ils hésitent pas à tuer et brûler tout ce qui leurs plait pas. Alors forcement on les aime encore moins. Mais faut pas que tu t'en fasse, Genève c'est une cité choisie par Déos. Il la protège. Rome fait du mal bien sur mais on gagne toujours. Parce que c'est toujours la Vraie Foi qui triomphe du mal.


Elle lui a expliqué ça avec conviction et force dans la voix.

Tu sais lire Aïn?
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Ain
Fièrement assise sur le destrier de Rayanha, Aïn l’écoutait attentivement même si, parfois, la brune utilisait des mots qu’elle ne comprenait pas.
Ca commença avec le terme « muselé ». La gamine fronça les sourcils et pencha la tête en arrière pour regarder Rayanha, une pointe d’incompréhension dans les yeux. Puis elle se souvint de ce qu’on lui avait dit et redit « quand un âne parle, l’autre baisse les oreilles ». Elle referma la bouche et ne l’interrompit pas. Elle mit ce mot dans un coin de sa tête pour lui redemander plus tard. A condition de s’en rappeler, bien sûr !
La gamine fronça une nouvelle fois les sourcils. Non pas parce qu’elle n’avait pas compris un mot mais parce que Rayanha parlait de frapper sur la tête des gens… Et ça, son père lui avait toujours dit que c’était mal et qu’il ne fallait jamais faire preuve de violence ou de rage. « C’est un grave péché », avait-il ajouté d’un air sévère. S’il lui avait dit cela, ce n’était pas pour faire un brin de causette avec une gamine qui n’était pas en âge de penser par elle-même mais parce qu’elle avait piqué une crise de colère pour on ne sait trop quelle raison et qu’elle avait cassé un truc. Du coup, ça lui faisait bizarre d’entendre Rayanha parler de frapper sur des gens. Et elle se sentit obligée de l’interrompre.

Mais, Raya, frapper c’est pas bien… Ne lui demandez pas d’argumenter cela parce qu’elle ne pourrait pas ! Elle répétait seulement ce que son père lui avait dit. Et oui, il était un peu comme le messie pour elle, celui qui apportait la bonne parole et tout un tas d’autres conneries. Tu vas me frapper sur la tête aussi si je t’écoute pas ?

La gamine mit de nouveau la tête en arrière pour regarder Rayanha avec des yeux de cocker battu.

Tu vas pas le faire, dis, hein ?

Après la question du « tu me taperas pas sur la tête, hein, hein, hein ? », il y eut la question de la guerre… La guerre à Genève… Là où elle allait donc. Et la gamine n’aimait pas du tout cette idée.

Mais si y a la guerre, ça veut dire que tu vas mourir ? Je veux pas que tu meures ! Et… et s’ils me font comme ce qu’ils ont fait à mon papa ?

La gamine renifla puis secoua négativement la tête.

Non, je sais pas lire…

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Rayanha
Bin ouais, frapper c'est pas bien. C'est vilain même. Mais ça fait vachement du bien des fois. Enfin bon, ça, elle lui diras pas à la gamine. Parce qu'en effet, la violence c'est moche.
Et là, elle se rend compte d'un truc : Les gosses c'est pas simple dorbel!
Tu m'étonne John!
Non moi c'est Raya.
Ouais mais ça rime pas.
Ah ok.

Enfin bref. Donc, elle a beau essayer de faire au plus simple, bin ya des trucs, compliqué à expliquer. Et en fait, ces trucs là, elle s'était jamais imaginée les expliquer un jour.
Expliquer comment distiller la gentiane lui parait vachement plus simple, là, dans l'immédiat.


Alors ... hum ... Ouais, t'as raison. Frapper c'est carrément moche. Et c'est pour ça que je te cognerais pas sur la tête. Parce que bon, j'suis pas comme ça hein. Enfin pas vraiment. J'frappe pas les enfants et les animaux. C'est un principe. Au pire, j'me fâche tout rouge et je cris très fort mais j'pense pas que je te taperais un jour. J'crois pas. J'sais pas trop ... j'y avais jamais réfléchi ... Bon j'dis pas, p't'être un coup de pompe au cul si vraiment tu m'emm...quiquine ... Ou si t'as fais une énoooorme bêtise.

Mais qu'est ce qu'une énorme bêtise?

Genre ... Tu t'es sifflée toute ma gnôle pendant que j'bosse et quand j'reviens t'as vomi partout dans la baraque. ... Ouais, ça c'est un truc extrême qui pourrait éventuellement mériter un coup de botte. Parce que bon, vomir partout, c'est un fait. Avec de la sciure ça va vite a nettoyer. Mais siffler toute ma gnôle, faudrait pas trop pousser tu vois. Surtout que si tu picole toute ma gnôle , tu risque de voir des truc bizarre un moment. A ton âge, j'imagine assez facilement les monstres à la place des gens, une chute sans fin au fond d'un puits dés qu'tu fermerai les yeux, la sensation de mourir à chaque vague de nausée ... Quoi qu'adulte, à part les monstres c'est un peu pareil des fois ...

Comprenez pourquoi Déos veut pas qu'elle se reproduise maintenant? *soupir de la marionnettiste*

Enfin bon, avant qu'tu trouve ma planque ... On aura empalé deux cents papes. Donc non, j'te cognerais pas.

Ceci était un extrait de l'éducation selon Raya ou comment faire faire des cauchemars à un gosse pendant les 15 ans à venir.

Quand j'dis qu'on les castagne un peu, c'est surtout parce que c'est des méchants.
S'tu savais lire ça m'aurais facilité la tâche, j't'aurais filé l'histoire de l'apôtre Kyrène et la tribu des bisounours qui explique tout bien. Mieux que moi sans doute ...


Elle débouche son outre d'eau (parce que des fois elle boit de l'eau. ouais.) et en boit une grosse goulée avant de la donner à la brunette.

Bon, le premier truc à savoir, c'est qu'il faut jamais frapper en premier. Par contre, si l'autre il t'en colle une, tu te laisse pas faire! Le truc de "Si tu prends une beigne, tends l'autre joue" c'est d'la conn'rie. Si tu prends une beigne tu calme le truc direct. Une bonne patate ça fait l'affaire. Et si c'est un homme, un bon coup de genoux dans les bur.... Enfin bref, la violence c'est vilain mais faut pas non plus se laisser faire tu vois. Et donc, comme les méchant de l’église Romaine ils commencent toujours. C'est pas nous qu'on les invite pour nous foutre sur la gueule. Ils viennent parce qu'ils sont méchant et que les méchants, il sont violents par nature.R'garde, ils t'ont prit ton père ... Bin ça, ça doit pas rester impuni.On ne frappe pas pour le plaisir de faire mal. Si on peut éviter, on le fait. Mais des fois, bin ya pas le choix. Ça m'rappelle la ptite curette qui m'a craché d'ssus l'autre jour. Bon bin moi, ce jour là fallait pas m'faire chier. J'étais pas d'humeur à tendre l'autre joue. Et en plus elle m'a menacé de mettre ma tête sur une pique pour décorer sa maison.

Elle rit doucement en se remémorant Selianne ivre et son élan de fougue.

Bon, elle était complètement bourrée, elle aurait pas pu faire grand chose mais, n'empêche qu'elle m'a craché dessus, menacé et insulté. Alors bon, on s'est un peu battu. Vite fais tu vois, juste pour lui remettre les idées en place. Elle m'a cassé une dent, j'lui ai cassé le nez. C'est de bonne guerre. Bon, bin, après ça, quelques jours plus tard, on s'est recroisé. Elle était pas bourrée cette fois, et moi bin je lui en veux pas. Parce que pire que la violence, c'est la haine et la rancœur. Faut pas être rancunière. C'est moche. On s'est foutu sur la tronche, emballé c'est pesé. On passe à autre chose tu vois? Bin quand on s'est revu, on a prit le temps de discuter. Calmement. Et finalement bin on est devenue copines. Et si je lui avais pas cogné sur la tête, bin elle serait resté avec ses préjugés sur les gens qui croient pas comme le veut Rome. Tu comprends?

Merci Selianne pour lui avoir permis d'avoir une leçon imagée à donner à la petite.

Mais sinon, à Genève on craint rien. Ils viennent toujours faire la guerre et ils repartent toujours la queue entre les jambe. Et tant que tu seras avec moi, je te promets qu'il ne t'arrivera rien Aïn. Personne ne s'en prendra à toi. J'peux pas t'assurer que je mourrais pas. On fini tous par mourir. Mais j'peux te jurer que je ferais tout pour pas mourir avant longtemps. Tu sais, des guerres j'en ai fais plus qu'il n'en faut dans une seule vie ... Et j'suis là. Avec toi dans mes bras. Faut faire confiance à Déos. Il sait ce qu'il fait. Et il a besoin de gens comme moi en bas. Ceux qui font le même travail que moi sont plus utile sur terre que la haut. Sinon qui c'est qui empêchera les méchants de faire du mal? Non, vraiment, C'est p't'être tout flou pour toi c'que je te raconte mais tu comprendras vite. Quand on arrivera à Genève, je t'apprendrais à lire. J'ai plein de bouquins qui expliquent tout ça. Quand tu les liras, tu comprendras.

Ça c'est en théorie ...

Et dis moi, tu veux faire quoi toi quand tu seras plus grande? En vrai travail. Moi, en plus de ce que je te raconte là, je suis tavernière. ça c'est mon vrai travail. Tu voudrais quoi toi?
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Ain
Pouah ! La gamine avait du mal à suivre tant le débit de parole de Rayanha était élevé.
De la première vague, la gamine ne retint que le passage où elle lui mettrait éventuellement un coup de pied au cul si elle faisait une connerie. Du coup, la gamine éviterait les bêtises pour ne pas s’attirer les foudres de la brune. Ouais, parce qu’une Raya énervée, ça ne doit pas être joli à voir…
De la deuxième vague, Aïn ne comprit pas trop. Déjà, elle ne savait pas ce que c’était que de la gnole et visiblement, aux yeux de Rayanha, siffler était une raison valable pour se prendre un coup de pied au cul. Le sifflement serait donc banni – quoi qu’elle ne sache pas siffler… C’était juste hyyyyper dur à faire. Non, sérieux, elle avait bien essayé mais aucun bruit ne sortait, à part peut-être celui de l’air qui s’échappe d’entre les lèvres quand on souffle très, très fort.
Le point positif là-dedans, c’est qu’elle avait le droit de vomir sans se faire engueuler et ça, bah c’était un sacré privilège en hiver.

C’est quoi de la gnole ? Demanda-t-elle alors qu’elle prenait l’eau pour en boire un peu. Et une fois qu’elle eut redonné l’outre à Rayanha, elle posa une nouvelle question : Et les bisounours, c’est quoi ?

S’il y avait bien UN terme qui lui posait – et qui lui poserait toujours – problème, c’était bien celui-là : « bisounours ». Aïn secoua la tête et fronça les sourcils. Bien sûr qu’elle ne se laisserait pas faire ! Si on la frappait, elle rendrait le coup. Même si taper c’était mal, fallait pas pousser mémé dans les orties.
L’histoire de la curette – paix à son âme – fit mouche dans la tête Aïnesque et elle comprit mieux le pourquoi on frappe les gens sur la tête chez les réformés.

Alors pour me faire des copains, faudra que je les frappe aussi ? Nan Aïn… C’est plus pour leur ouvrir les yeux que pour s’en faire des copains… ah les mômes !

Dans l’ensemble, Aïn comprit pas mal de choses. Bon, elle avait mal compris les trucs mais n’oublions pas qu’elle n’avait que sept ans. Ce qui s’encra surtout dans sa tête, c’était que Rayanha la protégerait et qu’elle ne mourrait pas en cas de guerre. La fillette se laissa aller contre Raya et posa sur tête sur sa poitrine, un chouïa rassurée. Elle ferma les yeux puis les rouvrit à la dernière question. Ce qu’elle voulait faire… ? Déjà pas princesse ! C’que c’est un peu pour les faibles… et surtout pas pour les gueuses dans son genre…

Escroc ! Mon papa, il a dit que ça payait bien mais il a jamais voulu le faire ! Ouais, parce que son père, un jour, il en avait parlé. Même si la gamine ne savait absolument pas ce qu’était un escroc, l’idée de gagner plein de sous était plutôt attrayante.

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Rayanha
Mais ouais Raya, tu parles, tu parles mais la gamine elle suit pas.
Bin t'as qu'à meubler un peu.C'toi qui raconte j'te rappelle.
...

Alors donc on va reprendre quelques points précis et on va essayer d'être un peu plus clair.
La brune sourit à la petite bouille de châtaigne entre ses bras, amusée d'avoir une conversation avec une gamine pour la première fois de sa vie.


La gnôle c'est de l'alcool. Très fort. Un truc qu'on fabrique chez nous. Moi j'en fais dans la cave du Vieux Gut mais il le sait pas je crois. Gut' c'est mon patron, le propriétaire de la taverne où j'travaille. Quand j'y suis ...

Elle stoppe le convoi, file les rennes de Noa (son cheval, suivez un peu) à la petiote et va fouiller dans une des caisses de la charrette pour revenir avec un bouquin assez épais.
De nouveau en selle, elle ouvre le dit bouquin à une page précise.


Spoiler:
Citation:

L'apôtre Kyrène.


Kyrène était de 3 ans la cadette de Christos. Enseignante en histoire hellénique, elle était dotée d'une grande connaissance de la philosophie d'Aristote, vivait pour enseigner et se trouva naturellement attirée par l’enseignement de Christos. Durant le même temps, prônant amour et tolérance absolue, elle avait converti une ancienne milice, l'amenant à déposer les armes, préférant la recherche d'une paix constructive avec les Romains aux tentatives infructueuses de les contraindre au départ par la force.

La vision d’amour dégagée par Christos fit qu’elle fut la première des femmes à accepter d’être un de ses apôtres de l’Amour universel, toujours à la recherche de l’amour désintéressé. Elle prêchait déjà à ses cotés et c’est d’elle que vient la citation «Aimez-vous les uns les autres ; comme Christos nous aime, nous aussi. Aimez-vous les uns les autres ; à ceci tous connaîtront que vous êtes ses disciples.. »

Après la crucifixion du prophète, elle continua à prêcher l’Amour et la compassion, la mort de Christos l'ayant confortée dans l'opinion qu'il était préférable d'accepter son destin, quel qu'il soit, plutôt que d'user de violence pour tenter de l'infléchir. Pourtant, elle réfléchissait à ce que le Messie Christos lui avait dit un jour: « J’accepte mon destin qui est de souffrir par Amour pour vous, et mes  successeurs auront la même exigence les uns envers les autres. N'utilisez jamais la violence pour  vos ambitions propres, ou bien celles de ceux qui se présenteront comme vos chefs, car le fidèle Aristotélicien est un homme libre, maître de toute chose, sans être soumis à personne.»

Un jour, près de dix années après la mort de Christos, alors qu’elle marchait dans Jérusalem pour rejoindre ses élèves, elle vit deux soldats romains qui tabassaient un vagabond et elle s’interposa par ces mots :

"Mais par l’Amour de la Création, arrêtez cette violence, que voulez-vous à ce pauvre être pour être si brutaux ?"

Les deux hommes se retournèrent en la regardant pour lui dire d’aller voir plus loin, si elle ne souhaitait pas se faire montrer combien ils étaient capables de l’aimer... Ils partirent en riant traînant le malheureux derrière eux. Kyrène les suivit en prêchant l’amour et la tolérance, jusqu’à ce qu’un des deux soldats fasse demi-tour et la frappe avec son bouclier. Seule l’arrivée d’un groupe de ses élèves fit fuir les deux soldats, entraînant avec eux leur victime. Aidant Kyrène à se relever, ses élèves lui dirent :

"Mais, très sainte et noble maîtresse, comment, nous qui refusons la violence, pouvons nous nous opposer à celle des autres ?"

Elle leur fit son cours sur ce sujet. Depuis la destruction de la grande cité d’Onalyone, les communautés humaines s’étaient organisées à l’origine autour de règles morales envisageant leur propre survie. Les règles morales existent parce que les êtres humains sont libres de leurs propres choix, et qu’une part en eux écoute encore le message des violents. Car l’humain doit tendre vers Dieu, mais est toujours habité par une part d’ombre. Comme il est sensé tendre vers la perfection, il sait naturellement en tant qu’enfant de Dieu, être raisonnable et capable de choisir la raison, mais il doit encore être guidé. Nous devons tendre vers une communauté suivant des lois universelles, et la route la plus sûre est faite de paroles et d’amour. C’est à cette fin que l’humain a reçu le verbe et l’écriture.  Pourtant, le fer a été donné à l’homme comme la créature sans nom a été laissée parmi nous, dans le but de nous tenter. Un jour je vous le dis, nous vivrons dans un monde d’amour où seul nous importera ce que le Très Haut voit en nous, et non plus ce que notre voisin y voit, et ce jour uniquement les armes ne seront plus sorties de leur fourreau. Le messie est venu définir des préceptes, car comme Aristote l’a dit déjà: «Il faut préférer se contenter de l’acceptable que d’exiger l’impossible directement; ou encore: A qui demande l'impossible, il est juste de lui refuser ce qui est possible; ou enfin: « Mieux vaut le moineau dans la main que la grue qui vole.». La violence peut donc être pardonnable contre la violence, dans un but de justice et de piété. Il est juste que le pêcheur se voit opposer la parole à la parole, mais soit aussi contraint, hélas, d'opposer le fer au fer.

Ne soyons donc pas comme la tribu des Bisounours, qui n’a pas su comprendre que parfois les choses ne se passent pas comme il le faudrait, et que si nous attendons tous de Dieu qu’il nous protège, il n'en fera rien si nous-même ne trouvons pas en nous assez de foi pour le faire. Nous ne pouvons pas le remercier pour le libre arbitre et nous en remettre aveuglement aux événements. Rappelez-vous, juste après la destruction d’Onalyone, que cette tribu ayant suivit l’exode demanda à Dieu une oasis bien à elle, au centre du désert. Un endroit béni par Lui, où ils auraient tout à disposition et pourraient vivre de concours de beauté, de fêtes païennes et permanentes, et où nul ne leur imposerait rien d'autre que d'aimer et être aimés. Ils demandèrent tant et tant que Mhour leur répondit : « Aide toi et le ciel t’aidera. » Après avoir délibéré sur cette réponse, ils ne le comprirent pas et crurent qu’il suffirait de partir et qu’encore une fois Oane leur apparaîtrait, donnant ce qu’ils demandaient. Ils partirent donc sans rien vivres, afin que leur trajet dure moins longtemps, empruntant la direction du levant pour finalement disparaître à jamais et devenir une simple légende. Notre créateur nous a donné les moyens de nous protéger de la pluie, Il nous a donné la science de la construction, mais critique-t-on le bûcheron qui abat des arbres pour lui ? Le Créateur ne nous a pas permis de venir au monde vêtus, mais a rendu possible l'art du tissage, qui a besoin de faire tuer des animaux comme les bouchers.

Chacun a sa place, le soldat a sa place de la même manière pour contribuer au développement de la communauté des croyants, mais il a une grande responsabilité. Car comme le bûcheron ne doit pas couper d’arbre si nul n’en a besoin, le soldat ne doit pas faire couler le sang inutilement. Comme le bûcheron n’a pas de haine contre l’arbre, le soldat ne doit pas avoir de haine envers son ennemi, et il ne doit agir que si la cause est juste et approuvée par les préceptes de Dieu. S’il combat sans haine en accord avec les préceptes du Créateur, et s'il se repent avec sincérité, il sera pardonné de ses méfaits.

Le choix de la raison, au moment de prendre une décision, est ce qui conduit vers le Très Haut, car la raison entraîne la compréhension, la compréhension conduit à l’amitié désintéressée, l’amitié conduit à l’Amour parfait, et l’Amour élève vers Dieu. La violence mène immanquablement vers l’exclusion et la rancœur, nous éloignant ainsi du Très Haut. Ainsi, l’élimination progressive de la violence est, en même temps, le secret des morales et le critère même de toute action politique qui se veut morale.

Après que plusieurs de ses prêcheurs aient disparu, après avoir été emmenés par des soldats de l’empire, elle était l’autorité aristotélicienne à Jérusalem. Bien que non violente, elle se résolut à créer une garde rapprochée pour protéger les prêcheurs de Jérusalem.

Mais en représailles, le temporel fit tuer tous ceux portant une arme pour trahison envers l’empire de Rome, et condamna à la crucifixion ceux s'aventuraient à prêcher au nom de la foi Aristotélicienne. Les sympathisants eurent le choix de renier Christos et ses disciples ou de finir aux cotés de Kyrène. Tous ses disciples choisirent de la suivre jusqu’au bout, et on compta 33 croix sur la colline le jour de l’exécution. Il est dit que, juste avant de mourir, elle hurla à la face du monde une citation bien connue de Christos figurant dans ses logions : " Mais vous allez vous aimer les uns les autres, au nom de Dieu !"

On ne possède pas de texte de Kyrène, cadette des apôtres, car tous ses biens furent confisqués par le préfet de Jérusalem. N'a pu être retrouvé qu'un compte rendu de son cours sur la violence, et une copie de sa main de l’histoire de la tribu des Bisounours, qu'elle avait offerte à un de ses élèves, parti en Gaule avant le massacre des siens.

Elle mourut donc en martyr exactement 12 ans après Christos. Ceux de ses fidèles qui n’étaient pas à Jérusalem, et qui ont donc échappé à l’exécution, vinrent enlever les corps pour leur offrir des funérailles décentes. Le suaire de Kyrène fut exhumé ultérieurement, et fut retrouvé intact en dépit du temps écoulé. Encore aujourd'hui on symbolise Kyrène d'une plume d’oie sur un bouclier.


Citation:
Annexe l'histoire de la tribu des bisounours d'après les textes de Kyrène.



Parmi les tribus qui avaient fui la cité d’Onalyone, il y en avait une portant le nom de Bisounours, on sait que les indiividus qui la composaient se caractérisaient par leurs pieds poilus et une vision de la vie très tournée vers Dieu, mais hélas d'une façon particulièrement simpliste.

Les Bisounours vivaient à l’écart des autres, car ils ne voulaient pas trop qu’on leur fasse des remarques sur le fait qu’il mettait tellement l’amour au-dessus de tout qu’ils en oubliaient de travailler et vivaient donc surtout au crochet des autres. Pour eux, Dieu vivait tout là haut, au pays des arcs-en-ciel et des nuages douillets, dans un royaume merveilleux où à leur mort, ils seraient reçus sans être jugés, puisqu’ils vivaient sans malice d’amour et de fêtes. Prenant la réponse d’Oane au pied de la lettre, pour eux la seule chose demandée par le Créateur était de s’aimer et de l’aimer, chacun sa place et la leur était clairement de faire la fête.

Dans la grande cité, ça ne dérangeait personne et au contraire on aimait les inviter aux fêtes, car ils n’avaient pas leur pareil pour inventer des concours et des thèmes de fêtes pour n’importe quel sujet. Ils avaient fait bien entendu des concours de celle qui avait la plus belle coiffure, celui qui avait les plus beaux pectoraux, les plus jolis mollets et ils organisaient même des courses d’escargots. Ils aimaient tant les fêtes, que les hommes et les femmes s'unissaient juste pour en avoir une et demandaient l’annulation de l'union en inventant des vices de procédure lors de grand concours. On dit même qu’ils avaient organisé des concours sur les plus belles raisons d’obtenir la séparation légale et avaient demandé aux législateurs d’étudier un texte de loi qui limiterait la validité des unions pour ainsi économiser une procédure qui était très coûteuse et qu’en général les Bisounours étaient toujours fauchés. Bref vous comprendrez que tout ça était très amusant, mais qu’après la punition de notre Créateur les survivants ne désiraient plus trop ne penser qu’à des futilités même pour favoriser l’amour de son prochain.
De plus, la vie était dure et si le partage était de mise, tout le monde devait participer ce qui n’était pas du goût des Bisounours.

Les Bisounours désignèrent leur Miss et Mister sourire comme chef, et celui-ci vint chaque soir trouver Mhour pour lui demander de contacter Oane et demander qu’ils aient leur propre oasis puisqu’ils se sentaient marginalisés. Ce à quoi Mhour finit par répondre: «Aide-toi et le Ciel t’aidera.» Les Bisounours firent un concours pour trouver la meilleure explication et décidèrent de suivre celle qui remporta tous les suffrages: «Si on se tire, Dieu que nous aimons ne nous abandonnera pas et on aura notre oasis.»

Ils firent donc une grande fête d’adieu et partirent avec un minimum de bagages, histoire de ne pas se charger puisque Dieu viendrait satisfaire à leurs besoins le moment voulu. Malgré tout, les sages des autres tribus tentèrent de les dissuader de partir, mais ils dirent que rien ne pouvait leur arriver, car ils aimaient Dieu et attendaient que Lui à son tour les sauve par amour. Mhour eut beau les sermonner, leur dire que chaque action que nous faisons détermine ce que nous devenons et que le Créateur attend de nous que notre amour soit sans condition, ils n’écoutèrent qu'eux même et prirent la route vers le levant, sans même admettre qu’ils retournaient en fait vers le lac salé qui recouvrait les ruines de la cité maudite.

On n’entendit plus parler d’eux en dehors de contes pour enfants où on parle de gens qui pensent que tout est amour gloire et beauté.


Alors! Les bisounours ... C'était un peuple aux pieds poilus à ce qu'on raconte. Ils sont tous cannés parce qu'ils étaient certains de chez certain que Déos les sauverait, quoi qu'ils fassent. Même s'ils en branlaient pas une. Ils étaient pas méchants, au contraire! Mais contrairement à Kyrène, une apôtre de Christo, ils ont pas compris que l'Amour du Trés Haut n'est pas gratuit. Ils se sont contentés de l'aimer sans rien faire d'autre, sans aider ni aimer leurs prochain, sans participer à rien si ce n'est faire la fête, tout le temps.
On doit couper des arbres pour se réchauffer l'hiver, on doit tuer des animaux pour se nourrir et quand la guerre vient, on doit prendre des vies pour sauver , non pas la sienne, mais celle des autres. C'est ainsi que Déos a voulu le monde.


Elle allait continuer et se lancer dans un exposé sans fin mais quelque chose la stoppa net. C'était l'heure de la pause "grosse commission" (ne me remerciez pas. ).
Alors, tout en s'enfonçant derrière un gros buisson, elle passe à la question suivante.


Non , pour t'faire des copains faudra pas forcement les taper ... Normalement on passe pas ... par ... là pour s'faire des potes, mais des fois, ... bin ça arrive qu'on cogne d'abord ... et qu'on parle après. ... Hou punaise ...il était temps ...!

La brune ressort de sa cachette, le pas léger et la mine décoincée.

S'tu veux un buisson, prends pas c'ui là. Il est contaminé ... j'pense qu'il va mourir d'ici peu ...

Quitte à faire une pause, autant en profiter pour boire un ptit coup et casser une croûte.
La fiole de gnôle est sortie, accompagnée d'un saucisson qu'elle sec qu'elle tranche finement et une miche de pain qu'elle rompt des deux mains.


Ouais sinon ... ton papa il avait pas tort mais ... comment dire ... escroc c'est pas un métier. Enfin normalement quoi. Les escroc c'est comme les voleurs. En moins honnête. Un voleur, bon, bin il vole. Un escroc il te fait croire qu'il te vend un truc géniallissime qui va te coûter un bras voire deux et avant que tu te sois rendu compte que son truc c'est d'la daube, il est déjà loin. Un peu comme le Vieux Gut avec ses pelles et ses pioches ... Non j'te parle d'un vrai métier. Comme tisserande, boulangère, soldat ... non, pas soldat, ça paye pas. T'sais, un métier normal quoi.

Pas sicaire quoi ni esclave à la taverne de Gutemberg en gros ...
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