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[RP/IG] Bureau des fruits

Rollin
*Rollin, très attaché aux usages anciens, fut heureux que l'hospitalité qu'il offrait au nom de la Corporation soit si bien accueillie. Débouchant la flasque de grès brun-vert, il versa une généreuse goulée de la liqueur dorée dans un petit godet de terre sombre. Des effluves de tourbe mêlées aux piquantes senteurs de l'armoise et à la fraîcheur de l'herbe des hauts-alpages emplirent bientôt l'air… et tout sembla soudain moins sombre, moins lourd à supporter. Le paysan tendit le godet à Thornton, se servit de même, puis s'assit à ses cotés auprès de la flambée chaleureuse. Le feu lui cuisait le dos, mais cela faisait disparaitre les vieilles douleurs qui se rappelaient à lui à chaque changement de saison, aussi ne bougea-t-il plus d'un iota.*

*Le cueilleur écouta chaque mots et chaque phrases du compagnon de Lavava, et un sourire triste arqua délicatement sa bouche, accentuant l'impression de lassitude et de fatigue qui se dégageait de son visage.*

Ne le prenez pas mal, Mes… Thornton, j'ai pour habitude de montrer mon respect aussi dans mes paroles… Mais puisque vous m'en priez si gentiment, je laisserai bas les titres de politesse…

*Inspirant profondément, le paysan tourna ses yeux noirs comme la nuit vers le jeune Estriviers. Et à mesure que le flot de ses paroles se déversait, son accent rocailleux laissait place au parler-vrai qui fut le sien en d'autres temps... en d'autres lieux.*

Je suis désolé pour votre, intendant, Compaing… Il semble que la Providence ait abandonné la Savoie pour un temps… Après l'incendie du moulin d'Armavir, voici la guerre portée par les Génois, puis les menaces des brigands, et chez vous la mort qui frappe à la porte... Enfin… Au moins votre Mesnie se porte bien, c'est déjà ça.

Oui, Thornton, je suis las… las et soucieux. Le marché a été dévasté par les récents événements et tous semblent thésauriser plutôt que partager... et je ne parle même pas des tensions au Conseil ducal, à la Maison commune ou au sein même du peuple. L'air est lourd et irrespirable ces temps-ci dans la belle Sabaudia, Compagnon, espérons juste que le printemps rafraichira un peu tout ça!


*Les propos de Rollin, étonnamment défaitistes pour qui connaissait cet homme-là, lui paraissaient sortir de la bouche d'un autre tant cela ne lui ressemblait pas de se plaindre ou de faire doléance. Fermant les yeux un très bref instant, un sourire - véritable, cette fois - illumina ses traits fatigués.*

Allons! Rien ne sert de te plaindre, Rollin...

Excusez-moi de vous ennuyer avec ça, Thornton, je pense que je manque de sommeil. Pas étonnant, me direz-vous, entre la corvée de guet, la gestion de la Corporation, la préparation du verger et des champs et le chantier du moulin, je ne sais plus ou donner de la tête.


*Le paysan qui, malgré la fatigue, venait de retrouver le sourire, versa une seconde lampée de génépi dans leurs godets en adressant un clin d'œil à Thornton.*

Allons, Compaing cueilleur, trinquons au retour des Seigneurs du Bourget, et à la Savoie!
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Rollin, membre de la corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry.
Thornton
Thornton regarda le liquide couleur ambre passer de la bouteille à son gobelet et écouta. Il était ignorant sur les évènements passés, ça lui faisait honte. Essayant tant bien que mal de rattraper et de combler son retard de cinq mois en matière d'informations Savoyarde, il engrangeait nouvelles plus ou moins bonne.

Merci pour les honneurs, mais ce n'est pas la peine de me traiter comme un noble vu que je ne siège pas au ban. Pour Ménéault, c'est plus son âge que la Providence qui nous l'a enlevé. J'espère que le Très Haut et Aristote lui ont laissé une place au Paradis.

Il se gratta les poils sur le menton et réfléchit à une autre question

Pardonnez-moi d'insister Maitre cueilleur, mais, je me demande comment ces Génois ont pu entrer sans se faire repérer par l'armée ou les rondes des brigadiers?

Concernant le marché, il semble manquer de tout mais principalement de pain. Je me rappelle, quand nous sommes partis, le marché regorgeait et débordait de farine, comment se fait-il qu'elle ait disparu? Et pourquoi, mais ça je devrais plutôt demander aux deux maires, ils n'ont pas acheté de la farine à l'étranger?

Pardonnez moi l'ami de ces questions qui peuvent être stupides mais j'ai besoin de savoir


Les verres s'entrechoquèrent et les deux hommes se mirent à boire à la santé de la Savoie, ou plutôt de ce qu'il en restait.
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Rollin
*Rollin, dont le sourire avait peine à masquer la fatigue et l'abattement, reprit sans ambages:*

Je n'vous traite pas comme un noble, Thornton… mais simplement comme il le convient de faire suivant l'usage... ne m'en veuillez pas pour si peu.

*Le Liégeois accentua encore son sourire tant et si bien que sa bouche finit par s'entrouvrir, dévoilant des dents blanches comme l'os.*

Ha! Comment ils ont pu entrer? Voilà une excellente question, Compaing! J'ai ouï dire qu'il n'y avait quasiment aucun garde et pas plus de soldat pour garnir les remparts ces jours-là… L'assaut a été bref, brutal et bien mené. Les Génois ont enlevé la place en moins d'une journée, comme si les bailles extérieures avaient été ouvertes devant eux… Le conseil doit encore rendre des comptes officiels à ce propos, mais vous les connaissez… Le peuple attend toujours. Et pendant ce temps nous avons le déplaisir d'assister à des querelles intestines et pré-électorales complètement déplacées!

Qui plus est, et c'est sans doute ça qui me désole le plus, à cette période il n'y avait aucun brigadier et, si je ne m'abuse point de milice! Le Très-Haut m'en soit témoin, je n'ai jamais vu ville si mal défendue que la capitale de Savoie, pour sur! Et si n'avaient été quelques citains éclairés, au nombre desquels s'illustrèrent Maître Augis et cotre serviteur, la ville aussi serait tombée. Quand je pense que depuis plus de quatre jours nous ne recevons même plus d'ordres précis, alors que dans les couloirs du château on murmure qu'il faut rester sur ses gardes… Pas plus tard que ce matin je me suis rendu en salle des ordres et toujours rien…

*Les mains de Rollin tremblèrent légèrement, excédé qu'il était devant pareille situation. Pour des raisons qui lui étaient propres, le Liégeois avait toujours affiché ouvertement sa répugnance pour les choses des armes et de la guerre, mais il n'était pas né de la dernière pluie et sur ses terres d'origine il avait – et pour cause – connu bien mieux que beaucoup ici les terribles ravages causés par les batailles. Ses yeux noirs brillèrent d'un étrange éclat quand il reprit d'une voix étranglée:*

Non… rien… Chambéry et la Savoie furent proches de tomber par l'inconscience et la passivité de ceux qui s'estiment leurs gardiens...

*Le paysan passa une nouvelle fois une main dans ses cheveux sombres comme plumage de freux, puis, inspirant profondément pour refouler bien loin les sentiments qui ne demandaient qu'à jaillir mais qu'il trouvait déplacer d'exprimer ici, il se racla la gorge, une fois, puis deux, et se força à changer de ton:*

Mais… ne parlons plus mie de cela… je me fais plus mal que bien…

Vous avez malheureusement raison, les Halles sont vides ou presque, mais nous faisons au mieux pour assurer le minimum. La Corporation fait des efforts pour tenter d'approvisionner le marché en fruits… Quant au blé, à la farine et au pain... Il faut savoir que les sacs de blés proposés à la vente ces jours derniers le sont simplement parce que certains cultivateurs y ont vu un intérêt: Le duché en a besoin pour multiplier le cheptel, car de ça aussi nous manquons, et dès lors on a vu arriver par enchantement des dizaines de sacs proposés au prix fort alors que quelques jours plus tôt il n'y en avait pas un. Quand je pense que j'ai du me serrer la ceinture et approvisionner moi-même et pour vil prix les deux meuniers qui nous restent! Je suis passablement dégoûté du peu d'altruisme et de considération des Chambériens pour leurs semblables!

Pour l'heure, Zip et Yzalba s'approvisionnent au marché comme ils le peuvent, en dehors de ce que je peux leur fournir au plus bas prix. Ils ont pris des accords avec les deux Bourgmestres ainsi qu'avec Augis et Guytounet, je pense, pour user de mandats pour sécuriser la filière du pain. C'est uniquement grâce à cela que nous arrivons à produire et proposer du pain à un prix abordable… Sans ce, nous serions déjà tous morts de faim, croyez-moi! Mais la situation n'est pas neuve, en fait, déjà bien avant l'assaut des Génois nous manquions régulièrement de pain. Tenez, Yzalba travaille comme une forcenée au moulin banal depuis plus de deux mois, maintenant… c'est à peine si j'arrive encore à la croiser à la maison… mais nous n'avons pas le choix, il nous faut bien nourrir Chambéry... car derrière ces murs hauts de cinq toises, à l'abri des quatorze tours et bien gardés derrière les cinq portes et les cinq poternes closes se trouvent mon aimée, mes enfants, mes amis… tout un peuple qui fait battre le cœur de la Cité...


*Leur servant une nouvelle rasade de génépi, le Liégeois, décidément loquace en cette heure, leva soudain les yeux vers le compagnon de Lavava.*

Entendez-moi bien, Thornton… Chambéry court à la ruine si on ne remet pas bientôt les cloches de Sainte-Nitouche au milieu de la ville!

*Le silence tomba, pesant, oppressant, et Rollin, les yeux perdus à nouveau dans le vague, se laissa emporter au fil de ses pensées.*
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Rollin, membre de la corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry.
Thornton
Pas de garde? Peu ou pas de soldats? La situation était très très difficile pensa l'homme. Il se demandait ce qu'il restait de son travail de maire et de lieutenant. Peu d'écus et peu de soldats... Était-ce donc comme ça que ses successeurs avaient géré la chose? Son sang commençait à bouillir en lui et la colère montait. Que de gâchis c'était et comment relever la pente si abrupte?

Vous dites qu'il n'y avait point de soldats, mais rassurez-moi, ils étaient en manœuvre ailleurs non? Thornton s'insulta mentalement, il y avait bien longtemps que l'armée se cantonnait à la défense de villes et qu'elle ne patrouillait plus hors de remparts. Les effectifs étaient bien là, à Chambéry mais en quel nombre? Telle était la question et apparemment, une sacrée ardue.

Vous dites donc avoir besoin de blé pour que les meuniers fassent de la farine? Hum, je pourrai aller voir dans les villes à coté, comme Belley ou Bourg et rapporter du bois. Il est cher également. Enfin, tout semble manquer, il y a peu de maïs pour les éleveurs et donc moins de viande. Maitre Rollin, connaissez-vous Valzan? Il me disait que la politique de Ragnorock était le "tout-pain" et que malheureusement, la pénurie était antérieure à l'attaque des Italiens, pouvez-vous me confirmer ceci?
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Rollin
* Écoutant attentivement Thornton, Rollin, avala une gorgée de génépi et la langue commençait à lui brûler. C'est que l'homme était plus habitué à la goudale ou à la cluse qui, si elles étaient moins rudes avec son gosier, lui permettaient surtout d'en siroter plus longtemps. Les interrogations ébahies de son compagnon lui faisaient surtout prendre la pleine mesure du désastre que la situation savoyarde actuelle donnait à voir pour un œil neuf – déshabitué, en fait.*

*Levant un sourcil faussement étonné, et l'air un peu moqueur, le paysan posa son godet sur le rebord de l'âtre et répondit sans même avoir besoin de réfléchir plus avant:*

En manœuvre? L'armée de Savoie sait-elle encore seulement ce que c'est? En dehors du parcours d'entraînement et des séjours dans la salle d'armes, je pense que nombre des gens de la soldatesque n'ont même jamais eu à coup férir dans une vraie bataille... vous me comprenez bien, n'est-ce pas? Je ne parle pas une échauffourée ou une bagarre de taverne, mais de vrai combat.

Ce matin-là j'ai personnellement prévenu le garde en faction à la caserne pour décréter l'état d'alerte… Et il m'a gentiment répondu que seul son Capitaine pouvait le faire... Capitaine que j'ai vu arriver décontracté, limite le brin d'herbe à la bouche, et qui m'a d'ailleurs gratifié d'un laconique: "calmez-vous, mon brave, on s'occupe de tout"... Non mais franchement!? Je sais que rien ne sert de paniquer en pareil cas, mais vous avouerez que comme réaction d'officier, il y a mieux.


*Rollin, qui n'avait pas toujours été paysan-cueilleur, avait été estomaqué par le flegme extrême et les réactions amorphes tant de l'armée que de la population de Chambéry... Jamais dans sa vie il n'avait vu pareille chose et, quelque part, il se demandait comment la Savoie tenait toujours debout. Lui qui venait d'une Cité qui étendait son autorité de la Zélande à Namur, de Maastricht à Sedan, l'un des principaux remparts défendant l'Empereur des Nations… il ne comprenait pas… l'alarme tellement poussive, les bannières si lentes à être brandies, tellement peu de cris de ralliement, une armée dépassée, une milice désorganisée ou tellement peu encadrée que des vétérans durent parfois prendre le commandement, des civils laissés à leur sort et perdus tant, pour eux, un assaut de Chambéry paraissait impensable...*

*Le sourire du Liégeois se teinta d'amertume et il laissa pour un temps le sujet de la prise du château qui, décidément, lui faisant tourner les sangs:*

Laissons cela un instant car ça me fait plus de tort que de bien... Puisque vous êtes à me parler du marché, continuons sur cette voie! Je ne dis pas que nous manquons de blé, je dis qu'une entente de quelques Citains de bonne volonté a évité la disette et que, maintenant que le Duché annonce sa volonté de racheter des céréales, on a vu sortir des silos du blé par sacs entiers alors que quelques jours plus tôt, nous en étions à gratter les planchers des greniers à grains pour pouvoir moudre farine... Le blé est là sur le marché... il est juste un peu cher pour faire du pain à bas prix…

Je suis heureux de vous avoir entendu proposer immédiatement de remédier à ce problème, ça veut dire qu'il y a aujourd'hui un homme de bien en plus dans les murs de Chambéry, mais je pense qu'il ne sera pas utile de battre la campagne tout de suite…

Je connais le Sire de Louvois comme tout un chacun ici et je regrette que son expérience n'ait pas décidé plus de Chambériens à voter pour lui lors des dernières élections. Ceci dit, le sieur Ragnarock n'est pas le plus mauvais des Bourgmestres qu'ait connus Chambéry ces derniers mois... Il y avait effectivement pénurie et Ragnarock n'a eu d'autre choix que de se concentrer sur l'essentiel et donc au moins de faire en sorte que le marché soit correctement approvisionné en pain. Maintenant, les causes exactes m'échappent, je l'avoue… Bien que j'en devine certaines... il suffit de pointer les manques aux étals du marché et de remonter les filières à l'inverse... et le fait que la consommation de vivre des nantis ait augmenté de plus de la moitié n'est pas pour arranger les choses(*).

C'est triste, Compaing… oui, vraiment triste... Chambéry perd son âme et sa substance... il n'y a presque plus d'éléments fédérateurs et lentement disparait le sentiment d'appartenance, l'esprit de groupe et la volonté qui fit accorder aux Chambériens de jadis la Charte des libertés communales... Pourtant je sais que le cœur de Sabaudia n'est pas mort... peut-être manque-t-il d'un émissaire, d'un guide... Mais après tout, qu'en sais-je!? Ce qui est sur c'est qu'il est temps pour les savoyards de se serrer les coudes et de faire bloc autour des anciens.


*Le paysan s'était levé, il avait nettoyé et rangé son godet puis il dégagea quelques belles noix de son escarcelle de toile bise qu'il avait posée sur le pupitre d'Augis.*

Z-en voulez une?


(*) Je fais ici allusion aux nouvelles dispositions qui obligent les personnages à partir du niveau 3 à consommer pour 3PF de nourriture par jour.

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Rollin, membre de la corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry.
Thornton
Hum, non je me doute, bien qu'il y ait des explications techniques, si elles y sont toujours. Enfin, si yen a eu une un jour, accordé après seulement deux mois d'attente et la moitié ont été perdu en route. Quant aux guerres, peu de Savoyards savent ce que c'est. La dernière guerre sur le sol a au moins trois ans alors... Qui reste de cette époque? Et puis, le passé se transmet de moins en moins. Encore moins de monde connait l'histoire de la Savoie. Le problème de cet officier qui vous a reçu, c'est qu'il ne peut pas se permettre de s'affoler. Même si la situation est catastrophique, il ne peut donner ce visage aux soldats. En même temps, ayant eu vent des "négociations", je me demande ce qu'il reste de cette fierté Savoyarde.

Thornton sirota encore un peu de génépis puis reprit

Je proposais du blé, mais ça peut être autre chose maitre Rollin, ce qu'il manque quoi. J'ai du maïs plein le grenier et je compte bien l'écouler pour combler le manque et pour peut être acheter une échoppe qui sait.

Par contre, je vous arrête de suite, ce n'est pas d'hier que les érudits doivent manger plus pour subvenir à leurs besoins, ça date d'au moins huit mois donc, ce n'est vraiment pas nouveau nouveau. De mon temps, j'employais un marchand non officiel, il allait dans les villes voisines, m'achetait ce dont j'avais besoin et me le revendait moins cher, de sorte que la mairie se fasse une marge bénéficiaire en le revendant au Duché. C'était principalement des céréales et cet homme, grâce à son travail a pu rentrer chez lui, ouvrir une échoppe et acheter deux champs...

Il est vrai que cette capitale rentre dans l'anonymat, mais ça aussi n'est pas récent, il n'y a qu'à voir l'animation en ville. Il me semble que c'est plus une morne plaine qu'autre chose. Remarquez, qui dit marché vide, dit moins de voyageurs et surtout moins de marchands


Thornton regarda les noix sans y toucher et se remit à parler

Merci pour les noix, mais je n'ai point faim. Au fait, on parle, on parle, mais où est Augis? Est-ce qu'il est...?

Il ne finit pas sa phrase redoutant une mauvaise nouvelle.
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Rollin
*Rollin avait souri lorsque Thornton refusa ses noix poliment. Brisant les solides coquilles entre ses larges et puissantes paumes, le paysan ne se priva pas, lui, de faire honneur aux fruits secs que Ricco lui avait fait parvenir de Bergerac.*

Maître Augis? Non, ne vous inquiétez pas, il va bien... du moins autant qu'on peut aller dans une cité affamée lorsqu'on est boulanger! Il a juste délégué quelques unes de ses obligations. Yzalba et moi-même le secondons dans ses tâches et suppléons à ses devoirs lorsqu'il est occupé ailleurs. Ainsi, il nous a nommé responsables conjoints pour la Corporation et Yzalba nous représente au Conseil de la Maison commune...

*Le paysan repensa au rôle du véritable Maître de la Corporation dans la mise en place de la résistance et le transfert d'information lors des troubles des semaines précédentes... et il pria intérieurement le Très-Haut pour qu'il lui accorde longue vie car cet homme-là incarnait vraiment le courage de Savoie... et il était au nombre des derniers, à n'en pas douter!*

*Le liégeois enchaina car il était des choses sur lesquelles il voulait absolument revenir:*

Quant au reste, je ne dis pas que le Capitaine devait s'affoler... mais un peu d'intérêt, montré par quelques ordres bien sentis, n'aurait pas été de trop. Soyons clair, si les Chambériens d'aujourd'hui ne savent rien de la guerre, ce genre de démonstration d'autorité aurait pu asseoir la confiance envers les meneurs... confiance qu'il faut indiscutablement à ceux qui vont garnir les murs et les rangs. Quant à la fierté... je vous laisse seul juge, Compagnon.

*Rollin laissa le jeune Estriviers se rincer le gosier puis, écoutant la suite de son discours, il nota mentalement chacun des points que Thornton abordait.*

Ah, oui, le maïs sera bien accueilli, je pense, faites donc! Et s'il vous plaît d'ouvrir une échoppe, vous que je sais attaché à votre cité, je ne peux que m'en réjouir. Malheureusement, il vous faudra vous même vous faire une idée des besoins que Chambéry a en la matière, car le nouveau Tribun est passablement... effacé, puisque c'est moi qui l'ai obligé à rouvrir le bureau de Dame Valérie.

Et pour reparler des érudits, je pense que je n'ai pas été assez clair: je n'ai pas dit que le poids qu'ils font peser sur le marché des vivres de bouche est une situation neuve, mais elle a pris un tournant particulier lorsque le château est tombé... De toutes parts, les gens de renoms sont venus, accompagnés par leurs gens, pour prêter main forte... Et durant près d'une semaine, leur nombre a atteint près du quintuple de la normale... C'est en ce sens que j'y faisais allusion, Thornton. Les frontières étant fermées et les routes peu sûres, nous ne pouvions évidement pas compter sur les marchands ou autres voyageurs, fussent-ils Savoyards, pour nous ravitailler. Sans compter que les Halles étaient visitées par l'ennemi et qu'il nous a fallu ruser et agir prestement pour mettre nos denrées de côté et trouver un moyen de les proposer aux défenseurs seuls...

Le marché est encore déserté, mais moins que les autres lieux publics de la ville, je vous l'accorde. Je pense que ce sera là le véritable enjeu du prochain mandat à la Maison commune, mon ami... Comme de rendre confiance, espoir et motivation, ou faire renaître le sentiment d'appartenance à la Savoie et rendre à la bannière rouge sang de Chambéry toute sa valeur!


*Le regard sombre de Rollin s'était une nouvelle fois enflammé... lui pour qui toutes ces valeurs faisaient partie de la vie d'Homme, souffrait le martyr depuis trop longtemps de les voir galvaudées et foulées aux pieds par les gens d'ici... grands ou petits.*
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Rollin, membre de la corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry.
Thornton
Vous avez raison, seul une personne à la main de fer pourra faire remonter la pente à cette ville. Je ne désespère pas de cette situation, mais il ne faudrait pas qu'elle s'éternise trop. Comme je vous l'ai dit, si pénurie il y a, pourquoi ne pas aller chercher les matières premières ailleurs? Il y a des villes très riches en Savoie, à commencer par Annecy. Pour l'échoppe, je pensais plutôt à une boulange, vu que ma compagne est meunière, ça ferait une sorte de tandem et qui sait, peut être lancer une filière pain et la rattacher à la coopérative du blé déjà existante mais pas bien portante. Plus personne ne s'en était occupé après mon départ de la mairie et je trouve ça dommage, surtout qu'il y a pénurie maintenant. C'est un des projets qui nous tient à cœur.

Pour ma part, la fierté s'accompagne sur une position militaire forte, mais peut être est-ce du à mon passé. Cette fierté s'accompagne tout de même d'un commerce florissant et d'un marché équilibré et achalandé, quelques soient les difficultés rencontrées.
Vers la fin de mon dernier mandat, la capitale était aussi menacée par des brigands et malgré tout, qui l'a remarqué sur le marché? Mis à part les rondes plus importantes, personne n'a rien vu.


Le carillon de Sainte Nitouche sonna six coups, il était l'heure de prendre congé de Rollin, d'autres tâches l'attendaient.

Merci pour l'accueil Rollin! Cependant, je dois vous laisser travailler, mes compagnons Sabaudiens m'attendent pour mettre en place une liste pour les ducales. J'ai en effet bien envi de m'investir à nouveau pour la Savoie et vu la situation actuelle, deux bras de plus ne feront pas de mal.
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Rollin
*Rollin souriait intérieurement d'entendre l'Estriviers reprendre immédiatement le collier et déjà échafauder des plans et des possibilités de coopération… Chambéry manquait assurément de gens de sa trempe!*

Ce pourrait être une excellente idée, en effet, Compaing… Mais je pense qu'il vous sera plus utile d'en débattre plus avant avec Yzalba. Je sais qu'elle a essayé de régulariser la filière pain durant les troubles. Quant à la coopérative du blé, les derniers échos que j'en ai eu furent ceux de la campagne pour le blocage des prix du blé à 13 écus tournoi le sac... mais je dois bien avouer que depuis l'été dernier je ne m'y suis plus vraiment intéressé.

Pour ce qui est de la capitale, je ne peux que vous suivre, Thornton… nous avons, sur le fond au moins, les mêmes idées concernant la gestion de la ville...


*Le paysan leva les yeux sombres vers une des minuscules fenêtres qui éclairaient le Bureau de la Corporation, observant les silhouettes déformées au-travers des vitres aux reflets glauques et à la surface irrégulière. Au loin, les cloches de Sainte-Nitouche scandaient les heures et leur tintement fit se lever Thornton qui étira ses membres ankylosés par la flambée et le génépi. Le compagnon de la Dame du Bourget prenait donc congé…*

*Rollin suivit le mouvement et, posant une main fraternelle sur l'épaule du jeune homme, le gratifia de trois petites tapes amicales.*

Tout le plaisir fut pour moi, Thornton. Je vous laisse vaquer à vos occupations… Je sais que vous ferez au mieux pour la Savoie, donc je ne m'inquiète pas outre mesure. Encore une fois, bienvenue chez vous!

*Le Liégeois accompagna son compaing jusqu'à la porte et le salua d'un hochement de tête courtois, étrange manifestation de savoir vivre de cet homme que la plupart des Chambériens savaient paysan et cueilleur mais non point autre chose.*

Bonjour, Thornton, et mes amitiés à votre mesnie.
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Rollin, membre de la corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry.
Thornton
Oui oui, je me rappelle ce ces échanges sur le blé à 13 écus et du crieur qui disait qu'il fallait vendre les céréales plus chers. J'étais vite aller là bas rencontrer les dirigeants et leur dire de maintenir leur prix à 12.40 maximum pour que la mairie rachète. Je n'ai pas eu le temps de passer un contrat entre la mairie et la coopérative, juste un accord non écrit. Le souci c'est pour comme tout, plus nombreux sont les bléiculteurs et plus de force aura ce mouvement.

Pour la coopérative, il faudra d'abord que je contacte le fondateur Conchobar pour voir si déjà il respire encore et si c'est toujours d'actualités, ensuite je verrai avec Yzalba, Zip, Augis et d'autres.

Maitre Rollin, je vous remercie de votre accueil, de l'alcool et pour vos paroles qui m'ont éclairé. Passez mon bonjour à Yzalba et dites lui de se ménager quelques repos quand même. Des gens comme vous sont précieux pour cette ville. Puissiez vous rester longtemps en ces murs pour que la ville ne s'étouffe plus.


Thornton passa la porte, remit sa capuche en place et monta sur la charrette pour la prochaine direction: le Bourget!
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Rollin
*Sur le pas de la porte, Rollin regarda Thornton Estriviers reprendre place dans le chariot qui stationnait devant le local de la Corporation. Un sourire un peu triste aux lèvres, le paysan leva la dextre pour saluer une dernière fois cet homme plein de force et de volonté qui, de retour en Savoie, semblait bien vouloir faire remuer les choses.*

Ce fut un plaisir, Compaing, ce fut un plaisir! Mais à mon tour de vous demander quelque chose: Ne m'appelez pas Maître, je n'en suis point!... Pour le reste, je vous fais confiance, vous agirez au mieux, j'en suis certain.

Quant à Yzalba, je lui transmettrai vos mots, mais vous savez bien... Les femmes ont parfois la tête dure! Haha!


*Le sourire de Rollin s'était épanoui à la simple évocation du nom de sa bienaimée, et son trait d'humour résonnait d'accents tout particuliers et très chers à son cœur: la Perle d'Armavir était une maitresse-femme et sa volonté paraissait indomptable… lui faire prendre du repos ne serait pas une mince affaire!*

Arvi, Thornton, arvi pa!
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Rollin, membre de la corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry.
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