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[RP] LP - Ceci est un titre.*

Alcimane_
Oc, et bien raison de plus per rajouter des choses. Je ne compte pas être juge et je crois que vos non plus. De toute façon, vos ferriez une piètre juge té.

Heureusement pour elle que Cerbère n'était pas susceptible car la Comtesse ne s'arrêtait plus dans les petites attaques. Comme motivée par la présence de cette femme en face d'elle. Un brin de confiance ou tout simplement un esprit taquin pour une personne qu'elle estimait. C'était une ravissante rencontre qui, au départ, ne devait rien apporter. Une taverne, quelques verres, des heures de conversations pour finalement se retrouver ici. Prête à signer un traité.

La jeune femme croisa les bras, intéressée et impressionnée par les agissements de la propriétaire.
Si vos vos blessez, n'allez poinct lo mettre sur lo dos de l'Armagnac. Je n'en prendrai aucune responsabilité et, mon témoignage disparaitra ! Sans se forcer, elle se mit à applaudir, reconnaissant avec bonne foi les talents de la Diplomate.

Elle s'approcha légèrement pour valider l'écriture à l'envers.


Admirable quand même. J'aurais apprécié voir entrer une personne pendant votre poirier té, juste per vos voir vos justifier comme une enfant !

Continuant de faire quelques pas dans la salle, elle se saisit du parchemin tendu.

" Le procès sera mené par la Justice requise, en étroite collaboration avec la Justice requérante". J'en pense que ça ne veut rien dire. Du moins, je ne comprends pas spécialement la tournure de cette phrase même si je comprends lo fond. "Lo procès sera mené per la Justice du Comté/Duché demandeur en étroite collaboration avec la Justice ... hum je n'arrive pas à tourner la phrase. Pfeu ! Tournant la phrase dans sa petite tête, elle finit par dire : 3. "Le procès sera mené par la Justice requise avec les loys du Comtat requérant ?" Vraiment, ça sonnait vilain.

Bon sang, c'est horriblement moche !

Elle relâcha son ventre en déboutonnant légèrement sa ceinture avec cette envie toujours plus oppressante.

Vos avez peut être des talents per dessiner aussi ? Mais dites moi ma chère, dans quel domaine n'avez vos pas de compétence ? Hum ?

Puis dans la conversation :

Il va me falloir me rendre dans vos latrines !

Et, à combien vendez vos Chiron au fait ?

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Samsa
"Qui aime bien, taquine bien". C'était une des phrases fétiches de Samsa quand elle s'amusait à embêter quelques personnes qu'elle portait en son cœur. Jamais, donc, elle ne prend les piques de cure-dents d'Alcimane de travers. C'était la base de l'humour : si on devait rire des autres, alors on devait savoir rire de soi. En cette discipline, Samsa avait du bagage, jadis professionnelle de l'autodérision. Elle était juste repassée, aujourd'hui, à un niveau plus amateur.
Elle ferait donc une piètre juge. Ça dépendait de quel point de vue on se plaçait. D'un point de vue purement juridique, peut-être, encore que ce n'était pas difficile de savoir la limite des peines. D'un point de vue de l'Honneur, en revanche... mais non, ce serait désagréable pour Samsa. Juger les autres, quoique certains -beaucoup ?- pouvaient en penser, ce n'était pas son point fort. Peut-être, juste, que les autres la trouvaient dure avec eux parce qu'elle ne se trouvait pas assez dure envers elle-même.

Remise à l'endroit, Cerbère sourit et fait une brève courbette pour saluer son unique public. Un public qui, lui, contrairement à d'autres, contrairement à elle, ne semblait pas l'avoir jugée. Elle aurait pu, pourtant. Elle pourrait, toujours. Mais il faut croire que la Baronne intègre aujourd'hui la leçon que la Justice ne juge pas toujours.


-Je euh... moi je trouve la phrase très claire pardi. Mais voyons comment l'améliorer, alors...
"Le procès sera mené par la Justice de la province saisie, en étroite collaboration avec la Justice de la province plaignante" té ? Je ne sais pas si "plaignante" est juridiquement correcte mais j'essayais de trouver autre chose que "requérante". Mais on peut laisser "requérante" dans cette phrase si vous voulez.

Pour votre dernière proposition, "le procès sera mené par la Justice requise avec les loys du Comté requérant", déjà faut pas dire "comté" pardi. Parce que l'Alençon est un duché, alors ça la foutrait mal qu'on ai déjà un vice juridique dans le traité et qu'il ne puisse fonctionner que dans un sens !
Et puis, il y a déjà un article qui traite des peines, là : "[...] Le Juge requérant proposera une peine, le Juge requis devant la valider, cela dans le but de veiller au respect des lois et coutumes des Parties liées par ce traité."

...

On peut réécrire ça en "Le Juge ayant saisi la Justice de son Pair proposera une peine que ce dernier devra valider ; cela dans le but de veiller au respect des lois et coutumes des Parties liées par ce traité.", vous en dites quoi té ? Clair ?


"Bon, par contre, je rigolais quand je parlais de vous épouser en Armagnac !" pensa-t-elle alors qu'Alcimane prenait ses aises, commençant à donner du leste à sa ceinture. Samsa connaissait bien ce genre de moment : ça commençait comme ça, et puis ça finissait sans plus rien sur le poil. Mais Cerbère garde la barre : la comtesse ne va quand même pas lui sauter dessus, hein ?

-J'ai travaillé quelques années, jadis, dans des ateliers pardi. J'étais banniériste et assez piètre couturière. Je dépannais en ce domaine, disons. Je dépannerai donc toujours té.

Samsa esquisse un sourire et va s'appuyer à son bureau, tournée vers Alcimane à qui elle offre un sourire plus franc.

-Je suis très mauvaise au tir à l'arc pardi. C'est parce que je ne le pratique pas, ceci dit. Armes de jet, déloyal, tout ça tout ça. Je vous suggère aussi de ne pas espérer un orgasme de vos papilles pour la cuisine, sauf si ça concerne les carottes pardi. Oh, et si vous vous blessez, autant je saurai vous soigner, autant si vous tombez malade, ne prenez rien d'autre qui vienne de moi que des carottes, ou des trucs à base de carottes pardi.

Des domaines parmi d'autres : couture, danse, musique et chant -mon dieu qu'elle était nulle à cela-, tout ce qui se rapportait de près ou de loin, en somme, à la délicatesse ou à la religion.
Des latrines ?


-Bien sûr pardi.

Cerbère se redresse et ouvre la porte donnant sur le petit couloir qu'elle avait emprunté après l'escalier principal.

-Voyez l'escalier ? La porte en face ? Beh c'est pas celle-là. Ahah, bien joué Cerbère ! C'est celle juste à droite, là pardi.

Alcimane n'aurait pas de surprise : en ouvrant la porte, un "siège" de pierre, sans doute froid, et un trou donnant sur les fossés entourant le château de Longny-au-Perche. Un luxe, pour ceux qui devaient faire leurs besoins dans la rue, les rivières ou même leur cave. Il y avait même une porte pour préserver l'intimité ! Cerbère était prude.

-Pour Chiron, je vais étudier la question selon la qualité du pâté que vous m'avez ramené pardi.

Elle avait goûté le saucisson, au tour du pâté !
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Alcimane_
Nos verrons ce traité après. Mon esprit n'est plus.

Le traité n'a plus aucune importance parce que son esprit est focalisé sur cette envie pressante qui lui prend aux tripes. Elle acquiesce par politesse en se tortillant de plus en plus, soufflant, sur le point d'accoucher. Il ne manquait plus que les étriers et une serviette frâiche sur le front. Son oreille se dressa sous ses cheveux et elle ne put réprimer un rictus vicieux sur le coin de sa lèvre.

Pfeu steu ! Oc Samsa, je sais vos pratiques plus que douteuses en la matière, mais je n'espère nullement avoir d'orgasme culinaire comme vos dites. Et je déteste les carottes. Tout comme Keunotruc. Et je n'ai aucun plaisir à manger.. Un orgasme pfeu. Je prendrai grand soin de ne surtout pas me blesser chez vos, ni même faire une incontinence. Je n'ai absolument pas confiance en votre doigté.

Un orgasme !

L'index menaçant, elle lança :


Et ne vos avisez pas de me faire tomber malade mécréante. Je sentais bien que ce Castel était une mauvaise idée. Alors que son regard suivit la Propriétaire, elle haussa les sourcils à la petite "blague". Hum, bien, pas celle ci alors. Je reviens, attendez moi pardi. Et n'allez pas mettre vos patounes dans mes affaires per trouver lo pâté !

Il était évident que Samsa lui jouait un mauvais coup et lui indiqué un faux chemin, elle en aurait parié une pièce. Remuant la main comme pour dire "oui oui, Chiron, après", Alcy prit donc la direction du couloir et se dirigea vers la porte de droite et au dernier moment, elle bifurqua pour ouvrir celle d'en face. Maligne la petite ! Elle n'était pas née de la dernière pluie quand même.

Longeant les tentures, elle laissa glisser sa main dessus et se stoppa devant pour admirer la chose quelque instant. Pour une femme qu'elle jugeait plus guerrière que femme d'intérieur, elle était étonnée de la qualité des tapisseries. Bien sur, la plupart représentaient des scènes de combat, mais c'était un travail d’orfèvre donc admirable.

S'appuyant un peu trop, la tenture bougea et la jeune femme traversa littéralement comme la voie neuf trois quart. Elle se retrouva de l'autre côté sans ménagement.


Fichtre!

Sans être curieuse, elle avança. Persuadée qu'elle était sur la bonne route des latrines, elle traversa plusieurs petites salles et arriva en face d'un escalier qui semblait descendre vers le sous sol. Victoire. Sombre. Humide. Crotte. Elle stoppa net. Pas curieuse mais largement flipette, elle détestait le noir, paniquant dans l'excès très rapidement. L'angoisse de l'obscurité jusqu'à ce qu'une main se pose sur son épaule. Elle pousse un cri en se tenant le cœur et se retourne. Sauvée, un garde !

Ah !
Vos m'avez fait peur saligot ! Il semblerait que je me sois égarée. J'étais en partance per les latrines et de fil en aiguille, j'ai traversé une tenture ... pourriez vos m'indiquer lo bureau de Samsa pardi ?


Et de regarder un peu autour d'elle. Encore un peu, et elle finirait accrochée au garde devant elle.
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Samsa
"Vous auriez tort de ne pas avoir confiance en mon doigté, hinhin" aurait-elle pu répondre aux remarques de la comtesse. Mais Samsa était loin de se vanter de son saphisme, plutôt du genre à éviter d'en parler, complètement flippée du bûcher. Il faut dire, sa cérémonie de mariage avec Shawie avait eu le don de lui rappeler à quel point il fallait se taire si on voulait survivre. Non pas qu'elle en doutait avant.
Pendant qu'Alcimane se soulage -ou pas-, Cerbère retourne à son bureau et planche sur le prix de Chiron. Alors... A l'Ordre du Saint-Sépulcre, des chevaux d'une telle qualité coûtaient une bourse d'or. Pour Alcimane, donc, la Vicomtesse partait sur cette base. Mais la comtesse l'a accusée de triche, puis elle a traité le vin de Bordeaux de vulgaire piquette, elle a insinué qu'elle ne savait pas manger de saucisson, elle n'aime ni Keunotor, ni les carottes. Ça va chiffrer ! Ceci dit, c'est quand même une personne agréable... et en rendez-vous un peu diplomatique quand même. Mais mince, la piquette quoi... Bon, enfin, d'ici à ce qu'Alcimane revienne, elle peut encore se rattraper. Ou s'enfoncer. D'ailleurs...


-Oh, Alcimane ! Vous êtes tombée dans le trou pardi ?!

Ahah ! ... Non mais ça aurait pu être vrai, en plus.

[Dans les geôles, sous le donjon]


Simon était de garde pour la demi-journée dans les geôles. C'était assez inutile, quand on savait combien de personnes étaient là et pour quoi : très peu, et pour des crimes assez mineurs aux yeux de la cheffe des lieux comme du braconnage, des retards d'impôts ou des querelles de serfs. Ceux qui étaient coupables de crimes plus graves, ils finissaient exhibés en place publique. Ou amputés des mains. Ou de la tête. Bref, ici, on entendait plus souvent des pleurs et des suppliques promettant de ne jamais recommencer que des insultes à faire taire ou des fourbes à vraiment surveiller. Simon partait donc pour une demi-journée emmerdante, passée à somnoler ou à jouer avec un écu. Du moins, c'est ce qu'il croyait, car non loin, une silhouette se dessine, hésitante, craintive.
Simon fronce un sourcil et s'y dirige, lui posant une main solide sur l'épaule. La donzelle se retourne en sursaut, manquant presque de faire sursauter Simon lui-même. Clairement, elle n'a pas l'air net. Déjà elle l'appelle saligot, ensuite elle parle de latrines, de tentures traversées -what ?- et du bureau de la Baronne. Alors là, Simon ne plaisante pas. Il sait, comme tout le monde, combien le bureau de la Baronne est une pièce interdite : celui qui s'y rend y perd la tête.


-Bin voyons ! Tu vas pas me faire croire ça ! Tu t'es égarée ? J'vais te ramener moi !

Elle s'était sans doute échappée ! C'était sûr ! Simon attrapa la jeune femme par le bras -vu son épaisseur, elle ne risquait pas de gagner au jeu de "qui se débat le mieux"- et la força à rejoindre la cellule la plus proche. Il l'y jeta presque. C'était petit, très humide, ça sentait la pisse et la moisissure et il n'y avait aucune autre source de lumière que les torches dans les couloirs.

-Allez ! Et j'veux pas t'entendre, espèce de sale voleuse !
Et à ta place, j'demanderais pas à voir la Baronne ; c'est ta tête que tu risques pour avoir voulu t'infiltrer dans son bureau !


Clairement, sur ces terres, le pas de Samsa était redouté. Il n'apportait pas que du mauvais pour soi pourtant, parfois, il était porteur de belles générosités et d'indulgences bienvenues, mais ses colères pouvaient être si violentes qu'il y avait ainsi toujours une ombre angoissante qui planait. Simon ne faisait pas exception à ces frissons primaires mais, quand il alla retrouver son poste de garde non loin, il pensait que Cerbère serait fière de lui pour l'avoir correctement protégée. Hélas.
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Alcimane_
Je vos interdis de me toucher MAIS ! Dit elle indignée avant de repousser la main du garde et de finir par être embarquée. Mais que faites vos ? Voleuse ? Hoquetant, choquée ! Ne vos avisez pas de m'enfermer la dedans MAIS !!

Les pieds trainant, elle résista comme elle pouvait.

Vos me faîtes mal, sale goujat ! C'est un Castel de fou.

Jetée comme une malpropre dans une cellule, elle cru perdre son cœur sur le champs. Elle y tomba négligemment dedans en écarquillant que trop, les yeux. Les mains relevées de dégout, le visage à quelques centimètres du sol, elle manqua de vomir. Oui parfaitement ! L'odeur était juste insurmontable pour elle, bien trop habituée au luxe. Elle était certaine d'y croiser une famille de rat dans quelques instants. Paniquée à l'idée de se retrouver dans le noir, avec une odeur d'urine et avec des mammifères poilus, elle se releva aussitôt et, prestement, se retrouver derrière les barreaux. Elle ! Derrière les barreaux !

Mais revenez !!

Alors qu'il était en train de prendre la sortie, elle eut envie de mourir. La maintenant. Jamais personne ne viendrai la chercher dans un tel endroit. Pas même Samsa. Elle penserait à juste titre que la Sudiste était partie en voleuse et cela aurait pour effet néfaste une sanglante guerre entre l'Alençon et l'Armagnac.

Que l'oliphant soit sonné ! Oyez, qu'en lan de grâce 1467, à l'aube d'une journée de septembre, un malfrat, bourses molles, affublé de malfrocs, profita de la brune nuitée pour emprisonner une noble dame dans lo Castel. Dissimulé sous des couvre-chefs laineux, et dénué d'armements, il la jeta violentement au moyen de ceinture, elle-même larcinée. Elle ne venait pas du sud pour rien et enfant, elle avait prit cette habitude de tirader en grande pompe pour avoir ce qu'elle désirait. Si c'était à refaire, elle le referait !

Puis, tel un cuistre sans honneur, il quiert et déroba pas moins de 2 millions d'écus de marchandises ! Sous entendu, elle prendrai plaisir à le faire accuser de vol ! Après quoi, il s'empressa de piétonner destrement au lointain. Il tenta en vain de revendre son larcin auprès du receleur, Yvan Leboncoin. Mais la bague qu'il avait volé, il ne parvint à l'écouler. Dieu qu'il faut estre trouille et ne point respecter autrui per chercher ainsi querelle à une femme perdue certes, mais néanmoins innoncente !

Sa main puis son bras passa à travers les barreaux, le menaçant du doigt, au loin !

Ce couard est toujourn recherché per la maraude. Nul ne connaisoit la taverne où il se cache. Encore eusse-t'il fallu per l'incarcérer au cachot du grand châtelet que la Maréchaussée lo susse. Nul doute finira t'il sous la roue ! Puisse lo bourreau accomplir son office et qu'un buffet soit servi ensuite tant il est vrai que les exécutions donnent envie de ripaille et de vinasse gouleyante.

Et plus clairement :

Je vos ferrai pendre per cette offense mécréant !



*Librement inspiré d'un sketch d'Elodie Poux
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Samsa
[Dans les geôles, sous le donjon]


Adossé au mur dégoulinant d'humidité crasse, Simon essuie d'un revers de manche la lame de sa hallebarde, écoutant négligemment Alcimane dont il ne pipe pas un mot sur deux. Lui, il vient du perche profond, il parle patois avec ses compagnons d'armes et quand il va au marché. Alors forcément, il ne pipe que dalle à ce que la jeune femme dit et ça finit par l'agacer.

-Mais ta gueule tiens ! Et s'tu m'insultes encore une fois de gouleyant, je te tranche la tête moi-même et sur le champ ! menaça-t-il en pointant sa hallebarde vers Alcimane. Évidemment, il ne le ferait pas -c'était un coup à perdre la tête soi-même après mais la donzelle était pénible.

Le garde se recala contre son mur et allait commencer à fermer les yeux quand un son de corne retentit depuis la haute-cour du château. Il regarda Alcimane et disparu en grimpant les escaliers quatre à quatre, la laissant dans une obscurité quasi-totale, et dans le désarroi le plus grand.


[Dans la haute-cour du château]


Cerbère avait fait sonner la corne, attirant de fait l'attention de tous les gardes et gens du château. Écuyers, servantes, cuisiniers, gardes, tous se mirent à portée de voix pour écouter leur Baronne qui usait rarement d'un tel procédé, qui n'était jamais bon signe. Simon se tenait dans une encablure.

-Longnyciens ! Nous accueillions ce jour la Comtesse d'Armagnac et de Comminges et celle-ci, à l'occasion d'une pause dans notre entretien professionnel, a disparu pardi !
Son cheval, son escorte et sa nouvelle monture sont toujours là ; je crains donc que la Comtesse ne se soit perdue ou n'aie été enlevée té !
Rumeur d'effroi dans les rangs que Samsa fait taire d'une main levée. Bouclez-moi ce château pardi ! NUL N'ENTRE OU NE SORT TANT QUE LA COMTESSE N'A PAS ÉTÉ RETROUVÉE !

...

Allez quand même voir dans les fossés pardi. Parce que.


Si ça se trouve, elle était vraiment tombée dans le trou, putain !
Et ainsi tombèrent les herses et fut relevé le pont-levis. Les sentinelles furent renforcées et toute la mesnie fut assignée à chercher Alcimane, donnant du "Comtesse !" et du "Votre Grandeur !" à tous les coins de murs. Cerbère participait aussi :


-ALCIMAAAANE ! ARRÊTEZ DE BOUDER MAINTENANT TÉ ! Venez et finissons ce traité ! CA NE ME DONNE PAS ENVIE DE BAISSER LE PRIX DE CHIRON PARDI !

Elle allait bien finir par sortir de son trou, si elle n'était pas tombée dedans !

[Dans les geôles, sous le donjon]


Simon revenait donc à son poste. La sécurité du château ne devait pas pâtir de l'événement, au contraire. On pouvait entendre, par instant, les cris étouffés de quelques serviteurs -ou de Samsa elle-même- appelant Alcimane.

-T'es pas prête de sortir d'ici. La Baronne cherche son invitée disparue, une Comtesse. Tttss... T'sais quoi, maraudeuse ? On a ça en commun d'être des roturiers toi et moi, et nous au moins, on sait se repérer ! Ces nobles-là, ils se perdent tout le temps, incapables de faire un truc tout seul... enfin, notre Baronne fait exception, c'est pas une noble de sang tu vois. Mais l'autre comtesse là, ttss... j'te parie qu'on va la retrouver recroquevillée sous une table parce qu'elle aura vu une ombre !

Et, sans le savoir, Simon continuait de s'enfoncer dans sa situation. Roturier sans éducation, il ignorait parfaitement que l'accent et le parlé de la jeune femme était tout ce qu'il y a de plus typique d'Armagnac -qu'il ne situait même pas sur une carte. Lui, il était persuadé d'avoir attrapé une voleuse en quête des écus gardés dans le bureau de Samsa, ou une espionne à la recherche de documents. Il rêvassait déjà à sa future prime.
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Alcimane_
Comment ?

"Ta gueule" ... on osait lui dire un ta gueule comme ça, sans prévenir ? A elle ? Pfeu, elle ouvra le bec, totalement choquée de cette phrase honteuse dans la bouche du mécréant qu'elle pourfendrait d'un coup d'ongle en plein visage. Offense ! Alors qu'elle était outrageusement outrée, elle se stoppa, le doigt toujours menaçant mais descendant. C'est un règle primaire : tout ce qui monte, redescend un jour.

Les yeux noirs, le teint pâle, la main tremblante, le jeu avait duré. Quand tout à coup, la petite goutte d'eau qui fait tout déborder.


REVENEZ ! Dit elle en hurlant mais en vain. Je me tais ! ReveNEZ !

Le noir.
La panique.

Tourner de l’œil aurait été le moyen de faire cesser cette terrible journée, mais, Simon aurait été capable de la laisser mourir dans son propre vomi, elle en était certaine. A 20 ans, plus personne n'a peur du noir ! Plus personne ne craint de se faire manger le pied si jamais celui ci dépasse du lit, plus personne ne regarde dans son armoire juste au cas où avant de s'endormir. Les cas où étaient son grigri. Depuis sa rencontre avec Jean-Jack, elle était traumatisée telle une enfant, du noir. Du noir et des castors.

Elle se recroquevilla au fond de sa cellule, là, où personne ne viendrai la chercher. La toucher. La capturer, la violer, pire, la manger ! Un bref au revoir à ses braies, une fois que son séant toucha le sol humide de la cellule. Il en était de même pour sa chemise, sa préférée en plus. Tudieu, la vie est injuste.


SAMSA !

Relevez le visage, elle sursauta bien entendu. Flute, ce n'était que l'andouille de garde. Combien de temps était il partit ? Au moins 3h. Peut être plus. La notion du temps échappe totalement en captivité, et elle sentait de plus en plus le besoin de se calmer. Manque de chance, sa sacoche avec son attirail de droguée était resté au bureau. Injustice.

Mais ! Je suis la Comtesse bougre d'idiot ! La Comtesse d'Armagnac. C'est bien la première fois que la personne en face d'elle ne tiltait pas sur son accent. Elle avait trouvé le bon là.

Sios polit coma un sòu nòu. *

Elle se redressa légèrement, prenant sur elle.

Es sot coma rauba saumas ! **

S'il n'était pas convaincu après tout ça.

Je vos laisse 2 minutes per ouvrir cette cellule ... SAMSA !

Dit elle, la voix tremblante, à la limite de la rupture.



* Tu es joli comme un sou neuf.
** Il est sot comme un voleur d'ânesse.

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Samsa
[Dans les geôles, sous le donjon]


D'un air blasé, Simon releva la tête vers Alcimane. Il ne comprenait toujours rien à ce qu'elle racontait mais ça finissait par l'indifférer. Elle pouvait bien le traiter de saumon si ça lui chantait, lui, il n'allait pas la laisser filer. Il s'approcha de la cellule, torche dans sa main libre, l'autre tenant sa hallebarde. Simon plissa les yeux en faisant mine d'observer plus attentivement Alcimane, la détaillant de haut en bas.

-La comtesse d'Armagnac, vous...

Il feignit une illumination soudaine.

-Oh mais bien sûûûûûr !
...
Et moi je suis le roi d'Angleterre en fuite ! AHAH !


Simon partit dans un grand éclat de rire et retourna à son mur sans autre forme de procès. Il en avait vu, des tentatives d'intimidation ou de corruption, mais de ce niveau-là, c'était une première ! Futée, la jeunotte, tout de même. Elle se servait de ce qu'il disait pour essayer de s'échapper. Un coup de hallebarde vint tonner sur la porte de la cellule.

-ET ARRÊTE DE L'APPELER SAMSA PUTAIN, ON T'A JAMAIS APPRIS LE RESPECT ?! On dit "Baronne" ! Mal élevée. Sale gitane, c'est ça, ton patois, hein ? J'te jure si tu m'as jeté une malédiction, j'te décapite moi-même. Je les connais les femmes comme toi ! Ça nait dans une ruelle sale, ça court les rues dès son plus jeune âge et ça sait voler les bourses des honnêtes gens avant même de savoir parler. Mais ici c'est l'Perche ! C'est Longny ! Ici on file DROIT !

La Baronne serait tellement fière à l'entendre. Rhooo, cette fois, c'était sûr, il l'aurait, sa promotion ! Il passerait sergent et monterait dans le logis, il pourrait trouver de l'alcool en douce plus facilement. Cette jeune femme-là, c'était son ticket gagnant.

-Et râle pas, tu seras nourrie dans quelques heures.

La nourriture des geôles de Longny était abjecte pour faire passer l'envie de revenir. C'était pas l'hôtel ici. Dans les écuelles, souvent des haricots trop cuits -ou pas assez- et mal assaisonnés, ayant marinés dans des sauces douteuses, des bouillies non-identifiées et puantes, ou encore des soupes immondes dans lesquels trempaient tripes, yeux, langues ou oreilles des gibiers du jour. Et pourtant, ce n'était pas Samsa qui cuisinait.

[Pendant ce temps-là, dans le donjon]


Elle cherchait partout, même les pièces où Alcimane n'aurait pas pu se retrouver. La comtesse restait introuvable, et personne ne l'avait vu. Cerbère allait donc devoir enquêter et elle commençait déjà à procéder par élimination : on n'avait pas vu Alcimane aux écuries, c'était certain ; les palefreniers sans cesse sur place sont unanimes. Elle n'a pas non plus passé la herse séparant la haute et la basse-cour ; le passage vers le donjon est interdit aux badauds et est donc surveillé, et les sentinelles assurent que personne n'est sorti. Donc, Alcimane se trouve quelque part dans le donjon. Se serait-elle endormie quelque part ? Dans les cuisines peut-être. Ou dans les réserves. S'éloignant du sous-sol, Samsa prit la route des étages pour fouiller les tonneaux, déplacer les sacs de blés, continuant sans cesse d'appeler la comtesse disparue. Ça devait lui arriver, à elle !

-Bordel pardi... ALCIMAAAAAANE !

Inévitablement, commencent à se former les scénarios catastrophes : et si elle était tombée dans le puits de la haute-cour ?! Vite, la patronne des lieux s'empresse à demander à un valet d'aller vérifier. Et si...

-... Naaaan...

Et si un de ses gardes ou serviteurs l'avait coincée quelque part pour lui faire du mal ? C'était juré, si c'était l'explication, Samsa brûlerait le château et la ville avec. Il ne fallait pas plaisanter avec les colères de Treiscan, elles étaient explosives et radicales, pas toujours réfléchies -le propre des colères. Et si Alcimane était déjà morte ? Samsa fut prise d'un haut-le-cœur, un sentiment de panique inextricable qui manque de la faire tomber immédiatement dans les pommes de désespoir.

-ALCIMAAAAANE ! appela-t-elle encore, sa voix de capitaine des batailles se brisant de détresse après avoir imaginé le pire.
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Alcimane_
SAMSA !

Non mais je rêve. Ne me regardez pas comme ça.


Elle se sentit totalement désemparée. Vêtue très simplement puisqu'elle venait de faire la traversée Armagnac - Alençon à cheval. Elle portait une paire de braie des plus simple, un chemise en soie, tout ce qu'il y a de classique à la seule différence de la qualité des tissus. Mais il aurait fallu que le Simon s'y connaisse légèrement et au vu de sa bêtise, elle n'aurait pas parié sur cette qualité pour l'homme. Une simple médaille avec une croix pendentif en or se trouvait sous sa chemise, autour de son cou. Rien ne pouvait laisser présager à l'homme du rang d'Alcy. Ses manières peut être ?

Peut être subissait elle ce qu'elle même pouvait faire. Il n'était pas dans ses habitudes de prendre les gens de haut, mais bien souvent, on lui reprochait d'être relativement haut perché. Elle n'avait d'ailleurs toujours pas compris cette remarque.

Et la lumière s'éloigna une nouvelle fois alors qu'elle retrouvait un brin d'espoir de sortir de cet enfer.


MAIS ! Vos avez un sacré brin.

Cessez ça, crétin et ouvrez moi !

La jeune Comtesse commença à suffoquer dans son trou. Reculant en se tenant la poitrine prête à exploser.

Une gitane ! Allez y, redites ça ! Je vos assure qu'une malédiction serai trop douce per vos. Les yeux de la jeune femme commençaient à y voir trouble, son rythme cardiaque bien trop élevé pour son corps. Traitez moi de putain aussi ! En reculant, elle tapa dans un récipient : sans doute une gamelle d'eau pour les anciens prisonniers.

Je ne me sens pas bien.

Eut elle à peine le temps de dire avant de tourner de l’œil et de tomber sur le sol. Une chance pour elle qu'elle se soit évanouie avant de toucher le sol répugnant soit il. Un bon coup de serpillère ne ferrai pas de mal d'ailleurs !
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Samsa
[Dans les geôles, sous le donjon]


-Mais ta gueule putain !

C'était le juron et pas l'insulte, encore que, ça aurait pu. Mais Alcimane commençait sérieusement à courir sur le haricot de Simon. Des geignardes, il en avait entendu, mais celle-ci était particulièrement agaçante, à se croire dans son bon droit. Et puis tout à coup, un bruit de gamelle, de chute, et le silence.

-Hé bah quand même... !

Ce n'était absolument pas son problème si la demoiselle était tombée dans les pommes. Il s'en foutait totalement et commença à s'occuper en jouant avec un écu, sifflotant gaiement. Il n'eut que quelques temps à tuer l'ennui car le dîner n'allait pas tarder à sonner, et un autre garde apporta les rations des prisonniers. Au menu ce soir : bouillie de racines mal nettoyées. C'était vraiment immonde à manger mais c'était le seul repas du jour. Toutefois, l'eau était propre, toujours. Treiscan n'empoisonnait pas ses prisonniers, elle faisait juste en sorte qu'ils n'aient plus jamais envie de revenir. Simon fit passer le tout sous les portes et regarda son collègue.

-Il manque une ration !

L'autre garde regarda Simon avec circonspection ; il était pourtant sûr d'avoir les bons comptes... Mais il accepta son erreur et repartit aux cuisines chercher une autre ration de prisonnier.
Simon tapota la porte d'Alcimane de sa hallebarde.


-A ta place je mangerais vite tant que c'est chaud ; froid, c'pire.


[Dans le donjon, au-dessus]


Il fallait s'organiser, comme en état de guerre. Treiscan réfléchissait. Ce n'était définitivement pas normal qu'Alcimane ne se soit pas manifestée de nouveau. On ne l'avait pas retrouvée, elle avait donc forcément été enlevée. Et bien sûr, fallait que ça tombe sur Samsa, ça ! Bon. Elle ne pouvait pas envoyer ses gardes la chercher sur la baronnie, car si l'un d'eux était coupable, il s'enfuirait. Elle ne pouvait pas y aller non plus, pas toute seule en tout cas. Pourtant, il apparaissait évident que la Comtesse n'était plus dans la haute-cour.
Elle s'installa donc à son bureau et fit rédiger en toute hâte quelques pigeons à ses intendants se trouvant sur ses dépendances. Mission leur était donnée de retrouver Alcimane, discrètement, en fouillant leur terre respective. Ne restait-il plus qu'à attendre ? Pour Samsa, en l'instant, oui.

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Alcimane_
Lorsqu'elle ouvrit les yeux de nouveau, elle se retrouva le nez dans une sorte de ... merde. Une mine déconfite, elle se redressa et fit accueillis par un plateau repas digne d'une croisière vers l'enfer. En temps normal, elle sélectionnait avec grande attention toute sa nourriture, triant les biscornues, les mous, les nons-mûr, les abîmés et ceux dont la couleur était passée. Elle ne mangeait que la perfection à ses yeux. Pour la boisson, il en était de même. Une chose est sur, c'est qu'elle preferera mourir de faim et de soif plutôt que de poser des lèvres sur cette gamelle. Cette mixture immonde proposée lui retourna litteralement l'estomac.

Cela faisait combien de temps qu'elle était là dedans ? Au moins plusieurs heures puisqu'on lui apportait le repas.


Mais !

Énervée et blasée, elle repoussa sa ration sans ménagement.

Allez chercher Samsa. Un prisonnier a lo droit de parler à son bourreau. C'est la règle ! Oc c'est la règle. Alors dites à votre maitresse que Keunotruc a beaucoup de chose à lui apprendre.

ALLEZ ME CHERCHER SAMSA !


Puis, dans un excès de rage, elle prit de pleine main cette soupe chaude la balança contre le mur. Il en fût de même pour la gamelle qu'elle tapa dans une douce mélodie sur la porte de la cellule.

SAMSA !

Aussi idiots peuvent être les prisonniers, étrangement, ils la suivent dans l'acte 1 de la troisième symphonie. Des soprano sur la gauche et des barytons en face d'elle donnait à cette prison, un air joyeux.

La mutinerie n'était pas loin !

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Samsa
[Dans le donjon, au-dessus]


Samsa avait essayé d'attendre sagement à son bureau, mais tout ce qui s'y trouvait lui rappelait le drame qui se jouait. Que faire si elle ne retrouvait jamais Alcimane ? Il ne lui restait plus qu'à mourir, c'était la seule option envisageable qu'elle pensait avoir en l'instant. Pour l'instant, un seul pigeon était revenu, avec une réponse négative quant à la recherche, bien sûr. Pour s'occuper l'esprit et les mains, Samsa décida donc de descendre aux cuisines pour aider à la préparation des futurs repas des valets et servants divers. Les lieux n'étaient pas très grands mais chaleureux ; on y trouvait presque tout le temps quelqu'un en train de s'y affairer. En voyant leur Baronne arriver, anxieuse, les autres présents prirent soin de ne pas s'approcher ou de la regarder ; qui savait ce qui ferait craquer Cerbère ?
Alors que celle-ci s’affairait à émincer du persil, jouant du couteau nerveusement sur les feuilles vertes, un garde passa la porte des cuisines. Samsa n'y prêta pas attention tout de suite, jusqu'à ce qu'il demande une autre ration pour prisonnier. La Baronne fronça un sourcil, releva l'autre, et se retourna vers le garde.


-Comment ça, une autre ration de prisonnier pardi ? L'un en redemande ?
-Non Baronne, il en manquait une.
-... Comment ça il en manquait une ? On n'a pas préparé onze rations té ?
-Si, mais le garde Simon Lagile m'a dit qu'il y avait douze prisonniers pardi.
-... Mais on a pas douze prisonniers pardi...


Samsa tenait tellement à ses terres si durement acquises, elle exerçait dessus un tel contrôle pour être sûre que rien ni personne ne saurait la mettre en mauvaise posture, qu'elle savait très bien combien de prisonniers il y avait dans ses geôles, au même titre de combien de soldats il y avait dans sa garnison, combien de chevaux, de vivres. Et il n'y avait pas douze prisonniers. Perdait-elle les comptes ? Elle ne pouvait le croire, bien que ce soit possible.

-Venez avec moi pardi.

Au pas de course, suivit par le garde qui faisait comme il pouvait, la Baronne prend le chemin des geôles. Putain, c'est vrai qu'elle n'a pas fait cet endroit ! Comme le haut du donjon d'ailleurs, mais ce ne sont pas des endroits accessibles de la sorte ! Mais pourtant, en se rapprochant, elle entend les appels à l'aide de la pauvre comtesse. Cerbère court, désormais, dévale les escaliers humides et étroits, oubliant le risque de glisser.

-ALCIMANE PARDI !
BORDEL DE FOUTREDIEU, OUVREZ-MOI CETTE PUTAIN DE CELLULE AVANT QUE JE N'Y EMPLOIE VOTRE TÊTE !
tempêta-t-elle pour Simon qui se retrouva pris au dépourvu. Passée la seconde de surprise de voir sa cheffe débouler, furax, et lui demander d'ouvrir une cellule "juste comme ça", le garde s'exécuta aussi rapidement que ses mains tremblotantes le lui permettaient.

Samsa s'engouffra dans la cellule et, faisant fi de toutes les politesses et de tous les protocoles, étreignit l'amie retrouvée.


-Nom d'un chien, vous êtes là ! Je vous cherche partout depuis des heures pardi. Vous allez bien ?

Elle l'observe, attentive, cherchant blessures, n'importe quel signe alarmant sur l'état de son invitée prestigieuse. Rapidement, la colère s'empara d'elle et Simon devait s'en douter. Il était pâle comme un linge, l’œil peu fringant. La voix de capitaine tonna soudain dans la cellule, se répercutant dans toutes les geôles et jusqu'à l'étage supérieur sans doute, faisant taire toutes les voix qui pouvaient s'exprimer jusqu'ici :

-SIIIIMOOOOON !

Samsa laisse filer hors de la cellule Alcimane, et s'en va chercher son garde. La baffe qu'elle lui colle est magistrale, mais sans doute moins que l'avalanche qu'il se prend :

-Mais vous êtes quoi putain ?! Même un âne est plus intelligent que vous pardi ! VOUS ENFERMEZ LA COMTESSE D'ARMARGNAC ET COMMINGES ! Simon Lagile... BORDEL DE CUL A MERDE D'OSTROGOTH DES ORTEILS D'UNE CHÈVRE SANS POILS PARDI ! Vous êtes un veau, UN VEAU TÉ ! ET VOUS SEREZ DÉSORMAIS SIMON LEVEAU !
RENTREZ DANS CETTE PUTAIN DE CELLULE ! La comtesse décidera de votre pitoyable sort.


Il ne faut pas pousser Cerbère à ces colères-là. Elles sont méchantes, violentes, impétueuses, dangereuses même parfois.
Sans ménagement ni pitié, elle le jette dans la cellule, et l'y pousse d'un si grand geste dans le dos qu'il perd l'équilibre et trébuche, se rattrapant d'une main dans la bouillie renversée. La porte claque derrière lui, les clés tournent le verrou autant de fois que possible et Samsa invite Alcimane a remonter à la surface.


-Venez, vous devez rêver d'un vrai repas et d'un bon repos té.

Elle confie les clés à l'autre garde, un certain Guilhem Brun.

-Je vous interdis formellement de lui parler, de lui donner un truc ou de lui ouvrir la porte pardi. Sinon je vous renomme aussi, et après je vous pends par les bourses, puis par la langue, puis par les oreilles, et après je vous fais passer une charrue sur le corps avant de vous laisser pourrir, en nourriture aux bêtes té. CAPICHE ?!

Terrifié à l'intérieur mais tâchant de n'en rien montrer -ce qu'il faisait pas trop mal-, Guilhem hocha la tête, un "capiche" répondant à la Baronne. Ces paroles-là restaient toujours au stade de menaces et d'élucubrations, mais puisqu'elle avait déjà coupé des mains à quelques voleurs cupides, et pendu des pillards sur ses terres, personne ne voulait savoir si elle était vraiment capable d'aller jusque-là. Ils le pensaient tous, et c'était bien suffisant.
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Alcimane_
Elle allait mourir. Elle en était sure, mais ne savait pas trop quand ni comment. Empoissonnée ? Probable. D'une infection ? Encore plus probable. De la rage ? Possiblement. De soif ? Clairement.

Lorsque Samsa la tortionnaire débarqua enfin dans les geôles, Alcy fut en premier temps, soulagée. Elle l'aurait presque embrassé pour la remercier d'être venue à son secours. Remuant la queue comme pour faire la fête à son maître, les oreilles bien droites et le museau en l'air. La liberté était toute proche. Enfin Alcy, reprend toi ! La seule et unique coupable dans cette histoire c'est bien Samsa. L'étreinte passée, elle suffoqua. Vraiment, il faut être inconscient pour l'enfermer dans une cellule toute noire et la forcer à manger un ragout horriblement déplaisant. Il faut être inconscient pour penser un instant qu'elle avait une tête de voleuse. Tout le monde lui donnait le bon dieu sans confession. Sauf Monsieur Leveau.

La jeune femme ne dit rien et laissa la maitresse des lieux régler son souci de personnel avant de remonter à la surface.

Les mains sur les genoux, position de reprise de souffle comme un sportif ! Elle fusilla Samsa du regard et la bouffa par la pensée. les deux mains d'Alcy attrapèrent l'habit de celle ci et secoua. Imaginez un instant un oisillon secouer un arbre : rien ne se passe mais ça défoule.


Nom d'un chien ? NOM D'UN CHIEN ? Toujours avec un temps de retard ! Vos êtes sérieuse ? Je croupie dans cette cellule car votre imbécile de garde m'a prise per une putain ! Pire, une voleuse. Ai-je la tête d'une putain de voleuse ? Répondez maintenant. Clairement, ce n'était pas une question.

Vos méritez une baffe. Mais elle se fera mal à la donner. Samsa, vos êtes une piètre tout court. Dit elle l'index en avant, menaçant au possible !

En plus, je sens lo crottin. Pour ne pas dire "merde".

Est ce qu'il vos semble possible de m'accorder un bain ? Je ne voudrai pas vos prendre de votre temps si précieux, mais il est hors de question que je retourne en ville avec cette odeur et Regardant l'état de sa chemise, elle grimaça. mes guenilles. L'on serait capable de me prendre per une mendiante et de me remettre en cellule. J'ose espérer qu'il y a une auberge digne de ce nom dans ce patelin sans quoi ... hein. Bon, crotte.

Elle a failli mourir et ne s'en remettra pas !

Samsa, allez oublions. Je m'emporte mais je ne supporte pas être enfermée, comme tot le monde je suppose. Ça m'angoisse et m'oppresse. Et dieu sait qu'elle angoisse beaucoup. Vos pensez pouvoir me supporter encore quelques heures lo temps que je redevienne présentable ? Et que l'on puisse signer ce traité.

Un brin bipolaire, ses colères passaient aussi vite qu'elles arrivaient la plupart du temps. D'ici quelques heures, elle pourrai même en rire. Enfin en esquisser un rictus.

Concernant ce messer Leveau. Ne soyez pas trop autoritaire avec lui. Il n'a fait que son travail. Fort mal oc, mais il a fait ce qu'il pensait être juste.
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Samsa
Arrivée en haut des escaliers, Cerbère se retourne vers Alcimane pour lui demander comment elle a fait pour se retrouver dans les geôles. C'est que, de la porte des latrines à celle de son bureau, il n'y avait quand même pas long à faire ! Mais elle n'en a pas le temps qu'elle se fait agripper par le colbac et remuer un peu -mais vraiment un peu- en se faisant invectiver. Mais qu'est-ce que quoi ? Samsa la regarde, incrédule. Comme si c'était sa faute à elle ! Et qui était partie à l'aventure ! On ne pointait pas les bons problèmes du doigt et, peur aidant, Cerbère gronda :

-Ah bah oui, c'est moi qui vous ai montré le chemin des geôles et qui vous y ai enfermée pardi !

L'égo de Samsa était une donnée avec laquelle on pouvait jouer, mais seulement en considérant que c'était un chiot nouveau-né qui méritait les plus grandes précautions. Et entre le vin, le saucisson, la plume, le castor, lààààà... !
Devenue bougonne -voilà ce qu'on gagne à mettre son château en état de siège pour quelqu'un !-, elle lui fit simplement signe de la suivre, sachant très bien, sans vérifier, qu'Alcimane s'exécuterait. Elle ne devait avoir aucune envie de retourner dans ses geôles.


-Je vous fais préparer ça pardi. Vous avez emmené des affaires ? J'ai à vous prêter sinon, mais vous nagerez un peu dedans.

L'ordre est gueulé -aboyé- dans les couloirs du château de préparer un bain à la comtesse. Quelqu'un le prendra bien au vol ; ils ont l'habitude. Et si, déjà, les domestiques du château semblaient évoluer dans le milieu avec prudence, ils semblent maintenant raser les murs, terrorisés par la colère de la Baronne -ce qui l'agace plus encore. Elle n'est pas un tyran, que diable ! Ici, ils sont mieux logés, soignés et nourris que dans bien d'autres endroits, mais semblent systématiquement l'oublier quand Samsa hausse un peu la voix.

-Vous pouvez rester dormir aussi, si vous voulez té. Il est tard, vous n'allez pas repartir en pleine nuit, hum ?

Elles retournèrent au bureau de la cheffe des lieux en attendant que le bain soit prêt, dans une des quelques chambres d'invités du château -trois, guère plus ; on était dans un donjon, non dans un manoir. Cerbère s'affala sur sa chaire et regarda Alcimane, en train de parler d'indulgence sur le désormais renommé Simon Leveau.

-Oui, oui, il a fait ce qu'il pensait être juste pardi. Tout le monde fait ce qu'il croit être bien, et regardez où on en est aujourd'hui : des imbéciles ont des responsabilités, des indépendantistes passent leur temps à tout détruire et à tuer tout ce qui bouge, des gens en bannissent d'autres parce qu'ils pensent différemment... Échouer est un processus normal, mais essayer ne devrait pas suffire à les justifier té. Sinon on se complait dans la médiocrité.

Samsa n'était pas une tendre. Elle était dure, moins avec les autres qu'avec elle-même, ou pire, avec ses filles. Là où certains se contentaient d'être déjà contents d'avoir essayé, insensibles à l'échec, elle cherchait, elle, toujours à réussir. L'intention, c'est un filet qui ne sert qu'une fois ou deux. Après, il casse. Il DOIT casser.
La Baronne se resservit un verre de vin, servant également Alcimane au passage, même si elle dirait probablement encore que c'était de la piquette. Le vin, piquette ou pas, se justifiait en l'instant pour faire passer les émotions. Un petit frappement à la porte attira l'attention de Cerbère ; invitation est offerte et une tête passe par l’entrebâillement.


-Baronne, le bain de Sa Grâce est prêt.
-Grandeur. On dit Grandeur pardi
soupira Samsa en se frottant le front d'un index.
-Mes excuses, Baronne... Le bain de Sa Grandeur est prêt.
-Ce n'est pas à moi qu'il faut s'excu... bon, peu importe. Merci pardi.


La pauvre femme en avait presque bafouillé, rouge, de s'être trompée de prédicat devant sa cheffe déjà en colère. Comme beaucoup, elle s'attendrait à des représailles qui ne viendraient jamais, et elle louerait le Très-Haut que la Baronne eu été trop occupée ailleurs pour son cas. Des procès d'intention. Cerbère était dure, mais juste, et particulièrement clémente envers la roture dont elle était elle-même issue. Son cœur ne l'oubliait jamais. Et c'est parce qu'il ne l'oubliait jamais qu'elle avait sans cesse l'assise entre deux chaises.

-Je vous laisse être guidée, Alcimane ? Tâchez de ne pas vous perdre, cette fois té. Encore que je sais désormais où chercher.

Un petit sourire vint éclairer le visage de Cerbère. Elle aussi, elle savait être particulièrement borderline. Beaucoup ne comptaient plus le nombre de fois où ils avaient pris un poing avant un câlin, ou l'inverse, des insultes aux mots doux -ou l'inverse, encore. Tout de même... vive le vin.
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Alcimane_
Elle ne pipa un mot le long du trajet pour remonter la surface et même lorsque la maîtresse des lieux se mit à aboyer sur le personnel. Cela ne l'a choqué pas. Alcy avait une cuillère en argent dans la bouche. Élevée dans la Noblesse pure et dure, elle pouvait être en décalage avec le peuple. Malgré des efforts surhumains pour elle, certaines choses lui passaient au dessus la tête considérant simplement qu'elle n'avait rien fait pour avoir une couronne sur la tête.

Revenues dans le bureau, la Comtesse grimaça précieusement en regardant son état : déplorable.


Vos êtes certes plus âgée que moi Samsa mais je pense que vos êtes tote nouvelle dans la Noblesse, je me trompe ? Vos avez un raisonnement assez simpliste. Ne lo prenez surtout pas mal, je vos en prie. La vie n'est pas noire ou blanche vos savez. Vos êtes une guerrière et c'est per cela que vos parlez de médiocrité. Penser que vos pouvez tot réussir est preuve de vanité et je ne suis pas sure que ça soit bien meilleur.

Elle se saisit cette fois du verre de vin. Cul sec. Elle se tourna vers une femme de chambre semble t'il en emportant son sac.

Mercé, je vos suis.

Puis vers Samsa, plus bas :

Vos savez, cette image tyrannique que vos avez, ne vos convient pas. Instaurer la peur n'est pas une solution, c'est la facilité té.

Suivant la femme qui venait de se prendre un soufflant, Alcy prenait le temps, comme à son habitude, d'admirer les tapisseries, de s'attarder sur une arme, et puis finalement sur un tapis. Les mains dans le dos, le pas lent, elle n'avait pas pour habitude de se presser, surtout pas !

Et parce qu'elle aimait bien parler en même temps, elle prit le loisir de converser avec Josie. Oui, elle avait décidé de l'appeler Josie.


Alors ainsi, votre Maitresse est une gueularde té.
Vos savez ce qu'on dit ? Chien qui aboie ne mord pas.
En tot cas, sa compagnie est appréciable.

Oh, ne répondez pas, je sais que vos ne direz rien, je vos informe de mon point de vue.
Lâchant un petit rire sous le regard de Josie qui n'ouvra la bouche que pour l'inviter à entrer dans la pièce d'eau. Mercé ma chère. Votre compagnie est reposante té.

Pour ne pas dire ennuyante. Elle entra, refermant la porte derrière elle et se demanda ce qu'elle pouvait bien faire ici. En secouant la tête, elle se posta devant le banquet et se rinça simplement le visage restant figée. Un moment de flottement dans la pièce où elle y termina assise sur le sol, dos au baquet.

Après plusieurs minutes, elle se releva, prit quelques minutes pour se laver les mains et se retrouva dans le couloir. S'adressant à Josie :


Pourriez vos me ramener au bureau ?

Finalement, elle était venue pour acheter un cheval et signer un traité et pour le moment, tout était à faire. Après quelques couloirs traversés, elle longea le dernier mur et poussa la porte du bureau de Samsa, sans même frapper.

Alors, on signe où ?
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