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Loups à Sang pour Sang

Valnor


Valnor entra dans le corps massif de la forteresse, là où se concentrait la vie même de La Rabatelière. Dans le hall d'entrée, Gontrand comme à son habitude vêtu de fort belle manière attendait le comte. L'homme, au long manteau bleuté richement brodé aux passepoils de fourrure blanche, était coiffé d'un chapeau rubané. Sa main se porta sur son coeur et il s'inclina respectueusement à l'arrivé de son Seigneur.

- Je vous souhaite la bienvenue, j'espère que vous avez fait bon voyage.

Aubeterre salua le régisseur du domaine.

- Le bonsoir, Gontrand. Merci ça peut aller.

Gontrand s'approcha pour aider le comte à ôter son lourd manteau et récupéra les gants de ce dernier. Les chandelles disposées dans le hall vacillaient de temps à autre sous les courants d'air malins. Belle bâtisse que La Rabatelière, mais il ne fallait pas se méprendre, elle restait ce pourquoi elle avait été érigée : une place forte. Même si les occupants avaient peu à peu pris le parti de l'aménager pour rendre l'endroit agréable à vivre, il n'en restait pas moins que l'existence pouvait se révéler rustique en ces murs.

- Très jolis atours sieur Gontrand, ajouta le Comte à l'adresse de son interlocuteur. Il était vrai que le Comte n'était pas à son avantage. Mais il n'avait pas le temps pour le moment de faire un brin de toilette.

- Merci Monseigneur. La Comtesse va être ravie de vous savoir à La Rabatelière.

- Elle n'est pas aux faits de mon arrivée ?

- Non, Votre Grandeur, elle est occupée à soigner « l'inconnue de la forêt. »


Valnor se dit intérieurement qu'il ne fallait guère de temps pour que des légendes voient le jour à l'intonation de voix de Gontrand. Il reprit le même timbre de voix que son administrateur.

- L'inconnue de la forêt ?! Me dites-vous. Bien allons voir de ce pas à quoi elle ressemble cette miraculée.


Gontrand se saisit d'un chandelier pour éclairer les sombres escaliers en colimaçon menant à l'étage suivit du Comte. Après une courte ascension, ils débouchèrent dans un couloir éclairé par des torches sur appliques. Quelques mètres plus loin, ils s'arrêtèrent devant une porte, là Gontrand indiqua de la main l'endroit et d'une voix proche du murmure dit.

- Dame votre épouse et des femmes de maison sont ici pour soigner la blessée.

- Merci, mon bon. Vous pouvez disposer.
Alors que le régisseur repartait il ajouta. Messire Bouquetdenerfs est dans nos murs ce soir, faîte en sorte qu'il ne manque de rien, j'irai le saluer et me restaurer avec lui un peu plus tard. Excusez-moi auprès de lui pour le moment.

Gontrand acquiesça du chef et repartit en direction du hall d'entrée. Le Comte attendit quelques secondes puis poussa la porte doucement afin d'entrer sans bruit.

Là allongée sur le lit de la chambre trônait la soi-disante femme blessée et à son chevet Manon et Dame Elayne. Malgré ses efforts, il n'avait pu couvrir les bruits de son entrée et se fut Manon qui de face aperçut la première le Comte. Elle portait une bassine pleine de linge et autres tissus souillés de sang. Immédiatement, elle sourit et fit une révérence, qu'Elayne ne put s'empêcher de constater. Elle se retourna pour s'apercevoir que son époux était de retour.

Comme à chaque fois, ils ne purent s'empêcher d'oublier l'étiquette. La Châtelaine se ruant sans mot dire dans les bras du Comte qui comme au premier jour l'enserra très fort avant d'entamer quelques tours sur lui-même, l'emportant dans un petit tourniquet. Bonheur simple et enfantin, partagé dans le seul bruissement des frottements du cuir de l'habit de Valnor et des feutrines de la robe d'Elayne. Les lèvres se scellèrent avant toute parole. Échange des regards, sourires de plaisirs, enfin les coeurs se réunissent. Valnor prit le premier la parole.

- Vous m'avez tant manqué ma douce aimée. J'ai tremblé pour vous lorsque je vous ai su à Angoulême assiégée dans la cité.
Puis se rendant compte soudain qu'il la serrait très fort dans ses bras il relâcha son étreinte et gauchement il demanda tout en portant la main sur le ventre de son épouse.

- Je vous ai pas fait mal j'espère ? Je suis un sot je n'aurai pas dû vous malmener ainsi.

Le Comte oublia presque le pourquoi de sa visite. C'est Manon qui, bougeant afin de quitter la pièce, lui rappela ce qu'il était venu faire.

- Est-ce donc cette personne que l'on a trouvé dans les bois alentours ? demanda-t-il d'une voix basse.

Il s'approcha du lit. La femme allongée arborait un crâne nu et semblait connaître un sommeil agité. Il regarda le visage par endroit tuméfié ou mordu par le froid et tenta de se remémorer la scène de bataille nocturne à laquelle il avait pris part devant Saintes. Est-ce là son adversaire couché sur ce lit ? Le Comte n'en était pas tout à fait sûr, mais les indices étaient troublants. Le seul moyen d'en être réellement certain était de vérifier si cette femme était blessée sur le flanc, mais il hésitait à relever la couverture et de le faire lui même. Se tournant vers Elayne il demanda.

- Mon aimée, quelles sont les blessures qu'a reçu cette dame et a-t-elle dit quelque chose qui laisserait deviner son identité ?

_________________
--Etienne


[Enceinte Saint Martin]



Raoul eut toutes les difficultés du monde à finir sa phrase et le ton sévère qu'il avait employé pour admonester la tapageuse s'évapora à mesure qu'il la dévisageait. Elle était belle ce dit-il trop belle même et ses yeux, ce vert profond comme ceux de la Comtesse. Il tenta de parler et ne put que bredouiller quelques mots à son attention pour répondre à ses remerciements.

- Que..oui..non...bien sûr...C'est par là.

Son trouble ne fit qu'empirer quand la jeune femme déposa subitement un baiser sur ses lèvres engendrant un bref mouvement de recul de sa part sous la surprise. La voyant gênée par sa malle, il la souleva et indiqua l'entrée du château.

Baudoin lui sous le porche avait suivi en partie la scène et secoua la tête d'un air désolé. Il laissa la visiteuse du soir se faufiler sous la herse, puis récupéra la malle que lui fit passer Raoul sous les piques d'acier. Il vérifia du coin de l'oeil que ce dernier verrouillait convenablement la porte principale et dès qu'il fut derrière la herse ordonna la fermeture de la herse. Tous se retrouvèrent dans la cour Saint Martin, les derniers cliquetis des chaînes et verrous résonnant dans l'air frais.

Léger flottement.

Citation:
- A vous aussi, Capitaine, ma gratitude...Debrinska n'est point oublieuse... je saurai le moment venu me souvenir de votre aide!


- Ay ! on verra ça plus tard ! Répondit sèchement Baudoin. Mignonne c'est le premier mot qui vint à l'esprit du Sergent d'armes.Il en avait connu des femmes, des belles, de toute extraction, noble ou non. Il en avait profité à certains moments, ce qui lui avait valu quelques ennuis aussi. Pour une guérisseuse il la trouvait bien jolie et bien jeune. Il porta le regard sur la malle à ses pieds.

- Que transportes-tu la d'ans ? Puis il fit un signe à Raoul lui ordonnant d'ouvrir l'objet, ce qu'il fit promptement. Un rapide inventaire dévoila qu'il n'y avait là que quelques fioles contenant des liquides, des instruments et autre fatras de médication.

- Pas d'armes dit Raoul en relevant la tête.

Citation:
- Puis-je aller me coucher dans les écuries pour avoir chaud pour la nuit?


- Non, les écuries ne sont pas dans cette enceinte, tu vas crécher avec Raoul dans l'poste de garde jusqu'à d'main. Il désigna du doigt la petite structure de pierre dans le virage de la pente douce et montante de Saint Martin. Demain on verra, tu vendras tes médecines à qui le voudra. Raoul tu l'emmènes et tu la gardes bien au chaud.

Raoul souleva la malle et commença à partir en direction de la guérite.

Baudoin et le garde de faction regardèrent le couple s'en aller.

- J'lui ferai bien visiter les granges à foin moi à la p'tite ! dit Quentin sur un ton rieur.

- T'as pas assez tes sept marmots toi ?

- Ben c'est qu'elle bien avenante la jeunette.


Baudoin frotta le bout de son nez. Un air méfiant dans le regard.

- Ay, bien mignonne en effet, trop même, va falloir surveiller tout ça.

- T'as vu Sa Grandeur ?

- Hum ! Il y a beaucoup de choses étranges en ce moment par ici.


Un hurlement de loup résonna dans l'air. Baudoin releva la tête et regarda le ciel étoilé et tapa dans ses mains pour se réchauffer.

- Bonne garde Quentin, tu veilles sinon j'te botte l'arrière train !

Il s'engagea sur le chemin de l'enceinte intérieure à quelques coudées derrière le couple qu'il laissa entrer au chaud dans la salle de garde.

Là Raoul déposa la malle sur la table de la salle. C'était une petite pièce au plafond bas, chichement meublée. Une table, un banc et quelques tabouret. Au fond du lieu, un petit âtre dans lequel brulait une buche diffusant une chaleur salvatrice, au mur des patères accueillaient les manteaux élimés des gardes.

- Voilà dit simplement Raoul. Tu peux roupiller près de la ch'minée, t'as qu'à chaparder un manteau pour faire ta couche, t'évite d'y coller d'la vermine. Il alla jusqu'au garde-manger qui se résumait à un placard de bois vermoulu duquel il extirpa une miche de pain entamée roulée dans un linge et deux tranches de lard fumé et salé. V'là d'quoi bâfrer, t'as d'la picrate dans l'broc. Il se confectionna un lit de fortune en déplaçant le banc de bois qu'il accola au mur et s'y posa une tranche de pain en guise de repas. De temps à autres il la regardait subrepticement évitant de croiser son regard.






































Debrinska
Dans la salle de garde avec Raoul

Debrinska remercie ses sauveurs d'un sourire... elle doit se retenir pour ne pas rétorquer que celui qui la forcera contre son gré n'est pas encore né....mais elle baisse les yeux, humble et timide, elle suit Raoul en trébuchant sur le sol glacé!

Un hurlement de loup retentit dans le bois tout proche... intérieurement elle sourit... elle en sera jamais seule, tant que son frère Loup sera dans les parages. A la voix de son loup, tout a coup se mêle une autre ....elle se retient de rire aux éclats....son rêve va se réaliser, peupler ces bois de petits Loups...de loupiots jolis! Le maître de céans en sera bien surpris!

Elle sort de son rêve pour regarder avec attention la petite pièce ou le garde la fait pénétrer....c'est vraiment... comment dire .. spartiate c'est le terme qui lui vient à l'esprit... Le seigneur du castel , n'est pas tendre avec ses hommes... elle a connu mieux comme gîte... mais enfin il y fait chaud!

Timidement, après s'être défaite de sa lourde houppelande, elle prend place sur le manteau de la cheminée! Heureuse de réchauffer son jeune corps aux braises rougeoyantes ... elle s'étire dans la bonne chaleur comme un jeune chat! Sous ses paupières à demi -baissées , elle observe aussi tous les gestes de l'homme à qui elle a été confié. Elle a confiance.... elle va pouvoir dormir un peu..l'oreille aux aguets quand même! Ses yeux se ferment...lorsque elle entend la voix de Raoul:
Voilà dit simplement Raoul. Tu peux roupiller près de la ch'minée, t'as qu'à chaparder un manteau pour faire ta couche, t'évite d'y coller d'la vermine. Il alla jusqu'au garde-manger qui se résumait à un placard de bois vermoulu duquel il extirpa une miche de pain entamée roulée dans un linge et deux tranches de lard fumé et salé. V'là d'quoi bâfrer, t'as d'la picrate dans l'broc.


Elle rouvre ses perles de jade et regarde ce que le garde lui tend....Merci Messire... vous êtes vraiment trop aimable avec moi....
Elle mange en silence le pain et une tranche de lard... elle tend l'autre à Raoul... je vous en prie, ne vous privez pas pour moi... vous avez besoin de la chaleur de la nourriture... elle se penche vers son coffre...l'ouvre lentement... et en sort une gourde... elle en boit une rasade afin de lui prouver qu'elle en cherche pas à l'empoisonner... tenez, buvez c'est de mon eau de vie de framboise!
Elle pose la gourde près de lui...puis remarque un tonneau dans un coin auquel est suspendu une timbale... elle la remplit et la vide dans le pot de fer suspendu à sa malle... une fois plein .... toujours sous l'oeil attentif de l'homme.. elle le pend a la crémaillère de la cheminée et lorsque l'eau tiédi elle le sort du foyer ... se tourne ..ouvre son pourpoint et se lave grossièrement!

Puis lorsqu'elle a fini, elle reboutonne ses vêtements et sort de sa besace un sachet de fine farine... elle décroche un manteau des patères, l'étend devant l'âtre , le poudre du contenu du petit sac... et se tourne vers Raoul qui la regarde faire: Ce n'est que poudre de feuilles de noyers, excellente contre la vermine...Voyez, je me protège moi aussi!
Ermesinde
[Intérieur de la forteresse – dans une chambre ]

Le vent qui tourbillonnait dans la cour comme un fantôme vengeur faisait claquer les volets . Le ciel promettait une journée agitée mais la tempête qui s’annonçait ne pouvait être pire que celle qui couvait dans l’esprit de la libertadienne recueillie au château de la Rabetelière.

Sous le baldaquin du lit fermé par de solides panneaux de bois sculptés, la jeune femme avait de nouveau sombré dans le sommeil depuis plusieurs heures. Elle remua soudain, se tourna, présentant son profil tandis qu’un bras sortait de la couverture et que s’ouvrait sa chemise, laissant apparaître une cicatrice ancienne à la base du cou. L’ empreinte indélébile laissée par le passage d’une lame d’acier à la bataille de Varades resterait anonyme pour les regards curieux .

Aux plaintes des charnières rouillées et malmenées par le vent répondit une voix à demie étouffée dans l’oreiller :


Ma … je t’en prie … viens ici …

Un rêve surgi du passé agitait Ermesinde aux prises avec la fièvre. Une croix d’or ciselée scintillait devant les yeux clos de la rebelle , pendule improvisé égrenant les secondes , tandis que ses doigts caressaient un poil argenté . La danse du métal précieux avait capté son regard , étirant le temps, le distordant à l’infini . Une morsure à son flanc l’arracha au mouvement hypnotique .

Arrêtes ! arrêtes ! qu’est–ce–qui te prend ?!

Pourquoi l’animal la mordait-il ainsi ? Elle ne comprenait pas .
Une voix inconnue , grave , retentit alors à son oreille :


- Mon aimée, quelles sont les blessures qu'a reçu cette dame et a-t-elle dit quelque chose qui laisserait deviner son identité ?

Dans l’âtre, une bûche s’effondra dans le feu , projetant une pluie d’étincelles qui se refléta soudain dans les iris bleutés qui venaient de s’ouvrir . La blessée se redressa autant de surprise que de douleur et poussa un cri :

NOOOOONNNN !

Les yeux grands ouverts fixèrent les poutres équarries qui soutenaient le plafond de la chambre . Elle y accrocha son regard puis s’assit dans un mouvement brutal sur le lit. Sa chemise souillée par la transpiration collait à sa peau . Elle était livide . Elle parvint à distinguer deux visages féminins et se souvint les avoir vu . Etait-ce en rêve ? Elle passa une main sur ses paupières , tentant de rassembler son esprit embrumé. Elle était perclue de douleur et de crainte car devant elle était l’inconnu .

Un bruit de bottes claquant sur le parquet retentit et la haute silhouette d’un homme s’avança . Il semblait emplir toute la pièce . Les doigts fins enserrèrent le drap tandis que son front se barrait d’un pli sous l’effort pour rassembler les souvenirs. Ces traits masculins, les avaient-elle déjà détaillés auparavant ? Elle porta ses deux paumes à ses tempes et poussa un gémissement . Les flammes dans la cheminée continuaient à lécher l’écorce rude des bûches . Celles qui s’étaient emparées des yeux d’Ermesinde avaient la même intensité .


Toi … TOI … je te connais … non ?
Qui es-tu ?
QUI ES-TUUUU ?!


Elle avait élevé la voix : l’ignorance lui était insupportable …Des paroles prononcées par une voix féminine lui revinrent en mémoire comme un boomerang :

"Vous avez été très courageuse. Je vous en félicite. "

Il fallait qu’elle se lève . Sans qu’elle ne sache pourquoi, quelque chose la poussait à vouloir se dégager de la chaleur bienfaisante dans laquelle on l’avait plongée . Tandis qu’elle repoussait draps et couvertures de ses jambes , tentant de s’asseoir sur le rebord du lit , sa main droite étreignit son côté sous l’élancement ressenti. Elle contempla l’ auréole rouge qui entachait sa chemise . Blessée …elle était blessée …Par qui ? Pourquoi ?

Qu’est-ce-que j’ai ?

Sa respiration se faisait haletante et Manon s ’empressa d’aller ouvrir une fenêtre pour faire pénétrer un peu d’air frais dans la pièce .

QU’EST-CE-QUE-J’AIIIII ?

Les mots, cette fois ci, avaient été criés , jetés au visage de ceux qui la regardaient avec un étonnement grandissant . Ils allèrent se répercuter contre les parois de la forteresse et l’écho les fit retentir dans la cour en contrebas . L’effort produit l’avait anéanti : elle n’était pas en état de faire quoi que ce soit . Le seul combat auquel pouvait se livrer à cet instant son corps meurtri était celui contre la fièvre .

Elle laissa son dos retomber contre l’oreiller mais les yeux aux cernes violacés ne quittèrent pas les silhouettes dressées autour d’elle comme un rempart .

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Fablitos
[D'l'autre côté des murailles... ça pèle...]

L’fils du vent avait choisi d’ne pas suivre la longue route d’craie blanche et r’couverte de neige qui r’lie Angoulême à Périgueux. Toute droite au départ, puis d’plus en plus sinueuse, bordée jusqu’à l’horizon d’petits arbres tordus et protégée par une place forte d’bonne taille qui n’est autre que le nouveau squat supposé d’Ermy, La Rabatelière. Ils empruntent donc un ch’min parallèle qui les obligent à traverser landes gelées et forêts d’immenses feuillus pelés par l’froid de l’hiver. L’andalou guide les pas de Viento de Abril dans la trace laissée par la monture d’la frangine libertadienne qui les précède, l’fagot relié à sa selle se chargeant de balayer sommairement les marques de leur passage icelieu.

La bourrasque s’coue les mèches de jais d’sa crinière, l’mantel de cuir et les pans d’la couvrante qu’il a j’tée par d’ssus ses épaules pour lutter contre le froid glacial. La trogne de l’andalou est grave, recueillie, les yeux à demi fermés et rougis par la température hivernale, il avance mais sa pensée est ailleurs, il songe à son autre, à c’qui l’attend au bout du ch’min, à la mort dont il s’est joué si souvent jusqu’au dernier combat où elle avait bien failli lui mettre sa race. Il fait froid. Très froid. Le fond d’l’air est aigre et le ballet des ombres prend des allures de sabbat. En trois occasion, il sursaute, la pogne glissant instinctivement sur l’pommeau d’sa rapière. Un lièvre qui s’lève sous l’pas des ch’vaux. Un rapace qui l’frôle d’ses ailes. Un branche morte qui éclate sous l’effet du gel et s’détache derrière lui. Rien qu’du très banal !

Il lui semble que les heures qui suivent leur départ n’sont qu’une succession vers un nul part glacial. D’temps à autre ils font des haltes brèves de façon à soulager les montures mises à rude contribution et baller quelques gorgées d’brutal pour faire passer la tranche d’pain ou l’bout d’viande séchée avalés à l’arrache. D’vant lui, Diab’ vient d’stopper sa monture lui faisant signe de la r’joindre à sa hauteur. Elle attend qu’l’andalou tire également sur les rennes de son étalon avant d’tendre un bras droit devant elle, pointant La Rabelière de l’index,

Regarde, on y est presque !

La forteresse apparaît entre les replis blanchâtres du matin, s’étirant sous les couches pâles d’une ombre finissante. Assise sur un rideau d’brume, elle trône, grande et imposante au milieu de l’étendue glacée. Au pied d’ses murailles, le hameau r’ssemble à un monde éteint dans l’aveuglante blancheur du paysage. Ca pèle d’trop pour y trouver des p’tits vieux, l’menton posé sur leurs bâtons noueux, assis sur l’muret d’pierre qui borde les premières masures. En arrière-plan, vêtus d’noir, s’tiennent quelques rares échantillons du peuple millénaire des exploités. Accroupi à l’orée du bois, l’dos calé par un tronc d’arbre, l’andalou r’garde naître les contours de cet endroit inconnu. Comme chaque fois qu’il s’trouve en un lieu étranger, il sent croître en lui l’besoin de découvrir et d’comprendre. Son r’gard se porte au-d’vant des facades, s’enfonce sous les porches, se promène sur les hauteurs.

Il est en proie à une étrange chaleur. C’n’est pas l’exaltation habituelle des heures précédent l’assaut, c’pétillement des muscles et des fibres nerveuses qui s’empare de lui lorsqu’il s’apprête à défourailler sa lame pour s’élancer dans la baston. Il y a de l’angoisse en lui, une détermination presque sauvage liée à la notion impalpable d’un risque, d’un danger. Et, de même que ses frangines libertadiennes resserrent leurs poings sur l’pommeau d’leurs épées, l’andalou comprime entre ses mains gantées d’cuir une poignée de neige ramassée au sol.

Bon, j’crois nous y sommes… va pas être simple d’rentrer la d’dans, même après un envoi massif d’boules de neige… dit il en s’marrant en s’retournant vers les libertadiennes. On va profiter qu’le jour n’est pas encore tout à fait levé, pour tracer fissa vers la grange là-bas… sur l’souffle ! il bondit, tirant Viento par la bride.

Ils s’élancent à découvert. Le ciel commence à pâlir. Les étoiles fondent comme du sucre. A peine sorti du couvert des arbres, s’apprêtant à traverser une frange de hautes herbes blanchies par le givre, qu’il a l’impression de voir voltiger une ombre. L’andalou s’détourne. Il est trop tard. Les pattes épaisses d’un loup lancé à vive allure le percutent de plein de fouet, prennent appui sur les clavicules et le déséquilibrent. L’animal de grogne pas. L’taureau roule dans la neige, désiquilibré par le poids de la bête. Il lève son coude gauche en protection alors que sa dextre se précipite vers la botte où se trouve sa dague, glisse sur le côté et s’apprête à affronter l’monstre cannibale. Mais alors qu’il pense avoir affaire à un véritable tueur, il identifie le loup de Debrinska.

Pequeño lobo ! ‘tain Deb’ m’aurait arraché un œil si j’t’avais enfoncé c’te lame entre les côtes… d’ailleurs l’est où ta maitresse, Viejo hermano ?

L’andalou s’relève, frotte la neige qui colle encore sur ses sapes et s’tourne vers les belettes qui ont défouraillé elles aussi leurs armes.

Tout va bien ! Chicas, j’vous présente p’tit loup, c’est l’compagnon d’route de Debrinska… aucun danger tant qu’on s’la joue tranquillou avec lui. Il m’a l’air seul et bien décidé à c’qu’on s’pèle encore un peu les arpions ici… Bah du coup, j’vous propose d’attendre à couvert des arbres des nouvelles de Deb’, p’t’être qu’elle a pu s’incruster dans les murs… Diab’ t’nous fait peter une des boutanches d’la brunette pour faire passer l’temps ?

Alors commence l’attente. Et tandis qu’il guette un signe de Deb’, l’fils du vent observe la découpe des créneaux percés sur les parapets protégeant le ch’min de ronde au d’ssus du mur d’enceinte. Sa cervelle écrit des alphabets dans les pierres. Ainsi sont la vie, la mort, le rêve : des ruisseaux d’homme qui coulent comme une eau lente et se rejoignent à l’aube d’un matin d’hiver.
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Elainedetroy
Elayne se précipita vers la blessée qui venait de hurler et de retomber sur son oreiller. Celle-ci, les yeux hagards, se mit à nouveau à trembler de fièvre.

- Manon, vite, aide-moi. La plaie s'est rouverte.

Une tache rouge était apparue sur la chemise immaculée, et le coeur d'Elayne se mit à battre. Tout ce travail, toute cette peine, pour rien ! Aristote, vous ne pouvez pas laisser l'âme de cette jeune femme vous rejoindre. Elle doit vivre. Par pitié ! Je la sauverai malgré vous, malgré elle. La grande Faucheuse ne pénètrera point en mon château. Je ne veux point de souffrance. J'en ai assez de tout ce malheur qui envahit nos villes et nos campagnes. Je veux que tous soient heureux autour de moi, pour la vie que je vais donner, pour le fils que je porte.

- Ne vous agitez point ainsi, ma Dame. Vous ne faites que ravivez la douleur qui est en vous et élargir la plaie que vous portez sur le flanc. Calmez-vous ! Vous êtes en lieu sûr. Nous allons vous soigner et vous guérir. Laissez-vous faire !

Petit signe de tête à Manon afin d'aller chercher à nouveau de l'eau bouillante et des linges propres. Celle-ci disparut précipitamment et, pendant qu'elle caressait le visage de l'infortunée avec un linge trempé dans de l'eau fraîche aromatisée à la sauge, Elayne s'adressa à Valnor.

- Oh ! Mon doux ami ! Vous arrivez en de bien terribles circonstances. J'aurais tant aimé vous recevoir plus tendrement. Mais votre prévost a découvert, il y a quelques jours, cette jeune femme blessée, non loin du château, et je la soigne grâce aux médications de Nanoue. Je ne suis point médecin mais elle est bonne herboriste. Je pense que la pauvrette fut blessée par quelques malandrins qui sillonnent nos campagnes. Que la colère d'Aristote s'abatte sur ces vilains qui n'ont donc aucune pitié pour une pauvre femme ! Que le feu du Démon les emporte en les tréfonds de la Terre ! Je hais cette violence qui sévit en ces périodes troublées. Je hais toutes les guerres et tous ces massacres. Même vous, j'ai eu si peur de vous perdre. Pourquoi les hommes s'obligent-ils à se combattre entre eux ? Quelle rage les habite ? Voilà pourquoi j'aime les loups et la devise de mon cousin Ric : "Les loups se battent rarement entre eux et le plus fort épargne toujours le plus faible. Les hommes se battent souvent entre eux et les plus forts n'ont de cesse que d'avoir étripé les plus faibles jusqu'au dernier. Les loups sont sauvages. Les hommes sont civilisés."

Monologue ininterrompu, précipité, ponctué par quelques larmes cristallines qui coulaient de ses yeux émeraudes.

- Vous guérirez, ma Dame, je vous le jure. Et votre aventure ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir. Vous êtes au château de la Rabatelière. Je m'appelle Elayne.

Elle tendit son autre main vers le maître de maison pour le forcer à s'approcher.

- Et voici mon doux époux, Valnor, que je n'ai point revu depuis de longues semaines et qui m'a tant manqué. Et pour lequel je me suis fait tant de souci. Le Comte ... d'Aubeterre.
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--Jehan_le_page
[Dans la salle de garde]



Jehan était le page préféré d'Elayne qui l'avait emmené avec elle lors de son départ précipité du château familial de Virieu.
Jehan était aussi l'ami de Luna, la louve d'Elayne. Tous deux s'entendaient à merveille pour chaparder les gâteaux de Nanoue en cuisine.
Mais Jehan était avant tout le plus fouineur des garçons et rien de ce qui se passait en la forteresse ne devait lui échapper. C'était le moyen qu'il avait adopté pour protéger la Dame de sa vie, son Elayne.
Jehan était son chevalier servant et point du tout jaloux du Comte Valnor.
Car Jehan, tout paysan qu'il était, était particulièrement intelligent et savait que son Seigneur ne pouvait être qu'un modèle pour lui. Il rêvait de devenir son écuyer mais sa mission de protecteur l'en empêchait pour l'instant. Un jour pourtant, l'aventure l'appellerait !

Une femme avait crié et pleuré derrière la poterne. Jehan adorait les femmes et tombait régulièrement amoureux. Bien sûr, son grand Amour resterait Dame Elayne, mais comme cet amour était inaccessible, que lui-même était fait de chair et de sang et qu'il ne pouvait rester éternellement un amoureux transi, et bien, il s'accordait le droit de regarder les femmes et de tomber amoureux. Que l'on se rassure, cela ne durait jamais bien longtemps car il leur trouvait vite des défauts. Aucune n'égalait sa Belle Elayne !

Donc, Jehan fut attiré par un grand tapage. Il se baladait vers les murailles avec Luna, son amie, pour passer le temps, parce qu'il avait été chassé de la chambre de l'inconnue blessée.


- Endroit réservé aux femmes, avait dit d'un ton ferme Elayne.

Comment savoir ce qu'il se passait ? Il hésita à monter sur le chemin de guet pour interroger Baudoin. D'une part parce que le chemin de guet était interdit aux pages et aux loups et d'autre part parce que Baudoin était un rival en matière de relations féminines. Pourtant il n'avait rien d'exceptionnel ce Baudoin !
Le mieux, c'était d'aller à la pêche aux renseignements dans la salle des gardes, lieu à l'accès facile et aux commérages nombreux, autant que sur le marché. Par contre, il fallait un bon prétexte. Direction les cuisines, affirmer que les gardes avaient faim par ce grand froid, un jambon, une miche de pain, quelques pommes et deux bouteilles de vin de pays pour faire délier les langues. En avant pour la salle des gardes.


- Eh ! Salut l'Raoul ! J't'apporte de quoi ne pas mourir de froid. Tu m'invites ?

Soudain Luna se mit à grogner. Devant l'âtre, une forme allongée que regardait béatement le garde. Une femme ! Serait-ce la femme qui criait et pleurer il y a peu ?
Jehan déposa ses trésors sur la table et s'avança vers l'inconnue. Il fut soudain frappé par deux yeux vert émeraude, de la même intensité que ceux de sa maîtresse. Il en resta bouche bée. Jehan venait à nouveau de tomber amoureux. Il fit un beau salut.


- Jehan, chevalier de Dame Elayne, pour vous servir, Belle Dame. Accepteriez-vous de partager mon humble repas ?

Luna se colla alors à lui et se remit à grogner.

- Calme, Luna. N'oublie pas l'hospitalité d'Aubeterre.
Debrinska
Le cri

QU’EST-CE-QUE-J’AIIIII ?

Les mots, cette fois ci, avaient été criés , jetés au visage de ceux qui la regardaient avec un étonnement grandissant . Ils allèrent se répercuter contre les parois de la forteresse et l’écho les fit retentir dans la cour en contrebas .


Le cri jaillit du fond d'une poitrine, porte en lui le désespoir de la terre. Il roule en bas des escaliers, se répercute contre les murs de pierre ocre! Il cascade le long de créneaux, il s'amplifie, se fait écho de porte en porte. Il joue la gamme de la détresse dans les couloirs du Château...et parvient à la tour de garde!
Debrinska l'entend tout comme Raoul:
Qu'est ce donc Messire,,, vous avez en ces lieux femme en gésine et qui souffre?
Il ne faut point la laisser ainsi ... je peux la soulager!
Allez , filez le dire à votre Maître!

Et sans attendre sa réponse... au mépris de toute pudeur, la chirurgienne
se lève, se défait de son pourpoint devant les yeux béats de Raoul , attrape son coffre en tire comme un bliaud de toile blanche, tout simple et très propre., qu'elle enfile rapidement.. en fait la tunique des prêtresse d'Avalon!
Puis elle suspend son pourpoint a l'extérieur de la meurtrière, espérant que d'autres le verront.... C'est pour l'aérer et le froid tue les éventuelles bestioles que j'aurai pu attraper...


Jehan le page

Deb surprise par le froid intense qu'il fait à l'extérieur.... se pelotonne a nouveau devant le feu... en attendant que le garde se décide et qu'il cesse de la regarder avec ses yeux ronds.... elle sait aussi qu'il lui faut du temps pour prendre une décision... surtout ne pas déplaire au Seigneur des Lieux!

Elle va recommencer à ester sa cause lorsque la porte s'ouvre et apparaît un jeune homme.... un page!
Elle lève ses perles de jade vers lui interrogative! Se peut.il que l'on aie parlé d'elle au Châtelain?

Mais le page ne la voit pas de suite: Eh ! Salut l'Raoul ! J't'apporte de quoi ne pas mourir de froid. Tu m'invites ?

Un grognement se fait entendre.... tiens, tiens , tiens , le jeune homme n'est pas seul....une petite louve l'accompagne.... sourire de Deb qui instinctivement tend la main vers le jeune animal!
Elle le touche de son vif: Bonsoir petite soeur louve... sens ma main ... je suis une amie.... mon frère est le grand mâle qui arpente les bois ci.contre à la recherche de nourriture....Il est mon autre.... elle lui envoie l'image d'une nichée de louveteaux tétant la même mère...
La louve timide encore grogne encore!

- Jehan, chevalier de Dame Elayne, pour vous servir, Belle Dame. Accepteriez-vous de partager mon humble repas ?

La jeune femme sourit, sur de son charme en vers le page: Bonsoir beau Chevalier... Jehan, puisque Jehan , il y a ... je suis Debrinska de Pendragon, fille d'Avalon, prêtresse et chirurgienne...à votre service, vous qui mériteriez de vous appelez Pâris.....
Je me suis perdue dans vos contrées en essayant de gagner un village ou ville du nom de Sarlat....mon cheval m'a désarçonné..il a sans doute eu peur des loups....tout comme moi du reste... heureusement que cet homme si généreux a eu pitié de moi!,.... sinon , les loups m'auraient dévorée....
Je n'ai pas comme vous pris une brave et belle chienne pour me défendre et c'est dommage, car croyez bien que je n'aurai pas dérangé un lieu ou se trouve femme ne couche.....

Elle se lève, fait une jolie révérence au jeune homme... et lui tend la main!

Un sourire... elle tend son autre main au garde....Puisque vous pensez , Sire Raoul, que tout se passe bien et que l'on a pas besoin de mes services... voyons ce que notre bel ami nous a amené et soupons de bon coeur!

Toutefois, si ce cri devait se reproduire, vous me permettrez de pénétrer plus en avant dans le château et de porter secours à la Dame qui souffre, qu'elle soit souillon ou Châtelaine... je le ferais!
Je ne laisse pas souffrir un animal encore moins une enfant d'Aristote!

Puis, elle entreprend d'examiner ce que Jehan a apporté....Tout ceci , m'a l'air fort bon... ma foi, regarder comme ce jambon est luisant , ces miches de pain croustillantes à souhait et le vin est de qualité...Chevalier , vous savez vivre...mille merci!
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--Etienne


Raoul n'était pas à l'aise en présence de la visiteuse du soir. Sa beauté, sa jeunesse, son mystérieux pouvoir de guérison et ces airs de sorcière.

Pas bien intelligent mais néanmoins assez pour savoir qu'il ne devait en aucun cas céder aux charmes envoûtants de la Belle qui aurait pu le transformer par quelques artifices en affreux crapeau voire pire. Ne jamais regarder ces gens dans les yeux lui répétait sa mère. Il accepta le verre de liqueur et remercia son invité de fortune sans quitter son banc

- Merci pour la gnôle !

Il trempa sa langue dans le liquide aux effluves sauvages et corsées. Mais au moment où il allait s'enfiler le godet un cri retentit et se répercuta dans les méandres des pierres grises du château pour venir mourir comme une plainte jusqu'à la salle des gardes de Saint Martin.

Raoul releva la tête étonné mais reprit son oeuvre de dégustation sans autre signe de préoccupation.

Citation:
- Qu'est ce donc Messire,,, vous avez en ces lieux femme en gésine et qui souffre ? Il ne faut point la laisser ainsi ... je peux la soulager!
Allez , filez le dire à votre Maître!


Sans mot dire la guérisseuse ôta son pourpoint, là le garde s'arrêta de rechef dans son mouvement, bouche ouverte et yeux grands ouverts comme s'il avait vu Aristote lui même devant lui. Léger tressaillement des lèvres pratiquement paralysées....

C'est à ce moment précis que Jehan, le petit page, chenapan parmi les troublions du château mais préféré de la châtelaine fit son entrée.
Raoul reprit ses esprit et s'enfila d'un coup sec la liqueur afin de faire passer le trop plein d'émotion qu'il venait de vivre en un si court instant.

Le gamin, à son habitude, arrivait les bras chargés de bonnes choses usant de son stratège préféré pour obtenir ce qu'il désirait, en d'autre terme la "corruption courtoise" comme il aimait à le dire lui-même. Devant tant d'appétissants mets, Raoul fit un signe de bienvenue au page et l'invita à entrer avant de l'alléger avec un grand sourire des encombrants objets apportés par le chevalier-enfant.

Il ne fallut pas longtemps à Jehan pour ce rendre compte qu'il y avait une autre personne présente dans la pièce, car Luna, la Louve de sa maîtresse ne tarda pas à grogner en direction du feu.

Abandonnant Raoul à son festin, Jehan toujours prompte à porter intérêt à gente féminine ne put s'empêcher de se présenter à l'inconnue.
S'en suivit une discussion entre les deux protagonistes.

Citation:
Puisque vous pensez , Sire Raoul, que tout se passe bien et que l'on a pas besoin de mes services... voyons ce que notre bel ami nous a amené et soupons de bon coeur!

Toutefois, si ce cri devait se reproduire, vous me permettrez de pénétrer plus en avant dans le château et de porter secours à la Dame qui souffre, qu'elle soit souillon ou Châtelaine... je le ferais!
Je ne laisse pas souffrir un animal encore moins une enfant d'Aristote!


Sur ces entrefaits, Raoul, la bouche pleine de pain et de Jambon rétorqua.

- ché pas une vêlé ! Ché l'inconnue des bois qui ch'doit ch'réveillé. Essuyant sa bouche avec la manche de son surcot il ajouta. On bouge point d'la carré c'soir, t'as entendu l'sergent, et pi la Dame Elayne s'en occupe d'la mochée.


















Diabolikbarbiturik
Ils avençaient à découvert à présent, les chevaux au pas, la nuit arrivait à sa fin, laissant bientot la place au jour, il fallait faire vite à présent, bientot le chateau allait s'éveiller. Un peu plus loins ont pouvait appercevoir une grange. Fab leur indiqu'a de rejoindre celle ci avant que le jour ne soit completement lever, tous ensembles lance les chevaux au galop lorsque soudain elle appercoit un chien sauté sur Fab, déjà elel se dit qu'il sont découvert et que tout est foutu, Fab s'adresse à la bête, ce qui fait sourire Diab'. Puis elle s'approche lentement, au moment ou Fab se relève et il leur dit :

Tout va bien ! Chicas, j’vous présente p’tit loup, c’est l’compagnon d’route de Debrinska… aucun danger tant qu’on s’la joue tranquillou avec lui. Il m’a l’air seul et bien décidé à c’qu’on s’pèle encore un peu les arpions ici… Bah du coup, j’vous propose d’attendre à couvert des arbres des nouvelles de Deb’, p’t’être qu’elle a pu s’incruster dans les murs… Diab’ t’nous fait peter une des boutanches d’la brunette pour faire passer l’temps ?

Elle sourit à Fab, et sans un mot, elle descend de sa monture, ne faisant aucun geste brusque, elle extirpe d'une des besaces une bouteille. Elle l'ouvre puis la tend a Fab tout en gardant ces distances, l'a pas l'air très docile la bête. Puis ne quittant pas celle ci des yeux elle dit à Fab

Tu pense qu'il va se calmer? et nous laisser passer?

Elle recule de quelques pas, s'approche de son étalon, le caresse longuement comme ci ce geste l'aidait à ce detendre, l'angoisse était pesante, il allait falloir entrer dans cette forteresse, mais avant il faudra dompter ce loup peut être docile aux dires de Fab mais tout de même impressionnant qui risquait de les retarder et de les mettre en danger.
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*amalinea*
Une chevauchée dans la nuit remplace sa course pédestre. L'andalou et la Diab retrouvé, le trio ne s'est pas attardé en vaine parlotte. Fablitos, en chef de meute dégaine consigne et encouragement. Néa n'a pas le temps de respirer qu'elle se retrouve juchée en croupe de l'étalon. Petit soupir résigné et regard nostalgique à la terre ferme qu'elle vient de quitter. Mais déjà, le cheval s'ébroue et s'en tenir compte de l'appréhension qui gagne La souris, se met en route, obéissant ainsi aux ordres de son maitre. Réflexe salvateur, Néa enserre de ses deux bras la taille de Fab et évite ainsi de se retrouver le cul par terre.
La route est longue, cahoteuse et fraiche. Bien que collée au dos de son cavalier servant, Néa n'en ressent pas moins l'atteinte de la bise et regrette sa course à pied. Les rares pauses ne servent qu'à remplir leurs estomacs mais pas à réchauffer les corps. L'alcool n'est plus un refuge si ce n'est celui de faire passer le temps et noyer sa peur du canasson.

L'aube se leve et offre en vue matinale la forteresse d'Aubeterre. Jolie batisse, fort bien charpentée et fort bien gardée... il s'agira de jouer diplomate pour une fois, ce qui n'est pas pour déplaire à La souris qui commence à se lasser des politiques de l'épée et aspire à celle des mots.

A peine pied posé à terre que surgit un quadrupède bondissant de toutes ces pattes sur l'Andalou. La main de Néa se porte instinctivement à son épée. Le geste s'arrête sur les paroles de Fab et l'œil, en effet reconnait l'animal qui tenait compagnie à Debrinska lors de leur première rencontre. Petit rictus au souvenir des mots acides de la femme, haussement d'épaule renvoyant au néant cet épisode, genoux qui ploient dans la neige et mains qui se tendent vers l'animal. L'a toujours eut un faible pour les bêtes à fourrure, La souris et Ptit Loup à l'air des plus sympathique.


Ptit loups, c'est ça ? Moi c'est Néa...Viens, j'ai un reste de viande et une main experte en gratouillis derrière oreilles ...

Les yeux se plissent et le sourire se pose en invite à l'animal. Un regard rapide vers Fab et Diab qui semblent perdus dans la contemplation de la forteresse. Néa n'en a cure, elle suivra les deux mais à cet instant préfère se lier d'amitié avec Ptit Loup. Chaque chose en son temps. La forteresse ne bougera pas et l'heure est à l'attente.
Valnor


Valnor resta un moment en retrait laissant Elayne réconforter la blessée qui visiblement souffrait tant par ses blessures physiques mais aussi par un oubli du passé. La voix de son épouse s'estompa à mesure que son esprit échafaudait les différentes possibilités qu'offrait une telle situation.

Les Libertad avaient semé le trouble dans le comté, dangereux sûrement, mu par une idée de l'existence certainement...obstinés sans doute à voir la manière dont ils étaient montés à l'assaut de Saintes sachant leur cause perdue trois nuits de rang. Ce n'était pas des brigands à proprement parler, mais des idéalistes qui s'étaient donné les moyens de mener à leur fin les douces chimères baignant leurs esprits. Le Comte Valnor porta la main à sa barbe, la frottant tout en s'approchant du chevet de l'inconnue.

Douces et tendres voix du passé, de celles que l'on croit enfouies au tréfonds de son être, de celles que l'on aime entendre la consonance berçant son soi comme autant de vagues de souvenirs des temps anciens. L'âge d'or. Une voix murmurait au Comte qu'il devait agir vite et saisir l'occasion qui se prêtait à lui. Vieux mécanismes de l'homme d'Etat versé dans les méandres politiques ou réminiscences d'une jeunesse passée dans les souterrains nébuleux des services de l'ombre. Ceux-là même qu'il détestait aborder avec Elayne, ceux qu'il avait décidé d'oublier et de reléguer au rang de souvenirs lorsqu'il avait rencontré sa futur épouse dans ces froides terres de l'Est.

L'étincelle, cet éclair de lucidité où tout devient limpide, d'une clarté aveuglante que l'on est seul à comprendre de prime abord, celle qui assemble en un instant les plans les plus complexes, exergue de l'esprit affuté comme une arme. Tout était clair, sans ombres. La femme qui était allongée sur le lit était l'adversaire combattu devant la cité poitevine, le doute s'était effacé lorsqu'elle avait parlé. Le timbre de voix était celle qui l'avait invectivée lors des passes d'armes.

Il s'approcha et son instinct prit le dessus. Il s'assit sur le bord du lit, regardant la blessée, puis prit la main que tenait Elayne dans les siennes. D'une voix douce et posée il s'adressa à la femme.

- Bien sûr que vous me connaissez. Je suis Valnor de Lande Morte ma chère amie, votre cousin.

Là il regarda un bref instant Elayne dont les yeux traduisaient le plus grand étonnement et pour cause. De cet échange de regard il lui fit comprendre de ne mot dire, petit clignement léger des yeux en guise d'apaisement.

- Vous ne vous souvenez pas ? Vous êtes Dame Hermine de Lande Morte, châtelaine de Naubinaud, vous avez été agressée et retrouvée par nos hommes non loin d'ici. Vous devez vous reposer et guérir très vite, nous reparlerons de tout cela quand vous serez sur pieds.

Sans plus attendre, il reposa la main de la Libertad se releva et prit la sienne pour l'entraîner à l'extérieur de la chambre toujours sous le coup de la surprise des dires du Comte.

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--Loupiot
Méfiant....pti'loup hume la main que lui tend la jeune femme ....Il est vrai aussi que son estomac crie famine!

Au fond de lui... un sentiment lui insuffle la retenue....il sait bien que cette petite a envie de lui plaire....mais il sent aussi qu'elle n'aime pas trop son amie!

Pourtant ,il y a juste une bestiole qui le gratouille entre les deux oreilles ... là ou son museau ne peut pas aller. Saloperie de petite bête...au secours.... ça pique...piquuuuuuuuuuuue

Si l'autre grand chef , voulait bien le gratter,,,il n'y aurait pas de problèmes....mais les humains avec leurs états d'âmes....bon ...les 2 pattes... sont entrain de rêver....

ça piquuuuuuuuuue trop, reste la petite .... et elle a de la viande....Oh et puis ..après tout deb lui a demandé de faire ami-ami avec ceux là , donc autant que mon ventre en profite ,,, et surtout ma tête... mais alors viiiiiiiitttttttee.....

Et de surcroit...je dois être beau! il y a des effluves très fortes de femelles qui me réjouissent le coeur....et les reins......elle hurle derrière les murs....oui ma dulcinée...je vais venir... mais d'abord......

ça piquuuuuuuue troppppp, et le grand loup....lèche la main tendue et se couche ,,, tache grise et noir dans la neige immaculée, offrant sa tête aux caresses d'Amalinea!
Ermesinde
[Intérieur de la forteresse]

Elle avait reçu de plein fouet le flot des premières paroles qu’on lui avait adressées à son réveil . Celles de la jeune femme qui lui était apparue en premier lieu :

Vous guérirez, ma Dame, je vous le jure. Et votre aventure ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir. Vous êtes au château de la Rabatelière. Je m'appelle Elayne. Et voici mon doux époux, Valnor, que je n'ai point revu depuis de longues semaines et qui m'a tant manqué. Et pour lequel je me suis fait tant de souci. Le Comte ... d'Aubeterre.

Puis, celles de son époux :

Bien sûr que vous me connaissez. Je suis Valnor de Lande Morte ma chère amie, votre cousin.
Vous ne vous souvenez pas ? Vous êtes Dame Hermine de Lande Morte, châtelaine de Naubinaud, vous avez été agressée et retrouvée par nos hommes non loin d'ici. Vous devez vous reposer et guérir très vite, nous reparlerons de tout cela quand vous serez sur pieds.


Frêle esquif, elle s’était laissée porter puis emporter par la déferlante. Elle avait gardé la tête hors de l’eau, surfant la vague . Au bout de trois lunes, les potions et remèdes étaient venus à bout de la fièvre .Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis et si les plaies de la peau se colmataient peu à peu , celles de l’esprit restaient encore béantes . Chaque matin , lorsque la camériste venait l’aider à se vêtir , elle ne pouvait s’empêcher de contempler la cicatrice qui barrait à présent son côté droit et à chaque fois, elle sentait monter la même incompréhension et la même colère en elle .

Elle parvenait désormais à se lever et s’astreignait à découvrir les différents endroits du château, tentant de se souvenir de ce passé « familial » oublié . Son « cousin » s’évertuait chaque jour et avec une infinie patience à lui remémorer .

Hermine de Lande Morte , châtelaine de Naubinaud …

C’était son nom … puisqu’on le lui affirmait, il était sien assurément . Sa « famille « faisait tout pour rendre sa convalescence agréable et Valnor tenait à ce qu’elle demeure à la forteresse .
«Par souci de sécurité …« disait-il . Consciente de sa faiblesse actuelle ,déstabilisée, elle avait accepté .

C’est vêtue d’une longue houppelande noire rehaussée d’un bustier rouge qu’elle descendait à présent l’escalier menant au rez-de-chaussée . Elle avait enroulé un foulard pourpre en turban autour de sa tête et à sa taille pendait une ceinture du même ton . Elle aimait ces deux teintes et tous les vêtements qu’elle s’était fait livrer grâce à la générosité d’Elayne étaient assortis . L’écarlate l’attirait même si son hôtesse prétendait que le blanc lui siérait bien davantage . Elle se trouvait trop pâle pour oser en tenter le port . Le bruit de ses bottes retentissait sur les dalles de pierre tandis qu’elle se dirigeait vers la salle à manger pour y rejoindre les maîtres des lieux .
Tout en marchant, elle contemplait avec curiosité les portraits de famille accrochés aux murs, tentant de trouver des ressemblances avec son propre visage mais les joues rubicondes des « ancêtres » contrastaient avec la blancheur de son propre teint . Leurs yeux aussi sombres que la nuit semblaient porter un regard courroucé sur l’impertinent azur qui les jaugeait .

Valnor lui avait répété à plusieurs reprises qu’on ne disposait plus d’aucun portrait de ses propres parents . Elle avait espéré qu’une image viendrait raviver le souvenir d’un père ou d’une mère disparus . Las … on lui avait narré qu’un incendie avait ravagé le château de Naubinaud alors qu’elle n’était encore qu’une enfant et toute la partie comportant les tableaux avait brûlé . Elle traversa le couloir du rez-de-chaussée et perçut des voix provenant de la salle où l’on prenait le matinel . Elle pressa le pas et sourit soudain en apercevant au loin le maître d’armes la saluer d’un signe de tête . Elle avait assisté un matin à une passe d’armes alors qu’il enseignait le maniement de l’épée longue à un jeune soldat de la garde et elle s’était surprise à anticiper mentalement ses mouvements . Elle avait ressenti un feu intérieur et le désir violent de croiser le fer . Elle lui avait part de sa requête et, à sa grande surprise, il avait accepté avec un sourire poli mais avait néanmoins suggéré qu’elle attendit un complet rétablissement pour se mesurer à lui …

Elle pénétra enfin dans la pièce où le comte d’Aubeterre et sa jeune épouse étaient déjà visiblement attablés . Elle aimait partager la compagnie de la jeune femme . Elle la regardait parfois broder et admirait son adresse car cet art lui paraissait totalement étranger . S’étant essayée elle-même à l’ouvrage, elle n’avait réussi qu’à se piquer l’index et avait laissé échapper un juron, faisant éclater de rire sa partenaire .

Mais, ce matin , c’est un visage féminin crispé qu’elle découvrait . Valnor contemplait avec inquiétude son épouse qui se tenait le ventre à deux mains ...


Que se passe-t-il donc ici ?
_________________
Valnor


Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis la rencontre nocturne entre les hôtes des lieux et la blessée. Un conciliabule s'était tenu tard dans la nuit réunissant les personnes les plus importantes du Comté d'Aubeterre et en premier lieu Elayne, Gunzhausen, Baudoin et Gontrand. Tous cherchaient à comprendre pourquoi le Comte avait affirmé à la jeune femme qu'elle était de sa famille, mais aucun d'entre eux n'avaient osé demandé directement au Comte. Ce dernier était resté un long moment assis à sa place coutumière en tête de table, les yeux perdus dans le vague, pensif pratiquement immobile, seul son index caressant le col du gobelet trônant devant lui.

Ce fut son épouse qui la première brisa le silence lui mandant pourquoi avoir agi de la sorte, tous savaient que le fief de Naubinaud, dépendant du comté d'Aubeterre, n'avait jamais été octroyé à quiconque et que la seule cousine vivante de Comte était la Princesse livonienne Loralia de Raven.

Le Comte releva la tête et prit la parole d'un ton monocorde, s'adressant à son épouse en premier chef.

- La femme qui est allongée là, n'est autre qu'une combattante de l'armée Libertad. J'ai combattu contre elle devant Saintes....Il laissa quelques secondes s'écouler avant de reprendre, car il savait que ce qui allait suivre déplairait fortement à Dame Elayne. De son état j'en suis une grande partie responsable, je me rappelle l'avoir blessée et mise hors de combat. Les yeux verts d'Elayne prirent l'éclat de colère qui lui connaissait quand cette dernière était courroucée. Je n'ai pas eu le choix, mon aimée, je connais votre aversion pour la guerre et son cortège d'horreurs, mais accordez moi que je n'aime pas sortir l'épée sans raison.

Puis se tournant vers les autres, il continua.

- La perte de mémoire de notre invitée est une chance à saisir, une opportunité unique, celle d'infiltrer le groupe Libertad encore présent sur le sol de notre comté. Hermine, appelons là ainsi car je ne connais pas son vrai nom, une fois sur pieds retournera auprès d'eux et nous servira d'informateur.

- Mais comment ? s'aventura à demander le vieux Prévost. Elle n'est pas censé les connaître, ni avoir aucun avec eux, elle a même perdu la mémoire. Les sourcils broussailleux de l'homme formèrent un arc au-dessus des yeux interrogateurs.

- Certes...certes...tout réside dans notre faculté à lui faire croire qu'elle fait partie de la famille des Lande Morte et qu'elle avait déjà infiltré le groupe Libertad avant son agression.

Il savait que l'esprit de la blessée était une feuille blanche sur laquelle ils pourraient écrire un passé, certes l'idée n'était pas charitable ni très avouable mais l'enjeu était de taille ; la sécurité du comté.

- Nous la renverrons vers les Libertad qui eux la reconnaitrons comme membre de leur groupe et sans méfiance la reprendrons en leur sein. Elle aura parfaitement été préparée à jouer son rôle d'espionne puisque persuadée d'agir ainsi depuis le début. Elle sera en permanence sur ses gardes et elle pourra nous renseigner sur leurs agissements.

Baudoin lâcha un soupir d'étonnement devant le plan et osa :

- Et si elle recouvre la mémoire ?

Le Comte haussa les épaules.

- Nous aurons perdu notre temps, mais le projet vaut la peine d'être tenté. Dès aujourd'hui tous les gens du château doivent considérer Hermine comme un membre de ma famille, savoir s'adresser à elle comme la châtelaine de Naubinaud. Hermine ne doit jamais être laissée seule avec une personne étrangère. A ces questions, répondre évasivement, soyez prudent pour le moment. Allez distribuer les consignes à tous et passez une bonne nuit.

Sur ces mots, les membres du conseil restreint quittèrent la pièce laissant seuls le Comte et son épouse. Valnor prit le gobelet devant lui et bu une gorgée avant de s'adresser à elle.

- Ne m'en voulais pas d'agir ainsi, je sais que vous désapprouvez ces méthodes d'une autre époque, mais nous devons une telle occasion ne se représentera plus...

Les jours qui passèrent, permirent à Hermine de recouvrer une santé suffisante pour quitter le lit et prendre un peu l'air dans la bâtisse ou dans la cour intérieure du château. Valnor profita de ses moments pour lui conter son histoire et ses origines, prenant soin de distiller les informations progressivement à la jeune femme. Bien des fois, elle posa des questions pertinentes que le Comte esquiva du mieux qu'il pût. Il savait que la marge de manoeuvre était restreinte et que la moindre erreur pouvait éventer le stratège. Elayne s'était prise d'affection pour la jeune femme, lui prodiguant soins et attentions, rien de feint seulement le tempérament aimant de la comtesse. Cela perturbait Valnor, lui aussi n'était pas à l'aise, sa conscience lui rappelant que cette masquarade n'était en rien charitable, mais il chassait ses doutes d'une main invisible préférant songer aux bénéfices de cette action.

Un soir alors que Dame Elayne avait pris congé d'Hermine et de son époux pour prendre un peu de repos en proie à quelques maux de ventre, le Comte perçut que le moment était venu de placer la dernière pierre à l'édifice de son plan.

- Ma Chère cousine. Est-ce que le nom de Libertad vous est familier ?

Il attendit un moment.

- Je crois qu'il est temps de vous informer de la mission que vous meniez avant votre agression. Voyez-vous, il y a de cela plusieurs mois, un groupe nommé Libertad a vu le jour. Il est constitué de personnes revendiquant liberté physique et morale, refusant toute once d'autorité. Ils ont à plusieurs reprises pris pour cible des symboles de ce qu'ils pensent être leur ennemi naturel. En un mot, la noblesse. Bref, ce sont des personnes qui peuvent s'avérer dangereuses et n'hésitent pas à mener des actions quelques fois armées pour réaliser leurs desseins.
Vous avez réussi à infiltré ce groupe et vous faire accepter d'eux il y a plusieurs semaines et vous avez fourni nombre de renseignements à nos services de sécurité afin de les neutraliser.


Valnor regarda un instant le visage interloqué d'Hermine. Il continua afin d'augmenter son effet.

- La victoire de Saintes permettant la destruction de leur armée est en partie votre oeuvre car grâce à vos informations nous avons pu les intercepter et les mettre hors d'état de nuire. Maintenant je ne sais pas si vous avez été démasquée par vos anciens « camarades ». Ce sont peut-être eux qui ont voulu se venger de vous...Je ne sais qu'une chose. Vous avez réussi à revenir à proximité de La Rabatelière où nous vous avons découvert à moitié occie. Aujourd'hui, les libertad sont encore en nos terres du Comté ce qui est fort dommageable, laissant planer un danger pour notre province. Malheureusement la situation est trop dangereuse pour vous laisser tenter de reprendre votre place parmi eux...Vous n'êtes pas encore bien rétablie....trop dangereux...

Là encore le comte attendit quelques instants pour que l'esprit d'Hermine s'imprègne des informations qu'il lui délivrait.

- Ne parlons plus de cela, vous devez penser d'abord à vous soigner et reprendre des forces.

[Le lendemain]

Valnor était soucieux. son épouse avait de plus en plus de maux de ventre.
Elle portait continuellement la main sur la rondeur se dessinant à l'endroit où la vie s'éveillait. Nanoue lui avait conseillé de garder le lit le plus possible et de s'économiser, mais malgré cela et les remèdes, rien n'y faisait, voire empirait. Ce matin, ils étaient tous les deux dans le grand salon en proie à une profonde inquiétude, ils savaient que ces douleurs n'étaient pas un bon signe pour la grossesse d'Elayne et leur bonheur s'éloignait à mesure que le désarroi de la situation enflait.

- Que ce passe-t-il ? demanda Hermine arrivant dans la salle.

Le comte se leva et s'approcha d'elle laissant se reposer Elayne sur le confortable canapé.

- La Comtesse est souffrante, je suis inquiet pour le bébé. Ses douleurs ne font que croitre, ce n'est pas bon signe. Il baissa la tête

Baudoin lui aussi avait fait son entrée, car tous les jours il venait faire son rapport et prendre les consignes du maître des lieux. Il était parfaitement au courant de la situation et partageait l'inquiétude de son Seigneur et de sa Châtelaine. Les choses empiraient, la visage crispé et pâle de Dame Elayne le prouvait. Pour l'instant, il n'avait pas osé parler de la guérisseuse qui s'était installée dans le château et le hameau. Il avait bien du reconnaître qu'elle se débrouillait bien , les habitants profitant de sa science pour voir leurs maux soignés. Il hésita, puis il s'adressa à Son Seigneur à voix basse.

- Votre Grandeur, je ne sais si je fais bien. Mais.... une jeune femme, guérisseuse, est au hameau. On en dit grand bien. Peut-être que pour la Comtesse ?...

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