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Info:
Campement de la Licorne dans le Maine...

[RP-Licorne] Léard : le camp de base

Fauconnier
- " RUFUUUUUUUSSSSSSSSS ! Rufus, Bon sang ! RUFUUUUUUUUS ! "

Léard, Comté de Beaumont-sur-Sarthe. Les terres à proximité du manoir avaient bien changé depuis quelques semaines que les forces de la Licorne convergeaient en direction du Comté du Maine. Adrian avait reçu, dès lors que l'installation avait été effectuée, ordre de reprendre en main le domaine, pour permettre au maximum des moissons au cours de l'été. Avec le pragmatisme efficace qui lui était cher, il avait donc demandé des jours de corvée en retard à de nombreux serfs du village, qui ne travaillaient plus pour la plupart que sur leurs parcelles propres, sans trop s'échiner sur celles du Manoir. Il était beaucoup trop tard pour penser faire du blé ; aussi avait-il fait de la "culture d'urgence", du maïs ; il avait ainsi pendant une bonne semaine supervisé les labours, et s'était assuré que la moitié des champs cultivables seraient dédiés au maïs ; il donnerait rapidement des résultats. En complément, les légumes et légumineux avaient été plantés ; les vergers taillés et désherbés. Les quelques bêtes de Léard continuaient leur cycle habituel, se baladant paisiblement en engraissant tranquillement. Vu que le début du printemps était là, on récoltait la laine des moutons ; au vue des premiers évènements au Mans, Adrian avait alors pris une décision plus extrême : il avait fait abattre le cheptel de moutons à 75%, ne laissant que les femelles jeunes et les petits. Tout le reste avait été découpé, la viande stockée pour être consommée, et le cuir récupéré : au vue des évènements, pouvoir faire des armures de cuir et autres pîèces d'équipement ne serait pas du luxe.

Il avait envoyé Rufus récupérer quelques lettres de change qu'il possédait chez les Baglioni à Limoges, et avait fait en sorte de trouver des fonds auprès de Guilhem de Vergy, le seigneur de ces terres, pour amener des artisans qui prépareraient l'installation des troupes qui bientôt viendraient prendre position dans le Comté. Il avait ainsi amené à Léard un armurier, un tanneur, un forgeron, un forgeur d'épée, un maréchal-ferrant, et avait recruté quelques palefreniers de plus. Ainsi, lorsque les premiers Chevaliers étaient arrivés à Léard, accompagnés de leurs écuyers, des hommes d'armes qui les suivaient et de tous leurs bagages, le camp avait-il pu être monté rapidement et prestement. Les trefs avaient poussés à proximité du manoir, occasionnant quelques casses-tête au jeune intendant des lieux pour les faire s'installer dans des champs disponibles, en jachère. Les artisans avaient construits en hâte une extension des écuries pour accueillir les bêtes des Chevaliers de la Licorne. Les trefs avaient poussés, et les armes se fourbissaient, les artisans aidant à leur tenue. Les valets entretenaient les armures, les pièces d'équipement, les épées ; les palefreniers les chevaux. Adrian, au cas où, avait fait suivre au Manoir la "Destructrice", le harnois noir de son père, qui était constamment sous sa tente, briquée et astiquée par Rufus.

Le village avait été mis en défense, à proximité ; quelques paysans armés de fourches le gardaient, et Adrian avait fait des démarches pour faire venir une compagnie d'arbalétriers francs en renfort, pour compléter le dispositif. Le camp était monté, l'installation peaufinée.

Chaque jour, des lances de Licornes sortaient de Léard, se rendant au Mans pour sa défense. Le camp prenait vie, et coûtait de l'argent. Adrian espérait bien que Guilhem en prendrait une partie en charge ; pas question qu'il ait à toucher à SON argent... Enfin, dans des proportions raisonnables s'entend.


- " Oui, seigneur ! "

Son bras droit qui se faisait vieux arriva derechef, avançant rapidement depuis le manoir dans sa direction. Le jeune Vicomte paraissait foutrement déguinguandé dans la brigandine de son père qu'il avait fait ajuster à sa taille ; avec Tumnufengh au côté, et les bracelets de force du paternel aux bras, il aurait fort bien pu passer pour une copie miniature de ce dernier.

- " Est-ce que tu as reçu le courrier d' Orléans vis-à-vis des patentes, tudieu ?

- Non point, ma foy ! Mais il est probablement fort occupé ! La hérauderie a toujours beaucoup de travail.

- Failli glandeur ! Il serait néanmoins bon que ça se fasse vite... Préviens-moi lorsqu'il sera là. Que fais-tu, présentement ?

- Je vérifie que les approvisionnements sont effectués dans le camp. " Et connaissant son suzerain, et son regard qui signifiait bien "Alors ?", de répondre :" Les responsables de lance gèrent leur logistique ; pour la plupart, ils ont vivres en nombre suffisant. J'attends de voir quels seront leurs besoins pour nous y adapter.

- Tu fais bien. Tu fais bien. Après cela, tu iras vérifier que le Mathurin et ses fils ont bien élagués les pommiers du verger. Ils étaient déjà sensés le faire hier. "

Après le mariage de Chlodwig von Frayner et de la soeur du Comte, le retour avait été mouvementé avec la crise dans le Comté. Aussi Adrian avait-il fait en sorte d'envoyer au plus tôt les patentes d'anoblissement de ses terres du Limousin, pour mieux peaufiner certaines alliances avec d'autres familles, notamment les Vergy : en effet, la clé de voûte de ces patentes était l'échange futur de Seigneuries entre le Comté de Beaumont et la Vicomté d'Isle ; afin de renforcer des liens entre les deux familles. Adrian surveillait ainsi de près l'évolution de l'affaire : car désormais, les Vergy avaient un grand poids dans la région ; quasi-indiscutable, par ailleurs. Le mariage prévu entre sa soeur, Bérénice, et Guilhem de Vergy, n'en était d'ailleurs qu'un point parmi d'autres, venant assurer le jeune Faucon de la proximité de ces deux familles de Licorneux, qui avaient vécus les champs de bataille de France côte à côte.

Adrian fit signe à Rufus qu'il pouvait aller, et celui-ci tourna les talons, retournant à d'autres occupations. Le jeune Faucon, alors tourna la tête vers le camp, englobant du regard cette installation de troupes qui serait, en cas de pépin, l'un des seuls remparts du comté contre l'adversité.

Ben mon vieux, on peut dire qu'on est pas dans la mierdasse...

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Sindanarie
[De la Bretagne en Anjou...]

Ou, en l'occurrence, du Lyonnais-Dauphiné au Maine. Huit jours de voyage. Huit jours, bâtarde au flanc, poignards aux places habituelles, pour s'habituer de nouveau à l'idée qu'elle se ruait vers une terre qui se muerait peut-être très vite en un champ de bataille gigantesque. Huit jours sur le dos de Vengeance, la poussant sans relâche pour arriver à temps. Huit longs jours de chevauchée, de nuit comme de jour quand il le fallait, à traverser le Royaume pratiquement dans toute sa largeur. Huit jours interrompus par une brève escale à l'Académie Royale, havre de paix dans son monde de guerre, où le manteau vert avait brièvement remplacé le mantel gris des Ecuyers de la Licorne. En arrivant aux portes du Mans avec les premiers rayons du jour, Sindanarie avait déjà laissé défiler une bonne partie de sa vie dans son esprit. De son enfance à so
Anorion2
Anorion s’était levé tôt ce jour là. Il avait préparé quelques bagages. Son épée pendait à son côté, et il avait armé son arbalète afin de parer à toute éventualité. Puis il avait enfourché son fidèle Tonnerre et pris la route. Il prenait quelques risques en voyageant seul, mais, sans armoiries ni signes distinctifs, il espérait n’avoir à craindre que quelques bandits à qui il donnerait du fil à retordre s’il ne pouvait les éviter.

Il arriva rapidement au camp Léard.

Là, il descendit de cheval. Et s’approcha des sentinelles qui montaient la garde à l’entrée de la propriété.


Bonjour ! Je me nomme Anorion.
Je viens tout droit du Maine où je suis conseiller comtal et désire rencontrer votre Capitaine, le Maître d’Armes Cerridween, qui devrait se souvenir de moi.
Si elle n’est pas présente, je me satisferais volontiers de rencontrer son remplaçant, ou encore le Chevalier Rhuyzar, qui me connaît, lui aussi.
Rien ne presse. Mais j’ai des devoirs en Maine qui ne pourront attendre indéfiniment.
Voudriez-vous annoncer ma venue et demander pour moi une audience ?


Le garde se fit rapidement remplacer et eut tôt fait d’aller remplir son office, pendant qu’Anorion attendait patiemment.

Plusieurs minutes passèrent avant que la sentinelle ne revienne. Il fut alors demandé à Anorion de confier sa monture à un palefrenier qui lui fut présenté, et d’entrer dans une salle d’attente. Le camp était en effervescence. Bon nombre de personnes s’entraînaient pendant que d’autres fourbissaient leurs armes. Certains veillaient à l’approvisionnement en marchandises diverses. Mais tout semblait bien organisé, ce qui plaisait à Ano.

Une fois dans l’édifice, c’est de sa propre initiative qu’il remit sa lame, tout en s’enquérant du nom de celui à qui il la remettait. Hors de question qu’il se présente armé, question de respect de la part de l’étranger qu’il était en ces lieux, mais hors de question aussi qu’il l’abandonne, même ici.

Il n’y avait plus qu’à attendre que son interlocuteur se libère. Anorion espérait que ce puisse être Cerridween, le tyran, à ce que beaucoup disaient. Cette pensée le fit sourire ... réunir deux tyrans dans une même pièce était-il bien raisonnable ?

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Fauconnier
L'homme d'arme à l'entrée du campement intima à Anorion d'attendre un peu, avant que d'aller au pas de course chercher une personne qui put le renseigner. En l'occurrence, ce fut le jeune Faucon, qui, depuis la situation exposée à la population du village, préparait activement le départ pour le Mans, où l'Etat-Major de l'Ordre serait logé dans l'Hostel particulier du Comte de Beaumont, Guilhem de Vergy. Apprenant la présence d'Anorion à l'entrée du campement, le jeune Faucon laissa donc la charge des opérations à Rufus pour un temps, et s'activa à la suite de l'homme d'arme, demandant des précisions sur l'homme, sa vêture, la raison de sa venue, et tout le tralala.

- " Serfs ! Je ne vous cacherais pas plus avant la raison de ma venue. Comme vous le savez, je suis l'actuel intendant de Léard, et le coordinateur des corvées pour vous. Je viens à vous pour deux raisons...

Primo. Vous féliciter pour l'énergie déployée et vous remercier de l'aide que vous avez apporté à notre installation et à notre Ordre. Ca fait toujours plaisir...

Secundo. Vous mettre en garde. Les forces du Comté et les nôtres sont très insuffisantes pour pouvoir protéger tout le Comté, et à plus forte raison Léard. Aussi dans les jours qui viennent allons-nous nous déployer en les murs de Le Mans et de Laval, pour défendre ces villes le plus efficacement possible. Comme vous l'aurez compris... Nous ne pourrons défendre les campagnes, les bourgs et les hameaux. Cela, vous devrez le faire par vous-même. J'espère que les volontaires parmi-vous saurez défendre autant que possible votre village.

EN CAS D'INTRUSION DE BRIGANDS ! Repliez-vous tous vers le manoir ou la forêt, où vous pourrez vous défendre plus efficacement. On vous laissera des chariottes pour faciliter le tout.

En cas d'offensive bretonne...

Car je ne vous mentirais pas. Le Maine s'expose peut-être à une offensive titanesque, de par ses va t'en guerres qui ont été se glorifier de la prise de Craon. Aussi... En cas d'offensive, et de troupes arrivant en vue de Léard, aurez-vous pour objectif de fuir

Fuir vers Beaumont, où le château vous offrira une protection maximale. Pour les plus courageux, tentez le trajet vers le Mans ou Laval. Mais ce sera à vos risques et périls. Faites-en sorte de laisser à vos femmes coutels, et apprenez-leur à s'ôter la vie. En cas de guerre, et d'offensive, si vous ne pouvez les protéger, ce sera le mieux pour elle, plutôt que de se faire violer par les routiers angevins ; vous les connaissez mieux que moi ; ils ne font aps de quartiers ; pas de cadeaux.

Que Dieu vous ait en sa Saincte Garde. "


Cela s'était produit voilà près de trois jours, et les derniers trefs étaient en cours de démontage, pour partir en direction du Mans où l'ost prendrait ses quartiers sous les murailles, avec les Dames Blanches. Et Adrian s'activait à faire suivre derrière le déploiement de force les bagages et provisions qui seraient essentiels. Aussi, une petite pause fut-elle accueillie avec soulagement par le jeune homme, une plaque d'acné lui couvrant le menton, le regard dur dirigé vers tout un chacun, un pourpoint de couleur violette avec le blason du Chevalier de Vergy lui couvrant le poitrail.
Il pénétra ainsi dans le manoir, envoyant sa cape sur un coffre qui était dans l'entrée, sachant qu'on la rangerait par la suite très vraisemblablement. Il ôta ses gants, prit un instant pour s'ôter la crasse qu'il pouvait avoir sur le visage et les mains. Puis, ceci fait, il pénétra alors dans la salle où attendait le conseiller, entrant vivement comme quelqu'un qui est occupé ; ce qu'il était, après tout. S'avançant vers le nouveau venu, il demanda à l'homme d'arme qui l'accompagnait qui il était et ce qu'il faisait ici. Aussi, celui-ci, lui confiant les paroles prononcées à l'entrée, se plaça-t-il légèrement en retrait pour la conversation qui allait avoir lieu.

Adrian, s'avançant vers l'homme, déclara :


- " Conseiller... " Avec un signe de tête qui valait pour sa forme habituelle de salut simpliste.
" Je suis l'intendant de Léard. Adrian Fauconnier, Vicomte d'Isle et de Montbarrey. Que puis-je pour vous ? "
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Anorion2
Une entrée fracassante avait quelque peu surpris Anorion qui s'était redressé d'un bond et s'était mis sur ses gardes.
Un homme était entré en trombe dans la pièce. Il devait être fort occupé, et serait peut-être mécontent d'avoir été dérangé.


Bonjour Messire Vicomte. Enchanté de faire votre connaissance.

Ce disant, Anorion se mit au garde à vous, puis rompit. Ce salut était de circonstance dans ce camp militaire. Anorion avait appris il y a bien longtemps maintenant à saluer à la façon des soldats ... la première fois avait du être lors de l'acceptation de son premier grade de police.

Je me nomme Anorion. Je désire deux choses en fait ...
J'aimerais remettre un courrier au Capitaine Cerridween, en main propre si c'est possible, car dans le même temps, j'aurais aimé lui parler. Ce n'est l'histoire que de quelques minutes. Mes intentions sont purement amicales.


Anorion sourit, espérant ainsi décrisper quelque peu son interlocuteur.
Il attendit sa réaction ...
Cerridween
Elle fait des préparatifs la Pivoine Noire. A sa façon…

Elle range les missives, brûle les plus secrètes. Elle écrit beaucoup. Elle rencontre aussi. Elle conseille, supervise, ordonne, écoute.
Elle a été faire aiguiser sa lame, ne pouvant à son plus grand regret le faire elle-même.
Ses affaires… du vent… peu… quelques doublets et chausses noires pour la vêture. Par contre, la brigantine de cuir qui la parera en cas de combat a été revue sous toutes les coutures. Epaulière, une seule, jambières, deux. Elle compte, inspecte, note, fait réparer.

Rapports… encore des rapports à faire… encore des missives à envoyer.

Trois coups à la porte.

Levée de sourcil et un mot.


Entrez.

Un garde d’Isles s’avance alors, une épée à la main.

Un visiteur Capitaine. Il s’appelle Anorion, il s'prétend conseiller et il remet ça pour prouver qu’il est pas aussi vilain qu’c’est écrit sur sa tronche…

La Pivoine rit doucement en s’emparant de l’épée…

Jaloux…

Le garde se renfrogne.

Pas d’sa bouille de freluquet Capitaine… on l’dirait sorti des jupons d’sa daronne et qu’il a l’lait qui lui sort du pif. Trop bellâtre pour être total’ment honnête.. mais s’mon avis.


Il attend où ?


Juste devant là…. il pointe du doigt la porte close.

Parfait vous pouvez disposer…

Elle attend une seconde en contemplant la lame un instant… Anorion… tiens, donc. Elle apprécie le jeune homme. Pour le fait que sa belle tronche que jalouse l’islien n’est pas vide et bien vissée à ses épaules. Des choses à apprendre, beaucoup, mais pas le bon sens. Elle s’engage vers la porte et l’ouvre pour découvrir Adrian devant le visiteur. Sourire en coin.


Le bonjour Conseiller. Je vous remets ceci, nul besoin de vous en priver…

Elle lui tend son épée, la commissure droite des lèvres toujours glissée vers le haut, taquine…

Il ne faudrait pas vous méprendre… même avec un bras en moins, j’ai l’audace de penser que je suis encore capable de vous rosser et de vous couper en deux, si vos intentions étaient belliqueuses…

Elle se tourne vers Adrian.

Qu’on ne nous dérange pas…

Puis elle invite d’un geste, elle invite Anorion à entrer dans la pièce. Vaste impression de zouk entre le classement, les affaires de guerre, les râteliers pleins d’armes, le parquet qui rutile, les armoires qui continent liasses, livres, fioles… près des fenetres, un bureau déjà bien encombré. Elle lui indique un siège pendant qu’elle amène, en deux voyages, une bouteille de vin de Bordeaux et deux verres.

Elle prend le temps de s’asseoir de se servir, poussant la bouteille vers le jeune homme et le dévisageant du coin des émeraudes.


Que puis-je pour vous Conseiller ?
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Anorion2
Une porte s'ouvre.
Le garde, mécontent, sort de la pièce.
Cerridween apparaît dans l'encadrement, tenant l'épée d'Anorion, qu'elle lui tend.


Merci Capitaine ! C'est très aimable de votre part. J'apprécie votre geste.

Ce disant, Ano reprend son bien et remet la lame dans son fourreau.
Il a juste le temps de remercier et saluer celui qui l'a accueilli en ces lieux, l'intendant.


Messire Fauconnier, merci de m'avoir accueilli céans. Au plaisir de vous revoir.

Puis de suivre Cerridween dans la pièce.

Ainsi donc, vous me couperiez en deux, alors que je me coupe moi-même en quatre pour le Maine ? Il ne restera pas grand chose de moi à ce rythme là !

Il ne put s'empêcher de sourire. De rire presque. Mais presque seulement. Il savait qu'elle avait raison et ne voulait pas tenter le tyran...

Anorion ne faisait pas attention à tout ce qui traînait. Il était de nature curieuse pour beaucoup de choses, mais l'indiscrétion ne faisait pas partie de ses défauts. Ou de ses avantages.

Il suivit Cerridween dans la pièce où elle fut rapide. Elle avait l'avantage de connaître les lieux et de savoir où y trouver quoi. Quoique … vu tout le fourbi que l'on pouvait trouver ici… c'était presque un exploit en soi.

Anorion s'assit en face du maître d'armes. Elle avait déjà servi du vin dans son verre, empêchant Anorion de la servir lui-même. Il se servit à son tour.


Me conseiller … Ce n'est point trop le but de ma visite.

Je suis venu en mon nom propre. Pas en celui du Conseil, même si j'ai usé de mon titre pour vous rencontrer.


Sourire amusé.

En fait, je suis venu vous remercier pour ce que vous faites pour le Maine. Pour les risques que vous prenez pour notre peuple et ses terres. Merci.

Il fit une brève pause …

Je suis également venu afin que vous sachiez que… vu certains imbéciles et les actes débiles que d'aucuns ont posé, je comprendrais aisément que vous envisagiez de nous abandonner à notre triste sort.

Soupir

Ne dites rien … Je n'attends pas de vous une réponse … Je voulais que vous connaissiez mes sentiments. Tout simplement. Je crois précisément savoir ce que vous me diriez.

Nouveau sourire … et petite pause

Mais je ne suis pas venu que pour cela ...

Il glisse sa main à l'intérieur de son mantel, posé sur le dossier de son siège et en sort une lettre cachetée à la cire, qu'il tend à son interlocutrice.

Voici … un courrier qui est destiné au Haut Conseil de l'Ordre.
Alethea
Le regard aussi noir que froid se détache un peu plus encore sur le teint de la brune qui s'obstine à garder une pâleur inhabituelle. Les prunelles de jais observent depuis le perron de Leard les dernières traces du campement qui s’efface. Mais la mâchoire serrée n’est plus, pour une fois, le reflet de son habituelle distance. Elle n’est plus que la séquelle des doutes qui remontent de son ventre noué. Jamais une mission n’a été aussi éprouvante pour elle.

Rarement pourtant elle aura été si bien organisée. Le jeune Fauconnier a encore changé depuis leur entrevue de Limoges. Bien moins colérique, bien plus organisé. Il avait permis que chacun n’ait à s’occuper que de sa charge propre. Et celle de l’Errante c’est la gestion des troupes Licornes pour Le Mans et, bien sur, comme tous les autres, les gardes. Mais ce n’est certainement pas ça qui la rend si fébrile. Les nuits sur les remparts, du haut de ses vingt ans, Alethea a toute la détermination et la résistance nécessaires pour les tenir. Le temps passé sur ses autres taches, depuis la mission de leur armée en automne, elle a appris à le gérer… Elle a même réussit à éluder, pour un temps, la tristesse d’avoir du abandonner ses dernières attaches. L’Auvergne était son refuge. Celui où elle retrouvait les quelques-uns, les rares auprès de qui elle avait l’impression de se poser. Elle apprendra à y renoncer mais là c’est encore trop tôt.


Faites monter ce coffre dans ma chambre ici et celui là aussi… non ça, ça ira à l’Hostel de Vergy au Mans…

Elle a toujours lié la Licorne au nom des De Vergy… C’est une rencontre avec Cerridween, à Loches, qui l’avait décidée à présenter sa candidature et aujourd’hui, encore, c’est elle qu’elle suit dans le Maine ce qui, au départ, n’avait aucune raison d’être une mission. Elle était d’ailleurs partie pour la champagne quand la nouvelle de la prise du château est tombée.

Puis, au milieu de l’agitation du campement, les habitudes avaient peu à peu repris. A un détail près cependant… Son Capitaine blessée. La rousse qu’elle admire plus que n’importe quel autre, la rousse qui « est » la chevalerie à ses yeux est revenue de La Rochelle avec une épaule en miette, une épaule dont elle n’aura plus l’usage et un voile sombre sur ses sinoples que l’Errante a peur de déchiffrer.

Alors peu importe que le Maître d’Armes grommelle quand elle lui porte ses fontes ou qu’elle réorganise les lances à sa place. Cette fois, pas question de la laisser perdre son temps avec ce genre de contingences, pas question que l’épuisement et les réclamations diverses la détournent de l’essentiel, elle fera barrage. Voilà… c’est comme ça que ça avait commencé. Elle voulait juste gérer les basses œuvres, l’intendance quotidienne, juste ce qu’elle savait faire, naturellement…

Les talons de l’Errante se tournent vers le manoir et commencent à claquer sur les pierres de la grande salle pour la conduire aux cuisines. Elle salue d’un signe de tête la brunette qui déboule, comme toujours, d’on ne sait où et entre pour demander qu’on lui fasse porter une boisson chaude près de la grande cheminée. Puis elle se dirige vers la salle d’armes où un garde lui explique que le Capitaine ne doit pas être dérangée. Elle acquiesce, c’est sans importance, elle fera son rapport plus tard. De toute façon plus ça va moins elle a l’impression d’être prête pour ses rapports quotidiens.

Petit à petit, au fil des événements, de nouvelles taches lui ont été confiées. Au début elle n’a rien vu venir, ça semblait le prolongement de ce qu’elle avait déjà pris en charge et quand elle avait des hésitations, c’est à dire tout le temps, elle prenait conseil. Mais un soir, au lieu de répondre, la rousse a levé vers elle un regard narquois et lui a rétorqué, avant de reprendre sa lecture : « je sais ce qui te fait peur plus encore que les douves… c’est la lumière ». Elle avait nié bien sur mais Cerridween n’avait même pas répondu et il lui avait fallu décider seule.

Poussée vers une lumière qui faisait monter sa pâleur, vers un air qui lui coupait la respiration … Et plus elle avançait, plus sa confiance s’échappait d’elle comme un serpent fuyant sous un rocher. Elle aspirait à la certitude mais n’était que doutes et si elle avait été capable, un seul instant, de ne pas considérer une renonciation comme une trahison, elle aurait volontiers claqué la porte sur son incompétence.

Mais ce soir comme tous les soirs, elle attend dans le couloir de la salle d’armes pour faire son rapport.

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Mariealice
Le voyage avait été silencieux. Silencieux dans le sens que peu de paroles avaient été échangées entre chaque protagoniste, chacun plongé sans doute dans quelques pensées propres à lui-même. Même Grimoald avait réussi à tenir sa langue depuis la crise la veille du départ à Sémur, dans une taverne. Crise qui avait quand même eu pour résultat que Flaiche quitte la place sans un mot et rejoigne l'armée de Snell. Ils s'étaient donc séparés fâchés. Et qui les connaissait savait qu'il était plus que rare que cela leur arrive. Alors pour la première fois de sa vie sans doute, elle s'était mise à haïr un môme. Pour ce qu'il se faisait, pour ce qu'il se croyait être et pour le résultat. Etait-ce cette colère qui lui avait fait oublié de partir de Gien, forçant le reste de la troupe à l'attendre? Peut-être. Ou peut-être pas. Il y avait de plus en plus de choses qu'elle ne comprenait pas, de plus en plus de choses qui la rendaient irascibles et l'une des rares personnes qui arrivait à lui rendre le sourire était parti d'un coup sans un mot. Voilà sa raison à elle d'être silencieuse. Et elle évitait soigneusement de croiser le jeune garçon depuis lors. Comme elle regardait de loin la nourrice et la petite fille de la vassale d'Ewaele. Ceci non plus elle ne le comprenait pas. Et l'avait dit. Avant de se taire.

Les lieues avaient été avalées donc, des villes juste traversées ou bien avaient servi de dortoir pour une nuit. Bon à part Gien qui les avait vu deux nuits. Gien... Là encore tout un poème. Ses tavernes mortes, ses rares habitants croisés si particuliers.... A s'en souvenir elle poussa un profond soupir. Non il fallait oublier plutôt, ce qui ne serait pas du tout difficile. Tours était un peu plus vivante mais elle ne s'y était pas sentie plus à l'aise que lorsqu'Enguerrand et elle y étaient resté à la demande du Duc. Ils n'avaient servi à rien au final mais peut-être n'était-ce pas plus mal. Point de sang versé. Serait-ce la même chose au Maine? Cela s'agitait, elle le savait bien. Certains diraient enfin un peu d'action. Que voulait-elle au fond? Nouveau soupir et regard voilé, une main vint se poser sur son ventre. Montmirail, Vendôme. Voici longtemps maintenant. Mais la brune avait un sentiment diffus que cela pouvait se reproduire. Bien des éléments le lui rappelaient.

Le Maine, frontière passée. Les licorneux étaient maintenant sur le Domaine Royal. Sur les terres propres du Roy. Combien l'oubliait quand ils les attaquaient? Combien se disait qu'ils ne s'en prenaient qu'à une province comme une autre? Et combien n'avait eu pour toute réprimande qu'un large sourire et une tape dans le dos? Fatiguée la vicomtesse. Lasse même. Et tandis que Noisette foulait pour la première fois de sa vie d'équidé ce sol, elle regardait les paysages et saluait les gens qui parfois ne reconnaissant pas l'animal cabré ornant leurs capes se contentaient de fermer leurs portes et de se terrer. Rien ne changeait vraiment.

Et là au loin les étendards annonçaient à leur façon qu'ils arrivaient.

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Rhuyzar
Entends-tu le vent Chevalier ? Entends-tu la tempête qui se lève sur les Terres de ton peuple et fait craquer tes vieux os comme s'ils n'étaient que brindilles séchées ? Sens-tu cette force claquer sur ton visage buriné par les ans et les malheurs ? Te sens-tu trembler à l'approche de cette vérité inéluctable, qui te rattrape, toi et ta vieille carcasse usée ? Le vois-tu enfin, celui que tu redoutais depuis si longtemps ? Ce nuage noir de mort et de douleur qui te suit depuis ce triste jour d'automne en Normandie où tu as juré devant tes Frères d'être un martyr des Hommes et des Couronnes. Tu es son messager, il te suit pas à pas, guettant l'instant fatal où tu t'assoupiras un instant de trop et où cette promesse que tu portes s'endormira avec toi. Car ce jour là, Chevalier, tu seras MORT !


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[...]Que cessent les flots de sang et les pleurs des enfants. Que Ta Miséricorde regagne ce monde et poignarde le Crime dans son coeur noir. Donne-moi une nuit encore la force d'être le Bourreau de Ta Justice et d'accomplir la Destinée que tu réserves à cet éon. Entends mon Verbe et déploie mes Ailes.


Le genou se lève de la terre meuble de la tente. Les mains attachent la ceinture autour de la taille et y placent les deux Miséricordes. Un Loup, une Licorne. Deux petites lames brillant dans le clair obscur du soir qui s'abat sur le Maine. Deux petites lames qui accueillent à leur côté la finesse de l'ouvrage des forges de Tolède au manche doré gravé d'inscriptions et au pommeau Licorne.

Ce soir la tente du Chevalier sera gardé. Sa monture sera absente et son cavalier parti, mais les hommes seront là à veiller et à attendre son retour. Ce soir repart sur les routes de France le messager du malheur, qui s'en va répondre à l'appel de la peine et du sang qui vient depuis les terres d'Anjou. A ce peuple qu'il aime autant que les autres, il vient apporter son visage sombre et ses mauvaises nouvelles. A cette Duchesse si vivante qui se vide de son sang, il va présenter ses respects ou ses hommages mortuaires. A ce fils prodigue qui pleurera ou rira, il va lui ramener une bouteille de la Paire ou lui donner l'accolade de la tristesse partagée. Un Comtois ne peut qu'aimer l'Anjou. C'est écrit dans leurs veines et sur leurs mains tâchées du sang des autres. Mais ce soir, c'est une Ombre de la Couronne qui s'en va sur les routes accomplir un devoir sans équivalent.


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Un sabot claque sur le pavé. Près de la grande porte du Mans un Andalou à la robe noire attend, surmonté de longs cheveux blancs.

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Ewaele
[Chemin faisant...]

Les arbres formaient un immense rideau devant elle, encore clairsemés sur ce qui était la lisière de la sylve. Curieusement, ce n'était pas le type d'arbres qu'elle s'attendait à voir. Quant elle pensait à une forêt, elle imaginait des chênes centenaires ou des pins qui s'allongeaient en lourdes ombres et empêchaient le soleil d'atteindre le sol. Ce n'était pas le cas ici, différentes espèces se mariaient avec facilité et les branchages dorés d'un fin peuplier embrassaient presque les feuilles quasi blanches d'un bouleau. Mais ce n'était pas par amour des arbres qu'elle était venue si près de la sylve, mais bien pour avoir un peu de tranquillité. Depuis son départ de Provence elle n’avait guère prit le temps de souffler et cette pause, avant d’arriver au campement, n’était pas pour lui déplaire. Elle avait largué le sale gosse la veille à Tours sans se retourner après qu'ils eurent réussit enfin à se dire au revoir, elle tirait à nouveau un trait sur une période. Mais elle avait apprit aussi que la vie était ainsi.

La jeune femme finit par s'assoir sur le tronc d'un arbre bizarrement couché. Le vent avait dû arracher à moitié l'arbre de terre alors qu'il était tout jeune, mais plutôt que de mourir, l'arbre s'était développé à l'horizontal et son tronc était maintenant assez haut pour lui arriver à hauteur des cuisses. De multiples petites branches avaient poussé tout du long, ornées de longues feuilles fines d'un vert argenté. Elle tendit la main et en détacha une de l'arbre, la regardant longuement avant de la froisser entre ses doigts.

Ses cheveux, pour une fois complètement détachés, tombaient en une lourde masse sur ses épaules et le long de son dos, avant de finir sur l'arbre en fines arabesques écarlates. Le ruban qui les retenait s'était déchiré peu de temps auparavant et elle n'avait eu guère l'envie d'aller en chercher un autre. Elle savait plus ou moins l'aspect qu'elle avait la crinière ainsi détachée. Un peu plus jeune, un peu moins sombre. Plus délicate peut-être, les mèches revenant sur son visage en adoucissant les angles et l'expression sévère.

Un rictus tordit ses lèvres. Elle observait au loin la nourrice et Maëlya. Elle lui avait confié dès sa descente de cheval, détachant le tissu qui était attaché autour de son cou, douloureux depuis quelques jours à force de voyager avec le poids de l’enfant ainsi suspendu à elle. Elle n'aurait bientôt plus le temps de songer à cela, à elle, cette petite fille aux yeux si bleu qu’elle aurait pu s’y noyer. Il lui fallait trouver une solution et cela avant son arrivée au Mans. Il était hors de question de voir ces deux dernières tourner et virer au milieu du campement. Elle était allée en Provence pour retirer des enfants aux griffes d’une guerre, ce n’était pas pour recommencer sous sa responsabilité. Puis elle devait reconnaitre que les paroles que Marie Alice avait eues sur ce sujet, l’avait longuement travaillée.

Une démangeaison lui fit rouvrir la main dans laquelle elle tenait la feuille écrasée. Feuille qui avait apparemment un mécanisme de défense, puisque sa main était couverte d'une plaque rouge peu agréable. La plante devait avoir des propriétés intéressantes pour une pharmacopée... Et beaucoup moins pour sa peau. Ewaele poussa un soupir et ferma les yeux, dirigeant son visage vers le ciel. Ce n'était rien, il y avait bien pire à supporter.

Le voyage avait été très silencieux mais cela ne l’avait guère dérangé. Elle avait du mal à tolérer les paroles incessantes d'une futilité parfois affligeante... Et elle n’aurait su dire combien de fois ce fut le cas depuis quelques mois, alors le mutisme de ses compagnons de voyage, même si ces derniers elle ne les classait pas dans cette catégorie, sauf peut être la nourrice, était pour elle reposant. Elle avait besoin de prendre un peu de recul, aussi bien mentalement que physiquement. Magnifique forêt... Splendide de fraicheur et de vie. Elle avait soudain l'impression de renaître, enfin, et de respirer... Respirer cet air pur comme s’il lui avait manqué.... Terriblement. Toute à ses pensées, la rouquine se leva et continua d'avancer dans les bois, caressant ça et là un arbre, la mousse les recouvrant, s'amusant ici avec une tige, là avec une fleur... Observant, écoutant, sentant, s'enivrant de toutes ses sensations... Complètement absorbée par ses retrouvailles, elle n'avait pas entendu de suite un inopportun arriver. Ce ne fut que quand une branche craqua qu'elle comprit ne pas être seule et qu'elle se retourna vivement. Ewa était loin d'afficher le même sourire presque béat que la nourrice. Au contraire, tout dans son regard, sa posture et son visage indiquaient une hostilité ouverte... Ainsi peut-être qu'une certaine exaspération. Cette façon de sourire à pleines dents l'horripilait au plus haut point. Elle trouvait cela niais en fait... Ou hypocrite, à voir. Elle venait lui annoncer qu’ils allaient reprendre la route… La Comtesse la suivit bon gré, mal gré, le charme opéré par la nature venait d’être rompu.

Le Maine enfin, ils foulaient son sol. L’esprit en ébullition elle avait décidé d’installer nourrice et enfant dans une auberge, que pouvait-elle faire de mieux de toute façon? Elle aurait dû sans doute accepter la proposition des Altérac et la laisser à leur nourrice personnelle, mais quand on était têtue il fallait l’assumer… Elle observait l’attitude des habitants sur leur passage, son visage fermé, ses yeux allant de Marie à Enguerrand pour voir s’ils ressentaient la même chose qu’elle… Elle finit par accrocher l’horizon, maintenant sa nuque la plus droite possible en se disant que son calvaire prendrait fin quand elle verrait flotter enfin les étendards… Ce qui ne tarda pas et lui fit afficher un mystérieux sourire au coin des lèvres.

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Nith
[retour en arrière, courant mars 1458]

Le début du printemps annonçait toujours un renouveau, que ce soit au niveau de la végétation, des naissances, mais aussi en ce qui concernait les conflits. Car, quelle était la meilleure période pour piller et conquérir que le printemps, le moment où le monde et la vie reprenait ses droits sur l'hiver et sa glaciale morsure, paralysant les corps comme les esprits? Ce fut donc à cette période qu'à nouveau le Royaume tremblait sur ses fondations mêmes, en son coeur, car c'était le Domaine Royal qui était en danger. Une missive reçue, alors qu'il profitait enfin de quelques temps de repos en son domaine de Carentan, après quelques péripéties en terres mainoises et alençonnaises, une missive qui le mettait au courant des troubles sévissant en le Duché de Champagne. Il n'y avait pas à y réfléchir par deux fois: il ne fallait pas laisser le Domaine Royal dans l'insécurité et dans l'instabilité. Un nom crié, et l'homme ainsi appelé rappliqua rapidement dans le bureau que le Perplexe occupait.

- Riton, nous partons en campagne. Les terres champenoises nous appellent, non pas pour la douce boisson, mais pour la défense de la propriété du Roy... Prépare une escorte, ainsi que le nécessaire.

- Bien, messire. Dois-je faire parvenir une missive en la forteresse de Ryes?

- Non, ce ne sera pas nécessaire, nous partons d'abord vers la citadelle avant de nous rendre dans l'Est.


C'est ainsi qu'en à peu près deux heures, un convoi bien protégé attendait le Normand dans la Cour de son domaine: pas moins d'une douzaine de cavaliers entourait deux carioles, chargées du nécessaire à pareille campagne: tente et tout ce qui était nécessaire pour l'habillage, armes et armures, ainsi que de quoi se sustenter. Cette fois-ci, il était et serait bien préparé: fini les expéditions où il pouvait chevaucher seul pendant des lieux, partir en reconnaissance et rejoindre les différents fronts. Non, ce n'était vraiment plus de son âge... Et Riton le lui avait fait bien comprendre depuis ses dernières aventures. Le temps que lui-même se prépare, enfilant les vêtements simples et confortables pour le voyage, tous d'un azur profond, le tout recouvert de son mantel de la Licorne, et qu'il parvienne jusqu'à l'entrée de son castel, un palefrenier lui apporta son nouvel étalon, dénommé Charly, ou plus simplement Chli, un bel alezan avec des reflets cuivres, voire roses. Et maintenant en selle, vers une nouvelle mission...

[Sur les routes d'Orléans]

Cela ne faisait que quelques jours que la troupe de Licorneux avec le Grand Maistre en son sein se dirigeait toujours vers l'Est, en direction de la Champagne. Il ne s'arrêtait que rarement en ville, misant sur la rapidité et la discrétion de leur mouvement pour être le plus efficace possible, campant à même l'herbe bordant les routes. Ils étaient tous logés à la même enseigne, tout membre de la Licorne qu'ils étaient. Même si le Grand Maistre préférait bien sûr les auberges bien entretenues et les matelas de plumes bien rembourrés pour poser son séant, il avait, comme chaque Licorne, appris à vivre à la dure, avec pour toi le ciel étoilé, et pour couche la terre elle même. Bon, j'exagère à peine... Mais la vie nomade ne leur dérangeait pas plus que cela, si ce n'était bien sûr le déficit de confort, mais il s'en accomodait. Et puis, il y a un an à peine, il parcourait les routes de l'Ouest du Royaume pour rejoindre le Limousin depuis sa Normandie natale, avec bien moins de moyens qu'il n'en transportait aujourd'hui.

La nouvelle arriva alors qu'il s'approchait enfin d'une ville, provoquant surprise, voire sidération: le Comté du Maine, au sein du Domaine Royal, était tombé. Ca pour une nouvelle! Le Maine avait toujours été l'un des maillons faibles des terres du Roy, une province à surveiller et à contrôler avec la plus grande attention. Mais cette attaque contre la propriété de Sa Majesté ne pouvait pas restée impunie. Ce fut donc d'un commun accord que la troupe Licorneuse changea de destination et rebroussa chemin, direction le Maine. Chemin faisant, d'autres nouvelles leur parvirent, notamment en réponse à ses différentes missives à la forteresse de Ryes. Le Rassemblement des forces de la Licorne se ferait sur les terres de Léard.


[Domaine de Vergy, enfin...]

Les terres de Vergy commençaient à fourmiller de toute part, préparant la venue des Licorneux dans le Maine. Le Grand Maistre et toute la caravane qui voyageait avec lui pénétrèrent donc dans le domaine de Léard, prenant eux aussi leur place dans ce vaste chantier. Un regard vers un attroupement de paysans lui apprit que le jeune Fauconnier supervisait le domaine. Un salut en sa direction avant de prendre place au centre de cette construction éphémère de toiles et de bois.

La tente du Perplexe s'éleva juste à côté de la tente de commandement, spacieuse mais fonctionnelle. Riton y travailla d'arrache pied, installant les différents tapis et tentures qu'il avait apprêté à cette occasion pour rendre cet hébergement temporaire aussi confortable que possible. Au-dessus de l'édifice flottaient au vent deux bannières: l'une aux couleurs propres du Perplexe, l'autre à la Licorne cabrée, or sur azur.

Ainsi s'installa une routine quotidienne: lever aux aurores pour rejoindre le plus rapidement possible la tente de commandement. S'en suivait un défilé de missives et de coursiers, apportant avec les dernières nouvelles du jour, pratiquement heure par heure. Les tâches avaient été divisées entre les membres du Haut Conseil: Cerridween et Rhuyzar en proie à la politique mainoise, lui pour les affaires courantes de l'Ordre. Petit sourire en pensant à la Maistresse d'armes, si peu appréciatrice des méandres de la politique, devant prendre en charge le conseil comtal du Maine... Mais ils en étaient arrivés à une conclusion: Léard ne pouvait rester leur campement de base, surtout si les rumeurs de menaces qu'ils avaient entendus se révélaient juste. Ainsi débuta une nouvelle exode de Licornes, cette fois-ci en direction de Laval et Le Mans. C'était aussi l'occasion de déléguer et de tester les capacités de certains membres de la Licorne, Bess pour la frontière avec la Bretagne, Alethea pour la capitale du Comté. Mais c'était en chargeant encore et encore les jeunes recrues de tâches et de responsabilités que l'on en tirait les meilleurs résultats, et que l'on appréciait aussi la vraie valeur. L'escapade dans les terres de Vergy s'achevait donc...


Riton, commence à préparer le départ. Nous nous rendons au Mans pour nous installer dans le manoir des de Vergy. Je vais me recueillir quelques instants dans mes appartements, si l'on me cherche...

Et un Perplexe qui se morfond à nouveau, seul dans sa tente, à penser aux possibles conséquences de ses actes irréfléchis dont il avait appris la nouvelle. Comme s'il y avait besoin de cela pour que la situation ne soit pas à couteaux tirés... Au moins, au Mans, les remparts pourraient les protéger... un temps...
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Berenice_de_jeneffe
Elle était sur la route, toute la sainte journée
A la recherche d'un Perplexe, elle s'était lancée...

Il était sans doute au départ écrit que le Chevalier n'aurait point de descendance, ou alors seulement bâtarde et illégitime. Comment aurait-il pu engendrer filiation, alors qu'il errait sur les routes à répandre avec les armes qui étaient siennes, la « bonne parole chevaleresque». Une vie à ne pas rester plus de quelques jours dans un même lieu, à ne connaître que des amantes de passage sans pouvoir s'attacher vraiment, tandis qu'une officielle se retirait définitivement dans un monastère poussiéreux pour y rendre l'âme. Pas facile la vie de Chevalier, mais n'était-ce pas son choix? Puis, il y eu cette improbable rencontre qui n'aurait jamais du être, et qui finalement, avait donné le jour à une petite tête brune, il y avait cela prêt de quatorze ans. Tête à la flamboyante chevelure bouclée qui était devenue une belle tête brûlée. Comment en aurait-il pu être autrement? Le Chevalier avait abandonné le navire familial malgré lui, et son épouse avait rendu les armes avant même de les prendre. Étouffée par précepteur obsédé d'en faire une parfaite petite demoiselle de la noblesse, elle avait nourri des rêves de liberté, d'aventure et de chevalerie. Et de revanche. Car même absent, l'image du père, fier représentant de la Chevalerie, qui avait porté un éclatant collier d'or avec lequel elle avait joué alors qu'elle n'était qu'un bébé, était des plus présents. Il lui avait donné son sang et son nom. Elle devait désormais se faire un prénom, se démarquer de lui, de l'image qu'il avait laissée, de ces lourds passif et héritage qui étaient les siens, malgré elle. Elle aurait pu se laisser porter par un destin que les autres avaient déjà tracé pour elle, mais elle avait aussi reçu de ses chers géniteurs, leurs caractères bien trempés et ça, c'était vraiment pas de chance. Pour les autres, pas pour elle qui s'en accommodait plutôt bien.

Têtue comme une mule, bornée, irréfléchie... Entre autres. Mais si elle ne l'avait pas été, aurait-elle été capable de fuir le joug d'un tuteur par trop envahissant et trop vieux? Aurait-elle fait ses premiers pas vers la liberté en prenant le chemin dit des écoliers et en s'en allant à travers les routes d'un royaume qu'elle ne connaissait que très peu? Et aurait-elle osé rédiger cette lettre à l'attention de l'Ordre à l'animal cabré? Elle avait failli abandonner, les vélins s'étaient amoncelés au pied de son bureau, tous raturés, froissés, déchirés, parce que les mots qu'elle y couchait ne s'alignaient pas comme elle le désirait. Pour beaucoup, ces quelques lettres assemblées les unes aux autres auraient été sans importance, mais pour elle, ils étaient synonymes d'espoir de vivre sa vie selon ses propres choix, espoir que certains auraient qualifié d'utopie et de chimères. Mais elle y croyait dur comme fer. Klaus avait du répéter par dix fois au moins les instructions qui lui avaient été données: tirer tout droit jusqu'à Ryes et remettre à une personne de confiance – une Licorne, cela allait sans dire, la missive scellée qu'elle lui remettait; ne surtout pas s'arrêter dans les tavernes de traverse, ni à l'aller, et encore moins au retour pour la remise de la réponse éventuelle. Bref, il devait se bouger le séant illico presto afin que l'affaire soit réglée au plus vite. L'idéal étant qu'elle le fut en sa faveur, bien sûr. Si Bertille ne s'était pas fermement opposée à elle, elle l'y aurait portée elle-même, sa lettre. Au moins aurait elle pu s'assurer que le papier aurait été remis à qui de droit. Et si... Sauf que non. Et Bertille avait gagné. En même temps, il est vrai que la demoiselle s'était engagée dans des projets d'un tout autre ordre : la politique. Héritage de la folie maternel, très certainement. Elle ne savait toujours pas comment Tristan avait réussi à l'embarquer la dedans. Ça promettait d'être fun. Mais le sujet n'était pas là.

Que faisait Klaus? Depuis combien de temps était-il parti? Depuis trop de temps, c'était certain. Il avait encore du écumer toutes les auberges jonchant sa route. Connaissant son goût prononcer pour la piquette, c'était fort à prévoir. Cela n'en faisait pas un mauvais bougre, bien au contraire, mais son sens des priorités étaient à revoir et à recadrer. La jeune lionne tournait comme un félin en cage, s'occupant l'esprit comme elle le pouvait pour oublier l'attente jugée trop longue. Et le soir venu, allongée dans sa chambre, elle passait son temps à lustrer l'épée de son père. La légende voulait qu'elle avait été retrouvée là où il avait été enlevé. Foutaises. Il n'avait pas été enlevé. Il avait fui, et personne ne savait ou, comme un lâche. Il avait laissé son arme, symbolisant la Chevalerie dans tout son honneur, l'abandonnant, comme il avait abandonné tout le reste. Pleutre, comme tous les autres. Sentiments contradictoires balançant entre admiration et mépris profond. Elle avait beau être sa fille, elle n'était pas fière de l'être. Elle aurait du, pourtant, tant la renommée de son illustre père était grande et tant les éloges sur lui pleuvaient à grosses gouttes. N'était-elle pas normale? Mais qu'est-ce que la normalité dans ce bas monde peuplé de fous. Vaste question de philosophie. De toute façon, elle n'en avait cure. Elle n'aimait pas son père, ainsi l'avait elle décidé. D'ailleurs il mourrait le cœur mordu par sa propre épée s'il venait à reparaitre un jour. S'il reparaissait, bien sur; il est bien connu que les lâches ne reviennent jamais sur leurs pas. Mais l'épée n'aurait pas pu être plus étincelante qu'elle ne l'était déjà.
Que faisait Klaus? Maudit soit-il, lui aussi. Tous des bons à rien, elle aurait mieux fait d'aller elle-même. Qui a dit qu'il fallait déléguer déjà? Il y a des fois ou il vaut mieux s'abstenir. Elle regardait les jours s'écouler dans une lenteur horripilante, déclenchant l'amusement silencieux de sa garce de camériste. Elle aussi, elle en tenait une sacrée couche, mais elle avait besoin d'elle et c'était un problème auquel elle n'avait pas encore trouvé de solution satisfaisante.
Et si la réponse était négative? Après tout, son enseignement n'avait jamais abordé les armes. Tout était de la faute de ce vieux grincheux, persuadée que la gente féminine devait se contenter de savoir broder. Et de se taire, bien entendu.


….

- M'amzelle Bérénice, j'ai une lettre pour vous.
Klaus n'avait pas encore franchi le seuil de la porte -dégoulinant de pluie il n'avait pas intérêt à faire un pas de plus, que la demoiselle s'était levée d'un bon de son siège, manquant de peu de jeter le livre qu'elle tentait de lire, dans le feu crépitant.
- Alors? Tu attends le déluge pour me la donner? . La main tendue, exigente, tremblait malgré tout imperceptiblement. Quelle serait la réponse? Si le courrier venait, cela allait de soi, de Ryes. Mais il ne pouvait en être autrement, l'homme ayant eu ordre et mission de s'y rendre des jours plus tôt. Celui-ci s'exécuta d'ailleurs, ce qui valait très certainement mieux pour sa masculine condition. Espoir. Appréhension. Tout tenait pour elle dans ce morceau de papier encore scellé, qu'elle sera contre elle, comme un enfant serrerait contre lui un jouet ayant valeur de trésor inestimable. Sans un remerciement, ni un regard, elle se précipita pour s'enfermer dans sa chambre; comportement enfant s'il en est, mais qu'était-elle? Pas une femme, pas encore et à peine en train de devenir une jeune fille.
Elle avait juste à faire sauter la cire rouge ou brillait l'emblème, reconnaissable, de l'Ordre. Comme ce geste semblait si difficile à accomplir, alors qu'à la base il ne demandait qu'un simple coup d'ongle. Pourvu que... Dans un bruissement léger, elle finit par dérouler le précieux courrier et s'emplit les poumons à outrance, comme pour s'armer de courage.

Lire et relire et encore relire pour s'assurer des mots qui lui étaient adressés. Se pouvait-il que...? C'est bien ce qui était écrit. La réponse était positive. Soulagement, c'était là le premier pas pour espérer son rêve le plus cher : devenir chevalier, comme cet homme qu'elle reniait. Père, crois-tu que j'y arriverais? Elle aurait du apprendre auprès de lui. C'est auprès d'un autre qu'elle suivra son enseignement, après d'un Grand Licorneux Perplexe, certes en tant qu'écuyer personnel, mais c'était une opportunité non négligeable. Le début de tout. Mais la question était : c'est bien beau d'avoir un joli courrier, que fallait-il faire maintenant? Répondre sans doute, ça serait... une bonne chose. Se présenter, aussi. Mais pour se faire, rien de tel qu'un entretien, qu'une rencontre. Mais ce n'était surement pas en claquant des doigts ou en frottant une lampe à huile, qu'elle se réaliserait. Et le courrier de réponse s'était bien, mais encore fallait-il savoir ou le Chevalier se trouvait. Mais ça, ça allait être le boulot de Klaus, n'est-il pas? Etape 1 on écrit. Etape 2 on envoie Klaus à la pêche. Etape 3, on avise
.

Citation:
A Sa Grâce Nith le Perplexe,
Chevalier et Grand Maistre de l'Ordre Royal de la Licorne,
Timides salutations,

J'ai reçu ce jour, missive en provenance de Ryes, me donnant réponse positive à ma demande de rejoindre votre Ordre, en tant qu'écuyer personnel, mon âge ne me permettant pas encore de prétendre à la place d'écuyer de l'Ordre.

C'est avec joie que j'ai pris connaissance de cette décision. C'est également avec une grande appréhension que j'ai appris que j'allais vous être attachée en tant qu'écuyer personnel. J'ai donc décidé ce jour de prendre la plume pour vous faire part de mon humble honneur que d'occuper cette place et j'espère en être digne.

Comme les écrits ne permettent pas de réelles présentations transparentes, je requiers auprès de vous, un entretien. Je me trouve actuellement en Maine, à Mayenne, et vais prendre la route du Mans d'ici quelques jours. J'ai entendu dire, suite aux troubles ayant agité la Province, qu'auraient été mis en place certains campements de l'Ordre. Aussi, j'ose m'aventurer à vous demander où je pourrais vous retrouver. Quelle que sera votre réponse, je vous assure de venir à votre rencontre le plus promptement qu'il me sera permi.

Recevez mes respectueuses salutations,

Bérénice Elisae Albane de Jeneffe


Instructions données et de nouveau répétées avec la question «et je le trouve où?» et la réponse « je n'en sais rien. Mais à mon avis il est pas dans le cul de Chli. Alors cherche. Tu viendras me retrouver au Mans, lorsque tu auras eu sa réponse.»

Et bientôt sur vos écrans « le Perplexe et la Lionne »

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Mariealice
[Au pied du Mans - campement]

Les étendards avaient servi de point de ralliement, les yeux braqués dessus comme pour être certaine de ne pas les rater, ne pas les dépasser. Le même léger vent qui les faisait claquer s'amusait dans sa cape et rabattait de longues mèches brunes où commençaient à apparaitre quelques lignes blanches ici et là. Elle se sentait fatiguée d'ailleurs et avait hâte d'enfin s'arrêter. Se poser quelques heures. Ensuite, il faudrait voir ce qu'il y avait à faire. Déjà donner le ravitaillement qu'ils avaient transporté jusqu'ici ainsi que l'argent. Une partie du trésor licorneux, disséminé ici et là, parmi certains membres, dons de quelqu'uns d'entre eux, notamment de feu Totox.

Les palissades franchies, elle se laissa glisser à terre dans un long soupir et s'étira, cherchant du regard quelqu'un. Un homme d'armes fut ainsi alpagué, les vivres lui furent confiés et elle se dirigea vers la tente dont on lui avait indiqué qu'elle était celle d'Alethea. Ewaele et Enguerrand feraient comme ils le souhaitaient, elle voulait juste savoir où s'installer, les ordres du jour et ensuite s'allonger et sombrer dans un sommeil réparateur et oublieux. Demain il y aurait à faire, demain....

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Ewaele
[Le campement]

Installé à l’extérieur de la ville, on pouvait voir l’oriflamme de la Licorne battre au dessus des palissades. Un fossé avait été creusé tout autour afin de protéger ceux qui avaient élu domicile à cet endroit, une mini forteresse, un petit village à l’extérieur de la ville du Mans. Devant l’entrée principale des gardes étaient en faction. Ils arrivèrent doucement mais surement. La rousse posa pied à terre et suivit le mouvement du groupe après avoir confié le bébé à la nourrice et lui avoir donné des consignes ainsi qu’une bourse de cuir pour qu’elle s’installe dans une auberge décente avec Maëlya. Elle lui avait demandé de lui faire porter une missive au plus vite pour l’informer du lieu exact où elles se trouvaient, qu’elle ne tourne pas en rond dans les rues de la capitale pour les trouver le moment venu. Marie prit les devants, l’air lasse, Ewa laissa faire, attendant patiemment de voir comment tout cela était organisé, scrutant ce qu’elle voyait autour d’elle.

Deux grandes tentes étaient levées non loin avec apparemment les montures, à côté devait se trouver celle des palefreniers. Tournant son regard un peu plus sur le côté elle découvrit moult artisans : fabricants de carreaux, réparateurs d'armure, d'armes, maréchaux-ferrants. Puis d’autres toiles levées implantées avec une tente au centre et d’autres qui les entouraient. Sans doute le responsable de chaque groupe et les hommes en faisant partis tout autour. Une organisation simple mais structurée. Elle devrait sans doute alors attendre les consignes pour savoir où s’installer.

Voilà, elle irait rejoindre le groupe d’Alethea en compagnie de Marie et Enguerrand. Il était temps de prendre ses marques, ses repères, de s’installer un minimum et de laisser son cheval afin qu’il soit soigné et pansé correctement. Récupérer sa malle et le peu de choses qu’elle faisait suivre lors de son errance et découvrir son ‘chez elle’. Lieu commun, rien de superficiel, une tente… Elle prendrait le temps plus tard de rendre cet endroit plus convivial, moins austère, moins froid, plus elle. Pour l’heure elle aurait bien prit un peu de repos, mais cela devrait attendre aussi. On ne pouvait décemment pas débarquer ainsi et ne pas s’inquiéter d’un minimum de choses. Perfectionniste ou curieuse? Soif de savoir ou simple investissement logique quand on arrivait dans une mission? Chacun sa façon de percevoir, voir, ou faire les choses. Elle alla s’enquérir de ce qu’on voudrait bien lui dire : tours de garde, ravitaillement, personnes déjà présentes, ce qu’elle pouvait apporter de plus que son épée et sa présence les jours de repos… Bref la vie en somme.


[Les jours passaient et ne se ressemblaient pas…]

Ewaële se faisait très doucement à ce nouvel endroit. Une petite semaine qu’elle était ici déjà et elle n’avait pas tellement pu prendre du temps pour elle autrement que pour se reposer et récupérer les forces que les différentes chevauchées avaient épuisées. Elle essayait de passer aussi souvent que possible voir la fille de sa vassale, de passer un peu de temps avec, mais un bébé dormait beaucoup et le rythme de la Comtesse n’était pas toujours adapter à celui de l’enfant. Le soir, de temps à autres, elle passait en taverne, discuter avec Marie ou les villageois, essayait de se noyer dans la masse ou faire plus amples connaissances avec l’autochtone. Elle n’avait pas plus de nouvelles que cela de la Provence, ni sa vassale, ni le Connétable de France ne prenaient le temps de donner signe de vie. Devait-elle s’en inquiéter? Après tout, les pigeons n’arrivaient peut-être pas jusqu'à elle, ou alors les choses tournaient mal, mais qu’aurait-elle put faire là où elle se trouvait? Elle préférait ne pas y penser et continuer de vivre aussi normalement que possible. Lors d’une soirée, elle fit une belle rencontre et en garda un souvenir inaltérable, de ce moment se mit en place un échange épistolaire, après tout écrire elle savait faire et cela lui donnait l’impression d’exister un peu différemment.

Après une longue journée de garde, un raclement de gorge se fit entendre derrière les pans de sa tente, elle avait tout juste eu le temps de passer son visage sous l’eau, elle se dépêcha d’aller s’enquérir de ce qu’il se passait. Un garde la prévenait qu’une femme l’attendait à l’entrée du campement et que cela avait l’air d’urger. La rouquine ne prit pas le temps de se changer, attrapa sa besace y glissa un bustier propre et deux trois bricoles personnelles et suivit l’homme. C’était la patronne de l’auberge qui venait la prévenir que la nourrice la faisait demander. Rapidement, elle la suivit sans échanger un mot… Elle grimpa les escaliers trois par trois et rentra dans la chambre sans frapper à la porte, jeta ses affaires sur le lit et se rendit auprès du nourrisson. Apparemment la petite souffrait, elle se tortillait en geignant, ses jambes bougeaient en suivant le rythme des contractions que son estomac lui faisait endurer… La rousse se sentait plus démunie qu’autre chose, vu ses connaissances en bambin, en bébé, ‘fin en tout ce qui concernait les enfants en fait. Elle alla voir Marie pour des conseils, son amie saurait la rassurer et lui dire quoi faire… Masser le ventre et lui tenir au chaud. Savoir ce que la nourrice avait pu manger et qui aurait pu passer dans le lait… Et patienter pour voir, voilà les conseils de la brune à la rousse. La nuit fut longue, elle reprit la route du campement alors que l’aube se levait à peine sans avoir pu se reposer. Mais la petite allait mieux et cela était le principal.

Sur le chemin, juste à la sortie de la ville, elle fut rattrapée par un jeune homme qui l’apostropha sur le lieu où se trouvait les licorneux, son visage s'était crispée un instant et elle avait scruté les traits de son vis-à-vis. Il avait une missive à remettre à un de leur membre. Elle se proposa de le conduire jusqu'à l’entrée… Mais quant elle entendit le nom de la personne qu’il cherchait elle s’arrêta nette alors qu’elle venait de franchir de quelques pas le poste de garde. Elle se tourna vivement et alors que les deux hommes en factions la regardaient interloqués elle balbutia que c’était elle, Ewaële de la Boesnière… Elle prit le parchemin pas très sure d’elle et remercia le jeune homme… Quelque chose la mettait mal à l’aise, mais elle ne savait pas quoi… Elle avança tout en tournant le rouleau entre ses mains puis essaya de déchiffrer le scel, elle ne le connaissait pas. Son cœur se mit à s’accélérer dans sa poitrine, ses mains à trembler, elle attrapa pourtant la dague dans sa cuissarde dextre et fit sauter la cire. Ewa continuait péniblement à avancer vers sa tente, ses pas étaient lourds, comme si une chape de plomb voulait la retenir là où elle se trouvait. Elle était rendu au niveau des tentes qui formait le groupe d’Alethéa, celle de Marie en face d’elle, quand ses yeux s’arrêtèrent sur ce que les mots lui annonçaient… Elle tomba à genoux, lâchant le vélin qui vola un peu plus loin, ses yeux se gorgèrent d’eau, et un cri retentit malgré elle de sa gorge…


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