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[RP] L'Auberge des Cinq Sens

Rodrielle
Et elle pendant s’temps là elle analysait la situation. Trop de monde d’un coup, pour sur, mais aucune des personnes présentes ne semblait être un monstre avide de sang… Du moins d’apparence.
Les inconnus se présentèrent avec calme et sociabilité, à la grande joie de l’Ombre qui savait à présent à quoi s’en tenir. Sauf avec la brune bien sur elle qui ne donna pas son nom et se prenait déjà pour la maîtresse des lieux. Haussement d’un sourcil expressif à son accueil : être gentil c’était bien, mais elle sentait quelque chose « en trop ». Bref, une fois les présentations faites, Rodrielle se redressa et sourit à tous ne manquant pas les quelques signes voulus discrets de la part du Josh pour sa blonde et de la brune à la gamine. Des liens semblaient vouloir se tisser, d’autres se renforcer et la donzelle en fut ravie ! Après tout l’auberge était bien plus que le QG du Cartel : un lieu de rencontres, de convivialité et de plaisirs…

« Vous pourriez p'têtre m'servir une binouze avec un soupçon de scotch à la gueuse que je suis? »
« J’ai rien contre un verre cela dis… en très charmante compagnie… »
« Servez nous donc un nectar délicieux, que je puisse vous souhaitez comme il se doit votre venue dans notre quartier. »

Voilà que les demandes étaient faites ! Rodrielle sortit alors de ses pensées et servit en premier lieu Agnia qu’elle appréciait déjà. La donzelle aimait les femmes simples et joyeuses, souvenirs de sa propre jeunesse passée où elle prenait tout à la légère. Puis, dans la foulée, elle servit un verre d’hypocras à tout le monde, jugeant l’alcool adéquat pour ce genre de moment, et apporta leur verre à ses clients et probablement futurs connaissances.

Voilà pour vous m’sieur-dame ! Le meilleur hypocras de la Cour est entre vos mains, alors fêtons dignement notre rencontre, notre arrivée et attendons Kalen de la meilleure façon qu’il se doit !

Après avoir levé son verre pour trinquer et l’avoir porté à ses fines lèvres, Rodrielle allait engager la conversation lorsque la porte s’ouvrit à la volée laissant entrer un homme encapuchonné qui, sans présentation aucune, grimpa à toute vitesse les marches de l’auberge, ne laissant comme précision à la petite troupe un "Bonjour à tous.... Bougez pas, j'ai une raclure à terminer de buter....". Quoi ? S’qui lui ? Rodrielle le regarda monter dans les chambres de son auberge, incrédule, avant de reprendre conscience et de lui courir après, invitant les autres à faire de même ou à l’attendre...

Hého !! S’quoi ces manières ? Bon sang mais vous vous croyez tout permis vous ?!

Oui oui, ce n’est pas une façon de parler au chef ! Mais le fait est qu’elle ne savait pas à quoi ressemblait ce fameux Kalen. Alors, arrivée dans la chambre où le sieur se trouvait, Rodrielle commençait à l’attraper par l’épaule lorsqu’elle vit une femme, allongée par terre et très mal en point…

Eyh, c’est quoi cette histoire ?!

Voilà que les choses commençaient à merveille ! L’auberge n’avait même pas trois jours qu’un cadavre ruinait déjà le plancher d’une des chambres… Rodrielle n’avait pas fini de râler !

_________________
Agnia
Voilà, à peine arrivée et déjà le bordel... La brunette était allé se caler entre ses deux amies, une Cerdanne toujours aussi fidèle et une Brigide qu'elle connaissait depuis peu, certes, mais qu'elle n'en appréciait pas moins.

Un peu d'hypo dans le gosier et déjà la brune se détendait. Faisant claquer sa langue, elle profitait d'un peu de répit après ces longues journées de marche, et retrouver Cerdanne ne lui déplaisait pas au contraire. Les deux chieuses s'entendaient fort bien et retrouvaient un écho à leur chieusitude l'une chez l'autre. Un délice.

Claquement de porte bruyant, un homme qui traverse la pièce en trombe sans qu'on puisse savoir qui c'était. La patronne qui a l'air furieux et, en un rien de temps, un merveilleux bordel s'installe dans le QG des Cinq Sens, le bien nommé.

Agnia ébahie, n'avait pas la moindre envie de bouger de son strapontin. Elle laissa donc Rodrielle brasser de l'air et nonchalamment se tourna vers sa cothurne.


Hé bé, Cerdy... C'est un moulin ici, un moulin à vent même! Tsss et Kalen qui se fait désirer! Il a toujours très bien su faire ça...

Sourire mutin du bout des lèvres, la petite brune fit un clin d'oeil à son amie en se demandant ce qui pouvait bien se passer là-haut avec tout ce remue-ménage.

La curiosité est un vilain défaut ou la première des vertus. Faisant une moue boudeuse, un peu lasse, elle croisa ses jambes et sirota gouluement son hypocras en se demandant si Rodrielle allait foutre l'intrus par la fenêtre, ou lui décocher un coup de dague dans le ventre, ou tout simplement le neutraliser par une prise puissante et violente qui le clouerait au sol pour un p'tit moment.
Brigide
Elle observait plus ou moins tout le monde, se demandant bien le pourquoi de cette attente. Elle zieuta Cerdanne et regarda sa nonchalance près de la gosse. Comment pouvait-elle être aussi désinvolte ? C'était bien un trait de caractère chez elle qui l'étonnerait toujours autant. Elle se sentait bien partout cette chipie ... Elle part contre, était un peu tendu. Il régnait ici une ambiance fort étrange. Petit mélange de séduction entre certains protagonistes et la méfiance pour d'autres ...

Bienvenue à vous et bonne installation parmi nous. Servez nous donc un nectar délicieux, que je puisse vous souhaitez comme il se doit votre venue dans notre quartier.

La brune au parfum enivrant parla. Tiens donc, c'était une "voisine" ... Elle la salua d'un signe de tête sans pour autant ouvrir la bouche et se présenter. Toujours appuyé contre le comptoir, les bras croisés ...

Je me prénomme Joshua. Je suis ici pour voir Kalen, sous son invitation donc j'imagine qu'il daignera se présenter sous peu....
J'ai rien contre un verre cela dis ... en très charmante compagnie...


Sourcil lever et jade tourné vers le dénommer Joshua. Il regardait qui comme ça celui-là ? Non elle ne se trompait pas, ce sourire ... Charmeur à en faire tomber plus d'une ... Etait pour elle ? ... Bin voyons, il la prenait pour une poule où quoi ? Secouant la tête et se décollant du comptoir elle regarda Rodrielle qui commençait à servir tout le monde. Elle sourit à Agnia qui demandait son mélange spécial et Rod qui servait de ... L'hypocras ?!! ... Na mais ... Rod, sacrilège ...

Voilà pour vous m'sieur-dame ! Le meilleur hypocras de la Cour est entre vos mains, alors fêtons dignement notre rencontre, notre arrivée et attendons Kalen de la meilleure façon qu'il se doit !

Soupir d'agacement autant pour le sourire "mielleux" de Joshua ... Qui pourtant ... Humm ... Non tsss ... Que pour l'hypocras de Rodrielle. Faisant le tour du comptoir, elle farfouilla dessous pour voir si elle trouvait ce qu'elle cherchait ... Si Rod n'avait pas cela en cave, ça allait cuir pour son matricule ... Elle pouvait au moins avoir des sirops en réserve pour son amie préférée ...

Rodrielle ?!! Où as-tu mis la bière et les sirops, moi aussi je veux mon mélange spécial .. Que personne n'aime ...

Sourire en coin en regardant Cerdanne qui savait bien de quoi elle parlait. Pourtant, pas le temps de voir la grimace de dégout de la chipie, que la porte claqua dans un bruit sourd et à en faire trembler les murs ... Juste le temps de tourner le regard sur un homme encapuchonné qu'elle eut à peine le temps de voir passer ...

"Bonjour à tous.... Bougez pas, j'ai une raclure à terminer de buter...."

Raclure ? Buter ? ... Pas le temps de réfléchir qu'elle emboîta le pas sur celui de Rod qui montait rapidement à l'étage. Quand elle arriva dans la chambre où était l'homme et son amie, elle porta son regard sur un corps étendu sur le sol. N'écoutant plus les récriminations de son amie, elle se dirigea et se baissa vers la forme étendue. La blessure était encore fraiche. Etait-ce cet homme qui avait fait cela ? Pas le temps de se poser la question.

Il fallait faire vite si elle voulait soigner cette femme. Ses prunelles se rétrécir et son regard se fit déterminé quand elle le tourna vers les deux personnes présentes ...


Rodrielle, tu régleras tes comptes avec messire plus tard. Va me chercher ma besace qui est dans le chariot s'il te plait, je vais en avoir besoin et fait moi monter de l'eau et des linges ... Viteee ...
--Sacha.
Sacha, videur de la taverne.

Sacha, en silence, s'était apaisé, et ayant enquillé rapidement sa vodka, il sentit la tornade de ses sens se dissiper. Le sang pulsa de moins en moins le long de ses tempes, et sans pour autant rabaisser sa vigilance, il s'était isolé dans un coin, toujours debout mais le fessier installé sur le bord d'une table.

Bras croisés, il jetait ses regard a chaque entrée, constatant que les personnes en présence étaient connu de la belle Rodrielle, il reconnu tout de même Josh et lui adressa un sourire silencieux. Tout se déroulait alors "normalement", si ce n'était l'afflux de gens, tout à coups, et Sacha n'avait pas été prévenu de l'imminence d'une réunion, juste que le patron allait leur dévoiler une arborescence de plans quand aux futures actions du Cartel afin d'asseoir son emprise sur quelques margoulins traficotant dans le coin, Kalen désirant un pourcentage des dividendes pour une... "protection".

Rien ne nécessita que Sacha ne s'exprime où fasse montre de sa présence, sauf ce son étrange à l'étage, comme un sac de grain jeté sur le plancher, mais il ne tint pas cas de ce bruit si léger au final. Discrètement, il vint au comptoir chercher son verre d'hypocras et adressa un lent hochement de tête signifiant sa gratitude à Rodrielle et repartit aussitôt se réinstaller sur le bord de sa table. En deux gorgées le liquide si finement parfumé fut avalé, le Russe par trop habitué à engloutir plus qu'à déguster l'éthyle au divin parfum.
Néanmoins, la porte s'ouvrant sur la silhouette encapuchonnée qu'il reconnu rien qu'à son allure, ne fut nullement pour le rassurer, le patron de sa foulée empreinte de tension nerveuse, jetant à la hâte sur une table son matériel empaqueté, n'avait pas pour habitude de sauter la phase de prestance théâtrale chère à Kalen. Et la voix émise planta le dernier clou de la certitude...

Presque d'un bond, ne impulsion pour se décoller de la table Sacha fronça ses sourcils car conscient que le patron ne plaisantait jamais quand il parlait de.... "finir de buter" quelqu'un, pour le Russe se fut l'avènement d'un muet branle-bas de combat.
Sans plus attendre il alla de lui-même derrière le comptoir à pas pressés, et se penchant il attrapa sa morgenstern sur une clayette de celui-ci.

Il n'était plus temps de la veille, mais à présent de la vigilance. Et se dirigeant vers une des fenêtres à coté de la porte d'entrée, il écarta l'étoffe la couvrant pour jeter un rapide coups d'oeil sur l'activité extérieure... aucun corps au sol... il ne comprit pas alors de quelle raclure la patron parlait...
Son instinct lui dit que la situation était sérieuse, et une seule chose a faire à présent: Cacher le matériel dissimulé dans la couverture.

Mais qu'avait-fait le patron?!


Cerdanne
Hé bé, Cerdy... C'est un moulin ici, un moulin à vent même! Tsss et Kalen qui se fait désirer! Il a toujours très bien su faire ça... .

Et Agnia de parler encore de ce Kalen comme si c’était une merveille en ce monde...
Cerdanne hocha doucement la tête et continua, imperturbable à siroter son vin.
Sa main doucement avait relâché sa pression sur le fin poignet de la gamine.
Elle ne disait plus rien, se contentant de regarder les uns et les autres. L’arrivée pour le moins fracassante d’un gars au visage dissimulé en partie lui arracha un froncement de sourcil.
Pas tant que de l’entendre saluer les gens présents ,que ses paroles au ton agressif et impatient.
Son regard resta fixé sur le tissus grossier et elle se demandait se qu’il cachait sous ces rondeurs.
Surement pas du pain croustillant.

Elle adressa un petit sourire à Agnia qui, on ne sait par quel miracle n’avait pas levé ses fesses pour se lancer à la poursuite de l’inconnu.
Que Rodrielle le fasse lui paraissait logique.
Bien moins logique que sa blonde amie la suive.
Mais une Brigide en mode « je suis une chipie curieuse mais je me soigne » ça peut pas se stopper en plein élan !

Cerdanne grimaça et leva les yeux au ciel.


Et v’là les ennuis qui se pointent…

Elle inspira profondément et se redressa sur sa chaise.
Etira ses longues jambes et se releva nonchalamment.
Elle adressa un sourire au balèze dont la lueur de chasseur dans les yeux avait fini de réveiller notre rêveuse.

Et elle arpenta la pièce pour finir par se poster non loin de l’escalier…
Si sa blonde se mettait à sonner l’hallali, il ne lui faudrait pas longtemps pour grimper les marches…


--Nine_


Cette brune aux yeux si bleus et si pénétrants, à la main chaude…

Elle la déteste !
Elle s’imagine la retenir prisonnière peut-être !…
Elle enrage...
Pire !…
Elle voudrait la voir morte, elle et tous les autres qui la regarde comme un vulgaire bout de femme pas fini.
Et Balgis qui l’ignore et qui en plus, parle, conciliante, avenante avec la tatouée et qui invite à boire tous le monde.

Ses yeux d’ordinaires toujours limpides n’en finissent plus de se tacher de sombre et si elle n’ose encore ouvrir la bouche, ce n’est que par pure stupeur.
Mais quelle idée lui était passée par la tête de rentrer là.
L’auberge des cinq sens…
Tiens l’auberge du non sens oui !
Depuis qu’elle était entrée, Nine allait de déconvenue en déconvenue...
Rien ne se passait comme cela aurait du.
Son regard se baissa sur son verre de lait toujours aussi plein...

Elle grimaça et jeta un dernier regard mauvais à sa gardienne.
Pour finir par le tourner vers l’homme qui avait l’air d’avaler les femmes à les regarder de ses yeux aussi bleus que dangereux.
En plus l’avait un joli prénom.
Le rouge lui tomba dessus tandis qu’elle se laissait aller à le regarder avec des yeux de fillette énamourée.
Son menton se baissa tout aussi vite vers son verre de lait.
Celui-ci tout à coup lui parut appétissant, une vraie bénédiction.
La môme remua doucement sur son tabouret, tachant de cacher son émoi et laissa échapper un léger soupir.
De toute façon, Elle ne la regardait pas…comme si elle n’avait jamais compté.


VLAMMMM !

L’homme entra et tous les regards suivirent la silhouette au visage dissimulé.
Le fracas de la porte, le geste impérieux et la voix étonnement calme ;
Le contraste était tel que la môme désorientée chercha le regard de sa maitresse.
Si elle avait pu penser que celle-ci avait oublié son existence, elle fut immédiatement rassurée.
Quoique !...
Le regard gris paraissait posé sur elle depuis l’éternité et le feu regagna ses joues d’enfant.
Elle avait vu ! Elle voyait toujours tout…
A nouveau la rage la saisit.
Quoi ! L’était beau ce Joshua, et puis elle n’avait pas l’air de le trouver déplaisant non plus la sorcière !…
Elle non plus l’avait pas les yeux dans ses poches.
Elle se rappelait très bien les mines de Balgis quand il l’avait …touché….
En un instant, Nine retrouva son regard limpide et serein et sourit d’un air de défi à sa maitresse.

Et là elle comprit.
Elle venait de retrouver la liberté de son bras et profitant de l’agitation qu’avait provoquée l’inconnu,
la frêle demoiselle aussi vive qu’un feu follet avait quitté sa place et déjà se tenait près de la couverture grossière jetée sur une table…

Les mains légères se posèrent et le paquet bien que fort lourd pour la gamine trouva refuge dans ses bras.

Nine , le regard toujours aussi tranquille , esquissa un petit sourire de vainqueur, puis resta hésitante.
Un pas vers sa mère, un regard vers celui qu’elle trouvait si beau...
Ou bien la brute épaisse qui avait aplati un homme comme elle, elle aplatissait les cafards…

Statue immobile, son offrande serrée contre sa frêle poitrine, la môme pesait le pour et le contre…
Le regard gris glissa sur elle une fraction de seconde et un sourire délicieusement innocent illumina son visage.
Alors tranquillement elle se dirigea vers celui qu’elle avait pour l’instant élu « l’homme le plus beau que j’ai jamais vu »...


--_balgis

Le vin était bon...Déjà çà.
Elle trempait avec gourmandise ses lèvres ourlées de carmin dans son verre et elle se régalait.
Ses yeux semblables à du métal en fusion brillaient dans la pénombre.
Malgré les regards pas vraiment aimables de la tavernière et de la blonde demoiselle, elle savourait.
Cela faisait une éternité qu’elle n’était pas sortie de son antre douillette et elle ne regrettait rien.
Il faudrait d’ailleurs qu’elle pense à remercier Nine, un jour, de sa belle initiative.
Un jour....Son regard se porta sur sa protégée et elle esquissa un léger sourire.
La damoiselle devenait belle et les signes de rébellion de plus en plus évidents.
Bientôt elle serait femme…encore deux courtes années à la protéger du monde ou le mâle est roi et ensuite…
Juste à espérer qu’elle veuille suivre la courbe que l’arc de Balgis avait esquissé pour elle...Un avenir dont elle était la flèche...
A la jeune demoiselle de trouver les vents qui lui seront favorables.

Les sangs réchauffés par le doux breuvage, elle laissait enfin la place aux pensées légères.
Installée nonchalamment contre le comptoir, elle regardait la taverne d’un œil neuf.
La tatouée avait pas trop mal réussit la refonte des lieux.
L’ensemble, était dans le fond assez harmonieux, la vision des clients bonne, quelque soit l’endroit ou l’on se trouve.
L’escalier laissait présager des chambres.
L’avait pas l’air d’une maquerelle pourtant la brunette...
Un rire léger s’échappa de ses lèvres et elle replongea celles-ci aussitôt dans le nectar…
Les épices...Elle en aurait mis un petit peu plus.
Son cœur mettait du temps à s’émouvoir sans elles...
Son regard poursuivit sa quête et elle le stoppa un moment devant la porte.
Un sourire plus fin, juste espérer que ce ne soit pas qu’un vulgaire garde manger.
Balgis adorait les bas fonds et leurs longs souterrains sans entrée, sans sortie à qui s’y risquer à l’improviste.

Coude appuyé a même le bois noirci, menton délicatement posé sur sa main, elle paraissait lointaine, comme absente.
Et elle l’était...
Le temps d’un souvenir de fuite, le temps d’une course à la vie à la mort.

La chevelure soyeuse glissa vers le visage de la rêveuse qui semblait s’éloigner de la taverne.
La caresse doucement parfumée la réveilla et elle se redressa sur son tabouret le corps frissonnant encore de la course poursuite et de ses démons.
Croisant et décroisant haut ses jambes fuselées, sans fausse pudeur, pas tout à fait revenue encore de son parcours dans les tunnels puants de la cour.

Une autre gorgée de vin parfumé et elle se rappela alors d’un détail qui l’avait frappé lors de son arrivée ici.
Un symbole…
Elle se dégagea du siège et, son verre toujours emprisonné entre ses longs doigts, sa mains libre ayant repris son jeu avec son bijou au talent mortel. Elle recula d’un pas, puis d’un autre et resta silencieuse devant la fleur de Lys..

Un courant d’air plus violent encore que les précédents l’arracha à sa contemplation silencieuse.

La porte s’ouvrit avec fracas sur une silhouette, une ombre, un homme. La voix était calme et posée ; Polie mais impérieuse. Une voix à qui l’on obéit.
Sous tension, à n’en pas douter.
Il jeta plus qu’il ne posa un objet enveloppé dans un tissus de laine et l’instant d’après disparaissait dans l’escalier.

Balgis avait sans cesse les mots qui dansaient devant elle :

"Bonjour à tous.... Bougez pas, j'ai une raclure à terminer de buter...."

Elle finit son verre et le leva devant le trou noir de l’escalier en guise de salut.
Le regard fixé sur sa Nine , elle déposa son verre sur la première table venue.
Sa main toujours aussi joueuse avec sa jolie broche, elle se déplaça vers le comptoir, observant les réactions des uns et des autres.
Sa protégée avait réussit à détacher son regard d’amoureuse transie et enfin se dirigea vers la couverture.
Elle esquissa un sourire devant la naïveté de la gamine et laissa faire…Cet objet là ne l’intéressait pas.

Par contre, brune et blonde avait déjà fait fi de la prudence et l’une, propriétaire attentive de son bien et l’autre, chatte curieuse avait déjà avalé les marches.
Elle prit le temps de soupeser le pour, le contre et s’avoua femme avant tout.
Donc curieuse…terriblement curieuse.

La geôlière de Nine était devenue garde et surveillait le bas de l’escalier. Balgis passa devant elle et lui adressa un léger sourire.
La robe crissa et s’ouvrit sur les jambes dorées.
La jeune femme arriva, visage souriant sur le palier et suivit le bruit des voix.

Rodrielle, tu régleras tes comptes avec messire plus tard.
Va me chercher ma besace qui est dans le chariot s'il te plait, je vais en avoir besoin et fait moi monter de l'eau et des linges ...
Viteee ...


Le tableau parlait de lui-même.
Le regard gris se posa sur les émeraudes de la brune et finit sa course sur celles de la Blonde.
Son visage resta de marbre tandis que sa voix chaude , doucement s’invita à la fête.


Je me nomme Balgis, Mesdames.
J’ai quelques notions en médecine, je peux peut-être vous assister dans vos soins…


Sans un regard pour la silhouette massive qui se trouvait là, elle s’avança légère et rapide.
L’instant d’après accroupie près du corps étendu, elle fixait son regard vers la blonde qui avait l’air de prendre les choses en main.
Les doigts joueurs toujours en mouvement, Balgis laissait filtrer l’éclat des pierres précieuses sur la fine aiguille.
Sage et silencieuse, elle attendait les ordres.

--Malaie


Quand tout à coup…un projectile la frappa violemment la fauchant dans son observation. Pas même le temps de porter la main à l’endroit de la douleur qui s’intensifiait et le corps tomba lourdement au sol. Déjà, elle avait perdu le contrôle de ses membres et sombrait dans un état d’entre deux mondes qui annonçait sa fin.

Elle s’était faites avoir, elle aussi comme la divine « Elle », elle avait sous estimé l’encapuchonné. Un geste brusque pour arracher ce qui dépassait de la peau avec un hurlement de bête blessée. Le trait était là dans sa main ensanglantée pour le prouver, il l’avait eu comme une débutante. Par chance, il n’avait pas touché le cou assez haut et la mort ne surviendrait pas tout de suite, il faudrait quelques minutes…une chance peut être pas finalement.
Ses forces déjà l’abandonnaient, c’est à peine si elle parvint à se traîner sur quelques mètres pour atteindre le lit et un éventuel tissu qui pourrait stopper le sang qui s’écoulait abondamment de la plaie sous ses doigts.

Tout commençait à devenir brouillé autour d’elle… tout sauf cette douleur lancinante qui lui ravageait la gorge la vidant peu à peu de toute vie. Cette même douleur qui l’entraînait vers les profondeurs noirâtres d’un enfer certain et la faisait grincer de douleur. Elle se mit à serpenter sur le plancher, chaque mouvement ponctué d’un râle dû au supplice qu’elle subissait avec une violence incontrôlée. Le sang battait fortement sous les tempes, encore un repoussé du pied pour s’approcher du lit, sans lâcher la pression de la main qui se faisait de moins en moins forte. Elle parvint à accrocher un bout de drap et à le tirer du plus fort que ses muscles qui s’engourdissaient le pouvait, plaçant un morceau sur la blessure sanguinolente.

Première initiative une fois le linge sur l’ouverture béante des chairs ravagées…prendre de quoi attaquer ou se défendre au besoin, le tissu retarderait juste l’échéance, elle allait mourir, elle le savait ! La main guerrière, s’aventura dans la botte cherchant le stylet de secours, la dague empoisonnée étant maintenant bien trop loin pour qu’elle puisse l’atteindre sans s’épuiser. Un étourdissement qui lui laissa une seule pensée : le « Maître ». Lui qu’elle idolâtrait depuis toujours, qu’elle avait juré de servir jusqu’à son dernier soupir. Soupir qui s’exhalerait bientôt d’entre les fines lèvres encore crispées de douleur…Le gourou devait au moins être fier de ses tentatives, elle voulait tout sauf déshonorer le rang qui lui était confié, tout plutôt que de le décevoir.

C’est à cet instant que la porte s’ouvrit à la volée, et dans les brumes de vie qu’il lui restait, Malaïe entrevit une silhouette encapuchonnée pénétrer dans la chambre et s’approcher dangereusement d’elle à grandes enjambées . Nul besoin de préciser, elle savait qu’elle n’avait aucune aide à attendre de la part de cette silhouette, ce ne pouvait être que « Lui » qui venait l’achever. Ainsi, elle allait savoir ce qui avait perdu la blondeur dorée et les yeux d’ébènes de sa sœur longuement pleurée, qu’avait il donc pour cela ? La haine se réveilla aussi fortement que la souffrance du cou, rappelant à son bon souvenir le passage de la pointe d’acier.

On était déjà près d’elle quand un bruit de pas précipité qu’elle sembla avoir rêvé suivit l’ombre, une voix de femme s’éleva après la silhouette, interrogative. Elle entraperçut derrière la forme, qui approchait encore, une masse sombre dans l’encadrement de la porte, les brumes la rattrapaient. Tenir le coup encore, jusqu’à ce qu’il soit au dessus d’elle, une toux rauque s’exhala de la bouche féminine devenue carmine sous le flot de sang qui s’en échappait à chaque soubresaut.
Une autre voix semblant appartenir à une dame, plus directive, demanda de quoi la soigner une demi seconde plus tard. Arrêtant pour un temps identique le cheminement de l’homme à capuche qui bien vite fut près d’elle.
Etrange que ses ennemis eux même souhaitent faire quelque chose de l’espionne qu’elle était alors même qu’Eléonore avait succombé sous l’impulsion de leur chef ! L’ombre au dessus d’elle s’était étendue autant par la faute du sang qui rougissait maintenant le linge domestique, l’affaiblissant que du fait qu’un ténébreux s’était penché sur son corps mollement disposé. Tout se mélangeait dangereusement tel un poison qui envenimait ses pensées, flouant ses sens.

Une autre quinte de toux qui atteint le visage d’un brun séduisant posé au dessus du sien, Kalen ! Ainsi loin de lui cracher sa vilenie et sa haine rageuse, c’était de son sang vipérin qu’il était éclaboussé. Tâche rougeâtres à même la peau, qu’elle souhaitait devenir brûlure acide et indélébile. La main serrant le stylet plus que de coutume à en faire presque pâlir les phalanges s’éleva à une vitesse bien plus lente qu’à l’ordinaire.
Elle avait été dressée à tuer, venimeuse femme serpente, elle n’oubliait pas son but, mais le geste fut arrêté en pleine course. Le stylet tinta lors de sa rencontre avec le sol, inanimé malgré les belliqueuses intentions.

Un dernier essai de ses mains entraînées en direction du cou masculin, mais ce ne fut que le sien qui s’orna de la trace des doigts d’une main décidé à expédier l’assassine Vipère dans l'au delà.
Ne parvenant à articuler qu’un gargouillement ensanglanté, la respiration presque courte, Malaïe réussi juste à lancer une promesse alors que la pression disparaissait de sa trachée.


BlllllBbup… Elles…, le chuintement sourd du manque d’air dû à l’obstruction du tuyau respiratoire par un caillot de sang intervint à cet instant, l’empêchant de continuer un moment, t’auront…kof kof kof. POURRITURE De ..Kof, Chien galeux ! Palpitement de cage thoracique révélant une mort approchant, lui faisant ouvrir les yeux comme une possédée et dodeliner de la tête, attrapant de sa main vengeresse le pendentif empierré de rouge.

Rien que ces mots et la fureur des yeux abyssaux qu’elle lut avec un presque plaisir signèrent une seconde fois son arrêt de mort. Le stylet promptement rattrapé traversa la peau sous le menton d’un geste vif, détruisant tout pouvant se trouver sur son passage. Les yeux bleus devinrent vitreux alors que plus rien n’animait le corps félin à peine quelques minutes auparavant. Sa dernière pensée avait été pour « Lui », elle serait pleurée par ses consœurs, regrettée à jamais, mais une prochaine « Larme de sang » allait se réveiller à sa suite…


Agnia
Accoudée au comptoir, jambes croisées, la tête dans la chope d'hypocras qui n'étanchait pas sa soif, la brune gasconne ne se doutait pas du drame qui se déroulait à l'étage. Levant un sourcil au bruit du remue-ménage qui se tramait sur les poutres craquelantes, la jeune femme fit une moue lassée. Devenait-elle faignante? L'attrait de l'alcool devenait-il plus fort que son goût du sang et de l'aventure?

Il est vrai qu'après des jours de marche, un peu de repos, ce n'était pas trop demander tout de même!! Et puis quel était cet individu qui s'était précipité sans aucune manière à l'étage? Drôle de lieu, drôles de gens. L'oeil fureteur, elle gardait dans sa ligne de mire l'étroit escalier dans lequel ils s'étaient tous, où presque, engouffrés.

Ne jamais mettre ses atouts dans la même poche. Non, ce n'était pas la faignantise qui avait poussé la brune à ne pas bouger, juste le désir qu'elle avait en permanence de ne pas suivre la masse et puis à quoi bon aller s'agglutiner là où ils étaient déjà en trop grand nombre!

Néanmoins, elle sortit sa dague dans un calme olympien et la posa à portée de sa main. Elle semblait paisible mais en une seconde le volcan pouvait se réveiller et prendre d'assaut toute menace quelconque.

Les sens en éveil, elle continua lentement à faire couler le liquide épicé dans sa gorge, décidément l'hypocras c'était une boisson de femme, ça manquait de corps! Petite pensée tendre pour son cognac adulé et pour sa douce bière mélangée à un bon Scotch bien corsé. Sur le qui-vive, elle attendait la suite des évènements.
--Kalen.
Kalen

Arrivant en haut sous les invectives de sa tavernière ne connaissant pas encore son visage, sans y prendre garde, trop concentré, Kalen se dirigea vite sur la Soeur Vipérine et se pencha doucement sur elle, son regard captant la moindre des réactions de la mourante, souillée de sang, clairement visible sur la chair de son cou, tendre zone mortelle... le trait meurtrier au sol, rougis et inerte.
Elle trépassait sous les yeux haineux de Kalen qui ne cilla même pas sous la quinte de toux l'entachant de postillon de sang, tels autant de myriades d'étoile carmine synonyme de sa victoire.

Ce fut un attroupement dans cette chambrée, et Brigide y mettant son grain, Kalen la darda d'un regard sans équivoque sur le fait qu'il valait mieux pas qu'elle ne s'approche de la mourante, puis quand Balgis elle-même s'y mit, une phrase fusa des lèvres du ténébreux:

Non mais les filles, on va pas jouer à la poupée là... personne ne la touchera à part moi!

Puis d'un geste de l'index vers le corps presque inerte:
Z'avez pas remarqué quelque chose?
Regardez sa tenue, son masque.... ça vous indique rien par hasard?


Reportant alors son attention sur la raclure se noyant dans son propre sang, il esquiva de justesse la vaine tentative de la "larme de sang" tentant mollement de le poignarder, car d'un revers violent de sa main attrapant le poignet de celle-ci, le stylet vint tomber à coté d'elle sur le plancher. Et la voila tentant encore et toujours de terminer sa mission pour assassiner Kalen dans un pitoyable essai d'étranglement, que le ténébreux détourna nettement en faisant de même, écrasant presque de ses deux mains la trachée de la Vipérine qui ne put à peine parler:


BlllllBbup… Elles… t’auront…kof kof kof. POURRITURE De ..Kof, Chien galeux !

A cela aucun mot ne sortit des lèvres de l'homme, son regard parlait pour lui. Elle lui montra son appartenance en tira le cordon où pendant le signe distinctif: une pierre rouge, c'était donc bien une larme de sang, et elle démontrait ainsi ne point craindre la mort, c'était même un honneur que de l'embrasser et le ténébreux ne voulant la contredire, bien au contraire, il fit vite, et avec détermination, sa main happant aisément le stylet au sol, sur la gauche de la tête de l'assassine à la chevelure de jais, et en un bref geste, passa l'arme de la main gauche à la droite pour sèchement venir la plonger sous le menton, traversant ainsi langue, palais, cloison nasale et cortex, en un dixième de seconde...

Seul remède adéquate pour cette crevure au sol parcouru de soubresauts, symptôme de ses méninges endommagés.
Le ténébreux se releva dans une lenteur exagérée et se tourna vers l'assemblée et se départit de sa capuche. Les dents serrées et le regard luisant en fixant sa tavernière:

Je suis Kalen...

Puis les regardant toutes a tour de rôle:
Vous vouliez vous occuper d'elle?
Maintenant elle est inoffensive...

Descendez-moi cette crevure à la cave, ouvrez la grille de fer forgé menant au sous-terrain, et planque moi ça dans les catacombes...

Mais j'crois qu'on va devoir s'causer, les filles..... trèèèès sérieusement...


Sans même attendre de réponse, il écarta de ses bras l'attroupement pour hurler par l'embrasure de la porte:

SACHA!! Personne n'entre et personne ne sort! Sauf Agnia qui part en éclaireuse!!
J'ai deux ou trois "trucs" à régler...



Brigide
Un petit attroupement s'était fait, mais son attention était fixée sur cette femme qui gisait sur le sol. Avant leurs arrivées à tous, elle avait eu le temps d'enlever le lourd carreau d'arbalète qu'elle avait reçu et qui l'avait blessé à la base du cou. Le drap du lit de la chambre avait été tiré et posé sur la plait pour endiguer le sang qui coulait abondamment. Que faire pour une blessure telle que celle-ci ? La cautérisation était de mise, mais il fallait faire vite, très vite ...

Elle entendit une voix au loin dans le couloir lui proposant de l'aide. Une certaine Balgis ... Elle allait répondre quand elle croisa le regard de l’encapuchonné qui se trouvait juste devant elle et ce regard lui donna un frisson dans le dos. Sa vois grave et profonde retenti alors dans la pièce …


Non mais les filles, on va pas jouer à la poupée là... personne ne la touchera à part moi!
Z'avez pas remarqué quelque chose?
Regardez sa tenue, son masque.... ça vous indique rien par hasard?


Elle baissa alors les yeux sur la masse étendue sur le sol. La tenue de la femme ne lui disait rien. Certes, elle cachait son visage, mais peut etre la puanteur extérieur la derangeait-elle … Le bras armé de la femme se leva lourdement en direction de l'homme et l'arme fut projetée au sol. Elle était prête à sa battre encore ... Puis quelques paroles étouffées furent prononcé ...

BlllllBbup ... Elles ... T'auront ... kof kof kof. POURRITURE De ... Kof. Chien galeux !

Paroles « Venimeuses » échangés avant que l'ombre encapuchonnée ramasse l'arme au sol pour s'en servir à son tour et l'enfoncer sous le menton de sa victime dont les yeux devinrent opaques juste sous son regard effaré de stupeur ... Il l'avait tué !! Baisser devant le corps, elle en bascula son fessier sur le sol, poussant avec ses pieds pour s'éloigner de ce monstre. Un gout amer lui envahit soudain la bouche. Une nausée venait de monter. Se relevant à toute vitesse, main devant la bouche, elle partit en courant, bousculant tous ceux qui se trouvaient devant elle et dévala les escaliers pour finir sa course dans la cuisine, derrière le comptoir, a évacuer tout ce qui était remonté ...

Elle ne le vit pas se relever lentement et elle n'entendit pas son nom et les paroles qu'il prononça par la suite dans sa descente effrénée. Pour elle cet homme était un monstre prêt à tuer de sang froid. Même à la Zoko elle n'avait jamais vu cela. Eik était-il capable de tuer de sang froid ?! Dans un état second, oui. En colère, énervé, à bout de patience et en rage, oui. Où encore quand la peur vous tiraillait le ventre, là elle comprenait. Mais pas comme ça, avec des gestes calmes et précis ... Il avait tout bonnement achevé cette femme sans lui laisser la moindre chance ...

Agenouillé au-dessus d'un seau, elle était en sueur, les yeux agrandis devant cette dure réalité ... Quand Armand lui avait ramené Cerridween, elle était en piteux état. Par la suite, elle avait appris qu'elle s'était battue avec Eikorc et que le Molosse en avait eu pour son compte lui aussi. Là c'était un combat « à la loyale » si l'on pouvait dire ainsi, tout comme le duel en Jules et Eusaias ... Mais là !! ... Cet homme était-il un monstre pour prendre une vie comme cela, d'un simple claquement de doigt ?

Serrant les mains sur le seau, elle se releva et s'aspergea le visage d'eau froide. Ceci eut pour effet de la calmer un peu. Ses pensées allaient à toutes allures ... Dans quel pétrin c'était encore fourré Rodrielle ? Il fallait qu'elle lui parle, mais avant elle allait dire deux mots à cet individu et commencer par savoir qui il était ... La moutarde lui était montée au nez et c'était d'un pas rageur qu'elle retourna dans la salle où étaient restées la moitié des personnes présentes.

Voyant sa choppe d'hypocras que lui avait servi Rod quelques instants avant, elle l'agrippa et avala le breuvage, qui lui brûla les entrailles, d'un trait. Puis s'approchant d'Agnia et de Cerdanne qui était resté près des marches du bas, elle leur dit ce qui s'était passé là-haut, toute énervé qu'elle était ...


Bon sang !! Mais qui s'est celui-là ? Le diable en personne !! Il l'a tué par tous les saints !! Il l'a tout bonnement achevé ...

Elle lança son regard couleur de Jade au-dessus de la tête de Cerdanne, fixant la descente du démon, une lueur choquée dans le tréfonds de ses iris ... Quand elle entendit de nouveau cette voix profonde elle sursauta …

SACHA!! Personne n'entre et personne ne sort!
J'ai deux ou trois "trucs" à régler...
Rodrielle
Avec une légère incompréhension dans le regard, Rodrielle restait derrière l’encapuchonné, silencieuse. Elle n’allait ni l’empêcher de s’occuper de cette intruse, ni ajouter un mot : tout allait trop vite pour cela. Lorsque Brigide arriva dans la salle à sa suite, lui demandant d’aller chercher de quoi garder en vie l’agonisante, Rod’ ne bougea pas, elle se doutait bien que l’encapuchonné allait l’en empêcher et une autre arrivée lui barra le chemin vers l’escalier : la brune de la Cour venait d’arriver, elle-même dans un calme olympien comme si elle ne faisait guère attention à l’agonisante sur le sol…
« Je me nomme Balgis, Mesdames. J’ai quelques notions en médecine, je peux peut-être vous assister dans vos soins… »

Les émeraudes de l’Ombre se figèrent sur celle-ci quelques secondes. Balgis ? Voilà un nom qui sonnait bien avec l’attitude et le physique de la demoiselle. Surement faisait-elle partie de celles qui ne se laissaient pas faire et qui aimaient posséder les choses… Simple observation de base dans une situation qui n’était pas faite pour ce genre de chose. Alors d’un ton mielleux, Rodrielle lui répondit :

C’est gentil de vous présenter mam’zelle ! Ce n’est peut être pas le bon moment, mais bon… Pour l’aide je pense que ca…

« Non mais les filles, on va pas jouer à la poupée là... personne ne la touchera à part moi! Z'avez pas remarqué quelque chose? Regardez sa tenue, son masque.... ça vous indique rien par hasard? »

Voilà qui était fait. Ce ton autoritaire, cette implication, Rodrielle commençait à se douter de l’identité de l‘encapuchonné et zieuta la presque-morte sur le parquet. Non, ca ne lui indiquait rien à l’Ombre qui avait passé le plus clair de son temps entre une forteresse zokoïste et les routes depuis quelques mois déjà. De plus, connaître toutes les organisations du royaume ne l’intéressait le moins du monde ; pas qu’ça à faire non plus ! Alors elle regarda attentivement l’homme agir avec précision, un coin de ses lèvres rehaussé en un petit sourire mesquin. Savait y faire celui-ci, un professionnel d’une grande classe c’était certain. Mais son observation fut interrompue par la course folle de Brigide pour sortir de la chambre avec un haut-le-cœur… Et oui… sa blonde n’était pas du genre à apprécier un tel acte, elle était trop douce et sage pour cela.

A la suite se redressa l’encapuchonné qui se présenta enfin. Rodrielle avait eu raison et inclina légèrement la tête. Il était temps…

Enfin ! C’est pas qu’on vous attendez mais l’impatience commençait à monter de notre coté. Moi c’est Rodrielle, je suis là pour vous abriter et vous donner un petit coup de main… Mais pas là pour les sales besognes non plus.

Cette dernière phrase était pour la demande du chef. Descendre un cadavre n’était pas son ‘job’ non mais ! Alors la donzelle se contenta de déposer une couverture sur le corps de la défunte et d’ouvrir en grand la fenêtre en maugréant silencieusement… Puis, après SA tâche de tenancière, Rodrielle soupira et invita Balgis à redescendre à la suite du chef au moment même où Brigide parlait à Cerdanne et Agnia.

Je ne sais pas si c’est le Diable, Bri, mais en tout cas c’est Kalen, le chef en personne !

Petit clin d’œil pour sa grande amie qu’elle alla rejoindre avant de lui déposer une main délicate dans le dos pour vérifier qu’elle allait mieux. Puis Rodrielle se tourna vers Sacha quelques secondes et lui demanda de descendre le corps dans les catacombes rapidement… Après tout, c’était lui les muscles du groupe, non ? D’ailleurs, se tournant vers le chef, Rodrielle indiqua l’étage d’un signe de tête.

Bon alors, qu’on cause un peu… C’était qui, elle ?

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--_balgis

Curiosité quand tu nous tiens...
Trop tard de toute façon pour faire machine arrière et si Balgis avait l’espace d’un instant tentait de paraître aimable,
elle le regrettait amèrement.
Le vin, pourtant fort peu épicé lui avait-il joué des tours ?
, ou bien, comme ce plaisait à lui dire son ami et maître :
« incline toi devant ton destin, ma fille, adapte toi et avance ».


Non mais les filles, on va pas jouer à la poupée là... personne ne la touchera à part moi!

Elle avait admiré sans rien dire la technique de l’homme.
Bien qu’elle eut plutôt optée pour une dernière caresse discrète.
Apparemment, le tueur ne faisait pas dans la dentelle ou tout simplement sa colère avait pris le pas.
La bonne humeur, elle, avait tout bonnement quitté le regard gris de la jeune femme et les phrases volontairement agressives et autoritaires qu’il leur avait craché à la figure avait hérissé au plus profond Balgis.

Elle regarda d’un œil presque amusé la jeune femme blonde qui virait au gris et qui retenant un hoquet s’enfuit précipitamment de la chambre.
Bien plus posée fut la réaction de la brune tatouée et Balgis eut pour elle un regard presque complice.
Une habituée de la violence et des règlements de compte.
Pas le genre à qui on la raconte.
Au moins avec elle les choses seraient toujours claires.


Je suis Kalen...
Mais j'crois qu'on va devoir s'causer, les filles..... trèèèès sérieusement...


Malgré la voix grave, malgré le ton impérieux qui ne tolère aucune désobéissance,
elle resta en arrière, approuvant Rodrielle d’un léger hochement de tête lorsqu’elle refusa de s’occuper du corps étendu à terre.

Machinalement, elle posa sa botte sur le corps flasque et le bouscula.
Puis d’un geste vif se baissa vers le cadavre et d’une main sure arracha le cordon et sa larme de sang.
Ses doigts fins jouèrent un instant avec et se refermèrent sur elle.
Un sourire amusée sur les lèvres, elle plongea son regard dans celui du chef toujours aussi furieux.
Ainsi voilà celui que tout le monde ici semblait attendre ici.
Elle l’observa minutieusement pendant les quelques minutes qui suivirent.
L’homme avait la haine au bord des yeux et un frisson parcouru le dos de la jeune femme.
Elle connaissait bien ce regard et il y avait bien longtemps qu’elle n’en avait pas croisé un d’aussi tangible.
Elle baissa le sien, troublée plus qu’elle ne l’aurait cru.
Se donnant le temps de réfléchir à sa présence ici et à l’intérêt qu’elle pourrait y trouver.
Hormis le défi de s’en faire un client, voir un allié, elle trouvait leur voisinage bien trop proche de son antre pour les ignorer.
Mais elle voyait aussi au-delà de la simple relation commerciale.
Balgis connaissait ses travers et le regard de ce diable d’homme agissait comme un miroir, la renvoyant à ses propres pulsions de haine et de mort.

Parcourue de frissons, elle n’en souleva pas moins sa chevelure et l’emprisonna dans sa broche.
Son rôle premier suffisait, le bijou tuerait un autre jour.
Réchauffée par ses doigts, la larme de sang accrochée à sa main brillait doucement et Balgis se laissa guider vers la salle.

L’air toujours aussi impassible, elle reprit sa place au comptoir, attrapant son verre au passage.
Hissée sur un tabouret, sans un regard pour personne, elle porta le verre à ses lèvres d’un geste machinal, et humant les effluves d’épices retrouva sa mine de chatte gourmande et curieuse.


Damekay
Elle avait passé des heures sur ce toit … sur d’autres également, à épier les allers et venues plus ou moins intéressantes … Malheureusement le Démon semblait s’être évaporé, normal en principe sauf que là … la petite sorcière devrait pouvoir le localiser, ce qui vraisemblablement n’était pas le cas et elle ne parvenait à en connaitre la cause !

C’est en pestant, plus ou moins à voix basse, qu’elle avait alors quitté l’endroit, retrouvant la terre ferme sous la pointe de ses bottes … agile, féline et silencieuse elle déambula un moment dans les rues et ruelles sombres, scrutant ça et là, humant de temps à autre … mais rien à part la puanteur ne lui parvenait !


Bon sang Surt où te caches tu ?!

Les mains enfuies dans les poches de ses braies, elle laissa le bout de ses doigts effleurer la griffe qui s’y trouvait … l’envie de la lui faire glisser dans le cou, non seulement pour s’abreuver de lui mais pour lui ôter cet air arrogant de la face était plus que présente mais … ouais y’a souvent un mais et celui ci est de taille … la Fleur Noire sait que tout ce qui touche Surt touche également une autre part de lui et là … Les doigts de la belle se resserre légèrement sur la griffe … là, elle sait qu’elle ne pourrait faire de mal à cette part de lui …

Détour d’une ruelle, se demandant si le Démon aurait autant de scrupules qu’elle, connaissant déjà la réponse à cette question silencieuse, ses prunelles se lèvent lentement vers une enseigne qui lui fait froncer les sourcils … « Les cinq sens » … ce nom ne lui est pas totalement inconnu, même si elle ne parvient à se rappeler le où, le qui et le quoi … juste une sensation de déjà vu …

Des voix lui parviennent de l’intérieur alors qu’elle pose la main sur la poignée de la porte … un petit grognement s’échappe de ses lèvres, doucement elle retire ses doigts, laissant sa main se poser sur le mur … l’une des voix à attirer son attention … la petite fenêtre à côté de la porte, elle se laisse glisser tout à côté, espérant jeter un regard et … impossible de voir quoique ce soit là dedans ! … pourtant cette voix féminine ne lui est pas inconnue et … elle ferme les yeux l’espace d’un instant …

L’une des pièces de domaine du Baron, lui … une femme … l’intrusion de la petite sorcière …
Un fin sourire se dessine alors sur ses lèvres gourmandes … Rodrielle ! … apparemment la jeune femme ne s’était pas trompée sur elle et même si la petite séance de torture assez spéciale qu’elle lui avait alors infligée n’avait rien donné, elle savait qu’elle ne s’était pas trompée sur cette donzelle !

Nonchalamment, elle se détourne, ses doigts effleurant le bois de la porte alors qu’elle passe à nouveau devant … curieuse la petite sorcière ? … sans doute … puis elle a tout son temps non ? Surt pensera certainement pas qu’elle puisse rester à découvert alors qu’il est dans les parages …
Ses doigts quitte la porte, glissant sur la surface rugueuse du mur … prenant appui de son épaule à l’angle de celui-ci … une main qu’elle passe dans ses longues boucles brunes avant de venir prendre le lien de sa chemise et de l’enrouler très très lentement autour de son doigt … un petit soupir … attendre un peu et voir, qui sait …
Agnia
["Un vent de Sibérie souffle sur la Bohême"]

Extirpée de sa chope vénérée, la gasconne releva le bout de son nez en entendant la voix de Kalen. Diantre! l'encapuchonné rapide comme l'éclair, c'était donc lui? C'était Kal!! D'un bond, elle fut sur ses jambes, tandis que sa tête en ébullition se rappelait des dérouillées qu'ils avaient pris ensemble et de leurs bonnes vieilles cuites aussi!!

Elle se jeta sur le videur, l'air courroucé et inquiète, lui lançant un regard inquisiteur. Ce n'était plus l'heure des politesses.


Kalen m'a l'air d'avoir des problèmes. Je file dans la rue faire le guet.

Il était inutile d'en dire plus. Agnia l'avait observé, elle connaissait un peu ce genre d'homme. Ce type aux gros bras comprendrait.

Elle attrapa sa dague qu'elle remit à sa ceinture et regarda à nouveau le russekov.


Préviens Kalen et remets lui ça de la part d'Agnia.

Elle tendit alors une petite médaille à Sacha, sur laquelle en tout petit était inscrit de façon assez grossière: "Semper fidelis"

Tournant les talons, elle ouvrit la porte et la fit claquer lestement, l'oeil veilleur et la main agile.
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