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Scènes de sévices spéciaux salle Saint Pouyss des insanes

Bulle
[Gloups... BURP !]

Un très bon aliment, le savon. Il faudrait qu'elle le retienne, ça. Un goût délicatement floral, un brin piquant, facile à avaler, même pas besoin de mâcher...
De la haute gastronomie, assurément.


Ben sûr' qu'c'bon ! Répondit-elle avec un léger glouglou savonneux au fond de la voix.

Marrant comme l'infirmière avait l'air fatiguée. Bulle haussa les épaules. Pas grave.
Elle loucha vers le fond du bassin pour trouver les caramels naufragés, afin de terminer son repas par un dessert, mais l'eau trop sombre l'empêchait de bien voir.
Et puis hors de question d'y mettre la tête ! C'était de l'eau, après tout !

La gueuse sortit du bassin à quatre pattes et s'ébroua.


'Pas aut'chose à manger ? S'enquit-elle.
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Margot.de.valois
Margot regarda étonnée la jeune femme, quelle résistance, enfin elle allait tout de même surement être malade d'ici une heure ou deux, indigestion oblige...

Quand le sujet de la nourriture revient la blondinette haussa les épaules.

"Non y'a plus rien."

Elle plissa les yeux et regarda la jeune femme.

"Et tu sais que tu ne sortiras pas, et donc que tu ne mangeras pas, tant que tu ne seras pas propre..."


Avec un sourire triomphale Marguerite croisa les bras et attendit une réaction de la jeunette.
Bulle
Bulle exécuta une série de froncements de nez ; le savon, c'est bon mais il n'y a pas que la langue que ça picote.
Elle jeta un regard incompréhensif à Margot.
Propre ?


Mais chu d'jà prop', fit-elle.

Propre, oui... Après tout, sa peau laiteuse transparaissait à présent sous la saleté, ses cheveux étaient redevenus noirs ou presque et on devinait plus ou moins la couleur de ses vêtements.
Mais l'eau du bassin ne semblait plus assez liquide, alourdie par la boue, pour laver quoi que ce soit.

La gueuse lança un regard prudent à l'infirmière. Celle-ci paraissait ne plus vouloir rigoler du tout.
Valait mieux se méfier. Inquiète, la captive émit un piaulement discret.
Elle regretta que Corniaud ne fût pas avec elle.

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Jandebohem
La thérapeute commençe à se faire des cheveux au sujet de son équipe pluridisciplinaire. On a beau dire que curage et lavage sont les deux mamelles d’une bonne éducation la durée de l’assainissement devient un tantinet inquiétant même au regard de l’ampleur du chantier.
On peut s’adonner sérieusement à ce genre de corvée, n’empêche, ça devient suspect dès qu’on y prend trop de plaisir. Est-ce bien raisonnable de s’immerger joyeusement dans les éclaboussures du bain et de plonger sous le flot des étreintes de l’ablution dans un lieu pareil ?
Non ! car abandonner le territoire de la souille régressive pour sombrer dans la compulsion de nettoyage c’est un peu comme quitter les quarantièmes rugissants pour entrer dans les cinquantièmes hurlants

Pour sa part, un peu d’eau chaque jour sur le visage et sur les mains lui suffit amplement, d’abord parce qu’elle a grandi avec les règles d’hygiène du couvent et enfin, pour la bonne raison qu’on n’a pas encore songé à inventer la prophylaxie et que, de ce fait personne ne peut réellement lui reprocher de faute grave dans l’exercice de ses fonctions, du genre qui dispense du préavis et des indemnités de congés payés, par exemple.


Il est donc temps de se remuer les membres postérieurs pour faire un petit tour de balnéoscopie, ne serait-ce que pour fuir les remugles du plateau-repas fumant qui vient d’atterrir, table 5 grâce aux bons soins du gardien-cuistot désenchanté.
Guidée par l’écho d’une intense activité thermale, le long des couloirs interminables, elle surgit après quelques boucles de parcours inutiles – c’est fou ce que la réverbération sonore abuse et égare le marcheur dans cet établissement – dans la salle des bains


Alors mesdemoiselles, la toilette n’a pas encore porté ses fruits en matière de ruti ….


Et là, durant une seconde elle est à deux doigts d’intégrer le bâtiment voisin consacré aux grands malades qu’ils appellent entre eux, pour rire, la tour des derniers sacrements

Faut dire que le spectacle est plutôt … ruisselant d’inouïsme :

L’infirmière à la baille, bras croisés et rouge comme si elle avait renoncé à respirer semble posée sur un ballon tant que l’on n’a pas identifié l’aérostat comme une énorme corolle de jupons gonflés et flottant en surface. D’ailleurs, parlons-en de la surface ! une espèce de cloaque ou quelques îles flottantes d’écume savonneuse surnagent dans un limon noir. En face, la dingue, Karcherisé par un traitement dit « à lacunes » ou « en échiquier » se prend pour Eugène V , du style : "nous avons décidé que nous ne nous exprimerons plus qu'avec des bulles"


…lance !
Bulle
L’infirmière restait toujours aussi immobile, et Bulle continuait de s’en inquiéter. Elle avait l’air vraiment, vraiment en colère.

La petite gueuse ne savait pas quoi faire.
Elle ne pouvait pas sortir ; la porte était fermée et la vagabonde n’avait pas la science nécessaire pour tourner la poignée. Il n’y avait jamais eu de poignée (et rarement de porte à proprement parler) dans ses précédents logements.
Non seulement elle commençait à s’ennuyer, mais en plus son estomac la brûlait et la situation la rendait nerveuse.

Afin de s’occuper et de calmer ses angoisses, Bulle s’assit en tailleur, oscillant doucement de droite à gauche sur son séant, sa tête rythmant ses mouvements. Danse lente et répétitive dont elle seule comprenait la logique et l’intérêt.
Dégoulinante d’eau et de saletés, la simplette ressemblait à quelque mauvaise fée des marais, aux cheveux encroûtés de vase et d’algues, atteinte de folie qui préparait un sort à faire se noyer les innocents.

Puis, tout bas, elle se mit à chanter une comptine de l’enfance dans laquelle elle resterait engluée jusqu’à la fin de sa vie.


Frèrrreuh Jac’, Frèrrreuh Jac’
Dorrrmez vou’ ? Dorrrmez vou’ ?
Sôôônnez l’matineuh,
Sôôônnez l’matineuh,
Ding ding dong
Ding ding dong


Sa voix était douce et enrouée et la captive articulait déjà péniblement les paroles, tandis que le savon gobé rendait sa diction plus difficile encore.
Et chuintante de surcroît. La gamine bavait du savon à chaque syllabe, sans même s’en rendre compte.

Bulle leva la tête en entendant la dame – Jeanne, si sa mémoire était bonne – arriver.
Elle sentait la mangeaille, ce qui lui titillait agréablement les narines.
La gueuse lui sourit et se leva maladroitement en sa direction, glissant dans les flaques.


V’v'nez m’sortir d’là, hein ? Fit-elle avec espoir.

Puis elle s'avisa que la dame faisait une drôle de tête.

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Jandebohem
Margot semblait épuisée après cette première journée de travail dans le service des équarris du ciboulot et on ne pouvait pas lui en tenir rigueur car ce qu’ils devaient accomplir au cours de leur noble mission : mettre à jour, cadrer, canaliser, neutraliser, soumettre, amputer, purger, assainir, stabiliser, extraire, calmer, affermir, faire naître … aucune bête ne l’aurait fait !

Une fois n’est pas coutume, elle ne fut pas insensible à la supplique de la foldingue. Pour tout dire, la vision du local mis sans dessus-dessous en moins d’une heure l’avait quelque peu ébranlée et elle parlait avec les yeux rivés sur ses chausses


Heu, oui si on veut ! pendant que votre amie Margot se repose un peu vous pourriez vous sécher, et peut être qu’alors nous viendrons à bout des dernières coulées de crasse et reliquats de vermine qui vous donne encore cet aspect… négligé

et puis, j’ai fais monter un repas dans la grande salle


Elle leva enfin la tête vers l’insensée qui avait l’air tellement hagard !

Là-bas, à manger, miam-miam pour Chubulle, on y va ?
Bulle
Que de blabla incompréhensible !
La dame avait l’air gentil, mais la Bulle ne pipait qu’un mot par-ci par-là. «
Vermine », « manger »… Des mots qu’on employait régulièrement à son propos (comme dans « Ventredieu ! C’te vermine est en train de manger la semelle de ma botte ! »).

Se sécher… Avec quoi ? Plus rien de sec dans le marécage sauf Jeanne mais même avec sa perspicacité limitée, la crasseuse dégoulinante comprenait que ce n’était pas une très bonne idée.
Aussi la gueuse s’essuya-t-elle docilement la bouille avec ses propres hardes, étalant la saleté restée plus qu’autre chose. Mais c’était mieux que rien.

Elle se leva, suivant la perspective d’un repas, seule chose visiblement sensée dans cet endroit de dingue.
Et puis une pensée lui vint. Un soupçon, vague et informe dans son esprit atrophié.


‘Rquoi v’m’donnez à manger ? S’enquit la simplette.

La dernière qui l'avait nourrie l’avait poussée dans la flotte.
A quel coup tordu devait-elle encore se préparer ?

Plus loin, Margot semblait s'être noyée.

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Jandebohem
pourquoi l’on vous corrompt avec toute cette nourriture raffinée ? mais c’est pour mieux vous soigner mon enfant

Elle s’est laissée piéger à formuler sa pensée sans vraiment prendre la peine de la traduire dans un langage intelligible pour la simplette parce que là, dans cette pièce, il y a un truc qui ne tourne pas rond.
C’est à peine si elle se réjouit que celle-ci sorte un peu de ses aspirations marécageuses tellement cela mobilise une part de sa cervelle, une part qui travaille en douce, au noir, pour son propre compte, sans en référer à la conscience et qui tente furieusement de circonscrire le truc.

"Vraiment bizarre que la patiente occupe tout l’espace avec ses questions tandis que l’infirmière zélée ne réagit plus du tout, ce qui ne lui ressemble guère. D’ailleurs, à bien y regarder, posée au milieu du bassin comme un gros bulbe flottant au gré de l’onde, on dirait bien … qu’elle a plié les gaules"

Quand on observe de près une pensée sauvage ce n’est pas beau à voir : ça happe tous les signes qui passent à proximité sans distinction de pertinence, ça se laisse aller à des impressions lamentablement subjectives et ça s’emballe bêtement sans se préoccuper le moins du monde d’un semblant d’analyse.
Bref c’est l’underground, l’âge paléolithique, le degré zéro de l’intelligence. Il est vraiment déplorable qu’elle soit chez l’espèce humaine infiniment plus véloce qu’un bon vieux raisonnement sans faille.


Non, pas comme ça, pas tout de suite !
Margot, vous m’entendez ? sortez de là immédiatement … c’est un ordre


Quand on observe de près une académicienne qui craque, ce n’est pas beau à voir : ça saute à la baille sans même penser à ramener le corps au rebord avec la perche de maître-nageur, ça s’empêtre, ça boit la tasse et ça supplie une dingue si c’est la seule créature de l’environnement immédiat

S’il vous plaît aidez-moi, tirez-la, avec tous ces jupons et l’eau savonneuse, je peine à l’évacuer !
Bulle
Margot avait voulu la noyer dans de l’eau savonneuse.
La m’dame Jeanne semblait vouloir arriver au même résultat, mais au moyen d’un flot de paroles tarabiscotées.
Bulle hocha docilement la tête, espérant qu’on lui ait donné une explication satisfaisante et sans danger, impliquant une quantité considérable de nourriture supplémentaire. Et qu’on lui indique la sortie.

Et pis la m’dame Jeanne était devenue dingue.
Pas étonnant dans c’t’endroit bizarre. On devait forcément le devenir au bout d’un moment. M’enfin celle-là avait plutôt l’air raisonnable à première vue.

Bulle grogna et secoua la tête. Fallait jamais faire confiance aux gens pour être normaux.
Jamais, jamais. Ils étaient tous fous au fond de leur tête même quand ils ne le montraient pas.

Circonspecte, elle observa Jeanne faire trempette dans le marécage. Décidément, c’était une mode !
Sans comprendre les mots, la simplette saisissait le geste. En partie. Pourquoi s’efforcer de faire sortir Margot de son bain, auquel elle semblait tant tenir ? Et puis si elle l’avait voulu, elle l’aurait fait au lieu de s’endormir...

La gueuse se mit à quatre pattes, fit un pas en direction de la m’dame, se ravisa, recula.
Émit à nouveau un grognement qui mourut pour former un gémissement.


J’p’pas, dit-elle.

Il aurait fallu qu’elle touche Margot. Elle ne pouvait pas.
Ses doigts humides pianotèrent sur le sol détrempé avec nervosité.


J’p’pas, répéta-t-elle. C’t’un gens.
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Jandebohem
Au plus fort du drame, les protagonistes sont tendues, entièrement absorbées à préfigurer de façon profane, la célèbre scène qui ornera le centre du plafond de la Sixtine un demi-siècle plus tard.

S’il nous faut retenir un fait essentiel de cette histoire navrante c’est bien qu’il ne faut jamais confier aux idéologues la mise en pratique de leur système.
Non seulement ils plantent le projet plus vite que ne le ferait un torpilleur professionnel appointé par l’Ennemi mais de surcroît, ils y ruinent leur réputation pour peu que des témoins crédibles traînent dans le coin.

Bon, heureusement, on n’en est pas là puisque la seule créature capable de balancer ne possède pas plus de vingt mots dans son glossaire et ne dispose d’aucune aptitude au mime compte tenu de son retard manifeste des acquisitions psychomotrices.
« j’peux pas »
C’est en tout cas le constat qu’est en train de faire l’académicienne trop occupée pour le noter dans son journal d’observations.
« j’peux pas c’t’un gens »
A moins que … à moins que la bêtasse ne jouisse d’une absence totale de la vertu assimilante toutefois, le bassin est trop glissant pour que l’on se perde déjà en psychologie des profondeurs.

Enfin, n’empêche, témoin ou pas, se voir ainsi empêtrée dans une situation qui oscille entre le sordide et le burlesque ça vous flanque un sale coup à l’ego surtout quand elle se décide à remonter sur le rebord d’une seule main sans lâcher la victime, on peut dire qu’elle atteint alors des sommets dans le contre-emploi et l’art du contorsionniste
N’est pas grenouille qui veut et on peut dire qu’elle ne doit son évacuation qu’à une relative souplesse gagnée lors des multiples compromis auxquels il faut se plier dans les cercles parisiens ainsi qu’à une négligence coupable quant au choix de ses souliers.

On observe en effet avec netteté dans un zoom avant sur la figure dite du compas à 90 ° que c’est bien l’aspérité du talon crée par une usure inégale qui lui permet enfin d’accrocher le bord lorsqu’elle lance dans une ultime tentative sa jambe droite en l’air puisque, faut-il le préciser, elle est gauchiste du pied d’appel.

La suite n’est pas plus glorieuse et si l’infirmière noyée n’avait déjà trépassé pour de bon, l’extraordinaire torsion exercée sur les vertèbres dorsales lors de la chute de sa porteuse au deux tiers de l’émersion l’eurent achevé d’un coup sec en dépit des dérisoires essais de réanimation inspirés des massages cardiaques d’Asclépiades de Bithynie que l’académicienne tenta sur le corps inerte

A ce stade, il est clair que cette dernière craquait nerveusement. Levant un regard méfiant sur la malade qui semblait si frêle et si vulnérable elle hurla


Mais comment ... comment on en est arrivé là ????
{Mouchette}
Clos pour cause de non balisage
Mouchette

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