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Info:
Chateau de Dampierre sur Boutonne, lieu de vie du Seigneur Datan l'Epervier...

[RP] Du vent dans les roses - Castel de Dampierre / Boutonne

Datan
[Château de Dampierre, Seigneurie d'Aulnay de Saintonge.]

Ce matin là, le vent faisait danser les parterres de roses s'étalant, tels une mer rouge vif, sous la fenêtre de son bureau. Ne donnant pas l'impression d'un rythme commun, les roses s'affolaient tour à tour, comme prise d'une frénésie contagieuse, presque irréelle. Le pourtour, rehaussé d'une corolle de roses blanches, dansait encore plus violemment en s'abandonnant librement aux bourrasques. Si dehors le vent s'acharnait en léchant les façades, à l'intérieur, la complainte lugubre envahissait les couloirs et les différentes pièces de la demeure. Les assauts répétés et irréguliers du vent s'attaquaient à la charpente du vieux castel de Dampierre sur Boutonne, faisant grincer et craquer le vieux bois sec.

La décision du Vicomte d’Aulnay d’octroyer cette seigneurie à Datan était un gage de confiance pour le niortais. Elle n’avait d'égal que le respect qu’il témoignait envers Cristof, devenu un ami plus qu’un mentor. Après plusieurs mois de travaux, l'installation avait pu se faire dans cette seigneurie d'Aulnay de Saintonge laissée à l'abandon par son ancien Seigneur, parti guerroyer et mourir loin de ses terres. Datan avait vite pris ses aises dans ce castel qui lui ressemblait. Les alentours chaleureux, le personnel simple et discret, un somptueux parc arboré et coloré de multiples fleurs, d’innombrables roses de toutes variétés, la végétation tantôt laissée libre ou au contraire parfaitement entretenue, faisaient de cet endroit un espace de quiétude et de raffinement. Le nouveau Seigneur avait voulu de vastes pièces de réception, simplement décorées mais chaleureuses, contiguës à des pièces plus petites et personnelles. Les travaux avaient été parfaitement exécutés et Datan appréciait déjà ces lieux. Ses lieux.

Il furent accueillis par Urbain, l’intendant des lieux ; un vieil homme discret et intelligent qui inspirait la confiance et le respect. Dune avait accompagné son père, bien entendu, et son vieux complice Charibert qui s'occuperait de la cuisine, bien plus adaptée que l'auberge à ce vieil hibou fatigué par les années de voyages et de labeurs. PetitLu aussi avait suivi, acceptant de devenir l'écuyer de Datan. Et il y avait celle qui prenait de plus en plus de place en son coeur et qu'il voulait plus proche encore. Elle avait accepté de venir, sans pour autant montrer trop d'entrain. Il savait qu'il avait pris trop de distance ces derniers temps et il lui fallait réagir.

De la fenêtre de son bureau, regardant les roses danser avec, au loin, la verte vallée où coulait la Boutonne, Datan restait impassible. Le feu crépitait dans une cheminée richement décorée qu'un artisan avait voulu refaire à l'identique. L'ancien mélangé au neuf, l'éclat des riches décorations faisait contraste avec les murs sobres et simplement agrémentés de quelques peintures de paysages ; le castel n'était qu'un mélange incessant de raffinement et de matière à l'état brut, de douceur mêlée à quelques envolées sauvages. En cet après midi pluvieux ou le vent balayait les roses, Datan devait prendre une décision. Après un moment passé à scruter l'horizon, il s'assit à son bureau et prit la plume...

L'odeur de la cire s'envola dans la pièce, et se mêla aux odeurs de bois brûlés. La cheminée jouait parfaitement son rôle et chauffait le bureau. Face à Datan, sur une bibliothèque qui avait été refaite afin de préserver ses trésors à reliures dorées, Datan avait fixé un tableau représentant le donjon de Niort. Cette ville, qui avait été son refuge, qui avait écarté son passé loin derrière lui, revêtait pour lui bien plus qu'un assemblage d'échoppes, de tavernes et de maisons.

Nombre de ses amis étaient partis, c'était certain, mais la mémoire elle, ne s'effacerait pas. Il avait emporté de multiples souvenirs de cette période où il était constamment entouré d'amis. Bien sûr, de nouvelles têtes avaient remplacé les fantômes du passé, de ses voyages il s'était enrichi de nouveaux amis, et de sa participation au conseil comtal, il en tirait une grande satisfaction, dans les nouvelles relations qu'il avait pu sceller.

Le parchemin à la main, il fit appeler Urbain, qui ne tarda pas.


-"Qu'on apporte ce message à Niort, au bureau du GIGN."

Un sourire en coin s'afficha sur le visage de l'Epervier. Maintenant, il savait qu'il pourrait compter sur cet ancien niortais, toujours à ces côtés durant de nombreux mois. Il pouvait préparer son voyage, en toute sérénité. Datan sortit de son bureau, à la recherche de Dune.
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Dune
Dune faisait le tour du chateau de Dampierre sur Boutonne.

Elle allait de pièce en pièce, découvrant les aménagements demandés par Datan.

Elle avait déjà essayer d'être complice avec le vieil Urbain mais il était un peu gronchont surtout quand Dune lui disait quelque chose. Il prétendait tout savoir, surtout face à une demoiselle pleine de vie.

Mais elle...... elle savait bien qu'elle avait raison. Elle connaissait quand même un peu son père!

Elle voyait la compagne de son père de loin en loin mais jamais jusqu'à présent directement.
Dune n'avait pas fait beaucoup d'effort, il faut bien le dire, n'en voyant pas l'utilité. Leur rapprochement se ferait doucement et naturellement puisqu'il n'y avait pas d'antipathie ni de rivalité entre les deux personnes.

Dune vivait encore bien insouciante des soucis de la vie et ne se rendait pas bien compte du travail et des soucis de son "vieux" père.
Mais toujours elle veillait à son bien -être et à sa santé.
Toujours, elle serait là s'il avait besoin d'elle.

C'est sur ces pensées qu'elle sortit pour voir si les rosiers avaient été planté comme elle l'avait conseillé.
--Urbain
Urbain apportait la réponse à son nouveau maitre. Il pressa le pas car il savait que ce message était attendu. Il traversa la grande pièce principale, croisant Dune qu'il salua poliment. Comme à chaque fois depuis qu'elle était arrivée, son coeur se serrait lorsqu'il voyait cette jeune femme. Sa ressemblance troublante avec sa propre fille disparue provoquait l'émoi chez l'intendant... Ne voulant rien laisser paraître, il préférait garder la distance, ne sachant trop quoi faire.

Le message avait été délivré, Datan était satisfait. Quant à Urbain, il lui fallait se hâter. Le seigneur des lieux avait besoin d'un écuyer, Petitlu faisait ce qu'il pouvait avec les montures des habitants du château, mais ce n'était encore qu'un enfant.



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Intendant du Castel de Dampierre sur Boutonne
Datan
[Halte à Thouars.]

Les remparts de Thouars, de belle hauteur, permettaient au vent du Nord de venir frapper son visage. Cette soirée transpirait d'humides relents de campagne et laissait échapper des lueurs rougeâtres dans le ciel où le soleil tentait de faire encore paraître ses derniers rayons. Il ferait beau le lendemain, c'est certain, malgré le froid qui persistait encore pour la saison. Une ancienne blessure se faisait sentir, venant apporter une preuve supplémentaire...

L'Epervier, perché aux côtés de Datan, tenait difficilement face aux bourrasques, mais se donnait un point d'honneur à se tenir droit face au vent. Ses yeux fermés, le Seigneur de Dampierre se tenait aux pierres des remparts et emmagasinait toute l'énergie transportée dans ce souffle venant de contrées lointaines. A l'odeur moite se mêlaient des parfums divers témoignant de l'arrivée du printemps, et du sable à la provenance inconnu s'amusait à venir fouetter son visage.

Cette ville semblait finalement accueillante. Pour son deuxième passage, il avait pu rencontrer plus de monde et mieux apprécier son déplacement. Bien entendu, il savait que ce voyage n'était pas comme celui qu'il avait fait auparavant. Jamais il ne l'avouerait à quiconque, ni à lui-même d'ailleurs, mais la dernière fois qu'il était venu, il était évident qu'il cherchait à savoir quel lien les unissait vraiment. Il n'avait pu voir que ce qu'il savait déjà, mais cela l'avait laissé perplexe et son retour à Niort avait été on ne peut plus amer.

Du premier regard, des premiers échanges à la Grande Tribune, il avait ressenti le réveil douloureux de sentiments enfouis. Aujourd'hui qu'elle se tenait à ses côtés, il faisait dos aux souvenirs du passé, et regardait droit devant lui, cherchant dans le ciel aux lumières étranges une once d'image de son avenir.

De Dampierre, il ferait sa forteresse,
Des jardins il ferait ses terres de liberté,
Des murs il ferait des protections pour elle...

(...)

La vieille monture de Datan trépignait d'impatience, tandis qu'il la préparait pour le voyage. Il aimait cet instant avant les départs, laissant toujours l'impression d'abandonner un peu de son histoire des lieux qu'il quittait. Mais cet abandon laissait entendre qu'ailleurs, une nouvelle page s'ouvrait. A peine Datan avait-il terminé ses préparatifs, que des sabots résonnèrent. Elle venait avec lui.

N'aurait-il pu imaginer mieux après leur dernier échange. Le début d'un long voyage pour elle, et pour lui des questions incessantes sur ce qu'il devait faire. Jamais il n'aurait imaginé qu'il douterait ainsi de ses convictions profondes sur le monde qui l'entourait, au point de tout laisser de côté, et se consacrer uniquement à elle. Car les seules questions qu'il se posait maintenant, étaient de savoir ce qu'elle désirait elle ; voulait-elle partir seule ou bien en sa compagnie ? Partagé entre sa volonté de lui laisser toute liberté, comme il aimait ressentir la sienne, et le désir profond de ne former plus qu'un avec elle...

Indéfiniment...

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Datan
[Au Castel de Dampierre sur Boutonne.]

L'allée embaumait des multiples parfums printaniers, quand Datan et Extraelle l'empruntèrent. Il descendirent de leurs chevaux pour mieux profiter de l'instant. Parfois stricte et parfaitement alignée, parfois libre et envahissante, la végétation qui encadrait l'entrée du castel était non seulement un plaisir visuel, mais le symbole même de la vie de son Seigneur.

Datan n'eut pas le temps de terminer les dernières marches, que la porte s'ouvrait déjà. Urbain l'accueillit avec encore un peu de froideur, car il ne se connaissait encore qu'assez peu finalement. Le niortais lui fit un signe amical et emmena lui-même les deux chevaux à l'écurie, tandis qu'on récupérait les diverses affaires emmenées au château comtal, et que la Thouarsaise allait prendre possession des lieux.

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Extraelle
Après son départ du conseil, Extraelle avait aussi quitté Thouars sans un regard en arrière. Besoin de prendre du recul. Ses fonctions de conseillère comtale avaient absorbé son énergie vitale, lui faisant oublier son existence propre pour se consacrer à sa tâche, au mépris de sa vie privée, de ses amis, de sa ville. Et elle n'avait pas aimé ce qu'elle avait trouvé en se réveillant de sa longue hibernation. Un mandat comtal qui démarrait sous les pires auspices, entre une pâle copie de Faooeit dont la tête avait doublé de volume et une folle furieuse qui ne savait que dénigrer et préférait semer la zizanie que de travailler, Cali qui s'engageait en politique et tenait d'étranges discours inspirés d'une vilaine en mal de reconnaissance, des bluettes sentimentales qui fleurissaient sur la Halle, à coups de déchirements, réconciliations, et grands étalages de linge sale, et une petite nouvelle vive d'esprit qui n'attendait qu'une chose, sauter sur le premier prétexte venu pour enfin pouvoir la détester au grand jour. Ça faisait beaucoup, et elle avait besoin de lâcher du lest.

Chaque foulée de sa monture apaisait un peu plus ses bleus à l'âme, semblait lui insuffler un peu d'ardeur. Se mettre en retrait, se ressourcer, pour mieux repartir ensuite... Elle tourna la tête vers le cavalier qui chevauchait à ses côtés. Datan avait paru étonné quand elle lui avait fait part de sa décision de venir avec lui, et la brune était consciente qu'il ne savait pas à quoi s'en tenir avec elle. Elle restait distante, refusant de faire souffrir encore, cherchant à s'assurer de ses propres sentiments avant d'en faire naître à nouveau chez un homme. Mais aux regards qu'il posait sur elle, elle sentait qu'il était déjà trop tard.

Ils mirent pied à terre dans l'allée qui serpentait de l'entrée de la propriété au château, et progressèrent sans dire mot, juste en profitant de l'instant. La seigneurie de Dampierre était un domaine sobre et accueillant, sans luxe ostentatoire, si ce n'est la profusion de roses qui maculaient le parc de leurs taches écarlates, et libéraient en cette journée chaude de printemps leur fragrance fruitée. Si la thouarsaise ne goûtait pas le train de vie de la noblesse, et considérait le titre de son amant plus comme un inconvénient que comme un avantage, elle reconnaissait à l'épervier un goût certain. Il avait fait de cet endroit un véritable petit paradis. Seulement elle, n'était pas un ange. Réalisait-il à quoi il s'exposait en liant sa vie à la sienne ? Soucieux du regard des autres, Datan n'avait pourtant jamais hésité à s'afficher avec une roturière, au mépris des conventions. Mais était-il prêt à supporter son caractère ombrageux de petite sauvage, son indépendance, sa liberté, sa folie ?

Abandonnant son alezan au niortais, elle suivit le discret intendant du château, portant elle-même son sac à l'épaule. Elle s'amusa un moment à l'idée qu'on lui avait sans doute préparé une chambre, mais le vieil homme la conduisit tout naturellement à celle de Datan. Elle guetta un regard désapprobateur, un signe, mais il resta impavide, se contentant de lui demander si elle désirait quelque chose. Une fois seule, la brune libéra ses cheveux nattés qui tombèrent en cascades fauves sur ses épaules, envoya ses bottes à l'autre bout de la pièce, ouvrit largement l'échancrure de sa chemise d'homme et se jeta sur le lit. Les yeux rivés sur l'encadrement de la porte et les pensées tournées vers celui qui, sous peu, ne manquerait pas d'y apparaître.
Datan
Datan retint les brides des deux chevaux et se dirigea vers les écuries. Le bel alezan tenta quelques soubresauts afin de se libérer, à la surprise du cavalier niortais peu habitué à ce genre de réaction avec son vieux cheval. Il serra la main, qu'il tira contre son avant bras afin d'imposer la tête basse au cheval. Arrivé à l'écurie, il lâcha la bride de sa monture, et la jeta contre une rambarde sans même l'attacher, pour s'occuper de l'alezan. Une fois dans son box, Datan regarda l'animal avec un léger rictus.

Sauvage.

Le Seigneur de Dampierre aimait bien ces instants, aux retours de voyages. Il respirait l'odeur fleurie du parc, maintenant remplacée par les effluves des écuries. Ces odeurs ne l'incommodaient pas, finalement, car ce retour aux sources lui faisait le plus grand bien. Lorsque son père s'occupait de son cheval, Datan, jeune enfant, aimait le regarder faire, la main posée sur le flanc de l'animal, sentant la chaleur et la vie de la bête. De ces instants de silence partagés, l'enfant avait gardé l'image de sérénité en lui.
L'odeur devenant tout de même lancinante, Datan quitta l’écurie ; il avait besoin de se laver.

Il ne pouvait laisser trop longtemps Extraelle seule, déjà que Datan sentait son cœur se serrer à chaque fois qu’il avait le sentiment d’enfermer un oiseau dans une cage trop étroite. Passant devant le parterre de roses donnant juste sous leur chambre, il se rendit compte que la fenêtre était ouverte. Une échelle de jardinier avait été abandonnée juste le long du mur.

Une idée de jeu lui vint à l’esprit. Il coupa délicatement une des plus belles roses du parterre, la porta à sa bouche et déplaça l’échelle. Le sourire en coin face à son jeu d’enfant, il monta à l’échelle qui, trop courte, ne lui permit que de faire apparaître ses épaules. Là, il posa les mains sur le rebord, cherchant du regard Extraelle. Il put quand même voir les pieds de sa belle dépasser du lit et l’interpella :


Tu as déjà pris possession du lit, c’est un bon début. Puis-je t’offrir une rose ? Tu sembles en manquer…
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Extraelle
[Attendez le à la porte, il s'empressera d'apparaître à la fenêtre...]

Tu as déjà pris possession du lit, c’est un bon début. Puis-je t’offrir une rose ? Tu sembles en manquer…


En attendant Datan, l'esprit de la brune avait vagabondé quelque peu, et l'endroit où elle se trouvait allongée n'avait pas été étranger à ses pérégrinations mentales, si bien qu'elle accueillit cette intervention avec des pensées tout sauf chastes. Elle se redressa et darda ses prunelles mordorées sur la tête qui venait de s'encadrer à la fenêtre.

- "En fait, c'est surtout toi qui me manquais..." et dont je prendrais volontiers possession, pas plus tard que maintenant, pensa t-elle sans le dire - on est pas des bêtes tout de même. S'approchant de la croisée, elle se contenta donc sagement de la rose, qu'elle cueillit entre ses doigts, blanche, délicatement parfumée, puis des lèvres qu'il y avait derrière, suaves et un brin féroces, ce qui ne calma pas ses dispositions enflammées. Les murs épais du château ne lui permettant guère d'aller au delà, la brune glissa un: "Attends moi, j'arrive...", remit ses bottes à la hâte, et sortit de la chambre en courant, abandonnant la fleur orpheline sur le lit.

Une minute plus tard, elle le rejoignait dans le parc, et ils s'éloignèrent vers la Boutonne qui coulait en contrebas. Le niortais râlait pour la forme qu'il voulait se laver, mais on ne résiste pas au cerbère Extraelle quand elle a une idée en tête. Elle n'eut donc pour réponse qu'un sourire malicieux, et une phrase sibylline tout en l'entraînant:


- "Justement, justement... Et moi aussi j'ai besoin d'un bain après cette chevauchée."

Arrivée sur les bords de la rivière, elle marcha un moment avant de dénicher l'endroit idéal. Trois saules penchés amoureusement sur une boucle à l'abri du courant faisaient bruire en chœur leur feuillage vert tendre, et les cachaient aux regards éventuels en provenance du château. Elle s'arrêta, lâcha la main de Datan et un à un, ôta ses vêtements qu'elle laissa choir à ses pieds. Petit sourire à l'épervier qui n'avait pas bougé d'un pouce et la regardait, comme figé sur place, puis elle entra dans l'eau claire et fraîche. La Boutonne, jolie rivière à truites était plus vive que le ru où elle avait l'habitude de faire ses ablutions tous les matins. La thouarsaise se laissa glisser avec délice dans l'onde mouvante et transparente, s'ensevelissant sous la flotte qui happa jusqu'à sa dernière mèche cuivrée. Quand elle refit surface, quelques secondes plus tard, ruisselante, elle se tourna vers son compagnon, toujours planté sur la rive.

- "Alors, tu viens ?"
Datan
Alors, tu viens ?

Datan n'était pas issu d'une riche famille niortaise, ni même élevé dans le luxe d'une seigneurie et encore moins habitué à avoir des personnes autour de lui prêt à intervenir sur le moindre geste. Jamais il n'avait pensé un jour devenir noble. Mais l'anoblissement que le Vicomte d'Aulnay avait accordé à Datan, avait quelque peu changé la donne. Bien entendu, le nouveau Seigneur de Dampierre avait gardé sa liberté de ton, sa simplicité naturelle et jamais il ne tolèrerait que les personnes travaillant à Dampierre ne soient mal traitées.

Mais ce que la seigneurie avait changé en lui, c'était ce goût prononcé pour le confort. Des habits toujours propres, des bains aux senteurs de fleurs, une demeure propre et parfaitement entretenue.


Elle est belle ? Euh… bonne, je veux dire ? Bien sûr qu’elle était belle, elle était même magnifique…

Ne pouvant se résoudre à refuser de s'approcher de la belle, et surtout attiré vers elle depuis leur rencontre, comme un jeune homme devant la première fille prête à lui transporter le coeur par delà la raison, Datan laissa choir sa cape, et commença à défaire le lien de sa chemise. Bien entendu, ses yeux ne regardaient pas là où ses doigts oeuvraient, et les noeuds ne cédèrent point tout de suite... C'est finalement après une bataille gagnée par le Niortais au détriment d'une chemise récalcitrante - qui termina au sol, ses noeuds encore solidement attachés - que Datan commença à entrer dans l'eau.


Ah, oui, elle est bonne effectivement... et fraîche aussi un peu.
Dit-il avec un large sourire.

J'avais visité les abords de la rivière, mais ce petit coin de paradis n'avait pas attiré mon regard...

Il s'approcha d'elle, tout en glissant comme une feuille sur l'eau. Tel une anguille il fit une danse nuptiale autour de la jeune femme, s’approchant d’elle sans la toucher, parfois sur le ventre, parfois sur le dos. Il s'enroula bientôt autour d'elle, l'entraînant dans son jeu, la prit par la taille, portés qu’ils étaient par le courant de la Boutonne.
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Extraelle
La brune s'amusait des réticences de l'épervier, resté au bord. Dès qu'elle avait rencontré Datan, à la Grande Tribune, elle avait ressenti à son égard une attirance immédiate et irraisonnée, qu'elle ne s'expliquait pas très bien. Même alors simple roturier, le niortais revêtait une élégance racée et une retenue dans toutes ses attitudes, qui en disait long sur l'importance qu'il accordait au regard des autres, et à certaines conventions. Ils s'opposaient en bien des points, et cela s'était encore révélé davantage au conseil, en travaillant ensemble. Datan manquait de confiance en lui, réfléchissait longuement, s'interrogeait sur tout, prenait des avis, là où sa compagne, d'un naturel spontané et impétueux, fonçait tête baissée, lançait des idées et les faisait valoir avec hargne, et ne se souciait guère de l'image qu'elle pouvait donner. Cerbère, despote, arriviste, chieuse, elle en avait vu passer des qualificatifs, en avaient même adopté certains, et n'en avaient cure. Elle faisait ce qui lui semblait juste, se donnait sans retenue dans tout ce qu'elle entreprenait, faisant fi des convenances.

Il était néanmoins un domaine où l'épervier l'avait toujours étonnée, c'était leur relation. Ils s'étaient rapprochés alors qu'elle était encore avec Mac, noyée dans une histoire tumultueuse et passionnelle, et loin de s'effacer, le niortais n'avait eu de cesse de la pousser dans ses retranchements. Il l'avait enlevée pour une danse au bal de fin d'année, avouant à mots à peine couverts son attirance devant tous ses amis. Était venu à Thouars, dans une attitude de défi, et tout chez lui montrait qu'il était prêt à se battre. Pour elle, il semblait ne plus avoir aucune limite, et c'est sans doute une des choses qui plaisaient à la Thouarsaise. Il ne lui avait encore jamais rien refusé, il fallait espérer qu'il en était capable, sinon Aristote seul savait où Extraelle pourrait l'emmener.

Pour le moment, elle s'était contentée de l'attirer à l'eau, et il tournait autour d'elle comme un gosse, amenant un sourire amusé sur les lèvres ourlées de la brune. Elle frémit quand il la prit contre lui, et ses pensées devinrent à nouveau, plus carnivores. Et une fauve qui a faim n'attend la permission de personne pour prendre son dû.
Datan
[Château de Dampierre sur Boutonne, dans la rivière]

Si près l'un de l'autre que l'eau froide ne pouvait s'y glisser. Le regard plongé au coeur du sien, Datan aurait profité de cet instant toute une vie. Ils restèrent ainsi un long moment, l'un collé à l'autre, jouant dans les tourbillons de la rivière, s'adonnant aux plaisirs charnels en réponse à leur désir commun.

Le soleil déclina derrière les grands arbres qui bordaient la rivière, formant la lisière d'une belle forêt entourant l'ensemble du domaine de Dampierre. Au loin, une fumée montait griffer le ciel, donnant à cette fin de journée un aspect particulier, comme si un lambeau de ciel tombait à terre et venait s'engouffrer en son sein. Quelques gens du chateau s'afférait à dégager le domaine de bois morts, tandis que d'autres profitaient de cette fin de journée pour arroser les parterres de roses.

Il était tard et Datan avait encore des choses à faire. Un courrier reçu récemment à propos de sa famille qu'il voulait relire et relier à d'autres plus anciens. Après leur étreinte passionnée, Datan sortit de l'eau en tenant la main de la thouarsaise. Il attrapa sa chemine et lui essuya le dos, y déposant encore quelques baisers.

J'ai eu des nouvelles d'un ami qui enquête sur ma famille.
Dit-il simplement.

Il confirme, comme il me l'avait dit, il y a longtemps, que Niort pourrait accueillir un membre de ma famille. Un frère que ma mère aurait eu.

J'ai peut-être un frère... pensait-il encore.
C'est amusant, après toutes ces années, après mon installation à Niort pour les mêmes raisons et la perte de toute trace, voilà que cette histoire refait surface... Je n'aurais jamais cru.

Il enlaça sa compagne et lui glissa à l'oreille, comme se parlant lui-même, sans se rendre compte de l'impact de ses propos.
J'aimerais une belle et grande famille, j'en ai toujours rêvé.
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Extraelle
Le fauve était momentanément repu, et ronronnait sur la rive tandis que Datan l'essuyait avec prévenance, cause du petit sourire amusé qui étirait les lèvres de la brune. En cette fin d'après-midi, l'air était si chaud que la Thouarsaise serait bien restée allongée au soleil, à accueillir les derniers rayons comme autant d'amants sur sa peau halée. Elle n'avait pas cette coquetterie des nobles de garder un teint laiteux en toute saison, et ses bains quotidiens à la rivière lui donnaient une couleur cuivrée de paysanne. Mais il semblait pressé de partir, et elle en comprit la raison quand il commença à parler. Un frère... Voilà pourquoi il paraissait préoccupé. Ses pensées repartirent quelques années en arrière, avec sa propre découverte de ses origines, et la rencontre de Chuichian. Que cela semblait loin, maintenant... Elle se sentait si proche de son frère désormais que c'était comme s'ils s'étaient toujours connus.

Extraelle fut tirée de ses songes par les bras enveloppants de son amant, puis par quelques mots dans un murmure, qui mirent un instant à s'acheminer jusqu'à son cerveau. Un instant blanc et silencieux comme la seconde de grâce avant que l'orage n'éclate.


J'aimerais une belle et grande famille, j'en ai toujours rêvé.

Il est de ces mots qui peuvent faire basculer le cours d'une vie. La brune se figea, l'esprit vide, soudain. Devant ses yeux, le parc s'était rempli de rires d'enfants, de silhouettes gambadant sur l'herbe, d'une femme assise, berçant dans ses bras un nourrisson, tout en couvant le reste de sa portée d'un regard protecteur et aimant. Un homme, debout près d'elle, la main sur son épaule, heureux. Et une conviction aussi perceptible que cette vision fugace: elle n'était pas cette femme. Elle jeta un regard de noyée à l'épervier, et elle vit l'inquiétude se peindre sur ses traits. Sans doute venait-il de comprendre ce qui se jouait dans son esprit. En un éclair, elle posa son index sur ses lèvres. Elle ne voulait pas l'entendre, savait ce qu'il allait lui dire. Que pour elle il serait prêt à tout sacrifier, renoncer au mariage, auquel il avait probablement déjà pensé, à ses rêves de famille et de stabilité. La brune secoua la tête, comme pour chasser des arguments qu'il n'avait pas encore prononcés, et posa ses lèvres à la place du doigt qui tenait la bouche close. Elle donna à Datan le baiser le plus tendre qu'elle ne lui eut jamais donné, et se rhabilla prestement. Aucune parole ne fut échangée, et quelques minutes plus tard, les sabots d'un alezan lancé à plein galop résonnaient sur l'allée du domaine de Dampierre. En selle, une brune en tenue de cavalière cachait son visage baigné de larmes dans la crinière qui flottait au vent.
Datan
[Château de Dampierre sur Boutonne]

Elle avait préparé sa monture et s'en était allée.

Datan avait serré les dents lorsqu'elle avait posé son doigt sur ses lèvres afin qu'il ne dise rien. Qu'aurait-il bien pu dire, de toute façon, elle ne lui appartenait pas, il n'aurait rien pu dire ni faire qui l'aurait retenue. S'appeler l'Epervier et emprisonner la première colombe sauvage, fusse-t-elle celle qui lui avait donné le profond sentiment de revivre à nouveau, aurait été un paradoxe.

Paradoxe.

Ce mot résonna quelques instants en lui, se rappelant qu'en d'autres temps elle avait aimé que l'on joue avec. Mais il chassa cette idée de sa tête, il savait qu'elle aurait été franche avec lui, si l'attrait d'un autre homme s'était fait sentir. Il ne pouvait s'empêcher de penser avec certitude qu'elle avait des sentiments pour lui ; son regard, ses gestes, toute son attitude étaient autant de preuves.

Mais il avait été trop loin, il lui avait ouvert son coeur et cela l'avait fait fuir.
Une grande famille...
Quel idiot ! Rien de pire. Rien qui ne puisse davantage faire fuir cette belle qui vous ébranle le coeur à chaque regard, qui vous emporte par delà les nuages et qui vous amuse avec ses élans de franchise et balaye tous les arguments contraires aux siens. Il aimait plus que tout leurs différences, lui qui prônait plus que jamais qu'un être seul ne peut évoluer. Elle lui apportait tant qu'il n'aurait pas assez de temps de le lui dire.

Elle s'en était allée.

Datan rentra au chateau, le pas lourd, ne prêtant pas attention à ses roses. A l’approche de l’entrée, Urbain apparut bientôt, une lettre à la main.

Seigneur, on vient de porter ce pli urgent.

Décachetant le parchemin, il lut quelques instants puis son visage, déjà fermé, se tendit encore davantage.
Qu'on prépare mon cheval, je retourne immédiatement à Niort.

Le parc retrouva son calme, comme si toute vie s’était suspendue de nouveau. Seules quelques sautes de vent balayaient les grands arbres, et venaient faire danser les innombrables roses…

Rien n’avait plus de vie ici, depuis qu’elle avait quitté les lieux comme une flèche, comme passe le vent dans les roses.

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Dune
[Château de Dampierre, Seigneurie d'Aulnay de Saintonge.]

Dune revenait d'un long périple au travers du sud de la France.
Elle était impatiente de revoir Niort mais un passage par le chateau s'imposait.

Elle était toujours accompagnée de Sganapin.
Leur complicité avait grandi malgré quelques écorchures et Dune trouvait que c'était le moment idéal pour lui montrer le chateau.
Elle lui présenterait l'intendant Urbain le grognon, le cuisinier Charibert qu'elle aimait comme son grand père et , bien sur, son père Datan l'épervier, Seigneur de Dampierre.

Et Extraelle? Sera-t-elle de retour?
Les rumeurs ne sont pas favorables.


Elle entra dans l'allée au pas de sa monture.
Elle regardait les roses chéries de son père et leur trouvait un air fané.
Elle leva le nez vers le ciel.

Pourtant le soleil est au rendez-vous. Pas dépervier non plus qui crie et tournoie dans le bleu du ciel.
Tout cela n'est pas un bon présage.


La mine un peu triste en pensant que son père ne serait pas là, elle chercha du regard un signe de vie derrière les carreaux du castel.

Sganapin va trouver le chateau bien vide et froid et pourtant...
--Urbain
[Chateau de Dampierre sur Boutonne, bureau de l'Intendant]

Le vieil homme regardait par la fenêtre de son bureau. Le soleil donnait à pleine puissance et les couleurs du jardin s'en ressentaient. Pour le plus grand désarrois de l'intendant et malgré de multiples arrosages et le grand soin apporté aux roses, elles semblaient dépérir. L'intendant avait écrit au Seigneur de Dampierre afin qu'il en soit informé, mais celui-ci n'avait pas donné de réponse. Seul PetitLu avait fait passer un message par l'Epervier, disant que son maitre était en retraite spirituelle.

Les chevaux entrèrent dans l'allée principale et Urbain descendit accueillir les nouveaux arrivants. Il eut aimé que ce soit le propriétaire des lieux, mais il ne semblait pas faire partie des arrivants.

Face à Dune, qu'il salua froidement, il s'enquit d'informations :
Bonjour damoizelle, j'espère que vous avez fait bon voyage, je viens de faire préparer votre chambre. Le Seigneur Datan va-t-il vous rejoindre ? Je n'ai las aucune nouvelle.

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Intendant du Castel de Dampierre sur Boutonne
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