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[RP] "L'Escarboucle" (forge et demeure)

Asophie


Au cœur du quartier des artisans où elle s'était installée depuis plus de huit mois, la désormais Vicomtesse Sophie avait fait agrandir sa modeste maison. Achetant quelques bâtisses voisines attenantes à sa forge, la maison était désormais imposante, sur deux étages plus un comble, ouvrant par une large porte cochère sur un vaste jardin qui abritait dans le fond une maisonnette pour les domestiques.

Enfin, les travaux étaient achevés. Revenant de son court voyage à Bazas, la jeune femme put constater avec bonheur qu'elle pouvait enfin réintégrer son vrai "chez elle". Certes, elle aurait pu aménager à Oane Vira ou dans un autre quartier plus riche mais après avoir visité la ville à nouveau, elle s'y était refusée.

C'était ici, chez elle.

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Asophie
En quelques heures, la maison s'était animée d'une nouvelle vie joyeuse. En sus de la maîtresse des lieux, accompagnée de quelques domestiques, la nouvelle maison hébergeait déjà une ravissante petite fille, Alia. En effet, en raison des dangers qu'encourait Emi, celle-ci avait confié la prunelle de ses yeux à sa meilleure amie... Mais pas seulement!

Avec la petite fille venait le reste de la tribu presque au complet : le clébard "Boule de Poils" alias "BdP" ainsi que le cochon bien nommé "Cochonou".

Sans compter l'inénarrable cadeau que Sa Grandeur Arnaut Pantagon avait offert à la nouvelle Vicomtesse : un baudet nommé Placide qui passait ses journées à courir après Sophie pour lui lécher les bras.. !

Au moins, la vie régnait en maîtresse à "l'Escarboucle"... En apparence du moins.

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Sancte
Le vénérable bourgmestre qui disposait des clés de l'escarboucle s'était mis en tête de venir y étudier dans la ferme intention de ne pas s'y voir dérangé, tant Montauban regorgeait d'inopportuns qui ne cesseraient de se montrer envahissant que lorsque les poules auront des dents. Hélas, ce n'est que lorsqu'il s'engagea dans la ruelle, qu'il aperçut de la lumière et entendit une certaine agitation, lui signifiant, à son plus grand désarroi, que la demeure était encore occupée.
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"Des bandits ?! Naaaan ... Des gars futés !"
Sancte Iohannes Von Frayner - Chevalier de la Réforme Aristotélicienne
Asophie
L'effervescence régnait en maitresse dans cette maison plus que Sophie.
Celle-ci, congédiée de sa chambre par le regard glacial de sa gouvernante qui venait de la surprendre en train de ranger ses robes -bha ouais, les vieilles habitudes ont la vie dure- descendit avec une prudence toute nouvelle les escaliers qui la menaient au rez-de-chaussée. Il lui fallait aller voir Florimond, le fils de ladite gouvernante et qui était aussi son apprenti à la Forge : les commandes de fer brut risquaient d'augmenter et elle voulait jeter un œil à ses dernières réalisations.

Son entrée dans la cour, derrière la porte cochère qui lui cachait un certain bourgmestre et ses hésitations, fut ponctuée d'une exclamation toute en finesse :


"Mais c'est pas possible! T'es un âne croisé avec un clébard toi! Pas un baudet !"

En effet, le dénommé Placide, non content de ne pas aimer les carottes comme tout équidé de son espèce, avait encore bouffé la longe qui le retenait en principe attaché dans un box à l'écart des chevaux et avait accueilli sa nouvelle maîtresse par une léchouille gourmande sur le bras qu'elle n'avait eu que le temps de placer devant son visage. Il semblait en effet que le baudet qui n'aimait pas les carottes adorait le jasmin ou la fleur de péché ou la saponaire... bref, un des composant dont la jeune femme usait pour fabriquer ses pains de savon dont elle faisait avec régal un emploi quotidien.
Soufflant et pestant, elle récupéra ce qui restait de la longe pour ramener le bestiau à son enclos et faillit buter contre BdP, le chien d'Emi qui lui, se fichait du savon ou des carottes mais qui, en tout bon clébard qui se respecte, trainait toujours dans les pattes des bipèdes.

Enfin, selon la loi impondérable de l'emmerdement maximum, elle ne vit pas en tournant le dos, la poupée aux boucles blondes qui s'avançait en silence vers la forge, habituée à accompagner "mamon" dans sa boulangerie pour y prendre un bain de farine...

Finalement, Sophie était à deux doigts de penser que la "quiétude" de Terrides ou de Bazas allait lui manquer...

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Asophie
Était-ce le hasard, un réflexe, un couinement du chien ou le vent qui fit légèrement s'agiter la cloche de l'entrée, Sophie se retourna à temps pour voir Alia, prête à entrer dans la forge.
Lâchant le baudet collant qui en profita pour s'ébattre gaiment, elle se précipita et récupéra la gamine, l'admonestant vivement, énervée par la frayeur qu'elle venait de ressentir.


"Alia, Nom de Dieu! C'est dangereux... Tu ne peux pas y aller! Tu vas te brûler et te faire très mal! On ne va pas jouer dans la forge!!!"


Laissant les bestioles mener leurs vies de bestioles à l'extérieur, elle ramena l'enfant à l'intérieur et la confia à la garde de Catherine, la fille aînée de sa gouvernante, et retourna dans son bureau, espérant y trouver une salvatrice quiétude. Jetant un regard maussade et dédaigneux sur les courriers à l'urgence toute relative, ses yeux tombèrent sur une invitation particulière à laquelle, naïvement, "gourdassement" et sans réfléchir elle avait répondu par la positive. Aussitôt, l'ire qui couvait depuis la peur que lui avait créée Alia remonta à la surface et, saisissant le morceau de parchemin, elle y passa ses nerfs en le réduisant à l'état de pitoyables confettis avant de s'emparer d'une plume pour jeter rageusement sur un vélin les mots qu'elle se répétait depuis plusieurs jours.

Assez! Elle en avait assez d'attendre comme une Pénélope inutile. Quand on prétend diriger la Guyenne, il faudrait au moins être capable de prendre sa vie en main et de ne pas se laisser ballotter par les autres sur un courant incertain.
Voilà qui fut sablé, plié, scellé et confié à un vas-y-dire dans l'instant. Plus qu'à attendre, encore. Mais cette-fois-ci, il y aurait un ultimatum. Définitif.

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Asophie


Pendant ce temps, à l'Escarboucle, le jeune Florimond travaillait d'arrache-pied pour satisfaire les besoins des clients de la forge, améliorant chaque jour son travail...
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Felina
Arrivée la veille dans la cité dont elle connait désormais le nom, la Rastignac erre dans les ruelles de la ville, un plan de Montauban dans sa main valide. De sa main gantée elle mène sa vieille carne et la fringante petite jument blanche de Karyl. Il y a quelques heures à peine, sur les recommandations du 'Bourgmestre-Lecteur-Tavernier-Réformé' et si modeste Sieur Sancte (dont elle peine encore à cerner la personnalité sûrement bien trop complexe pour elle), elle est entrée en relation avec la dénommée Asophie, propriétaire d’une forge. Un premier pas pour faire avancer leurs affaires, bien en peine depuis leur arrivée. Elle s’est donc empressée de dégoter enfin une cartographie précise de la ville auprès du bureau du Cadastre, et c’est armée de ce dernier et des indications de la Dame qu’elle cherche « l’Escarboucle ».

Le nez plongé sur son plan, grognant et pestant alors qu’elle tourne depuis plus d’une heure dans cette ville inconnue, elle s'engouffre dans une ruelle. Par trois fois elle est repassée devant son point de départ, soit l’auberge des Quatre Vents qui les hébergent depuis leur arrivée en Guyenne. Et elle ne compte plus le nombre de fois où elle a parcouru la place de l’Hotel de Ville, et ce dans toutes les directions possibles, au point d'en maîtriser désormais chaque détail. Mais soudain, alors qu’elle relève la tête pour s’éponger le front et pester intérieurement contre son horrible sens de l’orientation, un mince sourire vient éclairer son visage peu affable.

Une enseigne qu’elle embrasserait presque de joie se dresse fièrement devant elle. La forge qu’elle cherche ! Enfin ! Elle glisse donc le précieux parchemin dans son ceinturon, nul doute qu’il lui sera de nouveau utile, puis, avisant un arbre non loin de l’échoppe y noue t-elle les rênes des deux principaux intéressés de sa quête.

Sans prendre la peine d’épousseter ses fripes empoussiérées par ses allez et venues dans la ville, ni d’éponger le reste de son visage crasseux et transpirant, la sauvageonne se présente sur le seuil de l’échoppe, poussant la porte d’un léger coup de botter alors qu’elle hèle l’artisan qu’elle ne voit pas encore de sa voix si naturellement aimable.


Hey ! Y a quelqu’un là d’dans !?
Félina Rastignac ! C'pour mes ch'vaux !


Et la Féline d’attendre que l’on veuille bien la recevoir, sans même se préoccuper si ses manières seront une nouvelle fois mal perçues.
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Repose en paix Rastignac ...
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Ljd Falco a écrit : "Jouons. Peu importe la victoire, pourvu que le spectacle soit beau."
Asophie
Le jeune homme releva la tête de son ouvrage en s'entendant interpeller, et s'approcha gauchement de la dame, rougissant jusqu'aux oreilles, peu habitué qu'il est encore à recevoir la clientèle.

"B'jorn... Dame..."

Le garçon, semble se décomposer dans une réflexion intense, intimidé par le regard de la femme qui lui fait face -c'est que les hormones quand on a 16 ans, ça rend bête et maladroit- quand soudain, après s'être furieusement gratté la tête, réalise le nom qui vient d'être prononcé devant lui :

"Ah... Felina... Rastignac... Oui, c'est le nom que Maitr... Dame Sophie m'a donné... Euh... Je... Bougez pas de là, elle m'a dit de la quérir, de la faire préve... Bougez pas! Euh... Si vous plait, m'dame..."

Et le grand godichon de s'éloigner vers l'arrière de la forge grande ouverte sur une cour intérieure, jetant un dernier regard pour s'assurer que la cliente ne va pas s'évaporer, revenant quelques minutes plus tard avec Sophie, rencontrée plus tôt en taverne.

Arborant un sourire radieux, la jeune femme salue sa cliente :


"Bienvenue à l'Escarboucle ! Florimond va regarder vos chevaux et surtout leurs pattes... Venez prendre le frais à l'arrière en attendant, si vous voulez... "
Puis, jetant un oeil par dessus l'épaule de la dame :
"Votre fils ne vous accompagne pas?"
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Felina
La Rastignac n'eut pas longtemps à attendre, à peine a-t-elle beuglé comme elle sait si bien le faire qu'un jeune homme est sorti du fond de l'échoppe, marteau et tenaille rougeoyante en main, la coloration de ses oreilles en parfait accord avec ses outils d'ailleurs. Et le voilà qui se met à bégayer à a trember de tous ses membres, faisant s'élargir le sourire moqueur de la sauvageonne, immobile au mileu de la forge. Perplexe comme il s'éloigne en lui jetant parfois des oeillades presque désespérées, elle espère qu'il ne prendra pas la poudre d'escampette. C'est qu'elle a encore fort à faire avant de pouvoir partir en direction de La Teste, et ses chevaux ferrés lui enlèveront une première épine du pied.

Mais l'entrée de celle qu'elle cherche et dont l'élégance dénote avec le lieu dans laquelle elle se trouve la rassure aussitôt. La Féline se fend même d'un léger inclinement de tête pour la saluer, marque de respect assez rare chez elle pour être notée.

Un regard vers le jeune homme :


Tu trouveras Cheval, la jument d'mon fils et Diablo mon vieil hongre dehors d'vant la forge. Fais z'y gaffe et méfie toi, mon ch'val est hargneux et y mord !

Lui aussi ... Ne dit pas telle maîtresse tel ... Non ? Hum passons.
Puis, faisant de nouveau face à Asophie, enchaîne-t-elle d'un ton plus aimable.


J'vous remercie ... J'm'habituerai jamais à la chaleur d'votre Sud, pis ça fait des heures que j'cherche votre forge savez ...
Mon fils ? J'sais fichtrement pas où l'est passé ...A vadrouiller sûrement, comme d'habitude ...
Mais ... un p'tit coup de frais, j'dis pas non !!


Déjà alléchée par l'idée qu'elle se fait du "frais", si possible ambré, mousseux et dans une chopine, la Féline s'engage donc à la suite de son hôte du jour, en en oubliant presque qu'elle se doit de négocier un prix à la baisse pour la commande au maréchal ferrant. C'est que notre ex mercenaire ne roule plus sur l'or depuis qu'elle a quitté la grande criminalité. Quel est l'idiot qui disait que le crime ne paye pas ?
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Repose en paix Rastignac ...
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Ljd Falco a écrit : "Jouons. Peu importe la victoire, pourvu que le spectacle soit beau."
Asophie
Sophie n'avait en effet pas revêtu les vêtements de cuir qu'elle s'était fait fabriquer pour travailler à la forge et était venue accueillir sa cliente dans une mise plus élégante que pratique en ces lieux. Souriant à Felina en lui indiquant la porte vers l'arrière-cour de l'atelier, elle poussa doucement le jeune homme hésitant vers l'extérieur, là où ces sales bestioles de canassons étaient attachés, bien heureuse de ne pas avoir à s'en approcher elle-même.

"Venez donc profiter de la pergola, en ce cas. Je vais nous faire porter des rafraichissements..."

Elle conduisit ainsi Dame Rastignac vers un porche qui menait au jardin et plus précisément à un lieux abrité du timide soleil automnal par des poutres de chêne qui supportaient essentiellement du lierre mais dans lequel finissait de fleurir du jasmin et du chèvrefeuille importé tout droit du domaine de Najac.

L'invitant à s'asseoir avec une certaine fierté de parvenue, il faut bien le dire, Sophie ne put s'empêcher de sourire en prononçant un :

"Bienvenue dans le sanctuaire secret de l'Escarboucle !"
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Felina
Féline esquisse un sourire en entendant le mot rafraîchissement. Ainsi donc la Dame a saisit son envie du moment. Il est vrai qu'en cet instant elle tuerait père et mère (enfin s'ils étaient encore de ce monde) pour une bonne bière fraîche.
Avisant du coin de l'oeil le jeune palfrenier comme il se dirige vers ses chevaux, elle emboîte le pas à la propriétaire des lieux, pour découvrir cette fameuse arrière cour. Bien que totalement insensible à la beauté en général, la Rastignac étant une guerrière peu encline à s'extasier sur le matériel, elle ne peut cependant pas nier toute le charme et l'impression de quiétude qui émane de ce endroit, que beaucoup aurait sûrement qualifié de beau.

Mais, tout en délicatesse et en poésie typiquement félinienne, elle se met à siffler avec deux doigts de sa main gauche avant de lâcher un :


Mazette ! Z'êtes rudement riche m'dame pour vous payer un endroit pareil. Si vous voyiez la cabane qu'nous sommes en train d'retaper à Saumur ... Ici c't'un palais à côté.

Et l'ex mercenaire de penser que Karyl rate quelquechose en ne voyant pas cet endroit immense.

Puis, se rendant compte qu'elle manque à tous les codes de politesse, et désireuse, pour une fois, de faire bonne impression à la femme, avant d'entamer les négociations pour le prix du ferrage de ses chevaux, elle prend un ton plus neutre et, non sans trépigner d'impatience à l'idée des rafraïchissements promis, elle plonge son regard noir ébène dans celui de Sophie.


Z'êtes quelqu'un de rudement important ici hein ? Et pourtant vous prenez l'temps de recevoir une étrangère, une mécréante comme moi ... Pourquoi m'dame ?

Une soudaine envie de comprendre cette femme et sa gentillesse si naturelle, dont la sauvageonne n'est vraiment pas coutumière.
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Repose en paix Rastignac ...
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Ljd Falco a écrit : "Jouons. Peu importe la victoire, pourvu que le spectacle soit beau."
Asophie
Les rafraichissements firent leur arrivée, portés par la revêche gouvernante qui se pencha pour glisser quelques mots à l'oreille de sa maîtresse, laquelle ne sourcilla pas. Naturellement, comme il était de coutume en cette maison, il s'agissait de citronnade fraîche et de vin de Cahors car Sophie ignorait les rêves blonds et pétillants de sa visiteuse. L'aurait-elle su qu'elle n'aurait pu lui apporter satisfaction, n'ayant point chez elle un tel trésor en fût...

"Il est vrai que ma nouvelle condition de noble m'a apporté quelques rentes et fermages... Mais comme à mon habitude, j'ai été plus que dispendieuse! La rénovation et l'agrandissement de la maison m'ont couté les revenus de l'année... Mais j'ai eu de belles occasions, je ne pouvais pas les laisser passer..."

Tout en servant Felina au choix de ses désirs, elle prit plaisir à raconter comment sa petite maison était devenue cette belle demeure :

"A droite, il y avait le vieux père François qui était savetier... L'est mort il y a quatre mois et ses héritiers sont en Languedoc. Bien trop contents que je leur rachète la bicoque. Bon, elle était en sale état, je n'ai gardé que les quatre murs et j'en ai fait l'appentis pour la carriole et ce qu'on peut appeler une écurie... Mais j'ai récupéré sa parcelle avec... Et puis, là bas, dans le fond, c'était la jolie maison de la Louison... ou Louiselle... ou Louisette, je sais plus... Elle avait commencé à faire un potager mais la pauvre, comme la plupart des jeunes dindes sans cervelle qui composent la gent féminine, ne rêvait qu'à se marier. Elle s'est trouvé un fiancé du côté de Toulouse. Y a deux mois, je lui ai proposé de racheter sa maison qui est devenue celle de ma gouvernante et sa famille... Et un magnifique jardin!"

Tout en parlant elle montrait du doigt, un sourire de gamine illuminant son visage, toute fière de sa réalisation, se rendant compte un peu tard qu'elle en foutait plein les yeux à une voyageuse qui venait de lui avouer vivre dans une cabane. Elle se rassit d'un coup, la mine honteuse, avalant d'un trait son verre de citronnade en grimaçant :

"Excusez-moi Felina... Ça ne doit pas du tout vous intéresser..."


Pour se donner une contenance, elle se resservit un verre, balaya de la main quelques miettes imaginaires avant de répondre à la question posée :


"Z'êtes quelqu'un de rudement important ici hein ? Et pourtant vous prenez l'temps de recevoir une étrangère, une mécréante comme moi ... Pourquoi m'dame ?"

"Pour ne pas sombrer dans la hauteur et le mépris... Je suis une parvenue, Felina. Il y a un an, quand je suis arrivée ici, j'étais cul-nu, habillée de hardes, avec un vague quignon de pain dans ma besace.. Pour toute fortune, j'avais quelques outils que m'avait donné mon maître et la sapience que lui et ma grand-mère avant lui m'avait offert en trésor. Mais cette femme qui m'a élevée était une aristotélicienne à sa façon. Pas très orthodoxe. Mais pour qui l'amour des autres était la Véritable Foi. J'aime les gens et je donne quand je peux. J'aime rendre les gens heureux, c'est ma nature. Aujourd'hui, j'ai plus de moyens qu'hier, alors j'en fais profiter plus de gens.

Sophie haussa les épaules en souriant, un peu moqueuse :

"Je sais, vous allez me trouver naïve, idiote sans doute et pas moins gourdasse que la Louison qui ne rêvait que de se marier... Mais si je ne prends pas le temps de rencontrer des gens venus de tous horizons, de toute extraction, je vais me perdre dans une tour d'ivoire... Alors, si je peux vous offrir un rafraichissement et vous aider un peu quand je vous vois paumée et seule avec votre fils dans cette ville... Moi, ça m'illuminera ma journée et peut-être que ça donnera un ptit éclat à la vôtre... Lux Perpetua..."

Une fois de plus, elle avait monopolisé la conversation et devait avoir assommée son invitée de son babillage, parlant d'elle, encore d'elle, quand elle détestait chez les autres ce genre de comportement égocentrique. Sophie choisit d'en rire :
"Allons, assez parlé de moi! A vous....! Qu'est-ce qui vous amène en Guyenne? Pourquoi vous allez vers la mer...?"
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Felina
Le coup de frais promis arrivant, la Rastignac se fend d'un sourire, qui se transforme en une légère moue lorsqu'elle réalise qu'aucune bière ne lui sera servie. Au choix entre la citronnade et le vin local, la Féline n'hésite pas, se décidant pour le vin, qui peut être lui changerai de la piquette angevine qu'elle n'avait jamais pu apprécier. Pas assez de caractère pour elle le vin d'Anjou à n'en pas douter.

Prenant place comme Sophie l'invite à le faire, elle fixe son regard sur son hôte, faisant silence pour l'écouter lui narrer l'histoire de ce lieu au demeurant fort charmant si l'on est sensible à la beauté. Le sourire revient éclairer le visage de l'ex mercenaire en constatant avec quelle passion Sophie lui raconte cette histoire. Elle même serait bien incapable de décrire le moindre lieu où elle a séjourné avec tant de joie dans les yeux. Jamais de toute sa cahotique vie elle ne s'était attachée aux lieux. De sa cabane dans les bois du Béarn à sa masure sur la plage de Dunkerque enFlandres, des géôles de Bourgogne à la forteresse de la Zoko à Saumur, tous les lieux qui lui reviennent en mémoire sont porteurs de sombres souvenirs. Tous synonymes de maheur et de tristesse.
A part peut être, très récemment, la cabane du vieux Georges, la propriété de Karyl, celle là même qu'ils avaient entrepris de retaper tous les deux. Parviendraient ils un jour à en faire une maison où il ferait bon vivre, comme la demeure de l'Escarboucle. Toute absorbée par ce questionnement, la Rastignac se fait moins attentive alors que son interlocutrice est en train de répondre à ses ointerrogations sur l'importance de sa place dans la socièté guyennoise, sursautant presque comme une question lui est posée.
Le regard glissant vers le contenu de son verre qu'elle fait tourner de sa seule main valide, alors que la gauche est dissimulée sous la table, elle laisse quelques longues secondes avant d répondre.


C'que je fais en Guyenne. Et bien disons que j'fuis mon passé et tout c'qui s'y rattache de près où d'loin et j'ai pensé qu'mettre d'la distance s'rait le meilleur moyen d'y r'médier. J'ai ... très récemment tourné une page sombre d'ma vie, et j'ai envie d'changement, pour moi, mais surtout pour mon fils. Je veux tenir Karyl éloigné des guerres, du sang et d'la mort autant qu'possible et lui offrir une vie faite d'joie et d'insouciance, comme il convient à un gamin d'son âge.

Une pause, permettant à la Rastignac d'enfouir au plus profond de son esprit encore tourmenté la vague de souvenir dont elle ne veut plus, puis elle reprend, d'une voix presque douce.

Quand au fait de vouloir voir la mer, c't'une promesse qu'j'lui ai fait il y a de c'la trop longtemps et que j'n'avais jamais pu honorer. La vie nous a bien souvent séparés, et fût une époque ou l'môme n'passait pas avant l'reste. Mais c'temps là est révolu et aujourd'hui j'veux t'nir toutes les promesses que j'lui ai fait ...

Elle n'a pas regardé un seul instant Sophie tout le temps de son monoloqgue dont elle est peu coutumière, et c'est d'une large rasade de vin qu'elle le conclue, comme pour calmer le feu de sa gorge asséchée d'avoir tant parlé. Ce n'est qu'après qu'elle se décide à plonger son regard noir ébène dans celui de son homologue, guettant sa réaction.

Et nous voilà donc dans cette ville que vous nommez Montauban la Réformée, parce que je ne sais pas lire une carte.

Petit sourire en coin, rarement l'ex mercenaire ne se confiait aussi rapidement à quelqu'un qui finalement, n'est encore qu'une inconnue. Aussi une envie soudaine de changer de sujet de conversation lui prend.

Vivez seule ici M'dame Sophie ?

Curiosité quand tu nous tiens ...
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Repose en paix Rastignac ...
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Ljd Falco a écrit : "Jouons. Peu importe la victoire, pourvu que le spectacle soit beau."
Asophie
Sophie écouta avec une attention sincère les confidences de Felina. Elle se doutait que cette femme forte n'avait pas l'habitude de raconter sa vie. La jeune vicomtesse admira la volonté de son interlocutrice à vouloir tirer un trait sur un passé délicat et recommencer à zéro. Pour l'amour d'un fils adoptif. Belle leçon de vie. Elle se contenta donc de ponctuer parfois le monologue de Felina de quelques "Je comprends...", "Je vois...", se gardant bien de tout jugement que rien ne lui permettait d'émettre. Seul un rire amical vint achever l'histoire sur le sens de l'orientation de Felina qui avait eu bien du mal à trouver l'Escarboucle! Elle se retint de lui souhaiter bonne chance pour trouver la mer, n'étant pas assez familière de l'aventurière pour se permettre une taquinerie.

Tandis qu'elle la resservait en vin, Sophie esquissa un léger sourire à la question personnelle, qui reflétait une curiosité toute naturelle mais néanmoins gênante pour la jeune femme. Est-ce qu'elle vivait seule?... Question délicate à laquelle même elle aurait aimé pouvoir répondre en toute sincérité. Néanmoins, il ne s'agissait pas de se montrer hésitante et Sophie portait depuis trop longtemps ce masque de figure publique célibataire pour se relâcher devant une inconnue.


"Oui. En dehors des domestiques qui ont leurs propres quartiers à part, je vis seule dans cette grande maison.
J'ai accueilli la fille de ma meilleure amie durant quelques semaines. C'est à cela que ça sert aussi, d'avoir une grande bâtisse...! Cela m'a été fort agréable.


Malgré tout, elle ajouta d'une voix douce :

J'espère qu'un jour, elle accueillera une famille plus nombreuse. Mais ce n'est pas d'actualité..."

Distraitement, elle se mit à plumer la branche de jasmin qui n'était pas loin de lui chatouiller le nez, des fleurs qui commençant à faner. Cela lui permit aussi de détourner le regard de son interlocutrice, quelques instants... Le temps de chasser de sa tête les pensées et les questions qui s'y bousculaient. Le temps de laisser s'enfuir le sujet. Le temps d'en changer. Car après tout, le vivre noblement l'empêchait d'aborder la question de l'argent.
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Felina
La réponse ne se fait pas attendre, et la curieuse a soudain le sentiment d’avoir peut être été un peu loin à la réaction de Sophie qui soudain lui apparaît mélancolique. Mais on ne la refera plus notre ex mercenaire, ses trop grandes oreilles ayant toujours eu cette propension maladive à traîner un peu trop. Mais le silence évocateur de la brune lui fait réaliser qu’il est grand temps de changer de sujet de conversation et d’en revenir à la raison de sa visite, qui si elle a pris l’apparence d’une discussion de salon mondain entre deux amies n’en reste pas moins purement commerciale au départ.

Elle est venue monnayer un service et maintenant arrive l’heure de faire des affaires. La Rastignac n’a jamais été particulièrement douée à cet exercice, étant nettement plus rompue à la corruption de fonctionnaires de type mâle à grands renforts d’œillades enjôleuses et de roulement de hanche indécents. Elle ne comptait plus le nombre de relaxe, vice de procédure et autres arrangements obtenus par ce seul moyen et depuis qu’elle avait l’âge d’ouvrir les cuisses, elle avait toujours su le faire à bon escient, sans aucun complexe.
Mais là, face à une femme, et de noble condition, le jeu était tout autre. La gentillesse de Sophie l’a, même si jamais elle ne se l’avouera, ébranlée, et l’espace d’un instant elle hésite à vouloir en profiter. Pourtant, elle ne peut se payer le luxe d’être généreuse, ses maigres richesses et ses poches percées ne lui permettant guère. Alors, elle opte pour la pitié, et commence un long monologue dans lequel la sauvageonne expose qu’elle est sans le sou, qu’elle ne parvient qu’avec difficulté à nourrir son fils (bien l’argument des enfants pour faire flancher les dames, imparable !), et que si elle ne parvient pas à se faire pardonner l’erreur de parcours qui les ont ainsi éloignés de l’Océan, jamais Karyl ne s’en remettra. Toute à ses simagrées, théatrale, la Rastignac n’a même pas réalisé que tout cela est inutile et que dès le départ son hôte du jour était toute disposée à ne lui faire payer que le prix du fer nécessaire à l’ouvrage. Totalement convaincue d’avoir fait une excellente négociation, et presque fière d’avoir ainsi su rouler dans la farine la si gentille Sophie, notre Rastignac se fend même d’un geste généreux en rajoutant quelques pièces pour l’apprenti. Pour un peu elle se persuaderait qu’elle a enfin acheté sa place au Paradis, si tant est qu’elle croit en son existence.

Scellant la négociation d’un serrement de main, la gauche bien évidemment, il eut été de très mauvais ton d’achever cette fructueuse séance d’un coup de griffes malheureux, Félina se lève alors en souriant, étrangement aimable.


M’dame De L’Escarboucle, oserai je encore abuser de vot'gentillesse en d'mandant à vot'palefrenier de m'ner mes bêtes Aux Quatre Vents lorsqu’il aura achevé son œuvre.

Et pourquoi pas les étriller, les choyer tant qu’il y est ? Hum non … n’abusons pas plus, à force ça finira par se voir.

En tout cas j’vous remercie beaucoup d'vot' diligence.

Et oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est qu’elle savait (à peu près) bien parler la vagabonde lorsqu’il s’agissait d’affaires de sous.

J'vous souhaite une belle fin de journée et j’suis persuadée qu'nous nous reverrons bien souvent lors d'mon séjour dans votre patelin.

Elle ne croyait alors pas si bien dire et qu'au fil de leurs rencontres un profond respect naîtrait chez elle pour cette femme d'une simplicité et d'une générosité déconcertante, même pour la Rastignac.
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Repose en paix Rastignac ...
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Ljd Falco a écrit : "Jouons. Peu importe la victoire, pourvu que le spectacle soit beau."
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