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[RP] "L'Escarboucle" (forge et demeure)

Asophie
Et voilà que les jours diminuaient. Pour autant, quelle que fut la durée de la course du soleil, Sophie ne passait pas plus de temps chez elle ; et sans doute moins que celui qui désormais l'appelait "Mademoiselle ma femme".

La course folle semblait s'être arrêtée pour lui. Elle craignait malheureusement qu'en ayant cédé un pouce, ses détracteurs ne cherchent à lui bouffer le bras désormais. Et elle était à peine là pour le protéger. Quoiqu'il semblait improbable qu'elle, frêle bout de femme, épaisse comme une crevette puisse en quoi que ce soit protéger le pasteur réformé à la gueule couturée. Mais plutôt qu'un bouclier qui parfois parait les coups destinés à lui meurtrir l'âme plus que le corps, elle était l'éponge qui boirait son amertume en silence et se ferait douce caresse pour effacer la bile.
Si seulement elle avait du temps.

Mais la guerre grondait.
Le ciel était à l'orage.
Et ses vertiges revenaient...

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Sancte
[Évènement Escarboucle: le classique prend de la hauteur.]

- Sophie ? Vous êtes là ? J'ai quelque chose à vous dire.

Mais elle n'était plus là. Ou si peu. Plus de petits plats mijotés à l'estouffade. Uniquement des réunions, des déplacements, des tractations, des charges, du travail, du travail, encore du travail. Récompensés par le vote. Déchus par la Capitale. Ne voyant personne dans cette maison morte, il alla faire un tour dehors. Il devait acheter des polochons de plumes. Tous les lits de l'Escarboucle n'en avaient pas. Un ajout domestique qui en ce morne jour d'été, occuperait sa journée de Régnant démissionnaire.

Après la surcharge, le vide.

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"Des bandits ?! Naaaan ... Des gars futés !"
Sancte Iohannes Von Frayner - Chevalier de la Réforme Aristotélicienne
Felina
[Un matin de Septembre, devant les portes de l'Escarboucle.]

Une boîteuse dans les ruelles de Montauban-La-Réformée, scène habituelle depuis plusieurs jours qu'elle en arpente le pavé, sans but aucun, autre que de se réimprégner des lieux et de cette ambiance si particulière. Car oui, sans se l'expliquer, ici la sauvageonne sans attache se sent comme chez elle, parvenant à ressentir le même apaisement que lorsqu'elle se trouve à Saumur.

Mais ce jour, la Rastignac a un but, un seul, étonnant peut être, mais bien réel. Celui de deviser quelques instants avec l'une des rares femmes qu'elle a l'audace de considérer comme une amie. La vicomtesse de Terrides. Ayant toujours trouvé sa compagnie des plus agréables, la Féline ressent ces derniers temps le besoin de se confier.

Le plus souvent en compagnie de son fils, ou entourée de mercenaires, tous plus hargneux et violents les uns que les autres, la Rastignac se plaît dans cet environnement, le seul qu'elle connaisse d'ailleurs depuis bien des années. Parfaitement à sa place dans ce monde là, elle doit pourtant jouer aussi son rôle de mère et tenter de composer avec ces deux aspects si opposés de sa vie. Mais parfois, alors que le calme se décide à régner autour d'elle, lorsqu'elle se retrouve loin des cris, loin des combats, loin des beuveries, loin des babillements de son blondinet ... parfois oui dans ces moments de solitude ... la Féline se sent justement ... trop seule.

Alors, ravalant sa fierté maladive, la voilà qui cogne du poing valide contre la porte qui lui fait face, espérant ne pas trouver les lieux vides.


Sophie ?? Z'êtes là ???
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Repose en paix Rastignac ...
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Ljd Falco a écrit : "Jouons. Peu importe la victoire, pourvu que le spectacle soit beau."
Sancte
[A l'Escarboucle, le matin est le soir.]

Dos à l'entrée, Iohannes, les yeux crevés de sommeil, aurait bien légué une gemme à l'importune pour qu'elle ouvre la portière de la première diligence venue et qu'elle rentre à ... où qu'elle veut.

Mademoiselle ma femme ? Je crois que c'est pour vous.

Alors qu'il replaçait son bonnet de nuit sur la tête, il laissa échapper un terrible bâillement. Certes. Le lecteur jugera sans doute avilissant d'apprendre que Sancte Iohannes allait ouvrir la porte au petit matin en bonnet de nuit et en chainse large, les pieds engoncés dans de larges pantoufles. Mais visiblement la honte ne prenait pas prise sur le robuste chevalier. Voici en revanche qu'il détestait être réveillé à l'aube par une cognerie à sa porte. Voilà ce que c'étaient, les femmes sans mari à poigne. Jugeant cette visite aussi annulable qu'un Concordat Romain, il laissa la porte ouverte et s'en alla loin en se massant la nuque. Il était bien décidé à laisser les femmes s'entretenir entre elles tandis qu'il regagnerait sa couche. Tout juste appréhendait-il la possibilité d'avoir à chercher à regagner les lieux d'aisance. Mais finalement, non. Il irait faire ses commissions au grand air en sortant par la forge.
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"Des bandits ?! Naaaan ... Des gars futés !"
Sancte Iohannes Von Frayner - Chevalier de la Réforme Aristotélicienne
Asophie
[Un matin de septembre à l'Escarboucle...]

Alors déjà, habituellement, les matins, c'est pas son fort à la Sophie... Mais en ce moment, ils avaient tendance à se transformer en cauchemar. Car la vicomtesse n'était pas faite différemment de la majorité du commun des femmes... enceintes. Alors que son cher et tendre finissait sa nuit dans la chambre, la jeune femme était systématiquement réveillée et sortie du lit par les trop fameuses "nausées matinales" et se retrouvait pliée en deux à vomir sa bile, tremblante, la peau parcourue d'une pellicule de transpiration glacée.
Elle en était là, à peu de choses près, de ses occupations, sa fine chaisne collée au corps par la sueur froide, le front perlé, le visage blême, tâtonnant d'une main pour se saisir d'un linge sec pour y enfouir son visage lorsque soudain...


Sophie ?? Z'êtes là ???

Et tandis que de son pas de sénateur endormi à la gravité toute empruntée au sommeil, un Sancte Iohannes défiant les lois du glamour va ouvrir la porte pour faire face à la visiteuse, dans sa chambre, la jeune femme s'éclabousse le visage d'eau fraiche, mâchouille des feuilles de menthe après quelques gargarismes, arrache sa chaisne pour passer une houppelande légère aux couleurs pastels -évitant toutefois le vert tendre qui aurait donné à sa peau, en la circonstance un teint olivâtre des moins seyant-, ramène ses lourdes mèches de cheveux en un vague chignon -de toutes façons, c'était peine perdue- et se retrouve face à un miroir qui lui renvoie une image presque satisfaisante. De sombres cernes sous les yeux, la peau dorée était terne et le teint brouillé mais... avec un sourire, en se pinçant un peu les joues, on pourrait faire croire qu'on était en pleine forme !

Et tandis que le pasteur encore endormi et à la mine peu avenante fait entrer Felina dans le petit jardin de "l'Escarboucle", c'est une Sophie presque pimpante et fraîche qui y déboule, sourire sincère aux lèvres quand elle découvre l'identité de celle qui lui rend visite.


Félina ! Entrez, entrez...! Je commençais à me demander si vous alliez tenir votre promesse de venir me voir...

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Felina
[La vraie paresse, c'est de se lever à 6 heures du matin pour avoir plus longtemps à ne rien faire.*]

Soph.....

La paluche en l'air, et les mots en suspends, la Rastignac se fait surprendre par l'ouverture de la porte, dont le portier la laisse pour un temps totalement déconfite. Le Von Frayner, dans ses plus beaux atours. Hum...
Jamais la sauveageonne ne se serait imaginée croiser le fier Lecteur réformé en une telle vestûre, et le regard posé sur elle, empli d'amabilité contenue ne lui laisse aucun doute sur les pensées actuelles du colocataire de l'Escarboucle.

Mais notre Félin n'étant pas du genre complexée, ni à s'embarasser pour si peu, la voilà qui entre sans gêne, petit sourire en coin lorsqu'elle passe à la hauteur de Sancte.


Bien l'bonjour Sire Sancte, j'vois qu'vous êtes en pleine forme de bon matin !

Quoique de bon matin, la journée soit déjà commencée depuis quelques longues heures, le soleil ayant entamé presque la moitié de sa course dans le ciel de Guyenne. Mais l'homme était du genre oiseau de nuit, cela était connu de tous.

Le dépassant sans plus de cérémonie, la Rastignac aperçoit alors celle qu'elle cherche, la vicomtesse, et lui adresse à son tour un sourire sincère. Ces retrouvailles la mettent en joie, sans qu'elle ne puisse se l'expliquer vraiment. Pour autant, elle ne s'épanchera pas en embrassades et autres courbettes du genre, se contentant d'un :


Vous par contre Sophie, j'vous ai connue avec meilleure allure ... z'êtes souffrante ou bien ?


Décidément, la vicomtesse souffrirait-t-elle du même mal qu'elle, cette indigestion à la gastronomie locale lui donnant envie de rendre son estomac chaque matin depuis des semaines ? Si tel est le cas, alors peut-être pourra-t-elle faire d'une pierre deux coup et profiter de cette entretien pour obtenir un remède efficace contre ces nausées insuportables, les herbes de la Fourmi s'avérant par trop peu inéfficace à son goût.


*Tristan Bernard
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Repose en paix Rastignac ...
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Ljd Falco a écrit : "Jouons. Peu importe la victoire, pourvu que le spectacle soit beau."
Sancte
[Rien ne sert de pisser si on n'en a pas envie.]*

La visite de Félina n'était que la partie cachée de l'iceberg. Iohannes souffrait d'une fatigue continue non parce qu'il s'était fait réveiller aux aurores, mais parce qu'il peinait à trouver le sommeil. Plutôt que de passer une autre heure à rechercher au hasard un endormissement casuel, il se leva. Alors qu'il se laissa assurément tomber sur les pieds, il prit le temps de se les laver à la pierre ponce en profitant du plaisir d'être seul. Sa toilette effectuée, il descendit les rejoindre en passant dans le salon, le temps d'administrer une cajolerie sur le cou de sa femme. Mais il ne s'attarda pas. De ce fait, il rata le monologue successif des amabilités d'usage contre lesquelles il avait l'impression de perdre pas mal de temps tout en se considérant impuissant à y mettre un terme. Loin d'elles, dans la cuisine, il observait les denrées présentes qui ne lui inspiraient qu'une sage répugnance. Il finit néanmoins par se trouver des herbettes à faire infuser dont il espérait que se confirmeraient les vertus apaisantes qu'il plaçait en elles. Pendant un moment prodigieusement assez long, il demeura dans cette pièce plutôt inconnue de son quotidien, avant qu'il ne revienne auprès de ces dames, tisane en main, et son infaillible grossièreté en tête.

Bon alors les gonzesses, quoi de neuf ?



*Pierre Dac
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"Des bandits ?! Naaaan ... Des gars futés !"
Sancte Iohannes Von Frayner - Chevalier de la Réforme Aristotélicienne
Asophie
["La grossesse... c'est un ptit peu comme une gueule de bois qui dure neuf mois..."]


Le sourire pourtant sincère se prit une petite claque au moral et se mit en berne quelques secondes : elle qui pensait avoir trompé sa visiteuse en fut pour ses frais.
Quoiqu'il en soit, le ravissement était réel et la mine, à peine boudeuse, se rehaussa de dérision :


"Souffrante, souffrante... possible que dans quelques mois je hurle de douleur à l'agonie mais là, c'est juste un petit malaise passager... quotidien, certes... Tous les matins en somme. Broutille... quotidienne.

Et, se fendant d'un semi-sourire qui tend sérieusement sur la grimace, ou l'inverse, elle emmène Felina vers la maison, l'invitant à s'installer tandis que la gouvernante s'affaire à amener de quoi boire, manger, se rafraichir. Tant de si bonnes choses qu'elle repousse avec un dégout difficilement masqué, se contentant d'une petite tisane qu'elle peine à avaler. Puis, sur le ton de la confidence, au cas où sa vis-à-vis n'aurait pas bien compris :


Je suis enceinte... Et donc, fatalement, les matins ne sont pas très joyeux puisqu'aucun des désagréments coutumiers ne m'est épargné. Mais dans une petite demi-heure, ça ira mieux.
Et vous?! Je suis tellement contente de vous revoir et en meilleure disposition que lorsque nous nous sommes croisées à la Teste ! Revoir Karyl, égal à lui-même et entier m'a comblée de joie! Alors, racontez-moi..."


Parce que pour autant, les indispositions féminines ne l'empêchaient nullement de babiller gaiement, égale à elle-même. Ou presque.
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Sancte
["Ah p'tit cul va !"]


Hé bien Félina, je vous ai déjà connu plus loquace. Ne soyez donc pas si timide, et racontez-nous donc ce qui vous est arrivé de bon et de moins bon depuis votre dernière visite, qui remonte à quelques temps déjà ... J'espère d'ailleurs que cette fois-ci, vous nous ferez l'honneur de partager notre compagnie un peu plus longtemps. Vous savez que nous vous apprécions. En ce sens, en Montauban, vous êtes en droit de vous sentir comme chez vous.

Et parce qu'il commençait à se peler le cul dans cette mâtinée, il ajouta une large bûche au feu pendant qu'ils échangeaient souvenirs et expériences. Soit un réveil presque idéal, au fond. Ce qui au départ, n'avait rien de gagné.
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"Des bandits ?! Naaaan ... Des gars futés !"
Sancte Iohannes Von Frayner - Chevalier de la Réforme Aristotélicienne
Amendine, incarné par Sancte


Le temps avait passé depuis la visite de la Rastignac. Les doutes qu’elle était venue confier à Sophie s’étaient naturellement vérifiés mais hélas, l’avenir n’aura pas été le même pour les deux femmes porteuses de vie. Au cœur du plus grand charnier de l’histoire du Royaume, dans les bras de la première, la Féline rendra son dernier soupir, la griffe crispée sur son ventre d’où s’écoulait la précieuse vie…

Oui ailleurs, dans quelques jours. Car là, dans l’immédiat, c’est ici, en Montauban qu’a lieu le plus abominable carnage qu’ait pu connaître la Guyenne laquelle y assiste, soit amorphe et indifférente, soit en s’en réjouissant, pensant accomplir là un acte de bravoure en massacrant quelques civiles massés devant les portes d’une ville. Bon Dieu, si tous ces courageux de la dernière pluie s’étaient retrouvés aux pieds de Tours, dans un camps ou dans l’autre, nul doute qu’ils se seraient pour la plupart pissés dessus et auraient pleuré leur mère quand il se serait agi de faire montre d’un vrai courage.

En attendant, avec le surnombre, les vilains engoncés dans une soit-disant armure de courage achetée en gros et à prix bradés par les réseaux « Castelcerf & Louvelle inc. » se pavanaient au cœur de la ville en se prenant pour des vainqueurs, obéissant aux aboiements et vociférations de leur chacal de maître.

L’austère Amendine se dépéchait. Depuis plusieurs jours, elle avait fait évacuer plusieurs malles et caisses au loin, ailleurs, et mis de côté les quelques riches possessions de sa maîtresse. Elle savait que le plus précieux au fond, pour la sans doute future ex-vicomtesse était de chair. Que l’un était en elle. Et l’autre…
Monsieur venait de lui faire parvenir l’ordre. Déjà le Cantor, le cocher, faisait embarquer les deux filles dans la voiture tandis que Florimond, dont toute innocence disparaissait au fil des jours et des menaces, arborait des armes nouvellement forgées. La gouvernante de la maison Terrides observa le pli soucieux qui s’était creusé entre les deux sourcils de son fils. Ces derniers jours auront fait de lui un homme, plus sûrement que toute autre chose. Il se tenait droit à côté de la portière de la voiture, près à la refermer derrière elle et à sauter sur le banc du cocher. Il en découdrait s’il le fallait.

Alors, la femme grise jetant un dernier regard à la belle maison de l’Escarboucle et se demanda si elle la reverrait un jour… Secrètement, elle songea simplement que si les soudards avaient l’idée d’y foutre le feu, ils pourraient avoir une belle surprise. Sans doute même la dernière de leur vie… Et pour la première fois ces derniers jours, elle se prit à sourire en montant dans le carrosse rendu anonyme.
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