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[RP] Quand une vie en remplace une autre... L'azur s'éteint.

--Clemence.
[Duché de Billy] Demeure de l’Orfèvre

La nuit était déjà fortement avancée sur le duché de Billy, la lune reflétant sur la moindre source d’eau glacée, les étoiles pailletant ce ciel si sombre, les bruits de la nuit raisonnant à faire apeurer chevaux et bétail en tout genre…


Dans la demeure familiale, Clémence ne parvint pas à trouver sommeil cette nuit-là, sa fille Marguerite dormant, son mari Augustin parti cherché des colliers depuis plusieurs jours dans le Comté voisin pour son père, elle avait donc tout le loisir de contempler l’obscurité par la fenêtre de sa chambre, plongée dans ses pensées, se remémorant les douleurs et souffrances il y a quelques mois lors de la naissance de son trésor… Elle en fut cependant vite sortie lorsqu’à travers le givre dessinant sur le verre, elle aperçut un coche éclairé et se rapprocher de la bâtisse, il se rangea devant les marches, personne ne daigna y sortir… Qui pouvait être à l’intérieur ? Le cochet descendit, se dirigea vers la porte et se mit à tambouriner…

Le cœur de la jeune femme se met à battre la chamade… Mélange entre peur et curiosité elle se met à courir en direction du pallier de l’étage donnant sur l’entrée, son père est déjà en bas, vêtu de son habit de nuit, son bonnet blanc sur la tête… Une épée à la main …


QUI VA LA ? s’écria t’il.

Puis une voix plus calme et vieillissante se fit entendre.

Messire Vercoeur c’est Barbelivien, le valet du Duc de Billy, ouvrez-moi

L’orfèvre ne chercha pas à comprendre et ouvrit instinctivement la porte au valet de son bien-aimé Duc…

As tu vu l’heure Barbelivien ? Le Duc ne peut-il pas attendre le lever du jour comme tout le monde pour trouver bijoux à offrir à la future Duchesse ? Moi aussi j’ai une vie de labeur et la nuit, je dors tout comme sa Grâce.

Le regard sombre du serviteur se fit interrogateur puis subjugué et reprit.

Ne vous méprenez pas Messire, vous êtes dans le faux, le Duc de Billy est en ce moment même à Varennes chez sa vassale la Vicomtesse de Viverols, elle vient de donner naissance à un bel enfant, un héritier mâle si je ne m’abuse, mais elle se porte bien mal et beaucoup pense qu’elle ne passera la nuit. Le Duc m’envoie ici pour ramener Clémence, votre fille ainée au château pour alimenter le nouveau-né… Avant qu’il ne soit trop tard…

Clémence agenouillée sur le pallier assiste à la scène du rez-de-chaussée, la tête entre deux barreaux de la rambarde…

Le père reprend

Il est hors de question que tu emmènes ma fille à Varennes, elle a elle aussi un enfant à nourrir et se doit de rester en cette demeure…

N’eut il pas finit que la jeune femme se lèva furtivement, laissant retombée sa longue chemise de nuit légère et descend les marches de l’escalier principal en parlant comme en plein jour

J’irais Père, il en va de la vie d’un enfant, je ne puis me résoudre d’être la cause de la mort d’un nourrisson.

L’homme resta bouche-bée, regardant sa fille telle une carpe.

Mais… Mais mon rossignol, et Marguerite ? n’a t’elle point besoin de sa mère à ses cotés ?!

Clémence indignée…

Père, avec tout le respect que je te dois, cesse un peu d’être aussi personnel, nous parlons d’un enfant qui vient de naitre et qui peut s’éteindre d’un moment à l’autre, faute d’avoir pu téter un sein nourrisseur, Marguerite quant à elle commence à manger légumes et mon lait ne la comble plus suffisamment, Mère s’occupera d’elle pendant mon absence…

Elle remonta quatre à quatre les marches de l’escalier, s’habilla chaudement, une robe large, une cape chaude, embrassade de sa fille qui dort paisiblement et la voilà faisant une bise à son paternel sur le pas de la porte.

N’aie point de crainte Père, je serais bientôt de retour à Billy.

Elle remonte son capuchon sur son visage, et accoure jusqu'à Barbelivien qui lui tient la porte du coche ducal… Le temps est compté et ils en ont perdu suffisamment à discutailler… Les chevaux sont lancés à vive allure… La demeure familiale se retire laissant place à l’obscurité… La peur au ventre, elle ferme les yeux et prie… Direction… VARENNES
Arthurdayne
Assis dans le couloir, dos collé au mur. Ses mains taillant convulsivement un morceau de bois aux formes aléatoires. Arthur avait ravalé la rage qu'avait fait naître en lui les paroles de la femme aux cheveux de feu. Qui vint dans le couloir, leur expliquer la situation.

Les propos, durs, donnèrent forme aux pires craintes d'Arthur. Entendre des mots qui firent aussitôt un écho terrible à ce que son instinct lui criait depuis le départ précipité du parvis de l'église fut plus qu'il ne pouvait accepter. Il se leva brusquement, main droite serré sur son couteau, main gauche sur la morceau de bois.

Puis il partit droit devant lui, suivit le couloir, s'éloigna au plus vite de la porte qui n'empêchait pas les cris d'Apo de parvenir à ses oreilles, finit par courir, sentant des larmes brûler ses yeux. Il ne connaissait pas la place, et finit par déboucher à l'extérieur, sans trop savoir comment. Il ne savait pas si les autres avaient remarqué son départ, il ne savait même plus qui était là bas au juste. Tous connaissaient Apo depuis des années.

Et lui? Quoi, quelques mois, un an, tout au plus? Mais ces derniers jours... tout était allé si vite. Tout avait été si naturel. Juste eux, juste eux deux, en dehors du monde, loin du passé, loin, si loin de l'avenir. Qui se rappelait à eux de manière brutale, cruelle.

Pauvre fou, qu'espérais-tu... Que le temps ne reprendrait pas son cours? Que les craintes, les inquiétudes ne seraient jamais que de vagues monstres tapis dans l'ombre, endormis pour l'éternité? L'angoisse montait, l'oppressait, terrible et inexorable. Le regard d'Apo, cet azur assombri, faisait écho à trop de choses qu'il avait voulu oublier. Des souvenirs qui lui donnaient la certitude, sourde et inacceptable, que la rouquine avait raison. Les choses se présentaient mal.

Et Arthur était là, en dehors du château, sans rien pouvoir faire. Impuissant, devant le temps qui les avait rattrapé, devant ce combat qu'Apo devait mener seule, malgré tous ceux venus la soutenir. Impuissant, il ne pouvait faire qu'attendre. Egrainer les secondes, les voir s'enfuir, comme l'eau d'une source qui file, à peine gênée dans sa course sans fin par quelques rochers qui finiront, inéluctablement, par s'éroder. Compter les heures, les voir disparaître, en espérant, en priant des dieux en qui il ne croyait plus depuis longtemps, que chaque minute qui s'évanouissait n'emmenait pas avec elle un peu de la vie d'Apo. De celle qu'Arthur, à cet instant, plus qu'en aucun autre, se surprit à aimer, passionnément, sans qu'aucune barrière, même pas ce temps qui passe sans laisser de répit, ne puisse rien y faire.
Cerridween
Elle relève la tête...
Stupeur... sans tremblement.
Son regard vient de percuter l'azur troublé. Elle en a vu pourtant... des femmes hurlant, tempêtant, sous la morsure de l'accouchement. Des cris, des injures, des pleurs, des suppliques. Mais ces yeux... ces yeux là...
Un instant le froid des cellules revient, la hanter. Léger frisson qui lui parcourt l'échine. Les ambres étaient elles aussi parcouru d'encre noire qui mangeait leur lueur solaire. Le même regard, plein de cette colère, froide et glaciale, pragmatique, cette haine qu'elle a affronté au milieu des coups et des injures en se débattant contre Lui et contre sa fureur. Elle voit un Autre. Dans cette noirceur qui apparaît et trouble les saphirs qui lui font face. Un réflexe.... un instant... fonctionnement instinctif de celle qui vit avec les armes du matin au soir, qui les connait, qui les écoutent, qui les enseignent, qui les vit. Une pensée fulgurante, du fauve qui se réveille dans un battement de cil. Armes au pied du lit... lame empoisonnée.... jusquiame... pas en arrière et flexion des genoux... main dextre couteau de lancer, main senestre dague...
Respire Pivoine, respire...
Elle reste un instant infime à contempler les prunelles qui lui rappellent bien trop de souvenirs douloureux. Le fauve se retire, pour se tapir dans un coin, apaisé mais méfiant... elle n'est pas en état... elle ne pourra rien faire... rien qu'elle ne pourra affronter physiquement... et elle ne la connait pas aussi bien que son ancien agresseur des profondeurs et ne pourra pas lui vriller le coeur avec les charges émotionnelles qu'elle a affronté. Mais si le corps est faible, elle lit bien dans le regard orageux les menaces silencieuses.

Nouveau hurlement...


J'veux pas, c'est trop chiant... Démerdez vous, j'me casse moi..


Mouvement d'Apolonie pour sortir du lit... les femmes autour d'elle la retiennent et la Rousse maintient sa pression sur ses jambes... la Pivoine a oublié la menace, concentrée sur le fait que le fait que le bébé va arriver d'une seconde à l'autre et qu'un autre mouvement lui sera peut-être fatal.
Encore une contraction...
Les épaules passent entre les portes.
Encore une vague qui plie en deux la mère...
Et le petit être sort de sa gangue maternelle.
Un garçon...
Un beau petit garçon vigoureux...
Le nouveau né hurle sa colère, d'être balancé dans un monde assourdissant de bruit, éblouissant de lumière, sans avoir été prévenu de la violence de son arrivée. Protestant contre la douleur qui vient de le prendre, quand ses poumons se sont empli d'air...
Il est en vie... cries petit homme, cries tout ton saoul, hurle... tu n'as pas fini de le faire, surement. L'existence est ainsi faite... mais tu sauras que si tu as mal, c'est que tu es vivant.

La Pivoine rabat doucement les linges sur l'enfant pour pas qu'il ne prenne froid. Ensuite les mains s'empare de l'aiguille et du petit scalpel dans la trousse étendue sur le lit. Fil effilé, noeud sur le cordon à l'aide de la soie... le cordon est coupé à quatre doigts du nombril de l'enfant. Quatre. Comme les saisons qu'il traversera et qu'elle lui souhaite de voir nombreuses. Quatre. Comme les âges de la vie... dont il vient, le petit homme vagissant, de poser un pas dans le premier et peut-être le plus doux. La petite enfance. Elle emporte le nouveau né dans les linges rapidement vers la table. Alethea déjà sur le pied de guerre, a préparé des linges humide d'eau chaude. Sourire simple de la Rousse vers l'impétrante, en remerciement, sincère, qui ne nécessite pas de mots. Elle pose le nouveau né sur la table et enjoint la brune de le nettoyer doucement. Pendant ce temps, elle attrape un petit pilon de bois qui se trouve dans ses fontes et une petit sachet de toile... rose pilée. Les pétales séchés tombe au fond agrémentés de sel et d'un peu de miel. Le pilon écrase, expert, le mélange. Une fois homogène, elle frotte la peau du petit homme toujours criant comme un beau diable. Alethea se charge d'un nouveau nettoyage ensuite, avec un nouveau linge, avant qu'elles entreprennent toutes les deux de le langer. La Pivoine a jeté pendant l'opération un regard vers le lit. Elle est endormie... il lui faut du repos impérativement. Elle retient une grimace quand elle voit au sur le reste des linges la secondine qui est déjà sortie. Elle n'a même pas réagi... Il faut du calme et du sommeil impérativement.


Alethea, amenez ce petit enfant ailleurs... couvrez le bien. Et surtout il faut qu'il mange. Tâchez de savoir si une nourrice a été trouvée.

La Rousse s'en va vers le lit... son travail n'est pas finit. Elle s'empare de la secondine et la jette dans le feu. Elle s'empare ensuite d'un petit flacon et s'approche des jambes de l'accouchée. La main de nouveau s'empare du fil de soie et de l'aiguille. Les chairs malmenées sont recousues de quelques points après que le baume est été appliqué généreusement... peu de réaction d'Apolonie hormis un geste vague dans un sommeil profond.

Un instant de vertige quand elle se relève, l'obligeant à fermer les yeux. Elle n'a toujours pas dormi et la fatigue de la cavale effrénée est toujours présente.
Lentement elle se tourne vers les femmes présentes et demande d'un voix un peu plus faible.


Mesdames, votre amie a besoin de se reposer impérativement. Je vais vous demander de sortir le temps qu'elle dorme un peu... je surveillerai son état et je vous fait la promesse de vous appeler dès qu'elle est réveillée.

La chambre se vide, les présentes reportant leur attention sur le petit être qui vient de naitre. La rousse se rend compte un instant qu'elle n'a pas demandé son nom. Apolonie n'est pas en état de le donner, il sera bien temps de le savoir plus tard. D'une main fatiguée, elle ferme la porte et se retrouve seule avec l'endormie et une servante dans le silence de la chambre, seulement troublé par le crépitement du feu... les rayons du soleil commencent à pénétrer la chambre diffusant la douce clarté d'un lendemain. Quelques instants encore où elle reste debout... rangement du matériel et linge souillé donné à la servante pour qu'elle les emporte. La porte se referme maintenant sur le duo.
La rousse s'approche de la Vicomtesse à nouveau... d'un geste de main elle passe un linge pour essuyer les avatars de douleur qui glissent encore en gouttelettes sur ses tempes.
Qui es-tu donc, jeune brunette, avec cette part de toi qui m'en rappelle un autre ? Qui es-tu... pour que je sente chez toi cette force ? Ange ou démon ? Double face, Janus au féminin ?.... humaine, entière, comme lui. Dont les contours se mélangent en dégradés, noir, blanc, gris.
Le tissu retombe dans la bassine...
Elle avise une chaise qu'elle cale dans un coin... son corps s'affaisse sur le siège et sa tête s'appuie sur la pierre froide.
Il n'y a plus qu'à attendre maintenant.
Et espérer...


[Au zénith de l'astre solaire... avant la chute... vers l'horizon]

Elle a peu dormi... quelques minutes... quelques instants restreints...
La brune elle s'agite...
Elle s'est levée plusieurs fois pendant que dans son sommeil, elle murmure... gestes fins, main sur le front...
Chaleur...
Diffuse...
Commande d'une décoction... à une servante revenue, surement envoyée par Alethea.
Entre deux papillonnements, elle la fait boire...
Quand sonne sexte, enfin, elle ouvre véritablement les yeux. Comme sortant d'un mauvais rêve, dans un petit cri, les yeux cherchant dans la pièce.

La rousse s'approche du chevet et lui prend la main doucement. La brune la serre mollement...

Ne vous agitez pas... vous êtes encore faible... vous avez de la fièvre, je m'emploie à la faire tomber. Pour l'instant ce n'est pas encore trop inquiétant, mais il va falloir boire des décoctions régulièrement... j'appelle vos amis... je crois qu'ils n'attendent que ça...

La rousse sort enfin, les traits usés par la veille...
Ils sont encore là au seuil presque tous....


Elle est réveillée... mais elle est toujours faible... pas plus de deux ou trois pour la visiter et ne vous attardez pas trop...

Elle s'engage dans le couloir... elle a besoin de reprendre des forces... de prendre l'air... de voir l'enfant aussi....
Elle a besoin de solitude....

_________________
Apolonie
Absence. Elle n'est plus là. Les gens sont sortis de la pièce, elle n'a rien suivi, ni de la séance de couture ni du reste. Endormie. Du repos, enfin... Aristote tu m'as entendue... Dormir, laisse l'azur se faire nuit noire, et sombrer dans un sommeil sans rêve, sans rien.

Un moment de rien...

Comme elle en a rêvé la belle, de pouvoir juste... Fermer les yeux, et ne rien penser, qu'aucun chiffre, rapport, dossier, courrier ne vienne hanter un repos qu'elle ne s'accorde que rarement... Et le voici. Bref... La fièvre s'insinue, force tranquille, chaleur diffuse qui au long de la matinée se faufile en elle, glissant murmures au bord de ses lèvres soudain si sèches. Les fantômes de son passé se présentent, tour à tour... Pupilles endormies qui s'agitent sous les paupières noircies par la fatigue et les efforts.

L'agitation progresse, toujours un peu plus. Brunette échouée au milieu d'un lit bien trop grand pour une femme seule, noyée dans les draps qui n'auront jamais accueilli d'autre corps que le sien. Le réveil est proche... Les gouttelettes sur son front disparaissent... L'iris se découvre pour se cacher immédiatement, l'agression violente de la lumière ne permet pas un réveil d'un tenant... Près d'elle, quelqu'un. Doux. De l'eau passe la barrière de ses lèvres, coule dans la gorge... Avaler est presque facile, encore... Encore... Elle a soif, si soif...

Une main dans la sienne, une voix à son oreille... Qui... qui est là ? L'azur enfin se révèle complètement. Léger cri, qui est-ce ? Boire, fièvre... Bien... Ce doit être normal non ? Elle est donc malade. C'est pourquoi elle est là. Et la Rousse qui s'échappe doit être un médicastre. Quel est le crétin qui a cru qu'elle ne saurait pas gérer une fièvre seule ? Ses amis ? Qui attendent ? Mais bon sang, depuis quand est-elle dans cet état ? Et...

Le coton du sommeil s'effiloche, la laissant apprécier la réalité. Ce n'était donc qu'un mauvais rêve tout ça... Alayn, le mariage, la grossesse... Soulevant à peine le drap, elle voit bien que ce ventre est juste.. distendu mais pas gros... Et puis la douleur qui irradie, de son bas ventre, la rappelle à une réalité bien plus dure encore... Non, c'est pas ça le rêve... Les cris, la sueur, la souffrance, tout revient... Elle a accouché.

Et pas une question ne traverse son esprit malade sur ce chiard qu'elle a enfin pondu. Fille, garçon, elle s'en moque. Qu'on ne le lui impose pas... Pas de piaillement, de cri, dans sa chambre qu'un azur fiévreux balaie frénétiquement. Non, rien... Peut-être l'enfant est-il mort ? aussi ? Elle ne se souvient pas de l'avoir entendu hurler... Elle ne l'a pas même pas aperçu. Et s'en fiche. Les traits tirés ne marquent aucune autre émotion que l'épuisement. Qu'il meure, comme les autres... Sa vie n'est de toute façon qu'une suite de deuils...

La tête retombe sur l'oreiller. Tiraillée... Elle a soif, si soif... Le teint blafard ne s'égaye que des pommettes rougies par la fièvre. L'azur brille de mille étoiles, qui en rien n'indique un quelconque espoir, une quelconque joie, seulement la maladie qui progresse. Agitée soudain, elle bat des bras, repoussant les draps pour les récupérer aussitôt assaillie d'un frisson. Le déglutissement est difficile, mais c'est qu'elle a si soif...

Et puis la porte s'ouvre. Un couple entre. Ils sont si loin, puis si proches... Faible sourire que celui qu'elle esquisse. Beths et Marty. Regard reconnaissant vers la Gondole, présente pendant toute la nuit, réconfortant à sa façon une vicomtesse en plein accouchement. Son adjointe, zélée, efficace, Prévot à la place du Prévot, toujours là, répondant aux questions, gérant les détails et l'essentiel. Et cette mine fatiguée qui cache mal une joie qui la pare d'une auréole d'espoir. Ainsi elle est heureuse, enfin, la belle. Elle le mérite.

A ses côtés, l'ami, le suzerain, le moulinois... Marty, avec qui l'amitié jamais n'a failli, depuis qu'ils se sont rencontrés dans une taverne auvergnate. Il se cachait alors des sentinelles qu'Apolonie rejoindrait quelques temps plus tard. Jeune homme amoureux d'une brune amatrice de miel. La distance, le temps, les titres, rien n'avait changé la relation de simple franchise qui les unit. Quand il avait émis la possibilité de se lier de nouveau après la mort de Mativa, celle qui n'était alors que dame d'Orval lui avait répondu franchement. Et parlé de Beths. Les voir là, tous deux, même en piteux état mais si visiblement heureux ensemble... Alors ça existe ? D'être bien ? Alors ça existe, de ne pas souffrir ? Alors c'est possible, d'être à deux ?


Tout va bien... Tout ira bien.
Et tu vivras ça Beths, un jour... Et tu verras, c'est la pire chose au monde.
Mais tu feras ça bien... Et Marty...


Les mots lui coutent. Mais devant eux ne rien montrer. On ne change pas une Apolonie en une nuit, on ne change pas la Directe en une mise bas, on n'efface pas une fierté et un sale caractère comme ça... Les coudes se plient, elle se redresse. La douleur imprime une grimace qu'elle réfrène aussitôt. La tête tourne... La sueur profite du mouvement pour glisser le long du dos, long frisson qui parcourt l'échine qu'elle appuie contre l'oreiller. Enfin elle leur fait face.

Je l'ai fait, t'as vu ? J't'avais dit que j'pouvais...
Et j'ai survécu, tu vois. Pas d'quoi être fier de ta vassale, mais quand même...
J'avais raison hein ? C'est sorti d'mon ventre, j'vais pouvoir r'bouger normalement... Et r'prendre les dossiers... Beths, tu préviens à la Prévoté ? J'reviens vite. Demain sûrement...


Moue d'excuse sur minois brûlant. Plissement de nez vicomtal, elle les regarde tour à tour...


J'vous ai fait venir pour rien...
Excusez moi... C'est que... ça faisait si mal...
J'ai soif ..
Si soif...


Et je suis si fatiguée... Et cette ombre là-bas dans le coin... Elle se précise, s'élargit, qu'est-ce qu'elle me veut ? Froncement inquiet des sourcils, avant que les mains ne viennent enserrer une tête qui bourdonne, qui fait mal...

J'ai chaud... Soif...

Les paupières se ferment... Juste un instant... Cette lumière... Juste une seconde, une minute peut être...... Le temps d'inquiéter le duc et sa future duchesse... Puis elle se réveille... Fièvre baladeuse, transpiration continue, les tempes cuisantes... Même après avoir pondu, ça continue donc... Avoir un enfant est une plaie... Plus jamais, plus jamais... Azur fébrile qui ébauche Beths et Marty.


Merci... Je..voudrais voir Sunie et.. Rexanne.

Apolonie ne sait pas que sa nièce est dans le coin, mais elle aussi sera de la prochaine tournée... Pression d'une main brulante sur celle, glacée, d'un suzerain inquiet. Avant de laisser retomber la tête en arrière. Il fait si chaud... J'ai si froid...
Grid
[ Toujours devant cette porte... Hurlements déchirent encore le silence... ]

Rester là, planté, main toujours liée à celle de son aimée. Optimisme naissant et se propageant à partir d'un recoin de son esprit. Apo en a vu d'autres, après tout, et bien pire. Et un misérable mioche en viendrait à bout ? Ridicule... Vraiment ridicule. Illusion dérisoire qui empêche néanmoins son esprit diminué de sombrer dans un désarroi terrible et insoutenable. Il est maintenant dressé, ouïe toute attentive aux sons s'échappant des lèvres de la rousse.

De l'optimisme ? C'te blague... Tout s'efface en un instant. Le temps de quelques mots, paroles qui résonnent dans sa tête. "Si votre amie survit". Rappelle à la réalité brutal, violent, qui s'immisce dans son cou et ses poumons, sa respiration s'accélère. Ses bras et ses mains, contraction involontaire et non moins intense qui agresse de nouveau une main peut-être déjà lésée quelques instants plus tôt. Maintenant le cœur, qui se serre, se contracte douloureusement. Ensuite ses tripes, chahutées encore plus désagréablement que tout à l'heure. Et enfin ses jambes... Bref vacillement en arrière avant que celles-ci ne le lâchent. Adossé au mur, il glisse jusqu'à ce que le sol l'arrête.

L'impuissance le frappe aussi violemment qu'une vague s'écraserait sur une falaise en pleine tempête... Et le choc lui fait perdre le contrôle de lui même. La perte de sa meilleure amie vient d'être présentée comme envisageable, voire même plus que probable. L'esprit s'efforce de garder son attention sur le médicastre, de comprendre ses paroles, maintenant concentrées sur le potentiel avenir du gosse...

La porte finit par se fermer pour laisser place à un silence oppressant, pesant, mais bref. Des pas résonnent en crescendo dans le couloir. Quelqu'un s'en va, mais lui n'y prête pas attention. en même temps, comment le pourrait-il, maintenant qu'il connait la gravité de la situation ? Comment son ouïe pourrait se fixer sur ce son si banale alors que les hurlements de cette voix, qu'il reconnaîtrait entre mille, déchirent la nuit avec une intensité qui lui est presque insoutenable ? Comment son esprit pourrait être occupé par autre chose que par le sort de sa "plus-qu'amie-moins-qu'amante" qui ne pourrait pas passer la nuit ?

C'en est trop. Beaucoup trop.

Ce qu'il retenait jusqu'alors le submerge. Ses yeux se chargent d'une humidité qu'il ne peut alors, plus contrôler, et qui finalement glisse sur ses joues en un flot continu... Et ininterrompu. Ce qui lui reste de fierté le force alors à dissimuler son visage de sa main libre. Tentative désespérée pour masquer sa peur, son désarroi et surtout sa faiblesse. Car lui n'a par la force de caractère de la plupart des personnes présentes. Il ne peut qu'extérioriser la peine qui l'habitude, sans aucune retenue ou presque. Sa petite vie tranquille ne l'a pas habitué à subir de tels épreuves... Tant mieux pour lui, finalement. Mais toujours est-il que les larmes ne cessent de couler sur ses joues, accompagnées par des cris de plus en plus stridents et rapprochés... Ainsi que quelques reniflements.

A côté de lui, une présence, une chaleur, une étreinte... Soutien qui permet à une part de lui de rester en contact avec ce qui l'entoure, qui lui insuffle un peu de force. Tout espoir n'est pourtant pas perdu... La médicastre est restée floue. Il le sait, essaie de se rattacher à cette idée, d'y croire, de se persuader qu'il en sera ainsi. Mais rien y fait, ça coule, encore et encore...

Pas loin, ça parle de nourrice, de l'avenir du mioche... Futur dont il ne peut, ni veut s'occuper. Petite vie, qu'il relègue à un niveau insignifiant de ses préoccupations. Petit être qui ne ressort, au final, qu'une cause de sa détresse, de la souffrance presque palpable se propageant de la pièce voisine jusqu'à lui. Saleté d'chiard...

Le temps passe... Et le ruissellement au niveau de ses joues à pu être enfin maîtrisé. Les cris déchirants viennent juste de laisser place à des vocalises d'un braillard tout neuf. Yeux rouges qui fixent évidemment la porte, qui ne tarde pas à s'ouvrir... La question est posée presqu'aussitôt.


Comment va Apo ?!

Précipitamment, il se dresse devant la porte. L'pleurnichard est transporté par Alethea, mais il s'en fiche complètement de c'lui-là... Regard furtif qui traverse le groupe pour entrevoir une silhouette inerte sur la couche... Elle dort, lui dit-on. Elle a besoin de repos... Mais rien d'autre n'est ajouté... Sauvée, ou pas ? Aucune réponse. Il retourne donc là où il était, une inquiétude toujours aussi grande installée en lui... Quelques-uns s'empressent d'aller voir celui qui se fera vraisemblablement appelé Gaspard, comme Apo le leur avait confié, à Lilou et à lui, quelques jours plus tôt. Et ces cris qui s'insinuent dans ses oreilles pour lui marteler le cerveau, douloureux et épuisé. Qu'il dégage bon sang...

Au bout d'un moment, il est amené ailleurs... Soulagement auditif non négligeable pour une veillée non loin de la porte. Nuit mouvementée passée entre l'éveil et la somnolence passagère jusqu'à ce qu'enfin la médicastre montre de nouveau le bout de son nez. Paroles plutôt rassurantes qui permettent au tavernier de souffler un peu... Mais pour combien de temps ?
Marty et Beths sont les premiers à pouvoir entrer dans la chambre... Nouvelle attente.
--Clemence.
[Varennes sous un soleil matinal]


Clémence s’est endormie paisiblement dans le coche ducal, les assises rembourrées ont enfin eu raison de son insomnie… Arrêt brutal… Réveil qui se fait des plus rapide… Elle s’étire de tout son long, la distance était certes minime mais il devait être bien tard ou tôt quand le valet était venu la chercher… Nouvelle secousse, Barbelivien descend de son tabouret, sert le frein et se dirige vers la porte pour libérer la jeune femme.

Allez Clémence, vient vite, il est temps de nourrir le Vicomte maintenant,

Elle se relève, assure sa descente et Barbelivien jette un coup d’œil rapide à droite à gauche, il ne veut pas commettre d’impair à son Duc et à sa vassale, lui remet son capuchon et l’entoure de son bras… Il ne faut pas la perdre… Clémence a été demandé par le Duc de Billy et il lui ramène enfin…

En s’avançant vers la demeure, l’angoisse la fait perdre pied et se demande en fin de compte pourquoi elle est là… La Vicomtesse n’a t’elle point de lait ou alors…Non… pire… Est elle morte…

Barbelivien, pourquoi la Vicomtesse n’alimente t’elle pas son enfant ?

L’homme s’arrêta avant de pousser la porte de service.

Ecoute Clémence, selon l’intendant de la Vicomtesse, Jacques, elle aurait dépensé énormément de force pour mettre au monde l’enfant et lui faire subir l’allaitement la tuerait de fatigue c’est pourquoi le Duc m’a fait venir à Billy, il fallait absolument une femme dans la force de l’âge ayant déjà eu couches, et lait en son sein, Auvergnate et en bonne santé et forme donc tout les regards se sont portés sur toi mon enfant… Ne déçois pas ceux qui ont eu confiance en toi et en ton Duc…

La jeune femme comprit enfin la situation et son rôle pour les semaines…les mois à venir… elle allait être la nourrice du vicomte… Elle pensa aux avantages qu’une telle position allait lui conféré… Mais se résigna d’y penser plus longtemps… Honte… Tu es une fervente aristotélicienne Clémence, tu pries jour et nuit notre seigneur et avoir pensée matérielle à cette heure est péché…

Je comprend Barbelivien, hâtons-nous.

Le valet pousse la lourde porte donnant sur la cuisine ou là attendent cuisinières, valets, femmes de chambre… Une véritable auberge pensa t’elle… Aussitôt eut elle franchie le pas de la porte qu’elle est emmenée dans une petite salle par deux femmes, un baquet rempli d’eau chaude règne en maitre au centre de la pièce… Les femmes déshabillent Clémence et commence sa toilette, la sèche rapidement et lui enfile une longue chemise de lin blanc, s’emparent d’une petite fiole.

Ecoutez mesdames, avec tout le plaisir que je porte à la toilette, je ne pense pas que je sois venue ici pour tester les nouvelles huiles de corps de la Vicomtesse de Nerra.

Les deux femmes ne l’écoutent pas, l’une coiffe son imposante chevelure, l’enturbanne pendant que l’autre ouvre la fiole d’essence florale et la parfume… Clémence ne supporte plus, aussi docile soit elle, elle a horreur d’être prise pour une idiote…

Mais que faites vous ? Je suis ici pour nourrir le nouveau né pas pour être la favorite du Vicomte…

La grosse femme reposa le récipient sur une table et lui adressa un regard usé…

Pau’ve sotte, l’Vicomte y’est mort et enterré, et t’veux être sa favorite Mamzelle… Pffff… Si on t’lave avec les huiles de M’dame, qu’on t’met ses habits, et qu’en plus t’as le droit d’porter un parfum digne d’elle c’est pas pour faire ta mignonette mais pour que l’Vicomte bambin se souvienne des odeurs de s’mère si elle venait à s’rétablir… ou pas...

Clémence scruta la grosse, indignée… Comment pouvait elle avoir aussi peu de compassion envers celle qui lui assurait salaire et vie confortable…

Amenez moi à l’enfant maintenant, nous avons perdu assez de temps et il doit être mort de faim…

La grosse renchérit

Nt’en fait pas ma jolie, on a pris soin d’lui donner un verre d’colostrum d’ânesse avec du miel en t’attendant…

Oui il est vrai que le lait d’ânesse été celui qui se rapprochait le plus du lait maternel mais à trop forte dose il pouvait être un ennemi pour l’enfant créant des carences et méfaits en tout genre… Diarrhée… Vomissement…Rien ne remplaçait donc le lait des femmes…
Clémence menée par la plus jeune des domestiques monta les escaliers en colimaçon donnant au premier…A la vue de tout ce monde, elle s’arrêta un instant et se recula d’un pas… Troublée… Pudique…


S’qu’ya ? demanda la dame de chambre

Je ne peux traverser ce couloir empli de monde en cette tenue voyons…

La jeune sourit, enleva son épais châle de laine rustique et le passa autour des épaules de Clémence… et reprit la marche, les yeux se posèrent nombreux sur la jeune nourrice, à leur tenue, il n’y avait là que du beau monde… Clémence s’efforça de ne pas prêter attention à ces regards inquisiteurs, oui elle avait mit le temps pour arriver mais elle n’était pas responsable…pour une fois…

Une porte s’ouvre enfin sur la droite…Un petit salon, imposante cheminée ou le feu crépite, des peaux recouvrent le planché… Leger chancellement, la jeune attend dehors, Clémence franchit l’antre de pierre et la porte se referme aussitôt… Là une jeune dame l’attend tenant l’enfant contre elle et le berçant calmement mais rien n’y fait, il braille, il a faim… Il hurle sa soif de mordre un téton qui lui apportera enfin satisfaction…

Je suis Alethéa, la filleule d’Apolonie qui a aidé à l’accoucher et voici donc l’enfant… c’est à vous de jouer à présent je crois…

La Dame lui tend le nourrisson, Clémence défait alors le fin lacet retenant sa poitrine, s’assoit sur ce fauteuil épais, et commence alors l’apaisement de l’enfant, la sensation de déjà vu, déjà senti, de déjà gravé en sa mémoire, ses débuts de petit homme vaillant, glorieux, courageux … Il cherche, Clémence le dirige, le guide... enfin le Vicomte tète et en tremble de bienséance, heureux, comme soulagé, après une dizaine de minutes… L’enfant sourit aux anges… La peine assoupie… Sa mission est pleinement remplie… Le Vicomte plonge dans un doux sommeil bercé par les bras protecteurs de Clémence…
Sunie
[Neuf mois, neuf semaine …neuf heures… suites de nuit torride]


Corps a corps, chaleur torride, respiration haletante, crépitement du feu dans l’âtre…Sunie s’perd dans c’qui lui avait était conté des histoires d’ambiance feutré et embrasé des chambrés… la brindille comme le roseau pli mais ne rompt pas… hurlement…scratch… il y a comme une andouille avarié dans l’potage….

CONNARD!

L’écuyère accroupie derrière la futur mère, position plus ou moins surprenante, combat soudé d’une brindille et d’une miette, corps tendu l’un contre l’autre des deux brunettes les joues rosie par l’effort… drôle de cavalcade… et d’une Apo qui démontre une fois de plus a son écuyère que tout ne se déroule pas bien souvent comme on le pense au départ… R’garde ….c’qui s’passe si par mégarde tu t’laisse endormir par un beau parleur… Reste dont l’indompté…crie du cœur, crie de l’âme, crie de rage….


CREVARD DE VICOMTE A LA CON!

Et Sunie de redoubler d’effort a chaque assaut de la vicomtesse enragé, ’tain qu’elle lui en veut, ambiance plus ou moins réaliste que la jeune fille vie… s’retrouver dans un plumard avec sa vicomtesse, qui l’eut cru… et c’est qu’elle se débat, crie, …Sunie s’accroche a elle, les bras passé sous ses aisselles qu’elle n’a pas relâché depuis le début, si son autre écuyer avait essayait de reluquer le vertigineux décotée de la belle, Sunie était au première loge pour heu… surtout pas s’y accrocher…R’gard vers Rexanne qui c’est introduite espieglement dans la chambre prête a venir en aide en cas de besoin… Apolonie est de grande taille et Sunie est fluette mais tient bon….et le ballet qui r’prends, Apolonie de se vouter contre Sunie, et a la brindille de ne pas fléchit et de pousser de toute ses forces sur ces cuisses aux muscle tendue par l’effort… respiration cadencé, danse incongrue sur le lit vicomtale manquerai plus qu’un colosse les surprenne dans cette position pour qu’il lui saute dessus a ce demander ce qu’elle font… là pour sûr ce serai un valdingue en travers d’la pièce pour la brindille…

J'veux pas, c'est trop chiant... Démerdez vous, j'me casse moi...

Ben t’as raison et ont va pt’ être faire l’boulot a ta place!! Non non ça ressemble pas a Apolonie de partir devant l’effort…Elle reste ici et finit le travail c’est entré faut qu’ça sorte !! L’écuyère s’accroche a la vicomtesse et la maintiens sur le lit avec l’aide des autres femmes qui l’entour, s’en est manqué de peu pour qu’elle fasse un vol planée la brindille…quoi de plus normal aprés avoir été pincé…la vicomtesse va ‘telle mordre ?... Trêve d’esprit qui divague, retour au sérieux de la situation, il en va de la vie d’Apo et de son enfant… Le médicastre lui glisse de quoi asservir les canine enragé de la vicomtesse et c’est repartie pour les assauts… parait qu’il est bientôt là…odeur de violette et de laurier mélangé... un peu d’beurre pour finir !! Histoire d’recoudre des fois que…ses souvenirs qui affluent, elle n’avait donc tout pas oublié toutes ces salades….


Dans un dernier cri…et dernier corps a corps la délivrance se fait, poids de la vicomtesse qui se fait plus souple, qui vrille, quel soutient… souffle qui se ralentit…la brindille se glisse doucement hors du lit…accompagnant avec tendresse le repos Apolonie sur le moelleux du lit vicomtale...regardant ce visage a bout de souffle, perlé de sueur, elle ôte délicatement quelque mèches rebelle du bout des doigts sur son visage …en silence dépose une douce bise sur son front, et s’éloigne afin de laisser œuvrer a nouveau le médicastre.




[Sortir…Entrer… Sortir, ballet calme avant la tempête…]

Sa chemise trempé de sueur mêlée, l’écuyère silencieusement c’est mise en retrait, obersevant Théa et le médicastre s’occuper du braillard … Sunie ne l’a pas vraiment regardé, préoccupé par l’état d’Apolonie. Elle se faufile jusqu’au chevet où elle avait laissé ses effets et armes la veille dans la soirée…avant que tout cela ne commence vraiment. Elle perçoit comme un brouillard… elle a du mal à réaliser ce qui viens de ce passer…Apo mère ayant donné vie…et la sienne…L’écuyère jette quelques coup d’œil a la dérobé vers le médicastre quand celle ce leur glisse quelques mots…


Mesdames, votre amie a besoin de se reposer impérativement. Je vais vous demander de sortir le temps qu'elle dorme un peu... je surveillerai son état et je vous fait la promesse de vous appeler dès qu'elle est réveillée.



De fugace frissons lui parcoure l’échine, Sunie lentement replace ses armes qu’elle récupère sur le chevet… chacune a sa place…et aussi le long de ses cuisses...boucle la ceinture de son épée autour de ses hanches… et se saisie de sa cape pourpre...quel ajuste autour d’elle avant de sortir ….

Porte passé…la brindille se faufile contre un mur et s’y adosse, se laissant glisser tout contre et s’asseyant en tailleur sur le sol… De là, elle observe les présents, les proches… regard qui s’pose sur Anastase, expression interrogative se lisent sur son visage…Ainsi elle est revenue à temps… r’gard qui glisse sur tout ce petit monde, le colosse n’est pas encore là…missive lui est’ elle bien arrivée lui décrivant l’urgence de sa présence souhaité…. combien de temps s’écoule ainsi, Sunie ne serai le dire les songes l'envahissent… Elle attends devant cette porte close, que nouvelles soit donnée sur l’état d’Apolonie…
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~~~~~~~~Mon Ame a son secret, Ma vie a son Mystère~~~~~~~
Cuyère en Deuil d'Apolonie....
--Neils


Des rumeurs persistantes étaient parvenues aux oreilles de l’écuyer. Apo, Dame Apolonie s’rait mourante…en passe d’accoucher…elle s’rait mariée…et…et…veuve…
Ces tristes nouvelles déstabilisent quelque peu Neils, il tente bien de se raisonner, de réfléchir posément à la situation, mais rien n’y fait…non…Apo mourante…, c’est l’amputation du cœur, c’est une coupe net dans sa raison de vivre, non, il lui devait beaucoup…la confiance, le gîte et encore tant d’autres choses, et lui…il est parti....avec les conséquences dont il se serait volontiers passé.
Il doit lui écrire, il a besoin de lui écrire…si Apo…d’vait...nous quitter…, non…non…, Apolonie, …impossible…tellement présente dans son esprit, Apo, sa Grande Dame ne peut pas mourir !!! Neils est prit de petits spasmes, ses yeux d’viennent humide…il a mille peine à chasser cette idée sordide…lui écrire…il faut lui écrire.



Citation:
Courrier pour Apolonie Dame d’Orval

Apo,



Neils r’garde son vélin qui refuse obstinément les mots qu’il souhaite y coucher dessus, sa main tremble, son cœur est dans la peine, son esprit vagabonde, son âme se perd dans les méandres du doute, sa raison, son flegme, sa vie…un fil…il ne doit pas rompre. Neils s’agrippe avec force pour croire que ces maudites rumeurs soient fausses.
C’est décidé, la missive s’ra courte et sans détour, voilà. Reprenant ses esprits, il poursuit.



Citation:
Pardonnez-moi cette intrusion, surtout après mon départ précipité. Mes pensées se tournent encore très souvent vers vous, non que l’ennui me gagne, mais mon court passage à votre service et gravé à jamais au très fond de moi.
Mais venons-en à l’objet de ma missive. Des rumeurs vous concernant, sans fondement probablement, circulent en différents lieux du royaume. Je n’ose même pas vous exposer ce que j’ai ouïs de ci et de là au court de mon périple. Mais vous m’connaissez, j’peux pas m’empêcher de me soucier. Je vous sais, fort heureusement, très bien entourée, mais je sais également que vous ne marchez pas toujours sur les chemins tracés d’avances, ce qui en rajoute à mon inquiétude à votre sujet concernant la véracité sur cette rumeur.



Neils relit…inspire…expire…sa main se crispe sur la missive, la froisse, la met en boule et la jette dans l’feu face à lui…ridicule, écrire une telle missive, et si Apo allait bien ? Comment considérerait-elle ces quelques lignes, que pourrait-elle répondre en retour ? C’est lui qu’est parti…soudainement, …obéissant aux injonctions patriarcale. Mais il ne supporte plus le poids de l’incertitude, il va lui écrire une courte et banale missive, raconter un peu sa vie, son voyage avec ses rencontres. Si elle répond, cela infirmerait la rumeur la plus tragique, dans le cas contraire…Neils ne veut pas y croire…Apo répondra…oui…elle…*


Citation:
Apo,
Je suis mort d’inquiétude vous concernant, si vous me lisez donner moi un signe, si vous qui me lisez n’êtes pas la destinataire de cette courte missive, répondez moi…dites moi…

Neils



Relecture rapide, le vélin s’roule, s’attache puis vole…vole…vole.

Neils est satisfait. Cette missive est simple, vraie et directe. Il avait imaginé une lettre de voyage, mais comment faire fit de sa nouvelle infirmité…, mentir, peut-être, mentir à Apo jamais ! Inimaginable. Il ne lui reste plus qu’à patienter, mais le temps va être long…très long
Rexanne
Un cauchemar… c’est un cauchemar…

Inlassablement les contractions semblent faire des leurs, déversant leur hargne houleuse en déferlantes au cœur des tripes de son amie, impitoyables, inflexibles… immuables.
Aussi impitoyables que les injures fielleuses qu’Apo distille avec toute l’énergie qu’il lui reste… En n’importe quelle autre circonstance Rex’ s’en serait amusée, aurait même rajouté une louche à la verve déjà bouillonnante… Mais là non. Aucun amusement, la sueur qui trempait les tempes de son amie ainsi que ses grimaces récurrentes éloignaient à des lieues toute envie de sourire. L’heure était plutôt à l’inquiétude… pourvu qu’arrive rapidement l’heure de la quiétude !

A ses cotés, dans l’expectative, la petite brune se sent un iota inutile, pourtant elle n’a guère le temps d’y penser et de ressasser ce sentiment : les soucis occupent déjà toute la place en son esprit.

Du miel et du sel ? Alethea répond avec empressement à la demande qui leur était adressée, s’esquivant aussitôt. Parfait, elle connait la maison elle sans doute, au moins sera-t’elle plus efficace qu’une gueuse tout juste sortie de sa cambrousse qui n’a jamais mis un orteil dans une maison de haut rang ! D’ailleurs la jeune femme revient presto en effet…

Le bébé se présente bien… Il arrive…

Formidable ! Ca veut dire qu’après notre Apo elle pique un bon roupillon d’après ponte pis c’est reparti comme en l’an quarante ? Pourquoi cette boule au fin fond de son être persiste-t-elle alors ? Pourquoi l’angoisse ne s’évanouit pas avec cette annonce rassurante ?

Pas de réponse à cette question qui la tenaille, l’Apo ne lui laisse pas le temps d’en ébaucher une, se relevant, rendant les armes et manifestant le désir de prendre la poudre d’escampette… Les planter là, comme si le gamin allait sortir tout seul, par l’opération du Saint Esprit …. Alors ses mains vont au devant d’elle, en rejoignant d’autres, et appréhendent ce petit corps tendu et malmené, le forçant en douceur à garder une position allongée, désireuse que le travail se termine le mieux possible pour les deux parties : la mère et l’enfant.

Et puis finalement, enfin le garnement daigne pointer son museau, faisant vibrer sa mère au son d’un dernier cri strident avant qu’elle ne s’effondre sur l’oreiller. Affolée, Rexanne s’enquiert davantage de la mère sans accorder encore un regard au petit ensanglanté responsable de tous ces tourments. Non… Ouf, le souffle est faible mais bien présent… Elle dort. Elle n’a fait que sombrer dans le sommeil…

Alethea récupère le marmot hurleur, alors que la Rousse lui administre les soins. Un petit gars… Un petit bout de gars tout fripé... Un têtard avec une voix braillarde en prime… Peu ragoutant a cet âge les mômes… et puis ces cris… pourvu qu’il ne réveille pas sa mère !! Une main douce vient caresser tendrement, timidement presque, un visage qui enfin connait le repos… un repos bien mérité.

Alors les mots de la Rousse s’égrainent… Un chapelet verbeux qui se résume par un : « du balais ! Vous reviendrez plus tard » . Le regard de la médicastre signifie clairement qu’aucune protestation n’est recevable, alors, les prunelles s’éternisant une dernière fois sur le corps délivré, elle quitte la chambre à regret, partagée entre la joie que la délivrance ait pris fin, et le sentiment déchirant qu’Apo n’est pas encore sortie d’affaire…

En dehors de la chambre elle pose séant sur le plancher du hall où les hommes sont encore réunis. Les cœurs ne sont pas gais, aucune figure connue avec qui partager son désespoir, aussi se mure-t’elle dans un profond mutisme, la moue boudeuse, lez onyx dans le vague, un pli d’inquiétude barrant son front trop jeune pour afficher en étendard les affres de l’âge.

Le temps s’égraine, impitoyable, avec son flegme propre aux mauvais jours…

Jusqu'à ce que finalement la porte s’ouvre alors que le hall baignait depuis des heures dans la lueur du jour. Eveillée… quelques personnes…. C’est bon signe ça non ? Lueur d’espoir qui brille dans les profondeur d’un regard qui suit un jeune couple d’éclopés alors qu’ils se mettent en branle pour aller visiter celle qui semble être leur amie à tous, un dénominateur commun à cette micro-foule agglutinée dans ce hall, à se tordre les mains d’angoisse.

Le couple finit par ressortir… pour annoncer que la Vicomtesse veut voir se présenter à elle Sunie et Rexanne.

Rexanne, c’est toi ça ma belle, secoue toi donc les puces et bouges ton séant de ce parquet ciré mais pas moelleux ! Allez allez, du nerf, courage, oui voilà, comme ça, pousse la cette foutue porte et va voir de toi-même comment se porte ton amie, apporte lui ton soutien.

Sans un regard en arrière la porte est donc poussée… Pour pénétrer pour la seconde fois dans la chambre d’Apo, avec moins d’empressement cette fois…

Alors elle s’avance, retour au chevet du lit, avant de poser une fesse sur le coté du lit, auprès de sa plus chère amie… Un baiser est déposé sur le front, baiser qui l’épouvante par le contact de la peau froide et suintante… Froid… La fièvre monte donc… Un poids s’abat sur sa poitrine, violent, brutal, douloureux… Non, elle n’est pas tirée d’affaire… même après une bonne nuit de sommeil, la forme n’est pas au beau fixe… Une main qui en serre une autre, se substituant aux mots qui se dérobent avant même de vouloir faire vibrer une corde vocale… Ce nœud… Un nœud qui la paralyse alors que les yeux restent secs. Une perspective à laquelle on ne peut se résoudre ne peut tirer de larmes… Les larmes, c’est l’acceptation, la résignation… et se résigner, ça, jamais !

Nouvelle pression sur les doigts fins qu’elle enserre, tandis que ses lèvres s’étirent en un pâle sourire…

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Martymcfly
[Il est cinq heures... Varennes... s'éveille...]

Les ordres avaient été donné à son valet voilà quelques heures maintenant. Des heures qu'ils tournaient en rond dans un couloir. De temps à autres certains somnolaient, d'autres priaient silencieusement. D'autres encore sursautaient à chaque hurlement, se signant tout de suite après. Si elle hurlait c'est qu'elle était en vie. Tout le monde attendait le premier cri. Celui de l'innocence.

Enfin la délivrance. Ce fameux et tant espéré cri d'innocence se fait entendre. Un petit mâle ça. Ce serait un Vicomte. L'heure était maintenant au repos de la guerrière qui venait de combattre pour donner la vie. Ca devait bien la changer la mémère Apo qui avait pris l'habitude de combattre pour donner la mort.

On vint prévenir que la nourrice était arrivée. Barbelivien avait rempli sa mission.


Votre Grâce, nous revenons à l'instant de Billy. Clémence pourra s'occuper du petit. Elle est en train de se préparer à accueillir les lèvres vicomtales.

Hochement entendu.

Parfait. Faites lui savoir qu'elle s'installera avec son autre enfant ici même le temps de l'allaitement. Je ne souhaite pas séparer une mère de sa fille, soeur de laie du Vicomte.

Et le voilà justement le petit bout d'homme, tout droit sorti du ventre de la mère épuisée qui traverse, piaillant, le couloir au bout des bras d'Alethea. Même pas le temps de demander si le petit se porte bien. Mais à en juger par ses cris c'est que oui. Et Apo ?

La rousse avait été formelle : on ne dérange pas la mère. C'est ainsi que tous en profitèrent pour pioncer quelques heures. Après une nuit blanche, à patienter, la fatigue remportait la bataille et un peu de repos pour eux aussi n'était pas immérité.



[Au suivant...]

Somnolence pour les plus fatigués. Devant cette porte, seuil de la vie ou de la mort ? Attente toujours interminable. Quand enfin...

Elle est réveillée... mais elle est toujours faible... pas plus de deux ou trois pour la visiter et ne vous attardez pas trop...

Aussitôt, sans demander l'avis de personne, le regard froid, anxieux plus qu'heureux, Marty se lève de son siège, entraînant Beths dans ses enjambées douloureuses. Les regards échangées avec Cerridween font transparaître l'état de fatigue de la médicastre mais également son extrême inquiétude. Rien de quoi rassurer le suzerain. Il entre.

Vision d'Apo...calypse... Elle est là mais ce n'est pas elle. Livide. Allongée sur son lit, visiblement marquée par cette nuit d'efforts surhumains. Tremblotant doucement, mais voulant ne rien laisser transparaître. Sauf que cela se voit quand même.

Beths est déjà à son chevet, comme elle l'avait été toute cette nuit. Quelques mots entre les deux femmes. Entre un Prévôt et son Adjointe. Entre deux amies. Entre une mère et une future...?!
Une Orvalounette maman. Qui l'aurait cru il y a seulement quelques mois... C'était chose faite à présent. La seule question qui importait était posée.


Comment te portes tu ?

Tout va bien... Tout ira bien.
Et tu vivras ça Beths, un jour... Et tu verras, c'est la pire chose au monde.
Mais tu feras ça bien... Et Marty...


Sourire gêné. Etait-ce vraiment le moment de parler de cela ? Il sentit le rouge monter aux joues de Beths, et sans doute que lui aussi avait dû rougir un peu.

Comme pour montrer que tout allait bien, la Vicomtesse se redresse sur son lit et tente de s'asseoir. Encore des efforts. On ne se remet pas en quelques heures d'un accouchement apparemment difficile. Elle arrive finalement à braver le regard inquiet de son suzerain. Marty parvenait doucement à sourire.

Je l'ai fait, t'as vu ? J't'avais dit que j'pouvais...
Et j'ai survécu, tu vois. Pas d'quoi être fier de ta vassale, mais quand même...
J'avais raison hein ? C'est sorti d'mon ventre, j'vais pouvoir r'bouger normalement... Et r'prendre les dossiers... Beths, tu préviens à la Prévoté ? J'reviens vite. Demain sûrement...


Le sourire est un peu plus large. Elle ne pouvait pas changer à ce point. Toujours penser à son travail.

Il faut surtout te reposer. Ton petit est entre de bonnes mains... ou plutôt entre deux bons seins... le temps que tu te remettes. Ne fais pas trop d'efforts, tu dois te ménager. Et la Prévôté, ne t'en fais pas. En ton absence, qui durera le temps qu'il faudra, tes Adjoints se chargeront du nécessaires.

Coup d'oeil à Beths, approuvant.

Je vais pouvoir prévenir tout le monde de cette bonne nouvelle. Déjà derrière la porte, ils sont nombreux à attendre de ton état de santé.

J'vous ai fait venir pour rien... Excusez moi... C'est que... ça faisait si mal... J'ai soif .. Si soif...

Mais cela n'était pas grave. Ils seraient venus quand même.

Elle pose ses mains sur son front, ferme les yeux. Que se passe-t-il ? Le bouillon était il passé ? Etait-ce le début de la fin ? Non... pas possible. Elle avait vaincu. Tout devrait rentrer dans l'ordre. Apolonie survivrait. Elle reprendrait le travail, donnerait le sein à son enfant dès demain, ou peut-être après-demain. Et d'ici quelques jours, elle rejoindrait Ambert pour présenter le Vicomte à sa grand-mère et à son oncle, plus vieux de quelques mois. Et dans quelques années, ce mauvais souvenir de l'accouchement les ferait rire quand ils en reparleraient. Ils rigoleraient tous quand ils évoqueront la pâleur de Varennounette, allongée sur son lit. Et l'on raconterait tout cela au petit qui ne comprendrait rien... qui ne se rappellerait même pas de sa nourrice... et qui montrerait le sein de sa mère quand on lui parlerait de tétée... Et Apo rirait...

Sauf que là, elle ne riait pas vraiment. C'était plutôt le contraire : elle paraissait continuer à souffrir. Non, cela n'avait rassuré en rien le Duc de Billy.


Merci... Je..voudrais voir Sunie et.. Rexanne.

Même le bleu des yeux de la Vicomtesse avait pâli. Non, vraiment il y avait quelque chose qui clochait. Main ducale qui passe sur le front vicomtal avant de rejoindre la paume ouverte, aussitôt resserrée quand le contact se fait. Elle est brûlante.

Un hochement de tête, ces deux là seront les prochaines à entrer. Beths et Marty quittèrent la pièce après des au revoirs qui n'en étaient pas vraiment.

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Amberl
[Route vers Varennes ... Qq jours auparavant.]

Cap sur Moulins, donc, d'après les dires de Liam, du colosse, et confirmés par l'inconnue. Un coup d'étrier sur le flanc de sa jument, Amberle prit la tête du cortège, pressée d'arriver près de sa Minette. Peu importe si la Felina les suivait, ou pas, seule la lettre de Crok' tournait en rond dans sa tête, comme une éternelle mélodie, dont elle connaissait par cœur les phrases, les moindres syllabes, les intonations de la voix du géant. Sourire en coin, la brune s'amusa un instant, songeant que certaines lettres, pourtant légères à porter, étaient lourdes de sens, si lourdes qu'elles pouvaient prendre une proportion énorme. Tel était le cas ici.

La route se poursuivit au travers de la vallée, le groupe traversait les villes sans s'y arrêter. Montluçon - Bourbon - Moulins - Varennes. Le chemin tracé sur la carte était suivi au pied de la lettre, pour une fois. La brune admirait les monts si plaisants au regard, offrant une myriade de couleurs différentes selon l'emplacement du soleil, mais si longs à parcourir... Et si Varennes était en hauteur ? Pour se protéger des ennemis ? Qu'importait le temps que cela prendrait, la brune aurait déplacer les montagnes s'il le fallait, pour retrouver sa Minette. Mauvais pressentiment qui la rongeait de l'intérieur.

Felina faisait route avec eux, sans broncher, chose qui agacait pas mal Amberle. Elle avait déjà un grognon pour unique compagnie, vlà que la nouvelle n'était pas plus causante que lui. Long soupire qui s'échappa, de dépit ou d'inquiétude, surement les deux liés.
Seul réconfort pour la brune, son coq, qui aux pauses bivouac, se dandinait et caquetait de joie, libre de pouvoir marcher hors de sa cage. Animal qui a tant de fois faillit passer à la broche, sous les roues d'un coche, ou finir égorger par sa propriétaire -surtout tôt le matin- ... Animal auquel elle tenait, car il lui était utile en voyage, et qu'il était le seul parmi toute la troupe à sembler être heureux de vivre. La berrichonne lui refilait du maïs, souriant en coin devant la volaille, s'disant que Apo allait la zigouiller sec quand elle verrait la bestiole.

Moulins, enfin. Amberle mit pied à terre, laissant le duo taciturne en tête à tête pour la journée, et s'en alla arpenter les ruelles du village bourbonnais. Moulins ... fief de sa Minette. Apostrophant un badaud parmi tant d'autres, la berrichonne lui offrit un verre en taverne, monnayant ainsi des informations sur le lieu.
Revenant en soirée vers Maleus et Felina, la brune sourit largement, jusqu'aux oreilles.


J'ai un plan, Malouchou ! Reposez vous, on repars à l'aube. C'est à quelques lieues d'ici, on y sera au petit matin.

Un clin d'oeil amusé en direction du frangin, qui grimaca en entendant l'affreux sobriquet qu'elle lui a balancé. Et d'un regard qui se posa sur Lanterne, ...


T'as intêret à faire ton job, toi, ou je n'assurerai plus ta protection à l'avenir.

Devant une telle menace, Lanterne comprit vite que sa charmante propriétaire - si si! - ne rigolait guère, et lui chanta dans ses oreilles dès que le soleil pointa son joli minois. Au bord de l'apoplexie devant un tel raffut, la brune réprima son envie de meurtre... Après tout, il l'avait réveillé, c'est ce qui avait été conclu ... Grognement sonore avant de se lever.

Debout, debout, debout ! Bandes de larves !
J'file, faites c'qui vous plait.


Sans un regard, la brune sella sa jument, et grimpa dessus... Chevauchant dans le bourbonnais, suivant les indications du manant, la troupe mit peu de temps à trouver le chateau.


[Il est 5h ... Varennes accueille 3 personnes de plus]

Posant pied à terre, Amberle marcha rapidement vers l'entrée, bousculant le majordome, laissant le soin à Maleus de les annoncer à sa place. Un vrai labyrinthe, ce chateau. Des éclats de voix étouffés lui parvinrent aux oreilles... Se mouvant vers là d'où venaient les bruits sourds, la berrichonne se déplaca à tatons .. et trouva enfin le couloir.

Les gens semblaient inquiets, ce qui affola de plus belle la berrichonne, qui ne savait toujours pas ce qu'il se tramait dans ce fichu fief. Et pourtant. Les têtes ne lui étaient pas toutes inconnues, quelques personnes s'étaient déplacés en Berry pour son anoblissement et son mariage. Mais de là à dire qu'elle les connait, il y a un fossé.. Certains noms revenaient plus que d'autres dans les courriers d'Apo. Quand à trouver qui est qui ... Ca allait être coton. Une bouffée d'air est prise et la brune se lanca


B'jour, j'm'appelle Amberle. Je cherche Minette, euh, Apo.. Elle est bien ici ?


Braillement du bébé qui se fait entendre... Haaan, c'était donc cela. Un sourire s'étira sur son visage, avant de se refermer. S'ils tiraient une tête jusqu'en bas, c'est parce qu'il y a un truc qui clochait. Sinon, ils auraient fait des bonds de trois mètres. Tss. Elle n'aimait pas ca. Mais vraiment pas du tout.

Elle a accouché ? Sans problèmes ? Dites moi qu'c'est sans problème !

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Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"
---- Rajoutez le "e" final à Amberle pleaze ----
Maleus
[...jusque Varennes.]

Finalement la donzelle avait rejoint leur groupe et cela ne dérangeait en aucun cas le borgne..lui, pêrché sur la dos de sa monture, galopait tranquillement tout en fumant la pipe.
Pas causant pour changer, il échangea une ou deux phrases durant tout le chemin avec sa soeur...Pour ce qui est de Félina, ils n'échangerent aucuns mots.

De temps en temps il observait sa frangine s'agiter sur son destrier, discutant avec son gallinacé qui étrangement semblait en partie comprendre ce que lui racontait sa cinglée de maitresse.
Amusé, il souriait en coin et quand il se faisait surprendre à sourire haussait les épaules avant de détourner le regard.

Villes et paysages défilaient devant leurs yeux..champs à perte de vue, forêts...puis remparts, maisons avant de retourner aux champs et forêts.
Boarf quel ennui..il aurait tellement aimé croiser quelques brigands..en découper quelques uns juste pour se défouler.

Une fois arrivé à Moulins, la ville d'Apo, ville de souvenirs pour le grognon..la premiere fois qu'il etait venu dans le coin c'etait justement pour voir Apolonie mais le lendemain de son arrivée il avait passé trois jours en prison..habituel pour le borgne qui avait du visiter une bonne partie des geôles..
Il n'eut pas le temps de poser pied à terre que la brunette qui lui servait de soeur etait déjà partie en ville le laissant lui et la donzelle en tête à tête.
Leger silence, quelques échanges de regard puis signe de le suivre pour qu'elle l'accompagne chercher une auberge pour la nuit.

Plus tard dans la soirée Amb' revint, elle avait trouvé où etait situé le fief d'Apolonie et ils devraient se lever tôt pour partir dans cette direction.
Il manqua de lui jeter son épée à la figure quand elle employa le surnom qu'il haissait tant mais grogna à la place.
Le raleur la regarda faire une fois de plus la conversation à son coq..exaspéré...pas de cette façon qu'elle finirait par se marier la petiote...il se disait d'ailleur qu'il ne gouterait jamais aux joies d'etre oncle..tant pis.

Lendemain matin le foutu coq gueula très tôt...ne faisant pas attention à sa gueularde de frangine il jeta un coup d'oeil à la fenêtre, l'astre solaire se levait à peine et il l'observa l'aurore durant de longues minutes..son caractere contemplatif reprenant de le dessus.
C'est ainsi qu'il reprit la route aux cotés d'une bavarde et d'une étrangère qui lui disait vaguement quelque chose.

De nouveaux ils eurent droit à de jolis et sombres paysages, mais ne s'atardèrent pas, essayant de suivre le rythme de la frangine partie au galop.
Gonflante la petiote..y'avait pas non plus le feu...à le faire courir comme ça il allait finir par faire la tronche..plus que d'hab'.

[Varennes, enfin.]

Enfin ce foutu domaine !
C'est qu'ils avaient du chemin pour y arriver..une vrai quête..tout ce qu'il aimait pas en fait.
Un fois devant les grilles, la brunette sauta de sa monture et partit rapidement à l'intérieur du domaine..encore une fois elle les laissait seuls et cela agaçait fortement le borgne qui poussa quelques jurons.
Ma doué..fallait-il qu'il enchaine sa propre soeur pour qu'elle arrete de bouger.
Leger haussement d'épaules avant de déscendre lui aussi de son destrier et d'aller s'annoncer aux laquais de la propriété.
Un des valets lui indiqua le chemin jusque la vicomtesse et le borgne l'en remercia en lui glissant quelques ecus.

D'un pas lent et accompagné de Félina il érrerent dans les couloirs de la grande demeure jusqu'à arriver là où la frangine et d'autres personnes attendaient.

"Bonjour..."

Il balaya du regard les personnes présentes, ne remettant pas pour la plupart les visages..puis s'adossa à un mur tout en fumant la pipe s'amusant du comportement de sa soeur..bavarde affolée...norf.
Il n'y avait plus qu'à attendre, il ne cherchait pas d'infos..il laissait la brunette le faire à sa place..ça lui évitait de devoir causer...

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Thelilou
[Stagnation dans un couloir...]

On aurait pu distinguer une multitude de bruits dans ce silence oppressant. Varennes s’activait, et les personnes stagnant dans le couloir ne dérogeaient pas à la règle. N’importe quel passant anodin aurait clamé le contraire, décrivant la masse agglutinée devant une simple porte comme livide et muette. En vérité il en était tout autre, le calme extérieur n’était que le pal reflet de l’inquiétude qui les clouait tous sur place. Le couloir les entourant était étonnement sombre, malgré les chandelles disposées ça et là sur le mur, allumées nerveusement par Jacques un peu plus tôt. Il semblait que même la lumière n’osait troubler la tension environnante. Cela n’avait pour effet que de faire danser des ombres cyniques sur les visages de ceux qui attendaient, sans réussir à les éclairer entièrement. Tous étaient là pour la même raison. Une panoplie de gens venant d’ici et de là, rassemblés pour Elle. Ils avaient tous entendus le même discours de la rousse... L’angoisse avait alors commencé à creuser son chemin parmi eux, les touchants un par un. Et, dès l’instant où un semblant de calme regagnait l’un d'eux, accompagné d’une touche d’espoir, un cri de la vicomtesse leur remettait les idées en place. Car leurs places en cet instant n’étaient autres qu’au fond de leurs estomacs, noués inlassablement.

Mais, Varennes s’active bel et bien. Et le silence est brisé pour s’occuper de nécessités. Une nourrice pour l’enfant… Le Duc de Billy s’en charge. Il connait ses sujets. Et même si les autres ne les connaissent pas, ils lui font tous confiance. Ou du moins, ils ne bronchent pas. De toute manière, qui serait en mesure de trouver une nourrice digne de ce nom à cette heure, si ce n’est un Duc ? Et puis, c’est Marty, Lilou approuve silencieusement. Son ventre à elle ne l’autorise pas encore à parler. Les discussions ne vont pas bon train, pourtant, étonnement, le couloir se remplit petit à petit. Ne notant pas l’ordre des arrivées ni l’heure, ayant perdu toute notion du temps, la brunette s’était adossée contre un mur. L’air lourd ne circulait pas mieux ainsi, mais la pierre semblait être la seule chose dans les environs supportant encore son propre poids sans aucune difficulté. Des têtes connues, d’autres non, se demandant à l’unisson la même chose. Apo était là-bas. Si proche, et pourtant si loin.

Une main liée depuis qu’ils s’étaient fait sortir de la chambre. L’étreinte se faisait parfois si forte qu’elle en serait devenue douloureuse. Mais l’esprit de la brunette était ailleurs. Il vagabondait derrière ce mur, celui qu’elle fixait obstinément. Car il ne laissait s’échapper que des cris qui s’infiltraient jusqu’à sa peur pour la renforcer, et rien d’autre. Pas une seule autre petite information sur l’état d’Apolonie. A côté d’elle, l’inquiétude de Grid était palpable. Celle des autres de dessinait par leurs expressions, leurs traits, et les grattements de gorge accentuant le silence. Elle se doutait du tumulte qui se déchainait dans la tête du meilleur ami, sans ne rien pouvoir y faire. Puis, l’étreinte s’était modifiée, il avait glissé à terre. Des pas résonnèrent à nouveau dans le couloir, étrangement cette fois, puisqu’ils s’éloignent… Regard furtif envers un Arthur qui va certainement voir si l’air est moins lourd plus loin. Mais pour l’instant, un autre réclame son attention et Lilou se laissa glisser à son tour jusqu’à rejoindre le sol, contre Grid. Le serrer contre elle, faute de pouvoir faire autre chose, dépourvue. Quelques bribes de discussions parvinrent jusqu’à ses oreilles, entrecoupés par les cris de son amie, lui vrillant le cœur un peu plus à chaque fois.

C’est étrange comme les souvenirs font souvent leur apparition dans ces moments là. Ils ont le don de vous nouer la gorge en plus de l’estomac. Et pourtant, rien n’y fait, ils déferlent dans votre cerveau, sans crier gare. Une Apo débarquant à Moulins, dans sa taverne… Puis prenant le relais alors qu’elle-même dépérit. Tavernière. Sa tavernière. Apprendre à la connaître, lui faire confiance… Partir en voyage et la laisser tout gérer. Se reconstruire… Revenir alors que la belle, elle, décide de prendre son envol. Quelques temps encore à profiter, apprendre le maniement de l’épée avec Elle… Et la voilà ailleurs. Pour mieux revenir… Sourire à chaque retrouvaille, rires… Petits détails la définissant… Un caractère. Sans oublier les miettes de pain. Tout vous revient en tête, sans ordre particulier. Une discussion, une danse sur une table, un fou rire...

Quand un cri vous arrache de tout ça, vous raccrochant de nouveau à la réalité. Mais cette fois, il est différent. C’est celui d’un nouveau né. Frissons vous parcourant l’échine. Apo, mère. Apo, comment va-t-elle ?! Mots qui résonnent dans son esprit et dont l’écho se répercute par les paroles de Grid posant la question. Une rousse qui est sortie et qui répond. Elle se repose… Oui mais, pourquoi cette inquiétude alors ? Pourquoi le nœud au creux de son estomac ne s’est-il pas atténué ? Questions qui s’enchainent alors que Théa sort avec le fils. Oui, un fils. Sourire à l’évocation des prénoms en taverne… Murmure alors que l’enfant passe près d’elle dans les bras de la filleule…

Gaspard…

Se relever doucement… Et attendre encore, rager de ne pouvoir faire que cela. Somnoler, veiller un mur qui ne bouge pas et qui commence à lui taper sur le système.

[Le matin qui pointe son nez...]


La porte s’ouvre de nouveau, enfin! La rousse… Apo réclame. Elle est donc réveillée ! Pourtant, les visages sont toujours aussi tendus. Marty, Beths… Porte qui s'était ouverte amenant avec elle un brin d'espoir, qui se referme en l'emportant. Cœur battant la chamade, gestes nerveux.
Le théâtre de l'action? Varennes. Le premier rôle tenu par l'attente, le second par l'angoisse. Puis, nouvelle péripétie au cœur de la pièce. Porte qui s'ouvre amenant avec elle son invité de tout à l'heure. Espoir futile qui s'en va de nouveau, se sont d’autres qu’on appelle.

L’envie de voir Apo s’insinue en elle plus que l’angoisse encore. Puis, tumulte dans le couloir, pas qui résonnent. D’autres figurants qui arrivent, demandent… Ne détrônant malheureusement pas les acteurs principaux. On ignore l’état d’Apo, mais, oui, elle à accouchée… Pas bien il semblerait. Paroles pensées et pourtant tues. Son ventre a apparemment prit le contrôle de ses cordes vocales, refusant de les lui céder même une minute. Quelqu'un d'autre répondra, c'est qu'ils sont nombreux, tous là, pour Elle. Cette pensée à laquelle on s'accroche... Apo, qui va se battre, se rétablir sans qu'on ait le temps de s'en apercevoir...

Tellement de monde dans ce couloir…

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Felina
De villes en villages ... direction Varennes.

Trio insolite qui poursuit sa route, une brunette trop bavarde, un borgne fumeur de pipe peu loquace et une sauvageonne dont la curiosité l'a emporté sur la prudence et qui a définitivement décider de les suivre. Aucune objection ne venant de la sœur ni du frère, la Féline a pris leur silence pour une acceptation. Drôle d'équipage qui traverse l'Auvergne, vers le Nord.
Les cavaliers ne ménagent pas leur montures pendant tout le trajet qui doit les mener jusqu'à Moulins. A son habitude, la Rastignac reste en retrait, parlant peu, se contentant d'observer et de prendre la mesure de ses compagnons de voyage.

Le Borgne lui ressemblait, aussi peu causant qu'elle, mais il ne semblait pas faire montre d'agressivité envers elle ... déjà ça de gagné. S'il ne devenait pas un ami, au moins, peut être, ne viendrait il pas allonger la déjà trop longue liste de ses ennemis.
Quant à la demoiselle ... drôle d'oiseau que celui ci. Bavarde, ça ce n'est plus à démontrer, mais totalement "frappa dingue" en plus. N'étant apparemment pas satisfaite du peu de conversation que lui offrent ses deux comparses de route, voilà qu'elle se met à parler à ... son coq. Haussement d'épaules, soupir agacé . Après tout, il lui arrivait bien à elle de parler à son cheval. Vacherie ...
Lieues avalées, nuages de poussière soulevés, le paysage défile rapidement et la Féline n'étant pas de nature à s'extasier de la beauté des paysages, peut être blasée par ces longues années d'errance sur les routes du Royaume; ne se perd pas dans son observation. Le plus souvent ses yeux sombres sont rivés sur la route devant elle, et parfois, le plus discrètement possible, le regard de la mercenaire ose de fugaces allers et retour entre les deux cavaliers qui chevauchent légèrement devant elle. Rêve t-elle, ou un sourire vient il de se dessiner sur les traits rudes de Maleus ? Y aurait il un cœur sous cette carapace qu'il présente au monde ? Rien à faire, chacune de ses attitudes envers Amberle lui rappelle son frère. Faut il être dingue aussi pour suivre ainsi un frère et un sœur, cela s'apparente de plus en plus à du masochisme. Que cherche t-elle, si ce n'est faire remonter cette douleur mal enfouie aux tréfonds de son âme tourmentée ? Elle parle de fuir, elle se hurle d'oublier et voilà qu'elle revit son passé par fratrie interposée.

Il serait encore temps de faire demi-tour, oui sûrement est-ce là la meilleur solution … mais rien à faire, elle continue, elle les suivra où qu'ils aillent, jusqu'à éclaircir les raisons de cette force inexplicable qui la pousse inexorablement vers eux.

Arrivée à Moulins, volatiles qui s'envolent, Pie, coq sous le bras qui les laisse là. Un regard interrogateur vers Maleus, il lui fait signe de la suivre. Ces deux là n'ont décidément pas besoin de parler. Plus tard, une auberge, la brunette qui revient, explications rapides, surnom donné à son frère qui arrache son premier sourire à la sauvageonne : « Malouchou », ridicule et pourtant ... Grognement à peine audible du Borgne alors qu'Amberle se remet à parler à son gallinacé à crête.

Lever au chant du coq … l'expression n'a jamais pris autant son sens que ce matin là pour la Féline, et départ en Fanfare.
Ils sont pressés, elle le sent … elle le sait. Mais pourquoi, qu'y a-t-il donc là bas qui la prive d'une longue nuit de repos, qui les pousse à partir si vite alors qu'aucun n'est parvenu à récupérer par cette trop courte nuit ? Suivre sans poser de question, les réponses viendront en leur temps, se contenter qu'ils tolèrent sa présence et ne rien demander de plus.

Varennes - le couloir de la mort ?

Tornade en vieille houppelande blanche qui les laisse de nouveau plantés là alors qu'ils arrivent -enfin – à destination. Quelle mouche la pique encore ? Pied mis à terre, Félina qui suit presque docilement Maleus, entrée dans ce fameux domaine de Varennes, la réponse ne saurait plus tarder.

Des gens partout, un long couloir, sombre … des hommes, des femmes, de tous âges, aucun visage connu. Des yeux rougis, cernés … aucun sourire. Au loin des pleurs d'enfant. Malaise, Mal Être … elle n'est pas à sa place … Ici on pleure un mort, où l'on prie pour le salut d'un malade. La Féline ne sait pas bien, mais elle n'aime pas ce qui se dégage de cet endroit. A peine ose t-elle un signe de tête, évitant les regards inconnus. Fuir … elle voudrait fuir, mais plus de marche arrière possible. Que fait elle là ? Amberle est là, posant plein de questions. Derrière la porte, apparemment, l'objet de sa quête. La fin ?
La sauvageonne reste en retrait, et s'adosse contre un mur, bras croisés devant elle. Observer, écouter, attendre … pour peut être enfin comprendre. Mauvais pressentiment, pas besoin d'être devin pour sentir le malheur transpirer de cet endroit. La mort elle ne la connaît que trop bien, frisson qui lui parcourt l'échine.

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Juliuz a dit : "Felina, que j'ai convertie aux joies du brigandage, une vraie perle de franchise et d'humour"
Apolonie
[Dans l'après midi, après Beths et Marty]

Encore là, malgré tout, toujours là... La main inquiète de son suzerain, l'oeillade de Beths... Elle sait qu'elle a l'air mal en point, mais refuse. Elle ne peut pas se le permettre... Apolonie, c'est la vie en mouvement, l'azur pétillant, c'est une force vive qui jamais ne se tarit... Apolonie c'est la vie, quoiqu'elle coute, quoiqu'elle offre.

Les rassurer, d'un faible sourire esquissé difficilement, et les voir s'enfuir par le trou noir d'une porte. Azur fatigué qui ne peut que deviner dans le couloir les ombres qui s'y profilent. Les savoir inquiets et ne rien pouvoir faire que les accueillir… Son front cuisant la taraude, les minutes qui filent se font secondes dans un esprit que la brume envahit peu à peu. Tandis que le soleil rejoint son zénith, la vicomtesse s’avance vers le délire. Derrière Marty et Beths, les visites à la nouvelle accouchée se poursuivent, et la tête vacille… Légèrement, à peine. Rien de grave… Et puis elle les reconnait… Une écuyère, une nièce et une amie. Qui s’approchent, se présentent à elle.

Elle essaie, la Sentinelle, de rester digne, de se redresser, de tenir bon. Mais les étoiles devant ses yeux, et cette ombre, là-bas, dans le coin , qui glisse sur le parquet, avançant toujours plus près de son lit. Oppressante, terrifiante… Elle a peur, Apo… Redevenue simple ambassadrice… Redevenue la simple auvergnate qu’elle était, elle sait que l’épée est bien trop lourde pour ses bras si peu entrainés… Elle ne pourra jamais la vaincre…

Main rassurante d’une brindille sur son front, tandis que Rexanne se pose sur le bord du lit. Stase, mal à l’aise, comme toujours dans les situations délicates émotionnellement parlant, se plante plus loin, la taquinerie en bouche, malgré la lueur d’angoisse qui danse dans ses prunelles. Comme elle ressemble à son père. Apolonie avait été frappée de la ressemblance quand elles s’étaient rencontrées, armes à la main, aux portes de Bourbon. Shura… Est-il venu lui aussi ? Non… Bien sur que non, il est mort ce frère qui l’avait soutenue pendant son premier deuil…


N’aies pas peur Stase… C’pas contagieux hein…
juste un accouchement…


Tentative plus ou moins réussie pour ôter l’inquiétude de leurs visages… Plutôt moins que plus. Les lèvres s’étirent doucement, si sèches… Elle a l’impression d’un désert brûlant… Si soif, encore si soif… La langue colle son palais comme le miel à doigts gourmands qu’elle erre dans les tavernes du royaume. Flammes fiévreuses qui dansent dans l’iris bleuté qu’elle pose tour à tour sur les demoiselles. Elle se sait mal, elle nie l’évidence. Ce doit être normal cette chape de plomb sur ses épaules, et cette fatigue qui l’accable. Et la fièvre, elle connait, sa plaie à l’épaule s’était infectée en septembre… On s’en remet… Bientôt elle se lèvera…

Et pourtant, Apolonie ne peut s’empêcher de faire durer l’instant, comme s’il était le dernier. Elle voudrait s’excuser, les avoir faites venir, pour ça, c’était pas la peine. Dire, laisser pour une fois ces satanées barrières tomber. Faire comprendre à Rexanne combien elle avait apprécié cette amitié, née d’une ballade fortuite en halle, d’un accueil dans une maison alors à peine plus élaborée qu’une masure… L’invitation à un mariage qui était tombée… Le sourire qui avait éclot sur les lèvres d’Apolonie quand Rex avait vu débarquer une mercenaire en lieu et place de la tribun qu’elle avait connue… Et puis les retrouvailles, il y a quelques semaines. Finalement, elles ne sont pas si différentes, l’ironie se manie à leur guise pour elles deux. Spécificité des amitiés apoloniennes : l’absence… L’éloignement… Qui ne gâche rien…

Main à la paume scarifiée qui court sur le drap jusqu’à attraper la menotte calleuse de la bergère. Patxi… Son premier mouton. Et les allers retours avec Leg pour se construire son havre, qu’elle avait bien vite quitté, aussitôt levé de terre…


Merci… Ravie de te voir. Eclair de lucidité… Se rappeler, pourquoi elle est là… Allongée. Sujet de conversation avec la brune tribun… T’as vu l’futur élève de ton tendre ?

Pas tellement envie de savoir… Ne sait même pas que c’est un fils. S’en moque… L’instinct maternel chez Apo n’est pas ce qu’il y a de si développé, malgré tout ce que peut penser Arthur. C’est histoire de surtout de rappeler qu’elles seront réunies pour un temps, faire comprendre qu’Apo compte bien en profiter, qu’elle ne lâchera pas comme ça…

L’ombre…

S’approche…

Encore un mètre…

Les traits se crispent, les doigts se referment brutalement sur la main qu’ils enserrent. Littéralement terrifiée, reculée contre la tête du lit, genoux repliés, sueur rejoignant les tempes instantanément… Elle arrive, elle la voit bien… L’Ombre est là… Et ce n’est pas l’Autre… C’est plus dangereux. Elle le sent, jusqu’au fond de ses tripes, elle le sait. Ce danger-là n’a rien à voir…


Sunie, mes armes… Sunie ! Vite !

Voix blanche et souffle court. Les trois jeunes femmes font bloc…L’ombre recule… Mais rien qu’un peu… Prend forme… Pupilles écarquillées qui fixe un point derrière Stase… Ils sont là… Tous, ceux qui l’ont poussée à bout… Ils sont là, les ingrats, les traitres, les magouilleurs, les comploteurs… Ils sont là ceux qui n’ont ni honneur ni fierté et pourtant s’en targuent… Ils sont là les conseillers ducaux, les politiciens, ils sont là les dirigeants, ceux contre qui elle a œuvré, ceux qui devraient travailler pour leur duché et ne se bougent que pour leur gloire personnelle…

Les fantômes d’Apolonie qui se dressent, le cerveau malade incapable de les repousser… Pic de chaleur, elle est trempée et tremble, de tous ses membres, la chemise ne sert plus à rien… Rex et Sunie la changent, impuissantes à faire taire les voix qui l’habitent, mais désireuses d’aider, de faire… Faire quelque chose… Et découvrent sur le corps amoindri des tâches violacées. Quelques unes… Derrière une épaule, dans le bas de son dos, sous un bras… Les regards des deux jeunes femmes n’augurent rien de bon, Stase ressort chercher le chevalier… Pour lui dire…


Foutez moi la paix !! C’est bon, je pars, je pars… Z’êtes chez moi ! c’est chez moi !
Vous devez pas entrer ! Jaaaaaaacques !! Jaaaaaacques ! Pas d’eux chez moi !
Les fourbes dehors ! Dehooooooors !


Pauvre folle, il n’y a rien devant toi que tes amies paniquées qui ne comprennent pas que tu t’adresses à tes meurtriers. Ceux sous les invectives desquels tu t’es échinée, énervée, sous les insultes desquelles tu as vécu ton dernier deuil, ta grossesse, ceux qui sans répit ont mis à mal tes idéaux et tes idées d’un duché où il fait bon vivre… Ils ne sont pas là et tu ne peux plus rien faire contre eux… Regarde donc, Apolonie, ouvre les yeux… Ecoute les notes d’angoisse dans la voix de ton écuyère… Ne vois-tu pas que tu es chez toi ? Ne veux-tu pas te concentrer sur elles, sur eux… ?

Azur papillonnant… Fébrile vicomtesse qui calme son souffle, vérifiant à la dérobée qu’ils ne reviennent pas… Et qui se déplie, ne se rendant qu’à moitié compte de son délire… La chair de poule se dresse sur sa peau, arrachant un gémissement, il fait chaud non ? Froid ?


Soif…

La rousse alertée par la nièce entre… D’autorité, elle approche le bouillon de la gorge de la mercenaire. Licorneuse contre Sentinelle… Le combat n’est pas équitable, l’une est debout, l’autre malade… Apolonie perd, mais c’est si bon… Liquide qui coule… Encore… Abreuve… Déjà la fin ? Fait toujours soif pourtant… Si… Les filles s’échappent… Apolonie aimerait leur dire… Leur dire tellement de choses…

Mais il n’est pas l’heure, pas encore… L’espoir s’accroche avec toute l’énergie qu’il lui reste, elle refuse de lâcher prise… Pas devant cette ombre, menaçante… Pas devant la Rousse… Pas comme ça ! Cerridween cherche les ecchymoses… En trouve une. Apolonie tourne la tête, la fuit. Pas maintenant. Ne dis rien, Chevalier, ne dis rien des mots qui dansent déjà dans tes sinoples… Ne dis rien…

Leg et Thea passent leurs museaux inquiets dans l’entrebâillement… C’est au tour des filleules de venir veiller un instant leur amie. Silhouette longilignes qui un instant inquiètent l’accouchée… Avant d’attirer un semblant de sourire noyé dans une grimace. L’azur déconcentré a du mal à fixer les deux jeunes femmes qui s’avancent… C’est leur marraine. Forte. Elle devrait devant elle affirmer que tout est permis, tout est possible dans ce royaume… Que la vie est belle et vaut le coup qu’on se défonce pour elle… Même avoir un môme c’est faisable…

Mais ce que le vert changeant de Cerridween lui a fait comprendre, même s’il est trop tôt pour l’accepter, c’est que c’est mal engagé pour elle. Comment alors rester digne… Et c’est si simple… Pourtant. Sous le regard gris de Leg, devant le minois attentionné et apeuré de Thea… Le sourire se forme, naturel, limpide. Confiant. Elle ne les lâchera pas, elle ne peut pas. La première et la dernière… Elle en a la charge devant Aristote, elle doit les guider, leur apprendre ce qu’elle sait encore… Même si au final, l’une et l’autre douée… Elles tiennent plus à leur amie qu’à leur marraine.


Faites pas gaffe à tout ça…
Ça ira… C’est pas ce que je vous ai toujours appris ? On encaisse et on continue.
j’vous aime les filles…


Des mots étranges dans la bouche de la vicomtesse… Mots qu’elle ne galvaude pas. Et les filles le savent… Elles qui à leur manière ont parcouru les mêmes couloirs. Devant les iris bien pâles défilent les corridors de la Chancellerie, du Castel de la Source, l’Auvergne qu’elles ont adoptée toutes trois, et pour laquelle elles se défoncent… L’une a pris le chemin de la maréchaussée, l’autre est arrivée au Conseil plus tôt que prévu, mais toujours, ensemble. Une amitié tranquille. Quelque chose de naturel. Leg, parce qu’elles ont grandi ensemble, découvert les rouages du royaume côte à côte. Les mots n’ont plus de raison d’être entre elles, depuis des lustres elles se comprennent d’un regard.

Tout le contraire deThea au final… Deux filleules, deux caractères bien différents. Pas eu de bataille, ni avec l’une ni avec l’autre, dès la première rencontre, dans les deux cas, le respect et l’amitié étaient nés. Mais si avec Leg les conversations sont plus visuelles et tacites, avec Thea c’est une débauche de mots, phrases. Le partage continuel, le lien ininterrompu… Les questions sans fin, dont elle n’écoute pas les réponses… Avant de tomber d’accord, des jours plus tard. Elle est si douée… Mais quelques coups de pieds aux fesses, parfois… Thea… Ale pour certains, mais elle avait rapidement fait adopter ce surnom… Comme pour Stase que personne n’appelle Ana…

Thea… La future licorneuse, la jeune voyageuse… Sa filleule lui rappelle ce qu’elle était. Si avec Legowen, elles sont complémentaires, Thea est son reflet, son avenir. Celle qu’elle aurait pu être sans les deuils, sans l’adversité. L’azur épuisé n’a plus la force de les détailler, se contente d’effleurer les deux silhouettes qui veillent sur elle. Plissement de nez, si habituel… Caractéristique… Impression désagréable de rôles inversés…

Et l’ombre…

Et la fièvre…


Mes belles… Filez… Soyez heureuses… Surtout…

Aveu involontaire d’une angoisse qui l’étreint de nouveau… Si mal, si soif… Si… Les voit s’éloigner… Sait qu’il est possible que ce soit la dernière fois… Devine… Refuse.

A bientôt…
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