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[RP] La Rue de Traverse.

Mordric
Citation:
Oui, la Rue de Traverse.

Cette rue que chaque ville de part le royaume, abrite en son sein.
Cette allée sombre flanquée de maisons miteuses, d'estaminets vérolés, de maison closes aux relents de stupre.
Ces ruelles obscures abritant une population que l'on ne voudrait pas croiser, même sous la lumière du soleil.

Ce bas peuple que l'on préfère ignorer.
Les mendiants, les gueux les plus pauvres; les difformes et les bannis; les malades et les pervers; les coupes-jarrets et les tire-laine.
Ces hommes, femmes, enfants que la bienséance ignorent, de peur d'y voir sa propre fin.
Le dernier repaire d'une population affamée, désespérée.
Un peuple qui n'a plus que les basses taches pour vivre. Qui parfois doit se vendre au plus offrant, au plus brutal, au plus malin pour survivre.

Si l'on ferme les yeux un instant, on peut se souvenir de son visage.
L'enfant en haillon qui tend la main à côté de l'étal d'un boucher. Réclamant denier par denier de quoi subsister un jour de plus.
De quoi manger pour affronter une nouvelle journée de quête, d'humiliation, de désespoir.
La femme honteuse, les yeux voilés de larmes alors qu'elle dévoile son corps au coin de l'âtre d'une cheminée, dans la plus infecte des auberges.
Cédant aux avances des plus ignobles pourceaux, simplement parce que nécessité fait loi et que le travail à la mine ne suffit plus.
L'homme usé, dont les yeux paraissent si vieux. Lui qui a renoncé à son âme immortelle pour ne pas voir sa femme violée par plus puissant que lui. Rabaissé au statut d'homme de main, rossant et tuant plus faible que lui pour enrichir un pourceau de plus.
Le vieillard las, qui n'a d'autre choix que de jouer aux éclopés ou usant des avantages de l'âge pour dérober une bourse sans même que l'on ne porte attention à lui. Simplement pour mourir humblement. Pour mourir dans une chambre miteuse. Là où on portera un minimum de considération à son cadavre rachitique. Là où il ne sera pas qu'une ordure parmi les autres, sur le pavé puant.

C'est tout cela la Rue de Traverse.
Un lieu intemporel que l'on trouve partout, pour peu simplement que l'on y porte une petite attention.
La Rue de Traverse c'est ce l'on préfère ignorer, pourtant elle vit, elle respire, elle crève.
Mais pour qui sait ce qu'il cherche, elle comble tous les désirs.
Que l'on y cherche une femme pour une assouvir ses pulsions les plus secrètes.
Que l'on veuille se venger d'un mari infidèle.
Que l'on souhaite la mort d'un rival.
Que l'on désire se mesurer à plus fort que soi.
Que l'on cherche un moyen de régler ses dettes.

La Rue de Traverse, c'est l'endroit où tout se paye; l'endroit où tout s'échange.
Qu'on la parcourt à visage découvert ou sous l'abri d'un masque.

Elle est là, on peut l'ignorer, mais elle vit.


La plume quitta le parchemin.
La bougie qui éclairait la pièce semait le trouble parmi les ombres.
Elle vacillait tant qu'il avait du mal à poursuivre. Dehors le vent soufflait et s'engouffrait par une quelconque ouverture de l'auberge.
Si puissamment qu'il finissait sous chacune des portes des chambres.
Posant la plume, il souffla la flammèche et se leva pour gagner la fenêtre.

Dehors, les ombres filaient.
La nuit masquait les visages...
La Rue de Traverse s'agitait.
Sa Rue de Traverse. Son Royaume...



Un Rp plus qu'ouvert, qui s'adresse à tous.
Pnjs, Persos IG. Nobles, bourgeois, paysans ou raclures.
Si l'envie d'écrire vous prends, nous sommes là.
Époux infidèles à la recherche de catins des deux sexes, époux cocufiés à la recherche d'un spadassin; Cathares pourchassés par l'Eglise; guérisseurs souhaitant revendre leurs attrapes-nigauds; moines défroqués cherchant à corrompre le peu de foy des nos pauvres êtres; brigands de grands chemins ou comploteurs en tout genre; expédition punitive de la maréchaussée; fêlons ou simplement mendiants.

Quelque soit le rôle que vous voulez jouer ou auquel confronter votre marionnette, vous trouverez votre bonheur.

Il sera juste demander de situer votre Rp en début de posts.
N'hésitez pas à me contacter ! Je ne mors pas, ou pas très fort. Discrétion assurée !

_________________
--Denonville



Et il lui fila une grande claque, qui résonna jusque chez les voisins, sans doute.

- Pov' pouliche d'mes deux, tu va m'rendre c'que tu m'as pris !

Et de nouveau, il frappa la prostituée, qui, bien que s'étant crue maligne, regrettait à présent de ne s'être point bornée à accepter de faire les choses fortement dégradantes, humiliantes et avilissantes que le monstre lui avait demandé.
Le monstre ? Un homme. Comme tant d'autres. Dans la force de l'age, mais pas trop non plus. Marié, plein d'enfants, morts ou vifs, qu'importe. Le visage buriné, les cheveux pâlissants. Une cicatrice, sur le coin de la figure, due à un éboulement à la mine, qui lui donne un air un peu impressionnant. Le regard un peu fuyant. Une haleine alcoolisée et qui laisse supputer à celle qui se fait déglinguer la face actuellement qu'il ne mange pas souvent : c'est bien connu, c'est qui ne mange pas, boive. Surtout dans le coin.
Mais surtout, il a de la colère, en lui. Se gestes sont vifs, saccadés, convulsifs, presque. Aussi, parfois, surtout le mardi soir, quand sa femme est au lavoir et lui en rue de Traverse, il se laisse aller à ses bas instincts, ceux de la violence. Après le sexe, la violence, comme d'autre aiment à manger de la charcutaille après avoir profiter d'une femme un peu sale parce que moins chère.
Hop, l'arcade qui saute d'un coup de pied. Et hop, un nez qui dévie. Et hop, hop, hop. De gémissante, elle commence à devenir silencieuse. Alors, Sem ralenti. Il constate le sang, la couleur bleu de la peau de la femme. Et puis, ayant finit son oeuvre, il la laisse là et va remettre ses braies. Quoique... Il a une vraie franche envie de pisser, avant. Il se soulage donc sur la catin, un sourire mauvais sur les lèvres.

- Ca cicatris'ra mieux, co' ça...

Cette fois, il remet ses braies. Pour ne pas partir les mains vides alors que ses bourses, elles, le sont, il fouille la chambre puante et retrouve l'argent précédemment donné à celle qui git à présent en position foetale.

- Fallait pas m'prendre mon fric pour rien. T'aurais pas eu mal.

C'est vrai quoi ! Elle lui prend ses écus pour refuser ensuite de faire son métier. Elle l'avait mérité, sa correction. Pis, il venait pas ici pour refaire ce qu'il pouvait faire avec sa femme chaque soir. Il venait ici pour faire autre chose que ce que la bonne conscience aristotélicienne autorisait. Il avait eu raison, le Sem Denonville. Mais il n'était plus temps de se poser des questions : l'épouse rentrerait sous peu, il fallait qu''il se rentre.

- A la s'maine prochaine, la catin !


Enfin, si elle survivait jusque là.


_____________________
--Alissandre

[Dans les ruelles sombres, en bordure de la ville basse]

Ha...ha...ha...

Son souffle court, haletant, lui semblait encore trop fort. Elle pinça les lèvres, dans une vaine tentative de taire son essoufflement. Il fallait qu'elle se reprenne, vite ! Son cœur battait au point de menacer de quitter sa poitrine. Il tonnait tellement fort qu'elle était certaine qu'on l'entendait à des lieues à la ronde.

Elle ferma les yeux, inspirant longuement pour reprendre un peu d'air, les poumons comprimés par les efforts qu'elle faisait pour maîtriser sa respiration.


"Là ! Je la vois!"

Elle rouvrit les yeux brusquement, tournant la tête vivement pour voir d'où venait la menace. Là! A droite, un garde boueux et suintant d'humidité - était-ce sa sueur ou la bruine qui l'avait déjà couvert ? - la pointait du doigt, hargneux, une lueur de cruauté concupiscente au fond de son regard bovin. Elle aimerait lui cracher son mépris, lui arracher les yeux, elle aimerait...

Pas le temps, elle s'écarta vivement du muret qui lui avait servi d'abri et reprit la fuite. Ses jambes s'alourdissaient, le poids du froid et de la fatigue commençait à se faire sentir et à engourdir ses sens. Elle secoua furieusement sa crinière rousse pour se forcer à se réveiller.

BAM !

L'impact l'assomma un instant, lui faisant faire un pas en arrière, tandis qu'elle entendait mille cloches résonner entre ses tempes. Elle grogna, tangua et leva ses yeux noisettes, étincelant de fureur, sur l'obstacle.
Macarèl... Les renforts étaient arrivés. Elle était perdue.

D'un geste rendu vif par des années de réflexe, elle dégaina sa dague et lui fit faire un arc de cercle à hauteur du nez de l'homme qui lui barrait le passage. Le rictus moqueur qui étirait ses traits se tordit en une grimace de douleur.


"Garce ! Tu vas..."

Pas le temps ! Elle tailladait encore, les yeux écarquillés en une forme de folie qui seule lui permettait encore de tenir debout. Derrière elle, le bruit spongieux des bottes sur le sol boueux lui annonçait que les autres allaient la prendre en tenaille. Alors elle tenta le tout pour le tout. Lame en avant, elle se jetta sur son assaillant, tentant de la lui planter dans le cou. La lame dévia sur l'armure et alla se planter dans son oeil, arrachant au soldat déchu un râle d'agonie.

Pas le temps. Elle avait déjà bondi pour dépasser son corps et s'enfuir. Enfin, elle entrevoyait une lueur d'espoir. Peut-être... si elle parvenait à tenir encore un peu... si par miracle elle trouvait un refuge... si seulement...

Avec l'énergie d'un animal traqué, ce qu'elle était vraiment à cet instant, elle courrait sans autre but que de distancer ses poursuivants. Deux d'entre eux s'étaient arrêté pour tenter de secourir leur camarade, tandis que le dernier poursuivait la chasse.


"Attrape-la ! La laisse pas filer, bon sang !"

Avec un gémissement éperdu, la Rousse accéléra encore. Elle, qui n'avait jamais prié jusqu'alors, trouva soudain comme un regain de foi lorsqu'une fenêtre s'ouvrit derrière elle, entre son poursuivant et elle. Qui que ce soit, elle bénissait cette personne que la curiosité avait dû faire sortir. Elle entendit le bruit sourd du choc de son assaillant contre le volet de bois, luttant contre la vague bouillante de soulagement qui menaçait de lui couper les jambes.

Encore un peu ! Encore un tout petit peu... Elle cru reconnaître un endroit, et obliqua vers l'obscurité d'une ruelle. Oui, elle connaissait ce coin, elle savait où se cacher. Quelque part, sur sa droite, elle savait qu'elle trouverait les écuries d'une auberge abandonnée.

Les bruits derrière elle s'étaient tus. Ils n'oseraient pas la suivre jusqu'ici, jusqu'aux tréfonds de la Rue de Traverse. Elle se glissa à l'abri des murs de l'écurie, qui à cet instant lui parurent aussi accueillants et chaleureux que le plus riche des palais. Enfin ! Elle était... sauve...

Elle s'effondra soudain, comme une marionette aux fils coupés, et sombra aussitôt dans l'inconscience.
--Cesaire


Un gros plouf sur la paille et puis un drôle de bruit comme un chat qui ronronne...Césaire sort doucement sa tête de sous la couverture et laisse ses yeux s'habituer à la lumière. Le petit fronce les sourcils et guette les bruits. Il distingue une masse orange ou rouge, m'enfin de la même couleur que le tablier de la femme du primeur à qui il chaparde des fruits en été. Il pousse la couverture doucement et se rapproche doucement en se grattant la tête. Les nuits sont froides et il a faim. Et sommeil, toujours...Sortir est presque pour l'enfant une victoire.

Il est assez prêt maintenant et c'est une dame...Vieille mais pas trop!Grande surtout. Il la regarde, l'observe sous toutes les coutures et comme elle ne bouge pas, il s'asseoit près d'elle pour mieux la regarder. Son pouce rejoint sa bouche et il surveille la dame en silence. Ses oreilles écoutent les bruits de la rue...Pas un bruit...
Asaliva
Saliva se demandait ou elle était tomber:

Quelle gourde de s'étre perdue!

Elle avait peur,une trouille qui lui prennait l'étomac,regardant a droite et a gauche,la main sur son épée.
Elle entendit un cri,se retourna et vit des soldats courir aprés une Méstra,la vit passer par une fenetre,en sang a bout de souffle.

La pauvre pourvu qu'elle s'en sorte! pensa-t-elle.

Saliva vit un sir qui la regardait d'une drole de façon,baissa la téte en passant devant lui et l'entendit dire: tu prend combien pour me faire passer un agréable moment?
Saliva choquée,rougissante partit en courant entendant le rire gras du sir.

Elle n'avait jamais ou aussi peur de sa vie.
D'un coup elle sentit une main l'éffleurer,cria ,se retourna et vit un enfant d'une maigreur a faire peur.
elle lui tendit une piecette: Va donc t'acheter des sacs de mais avec cela,tu pourra manger,le petiot!

Saliva sentit des regards sur elle,Méstra,Sirs et Gosses qui la fixer,se demandant se qui se passer!

Elle sentit une main l'attraper et vis un sir d'une puanteur incroyable ,tout maigre et d'une saletée repoussante qui lui donna envie de vomir!
Venez Méstra,je vous rammene,jusqu'a la rue principale,vous n'avez rien a faire ici!
Et sachez qu'une Méstra se doit d'étre accompagner par un sir.
Ceux que vous faite là,ne se fais pas!!!!

Saliva regarda le Sir qui l'avais ramenner jusuq'a la porte de l'église:

MERCI sir,je vous revraudais cela,


Le sir la regarda et lui dit:
Vous me devez rien,je ne veux plus voir ici!!sinon,je m'ocuperais de vous moi méme.!!.

Saliva regarda le sir qui se diriga vers la ruelle,le remerciant de sa gentillesse quand memme.
--Alissandre


[Au fond d'une vieille écurie]

Elle avait dormi d'un sommeil sans rêve, tellement abrutie par l'épuisement, physique et nerveux, que même ses sens étaient en sommeil. Elle ne réalisa donc pas tout de suite que quelqu'un s'était approché d'elle. Ce ne fut que lorsqu'elle affleura de son profond sommeil, lorsque l'extérieur commença à nouveau à lui parvenir, par le toucher et l'odorat, juste assez pour que l'éveil s'entame, qu'elle perçut cette présence étrangère.

L'instinct de survie la fit aussitôt sortir de son état de semi-sommeil, une main sur le flanc en quête de sa dague, tandis que son corps se ramassait brutalement pour s'apprêter à bondir sur la menace et la déstabiliser pour lui permettre de s'enfuir.

Le grand regard surpris du gamin l'interrompit dans son élan : fausse alerte ? Ce n'était même pas dit. Dans ce coin-ci, même les enfants apprenaient à être dangereux pour se défendre. Certains. Pas tous. Et parmi ceux qui n'apprenaient jamais se trouvaient plus de cadavres que de vivants.

Elle s'exhorta au calme : inutile de l'agresser sans raison. Tout en demeurant prudemment sur ses gardes, sans faire mine de bouger, elle lui sourit, tentant de ne pas l'effrayer davantage qu'il ne devait déjà l'être.


"Hoy, mainat, que fas aici ?*" fit-elle le plus doucement possible de sa voix encore plus rauque de d'habitude à cause du sommeil encore jeune dans son corps.

*Hoy, gamin, que fais-tu ici ?
Sandyrousse
    La rouquine, avare d’aventure et de sensations hors du commun n’avait pu résister à un énième voyage périlleux mais si attrayant.

    Un challenge que de pouvoir mettre à disposition ces connaissances en navigation au service de son comté d’adoption!

    Laissant sa progéniture aux soins de son amie Philosine, elle se délectait d’accompagner Dame Azelys,
    sur les routes du sud pour acquérir un somptueux navire.

    Les routes devenaient au fil des jours menaçantes, les armées clandestines les attendant aux moindres recoins.

    Sandy n’avait qu’un désir, arriver à tant pour donner un sens à ce périple, la joie de naviguer,
    de virevolter le long des mers, un rêve qui allait enfin donner un aboutissement à des années d’étude.

    Le royaume de France n’avait plus de secret pour la sauvageonne, elle en avait visité chaque ville, chaque feu de camps,
    que d’amitiés, que de traditions appréciées, un bonheur de toute une vie.

    Mais, l’inconnu, la mer, ses dangers, surpassaient de loin toute entendement, elle espérait inconsciemment que ce Messire Charly,
    dont elle avait entendu parler, comprendrait ce gout et ce désir de croquer la vie a pleine dents!

    Le risque de devoir combattre devenait minime pour une fantasmagorique rouquine Flamande
    qui avançait avec ses accolites vers l’effleurement d’un rêve, l’apprivoisement de l’inconnu.

    "En route mes amis et que la vie et la chance soient avec nous! "

_________________

La sagesse est d'être fou lorsque les circonstances en valent la peine.
Mordric
Les bottes claquaient sur le pavé de Montpellier. Rouges.
Un rouge sanglant. Elles s’arrêtèrent devant l'un des panneaux de la ville.
Au milieu des affiches, une nouvelle vint se planter.

Puis les bottes firent demi-tour.
A la recherche de la première taverne. Si on le cherchait, on le trouverait bien là-bas.



Citation:



Recherche cette femme. Vue à Montpellier dans la soirée du 18 février 1460.
Récompense de 15 écus pour celui ou celle qui renseignera Mordric en
Rue de Traverse.
--Cesaire


La dame aux cheveux rouges ouvrit les yeux et lui sourit. Elle lui parla doucement.

Césaire se leva précipitamment et recula jusqu'à sa couverture. Si elle aussi savait que les mots ne sortaient jamais de sa bouche, elle le chasserait, ça il l'avait bien compris. Il avait un peu peur le petit depuis ce jour où celle que les autres enfants appelaient maman l'avait foutu dehors en le traitant de monstre. Mais il fallait être brave, ça la vieille marchande de saison lui avait dit.

Alors au lieu de répondre, il tendit son écuelle d'eau à la femme aux cheveux rouges au cas où...Peut être qu'en échange, elle aurait à manger...A cette idée, son ventre se mit à grogner et l'enfant baissa les yeux, tout penaud.
--Les_ctorza


Derrière les façades de la rue de Traverse, l'on trouve parfois une réserve crasseuse, des locaux sombres, tenus par des gens aux mœurs douteuses. C'est en passant par la fange, au milieu de la lie, que l'on livre ces resserres aux propriétaires peu regardant sur l'origine des marchandises. Mais nul parmi les habitants de cette ruelle sordide ne peut se prétendre client de ces marchands. Il faut de l'argent pour ça. On force parfois une porte, on vole parfois des marchandises, mais quand le voleur est retrouvé, le plus souvent ses tripes sont à l'air. On ne plaisante pas avec ces commerçants. Pour poser un doigt sur ce qu'ils vendent, il faut travailler pour eux, avoir de quoi l'acheter ou être sur qu'ils ne mettront pas la main sur vous.

Les habitués de ces magasins ne passent pas par la Traverse, oh non. Ils ne savent même pas que les biens qu'ils achètent ont été entreposés chez les pouilleux. Ils ignorent tout des périples souterrains, des vieux tunnels d'un autre age, des égouts à demi inondés, des culs de sacs, des rats et des habitants qui hantent l'hypogée de la capitale. Ils ignorent tout des charrettes à double-fonds, des navires aux cales profondes, des pots de vin, des fonctionnaires corrompus et de leurs petits sourires entendus quand passent les contrebandiers. Les habitués, eux, pensent que ces échoppes sont tout ce qu'il y a de plus honnêtes. Et quand ils savent qu'il y a anguille sous roche, c'est qu'ils ont un doigt, ou plus, dans l'engrenage.

L'une de ces boutiques, qui possède ce genre d'entrepôts cachés et marque les tunnels d'un dessin à la craie symbolisant Beth, est tenue par un père et son fils. Et sur l'enseigne un...



…gravé, signale au chaland qu'il trouvera en ces murs de quoi ravir les palais raffinés de ceux qui vivent dans le luxe, le calme et la volupté.



Dans l'entrepôt familial sis en rue de la Traverse :



« Camillo, dove sono le cambiali di Molinier ?
- Non lo so papà! Così io lavoro richieste a un stooge ! » *

Des cris, de l'agitation dans le local. C'est qu'on décharge une cargaison de vins italiens sous la supervision du fils du patron. Il faut faire attention à ne pas échapper un fût, car chacun d'entre eux représente une coquette somme. Somme qui grossira quand la dernière patrouille sera passée. Les soldats, même corrompus, ont la fâcheuse tendance de vouloir goûter la marchandise quant il s'agit de boisson, alors on ne perce pas les tonneaux dans la journée, ça serait les tenter. Et puis entre nous, on ajoute aussi un peu d'eau dans le vin quand il passe du fût au tonnelet. Que les bonnes âmes ne s'affolent pas, ça n'a jamais tué un client et si l'on peut contenter plus de monde avec moins de matière première, on aurait tort de ne pas en profiter. Après tout, en combinant le faible taux d'alcool et le prix de revente, les Ctorza rendent service à l'Église à leur manière en luttant contre l'ivrognerie. C'est cher et ça ne saoule pas, admettez que c'est bien gentil de leur part d'aider des Aristotéliciens à sauver leurs âmes, Spinoza serait fier d'eux...

Et il en va de même pour toutes leurs marchandises : jambon de Parme, acheté au marché de Montpellier et marqué au fer d'identification dans la cave de la boutique, ricotta en provenance des vieux stocks d'un fromager Alaisien. Pour faire simple, ils ont le monopole sur les produits italiens d'origine languedocienne !

Et de temps en temps, quand le client prononce les bons mots, ils troquent l'habit de marchands de vivres pour celui d'usuriers. Discrétion garantie, taux d'intérêt ras les planchers et pour se faire rembourser, deux-trois gars musclés...




*
« Camillo, où sont les reconnaissances de dettes de Molinièr ?
- Je ne sais pas papa ! Je travaille, donc demande à un larbin ! »
Mordric
[Un dimanche soir, les rues de Montpellier.]

Les écus tintaient dans la bourse de l'homme qui s’avançait. Voûté, crasseux et puant on ne voyait rien de lui. Tout était noyé sous ses frusques; capeline déchirée, braies en lambeaux. Même ses pieds et ses mains étaient enroulés dans des bandages auréolés de boue.
Son visage n'était pas non plus visible, perdu au fond d'une capuche qui lui retombait dessus.
Un mendiant parmi d'autre, juste un peu plus riche si on en jugeait par la mélodie cliquetante de sa claudication.
De quoi attirer les regards, les envies, les convoitises.

D'ailleurs, rapidement on lui barra la route. Un quelconque trousseur qui voyait là proie facile.
Quelques mots furent lancés, menaçants, violents. Bientôt rejoints par l'éclat d'une lame qui renvoyait la lumière d'une torche suspendue non loin.
La suite de la scène parut étrange aux pauvres yeux qui la contemplaient.
Le mendiant se contenta de relever la tête, juste assez pour laisser entrevoir son visage à son agresseur avant que ce dernier ne détale.
Le bougre avait-il vu le Sans-Nom ?
Quoiqu'il en soit, sous la capuche, un ricanement se fit entendre.


Pauvre petit...

Le mendiant reprit alors son chemin, ne claudiquant plus qu'occasionnellement. La distraction l'avait fait oublié son rôle, mais qu'importe, plus il avançait dans la Rue de Traverse, moins il attirait l'oeil. Ici, point de bonnes gens pour le reconnaître.
Et lorsqu'il pénétra dans l'auberge, il avait retrouvé son port altier et charmeur.


Lifthrasir !

Il avait crié, sur un ton sec et impérieux.
A l'étage, on entendait déjà la cavalcade du Vérolé qui accourait.
Le temps, pour le mendiant de se débarrasser de sa capuche et de sa capeline, redevenant Mordric le - pour le moment - Déchapeauté et son homme de main faisait irruption dans la pièce.


Prépare moi un baquet d'eau chaude et mes habits. Je pue et je déteste ça...

Nouvelle cavalcade, en sens inverse cette fois. Ses ordres étaient en passe d'être exécutés.

Quant à toi Taulier, une bière. Et mets ça dans ma caisse veux tu ?

D'une main, il envoya à l'aubergiste la bourse remplie. Son salaire de la journée. Durement gagné à mendier devant le parvis de la capitale.

Ce que les bourgeois et les nobliaux sont cons... Il suffit de tendre la main à la sortie de la messe pour gagner plus d'argent quand prenant un honnête salaire.
Ils m'épateront toujours... Faire la charité pour être dans les bons papiers d'Aristote...


Une vingtaine d'écus facilement gagnés. Et par la même des renseignements utiles. Personne ne pensait que le pauvre à qui on vient de faire l'aumône pouvait vous espionner.

Se débarrassant hâtivement de ses frusques miteuses, il se retrouva nu.

Bon elle vient cette bière ?

Accoudé au comptoir, il souriait. Ne manquait plus que des informations sur la blonde croisée la veille en taverne et la journée serait parfaite.
_________________
Alixane
[Y'a un moment où faut qu'ça sorte!]


Que faire lorsqu'on n'a plus de chez soi, donc plus de vaisselle à casser ou de meuble à malmener lorsqu'on a une grosse colère à passer?

Au moins deux choix s'imposent, si on excepte celui de se calmer qui n'est pas en option :

Soit on prend le risque de passer son coup de gueule là où on se trouve, avec ce qu'on a sous la main, que ce soit vivant ou statique ; dans ce cas, on peut s'attendre à s'attirer les foudres d'une foule en délire -voire d'un seul clampin, on n'est pas aux pièces après tout- ce qui en territoire inconnu n'est pas des plus judicieux quand on débarque tout juste...

Soit on cherche un coin sombre dans une ruelle perdue pour hurler son dépit en faisant le pari que la probabilité d'y croiser chastes oreilles ou que telle manifestation paraisse trop incongrue tende vers le zéro.

Alix avait choisi cette dernière solution.
Elle s'était retenue deux jours durant, à savoir ceux qu'ils avaient mis depuis Albi pour arriver jusque là, afin d'épargner désagrément à ses compagnons de route.
Elle les menait déjà à train d'enfer, au moins pouvait-elle leur épargner de subir sa mauvaise humeur.

Comme elle le pressentait, son départ n'avait pas fait de remous ; l'avoir deviné n'empêchait aucunement le coup de massue qu'elle avait pris sur la caboche.
(N.D.A : Psychologique le coup de massue, hein!)
Y'a un truc qui cloche chez elle ; y'a forcément un truc qui cloche pour cumuler autant d'échecs et de mauvais choix.
C'est pas possible autrement.
Voilà ce qu'elle ressassait alors que, l'aube à peine levée, elle avait laissé les hommes se débrouiller avec les formalités aux portes de la ville pour se libérer de cette urgence qu'elle contenait tant bien que mal depuis trop longtemps.

Un renfoncement dans l'enfilade de façades qui constituaient cette rue conforme à sa recherche, et Alix s'y engouffra, après un regard alentour.
Elle n'avait pas pris le temps de s'assurer qu'elle était bien dans un lieu où elle ne risquait pas d'éveiller quelque honnête habitant : si elle était passée devant des enseignes, elle ne les avaient pas vues, trop occupée à contenir ce cri contenant l'entièreté de la rage, frustration et déception qu'elle pouvait ressentir à ce moment précis.
Elle ne l'aurait avoué pour rien au monde, mais lorsque son hurlement s'éleva, il était également alimenté d'une sacrée dose de chagrin.

Poings serrés, deux perles scintillantes menaçant d'échapper à la frange de cils figés autour d'une paire d'yeux perdus dans le vide, elle expulsa donc son trop-plein sans que bien-être se fasse réellement sentir.
Alix grommela un juron de son cru tout en rabattant nerveusement une mèche venue lui chatouiller inconsidérément le nez qu'elle plissa de contrariété.

Si même gueuler un bon coup ne soulageait plus, elle était mal barrée, la blune...

_________________
--Alissandre


[Écurie à l'arrière d'une vieille auberge : si on peut même pas s'planquer peinard !]

S'il y avait une chose dont la Rousse était rigoureusement dépourvue, c'était bien l'instinct maternel. Le regard des enfants n'avait pas sur elle cet effet étrange qui rend les femmes un peu gâteuses et les hommes tantôt imbéciles tantôt exécrables.
Non, elle au contraire s'en méfiait. Oh, pas qu'elle ne craigne une méchanceté quelconque de leur part : eussent-ils voulu lui nuire qu'elle se sentait tout à fait capable de s'en défendre. Mais ces choses là étaient foncièrement imprévisibles. Plus imprévisibles qu'elle-même. C'était parfaitement déroutant pour elle.

C'est donc avec une curiosité mêlée de méfiance qu'elle observa le gamin silencieux, qui la regarda un instant avant de lui tendre une écuelle d'eau. Elle hésita brièvement avant que sa gorge, asséchée par la course qu'elle avait déjà oubliée et par le sommeil qui s'en était suivi, n'exige d'elle qu'elle l'accepte. Elle tendit la main avec un sourire rassurant - inutile de l'effrayer, il serait encore plus bizarre, non ? - lorsque l'estomac de l'enfant émit un chant sonore reconnaissable entre mille.

Elle se mit à glousser : un gamin affamé ! Ça, au moins, c'était prévisible.
Elle glissa une main dans sa chemise et en ressortit une grosse bourse au cordon fermement serré. Elle l'ouvrit et en sortit un petit quignon de pain, relief de son dernier repas et vestige de sa fuite.


"T'as faim, p'tit ?"


Prudemment, comme s'il s'était agit d'un chien risquant de la mordre, elle tendit la main et attendit qu'il s'en approche de lui-même, non sans rester sur ses gardes... On ne savait jamais.

Concentrée sur le gamin et leur tractation alimentaire, la Rousse fut totalement prise par surprise lorsqu'un hurlement soudain brisa le silence. Se levant d'un bond, une main tâtant ses flancs à la recherche de sa dague, elle tourna la tête de tous côtés pour trouver d'où venait ce boucan. Agacée, elle rejoignit le gamin en deux grandes enjambées et lui fourra le quignon sec d'autorité entre les mimines, avant de se diriger vers la porte de l'écurie tout en remballant sa précieuse bourse.

Prudemment, elle passa la tête par la porte et tomba presque nez à nez avec une jeune femme qui, les larmes aux yeux et le nez froncé, achevait de se vider les poumons. Furieuse et inquiète, la Flamboyante agit sans réfléchir, agrippant la jeune femme par le bras pour la tirer dans l'obscurité rassurante de l'écurie, le regard luisant de contrariété.

Elle glissa un dernier coup d’œil par la porte de l'écurie et la referma, dardant sur la nouvelle invitée deux yeux fort peu amènes, les mains sur les hanches, postée entre la porte et les autres présents.


"V'faites quoi, là ? V'voulez ma peau, c'est ça ? Macarèl !" pesta-t-elle à mi-voix.
Alixane
[Mais qu'est-c'que c'est qu'ce binnntz?]


A peine le temps de s’appesantir sur le triste sort d'une libération vocale ne libérant rien du tout, qu'Alix se sentait tirée sans ménagement par une rousse à l'air furibard.

Libérée de son étreinte, elle se frotta l'avant bras tandis que les mirettes tentaient de sonder celles qui lui faisaient face dans la noirceur du lieu.

A l'exclamation contenue de la femme, elle répliqua au quart de tour.



M'enfin, vous êtes cinglée? D'où c'que vous t'nez que j'veux vot' peau, carabistouille?
J'vous connais même pas et j'essayais juste d'me calmer, là. C'est un crime?



Elle n'avait rien demandé à personne, bon sang d'bonsoir, et voilà que les yeux petit à petit se faisant à l'obscurité, elle devinait avoir atterri dans ce qui semblait être une écurie où elles n'étaient visiblement pas seules.


Ce s'rait trop vous d'mander d'm'expliquer pourquoi diable vous m'avez tirée jusqu'ici, mhm?
J'ai pas franch'ment prévu d'louer un deuxième cheval, et vous semblez fort contrariée d'ma présence. Autant en tous cas que moi de la votre...



A l'instar de la rousse énervée, elle adopta l'attitude de la pouliche prête à regimber à la moindre alerte en attendant une explication digne de ce nom, après un rapide coup d’œil au marmot qui semblait hypnotisé par son quignon de pain.
Ha il commençait bien, le séjour languedocien! Enfermée avec une espèce de furie et un môme... Tout ce dont elle raffole, en somme.
Un reniflement de dépit vint ponctuer la cadence imprimée au bout d'une botte qui maintenant martelait le sol en signe d'impatience.

_________________
--Alissandre


[Écurie à l'arrière d'une vieille auberge]

Une idiote. Une fichue idiote ! Voilà ce que c'était.

La Rousse inspira longuement, tentant autant que faire se peut de calmer sa colère, pas tant pour épargner l'agaçante et imprudente inconnue que pour garder assez de sang froid pour voir venir le danger... mieux valait qu'elle garde les oreilles à l'affut.


"Chut! C'toi la cinglée !"

Le tutoiement lui était revenu spontanément, maintenant que la tension redescendait. Elle tendit l'oreille quelques secondes, rassurée de n'entendre aucun bruit de pas, puis elle se concentra à nouveau sur la brune, les yeux plissés de mépris. Lorsqu'elle reprit la parole, c'était d'une voix toujours étouffée et tranchante.

"Sois t'es complètement folle, soit t'es étrangère. Dans les deux cas, j'viens d'sauver tes miches.
Non mais ça va pas bien d'hurler comme ça dans c'coin à c't'heure ?! T'veux quoi ? Qu'ils rappliquent tous pour te r'brousser les jupons et t'troncher comme une truie ? Ou p'tèt que t'y tiens pas, à ta vie ?
Moi oui, alors s'tu pouvais aller crever ailleurs, l'p'tiot et moi, on t'remerciera."


Elle la toisa de haut en bas, d'un air franchement blasé, avant de grimacer : ses blessures venaient de se réveiller. Il fallait fuir... Si par malheur cette gueuleuse avait attiré l'attention, si par malchance son hurlement avait été pris pour une agression, elle était fichue.

"Macarèl...", fit-elle en boitillant vers la porte.

Elle se tourna vers le gamin, en espérant qu'il ne soit pas trop effrayé.


"Va-t-en gamin. Avec les hurlements d'cochon qu'elle a poussé, n'importe qui dans l'coin avec la mauvaise gueule va bientôt passer un sale quart d'heure."

Elle grogna en s'appuyant contre la porte et s'adressa à la brune, avec une élocution soudain rendue moins efficace par son évidente faiblesse.

"Quoiqu'il t'arrive, t'l'auras bien cherché. Mais sauf vot' respect, j'refuse d'en être..."

Sans crier gare, elle s'effondra sans force, encore suffisamment consciente pour égrainer un joyeux chapelet de jurons colorés.
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