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Le retour du fils prodigue ?

Noëllie
Une visite impromptue… Voilà qui repousserait un peu le duel engagé…
Deux voyageurs poussiéreux font leur entrée… Mais personne ne leur prête attention.
Pas encore… Eloras tiens son auditoire en haleine…

À tel point que Noëllie ne sait plus sur quel pied danser… Elle écoute le père d’Arkadien. Ses paroles mordantes, son air dur l’ont réduite à une espèce de chiffe molle sans aucune volonté.
Elle agirait selon son gré, dans le bien de tous…

Mais se soumettre n'était pas dans sa nature.
Bon sang !!! Ils n’étaient plus des enfants ! Ils dormaient dans le même lit depuis de longs mois et si les convenances n’étaient pas respectées et bien baste ! Que ça lui plaise ou non.

Elle se redressa et leva résolument le menton.
Elle foudroya Arkadien du regard pour lui transmettre un peu de sa force.
Après cette diatribe dictatoriale... Noëllie ne s’étonnait plus du caractère soumis de son jeune compagnon et de son manque de confiance en lui.
Comment pouvait-on être sûr de soi après avoir passé sa vie à être rabaissé de la sorte…

Le regard fuyant il osait à peine la regarder. Ses épaules étaient voûtées comme s’il portait à lui seul tout le poids du monde. Mais contre toute attente, Noëllie fut surprise d’entendre sa réponse.


S'il en est ainsi, souffrez que je me retire moi aussi de "votre" maison.

Ouille !!! C'était bien envoyé !

Puis vint le bénédicité et Noëllie salua la justesse de ses paroles…
De sa voix grave et chaude il récita, les yeux baissés sur ses mains croisées :


Ô toi Seigneur ! Dont la nature est essentiellement miséricordieuse et qui es toujours enclin à pardonner,
Reçois nos humbles supplications et quoique nous soyons liés et chargés des chaînes de nos péchés,
veuille cependant, dans tes compassions et ta grande miséricorde, nous en délivrer…

Nous, tes indignes serviteurs, nous te remercions très-humblement et de tout notre cœur, de toutes tes bontés et de toutes tes faveurs à notre égard…

Nous te bénissons pour l'inestimable amour que tu nous as montré...
Pour les moyens de grâce que tu nous as ouverts et pour l'espérance de la gloire.
Donne-nous, nous t'en supplions, de si bien sentir le prix de toutes tes faveurs,
Que nos cœurs en soient sincèrement reconnaissants…

Bénissez, Seigneur, bénissez ce repas, ceux qui l'ont préparé
et procurez du pain à ceux qui n'en ont pas. Ainsi soit-il…


Noëllie était en admiration. Elle l’aimait son Arkadien. Il réussissait toujours à la surprendre. Elle se retint d'applaudir ; cela aurait sûrement été très mal venu !

Du coin de l’œil, elle surveillait la réaction d’Eloras. Raide comme un piquet, celui-ci ne bronchait pas et ne laissait rien paraître de ses émotions mais les crispations des muscles de sa mâchoire démontraient une nervosité certaine.

L’un des visiteurs se présenta et Mariotte servit la soupe…
Mais le discours du jeune homme interpella… De quoi parlait il ?

_________________
Un sourire, un baiser et la vie est tellement plus belle !

--Charles_guydo


Charles ne peut détacher son regard du grand jeune homme. Il a belle et noble prestance, le front haut et le nez droit, le regard clair lorsqu'il lève le nez de son assiette, mais son attitude réservé et agressive en même temps le désoriente. Il ne sait que penser de son caractère.

Il lui a fallu du temps pour comprendre la tension entre Eloras et Arkadien. Un bref coup d'œil à Noëllie et il réalise que cette jeune femme est la source de la brouille entre eux-deux. Elle est plutôt jolie.
Et apparemment Arkadien en est profondément amoureux, cela crève les yeux. Au point de se fâcher contre Eloras.
Intérieurement, Charles sourit.

Comme son père ! Lui aussi a créé le scandale en s'affichant publiquement avec son amante sans être mariée. Lui aussi a défié son père en refusant dans un premier temps d'épouser le parti que son père lui avait choisi.

Mais pour son plus grand malheur, il a du céder aux exigences de la politique.


Un frisson lui parcourt l'échine en pensant à la reine Hélène. Il déteste cette femme. Il la hait profondément, viscéralement.
N'est-elle pas aller jusqu'à faire assassiner sa propre sœur ?!
Elle ne mérite pas de régner. Cette femelle ...

Charles secoue ses pensées et ramène son attention sur la présente conversation. Il ne touche pas à la soupe que lui a versé la servante. C'est le visage d'Eloras qu'il scrute désormais. Les paroles concises d'Akaryne, ont du lui faire comprendre la situation.

En dépit de sa décision de ne pas prendre la parole, il croit bon de préciser, sachant que sa détestation de la reine doit être amplement partagée :


C'est la reine Hélène qui règne désormais à Chypre, au nom de la fille de Jean de Lusignan et avec l'appui des Gênois que Jean a, en vain, tenté de chasser de son royaume.
Mais une telle femme n'a aucune légitimité à occuper ce trône.
L'archevêque Jacques le bâtard a fui de peur de périr assassiné mais il a choisi de s'allier avec le sultan d'Égypte pour la déloger.


Charles marque une pause avant de conclure :

Les chypriotes ont besoin d'un roi qui ne soit ni inféodé aux gênois, ni compromis avec les mamelouks.

Il fixe Eloras droit dans les yeux.
Arkadien
.


Souffrez que je me retire ...
Ce n'est pas qu'une vaine formule de politesse. Arkadien espère bien faire souffrir le vieil obstiné. Cette fois-ci, il ne reculera plus . Alors qu'il n'a pas le courage de se défendre, il sait qu'il est prêt à tout lorsque Noëllie est mise en cause.
Mais le visage ridé du patriarche demeure inaltérable ne révélant rien de ses sentiments.

Arkadien cherche, ce qui pourrait lui causer encore plus de mal.
Comment faire tomber cette statue de son piédestal ?! Y a-t-il quelque chose qui puisse l'atteindre ?

La rage bourdonne a ses oreilles et c'est à peine s'il prête attention aux propos des nouveaux venus. Il ne comprend pas très bien pourquoi il parle de Chypre et d'un sultan au nom exotique avec son père.
Qu'est-ce qu'un riche paysan de Dié peut bien connaitre de Chypre ?
Pourquoi viennent-ils le voir ?


Tout soudain son oreille se fait plus attentive. Ses sourcils se froncent. Son regard interroge Akaryne.
N'a-t-il pas dit, présentement qu'Eloras avait fuit Chypre ? Se pourrait-il qu'il ait connu ma mère ? Ma mère était-elle chypriote ?
Après le repas, si le visiteur le permet, j'essayerai de le questionner sur ces points


Arkadien observe que ces nouvelles de terres lointaines semblent émouvoir son père bien plus que son retour au bercail, ou sa récente rébellion.


Les chypriotes ont besoin d'un roi qui ne soit ni inféodé aux génois, ni compromis avec les mamelouks. La dernière phrase du noble vieillard résonne dans le silence, et le stupéfie.

Cet étranger fixe Eloras du regard, comme en quête de son approbation. Sont-ils venus chercher Eloras pour qu'il occupe le trône de Chypre comme leur discours le laisse à penser ?

Cette pensée le laisse ahuri, à mille lieues de la rage qui lui tournait les sangs quelques secondes auparavant.

_________________
--Eloras
Les mots bourdonnent aprés le bénédicité, dans chaque interval les mouches et les anges s'en donnent à coeur joie.
L'atmosphére de Dié est réputée pour sa rudesse et le laconisme d'habitants contraints d'économiser leurs humeurs.Mais dans la grande salle cela frise l'apothéose dans l'ambiance de plomb.

Amen.
Son assiette est vidée à la même vitesse que chaque soir, ni plus, ni moins.
On ne parle pas quand on mange et on mange tant qu'on le peut.
Les sourcils sont bas, Eloras rumine l'enchaînement de catastrophes qui s'écroule soudain sans crier gare.
Cétait inéluctable. Il le savait mais durant toute ces années il se refusait à y songer. Le temps vient de cesser de lui faire crédit.
Sa langue claque aprés avoir fini son unique verre de ce vin acide des alpes.
Il est inutile de lutter contre ce que l'on ne peut changer.


Charles, Akaryne, Chypre aura toujours des oliviers, assez de sang les ont arrosés. J'ai vu trop de nobles veines s'ouvrir sur ou pour ce trône..Et il n'est pas prêt

Il a prié Aristote de le rendre muet plutôt que d'avoir à dire ce qu'il considére comme l'échec de sa vie.
Mais Aristote est loin d'ici ce soir semble t'il.
Son visage se tourne vers Arkadien. Il se donne le temps d'apaiser sa poitrine avant de lui dire sur un ton de badinage.
Tu portes le harnois. As tu été servir quelque Duc ou Comte? Y as tu gagné renom et titres? As tu servi le bon Levan contre les Bretons? Le Duc de Bourgogne contre ces chiens de Francs Comtois? Le Périgord lors des batailles contre les franches Compagnies?Raconte comment tu as gagné cette épée et cet écu.


Qu'Akarine et Charles entendent Arkadien. Cela vaudra mieux que bien des embarrassantes explications. Ils comprendront, il en est certain.
Comment faire de cet écervelé un Prince?C'est impossible et souvent la nuit il en a gémit de désespoir l'Eloras. Les dons ne sont pas de sang, et son éducation n'y ont rien changé.
Arkadien
Arkadien rougit jusqu'à la racine des cheveux.

Tout à ses invraisemblables spéculations, il n'a pas vu la gifle arriver. Car les questions d'Eloras claquent comme des accusations. Elles lui brulent la peau, comme le fer rougi marque le condamné à l'infamie, le forçant à avouer sa couardise en présence d'inconnus.


Il aimerait pouvoir répondre avec esprit pour éteindre le mépris qui perce dans ces questions là, mais la voix de son père comme à chaque fois le rend impuissant.

C'est la gorge nouée qu'il s'entend répondre :

On peut guérir d'un coup d'épée, mais guère d'un coup de langue.

Ces premiers mots arrachés avec difficulté facilitent le passage aux suivants qui coulent plus naturellement :


Je n'ai effectivement pas eu l'occasion de m'illustrer dans les batailles que vous mentionnez, et n'eut été la nécessité de protéger Noëllie des brigands infestant nos chemins, je n'arborerais certainement aucune arme. Une plume est bien plus puissante qu'une épée, et tellement plus pratique pour écrire.

Arkadien reprend sa respiration, vrille son regard à celui de son père et tente le bras de fer :

J'ai cependant servi sous les ordres de Don Perico, lorsque le Vicomte Strakastre, sur ordre du roi de France a lancé un raid sur la Catalogne. Nous avons pris une ville, Urgell, à la pointe de l'épée.
Mais je n'en tire aucune gloire, et n'en ai ramené aucune richesse.


C'est un sentiment de honte qui envahit Arkadien à ces souvenirs. Leurs adversaires n'étaient que quelques "peones" mal organisés, des milices civiles armées de bric et de broc qui défendaient leur maigre bien. Où était la gloire des chevaliers, la noblesse dans cet acte ? Ce n'était qu'un pillage, rien d'autre !

Notre plus bel exploit a consisté à traverser les montagnes Pyrénéennes alors que l'hiver commençait à s'installer. Et franchir les cols enneigés à cette période n'était pas rien !

Si l'on exclu, l'arrestation mouvementé d'une truie possédée par le démon, ce sont là mes seuls exploits "chevaleresques".

Il détache volontairement chaque syllabe du dernier mot. Avec le plus d'ironie mordante qu'il peut mettre dans son intonation, il tente l'estocade :

J'espère que vous n'en êtes pas trop chagriné !
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--Pierrot


Un vieux paysan de l'exploitation à une lieux de là, se présenta sur le domaine du bon vieux Eloras le grimaçant, le ronchonnant. Il connaissait bien le vieil homme, toujours le regard dure, la pipe au bec. Voilà le seul portrait d'un homme tel Eloras. Il avait oublier un détail, Eloras était un bosseur. Voilà la seul qualité qu'on pouvait lui adresser. Le vieux, qui était en faite Pierrot qui était en quelque sorte l'ami ancestral de Eloras, ayant était appelé à la guerre en même temps que celui ci par le roi de France. C'était une époque bien triste, la guerre, la famine, les privation.... Le ridé de son surnom avait des sueurs dans le dos rien qu'en y repensant. Il arriva depuis son exploitation parcourant toute la roseraie, qui n'était plus qu'un amas de ronces, devant la porte d'Eloras. Il toc tout gêné. Il y avait du monde, bizarre, le vieux avait il changé.

Morte couille!!!!! Pas possible!
Lui!... du monde, la belle calomnie.
Il y a un mirage! Vla le vieux gentil.
Chti crois pas!


Il regarda perdu par la fenêtre. L'homme était seul depuis fort longtemps. Depuis allons dire la mort naturel de sa femme. Ces enfants, des comptables n'avaient de passion pour personne, mise à part pour la belle raison, l'arithmétique.
Noëllie
Noëllie mangeait sa soupe et écoutait attentivement tout se qui se disait autour de la table.

Dans quel pétrin elle s’était encore fourrée ?!

Hormis la joute infernale entre Arkadien et son père, il fut question de choses étranges et complètement incongrues pour la jeune femme.


Le roi Jean de Lusignac est mort… Besoin de l'héritier du trône pour légitimer son action et rétablir l'ordre...

Chypre, l’Egypte… C’était si loin !
Mais qu’est-ce que tout cela avait à voir avec eux… Par quelle coïncidence ces hommes étaient-ils réunis et tout particulièrement ce soir ?


"Les chypriotes ont besoin d'un roi qui ne soit ni inféodé aux génois, ni compromis avec les mamelouks…"

En quoi cela les concernaient ils ?
Noëllie se creusait les méninges. Elle essayait de regrouper les données et en faire une synthèse vraisemblable, mais son cerveau avait beau fonctionner à toute allure, elle ne comprenait rien.

Un coup d’œil à Arkadien et Noëllie eut la confirmation qu’il ne saisissait pas grand-chose lui non plus.

Celui ci tenta de contrer son père une fois encore… Mais elle s’empourpra et cacha son visage brûlant entre ses mains pour dissimuler sa honte face au récit d’Arkadien.
Donpérico ! Quel besoin avait il eu de citer El Campéador !!!
Noëllie craignait que l’évocation de ce nom ne le desservît davantage… Les compagnons au fondement luminescent n’avaient pas vraiment bonne réputation…
Quant à ce nourrisson dévoré par une truie ! Si cette horrible histoire n’avait pas été aussi dramatique on aurait pu rire de son dénouement en voyant un animal de basse cour comparaître devant un tribunal… et se moquer de leur participation !
N’aurait-il pas pu se taire pour une fois ???

Noëllie s’éclaircit la gorge et tenta une diversion.
Elle sourit à Akaryne et sans façon, elle lui tendit la main par-dessus les assiettes.


Excusez-moi… Mais nous n’avons pas été présentés… Je suis Noëllie de Valence, fille de Marino de Miaou… Je suis la fiancée d’Arkadien, si je puis dire…

Elle toussa et se tourna vers Eloras visiblement mécontent de son intervention.
Contrairement à elle, il était issu d’une noble famille, mais rien n’empêchait la politesse…

Son regard méprisant la glaça et elle ne put s’empêcher de lâcher ce qui la turlupinait depuis un bon moment.

Messire Eloras,

Je vous remercie de votre hospitalité mais rassurez vous, je ne vous dérangerai pas bien longtemps…
Je vous prie également d’excuser ma conduite de cette après midi, elle était inqualifiable et cela ne se reproduira pas.

Vous vouliez connaître les actes d’Arkadien ces derniers mois…
Il n’y a sans doute rien de glorieux dans ces récits d’aventure, mais doit-on uniquement juger un homme sur ces seuls exploits de guerre ?

Est-ce que défier un homme tel que vous n’est pas une preuve de courage ?
Est-ce que vouloir connaître la vérité sur ses origines est un pécher ?
Pensez vous que poser des questions sur sa mère disparue soit illégitime ?

Ne trouvez-vous pas normal qu’un jeune garçon qui n’a jamais reçu de marque d’affection paternelle manque de confiance en lui ?


Elle s'était levée.

Pourrez-vous un jour cesser de le juger et tenter de le comprendre ?

Sa colère avait grandi au fur et à mesure que les mots sortaient de sa bouche ; tels les eaux d’un torrent impétueux, ils dévastaient tout sur leur passage, inexorables, irrémédiables...
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Un sourire, un baiser et la vie est tellement plus belle !

--Charles_guydo


Charles à l'impression de se retrouver à la cour de Chypre. Escarmouches verbales, défis et duels, un tortueux combat est engagé entre Eloras et Arkadien.

Il a remarqué que Noëllie n'a salué qu'Akaryne et l'a superbement ignoré. Baste, il est légitime qu'elle préfère les coquelets et ignore les vieux barbons. Et puis cela lui évite de se présenter à son tour.

A la rafale de questions du laconique Eloras, il a compris le message que veut lui faire parvenir le vieux guerrier avant même qu'Arkadien ne présente sa défense.
Ce n'est pas un guerrier !


Une plume est bien plus puissante qu'une épée, et tellement plus pratique pour écrire.


Les yeux de Charles pétillent. Le jeune homme semble avoir l'esprit vif, cependant.
Il replonge dans ses pensées. Aucun des empereurs de Byzance depuis le grand Constatin, n'a pris part en personne au moindre combat. Ils se sont tous appuyés sur leurs grands généraux, le stratège Nicéphore Phocas, le victorieux Jean Dzimikès, les Argyres ou les Skléros.
Avaient-ils tort ?
Le grand empire n'est plus, désormais, qu'une province ottomane depuis trois ans que l'antique Constantinople, la splendide Byzance est tombée aux mains des turcs.
Les royaumes chrétiens d'Orient ont été balayés par les infidèles depuis plus de deux siècles. Les Lusignan ont perdu Jérusalem et se sont repliés sur Chypre.
Et leur présence là-bas est constamment menacée.

Une plume est bien plus puissante qu'une épée, et tellement plus pratique pour écrire.
Certes ! Mais une plume est bien inutile, pour reconquérir un royaume déchiré.


Il a compris le message subtil d'Eloras, inutile d'aller plus loin, même s'il le déplore. Il va pour prendre le bras d'Akaryne et l'interrompre, lorsque la jeune femme qui lui fait face intervient dans la discussion, provoquant en lui une profonde irritation.

Mais de quoi se mêle-t-elle. Ne peut-elle donc pas rester à la place que le créateur a dévolu aux membres de son espèce ?


Il lui lance un regard noir, mais elle a introduit en lui un soupçon : Se pourrait-il que ce garçon ignore tout de sa prestigieuse ascendance ?
--Mariotte



-Tu serviras Dame Noellie comme tu me sers. A commencer par la couture et payer en la sainte Hostellerie des Soeurs, un cierge pour tes pêchés. Sur tes gages.

Que faire d'autre sinon faire profil bas devant l'ire du Maitre... Ceci n'est pourtant que pure écran, en dedans la Mariotte fulmine.

*Par Aristote et qu'il me soit témoin ! On donne raison à une dépravée qui vient ici et se comporte comme la dernière des filles de joie et c'est moi qui doit offrir un cierge et sur mes gages en plus !!! Mais quoi ?! Il lui est arrivé quoi à not' Maitre ?!! C'est les deux faquins empoussiérés qui le rendent si injuste envers moi ? Et ben tant mieux ! J'irais servir la donzelle au cloitre et tant pis ! Je m'ouvrirai à la bonne mère de ce qu'on me fait subir à moi ! Moi ! Qui fait de mon mieux pour choyer tout l'monde ! Pour sûr qu'elle me donnera raison ! Et puis lui là....*

Mariotte a du mal à détacher son regard d'Arkadien, elle a souvent rêvé qu'il prenne garde à elle par le passé... Avant qu'il ne parte... ou fuit ? Elle n'en sait rien la Mariotte. Tout ce qu'elle sait, c'est que cette journée se terminera mal. D'ailleurs, elle a bien manqué lâcher sa louche pleine de soupe à plusieurs reprises, la servante zélée...

Elle boit les paroles des uns et des autres, frémit à l'idée que son semi-dieu enfin de retour puisse envisager de repartir aussitôt à cause de l'engeance de sorcière qu'il a amené, puis les deux drôles qui énoncent des paroles incompréhensibles pour l'entendement de la pauvre fille : ça parle de rois, de chevaliers et de batailles... Elle n'en a cure la Mariotte ! Tout ce que ses yeux voient, c'est que le fils du Maitre est revenu et qu'il tient tête à son père... D'ailleurs, elle est retournée à son âtre, la tête dans les épaules attendant le coup de tonnerre qui ne devrait pas manquer d'arriver. En attendant, elle rumine une vengeance à l'égard de la mijaurée qui fait des mines... Non mais ! Si elle avait su, le jupon ne serait plus que charpie au lieu d'être un chiffon bon pour le ravaudage dont elle a été, à son grand dam chargée ! Ca ne passera pas... Mariotte mijote, Mariotte bout ! Tentant de garder contenance, tout en suivant le déroulement du repas, la jeune fille signale sa présence par moult bruits d'étain et cuivres entrechoqués...
Oui, Mariotte mijote et tremble sans dire mot. Mais si c'est son lot, elle n'a pas dit son dernier mot ! Pour sûr !
--Eloras
L'été dernier il était descendu à Lyon à l'occasion d'une Foire Ducale.
Des troupes jouaient des farces et des satyres. Jamais il n'aurait cru que pareille caricature investisse ce lieu.
Arkadien a tout de même suivi la voie de ses ancêtres, une chevauchée guerriére..Le reste de son récit est quelconque.
Mais que prend-il à sa compagne d'ainsi s'agiter et darder langue et tétons par dessus la table?
Et cette Mariote qui fait boucan de vaisselle?
C'en est trop.
Son poing s'abat sur l'épais chêne de la table, faisant vibrer les tréteaux, sauter les gobelets. Sa paume a effleuré son assiette qui tournoie et se brise au sol.


L'Âme de tes parents m'en soit témoin ! Ta vindicte est bien mauvaise récompense pour ce que j'ai enduré tant d'années si loin de Chypre!
Je sais que nul besoin d'être doué pour avoir champs de blé corrects. Je sais qu'il faut mille soldats quelconques pour un seul général brillant..Mais tu t'es avéré ni brillant, ni quelconque! Tu n'es rien Arkadien de Lusignan sinon un godelureau insouciant !
Que je sois maudit, mais je renonce!
Aprés tout qui reste t-il de vivant du temps de mes serments?

Il transperce de son regard soudain trés voilé Akaryne et Charles. Il ouvre ses grandes mains ridées, perdant d'un souffle une demi tête de taille.
Que reste t-il de Lusignan qui vaille la peine de se battre?

Que la jeune beauté l'invective, qu'Arkadien se débatte dans ses propres faiblesses lui importe peu à cet instant.
Quand le jeune homme avait disparu il s'était accroché à l'espoir fou qu'il revienne transformé.
Il est revenu mais il est toujours aussi veule. Qui prêterait allégeance à cet enfant?
Une vie de regrets défile.
Il aurait été plus utile à défendre chypre, à mourir en bataille plutôt que d'être reclus ici en terre française.
Le voila vieux, perclus.
S'aidant d'une main sur les reins il ramasse un tesson de l'assiette.


Je crois que...Je crois que le Dîner est froid, Mariotte..
Arkadien
Arkadien rougit aux propos de Noëllie, gêné par ses propos aussi directs. Mais sous la table sa main cherche la sienne, la prend et la serre en signe de remerciement pour son soutien.

Jamais il n'aurait osé attaquer son père de front tout seul. Et le résultat le stupéfie : La voici la colère qu'il redoutait tant !
Mais elle est si brève et suivie par tel abattement que sa compassion prend le pas sur sa propre colère.

Et puis son étonnement grandit :
Tu n'es rien Arkadien de Lusignan sinon un godelureau insouciant !

Arkadien de Lusignan !
Le jeune homme ne prête même pas attention à l'insulte, tellement il est stupéfait de cette révélation.
Ainsi qu'il le pressentait Eloras est bien un parent du roi Jean, mort à Chypre. Son frère sans aucun doute ...

Arkadien de Lusignan ! Que ce nom lui parait étrange ! Les syllabes roulent sous sa langue muette. Arkadien de Lusignan, fils d'Eloras de Lusignan, héritier du roi de Chypre !

Mais pourquoi est-il devenu un simple paysan en pays Diois ? Pourquoi cette déchéance ? A quoi rime tous ces mystères ?


La douleur et la lassitude qu'il voit dans l'attitude voutée de son vieux père lui sont pénibles. Alors qu'un instant auparavant il ne pensait qu'à lui faire le plus de mal possible, il se retrouve maintenant à le plaindre.

Désarmé, il se sent pitoyable, se racle la gorge pour retrouver une contenance. Il voudrait le réconforter, mais sent combien cela serait malséant et lui causerait encore plus de tourments que sa révolte.


Que reste t-il de Lusignan qui vaille la peine de se battre?

Cette interrogation en forme d'accusation, lui vrille l'estomac, alors pour cacher son embarras, il se tourne vers Akaryne et l'interroge :


Pensez-vous ...
Pensez-vous que mon père puisse reconquérir le trône de son frère ?

_________________
Akaryne
La dame qui accompagné Arkadien se présenta à Akaryne.
"Excusez-moi… Mais nous n’avons pas été présentés… Je suis Noëllie de Valence, fille de Marino de Miaou… Je suis la fiancée d’Arkadien, si je puis dire…"


Enchanté de faire votre connaissance, dame Noëllie. Et veuillez accepter mes excuses pour avoir fait interruption dans ce dinner. Vous semblez un peu perdu suite à mes propos. Mais restez assis et je vous promet que vous connaitrait le fin mot de l'histoire.

Puis il écouta les propos d'Eloras et Arkadien.
Eloras semblait désabusé, avait il perdu tout espoir?. Il est vrai qu'il a vécu très longtemps loin de notre cher Chypre, et il avait éduqué un homme qui était devenu tout le contraire de ses attentes.
Pensait il avoir échoué dans sa mission?


"Que reste t-il de Lusignan qui vaille la peine de se battre? "

Il ne reste rien de Lusignan, assassiné par des traitres, aujourd'hui il git dans son mausolée. Mais il a laissé quelque chose derrière lui.

Une terre, celle de Chypre, notre terre. En temps que chypriote, il est de notre devoir de la protéger et de lui rendre ces titres de noblesse.

Et pour cela, on n'a besoin d'Arkadien, l'héritier du trône.
N'est-il pas prêt? Comme vous le dite si bien, il sera incapable de diriger 1000 hommes sur un champs de bataille. Il n'est pas un guerrier.

C'est un poète, qui aime laisser divaguer son esprit au milieu des jardins de la connaissance.
C'est un penseur, qui croit au pouvoir des mots.
Il manie mieux la plume que l'épée.

Jean de Lusignan, a gouverné par l'épée et par le code de chevalerie tout comme ces ancêtres. Par ces faits notre sang nourrie les oliviers de notre cher île.

Je ne suis pas venu quérir un guerrier, ni même un maitre d'arme. Je suis venu quérir un homme qui deviendra un roi.

Vous l'avait éduqué, à l'art de la guerre, au maniement des armes, vous lui avait inculqué le code des chevaliers comme la fait mon père.
Mais il a choisi une autre voix tout aussi noble.

Et peut être, est ce cela que Chypre a besoin.


Puis il se tourna vers le jeune Arkadien

Votre père Arkadien??!!!....
Mais, il est mort. Vous êtes Arkadien de Lusignan, fils de Jean de Lusignan.

Et je suis venu vous chercher, pour que vous puissiez aider votre frère à récupérer votre trône.


Il regarda Eloras avec un air interrogateur. Akardien ne connait donc pas son histoire.
Arkadien
La foudre n'aurait pas provoqué plus de dégâts que ces dernières paroles.

Arkadien, reste abasourdi, les oreilles bourdonnantes, n'entendant que le seul son répercuté à l'infini de cette assourdissante révélation.

... Votre père ? ... Mais, il est mort ...
... Arkadien de Lusignan ...
... fils de Jean ...
... fils de Jean ... fils de ... fils de ...
... Jean de Lusignan ... Jean ...
... Père ... mort ...


Les yeux grands ouverts sous l'effet de la surprise, Arkadien demeure pétrifié.
Les secondes s'étirent à l'infini. Son cerveau endolori fonctionne au ralenti. Il essaye de trouver dans ses souvenirs, une preuve, un début de piste qui puisse lui confirmer ce qu'il a ouï.

Il ne veut pas le croire ! Il ne peut !

Sortant de sa torpeur, retrouvant l'usage de ses autres sens, il ose un murmure à peine audible :


Mais non ! Eloras est mon père ! en jetant un regard suppliant au vieux patriarche
_________________
Noëllie
Elle était encore rouge jusqu’à la moelle de son coup d’éclat. Les tergiversations ça l’agaçait et souvent elle provoquait pour entrer dans le vif du sujet.
A quoi bon tourner autour du pot ?

Arkadien la rassura d’une pression sur sa main. Elle s’y cramponna…
Peu importait ce que ces hommes pouvaient bien penser d’elle ou de lui. Ils étaient là l’un pour l’autre depuis près d’un an, ça n’allait pas changer.

Et puis tout à coup on se serait cru à un conseil de famille ! Si tel était le cas qu’il l’en écarte franchement ! Elle irait faire la vaisselle avec son futur chaperon qui faisait un boucan du diable avec ses casseroles ;

Les yeux de Charles de Guydo lançaient des flammes. Il la toisait férocement en fronçant ses gros sourcils broussailleux et la jeune femme retint in extrémis une grimace qui lui brulait le bout de la langue qu’elle avait parfois fourchue.

Quand le poing d’Eloras s'écrasa sur la table, tout le monde sursauta. Mais l’abattement fit étonnamment place à la colère et le désarroi du vieil homme toucha Noëllie…

Puis tout s’enchaîna très vite. Akaryne lui rendit la politesse et s’élança dans un récit qui les garda en haleine jusqu’au bout et tout s’éclaira enfin.

Arkadien roi de Chypre…

Noëllie se tourna vers le jeune homme. Il était livide et son front s’emperlait de sueur. Sa bouche s’ouvrait et se fermait sans qu’aucun son n’en sorte… Il avait gardé sa main dans la sienne et lui broyait les os…

Il lui fallut quelques minutes pour digérer l’information mais les engrenages complexes de cette affaire s’emboitaient à présent avec une facilité déconcertante.

Il venait de comprendre
.
_________________
Un sourire, un baiser et la vie est tellement plus belle !

--Eloras


Pauvre grande tige poussée trop vite que ce jeune homme. Il ne sait quoi dire à Arkadien, tenant sans y penser les tessons de vaisselle.

T'élever comme un fils , faire de toi un homme loin des meurtres et des complots. J'ai été comme ton pére sur ordre du Roi de Chypre.
Un royaume t'attend et mon oeuvre est bien tristement terminée.


Il pourrait encore rugir, pester sur la lenteur d'esprit de cette cervelle pourtant éduquée. Mais il sent la vanité de tout éclat maintenant que les voiles tombent.
Les morceaux d'assiette tintent contre un verre, il se tourne vers Akaryne.


Il est à toi. Il est à Chypre, et quoique j'en pense, quoiqu'il advienne je ne peux barrer la volonté de Lusignan.

Un grand verre de vin épais serait le bienvenu. La tempête s'achéve pour céder la place à la désolation.
Un vaste vide aussi, car sa vie ne fut consacrée qu'à voir grandir Arkadien. Cherchant à lui donner l'âme d'un général malgrés la vie rurale.
Les souvenirs de méditerranée remontent. Le départ en exil, le premier hiver si rude ici. Puis la succession de saisons et trop vite l'évidence qu'élever un roi dans le crottin n'est pas aisé.
Surtout en taisant ses origines et se faire à l'idée d'être appelé "pére".

Dînons.
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