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[RP] Beaumont - Renart mais pas goupil !

--Jullius


Sur le pas de la porte, un autre enfant était resté, à observer la scène.

Jullius avait déjà rencontré le frère de Della, lors d'un voyage, à Lyon. L'homme l'avait impressionné par sa stature, par son regard aussi. Pourtant, Della semblait tellement aimer son frère que Jullius en avait déduit que cet homme pouvait être bon. Il en avait d'ailleurs eu la preuve lorsque celui-ci avait avait permis à Della de le garder à ses côtés, même s'il avait bien souligné que Jullius n'était pas de la famille mais de la mesnie.
Jullius s'en fichait, lui, de ça ! Ce qui était important, pour lui, c'était de pouvoir rester avec Della, sa maman-grande soeur comme il l'appelait, en secret.

Mais aujourd'hui, Eldwin revenait à Beaumont et qui plus est, forcément, avec ses deux enfants.
Et Jullius avait senti comme un drôle de pincement dans la poitrine quand il avait vu Della tellement attirée par ces enfants. S'il avait été plus grand, Jullius aurait certainement mis le mot jalousie sur cette petite douleur. Mais Jullius, jusque là, n'avait jamais vraiment eu de raison d'être jaloux et donc, ce sentiment était nouveau, pour lui.
Là, sur le pas de la porte, il regardait...sans bouger, comme figé, hypnotisé par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Même les gens de Beaumont étaient tout dévoués aux visiteurs.

Il aperçut Cynil jouant avec un petit carrosse, eut envie de le rejoindre, de jouer avec lui mais il resta là.

Maria, la nourrice, passa devant lui, portant la petite fille dans ses bras.
Jullius les regarda s'éloigner dans le corridor, pensant soudain à une autre petite fille, son amie aux cailloux, Alycianne. Il retrouva le sourire, un instant.

Puis, Della arriva, tenant Cynil par la main.
Et là, il n'en pu plus !
Il se mit délibérément sur leur chemin, se forçant à sourire.


Bonjour Cynil. Tu te rappelles de moi ? Je suis Jullius.
Chacun sait que les enfants peuvent être les pires ennemis et les meilleurs amis, être gentils et méchants à la fois, se bagarrant puis étant les comme deux doigts de la main, l'instant d'après.
Jullius venait de choisir l'amitié, enterrant momentanément ce drôle de sentiment de jalousie.

Tu as une bien jolie carriole.
Le regard de Jullius était franc et enjôleur, comme les enfants savent faire...
Cynil
La chaude main de Della entourais celle de Cynil sans qu'il ne puisse rien y redire. Elle avais fait ça le plus naturellement du monde, et cela n'avais entrainé aucune réaction de l'entourage, pas même de son père, qui suivait sa sœur jusqu'au salon ou le déjeuner devais être servis.

Le renardeau trottinais donc au côté de sa tante, dict la renarde noir (quel surnom étrange!), se faisant à l'idée qu'il devais la considérer comme quelqu'un de proche, et non comme une étrangère.

Bien que fort de cette résolution, il tournais régulièrement la tête vers son père qui suivait comme il convenait la maîtresse des lieux. C'était discret, bien sûr, c'est le genre de manège qu'Eldwin n'appréciait pas, mais Cynil ne pouvait s'empêcher de s'assurer de la présence rassurante de son père dans son dos...

Tout entier à ce qui se passait derrière lui, il fût d'autant plus surpris quant un individu, à peine plus grand que lui, barra la route de sa tante.


Jullius a écrit:
Bonjour Cynil. Tu te rappelles de moi ? Je suis Jullius.


Le renardeau se tourna vers l'avant emplit d'une petite frayeur. Son univers enfantin se résumais à Elinor et à Maria. Il n'était néanmoins pas idiot, et savait ce qu'était un autre enfant, mais il était loin d'être coutumier de la spontanéité du petit orphelin. Son premier reflex fût donc de serrer les jambes de Della, qui acquis par la même le statu définitif de membre de la famille.

Jullius a écrit:
Tu as une bien jolie carriole.
--Jullius


Le nouvel arrivant ne semblait pas trop impressionné par Jullius. Peut-être se souvenait-il de lui ? C'est ce que Jullius pensa et cela lui fit plaisir, à tort ou à raison, on ne le saura pas.

Le gamin observa encore un peu le jouet, le trouvant réellement beau et éprouvant soudain l'envie d'en avoir un pareil.
Du plus loin qu'il se rappelait, il n'avait jamais jouer qu'avec des bouts de bois, des pierres, quelques éclats de métal chipés chez le forgeron ou quelques loques données par un tisserand. Ces petites pièces, assemblées ou non, devenaient tour à tour chevalier, épée, cape et même dragon ! Mais un beau jouet comme celui-là...jamais il n'en avait eu.
Dans sa tête d'enfant, l'idée de pouvoir jouer avec Cynil et surtout la belle carriole, fit son chemin...

Tu vas manger avec nous?
Il en posait de drôles de questions, lui ! Bien sûr qu'il allait manger, il mangeait tous les jours avec Della et les autres, à la cuisine.
Il leva les épaules en même temps qu'il cherchait le regard de sa maman-grande soeur, pour le rassurer et appuyer ses paroles.

Oui, je vais manger aussi...avec vous.
Eldwin


Il hocha la tête tout d'abord au propos de Della, s'apprêtant à la suivre vers le château. Puis il la secoua légèrement de gauche à droite avant de l'informer de certaines choses.

Cynil et Elinor sont trop grands à présent pour dormir dans la même chambre. Mais ne te soucis de rien. Cynil prendra mon ancienne chambre et une autre sera donné à Elinor. Mariai va s'en occuper. Après tout elle connaît aussi bien Beaumont que nous.

Puis Della prit la main de Cynil, faisant hausser au ciel les yeux de son frère une nouvelle fois, et partit en direction du château. Eldwin sur les talons. Il fut étonné, et mi-amusé, mi-agacé par l'attitude de Cynil qui se retournait discrètement à plusieurs reprises pour voir si son père le suivait bien. Il était vrai qu'ils n'avaient jamais été vraiment séparés, Eldwin emmenant même les enfants avec lui lorsqu'il allait à Rome et y résidait un certain temps. Tout à coup Della et Cynil s'arrêtèrent, et Eldwin fit de même. Un peu en retrait il observa et écouta l'échange entre son fils et Jullius. Il laissa les deux enfants échanger mais aux derniers mots de l'orphelin il s'avança, passa devant sa soeur et Cynil et se planta, de toute sa hauteur, et avec son visage froid habituel, devant le jeune enfant.

Ca, mon garçon, il en est hors de question.

Et sur ces simples mots il se retourna vers Della, le visage toujours aussi peu amène.

Je te laisse le soin de lui en expliquer la raison.

Le ton était désapprobateur. Il avait laissé à sa soeur le droit de garder l'enfant auprès d'elle mais visiblement elle n'avait pas imposé de barrières entre eux, au contraire, elle l'avait laissé trop libre et insouciant. A présent qu'Eldwin était là, il lui faudrait rester à la place qui était la sienne, même si cela serait difficile pour lui, comme pour Della.

Cynil, suis-moi, ta tante nous rejoindra.

Il tourna ensuite les talons, sans un regard pour Jullius, et partit en direction de la salle à manger, son fils trottinant derrière lui. Il savait pertinemment qu'il pouvait passer pour un monstre parfois, mais il était essentiel pour lui de faire respecter les règles et les us et coutumes. Ce qu'il avait toujours détesté chez son père, il le reproduisait de la même façon. Et à présent il comprenait que ce devoir, ingrat, était un mal nécessaire pour préserver leur famille. Même s'il souffrait parfois de tenir pareil rôle et de l'imposer à ses proches.

Lorsqu'ils furent dans la salle à manger il fut assailli par des tas de souvenirs. De grandes tablées réunissant toute la Maison de Volvent et ses multiples branches. Des frères, des soeurs, des cousins et cousines, des oncles, des tantes. Tant de visages plus ou moins connus qu'il avait croisé en ces lieux. Cela lui manquait. Eldwin se fit alors une promesse. Bientôt il tenterait de réunir tous les membres de sa famille, des plus proches aux plus éloignés. Ainsi ils retrouveraient quelque peu la gloire d'antan que connurent leurs parents.

Cet instant d'émotions passé il alla s'asseoir à la place qu'occupait son père, du temps où il était encore là. Il éprouvait une étrange sensation à occuper cette place pour la première fois depuis qu'il avait quitté Beaumont bien des années plus tôt. Il fit signe à Cynil de venir s'asseoir à sa droite et tenta alors de lui expliquer pourquoi il avait réagit ainsi envers Jullius en attendant Della.


Comprends bien, mon fils, que tu ne peux recevoir à ta table que des personnes étant égales ou supérieurs en rang ou en noblesse à toi. Seuls les prêtres roturiers peuvent être tolérés, et encore, cela dépend du prêtre. L'on invite à sa table ses amis, et comme le démontra si bien en son temps le Grand Prophète Aristote, nul roi ne peut avoir comme ami un mendiant. Il en est de même pour nous. Néanmoins je t'autorise à t'amuser avec cet enfant si l'envie t'en prends, cela n'est pas proscris.

Eldwin se doutait bien que Cynil n'appréhenderait pas toutes les subtilités de son conseil. Mais malgré son jeune âge il tentait de lui inculquer certaines valeurs chers à son coeur. Comme le respect de la noblesse et du rang.
Cynil
Alors que Cynil allait demander la permission de s'assoir à côté du dénommé Jullius, voila que son père le dépasse, se plante devant l'orphelin et dément son affirmation.

eldwin a écrit:

Cynil, suis-moi, ta tante nous rejoindra.


Sûr, et à raison, d'être obéit, le patriarche reprends un chemin qu'il semble très bien connaître. Un regard désolé en arrière, et Cynil accélère le pas afin de ne pas se faire semer par les grandes enjambés paternelle. Il pénétrèrent dans une grande salle, assurément spatieuse, mais dépourvu d'artifice et autre décoration... Certaines traces sur les murs attestaient pourtant qu'ils n'avaient pas toujours été si nus. Plus fastueuse néanmoins était la table, dressé pour les invité, mais un œil plus acéré que celui de Cynil aurais remarqué que le "faste" était organisé avec les moyens du bord, des plante saisons disposé sur une nappe sans prétention, qui parait une honnête table... Les gobelets, par contre, signe qu'on était quand même chez des vignerons, était d'un très beau bronze, quoiqu'ils accusaient peut être leur âge, certains plongeant vers le vert pâle...

Le Renart fît assoir son fils à sa droite. Cynil remarqua que son père avait prit la place en bout de table, la plus importante, même lui savait cela... Désormais, Della n'était plus maîtresse des lieux, ce n'était plus elle qui mènerais les invités au salon, comme elle venais, pour une ultime fois, de l'amorcer il y eût un instant.


Eldwin a écrit:
Comprends bien, mon fils, que tu ne peux recevoir à ta table que des personnes étant égales ou supérieurs en rang ou en noblesse à toi. Seuls les prêtres roturiers peuvent être tolérés, et encore, cela dépend du prêtre. L'on invite à sa table ses amis, et comme le démontra si bien en son temps le Grand Prophète Aristote, nul roi ne peut avoir comme ami un mendiant. Il en est de même pour nous. Néanmoins je t'autorise à t'amuser avec cet enfant si l'envie t'en prends, cela n'est pas proscris.


Avant l'arrivée de Della, Cynil posa deux questions:

Mais Père comment savoir qui est digne de s'assoir à mes côtés? Et surtout, pourquoi jouerais je avec quelqu'un qui ne doit pas être mon ami?[/i]
Eldwin


Eldwin ne répondit pas immédiatement. Il lui fallait trouver les mots justes pour que Cynil comprennent ces subtilités qui échappent aux enfants en ce qui concernent les relations humaines. En tout cas il était content que Cynil ne boude pas d'avoir été ainsi séparé de Jullius. Il grandissait et comprenait mieux les choses, c'était certain, et cela se voyait de jours en jours.

Et bien Cynil, c'est en apprenant à connaître les personnes que tu sauras qui sera digne de s'asseoir ou non à tes côtés. Mais tu es encore bien jeune pour cela. Tu apprendras en grandissant.

Nouvelle pose avant de répondre à la seconde question de Cynil. La réponse était encore plus compliquée, et Eldwin doutait que son fils la comprenne tout à fait, malgré tout il lui dit ce qu'il pensait.

Tu es un enfant Cynil. Tu es donc libéré de certaines obligations qu'ont les grandes personnes, en publique comme en privé, vis à vis des autres personnes. En publique tu représentes au même titre que moi notre famille. Tu dois donc tenir ton rang. En privé, par contre, tu peux te permettre de jouer avec des enfants non nobles. Du moins jusqu'à un certain âge ...
Cynil
Eldwin prenais toujours son temps avant de répondre à une question, et ce même s'il n'avais pas l'intention de rabrouer son interlocuteur. En tout cas, c'est ainsi qu'il se comportait devant son fils. Aussi le renardeau attendis t'il les réponses sans trop s'inquiéter.

Eldwin a écrit:


Et bien Cynil, c'est en apprenant à connaître les personnes que tu sauras qui sera digne de s'asseoir ou non à tes côtés. Mais tu es encore bien jeune pour cela. Tu apprendras en grandissant.



Cynil compris immédiatement la sagesse de l'assertion... Oui, il avait été bête d'inviter immédiatement un inconnu à sa table. Il aurais dût le connaitre avant cela... Cela était très facile à comprendre... Devant tant de nouveauté, le petit Volvent avait crût que la surprise était la norme, mais il n'en était rien... Il verrais par lui même si Jullius était digne de s'assoir à ses côtés...

Un instant il s'amusa de s'imaginer qui était digne de s'assoir à la table de Jullius et qui ne l'était pas... Le dernier des vas nu pied pouvais t'il briser le pain avec Jullius? Devais t'il faire lui aussi ce type de sélection?

La seconde réponse devais le laisser plus perplexe:


Eldwin a écrit:
Tu es un enfant Cynil. Tu es donc libéré de certaines obligations qu'ont les grandes personnes, en publique comme en privé, vis à vis des autres personnes. En publique tu représentes au même titre que moi notre famille. Tu dois donc tenir ton rang. En privé, par contre, tu peux te permettre de jouer avec des enfants non nobles. Du moins jusqu'à un certain âge ...


Non noble? Il ne pouvais être ami avec des roturier? Sous le poids de la réflexion il tordit la nappe... Pourtant...

Mais Père... Qu'en est t'il de l'amitié Aristotélicienne?

Il rougit en pensant à la question qu'il venait de poser... La religion était un thème qu'il maitrisait mal, et bien des choses lui échappait... Il n'avait probablement tout simplement pas compris certains aléas. Ce n'était sans doute pas la même amitié.
Della
Avant même que j'ai pu oser espérer répondre à Jullius, mon frère s'était interposé et il fit tomber ce qui ressemblait à une sanction : pas de Jullius à leur table !

Je frémis soudainement, ressentant en dedans de mon être, ce que Jullius pouvait ressentir. Je ne le voyais pas, caché qu'il était par la stature imposante de mon frère, mais je devinais aisément que le pauvre gamin avait du changer de couleur.

Je te laisse le soin de lui en expliquer la raison.
Ces paroles et le regard qui les accompagnaient me glacèrent les sangs.
J'eus l'impression que tout le poids du monde me tombait sur les épaules et que jamais plus, je n'arriverais à me relever.

Lorsque Eldwin s'en alla avec Cynil, j'attrapai Jullius par la main et le traînai plus que je ne l'emmenai à la cuisine.
Là, toujours sans un mot, je le fis asseoir et je m'installai face à lui.
J'étais mal. Je ne trouvais pas les mots. Je me savais en défaut. Bien sûr, j'aurais du, plus tôt, faire comprendre à mon gamin immanquablement, un jour, les barrières des rangs sociaux se dresseraient entre nous. J'avais manqué de courage, d'envie aussi...Depuis que je l'avais pris sous mon aile, Jullius avait été mon plus fidèle compagnon. Je l'aimais énormément. Trop, me dirait Eldwin.

Alors, les secondes longues comme des ères passèrent.
Je cherchais son regard mais il évitait le mien.
Un goût amer me monta à la gorge, j'avalai péniblement cette salive maudite et je me lançai dans une tentative d'explication.

Jullius...tu sais...Eldwin, il est très à cheval sur les principes.
Toi et moi, on est...enfin, on se soutient, on est proche, on s'aime bien.
J'aurais du t'habituer à ça, plus tôt. J'aurais du te prévenir.
Eldwin a raison...même si ça me fait très mal, il a raison.
Je...suis désolée de la façon dont ça s'est passé...Il a été dur. Je te demande pardon.

Jullius tripotait ses doigts, sans lever le regard mais je voyais bien les grosses larmes rouler sur ses joues. Et j'eus l'impression que mon coeur allait exploser !
Ecoute...tu sais ce qu'on va faire ? Je continuerai à manger, avec toi, ici, le matin, comme on le fait toujours. Qu'en dis-tu ? Et puis, quand Eldwin ne sera pas là...on mangera tous ici ! Mais attention, ce sera notre secret ! Tu es d'accord ?
_________________
--Jullius


Le monde de l'enfance s'écroula et Jullius se trouva face au monde cruel des adultes. C'est comme ça qu'il vécut ce passage qui resterait sans doute un des plus douloureux de sa petite vie.

Assis face à Della, l'enfant était brisé. Plus rien ne pouvait le faire sourire, pas même une tartine de confiture.
La peine avait envahi son coeur, lourde et tenace, froide et lancinante.
Il écouta les paroles de la jeune femme qui devint soudain, comme une étrangère. Il sembla à Jullius que même sa voix avait changé. Il se dit que pour la seconde fois, il perdait un être cher.
Della eut beau tenter d'expliquer, d'adoucir la sentence, de promettre d'autres repas en sa compagnie et celle de Cynil, quelque chose était irrémédiablement terminé, comme une page qui se tournait dans le grand livre de l'existence.
Alors, la grosse boule qui s'était formée dans le fond de son coeur et qui remontait le long de sa gorge, se transforma en larmes qu'il ne retint même pas. Grosses larmes silencieuses qui trahissaient l'émotion et empêchaient la colère.


Ecoute...tu sais ce qu'on va faire ? Je continuerai à manger, avec toi, ici, le matin, comme on le fait toujours. Qu'en dis-tu ? Et puis, quand Eldwin ne sera pas là...on mangera tous ici ! Mais attention, ce sera notre secret ! Tu es d'accord ?
Juste un petit hochement de tête, affirmatif, le regard toujours porté sur ses doigts, pas envie de regarder Della.
Oui, il mangerait avec elle et même avec Cynil et oui, il garderait le secret parce qu'il ne voulait pas que Eldwin se fâche sur Della.
Mais non, il ne ressentirait sans doute jamais plus la même complicité que celle qu'ils avaient connue, tous les deux, lorsque l'un supportait l'autre.
Il jouerait avec Cynil, si on l'y autorisait. Mais il le regarderait non pas comme un compagnon de jeux mais comme le maître de la maison à qui il faudrait dire oui et non aux bons moments.

Mais il ne voulait pas peiner Della plus qu'elle ne l'était. Car, il fallait bien l'avouer, Jullius avait senti en elle, beaucoup de chagrin aussi.
Alors, enfin, il releva a tête et se força à sourire, derrière ses larmes. Mais aucun mot ne sortit de sa bouche, ça, c'était impossible.
Della
J'espérais secrètement que Jullius ne m'en voudrait pas trop, je me sentais tellement triste...

Pourtant, je le laissai à la cuisine, avec les gens de la mesnie, après lui avoir ébouriffé les cheveux d'un geste tendre et je rejoignis mon frère et les enfants dans la grande salle.

Et je pris la deuxième leçon de la journée !
Eldwin avait, encore une fois à juste titre, pris la place du maître de la demeure, installant Cynil à sa droite, place de l'héritier. Normal.
Moi, je redevenais la cadette, celle qui n'a rien à dire ou quasiment rien à dire.
Je restai quelques instants, là, à l'entrée de la salle, à regarder ce tableau vivant. J'avais tellement espéré ce retour du Renart que je ne fus pas mal à l'aise de les voir ainsi installés. C'était la suite logique des choses et je n'en éprouvai aucune amertume, ce qui m'étonna moi-même.
Finalement, la seule fausse note avait été mon attitude avec Jullius.
Pour le reste, je rentrais à nouveau dans le moule conçu à mon intention.
Cela signifiait une certaine sécurité, une assurance même sur le devenir de notre famille.
Par le travail acharné des vignes, cette famille retrouverait sa place parmi la noblesse et mon frère, taillé pour ce rôle, en serait la figure première. Ses enfants assureraient la pérennité de ce fait. Nos autres parents seraient, comme moi, des auxiliaires au service de notre nom, les de Volvent !

Enfin, j'avançai, souriante, fière encore une fois, sûre de moi, rassurée par ce cadre dans lequel j'avais décidé de vivre.

Je m'adressai à Eldwin, sur un ton calme, posé.

L'incident est réglé. Tout ira bien, à présent.
Je vins prendre place, celle qui me revenait dorénavant.
Si tu le souhaites, Eldwin, le repas peut être servi.
_________________
Cynil
Eldwin avais pris un tel temps pour la réponse que la tante Della finit par arriver en annonçant le problème régler. Le petit estomac criant famine, Cynil oublia bien vite ces soucis, persuadé que Jullius se trouvais à une autre table avec des gens digne de lui...

A Lyon le chef des cuisines était un homme bourru à la voix rare mais qui portait. Cynil s'imaginait la même personne en chef de tablée des domestiques, il voyais la scène identique à celle qui s'étalais devant ses yeux juvéniles, mais avec d'autres acteurs, et pensait Jullius à la droite du chef de cuisine.

En fait il l'imaginais même chanceux: si le chef de cuisine est son ami, alors il pourrais toujours manger plus vite que lui...

Oubliant la réponse attendu le renardeau jeta un regard éperdu sur son père, espérant qu'il donne vite le signal du repas.
Eldwin


La question que Cynil lui posa surpris Eldwin. Certes c'était une bonne chose qu'il s'intéresse à cela, mais c'était étrange qu'il lui pose pareil question à son âge. Il devait certainement avoir une raison derrière la tête. Alors qu'il réfléchissait une nouvelle fois à la manière de répondre et aux mots à employer pour faire comprendre au mieux la chose à son fils, Della arriva sur le seuil de la porte. L'arrivée de sa soeur permit ainsi au Renart de ne pas répondre à son fils.

Il regarda Della, qui observait la scène depuis sa place. Il réalisa alors que sans rien dire et sans vraiment faire attention il avait pris la place de Della en arrivant à Beaumont, et que peut-être elle l'avait mal vécu. Il se promit de lui en parler. Et il fut rassuré de la voir s'approcher et prendre place en souriant. Elle lui assura alors que tout était en ordre, et se sentant quelque peu gêné d'avoir ainsi agit tenta de s'expliquer.


Je te remercie Della. Comprends bien que je ne souhaitais pas être méchant. Seulement j'avais pensé que tu le préparerais à ce fait inéluctable. Même si cela est dur il comprendra et acceptera avec le temps. Je sais bien que tu es proches de cet enfant. Et je ne t'interdis rien vis à vis de lui, mais il lui faut se conformer aux règles qui régissent nos vies à tous.

Terminant sur ces mots la discussion à ce sujet il hocha la tête concernant le repas. Il fit alors une chose qu'il n'avait jamais fait, mais qu'il avait souvent vu faire son père, ou sa mère. Et cette petite chose banale l'avait toujours surprise. Il frappa alors deux petits coups secs et rapides avec ses mains et un ballet de serviteurs et servantes apporta divers plats, des verres, de l'eau pour Cynil et une cruche de vin pour Della et Eldwin. Ils furent servis puis Eldwin prit alors son verre.

Bien, je vais donc goûter à ce fameux vin. En espérant qu'il soit à la hauteur de ce que j'en attends ...

Il porta le verre à sa bouche. Sentit rapidement le liquide rougeâtre puis le goûta. Eldwin était loin d'être un connaisseur en vin. Sur ce point sa soeur le dépassait largement, c'est bien pour cela que malgré son retour il laisserait l'entière liberté à Della de faire les choix nécessaires en ce qui concernait le vin et les vignes de Beaumont. Néanmoins il apprécia grandement. Il sourit légèrement à sa soeur et reposa son verre.

Ma foi, ce vin me semble tout à fait convenable. Il est même très bon. Je ne suis pas un connaisseur mais il me plaît. Toutes mes félicitations ma chère. Tu as fait du beau travail. J'en suis très heureux et très fier.
Della
Je n'insistai pas à propos de Jullius. Cela ne concernait que moi, maintenant.

L'on servit le repas, et l'on apporta l'objet de ma fierté, le vin !
Je laissai Eldwin y goûter, sans dire un mot, dans un silence presque recueilli, ne respirant presque plus...Le temps sembla suspendre son envol...
J'eus alors la satisfaction de voir naître un sourire sur les lèvres de mon frère. Fait rare et de bonne augure...
Et lorsqu'il dit qu'il me félicitait, je ressentis une délicieuse bouffée d'orgueil qui m'enveloppa tout entière !

A mon tour, je pris mon gobelet et le levai en direction des deux "hommes" de la famille.

Je n'ai fait que ce qu'il était nécessaire pour Beaumont !
A Beaumont, aux Renart et remercions le Ciel pour ce don qu'il nous fait !


Est-ce que invoquer le ciel était une bonne idée ? Hmmm, oui, sans doute...la sainte Boulasse n'était pas une invention de ma part, son Eminence Ingeburge en avait d'ailleurs fait mention dans son courrier...
Je bus une petite gorgée avant de reprendre, sur un ton léger et guilleret.

Il faudra apprendre à tes enfants, le métier du vin, pour que le nom perdure.
_________________
Eldwin


Pour faire plaisir à sa soeur Eldwin consentit à lever légèrement son verre lui aussi. Associant le Ciel au Très-Haut le Renart ne trouva rien à redire sur cette étrangeté de langage venant de sa soeur. Aux dernières paroles enjouées de sa soeur Eldwin fronça les sourcils, ajoutant un peu plus de sévérité, si la chose était possible, à son visage et son regard. Il espérait bien pour ses enfants beaucoup mieux que la gestion des vignes de Beaumont. Certes ce vin serait très important et allait participer à la réussite de leur famille, cependant, il ne souhaitait pas que ses enfants, ni sa soeur d'ailleurs, se contentent de cela. Il laissait Della gérer tout cela pour le moment, gérer, non donner de sa personne en travail dans les vignes comme un simple vigneron. Il veillerait à ce que ça ne soit pas le cas, même si sa soeur était libre de faire ce qu'elle souhaitait, plus ou moins ... Quant à ses enfants leurs avenirs étaient entre ses mains pour le moment. Il espérait un mariage avantageux pour sa fille avant tout et une carrière militaire et politique brillante pour son fils. Il se contenta donc d'une vague réponse à sa soeur.

Il est encore bien trop tôt pour parler de l'avenir de ces enfants ma chère.

La suite du repas se déroula tranquillement, le frère et la soeur échangeant quelques banalités et lorsqu'il fut terminé Eldwin prit congé. Désireux de se reposer il gagna ses appartements, ceux occupés avant lui par ses parents. Il laissa sa soeur à ses occupations habituelles et permit à Cynil de faire ce qu'il lui plairait. Il était chez lui à présent. Le jeune garçon, curieux, allait certainement partir à la découverte de son nouvel environnement.
Della
Quelques jours plus tard.

Ouf ! Enfin, cette patrouille prenait fin !
Mais qu'est-ce qu'il m'avait encore pris de vouloir m'engager dans l'armée ?
Sans doute un élan de patriotisme, Rien à voir avec un certain Colonel. Tiens, au fait, il n'avait plus donné de signe de vie, lui. Et les jours passant, je l'avais déjà relégué au passé. L'aventure amoureuse ne devait être quelque chose pour moi. Et j'en éprouvais un grand soulagement ! Puisse le Ciel continuer à m'épargner de cette façon.

Je retrouvais Beaumont avec un immense plaisir et un énorme soulagement.
Je ramenais quand même de cette patrouille un truc bizarre. Truc parce que je ne savais comment appeler ça. La découverte faite par Ode, sur sa famille me laissait dubitative, tiraillée entre enthousiasme et anxiété.

Hum. Et si c'était vraiment notre Renart, sur ce mouchoir ?
Pour en être certaine, il fallait que je demande à Eldwin. Il détenait les archives familiales et connaissait mieux que moi l'histoire des de Volvent.

Après avoir pris un bain, incontournable, m'être vêtue de propre et de façon civilisée, à savoir, une robe, je saisis l'objet de mon questionnement, un petit mouchoir d'enfant brodé d'un Renart entouré de deux lettres, un O et un V, et me rendis auprès de mon frère.

Je le trouvai dans le bureau. La porte était restée ouverte et je l'observai un moment avant d'entrer. La mine sévère, comme d'habitude, il lisait un manuel, sourcils froncés.
Je frappai doucement à la porte et entrai.

Bonjour Eldwin. Je suis rentrée. Tout va bien, ici ?
J'avançai et vins m'asseoir en face de mon frère.

Pourrais-tu m'accorder un moment, s'il te plait ?
J'ai...enfin, une personne m'a confié ceci.

Je posai l'étoffe sur le bureau, écusson et lettres bien visibles.

Est-ce que ceci évoque quelque chose, pour toi ? Est-ce le Renart de notre famille ?
Je fixai mon frère, attendant qu'il lève les yeux pour tenter d'y lire un début de réponse.
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