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[RP] Beaumont - Renart mais pas goupil !

Ganju


Souhaite-tu t'installer à Beaumont ? Tu y es le bienvenu, bien évidement, comme je te l'ai déjà dit.

Ganju réfléchit longtemps à la question. Voulait il rester à Beaumont? D’un coté oui, il souhaitais rester au plus prêt de sa famille, qu’il n’avait pas vu depuis longtemps.
D’un autre côté, il y avait la vicomtesse, il souhaitait s’installer au plus prêt de elle.
C’est un cruel dilemme qui se posa à lui. Il pesa pendant de longues secondes le pour et le contre de cette décision lourde de sens, pour sa vie future. Il en arriva à la conclusion suivante.

Oui, Eldwin. Je souhaite rester à Beaumont, du moins un certain tant, j’aviserai dans le futur un possible départ.
Eldwin


La question, anodine, d'Eldwin ne l'était apparemment pas pour son frère qui mit un certain temps à lui répondre. Forcément intrigué Eldwin se dit que quelque chose ou bien quelqu'un devait être la cause de cette hésitation. Puis finalement il lui répondit par l'affirmative, ce qui fit décrocher un léger sourire à Eldwin. Savoir son frère prêt d'eux était une nouvelle réjouissante. Il hocha la tête, se leva et se prépara à sortir.

Bien, parfait. Tout sera prêt pour que tu t'installes. Je vous laisse à présent, tout les deux. Le travail m'appel. Mais nous aurons très vite l'occasion de nous revoir, dès ce soir, au repas.

Il leur sourit et quitta alors le salon, pour retourner dans son bureau. Le retour de Godefroy était une bonne chose, comme tant d'autres qui arrivaient, et arriveraient, pour leur famille. Petit à petit leur famille retrouverait l'honneur qu'elle avait peu à peu perdu au cours des siècles.
Della
Pendant que les mâles de la famille échangeaient encore quelques paroles, je mis en carafe un de nos meilleurs vins et m'apprêtai à préparer trois verres...Mais il faudrait que nous buvions ce nectar à deux, Eldwin choisissant le travail, comme à son habitude.

De mes souvenirs, un peu lointains, Godefroy me ressemblait plus...enfin, c'était le contraire, puisque pour mon grand désespoir, j'étais la cadette.
Il était moins rigide, plus enclin à la plaisanterie et à la gaieté.

J'étais heureuse qu'il revienne, au castel, heureuse aussi de passer quelques moments avec lui. Nous avions tant de choses à nous raconter.
Il souhaitait s'installer ici, j'en fus réjouie.

Après qu'Eldwin eut fermé la porte, je portai sur la table, le précieux plateau.

Godefroy...te revoir est une telle joie !
Goûte donc ce délice...tout droit sorti de nos caves...un pur plaisir.

Je m'assis aux côtés de mon frère, prête à une longue conversation partagée...
_________________
Keltica
Un pigeon voletant à tire-d'aile parvint sur un rebord de fenêtre du domaine de Beaumont ; roucoulant pour attirer l'attention, il fit tomber son petit message qui roula à terre, dévoilant quelques lignes finement tracées d'une plume délicate...

Citation:
Bien chère Della,

j'espère que vous allez bien, et que la santé vous est bonne. Pardonnez-moi de ne pas avoir donné plus tôt de mes nouvelles, j'ai eu beaucoup à gérer, et j'ai été débordée...

Mais je ne viens pas me plaindre ; par cette lettre, j'ai la joie de vous annoncer la naissance de mon enfant. Une jolie petite fille, que mon mari et moi avons nommée Sophie. Mon accouchement s'est assez bien passé, je reprend des forces et le travail n'attend pas !!

Comme promis, je viendrais prochainement vous présenter l'enfant, en votre domaine, si l'invitation que vous m'aviez faite lors de ma visite est toujours valable.

J'espère d'ailleurs que votre domaine se porte bien, les vendanges doivent avoir commencé, non ? J'imagine parfois les grandes terrasses de vos vignes, les ceps chargés de belles grappes dorées ou couleur rubis, s'endormant au soleil couchant...

Je dois malheureusement déjà vous laisser, mais j'ai hâte de vous revoir mon amie...

Avec toute mon affection,

Keltica.

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Della
Ren-trée ! J'étais chez moi, enfin.
J'avais l'impression d'être partie depuis des lustres et je savourais enfin la joie inégalable de retrouver ma maison.

Beaumont était absolument splendide en cette saison qui couvrait arbres et haies d'une multitude de couleurs toutes plus chaudes les unes que les autres.
Les vignes n'étaient pas en reste, bien évidemment et dépouillées de leurs fruits, elles donnaient maintenant à voir une palette de tons éblouissants.

J'avais aussi retrouvé ma famille.
Mes frères, mes neveux et nièces...Jullius aussi et Maria, ma chère Maria !
J'avais remarqué que Eldwin semblait préoccupé mais je n'en avais pas fait mention, le sachant parfois secret, je ne voulais pas l'ennuyer.

Si le Louvre m'était apparu comme un joyau remarquable, il n'en demeurait pas moins que mon chez moi était l'endroit où je préférais être.

Pendant tout ce voyage, j'avais fait beaucoup de rencontres, on s'en doute. J'avais appris à connaître un peu mieux ma Duchesse, Béatrice de Castelmaure, et j'en étais fort heureuse. Comme je l'avais supposé, elle était une jeune femme très douce et très gentille. Peu au fait des choses de la vie à cause de son enfance passée dans un couvent - c'est fou comme nous avions des choses en commun, elle et moi - elle était curieuse de tout, de tout découvrir et connaître. Les conversations que nous avions eues étaient très intéressantes, cette jeune femme montrait une intelligence très vivace et deviser avec elle était un plaisir.

J'avais aussi beaucoup réfléchi, beaucoup pensé, beaucoup...
J'avais pris quelques décisions dont certaines, je le supposais, ne seraient pas pour ravir Eldwin. Pourtant, je n'en changerais pas.
Des événements plus ou moins récents avaient fait pencher la balance des choix et je n'en pouvais plus de vivre en me mentant à moi-même.
J'assumerais, quoi qu'il advienne, chacun des actes que j'allais dorénavant poser.



J'étais à présent assise à ma table d'écriture sur laquelle s'étaient entassée une pile de lettres.
Je les triais lorsqu'une d'entre elles attira mon attention, celle de Keltica.
Je savais qu'elle devait enfanter et j'étais pressée de savoir si tout c'était bien passé.

Je fus rassurée. Du moins sur la naissance et la santé de mon amie et de sa fille.
Par contre, j'avais entendu des bruits, des gens mécontents du travail fourni par Keltica. Certains l'accusaient de ne pas faire son travail correctement. Que savaient-ils, tous ces rouspéteurs mal léchés de ce que pouvait être une naissance ? Toute femme un tant soit peu au courant savait que le repos est une nécessité absolue, lors d'un enfantement...

Je saisis plume, vélin et encrier et...

Citation:


Keltica,
Très chère amie,

Comme je suis heureuse de savoir que la venue de votre petite Sophie s'est bien déroulée.
Je prierai pour elle et pour vous, pour que le Ciel vous bénisse, toutes deux.

Ne vous excusez pas, il n'y a pas de retard. Je sais que vous avez fort à faire et un jeune enfant demande beaucoup d'énergie. Le plus important est votre santé et celle de votre enfant.

Ici, tout va très bien.
Le vin sera sans aucun doute excellent car les fruits sont prometteurs.
L'agitation des vendanges est un moment que j'aime énormément, lorsque les vignes semblent d'elles-mêmes s'agiter pour donner leurs grappes colorées.
Me permettez-vous de donner le nom de votre fille à quelques bouteilles, en souvenir de sa naissance ? Elles feront partie d'une collection destinées à la postérité.

Je vous attends, dès que vous le désirerez, l'invitation tient toujours, bien entendu.
Je suis certaine que Maria, la nourrice de mes neveu et nièce, se fera un plaisir de veiller sur votre trésor afin que nous puissions aller nous balader et profiter des paysages bourguignons.
Si le coeur vous en dit, vous pourrez même demeurer quelques jours, afin de vous reposer et de profiter de votre enfant, pleinement.

Avant de vous laisser, je voudrais vous dire de ne pas écouter les crapauds qui croassent et tentent, vainement, de lancer leur bave aux étoiles.
Je sais d'expérience, combien des langues méchantes peuvent faire de mal. Mais, les écouter et donner un quelconque crédit à leur propos, c'est leur faire trop d'honneur.

A bientôt, mon amie.

Affectueusement,

Della.


La lettre partirait le jour même, ainsi qu'une volée d'autres.
Pierre, le secrétaire de mon frère, les porterait à leurs destinataires.

_________________
Della
Transformée. C'était le mot adéquat qui m'allait parfaitement.

Beaumont grouillait de monde, des Renart rentrés à la Renardière, des ouvriers s'affairant dans tous les recoins des vignobles, des marchands qui allaient et venaient et la mesnie toujours prête à tenir ses tâches là où on l'attendait.

Que de changements...

Il n'y avait pas que Beaumont qui avait changé. Moi aussi.
J'étais restée silencieuse sur l'événement responsable de ce changement et ce ne serait pas de si tôt que je m'en ouvrirais, à ma famille.
Il y avait encore avant cela, un bon nombre d'étapes à franchir, quelles soient du domaine personnel ou publique, ces étapes se gagneraient petit à petit, à force de volonté.

Celle qui se présentait, aujourd'hui, s'était annoncée par une lettre, venant de Lorraine. Une vieille histoire qui sentait un peu les sous-bois à l'automne...pas très bon.
Mais je devais y faire face. Ce qui allégeait mon fardeau était la perspective de ne pas être seule, dans cette étape.

Dans la journée, le palefrenier fut appelé, il reçut l'ordre de préparer mon cheval...

_________________
Keltica
Un nouveau messager ailé arriva à Beaumont.



Ma chère Della

C'est un grand honneur que vous accordez à ma fille en apposant son nom sur quelques-unes des bouteilles emplies du nectar de vos vignes, et je vous en remercie chaleureusement, tout comme elle saura vous remercier quand elle en aura l'âge !

Votre message m'a beaucoup réconfortée dans la période délicate que je traversais ; bien que j'ai essayé de passer outre, certains s'en sont donnés à coeur joie, ne retenant que quelques passages sans considération pour la totalité des faits. Mais à présent, je sais sur qui compter, et je continue de me renforcer en prévision du futur. Ces personnes doivent être bien malheureuses, et j'ai la chance d'être comblée, j'en suis désolée pour elles, mais qu'y puis-je au final ?

J'espère pouvoir venir bientôt vous rendre visite, ma chère amie, nous pourrons parler de tout et de rien au coeur de votre si beau domaine, en oubliant tout le reste !

Avec toute ma sympathie et mon affection,

Keltica.

_________________
--Nuntius


Dans la brume matinale d'un certain jour d'octobre de l'an 1457, Nuntius aperçut enfin le castel de Beaumont.

Il avait été recruté en Alençon par quelque clerc dans le but de se présenter en Bourgogne, à la famille de Volvent pour leur délivrer un message urgent.
Le clerc lui avait mis une bourse bien remplie d'écus avec la promesse qu'il en recevrait tout autant si sa course se faisait en moins d'une semaine.
La motivation était de taille, il ne lésina pas sur les efforts ni sur les chevaux qu'il usa pour deux, jusqu'à la mort.

Fier de sa réussite bien que la gardant pour lui-même, il se présenta aux gardes épiscopaux qui assuraient la sécurité de l'Evêque de Toul, malade, à Beaumont.

Le sceau et les couleurs de sa missive lui assurèrent le passage jusqu'à la demeure.
Là, après s'être présenté, il délivra les parchemins roulés et cachetés.

L'émotion qui gagna les châtelains ne le concernait pas. Il accepta le couvert et le gîte proposés avant de s'en retourner chercher le reste de sa solde.


Contenu des missives.
Consternation, émoi, chagrin...


Citation:


Aux parents du père Thomas de Volvent,
Vicaire paroissial d'Alençon,
Nonce Apostolique,
Abbé du Mont Saint Michel.


Par cette missive, nous sommes au regret de vous apprendre le décès de votre parent, Thomas de Volvent, suite à une pénible maladie.

Blablabla...

Vous trouverez en annexe, le testament du père Thomas de Volvent, écrit la veille de sa mort.

Blablabla...

Qu'Aristote vous aide dans cette pénible épreuve.

Nous, Truc, curé de...


Citation:


Alençon,
Le seize d'octobre mil quatre cent cinquante sept

Je, Thomas de Volvent, lègue à ma Nièce Nabel de Volvent, mes pierreries et mes gemmes. Puissent ils décorer son buste et son sourire, et la beauté de ses filles. A mon amie Tsampa, que revienne ma bibliothèque, mes quelques livres seront, je l'espère, de bon usage en politique et en société. A ma famille, que revienne mes quelques terres et les paysans qui y vivent. A la paroisse d'Alençon, les ors et mes bagues, puissent ils être fondus et l'or reversé au pauvres. A Grenade, de Mortagne, je lègue ce Livre des Vertus, qu'elle y trouve la force de se faire baptiser et l'Amour que Dieu n'a jamais cessé de lui porter.
En ce qu'il s'agit de ma sépulture, je souhaite être enterré en l'Eglise d'Alençon, dans le transept est, près de la statue de Sainte Raphaëlle.

Que soient respectées ces volontés.

Faict à Alençon,
le 16 octobre 1457

Père Thomas de Volvent


C'est ainsi que les Renart présents à Beaumont apprirent la maladie et le décès du Renart Fanatique, chasseur d'hérétiques dont l'arme préférée était le bûcher.

**************************************************************
Nuntius, le messager.
Della
Beaumont était en deuil de notre frère Thomas.
Les oriflammes étaient en berne, l'on faisait moins de bruit, l'on ne chantait plus le soir, à la veillée.

Je n'avais pas eu la force ni le courage d'annoncer la nouvelle à Eldwin, persuadée que la lui dire reviendrait à l'achever.

Entre le décès de Thomas et la maladie d'Eldwin, je n'avais pour me réconforter que la présence de ceux que j'aimais.
Cynil, bien taiseux depuis que son père était alité, me comblait de ses rares sourires et de ses petits moments que nous partagions lui et moi, presque en secret. Cynil grandissait en sagesse et en beauté, n'ayant de son père que ce regard qui pouvait être tellement froid, propre à tous les Renart, moi y comprise mais tous les traits fins de sa mère dont Eldwin m'avait montré un portrait.
Elinor, belle et gracieuse jeune fille, douce et élégante, m'apportait la joie de la conversation. Très touchée elle aussi par le mal qui rongeait son cher père, je pense qu'elle aimait ces évasions verbales que nous nous autorisions lors de longues balades.
Orantes qui me semblait prêt à assumer des tâches ou des fonctions dignes de lui et de notre famille. Depuis son retour parmi nous, j'avais appris à mieux le connaître et à l'apprécier à sa juste valeur. Je comptais sur lui aussi pour m'épauler au besoin dans la gestion de Beaumont.
Godefroy lui était parti en Alençon, pour veiller la dépouille mortelle de Thomas jusqu'à ses funérailles qu'il avait voulues là-bas.
Dans la chapelle de Beaumont serait conservée une mèche de cheveux du Renart Fanatique, relique presque grotesque de celui qui avait été un bras fort de l'Eglise.
J'espérais que Nabel rentrerait avec Godefroy. N'était-ce pas Thomas qui la retenait si loin de nous ? Maintenant qu'il n'était plus là, qui sait...

Mais je ne pouvais rester à pleurer ou à me plaindre.
Le domaine devait tourner, plus que jamais, nous avions besoin des rentrées assurées par la vente du vin.
Et chaque jour amenait son lot de tâches et de besogne qu'il fallait assumer.

Dans tout ce tumulte, un sourire m'aidait à tenir bon, à ne pas sombrer dans la mélancolie. Ce sourire dont je ne pouvais plus me passer et que je retrouvais de façon régulière avec toujours la même joie, m'autorisant alors à rire et à savourer la tendresse partagée.
J'avais espérer pouvoir présenter celui à qui appartenait ce sourire, à mon frère Eldwin mais j'avais renoncé devant son agonie lente et presque sans espoir.

Et je priais. Je priais le Ciel et tous ses habitants, je priais et je dépensais une somme folle en dévotions et en cierges dans chacune des chapelles et des églises qui se trouvaient sur ma route...Je priais et le Ciel semblait rester sourd à mes suppliques.

Balancée entre le chagrin, l'inquiétude et le bonheur partagé avec mon Breton, je laissais les jours et les heures courir...

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Orantes
Depuis son arrivée à Beaumont, les événements n’avaient cessé de prendre de vitesse Orantes. S’il avait parcouru en toute hâte les chemins du Royaume avant tout pour rejoindre sa sœur Nabel, le ressentiment qu’il entretenait vis-à-vis de ses oncles Eldwin et Thomas n’était pas non plus étranger à son retour en Bourgogne. Après toutes ces années, loin du berceau familial, il n’avait eu de cesse d’oublier sa famille, mais aujourd’hui qu’il était revenu, il éprouvait le plus grand mal à contenir sa rancune. Pourtant, une malédiction semblait avoir frappé ceux-là même à qui il était venu demander réparation des outrages passés. Ce vieux goupil d’Eldwin était atteint par un mal étrange qui le tenait alité tandis que d’Alençon était venue la nouvelle du trépas de Thomas. La mort du vicaire paroissial d’Alençon aurait dû réjouir le jeune Orantes pourtant elle venait trop tôt pour pouvoir l’apaiser. L’homme que sa mère, Matheline de Bolletet, accusa d’avoir empoisonné son propre frère, venait de gagner les enfers lunaires sans qu’Orantes n’ait pu assouvir sa vengeance. Cette mort là lui laissait comme un goût d’amertume. Le chagrin de sa sœur et de sa tante Della le rendait malade mais peut-être cette-dernière avait-elle raison : laisser au passé ce qui appartenait au passé pour la paix des vivants.
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Commissaire aux Mines de Bourgogne
Della
Plus tard...

Je rentrais de Sémur où j'avais passé l'après-midi.
J'avais flâné un peu, tentant de mettre de l'ordre dans mes idées et mes projets.
D'une manière générale, j'étais heureuse. Pourtant, je me faisais du souci...mais un petit bonheur me laissait le coeur léger comme jamais auparavant. Et cela étant, j'avais décidé de demander à Eldwin l'autorisation de lui présenter un certain Breton, responsable de mon humeur guillerette.

Le chien courait devant mon cheval...Beaumont apparaissait, toujours aussi beau à mes yeux, le plus bel endroit du monde.

Mais quelque chose m'interpela...Les gardes épiscopaux d'Eldwin ne portaient pas leurs oriflammes haut.

Je talonnai légèrement Nergal, mon cheval et entrai dans la cour. Je me laissai glisser de la selle et grimpai précipitamment les marches du perron, le coeur se serrant, panique.
La maison était calme, trop calme.
Maria apparut, les yeux rouges.


Della...ma petite Della...

Elle me prit dans ses bras, me serra contre elle, je ne comprenais pas, je ne voulais pas comprendre.
Les médecins n'ont rien pu faire. Il est mort, il y a deux heures.

Je me dégageai des bras de Maria, un froid intense venait de s'emparer de moi, les couleurs s'étaient assombries comme si le soleil tombait d'un coup. Je regardai la vieille femme, j'avais l'impression de ne l'avoir jamais vue et ses mots résonnaient dans ma tête, me martelaient l'âme.
Puis, tout alla très vite, je repris possession de moi et j'avalai les grès jusqu'à la chambre de mon frère, noire.
Là, je me jetai sur le lit, mon corps en travers du sien, froid.
Et je pleurai, je sanglotai comme jamais, serrant les poings, martelant ce lit et ce corps inerte, hurlant la peine qui m'envahissait, semblait ne jamais devoir me lâcher.
Et je restai là...Combien de temps ?



J'avais cessé de pleurer, seuls quelques sanglots me secouraient encore.
J'étais agenouillée, maintenant, à côté du lit où mon frère reposait, mort.
Une main se posa sur mon épaule. A qui appartenait-elle ?
On m'aida à me relever et on m'emmena dans ma chambre.


Mettez-lui son habit épiscopal...

Je voulais qu'il porte ses habits d'Evêque, il avait tant donné pour y accéder, à l'Episcopat.
Je ne dis rien d'autre. Je n'en avais pas la force. Le monde, pour moi, venait de s'écrouler...

L'on me mena dans ma chambre, l'on m'y installa dans le grand fauteuil si confortable et l'on m'apporta du vin.
L'on savait que cela me réconforterait, l'on me connaissait bien, à Beaumont.


Beaumont...qu'allait devenir Beaumont sans Eldwin ? Notre famille...qui allait en prendre la tête ? Godefroy ? Moi ? La famille allait retourner à la roture sans Seigneur...Et les enfants ? Elinor et Cynil, orphelins...Et moi, sans mon frère adoré...Qu'allais-je faire ?
Entre mes mains, je faisais tourner le gobelet de vin, j'y laissais traîner mon regard, espérant peut-être m'y noyer.
Mais c'est un autre regard que j'y vis, bien vivant celui-là.
J'avais besoin de lui, une envie irrépressible de me sentir entourée de ses bras, couvée de sa tendresse.
Au milieu de ce chagrin qui m'étouffait, je m'accrochai à cette présence que je désirais du fond de moi.
Mais le sort s'acharnait. Il n'était pas là mais parti avec l'Ost défendre la Bourgogne.

Je fis venir Pierre, le secrétaire de mon frère.

Pierre, écrivez, je vous prie.
Pierre s'installa et prit mes mots au piège de sa plume...
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Della
Parmi les personnes à qui je devais annoncer la triste nouvelle, Béatrice occupait une place importante.
En effet, Eldwin m'avait parlé de la relation amicale et de confiance qu'il entretenait avec "ma" Duchesse. Et par delà sa mort, j'espérais qu'il veillerait sur elle.
Aussi décidai-je de l'écrire moi-même, laissant à Pierre les lettres plus "officielles".

Plume, vélin, écritoire...


Citation:
Votre Grâce,
Ma Duchesse,
Chère Béatrice.


L'heure est bien triste pour les Renart, Eldwin est décédé.
J'ai le coeur lourd et l'âme en peine de vous annoncer pareille nouvelle mais je sais qu'il aurait plu à mon cher frère que vous soyez avertie au plus vite.
Il avait pour vous, une amitié que je pense sincère et profonde.
Il avait de vous une très grande estime.

Comme vous vous en doutez, il laisse ici, un immense vide et je me sens bien seule et perdue.
Mais je garde en moi, toujours les paroles d'Oane qui nous dit de ne pas pleurer de chagrin mais de joie. Je sais que mon cher frère, si pieux, si croyant est maintenant auprès du Très Haut.

Je me dois également de vous faire savoir que notre frère était le seul qui tenait notre famille dans la noblesse et que d'ici peu, lorsque la Hérauderie en aura connaissance, je ne serai plus fille de famille noble mais simple roturière. Je comprendrais si dès lors, vous souhaitiez que je quitte la tâche que j'occupe à vos côtés, ne voulant ternir votre personnalité par ma roture, même s'il m'en coûte beaucoup.

Permettez, votre Grâce, que je termine ici en demandant sur vous, la bénédiction du Créateur.

Respectueusement,

Della de Volvent.




Lettre serait donnée à un messager qui l'apporterait au plus vite.

Une autre missive que je voulais écrire moi-même était destinée à Loctavia, ce frère bâtard que mon père avait laissé quelque part sur sa route.
Lui aussi avait le droit de savoir mais...son existence était encore bien tenue au secret, peu de personnes savaient.


Citation:
Loctavia,
Cher frère.

Cela fait bien longtemps que nous n'avons pas échangé de nouvelles et celle que je viens vous porter n'est guère réjouissante.
Nos deux frères aînés, Eldwin et Thomas de Volvent, respectivement Evêque de Toul et Père Abbé du Mont Saint Michel ont rejoint le Créateur à quelques semaines d'intervalle.
L'un et l'autre reposent désormais en paix et veillent sur nous.
Vous ne les connaissiez pas mais ils étaient de votre sang. Aussi, trouvais-je que vous deviez en être averti.

Il me serait plaisant de recevoir en retour quelques nouvelles de vous.
Je garde espoir qu'un jour, nous puissions vous accueillir à Beaumont, si vous le souhaitez.

Recevez mes salutations fraternelles.
Qu'Aristote vous bénisse.

Votre soeur,
Della de Volvent.




Cette lettre-là serait confiée à un autre messager...beaucoup plus discret.
Chaque famille a ses secrets.

_________________
Beatritz
[Chablis]

Beaucoup de signes avant-coureurs auraient pu annoncer à la Duchesse de Nevers le départ de l'évêque de Toul. Elle n'imaginait pas qu'il l'eût oubliée, elle et le renouvellement de son baptême - et pourtant, elle n'avait plus de lui aucunes nouvelles, pas même par Della, à qui il aurait pu laisser un message à transmettre, un salut, un signe pour lui indiquer que les affaires suivaient leur cours, que le baptême pourrait avoir lieu.

Cette interrogation qui avait commencé de naître dans l'esprit de la jeune Duchesse trouva, dans le courrier de sa pauvre dame de compagnie, une bien funeste réponse.
La mort, la mort ! Béatrice de Castelmaure en avait l'habitude. Mais fallait-il ainsi que tous ceux qui devaient jouer un rôle dans sa vie mourussent avant que de l'avoir joué tout à fait ? Son père n'avait rien fait pour son éducation ; et quand il la rappelle à lui, c'est pour mourir avant son arrivée. Sa mère a enfanté, et la mort l'emporta avant qu'elle n'eût donné à sa fille la chaleur maternelle, ce cocon si doucement chaud et rassurant.

Elle soupira, et s'agenouilla aussitôt sur son prie-dieu, pour honorer le défunt et cela fait, la jeune fille s'assit sur son lit. Que faire, désormais ? Elle pourrait aller à Beaumont, là, tout de suite. C'était si près de Chablis ! Ou rester, penser, posément. Sa vie se précipitait. Elle attendait un signe du Duc de Bolchen. Désormais que son destin était scellé... Elle devrait partir. C'était inévitable. Et Della... Pourrait-elle l'emmener, là où elle irait ? La jeune Volvent avait tant d'attaches, en Bourgogne ! Devait-elle la déraciner, désormais qu'elle avait le poids d'une famille à porter ? Qu'aurait souhaité Eldwin ?

Le visage d'ange de la petite Elinor vint, fugace, à la mémoire de Béatrice. La brune Duchesse était désormais allongée, sur le côté, sur son lit. Abandonnant son corps, elle pouvait mieux laisser aller son esprit. Elle tournait, retournait la question en tous sens. Tant de nœuds à démêler ! Les choses allaient si vite...

Elle resta bien une heure ainsi, à gamberger sur ces sombres perspectives. Enfin, elle se releva, résolue. S'asseyant à son scriptorium, elle écrivit.


Citation:
De nous, Béatrice de Castelmaure, Duchesse de Nevers, Comtesse du Lauragais, Vicomtesse de Chastellux, Baronne de Chablis et de Laignes,

À vous, Della de Volvent, notre aimée dame de compagnie,

Sollicitude & compassion.

Nous nous associons à votre douleur, dans la certitude que nous sommes que votre frère, homme si pieux, n'aura aucun mal à se faire admettre près du Très Haut, dans le bienheureux paradis solaire.

Ce qui nous inquiète réellement, en revanche, est l'avenir de votre famille et des enfants d'Eldwin. Lorsque nous vous avons engagée à notre suite, nous avons mêlé nos intérêts à ceux de la famille de Volvent. Désormais que celle-ci est si durement touchée, par l'engagement que nous avons pris auprès de votre feu frère, nous ne pouvons nous dégager de toute implication. Nous ne le pouvons, ni le voulons.

Il nous importe peu d'avoir à notre suite une demoiselle sans noblesse, quand elle a votre esprit, votre éducation et votre plaisant caractère. Mais cette triste annonce se mêlant à d'autres projets que nous formons, auxquels vous ne sauriez être associée comme dame de compagnie, alors que nous souhaitons garder avec vous un lien privilégié, nous est venue une solution qui apporterait, à lui seul, une réponse à la plupart des questions qui se posent à nous. Une solution que nous avons mûrement réfléchie, et résolue, et pour laquelle nous espérons votre approbation : devenez notre vassale, sur les terres de Railly, dans la mouvance de notre vicomté de Chastellux, au sud-ouest de Sémur.

Vous perdant comme dame de compagnie, nous vous gagnerions comme vassale ; et si cela vous convient, selon les vœux de votre feu frère, sa fille Elinor entrerait à votre place à notre service.

Nous espérons recevoir réponse prochaine de votre part et prions dans cette attente que le Très Haut prenne soin de vous.

B.d.C.

_________________
Della
Della, tu es là ? Je peux entrer ?

Je reconnus la voix familière de Jullius et j'en fus heureuse.


Oui, entre, viens.

Je lui adressai un sourire. Ce petit bonhomme qui devenait grand, était toujours pour moi, le même rayon de soleil.

Un cavalier a apporté ceci pour toi.


Jullius me tendit une lettre dont je reconnus immédiatement les sceaux.
Béatrice me répondait.

La lecture de sa lettre me fit pleurer tant j'étais touchée par autant de sollicitude de sa part.
J'étais partagée aussi entre la joie et la tristesse car elle me faisait une magnifique preuve de confiance en me demandant d'être sa vassale mais en même temps, elle m'annonçait à sa façon, un départ plus ou moins proche, emmenant avec elle ma chère nièce qui prendrait ma place à ses côtés.
Elinor serait tellement heureuse ! Elle attendait ce moment depuis que moi-même j'avais été choisie par ma Duchesse et elle s'appliquait à apprendre toutes les bonnes manières pour remplir cette tâche qui allait être bientôt la sienne.
Tant d'émotions eurent raison de moi et le recours à un petit mouchoir fut nécessaire.

Lorsque je fus apaisée, je me fis un devoir de répondre à ma chère Béatrice.


Citation:
Votre Grâce,
Ma Duchesse,
Chère Béatrice.


Merci pour votre lettre, de tout coeur.
Elle m'a touchée, énormément autant qu'elle me réconforte.

Votre attention portée à ma famille me fait grand plaisir et nous honore, tous.

Je serais bien mal polie si je refusais votre proposition et bien peu reconnaissante aussi.
Il va de soi que j'accepte avec plaisir et honneur, de vous servir en tant que vassale pour vos terres de Railly. Je vous promets que j'en prendrai grand soin à tous points de vue et que leur tenue sera ma fierté pour la vôtre.
Quitter le service à vos côtés m'aurait peinée mais puisqu'il s'agit d'en prendre un autre, cela ne peut que me réjouir. Nous resterons ainsi l'une et l'autre avec cette attache commune, heureusement.
Je suis à votre disposition, selon votre volonté et celle des Hérauts, pour sceller cet engagement.

De même, je vous remercie pour Elinor. Elle qui attend ce moment et s'y prépare avec ténacité, sera ravie de vous accompagner comme j'ai pu le faire.
Je la préparerai pendant le temps qu'il nous reste, à vous suivre au mieux mais sans trop lui découvrir votre personnalité. Cela sera selon votre désir lorsqu'elle sera auprès de vous.

Enfin, je voudrais vous exprimer toute ma gratitude pour votre bénédiction sur les Renart.

A bientôt, sans aucun doute.

Qu'Aristote vous protège et vous bénisse.

Respectueusement,

Della de Volvent.


_________________
Della
Hop hop hop...

De réponse en réponse reçue ou pas, à l'annonce des décès, il fallait maintenant passer à la succession des évènements.

J'appris ainsi par les notaires que mon frère n'avait jamais rien déposé nulle part concernant une éventuelle succession !
Ainsi donc, feu mon frère adoré avait failli...Héhé, je tenais enfin une maladresse de sa part. Post-mortem, certes mais quand même...

De fil en aiguille et de laine en pull, je louvoyais entre les diverses actions à poser, mots à dire, ordres à donner.
Il se fit par une démission fraternelle que je me trouvai désormais chef de famille des Renart. Hum...vingt ans, célibataire, héritière et chef de famille ! Décidément, je n'avais pas fini de m'étonner moi-même.

J'entreprendrais bientôt les lourdes tâches héraldiques mais je repoussais cette épreuve que je voyais comme tellement insurmontable qu'il me faudrait bien quelques verres de bon vin pour enfin accepter de m'y plonger.

Pour l'heure, j'avais hâte de faire savoir à ma douce Elinor que son désir allait bientôt être rencontrer.

J'avais reporté toute ma tendresse sur cette enfant.
Cynil avait été envoyé dans une noble famille pour y apprendre l'art des armes et de la Chevalerie. Il me manquait terriblement, ayant toujours été mon préféré, celui qui semblait me ressembler le plus tant physiquement que moralement et psychologiquement.
Dès lors, restait à mes côtés, Elinor la belle et douce enfant de Eldwin.

Depuis cette fameuse rencontre avec Beatrice alors qu'elle était encore enfant, Elinor souhaitait devenir dame de compagnie.
Et là, enfin, j'allais lui annoncer...
Je quittai ma chambre pour me rendre dans le bureau qui avait été celui d'Eldwin et qui par la force des choses était devenu le mien.
Je chargeai Pierre, secrétaire de feu mon frère et devenu aussi le mien, de faire appeler Elinor.



Assise au bureau, magnifique meuble de bois noble sculpté, j'entrepris de relire quelques notes en attendant l'arrivée de la jeune fille.

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